Le modèle associatif est-il viable ?
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février 2010
Le dossier du mois
Enjeux Points de vue Repères QuizzIntroduction
La France compte plus d’un million d’associations. Près d’une
personne sur deux est membre d’une association, pour des activités
sportives, culturelles ou de loisirs et plus largement, pour agir
collectivement.
Elles bénécient, dans l’opinion, d’une image positive : celle de la
générosité. Distributions de repas pour les plus pauvres, de tentes
pour les mal logés, aide humanitaire aux pays en voie de dévelop-
pement… les Français reconnaissent l’efcacité de leur action face
aux difcultés provoquées par la crise. A en croire les sondages, ils
souhaitent aussi voir jouer aux associations un rôle civique et poli-
tique, alors même qu’ils font de moins en moins conance aux partis
et aux syndicats.
Mais si les associations sont régulièrement sous les feux de l’ac-
tualité, on a tendance à réduire leur rôle à une simple fonction de
réparation, assurant ce que l’Etat providence ne peut plus assumer.
Dans les lieux de décision et de concertation, elles ne sont pas consi-
dérées comme des acteurs du débat public, devant être représentés.
Si les associations ont du mal à se faire entendre comme acteur du
débat public, on pourrait penser qu’elles trouvent toute leur place
dans le champ économique puisqu’elles représentent 3 % du PIB. Il
n’en est rien.
Les employeurs associatifs, qui ont obtenu près de 20 % des voix
aux dernières élections prudhommales, ne jouent dans le dialogue
social qu’un rôle de guration. 2 millions de salariés travaillent pour-
tant dans les 180 000 associations employeuses et au premier se-
mestre 2009, l’emploi y a crû de 1,9 % quand les effectifs du secteur
privé baissaient de 2 %.
Et que dire du travail des quinze millions de bénévoles ? Il est invi-
sible. Leur contribution au bien-être collectif est à la fois évidente et
ignorée dans les comptes publics.
Récemment, des économistes de renommée internationale réunis
dans la Commission Stiglitz ont souligné la nécessité de mettre en
place des indicateurs économiques prenant en compte les activités
non-marchandes. Mais ce ne sont que des préconisations.
En attendant, la directive européenne sur les services, qui s’était fait
connaître du nom de son premier promoteur, le commissaire Bol-
kenstein, franchit un pas supplémentaire dans la banalisation du sec-
teur associatif, en le soumettant, comme n’importe quelle entreprise,
à la logique de l’économie de marché, régie par l’idéal de « concur-
rence libre et non faussée ».
Si certaines multinationales investissent des champs comme le dé-
veloppement durable, leur implication ne peut pas être comparée à
celle des associations. Les valeurs et le but poursuivi ne sont pas
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Introduction