2 3ÉditorialÉvénement
des déclarations du ministre
de l’Économie sur l’Assurance
chômage. Tout cela montre bien
l’ineptie de l’actuelle logique
de la construction européenne
et du pacte budgétaire européen.
De son côté, le Medef n’est pas
en reste. À la première réunion
de la négociation sur la
« modernisation du dialogue
social », son objectif prioritaire
fut l’inversion de la hiérarchie
des normes. Concrètement,
l’entreprise deviendrait
le niveau prioritaire
de négociation, au détriment
de la branche et de
l’interprofessionnel. Ce qui
accentuerait la concurrence
économique et sociale au
détriment de la régulation et du
minimum d’égalité de droits,
principe républicain essentiel.
Le « modèle » anglo-saxon
– puisque c’est de cela qu’il
s’agit – n’est pas compatible
avec le modèle républicain,
notamment en matière sociale
et économique. À l’heure où
les pouvoirs publics cherchent
dans la poche des travailleurs et
des ménages pour présenter un
budget pacto-conforme, il serait
plus utile qu’ils s’attaquent
à une grande réforme fiscale,
qu’ils relancent l’activité
économique pour les salaires
et l’investissement public, qu’ils
évitent les dérives onéreuses
telles que la privatisation des
autoroutes ou l’écotaxe. Face
à un gouvernement probusiness,
il faut affirmer le syndicat
protravailleurs. Sans complexe
et avec détermination.
JEANCLAUDE MAILLY,
secrétaire Général
@jcmailly sur Twitter
L
a Commission euro-
péenne pourrait
émettre un avis néga-
tif sur le projet de loi
de finances 2015 de la
France, qui doit lui être remis le
15 octobre, et demander sa révi-
sion. Pour respecter le pacte de
stabilité, François Hollande
s’était engagé à ramener le défi-
cit budgétaire à 3 % du PIB dès
2015, échéance repoussée à 2017.
Pour 2015, il table sur 4,3 %.
La Commission, qui dispose
depuis 2013 de nouveaux pou-
voirs budgétaires, attendrait de
la France 8 milliards d’euros
d’économies supplémentaires
pour réduire le déficit structurel
de 0,5 % du PIB, contre 0,2 % dans
le projet de loi. Si la Commission
émet un avis négatif et qu’au-
DÉCRYPTAGE
FO s’oppose au
détournement des crédits
pour l’autonomie
La Contribution additionnelle
de solidarité pour l’autonomie
(Casa), qui est, depuis le
1eravril 2013, prélevée à
hauteur de 0,3 % sur les
pensions de retraite, de
préretraite et d’invalidité, sert
quasi intégralement à financer
le minimum vieillesse et les
cotisations retraite des
chômeurs. L’UCR FO participe
à la mobilisation d’associations
et de professionnels du grand
âge exigeant le fléchage de
ces sommes pour la prise en
charge eective de la perte
d’autonomie.
cune mesure n’est engagée, la
France risque une sanction pou-
vant atteindre 0,2 % du PIB.
Le gouvernement plaide des
« circonstances économiques
exceptionnelles » avec la chute de
l’inflation et le ralentissement
de la croissance, et réclame de
nouveaux délais pour diminuer
le déficit budgétaire. Le Premier
ministre, Manuel Valls, affirme
qu’il est impossible d’aller plus
loin dans l’austérité. Les écono-
mies de dépenses seront de
21 milliards d’euros en 2015 :
9 milliards sur les droits sociaux
et 12 milliards sur l’action
publique. Début septembre, le
ministre des Finances, Michel
Sapin, avait d’ailleurs annoncé
une révision à la baisse de cet
objectif, avant de se raviser.
• FO s’oppose au budget
de la santé. Les propositions
du gouvernement pour combler le
déficit de la Sécu sont dangereuses.
• Il faut sauver le service public,
le livre de Jean-Claude Mailly,
présente 250 exemples locaux et
précis, issus de toutes les régions.
• L’UCR FO considère
que les annonces de Manuel Valls
devant l’Assemblée nationale
sont loin du compte.
SUR LE SITE
FORCEOUVRIERE.FR
« Bruxelles pousse le gouverne-
ment à un ultralibéralisme d’une
ampleur inégalée avec une baisse
des dépenses sociales et publiques,
dénonce Pascal Pavageau, Secré-
taire confédéral chargé de l’éco-
nomie. Mais en matière d’austé-
rité on a touché l’os, maintenant
il faut démembrer. »
Services publics
supprimés
Pour économiser 7,7 milliards
d’euros, l’État vient d’entamer une
remise à plat de toutes ses mis-
sions et prestations. Il annoncera
en février celles qui seront sup-
primées. Une fuite en avant
puisque, « plus on supprime de
services publics et plus les besoins
augmentent », dit Pascal Pavageau.
Et la baisse de l’action publique
a un impact fort puisque, « dans
de nombreux départements
ruraux, près de 70 % des emplois
privés sont liés à la commande
publique », rappelle FO dans un
communiqué. Pour la Confédé-
ration, il faut au contraire ren-
forcer les régimes sociaux et les
services publics, également
« source de croissance », pour com-
battre la pauvreté et les inégali-
tés grandissantes.
« Selon une évaluation de Bercy,
100 douaniers supplémentaires
chargés de lutter contre l’évasion
fiscale ramèneraient 20 milliards
d’euros, soit en gros les économies
recherchées en 2015, explique Pas-
cal Pavageau. Mais l’an prochain,
on va supprimer 300 postes de
douaniers. C’est une aberration
totale. » CLARISSE JOSSELIN
My trade union
is proworker
Les hôpitaux publics
(ici à Annecy)
vont devoir supporter
900millions d’euros
d’économies.
Budget 2015: le compte
d’austérité n’est pas bon
Malgré 21 milliards d’euros de coupes dans les dépenses et des mesures
d’économies inédites, le plan de finances 2015 ne respecte pas les
engagements pris par la France pour se conformer aux attentes de Bruxelles.
© JérôMe cHatin / eXPansion-rea
FO HEBDO N°3131
Mercredi 15 octobre 2014
FO HEBDO N°3131
Mercredi 15 octobre 2014
L
e retour à l’équilibre des
comptes de la Sécurité
sociale est repoussé à 2019
au lieu de 2017, au mieux. Ce plan
prévoit de réduire le déficit
cumulé du régime général et du
fonds de solidarité vieillesse de
15,4 milliards d’euros, attendus
cette année, à 13,4 milliards
d’euros l’an prochain. FO a émis
un avis défavorable au sein des
instances de l’Assurance maladie
et des allocations familiales.
Les mesures mises en place, qui
entreront en vigueur au 1er jan-
vier, touchent principalement les
hôpitaux, les médicaments et les
familles. Elles pourront être
modifiées au cours du débat par-
lementaire qui démarrera le
14 octobre. Les députés socia-
listes pourraient notamment
déposer un amendement pour
moduler les allocations fami-
liales en fonction des revenus.
Pour l’Assurance maladie, le
gouvernement veut économiser
10 milliards d’euros en trois ans,
dont 3,2 milliards dès 2015, un
objectif irréalisable selon FO. La
hausse des dépenses, l’ONDAM,
sera plafonnée à 2,1 %, pour une
progression naturelle de 3,9 %.
Dans le détail, l’optimisation
des dépenses hospitalières rap-
portera 520 millions d’euros et le
développement de l’hospitalisa-
tion en ambulatoire, 370 millions.
La pertinence des prescriptions
et des actes sera aussi passée au
peigne fin.
Un milliard d’euros sera écono-
misé sur les médicaments avec
le développement des génériques
et la baisse de certains prix. Le
gouvernement table sur 75 mil-
lions d’euros issus de la lutte
contre la fraude. La prévention
sera renforcée, notamment par
le développement de la vaccina-
tion.
700millions d’euros
économisés
sur les familles
Pour la branche famille,
700 millions d’euros doivent
être supprimés, mais selon une
ventilation qui reste floue. À
partir du deuxième enfant, la
prime à la naissance sera divi-
sée par trois. Les aides à la
garde d’enfant vont diminuer
pour les familles les plus aisées.
Le gouvernement envisage
aussi de faire des économies en
réduisant la durée effective du
congé parental par le transfert
d’une partie du droit à congé des
mères vers les pères, en sachant
pertinemment que ceux-ci seront
peu nombreux à l’utiliser. Enfin,
la majoration pour âge des pres-
tations familiales sera décalée
de 14 à 16 ans.
Par ailleurs, le gouvernement
veut récupérer 500 millions
d’euros sur la gestion des orga-
nismes de protection sociale. Il
économisera 16 millions d’euros
sur le capital décès avec la mise
en place d’un forfait basé sur le
Smic. Et il attend des économies
liées à la dernière réforme des
retraites. C.J.
Comptes de la Sécu: un trop violent eort demandé en 2015
Sources : Insee, Dares
Économies
prévues dans
le projet de loi
pour 2015
La Commission européenne
une pénalité si elle ne fait pas
les économies attendues
Paris
Bruxelles
milliards d’euros
(0,2 % du PIB)
21
milliards
d’euros
4
31
milliards
d’euros
Attentes de la
Commission
européenne
UNE ÉPÉE DE DAMOCLÈS SUR LA FRANCE?