Le site de liaison des antiœstrogènes (ou
AEBS) est une cible de haute affinité du Ta-
moxifène (Tam), le « gold standard », pour la
thérapie et la prévention des cancers du sein.
Nous montrons ici qu’AEBS et la Cholestérol
Epoxyde Hydrolase (ChEH) sont une seule et
même cible pharmacologique. La ChEH cata-
lyse l’hydrolyse des cholestérols époxydes
(CE) en Cholestane-Triol (CT). Nous établis-
sons que des médicaments anticancéreux
utilisés en clinique tels que le Tam ou le
Raloxifène inhibent la ChEH à des concentra-
tions thérapeutiques. Cette inhibition permet :
1) d’accumuler les CE qui sont à l’origine de
la Dendrogenine A, une molécule naturelle
qui induit la différenciation des cellules tumo-
rales (de Medina J. Med. Chem, 2009), et qui
est en développement pour le traitement de
plusieurs cancers*.
2) d’empêcher la formation d’un dérivé du CT,
appelé AF300, qui induit la progression tumo-
rale (brevet WO/2010/149941). AF300 est
développé en tant que marqueur d’apparition
des tumeurs et d’efficacité de traitements
anticancéreux comme le Tam ou la Dendro-
genine A**.
n
Collaboration entre la société Affichem* et l’Institut
Claudius Regaud**
La tolérance hématologique reste la préoccu-
pation majeure pour les chimiothérapies. Elle
varie considérablement d’un patient à l’autre.
Les causes de cette variabilité sont d’ordre
pharmacocinétique (PK, capacités d’élimina-
tion des médicaments principalement) et
pharmacodynamique (PD, sensibilité aux ef-
fets hémato-toxiques en l’occurrence). Par
une approche de modélisation des données à
la fois pharmacocinétiques (concentrations
plasmatiques de médicaments en fonction du
temps après l’administration) et hématolo-
giques (numérations formule sanguine), nous
avons pu montrer que si les caractéristiques
démographiques telles que l’âge devaient être
prises en compte dans le calcul de la dose de
carboplatine pour des raisons pharmacociné-
tiques, elles n’avaient pas d’impact sur la
sensibilité aux effets ni thrombopéniants ni
neutropéniants de ce médicament (étude mul-
ticentrique). En revanche, le risque de toxicité
hématologique majeure dépend essentielle-
ment du médicament associé au carboplatine.
Nos travaux permettent aux cliniciens de choi-
sir une valeur d’exposition en carboplatine
(aire sous la courbe des concentrations plas-
matiques ou AUC) à laquelle correspond un
risque de toxicité acceptable pour les plus
fréquentes des associations incluant du
carbo platine.
n
Tamoxifène : une nouvelle cible
thérapeutique identifiée
Cytotoxiques : comment maîtriser l’aspect
multifactoriel des évènements indésirables
Un pas de plus vers
la structuration
de notre recherche
Plus que jamais, la recherche est au cœur des
activités de l’Institut Claudius Regaud. Nous
avons investi en particulier dans le développe-
ment des essais de phase précoce pour la
recherche clinique. Que ce soit pour le support
pharmacologique et biologique ou la gestion de
cette recherche, de nombreuses infrastructures
ont été optimisées ou mises en place ces
dernières années. Grâce
au dynamisme de nos
équipes cliniques et
biocliniques, 20 essais de
phase I-Ib et 29 essais de
phase II ont été activés à
l’ICR en 2010. Ce qui nous
positionne parmi les tous premiers centres
français dans ce domaine. Nous sommes tout
particulièrement satisfaits d’avoir pu, sous
l’impulsion du Pr Jean-Pierre Delord, être
reconnus par l’INCa « Centre d’essai précoce »
et financés à ce titre.
Pour la recherche fondamentale et en transfert,
l’année 2010 a aussi été riche en événements.
Les équipes du Pr Gilles Favre, du Dr Marc Poirot
et du Pr Elisabeth Cohen Jonathan Moyal ont
intégré le Centre de recherche en cancérologie
de Toulouse, créé au 1er janvier 2010 UMR 1037
Inserm-Université. L’équipe des professeurs
Etienne Chatelut et Jean-Pierre Delord a été
labellisée équipe universitaire EA 4553. Enfin,
celle d’épidémiologie animée par le Dr Pascale
Grosclaude poursuit son activité dans l’unité
U1027 Inserm.
Cette reconnaissance stabilise nos activités de
recherche, concrétise nos investissements et
nous encourage à devenir encore plus actifs
et plus performants. Comme chaque année,
cette 5e édition du CRI vous présente quelques-
uns de nos résultats les plus marquants, en
espérant qu’ils contribueront à nous faire mieux
connaître et à susciter des échanges médicaux
et scientifiques.
GILLES FAVRE, directeur scientifique
PHARMACOLOGIE
CANCER DU SEIN
EDITO
★ Philippe de Medina, Michael R. Paillasse, Gregory Segala, Marc Poirot and Sandrine Silvente-Poirot.
Identification and pharmacological characterization of cholesterol-5,6-epoxide hydrolase as a target for
tamoxifen and AEBS ligands. “Proc Natl Acad Sci USA”, 2010, 107 (30), 13520-13525.
★
Schmitt A, Gladieff L, Laffont CM, Evrard A, Boyer JC, Lansiaux A, Bobin-Dubigeon C, Etienne-Grimaldi MC,
Boisdron-Celle M, Mousseau M, Pinguet F, Floquet A, Billaud EM, Durdux C, Le GC, Mazieres J, Lafont T, Ollivier F,
Concordet D, Chatelut E. Factors for hematopoietic toxicity of carboplatin: refining the targeting of carboplatin
systemic exposure. “J Clin Oncol” 2010 Oct 20;28(30):4568-74.
CLAUDIUS REGAUD n°5
LA LETTRE D’INFORMATION MÉDICO-SCIENTIFIQUE DU CENTRE DE LUTTE CONTRE LE CANCER-MIDI-PYRÉNÉES -MARS 2011
Mécanisme d’action du Tamoxifène.