On dit cette maladie rare. Elle
l’est relativement, mais touche
quand même environ 10 000
personnes en France chaque année,
un chiffre qui augmente avec le vieil-
lissement de la population : un oph-
talmologue en examine à peu près
trois cas par an.
On estime parfois que cette mala-
die est bénigne. Mais non traitée, elle
peut entraîner la cécité de l’œil
concerné : le décollement de la rétine,
défini par une perte de contact entre
deux couches importantes de cette
partie de l’œil – l’épithélium pigmen-
taire et le neuroépithélium, est un
problème sérieux.
On croit en revanche trop souvent
que ladite maladie survient sans que
l’on ne puisse l’éviter : on se trompe!
“La vraie prévention, c’est la surveil-
lance, résume le docteur Le Rouic,
spécialiste en chirurgie vitro-réti-
nienne à la clinique Sourdille, à
Nantes. Et la meilleure des surveil-
lances, c’est le patient qui l’effec-
tue.”
A priori, nous sommes tous poten-
tiellement concernés. Ce qui ne signi-
fie pas que nous sommes égaux…
La population des seniors est ainsi
particulièrement touchée : le risque
de décollement de la rétine aug-
mente chez les opérés de la cata-
racte, nombreux dans cette frange
de la population. “Ils sont les princi-
paux sujets à risque, résume le pro-
fesseur Joseph Colin, chef du service
d’ophtalmologie au CHU Pellegrin,
à Bordeaux, par ailleurs président
de la Société française de la chirur-
gie de la cataracte et de la chirurgie
réfractive. Mais les décollements sur-
viennent aussi chez les myopes et les
personnes ayant souffert d’un trau-
matisme oculaire.” Ils ne sont pas
rares non plus à la suite de certaines
inflammations de l’intérieur de l’œil,
en cas de tumeurs, de blessures ou
de chocs oculaires. La réverbération
du soleil sur la neige ou l’exposition
26
RACINES décembre 2010
Par Antoine Gazeau
Le décollement
de la rétine :
pas une fatalité !
De plus en plus répandu, le décollement de la rétine
est certes indolore, mais pour le moins handicapant.
Qui doit se surveiller ? Et comment ? Éléments de réponse.
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à un éclairage prolongé et violent
est, sans surprise, à éviter…
“Il demeure que les antécédents
sont importants, insiste aussi le doc-
teur Le Rouic, qu’ils soient familiaux
ou personnels : quand on a fait un
décollement sur un œil, on a 10 à
25 % de risques d’en développer un
sur le second…” Même sans symp-
tôme particulier, il est de toute façon
conseillé aux divers sujets à risque
de consulter un ophtalmologue tous
les ans. Pas plus souvent, pas moins
non plus. Et en cas de signes avant-
coureurs (lire-ci-contre), il n’y a évi-
demment pas de temps à perdre.
“Dès qu’ils apparaissent, il faut
savoir bien les décrire à la secré-
taire, qui doit comprendre l’urgence
de la situation ! Il faut fixer un ren-
dez-vous dans les 24 à 48 heures,
ce qui n’est pas toujours facile en
zone rurale…”
Le laser, dans le doute…
Dans la phase préventive arrive
alors le temps de l’action. En la
matière, peu d’innovations récentes
sont à noter, et beaucoup de certi-
tudes se sont récemment envolées.
“Jusque dans les années 1990, les
leaders français de la chirurgie vitro-
rétinienne ont cru qu’en multipliant
les opérations au laser sur des zones
de rétine faibles, on réduisait le risque
de décollement, raconte le docteur
Le Rouic. Les Américains et les Britan-
niques étaient plus sceptiques et moins
interventionnistes. Nombre d’entre
nous les rejoignent aujourd’hui : les
études ont du mal à prouver que le
laser diminue le risque de décolle-
ment de la rétine...” Selon les ano-
malies du fond d’œil observées, à
l’ophtalmologue de décider s’il pro-
pose ce traitement standard de “pho-
tocoagulation”. “Le risque est
inexistant, continue le spécialiste, ras-
surant, mais le laser peut être inuti-
lement désagréable, voire très
douloureux…”
Ce qui est certain, en revanche,
c’est que ce fameux laser à argon -
qui coagule la rétine, c’est-à-dire qu’il
la colmate – utilisé depuis plus de
vingt ans en France, s’avère très effi-
cace en cas de déchirure, laquelle
survient souvent avant le décolle-
ment. Tout le secret de la prévention
de ce dernier réside donc dans la
surveillance. Mieux vaut, en la
matière, être attentif plutôt qu’atten-
tiste.
décembre 2010
27
RACINES
Savoir repérer les symptômes
Certains signes font assurément craindre un décollement de rétine.
Lesquels ? Le professeur Colin évoque “de nombreux corps flottants, des mouches
volantes abondantes” qui passent devant les yeux, surtout quand la lumière est
forte : sortes de petits nuages grisâtres, ressemblant parfois à des toiles d’arai-
gnée, ils traduisent des modifications du vitré, ce gel composé à 99 % d’eau qui
remplit une grande partie de l'œil. “Des patients se plaignent aussi de flashs,
même les yeux fermés, toujours au même endroit, continue le professeur Colin.
Ces symptômes annoncent une déchirure, et donc un fort risque de décollement.”
Celui-ci est déjà présumé présent si “un voile ampute l’image en périphérie du
champ de vision”, conclut le spécialiste.
Une alternative : la cryoapplication
Quand l’application du laser est impossible, c’est-à-dire quand la déchi-
rure est par exemple très antérieure ou chez les patients dont la pupille se dilate
mal, une solution alternative peut être proposée : la cryoapplication. “L’opéra-
tion est courte et plutôt simple : elle consiste en l’application d’une sonde délivrant
du froid (-40 à -60° C) sur la sclère (le blanc de l’œil, NDLR) en regard de la déchi-
rure à traiter. Ceci va induire une réaction cicatricielle de la rétine entourant la
déchirure et ainsi augmenter l’adhérence de la neuro-rétine à l’épithélium pig-
mentaire”, détaille le docteur Le Rouic, à Nantes.
Une déchirure avec
décollement de rétine.
Une déchirure rétinienne
entourée d’un impact de laser, afin
de prévenir un décollement de rétine.
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