corrigé du devoir d0040

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ÉCONOMIE – CORRIGÉ DU DEVOIR D0040
CORRIGÉ DU DEVOIR D0040
ANALYSE DU SUJET
ÉLÉMENTS DE CADRAGE
Dans le temps : de la Révolution industrielle à nos jours…, mais on pourrait se limiter à 1914
ou 1945.
Dans l’espace : concerne toutes les grandes puissances, mais il faut se limiter ici à celles qui
sont explicitement concernées par le programme.

Mots-clés :
Rôle (implique une appréciation et une analyse des modalités d’action), analyser (appelle
au-delà du rappel des faits une explication des mécanismes).

Dimension théorique :
Penser notamment à Ricardo : l’échange est producteur de valeur pour l’ensemble des
partenaires (théorie des « avantages relatifs ») et à J.B. Say : la division du travail est
autostabilisatrice (« loi des débouchés »).
Mais on peut aussi évoquer les vecteurs directs de la liaison des relations internationales et
du développement : les transferts technologiques, les sources de financement, … on
pourrait aussi légitimement évoquer les conflits militaires (cf. impact ambivalent des guerres
napoléoniennes et des expéditions coloniales).

Problématiques :
La question centrale est de savoir dans quelle mesure les relations internationales ont
favorisé ou contrarié le développement économique – mais cette interrogation a une portée
prospective dans le contexte de la deuxième mondialisation, l’élargissement du cadre de
l’échange à de très grands pays dont les normes salariales sont très inférieures aux nôtres,
ne risque-t-elle pas de déstabiliser nos économies et nos sociétés ?
Une deuxième problématique concerne les modalités de gestion des
internationales par les États (qui peuvent les susciter, les contrarier ou les filtrer).

relations
Supports et cours de référence :
Sujet transversal, couvrant l’ensemble des quatre leçons du cours d’histoire économique et,
au niveau des références théoriques les leçons 5 et 7.
ÉLÉMENTS DE STRUCTURATION
Trois éléments de structuration, à hiérarchiser :
 Découpage chronologique : XIX siècle / entre-deux-guerres / « trente glorieuses »/
e
mutations fin XX siècle.
e
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ÉCONOMIE – CORRIGÉ DU DEVOIR D0040
 Analyse des vecteurs de liaison relations internationales −  économique
(avantages relatifs, transferts technologiques, financements) – mais, en sens inverse
choc des cultures, déstructuration des sociétés, spécialisation défavorable imposée
enclenchant un processus de blocage ou de régression.
 Spécificités nationales (économies dominantes, autres puissances industrielles,
Russie et pays émergents).
En fait, dans le cadre du temps imparti pour l’épreuve (4 heures), il paraît difficile
d’aborder tous ces aspects. Je proposerai donc un plan en deux parties :
re
1.
Vues perspectives des évolutions depuis la 1 révolution industrielle.
2.
Spécificités nationales.
e
Une autre possibilité consisterait à consacrer la 2 partie à l’analyse des vecteurs de la
liaison relations internationales → développement économique.
Je vous propose un corrigé sous deux formes avec un plan détaillé permettant de souligner
les articulations de l’analyse et d’envisager deux modalités d’approche du sujet.
Vous trouverez également page 7, une proposition d’un plan rédigé comportant un
développement plus précis des analyses.
PROPOSITION DE PLAN DÉTAILLÉ
VERSION 1
INTRODUCTION
Problématique : les relations internationales (commerciales, financières, industrielles et
technologiques) ont-elles favorisé ou contrarié la diffusion du développement économique ?
Dans quelle mesure les modalités de gestion de ces relations ont-elles influencé leur
impact ?
1.
Vues perspectives
1.1.
La première mondialisation (XVIII -XIX siècles)
e
e
 Échange international vecteur de la diffusion de la révolution industrielle britannique.
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-2-
ÉCONOMIE – CORRIGÉ DU DEVOIR D0040
 Mais selon des modalités différentes correspondant rarement au modèle pur du
« libre échange » (cf. protectionnismes et rôle de « l’État-entrepreneur » dans les
pays d’Europe continentale).
Liaison généralement positive mais relations asymétriques entre le « centre », les zones
intermédiaires et les périphéries (cf. Braudel).
1.2.
La « fragmentation du monde »
 Une phase « critique » de décomposition de la cohérence libérale.
1917 repli de la Russie/ années trente : mise en cause du libre-échange et crise du système
financier international / constitution d’un bloc autarcique autour de l’Allemagne nazie.
Cette phase met en cause l’optimisme libéral : l’internationalisation financière a contribué à
la propagation de la crise économique – et les pays qui sont le plus rapidement sortis de
cette crise sont ceux qui ont opté pour une intervention étatique forte dans un cadre quasiautarcique.
 Une phase « organique » de reconstitution d’espaces économiques cohérents :
Économie-monde occidentale (Plan Marshall, FMI, GATT) ;
Bloc de l’Est agglomérant autour de l’URSS, l’Europe orientale et, pour un temps, la Chine.
Forte croissance des échanges commerciaux et des investissements internationaux au sein
des nations occidentales indéniablement liée à la prospérité des « trente glorieuses ».
A l’opposé tassement de la croissance des économies autocentrées du Bloc de l’Est.
1.3.
La nouvelle mondialisation
Nouvelle restructuration de l’économie mondiale.
 Phase « critique » de décomposition de la cohérence des « blocs ».
À l’Occident : crise du SMI, chocs pétroliers...
À l’Est effondrement des systèmes d’économies planifiées.
 Phase organique de réintégration des économies de l’Est dans les réseaux
(commerciaux, industriels et financiers) du marché mondial.
On constate que, dans cette période, ce sont les économies les plus délibérément
extraverties qui ont connu la croissance la plus soutenue et les transformations les plus
décisives. (cf. Chine/Inde)
C.1.
Au total sur l’ensemble des trois siècles, lien indéniable entre l’intensité des relations
internationales et le développement économique, mais la liaison n’est pas univoque (cf.
nations « périphériques » et propagation des crises). L’impact est aussi fonction des
modalités de gestion des relations des États avec le marché mondial.
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2.
Spécificités nationales
2.1.
L’Europe occidentale
 XIX siècle et début du XX développement parallèle des échanges internationaux et
des économies nationales.
e
e
Mais modalités différentes. Opposition entre d’une part la Grande-Bretagne, libre
échangiste et la plupart des autres pays qui filtrent leurs échanges commerciaux.
Au plan théorique cf. opposition Ricardo/List.
Sur la longue période, ce sont les États relativement protectionnistes qui ont obtenu
les meilleures performances.
 Après la Seconde Guerre mondiale l’opposition CEE/AELE exprime la persistance
d’une différence d’approche, avec, au départ, un avantage pour les pays qui ont
choisi d’encadrer le marché par des politiques spécifiques.
2.2.
Les États-Unis
Moins dépendants de l’échange international, du fait de la taille de leur marché et de la
variété de leurs ressources.
Asymétrie des relations avec le reste du monde du fait de leur position dominante.
Ont été tour à tour un élément déstabilisateur (entre-deux-guerres) puis stabilisateur
e
(2 après guerre) de l’économe mondiale.
2.3.
La Russie
 Du fait de ses dimensions, de sa position et de ses ressources, la Russie a, dès le
e
XVII siècle, filtré ses relations économiques extérieures, dans le cadre d’une
stratégie de développement définie par l’État.
 Après la Seconde Guerre mondiale, elle a constitué autour d’elle une véritable
« économie-monde », relativement fermée sur elle-même, qui s’est révélée
incapable de soutenir la confrontation économique avec les États capitalistes.
 Contre épreuve : la Russie d’Eltsine/Poutine qui a restauré une ouverture (filtrée) aux
échanges mondiaux et retrouvé récemment un rythme de croissance élevé.
2.4.
Les méganations asiatiques
Noter une double opposition :
 Entre l’ouverture internationale des XVIII et XIX siècles, qui s’est traduite par un
e
blocage du développement économique, et celle du début du XXI siècle, qui se
traduit par un renouveau économique.
e
e
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ÉCONOMIE – CORRIGÉ DU DEVOIR D0040
 Entre la Chine et l’Inde (rythme de développement correspondant au degré
d’ouverture).
C.2.
Si les relations internationales ont généralement contribué au développement des
différentes régions du monde, leur impact a été fortement conditionné par la position relative
des pays dans la hiérarchie économique (effets de domination), mais aussi par la stratégie
des États qui ont souvent filtré les échanges internationaux, pour les assujettir à leurs
objectifs.
CONCLUSION GÉNÉRALE
On peut conclure à deux niveaux.
 En ce qui concerne l’impact global des relations internationales : celles-ci ont
généralement contribué à la diffusion du développement économique, mais avec au
e
moins l’exception notable des grands pays asiatiques déstabilisés au XIX siècle par
la confrontation avec les pays industrialisés de l’Occident. Ceci conduit à s’interroger
sur le risque de déstabilisation généré par la mise en contacts de sociétés aux
normes sociales très différentes.
 En ce qui concerne les modalités d’intégration de l’échange international dans les
stratégies économiques nationales, on relève de très grandes inégalités dans les
approches et les performances des différents pays.
Il apparaît une hiérarchie des gains et des risques. Les pays qui ont choisi
délibérément une stratégie d’ouverture sont ceux qui se retrouvent, avec les
meilleures performances en matière de croissance et les meilleures perspectives en
matière de stabilité. Mais l’insertion internationale ne signifie pas l’option
inconditionnelle pour un libre-échange incontrôlé. Sur la longue période, il s’avère
que les meilleures performances en matière de développement ont été réalisées par
des États qui ont su filtrer les relations commerciales pour en faire les instruments
d’une stratégie.
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ÉCONOMIE – CORRIGÉ DU DEVOIR D0040
VERSION 2
Remplacer la partie 2 par :
2.
Vecteurs de la relation échange international développement économique
2.1.
Le jeu des avantages relatifs
 Rappel de la théorie de Ricardo
 Constats historiques :
-  des échanges industriels entre pays développés ;
- segmentation internationale des processus de production.
Risque de hiérarchisation et de fragilisation des systèmes nationaux.
2.2.
Transferts technologiques
 Au XIX siècle : diffusion de la révolution industrielle britannique.
e
 Au XX siècle et surtout après la Seconde Guerre mondiale : diffusion des
technologies US, moteur des « trente glorieuses » européennes.
e
 Depuis années 1990, transferts vers « pays émergents ».
« Effets de rattrapage » d’abord favorables à l’Europe, constituent aujourd’hui un défi pour
celle-ci.
2.3.
Mouvements de capitaux.
 Rôle déterminant, au XIX siècle, dans le développement de la « 2 génération » de
nations industrielles, et, après la Seconde Guerre mondiale dans la reconstruction de
l’Europe (cf. Plan Marshall).
e
e
 Mais facteur d’instabilité (cf. crise des années trente) et obstacle à la mise en œuvre
de politiques économiques nationales.
C.2.
Cette analyse explique les formes de la liaison entre échange international et
diffusion du développement économique. Mais elle montre en même temps que cette liaison
génère des risques d’instabilité et de fragilisation des économies nationales.
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ÉCONOMIE – CORRIGÉ DU DEVOIR D0040
CONCLUSION GÉNÉRALE
Facteur déterminant de diffusion du développement, mais en même temps facteur
d’interdépendance et de risques, l’échange international contribue aussi au reclassement
perpétuel des rapports de puissance économique.
PROPOSITION D’UN PLAN RÉDIGÉ
INTRODUCTION
e
L’histoire économique depuis le début du XIX siècle révèle une internationalisation
croissante de l’évolution et du développement des pays industrialisés. L’expansion des
échanges économiques et financiers a accompagné la croissance économique et leur
e
perturbation a été à l’origine des deux grandes crises du XX siècle. Ce constat appelle une
réflexion sur l’impact des relations économiques internationales dans le développement des
pays anciennement industrialisés et sur sa diffusion dans les autres pays.
En fait, la problématique peut se ramener à deux questions et se situer à deux niveaux :
 la première consiste à déterminer, si, au niveau de l’ensemble du monde, les
relations internationales ont favorisé ou contrarié la diffusion du développement
économique ;
 la seconde consiste à essayer d’apprécier dans quelle mesure les politiques et les
spécificités nationales ont pu influencer l’impact des relations internationales sur le
développement local.
1.
Vues perspectives
1.1.
La première mondialisation (XVIII -XIX siècles)
e
e
Les relations internationales ont contribué à la diffusion de la « révolution industrielle » selon
un schéma braudélien : un cœur innovateur (la Grande-Bretagne) – des zones
intermédiaires progressivement intégrées (France, Allemagne, EU) – une périphérie
colonisée ou économiquement dominée.
Par l’intermédiaire des échanges commerciaux, des transferts technologiques, et des
courants de financement, la Grande-Bretagne et les pays du premier cercle, ont contribué à
diffuser le développement économique.
Mais ces relations étaient asymétriques et les courants d’échanges ont favorisé
essentiellement les pays du centre ou des zones intermédiaires de l’économie-monde
occidentale.
Pour les pays des périphéries coloniales ou assimilées « la vie des hommes évoque souvent
le purgatoire ou même l’enfer » (F. Braudel). Le contact avec l’Occident a déstructuré ces
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sociétés et bloqué leur développement. L’exemple le plus frappant est évidemment celui de
l’Inde et, un peu plus tard de la Chine (voir cours série IV). À l’inverse, la stratégie japonaise
montre la possibilité, dès cette époque, de politiques nationales qui permettent de renverser
cette relation négative.
1.2.
e
La fragmentation du monde (1914 - dernier quart du XX siècle)
e
En fait, le cœur du XX siècle peut être décomposé en deux périodes : en reprenant la
terminologie d’Auguste Comte : une période « critique » de décomposition du cadre
géographique des échanges – c'est-à-dire de remise en cause des « acquis» de la première
mondialisation – une période « organique » de reconstruction d’une cohérence interne, à
travers plusieurs « économies-mondes », structurée par l’opposition Est-Ouest. Ce phasage
correspond, approximativement à l’entre-deux-guerres et aux « trente glorieuses ».
Pour aller à l’essentiel, l’entre-deux-guerres se traduit au niveau géopolitique, par le retrait
de « l’empire russe » du jeu normal des échanges commerciaux et financiers, dans une
logique d’autarcie. Ce sera aussi le cas de l’Allemagne et de l’Europe centrale durant la
période hitlérienne. Cette logique de repliement touche partiellement les autres pays
industriels à travers la crise des années trente, qui provoque à la fois une résurgence du
protectionnisme et la dislocation du système financier international. Mais le processus de
fragmentation se poursuivra après la guerre avec l’accession de l’Inde à l’indépendance et
l’aboutissement de la révolution chinoise − et avec l’incorporation de l’Europe orientale dans
le giron soviétique.
Paradoxalement, durant cette période, ce sont les pays qui se sont soustraits de la façon la
plus radicale au marché international (URSS, Allemagne, Japon...) qui ont retrouvé les
premiers les voies de la croissance économique …, mais il s’agit d’une croissance
déséquilibrée qui a débouché sur l’impérialisme et la guerre.
On aboutit ainsi, au seuil des années 50 à la structuration de deux économies-mondes (le
bloc occidental et le bloc soviétique), puis de trois, lorsque la Chine prendra ses distances
avec l’URSS.
À partir de là, on entre dans une logique de restructuration interne de chaque espace
économique, notamment de l’espace occidental, qui, sous l’impulsion de la nouvelle
puissance dominante, les EU, va procéder à la reconstruction d’un système monétaire (cf.
Bretton Woods) – d’un système financier (à partir du Plan Marshall) et d’un cadre
commercial de plus en plus ouvert au libre-échange (à partir du GATT, que la CCE viendra
relayer dans l’espace de l’Europe occidentale).
Le gonflement du volume des échanges commerciaux, (qui augmentent de 8 % en moyenne
durant la période 1950-1975) et celui des investissements internationaux, principalement
américains, accompagnent la forte croissance des économies occidentales (taux annuel ≈
4,5 % durant la même période). La liaison positive des deux évolutions est d’autant plus
indéniable que les pays dont les échanges commerciaux ont connu la plus forte progression
(Allemagne Occidentale, Japon, France) sont ceux qui se placent aussi en tête aussi bien
pour les taux de croissance que pour l’évolution des structures de leurs systèmes productifs.
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ÉCONOMIE – CORRIGÉ DU DEVOIR D0040
On s’apercevra aussi, plus tard, que les autres espaces économiques, qu’il s’agisse du Bloc
soviétique de la Chine ou même de l’Inde, qui ont tous opté pour un développement sinon
totalement autarcique, du moins marqué par un rigoureux filtrage étatique des relations
extérieures, ont connu des rythmes de croissance décevants et des évolutions structurelles
insuffisantes ou chaotiques.
1.3.
La nouvelle mondialisation
Comme dans la période précédente, on peut aussi, dans le tiers de siècle écoulé, distinguer
deux phases d’évolution.
e
Le dernier quart du XX siècle correspond à une « phase critique » dans chacune des
e
économies mondes issues de la recomposition du milieu du XX siècle. Les économies
occidentales sont ébranlées par plusieurs « chocs » : l’ébranlement du SMI, les chocs
pétroliers (conséquence directe de la généralisation du développement industriel), la
déchirure de la « frontière » Est-Ouest. Les économies centralisées, confrontées avec les
limites d’efficacité du développement autocentré, achèvent le cercle de leur évolution, en
revenant plus ou moins rapidement, plus ou moins complètement, aux mécanismes du
marché au niveau de l’organisation interne et au niveau des relations internationales.
Il semble que l’on soit entré depuis une dizaine d’années, dans une « phase organique » de
reconstruction des nouveaux systèmes et des réseaux d’échanges commerciaux et
financiers. Reconstruction et revirement que viennent couronner, dans le cas de la Chine,
puis de la Russie, l’adhésion à l’organisme successeur du GATT, l’OMC.
Comme dans la période des « trente glorieuses » pour les nations occidentales, on constate
que ce sont les modèles qui ont choisi le plus délibérément leur insertion dans les réseaux
internationaux d’échange qui ont connu le développement le plus rapide et le plus soutenu :
la comparaison entre les « performances » de la Chine et de l’Inde est particulièrement
éclairante à cet égard (cf. cours série IV).
Est-ce dire que la participation aux relations internationales a toujours un effet positif sur le
développement ? Certainement pas si l’on se souvient que cette participation n’a
apparemment pas profité aux grandes puissances asiatiques, lors de la première
« révolution industrielle » et que, dans le cas des pays occidentaux, elle a contribué à
exporter les grandes crises (notamment celle des « années trente») et a rendu plus difficile
la mise en place des stratégies de sortie de crise.
L’étude de l’évolution économique de quelques pays ou ensembles
particulièrement caractéristiques peut nous aider à préciser cette analyse.
2.
Les spécificités nationales
2.1.
L’Europe occidentale
régionaux
e
Au XIX siècle et jusqu’aux années 1930, les pays européens ont développé résolument
leurs échanges commerciaux, financiers et technologiques, mais cet engagement dans le
jeu des échanges s’est fait sous des modalités sensiblement différentes. On peut
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notamment noter l’opposition entre la GB délibérément libre-échangiste (cf. Ricardo), la
France hésitante, et l’Allemagne pragmatique, totalement libre-échangiste dans l’espace du
futur empire (cf. Zollverein), mais plutôt protectionniste sur l’ensemble de la période, suivant
en cela les prescriptions de son économiste national Frédéric List. À l’arrivée, on constate
que ce sont les périodes et les États où l’échange a été encadré par les politiques nationales
qui ont obtenu les meilleures performances en matière de développement économique.
La constitution de la CEE (aujourd’hui UE) a intensifié l’internationalisation des économies
européennes, et leur développement économique – du moins jusqu’à la dernière décennie
e
du XX siècle. En fait, cette internationalisation a d’abord concerné le « premier cercle » des
nations européennes. L’intégration européenne en générant des économies d’échelle et en
renforçant les spécialisations a pu être le tremplin de l’internationalisation vers le « grand
large ». Elle a été indéniablement l’un des facteurs du miracle européen de l’après-guerre.
Mais, il faut remarquer que le succès est d’abord allé à l’organisation qui a su combiner
l’ouverture commerciale avec la protection temporaire de certaines activités et la mise en
place de politiques communes – les pays de la CEE ayant connu une croissance plus
soutenue que ceux de l’Association européenne de libre-échange (AELE).
Cette logique atteint maintenant ses limites, avec l’élargissement de l’Union à des pays aux
systèmes sociaux très différents et avec le surgissement de la concurrence des grands pays
émergents.
2.2.
Les États-Unis
Apparemment moins dépendants de l’extérieur, du fait de la taille de leur marché national et
de la variété de leurs ressources, les EU ont dominé les relations économiques
internationales, directement, à travers les échanges commerciaux et financiers, ou
indirectement, à travers le réseau des firmes multinationales.
L’entre-deux-guerres a marqué, au niveau des échanges commerciaux, un certain
repliement sur le marché intérieur, mais, au niveau des relations financières, cette période
marque l’origine de la domination EU. On parle, dès cette époque, de « diplomatie du
dollar ».
Toutefois, c’est après la Seconde Guerre mondiale que la domination EU sur les relations
économiques internationales s’affirme de façon décisive. Cette domination est renforcée par
le statut du dollar, monnaie de réserve pratiquement unique jusqu’à la création de l’euro, qui
assure au pays un avantage exorbitant : le financement du déficit de sa balance des
paiements, par l’ensemble des détenteurs de dollars – les stocks de « monnaie de réserve »
étant majoritairement constitués par des titres du Trésor étasunien.
Leur position dominante a-t-elle permis aux États-Unis de retirer des échanges
internationaux des avantages très supérieurs, en termes de croissance économique à ceux
de leurs partenaires occidentaux ?
La réponse doit être nuancée.
Les fonds américains, puis les investissements des firmes multinationales ont puissamment
aidé à la reconstruction et à l’expansion des pays « périphériques » de telle sorte que de
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1945 à 1973 les taux de croissance des PIB de l’Europe occidentale ont été, en moyenne,
supérieurs d’au moins 50 % au taux de croissance étasunien. Durant cette période, les
relations des nations occidentales ont traduit, au niveau politique, la stratégie « impériale »
des États-Unis et, au niveau économique, une stratégie d’avantages liés, confirmant le pari
exprimé par le plan Marshall.
La situation actuelle est plus complexe : elle est caractérisée, en apparence, par une
diminution dans l’asymétrie des relations avec le reste du monde, le taux d’ouverture du
pays ayant sensiblement augmenté, et les flux de capitaux en direction des États-Unis
l’emportant désormais sur les flux inverses.
Mais cette situation se caractérise aussi par un plus grand dynamisme de l’économie
étasunienne, tant en ce qui concerne le rythme de la croissance que celui des créations
d’emploi.
2.3.
La Russie
Durant la période soviétique, la Russie s’est caractérisée par un faible niveau de
participation aux échanges internationaux, tant du fait de ses propres choix politiques, que
du fait des restrictions instaurées à son égard par les pays occidentaux. Elle a toutefois
bénéficié d’un réseau d’échanges privilégiés avec les pays satellites de l’Europe orientale,
intégrés en fait dans le système.
Si cette option autarcique a pu s’accompagner d’un développement spectaculaire, en
apparence, dans les premières décennies qui ont suivi la mise en place de la planification,
elle a probablement contribué à l’essoufflement puis au blocage du système.
Le choix du libéralisme et d’une réinsertion, filtrée, dans les échanges mondiaux à partir des
années 1990, a menacé de dislocation l’économie et la société, mais depuis maintenant
près de 15 ans, il s’accompagne d’un rythme de croissance spectaculaire,
quoiqu’entrecoupé de crises.
2.4.
Les méganations asiatiques
Premières puissances du monde en termes de niveaux globaux de production au seuil du
e
e
XVIII siècle, l’Inde et la Chine se sont retrouvées au milieu du XX siècle dans une situation
extrêmement attardée et infériorisée à l’égard des nations occidentales.
Cette situation est due, pour une large part, à la confrontation qu’ont subi ces pays avec les
puissances occidentales. Pour l’Inde, c’est l’intégration dans l’empire britannique qui a brisé
e
la proto industrie nationale. Pour la Chine, c’est le commerce imposé au XIX siècle par la
« diplomatie de la canonnière ». À la différence du Japon, qui a su résister à la domination
économique en empruntant les technologies de l’Occident, les deux grands empires n’ont
tiré, à cette époque, aucun avantage des relations économiques internationales.
e
Dans la deuxième moitié du XX siècle, la conscience de cette situation « d’échange inégal »
a poussé les gouvernements des deux pays à adopter des modèles de développement
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ÉCONOMIE – CORRIGÉ DU DEVOIR D0040
« autocentrés » faisant peu de place aux relations extérieures – considérées comme les
vecteurs d’une exploitation impérialiste.
Comme pour la Russie soviétique, cette stratégie a débouché sur un rythme de croissance
e
médiocre. Elle a été abandonnée dans les dernières années du XX siècle, de façon
beaucoup plus résolue et plus rapide en Chine qu’en Inde. De telle sorte que la Chine,
pratiquement absente du commerce mondial jusqu’en 1990, est devenue la première
puissance exportatrice du monde !
L’impact sur le développement économique est spectaculaire et semble de nature à
répondre à notre interrogation initiale, puisque la Chine, pays le plus ouvert, a connu dans
les quinze années écoulées un rythme de croissance double de celui de l’Inde.
Reste toutefois à expliquer pourquoi, la participation à l’échange international a aujourd’hui
e
e
des effets aussi nettement positifs, alors que l’ouverture imposée aux XVIII et XIX siècles
s’était accompagnée d’une régression économique. La réponse tient en deux mots : la
e
maîtrise et le filtrage. À la différence des échanges imposés du XIX siècle par l’intérêt des
négociants occidentaux, les échanges de la Chine actuelle s’insèrent dans le cadre d’une
programmation systématique, qui conduit à sélectionner les secteurs exportateurs et à
continuer à filtrer les importations à travers un réseau de firmes plus ou moins contrôlées par
l’État, même lorsqu’elles paraissent juridiquement indépendantes. L’explosion du commerce
chinois, comme celui des flux croisés d’investissements internationaux ne répond pas aux
mécanismes classiques du libre-échange.
Si les relations internationales ont généralement contribué au développement des différentes
régions du monde, leur impact a été fortement conditionné par la position relative des pays
dans la hiérarchie économique (effets de domination), mais aussi par la stratégie des États
qui ont souvent filtré les échanges pour les assujettir à leurs objectifs.
CONCLUSION
On peut conclure à deux niveaux, en réponse aux questions que nous nous étions posés au
début de ce travail.
 En ce qui concerne l’impact global des relations internationales : celles-ci ont
généralement contribué à la diffusion du développement économique, mais avec au
e
moins l’exception notable des grands pays asiatiques déstabilisés au XIX siècle par
la confrontation avec les pays industrialisés de l’Occident. Ceci conduit à s’interroger
sur le risque de déstabilisation généré par la mise en contacts de sociétés aux
normes sociales très différentes.
 En ce qui concerne les modalités d’intégration de l’échange international dans les
stratégies économiques nationales, on relève de très grandes inégalités dans les
approches et les performances des différents pays.
Il apparaît une hiérarchie des gains et des risques. Les pays qui ont choisi
délibérément une stratégie d’ouverture sont ceux qui se retrouvent, avec les
meilleures performances en matière de croissance et les meilleures perspectives en
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matière de stabilité. Tout se passe comme si la participation à l’échange international
développait la capacité la plus précieuse dans une période de mutations accélérées :
l’aptitude à l’adaptation. Mais l’insertion internationale ne signifie pas l’option
inconditionnelle pour un libre-échange incontrôlé. Sur la longue période, il s’avère
que les meilleures performances en matière de développement ont été réalisées par
e
des États (Allemagne et Japon au XIX siècle, CEE dans les années 1960/70, Chine
aujourd’hui) qui ont su filtrer les relations commerciales pour en faire les instruments
d’une stratégie.
BARÈME DE NOTATION
Pour ce type de devoir, à la différence de questions de microéconomie, ou d’études de cas
de gestion, il me paraît difficile de proposer un barème de correction, tant les approches
peuvent être diverses.
Tout au plus, peut-on évaluer le poids approximatif d’appréciations globales.
Par exemple :
 définition de la problématique (≈ 4 à 5 points ?) ;
 cohérence de la structuration (≈ 4 à 5 points ?) ;
 pertinence des références (≈ 8 à 10 points ?) ;
 qualité de la rédaction (2 à 4 points ?).
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