Commémorer
l’Armistice
de 1918
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CIVISME &
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REPÈRES POUR ÉDUQUER
Respecter la dignité et les droits de chacun.
Agir et comprendre pour les générations futures.
Participer à la vie démocratique.
DROITS
Connaître le passé pour éduquer à la citoyenneté aujourd’hui.
MÉMOIRE et HISTOIRE
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SOLIDARITÉ FRATERNITÉ
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DÉVELOPPEMENT DURABLE
DÉMOCRATIE CITOYENNETÉ
CIVISME &
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Le CIDEM est un collectif d'associations qui a pour but de promouvoir
le civisme et revitaliser la démocratie. En tant que centre national de ressources
pour l’éducation à la citoyenneté, le CIDEM développe une collection d’ouvrages
pour donner des repères essentiels et l’envie d'en savoir plus.
Cette collection se décline en six grandes thématiques : Droits, Mémoire et Histoire,
Europe, Solidarité fraternité, Développement durable et Démocratie citoyenneté.
Tous les ouvrages de cette collection sont disponibles sur le site du CIDEM :
www.cidem.org
PHOTO DE COUVERTURE : LYCÉE ARAGO-PARIS/DROITS RÉSERVÉS
11 NOVEMBRE
2 REPÈRES POUR ÉDUQUER LE 11 NOVEMBRE 3
ques nationales que tardive-
ment, après le décès de Louis
de Cazenave l’avant-dernier
survivant - et à la condition que
la cérémonie se déroule dans le
cadre d’un hommage à tous les
poilus.
Lors de la cérémonie officielle, le
Président de la République a
dévoilé une plaque, apposée
sous le Dôme des Invalides, en
mémoire de l’ensemble des
combattants de la Première
Guerre mondiale. Il a ensuite
prononcé un discours exaltant
le souvenir des anciens combat-
tants de la Grande Guerre et
affirmant qu’il «est de notre
devoir que, par-delà l’Histoire, la
mémoire demeure malgré tout
vivante. »
Commémorer le
11 novembre aujourd’hui…
Chaque année, Lazare Ponticelli
assistait aux commémorations
du 11 novembre dans sa com-
mune du Kremlin-Bicêtre. À des
collégiens qui l’interrogeaient
en 2007, il confiait : « Je continue
à témoigner et à participer aux
cérémonies du 11 novembre car
je me suis promis de respecter
jusqu’au bout le serment que
nous nous faisions avant de
monter à l’assaut : “Si je meurs,
tu penseras à moi !”».
Le 11 novembre, date anniver-
saire de l’Armistice de 1918, est
l’occasion de retracer l’histoire
de la mémoire de la Grande
Guerre.
Or, la mémoire n’est pas l’his-
toire....
Quel message les commémora-
tions nous transmettent-elles
de ce que fut la Grande Guerre?
Le 11 novembre est l’occasion de
découvrir les monuments aux
morts, de revisiter l’Histoire, les
lieux de mémoire… et de mesu-
rer les écarts entre la mémoire
des difrents groupes, à l’échelle
locale, et entre différents pays...
et de aliser comment plusieurs
mémoires peuvent se constituer
autour d’un même événement.
Arrivé en France en 1906, à l’âge
de neuf ans, cet immigré italien
a rejoint le front en 1914, en
s’engageant dans l’armée fran-
çaise il est incorporé au sein
de la Légion étrangère (il ne sera
naturalisé qu’en 1939).
C’est un adolescent de seize ans,
qui a dû mentir sur son âge pour
aller se battre.
Concernant les raisons de son
engagement, Lazare Ponticelli
dit avoir voulu défendre la
France « parce qu’elle [lui] a
donné à manger », et aussi parce
que l’armée lui donnerait du
pain. En 1915, lors de l’entrée en
guerre de l’Italie aux côtés de la
France, il est contraint de rejoin-
dre l’armée italienne. Lazare
témoigne avoir vite perdu le
sens de cette guerre : « On se
tirait dessus et on ne se connais-
sait pas. Pourquoi ? ».
Il rapporte également avoir par-
ticipé, sur le front italo-autri-
chien, à des scènes de fraterni-
sation entre soldats ennemis.
De retour en France en 1918, il
réussit à développer une petite
entreprise de ramonage qui
deviendra une grande société de
maintenance industrielle.
Des obsèques nationales
La disparition du « dernier poilu »
a donné lieu à des obsèques
nationales, le 17 mars 2008, lors
d’une cérémonie officielle aux
Invalides. Sur tout le territoire
national des hommages ont été
rendus : rassemblements devant
les monuments aux morts, minu-
tes de silence, drapeaux en berne,
évocations dans les établissements
scolaires
Lazare Ponticelli n’avait pour-
tant accepté le principe d’obsè-
Lazare Ponticelli
Lazare Ponticelli,
le dernier survivant
français de la Grande
Guerre.
La France rend hommage
au dernier poilu
M.POURNY/ONAC 94–DR
Le dernier survivant français de la Grande Guerre s’appelait
Lazare Ponticelli, il est mort le 12 mars 2008.
11 novembre : commémorer
l’Armistice de 1918,
l’occasion d’un moment
de réflexion avec
les jeunes générations.
Les mots en bleu
dans le texte sont
définis dans
le lexique page 31.
4 REPÈRES POUR ÉDUQUER LE 11 NOVEMBRE 5
Pour les dirigeants des puissances concernées, la guerre est le moyen
de régler leurs différends territoriaux en Europe ou dans les colonies.
Toutefois, l’entrée en guerre massive des Etats européens s’explique par
le jeu d’alliances qui ont soudé deux camps, opposés l’un à l’autre.
Lengagement dans le conflit semble faire l’unanimité : les crédits de
guerre sont votés presque sans opposition en France, en Allemagne
et au Royaume Uni. Le rassemblement de la majorité des partis poli-
tiques, des autorités religieuses et des syndicats autour de la défense
de la patrie est appelé « Union sacrée » en France par le président
Poincaré, « Burgfrieden » - « trêve interne » - en allemand.
Comment ont réagi les populations concernées ? Les soldats ont mas-
sivement obtempéré à l’ordre de mobilisation : en France, 1,5 % des
appelés ne se sont pas présentés alors que l’État-major craignait que
10 % des conscrits ne leur fassent faux bond. En 1914, les soldats par-
tent en guerre par obligation, par sens du devoir ou par patriotisme.
Océan
Atlantique
Mer
du Nord
Mer
Baltique
Mer Noire
Mer
Méditerranée
0 km 500 km
Royaume-Uni
Suède
Norvège
Danemark
Pays-Bas
Belgique
Suisse
Serbie
Bulgarie
Albanie
Montenegro
Empire
ottoman
Royaume
de Grece
Roumanie
France
Royaume
d'Espagne
Afrique du Nord française
Italie
Empire
austro-hongrois
Empire
allemand
Empire russe
Royaume
du
Portugal
Zones de tension,
revendications nationalistes
Triple Entente et ses alliés
en 1914
Pays ralliés à
l'Entente après 1914
Triple Alliance (Triplice) et
ses alliés
civ is me
www. cidem .org
et
PREMIÈRE GUERRE MONDIALE : les alliances lors des entrées en guerre
« Les hommes
pour la plupart
n’étaient pas gais ;
ils étaient résolus,
ce qui vaut mieux. »
Marc Bloch,
Souvenirs de guerre 1914-1915
« Le 5 août au soir…
Maintenant j’y suis,
en guerre et il pleut à
cordes. Quand nous
avons été trempés
comme des soupes
nous sommes montés
dans le train […] Les
journaux ont déjà dit
qu’en partant, tous
criaient : « À Berlin ! ».
Mais ce n’est pas vrai. »
Témoignage de Xavier Buzy,
paysan béarnais.
Archives départementales
L’image de soldats partis « la fleur au fusil » mérite d’être nuancée . Les
photographies de scènes de liesse sur les quais des gares au moment du départ
des soldats ont été, souvent, mises en scène : les gouvernants des différents
États avaient convoqué fanfares et drapeaux dans les grandes gares.
DOCUMENTATION CIDEM–DR
En France, le leader
socialiste Jean Jaurès,
qui s’oppose avec
véhémence à l’idée
de la guerre,
est assassiné à Paris
le 31 juillet 1914.
Triple Alliance, Triple Entente,
voir lexique page 31.
SOURCE DOCUMENTATION CIDEM–DR
Retour sur la Grande Guerre
Jeu des alliances et rivalité
entre les puissances
6 REPÈRES POUR ÉDUQUER LE 11 NOVEMBRE 7
La propagande est à l’œuvre
pour inciter les civils
à soutenir le plus possible
leur pays.
« Cela
a-t-il
été très
dur,
là-bas,
Paul ? »
Mère, que pourrais-je
te répondre ? Tu ne le
comprendrais pas, non,
jamais tu ne le
saisirais. Il ne faut pas,
non plus, que tu le
comprennes jamais. Tu
me demandes si cétait
dur ? C’est toi qui me
demandes cela, toi,
mère ! Je secoue la tête
et dis : « Non, mère,
pas tant que ça.
Nous sommes
là-bas beaucoup
de camarades
et ce n’est pas si dur
que ça » .
À l’Ouest, rien de
nouveau, roman de
Erich Maria Remarque.
Le génocide
des Arméniens
Au tournant du XXe siècle le
gouvernement du Sultan organise
une série de massacres visant les
Arméniens de l’Empire ottoman.
Dès le début de la Première Guerre
mondiale, le gouvernement
des Jeunes Turcs poursuit les
persécutions envers la minorité
chrétienne accusée de trahison.
À partir d’avril 1915, les massacres
se mutiplient et les populations
arméniennes sont
systématiquement déportées
vers les déserts de Syrie,
condamnées à y mourir de faim,
de soif et d’épuisement.
Les 2/3 de la population arnienne,
1 à 1,5 million d’hommes, femmes
et enfants, ont été assassinés.
En arrivant au front, les soldats
s’attendent à une guerre courte,
mais dès la fin de 1914, les ar-
mées sont enlisées dans une
guerre de position : les soldats
creusent des tranchées dans le
cadre d’une stratégie défensive.
La guerre sera une expérience
terrible : chaque jour 1 millier
environ de soldats de chaque
camp sont tués. Les poilus sont
soumis aux aléas climatiques, ils
vivent dans la boue, entourés de
cadavres. La mise au point d’ar-
mes nouvelles – chars d’assaut,
lance-flammes… - et l’utilisation
des gaz transforment le front en
un véritable enfer.
Les soldats peuvent difficilement
rapporter leur expérience à leurs
proches restés à l’arrière : ils hé-
sitent à raconter leurs souffran-
ces à leur famille. De plus, leur
courrier est soumis à la censure :
les autorités sont soucieuses du
moral de la population civile qui
participe à l’effort de guerre.
Ce silence creuse encore davan-
tage le fossé entre le front et l’ar-
rière, nourrissant parfois le -
pris des soldats pour les civils.
Une guerre totale
La guerre industrielle impose un
immense effort de production
pour livrer des armes et muni-
tions, ravitailler les soldats… À
l’arrière, les civils, les prisonniers
de guerre et la main d’œuvre co-
loniale font tourner les industries
et nourrissent, autant que possi-
ble, le pays. Les impôts augmen-
tent, des emprunts de guerre sont
émis alors que l‘inflation se déve-
loppe.
Les civils sont aussi les cibles de
la violence de guerre. Loffensive
allemande de 1914 provoque
l’exode de millions de civils en
Belgique, en France du Nord et de
l’Est. À l’invasion succède une oc-
cupation extêmement dure :
pillage économique, famine,
transfert de travailleurs forcés
vers l’Allemagne et d’autres terri-
toires occupés, incendies, otages
fusillés…
Des mesures de surveillance par-
ticulières visent les populations
conquises et les minorités, soup-
çonnées de trahison comme en
Allemagne, où les Juifs sont par-
ticulièrement visés, ou en Autri-
Retour sur la Grande Guerre
Des sociétés dans la tourmente
d’une guerre totale
che-Hongrie les Tchèques sont
surveillés de près - comme le ra-
conte avec humour Jaroslav
Hašek dans son roman « Le brave
soldat Chvéïk » -.
Dans l’Empire ottoman, cette tra-
que de « l’ennemi intérieur » mène
le gouvernement Jeune-Turc à
perpétrer un génocide.
© YAZID MEDMOUN/ COLLECTION HISTORIAL DE LA GRANDE GUERRE – PÉRONNE (SOMME)
8 REPÈRES POUR ÉDUQUER LE 11 NOVEMBRE 9
Dans une grande
partie de l’Europe,
le 11 novembre
passe inaperçu.
En Allemagne, la République
est proclamée depuis le 9 novem-
bre 1918 de mutineries de marins,
épuisés par la guerre, en insur-
rections, la révolution a poussé
l’Empereur Guillaume II à la fuite.
Un socialiste, F. Ebert, prend la
tête du pays.
En Autriche, la République est
proclamée le 12 novembre 1918.
Après l’armistice de Salonique
(29 septembre 1918) avec la Bul-
garie, celui de Moudros avec
l’Empire ottoman (30 octobre
1918) et de Villa-Giusti avec
l’Autriche-Hongrie (4 novembre
1918), la France signe le 11 no-
vembre 1918 au nom des puis-
sances alliées un armistice avec
l’Allemagne. Initialement conclu
pour une durée de 36 jours, il met
fin aux combats entre l’Allema-
gne, la France, le Royaume-Uni et
les États-Unis.
11 novembre 1918,
11 heures.
Larmistice suspend les combats
en Europe mais ne met pas fin à la
guerre : la paix avec l’Allemagne
sera signée en juin 1919… mais
en France, à 11 heures, toutes les
cloches se mettent à sonner et
l’annonce de l’armistice déclen-
che une explosion de joie. Dans
tout le pays, des fêtes, des défilés
s’improvisent.
Le silence tombe sur les champs
de bataille. Les visages sont gra-
ves, plongés dans le doute : « En
un instant ce fut fini. On se de-
mande parfois s’il est bien vrai que
ce soit la fin. » (Un soldat du 151e
R.I.). Vers Charleville-Mézières,
peu avant 11 heures, des soldats
français essuyaient encore des
tirs de mitrailleuse et des salves
d’obus.
La joie se mêle de tristesse : des
soldats enfilent un brassard noir
en signe de deuil pour leurs ca-
marades disparus.
Le 11 novembre
1918, une foule
en liesse s’empare
des rues de Paris.
11 novembre 1918
Arrêt sur image
Le lundi 11 novembre 1918,
à 5 heures du matin,
une délégation allemande
conduite par le député
Erzberger signe l’armistice
dans le wagon du général
Foch, stationné dans
la clairière de Rethondes,
en forêt de Compiègne.
Il prend effet le jour même
à 11 heures.
DR
VINCENNES -11 NOVEMBRE 1918 /RUE DES ARCHIVES/TAL
Larmistice, qui prévoit l’évacua-
tion des troupes allemandes,
ne fixe pas de délais à l’Est de
l’Europe. La Russie, à l’issue de
deux révolutions, est en pleine
guerre civile.
En 1918, une épidémie
de grippe “espagnole”
frappe l’Europe et le monde.
Elle fera plus
de 20 millions de morts.
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