
la gouvernance globale. Ainsi, les Sommets mondiaux du G7 auront-
ils toujours un point financier à leur agenda et seront-ils toujours
précédés d’une rencontre des Ministres des Finances et des Banques
centrales des pays concernés (ou de l’Union européenne). [N.
Simiand]. Néanmoins, ces discussions/négociations ne permettront
jamais de progresser vers une Nouvelle Architecture Financière
Internationale, celle-ci imposant pour être effective et efficace des
mesures exigeant la remise en cause du fonctionnement débridé du
système financier américain. [G. Vanel, Chap. 5].
Le pouvoir de ces institutions s’est établi à la suite du « coup d’Etat
financier » d’Octobre 1979 perpétré par la Banque centrale américaine
alors présidée par Paul Volker
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. Ce coup liquide ce qui restait encore
du capitalisme de compromis social (souvent appelé « compromis
keynésien ») issu de la seconde guerre mondiale, fondé sur l’industrie,
une forte restriction à la mobilité du capital et, de ce fait, sur la
nécessité pour le capital de composer avec le travail. En changeant
radicalement et brutalement le coût du financement du capital, il
modifie, d’une part, le rapport des forces entre capital industriel et
capital financier et, d’autre part, le rapport des forces entre salariés et
rentiers. En raréfiant le financement et en élevant considérablement la
concurrence il va amener les Etats à modifier leurs législations
financières pour permettre les « trois D » (Désintermédiation,
Décloisonnement, Déréglementation) selon l’expression d’H.
Bourguinat et lance réellement la course à la globalisation d’abord
financière. Il met la finance en capacité d’instaurer sa discipline, y
compris sur les Etats contraints de se soumettre aux « trois C » :
Crédibilité de la politique économique, Conformité aux critères de
Confiance des Institutions financières [S. Gill]. Il libère la mobilité du
capital si chère à F. Von Hayek
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et ouvre l’ère de la globalisation
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Duménil et Lévy n’emploie pas cette expression mais celle de « coup de 1979 ». Cependant,
ils sont explicites sur le sens qu’ils lui donnent puisqu’ils écrivent : « Nous l’appelons le coup
de 1979, au sens ou l’on parle d’un coup d’Etat, car il s’agit d’un processus politique soudain
et délibéré, et non de l’aboutissement d’un quelconque mécanisme de marché ». (les italiques
sont des auteurs)[G. Duménil et D. Lévy].
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Dans « la route de la servitude » (1944), Hayek présentait le contrôle des mouvements des
capitaux comme “une avancée décisive sur la route du totalitarisme et de la suppression de la
liberté individuelle” ou “la livraison de l’individu à la tyrannie de l’Etat, la suppression finale
de toute issue — pas simplement pour les riches mais pour tous” [F.A. Hayek]. Rappelons
que, lors du Colloque Lippman (Paris, 1938), destiné à réfléchir sur les moyens de sauver les