Pour examiner la situation d’autres sanctuaires isolés en Gaule centrale, il faut tout d’abord se
pencher sur les travaux de Simon Girond, doctorant de Fr. Dumasy à Paris 1, qui étudie les
sanctuaires, cultes et pratiques rituelles dans la cité des Bituriges Cubes. Celui-ci distingue,
parmi les 63 sanctuaires répertoriés sur le territoire, ceux qui sont associés au chef-lieu
(Bourges), à une agglomération secondaire, à un espace suburbain, un hameau ou une villa. Il
relève aussi 21 sanctuaires considérés comme isolés, en tout cas jusqu’à preuve du contraire7.
En effet, les prospections qu’il a menées autour de certains se ces sanctuaires ont
régulièrement livré des indices d’occupation proches des bâtiments cultuels.
La fouille récente du sanctuaire des Hauts de Buffon à Montluçon illustre également bien ce
phénomène8. Le sanctuaire se trouve près de la voie Néris-les Bains/Evaux-les-Bains, sur une
hauteur dominant le confluent d’un ruisseau et du Cher ainsi que la ville actuelle de
Montluçon (qui n’est toutefois pas une agglomération antique connue). Le lieu de culte est
délimité par un péribole contenant deux temples de type fanum et un puits. Aux abords
immédiats de cette aire sacrée de 1800m², de nombreuses constructions, pour la plupart en
matériaux légers, ont été mises au jour. Ces bâtiments, puits, zones de stockage et enclos sont
interprétés par U. Cabezuello comme des annexes du culte, vouées à l’hébergement des
prêtres et des pèlerins, à la gestion des animaux destinés aux sacrifices, etc. Mais, en raison du
nombre et du caractère structuré de ces constructions, on peut aussi envisager le
développement d’une véritable petite agglomération, dont la seule composante monumentale
serait le sanctuaire.
Concernant le territoire arverne, nous disposons d’un premier bilan publié par Claire Mitton9,
doctorante de Fr. Trément à Clermont-Ferrand, qui étudie les sanctuaires, hors chef-lieu, dans
l’ensemble du Massif Central. Elle y recense 24 sanctuaires ruraux arvernes et note aussi que
plus de la moitié de ces lieux de cultes ruraux se trouve en bordure des voies principales. Et le
phénomène est sans doute encore plus important car les voies secondaires n’ont pas été prises
en compte ici. Le même constat peut aussi être fait pour les sanctuaires ruraux des territoires
biturige et lémovice10. Il semble donc que la proximité du réseau routier soit un des
paramètres privilégiés pour l’implantation des sanctuaires ruraux, dans ces cités de Gaule
centrale.
2. Des marqueurs du paysage ?
7 Girond S., Sanctuaires, territoire et peuplement : réflexions sur l’implantation des lieux de culte dans la
cité biturige, in Gandini C., Laüt L. (dir.), Sites, réseaux, territoires, regards croisés sur le Berry ancien,
supplément à la Revue Archéologique du Centre de la France, à paraître.
8 Cabezuello U., Wittmann A., Le sanctuaire gallo-romain des Hauts de Buffon à Montluçon, in Carnet de
fouilles, l’actualité de l’archéologie dans l’Allier, catalogue de l’exposition du musée Anne de Beaujeu à
Moulins, 30 juin-8 janvier 2011, Moulins, p. 70-79.
9 Mitton Cl., Les sanctuaires arvernes et vellaves hors des chefs-lieux de cités du Ier s. av. J.-C. au IVe s. ap. J.-
C. : approche typologique et spatiale, Revue archéologique du Centre de la France, 45-46, 2006-2007, mis
en ligne le 08 avril 2008 (http://racf.revues.org/680).
10 Pour le territoire biturige, voir Caron M., Les religions dans la cité des Bituriges Cubi, in Batardy et al. (dir.),
Le Berry antique, Milieu, hommes, espaces, 21ème suppl. à la Revue Archéologique du Centre de la France, 2001,
p. 86-91. Pour le territoire lémovice, voir notamment Desbordes J.M., Le rôle des cheminements de long
parcours dans la romanisation des campagnes lémovices, Travaux d’Archéologie Limousine, 16, 1996, p. 21-
37 et Desbordes J.M., Sur les traces des cultes routiers au premier millénaire, Travaux d’Archéologie
Limousine, 25, 2005, p. 43-54.