
52 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XXI - n° 1 - janvier 2012
RÉTROSPECTIVE 2011 Cancers urologiques
Dépistage
➤
Depuis la publication des résultats des
2 grandes études randomisées américaine (PLCO)
et européenne (ERSPC), diminution des dosages du
PSA de 3 et 2,7 % chez les hommes âgés respecti-
vement de 40 à 54 ans et de 55 à 74 ans (8)
➤
Prédiction d’un cancer de la prostate significatif
diagnostiqué 20 à 30 ans après un seul dosage
avant 50 ans
Dans cette étude réalisée à partir de prélève-
ments sanguins collectés entre 1974 et 1986 chez
21 277 hommes âgés de 33 à 50 ans, d’une même
ville suédoise (taux de participation de 74 %), H. Lilja
et al. (9) ont diagnostiqué 1 408 cancers de la pros-
tate. Le suivi médian est de 23 ans. Le taux de base
du PSA était fortement associé au risque de cancer
de la prostate : 81 % des cancers avancés touchaient
des hommes présentant un PSA au-dessus du taux
médian (0,63 ng/ml entre 44 et 50 ans).
➤
Un seul dosage du PSA entre 45 et 49 ans n’est
pas suffisant : il faut, même pour une population
à bas risque, conseiller 3 tests au milieu de la
quarantaine, de la cinquantaine et de la soixan-
taine
C’est ce qui ressort de l’actualisation de l’étude
précédente (10). Les patients ayant un PSA < 1 ng/ml
à 60 ans ont un risque faible de décéder d’un cancer
de la prostate. Ces nouvelles données devraient faire
évoluer les pratiques.
➤
Rôle et intérêt des nouvelles techniques d’IRM
pour améliorer la détection initiale du cancer de
la prostate en guidant les biopsies (11)
Ces techniques devraient prendre plus d’importance
à l’avenir, notamment dans la surveillance active et
dans les thérapies focales, pour mieux préciser quels
patients peuvent en bénéficier.
Chirurgie
➤
Prédiction de la mortalité spécifique 15 ans
après prostatectomie radicale à partir des données
de 11 521 patients opérés dans 4 institutions
académiques américaines entre 1987 et 2005 (12)
Le taux de mortalité spécifique à 15 ans est de
7 %. Le grade de Gleason primaire et secondaire
(p < 0,001 pour chacun), l’envahissement des vési-
cules séminales (p < 0,001) et l’année de la chirurgie
(p < 0,002) représentent des facteurs pronostiques
significatifs. Le risque de mortalité spécifique à
15 ans est de 0,8 à 1,5 %, 2,9 à 10 %, 15 à 27 % et
22 à 30 % pour les tumeurs confinées à la glande,
une extension extraprostatique, un envahissement
des vésicules séminales et des métastases ganglion-
naires. Seuls 3 des 9 557 patients présentant une
tumeur intracapsulaire et un score de Gleason ≤ 6
sont décédés de leur cancer.
➤
Prostatectomie radicale versus “watchful
waiting” dans les cancers de la prostate précoces :
une confirmation du bénéfice de la chirurgie à
15 ans (13)
L’actualisation des résultats de l’étude suédoise
portant sur 695 patients randomisés entre octobre
1989 et février 1999 entre prostatectomie radicale et
“watchful waiting” (surveillance/ traitement différé)
confirme le bénéfice de la chirurgie avec 3 ans de
suivi supplémentaires. Avec un suivi médian de
12,8 ans, 166 des 347 patients du groupe prosta-
tectomie et 201 des 348 patients du groupe
surveillance sont décédés ; 55 et 81 de ces décès,
respectivement, étaient dus au cancer. Cela corres-
pond à une incidence cumulée de décès à 15 ans de
14,6 % dans le groupe prostatectomie et de 20,7 %
dans le groupe surveillance (différence de 6,1 % ;
IC
95
: 0,2-12,0), et à un risque relatif (RR) par rapport
à la chirurgie de 0,62 (IC95 : 0,44-0,87 ; p = 0,001).
Ce bénéfice, observé aussi dans le groupe à bas
risque, est confiné aux hommes âgés de moins de
65 ans. Le nombre de patients à traiter pour éviter
1 décès est de 15 ; il est de 7 pour les patients de
moins de 65 ans.
Parmi les hommes traités par prostatectomie, ceux
qui présentaient une extension extracapsulaire
avaient un risque de décès environ 7 fois supérieur
(RR = 6,9 ; IC95 : 2,6-18,4). Il faut relever que près
de 80 % des hommes inclus avaient une tumeur
palpable, avec une extension extracapsulaire chez
46 % des patients traités dans le bras prostatec-
tomie.
Les données de cette étude princeps confirment que
la prostatectomie dans les formes diagnostiquées
précocement permet une réduction significative du
risque de métastases et de décès, avec une différence
qui reste constante après 9 ans. Si ce bénéfice est
évident chez les patients de moins de 65 ans, il l’est
moins pour des patients plus âgés, mais cela doit
être pondéré du fait du manque de puissance pour
l’analyse de ce sous-groupe. De plus, les traitements
hormonaux peuvent entraîner des rémissions suffi-
samment prolongées pour que les patients âgés
puissent mourir d’autres causes (figure 1).