AVERTISSEMENT - Le Proscenium

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Le Théâtrothon I
LE THÉÂTROTHON
Sketch absurde de Jacques MAURIN
Pour demander l'autorisation à l'auteur : [email protected]
Durée approximative : 18 minutes.
Personnages (9H ou 8H 1F ou 7H 2F ou 6H 3F ou 5H 4F).
ANIMATEUR
CHAUFFEUR DE SALLE
STANDARDISTE 1
STANDARDISTE 2
L’AMANT
INFIRMIER 1 de la B.A.T.Q.R.F.
INFIRMIER 2 de la B.A.T.Q.R.F.
PAUL 1
PAUL 2
1 SPECTATEUR pris au hasard
Synopsis : Un spectacle mouvementé destiné à récolter des fonds pour un
théâtre qui en manque cruellement.
Décor : 1 table avec 2 téléphones, 2 chaises.
Costumes : blouses blanches marquées B.A.T.Q.R.F. pour les infirmiers.
Précision importante : Théâtre de l’Absurde. « Le Théâtrothon » fait parti
d’une suite de sketches ayant pour thème les problématiques du théâtre,
traitées sur le mode absurde. Ces sketches sont rassemblés dans un seul
fascicule sous le titre « Le théâtre qui rend fou ».

Le Théâtrothon 1
LE THÉÂTROTHON
LE THÉÂTRE QUI REND FOU
Distribution
9 personnages : 9H ou 8H 1F ou 7H 2F ou 6H 3F ou 5H 4F
Animateur, Chauffeur de salle, Standardiste 1, Standardiste 2,
L’Amant, Paul 1, Paul 2
2 Infirmiers (2H ou 1H 1F ou 2F) de la B.A.T.Q.R.F.,
1 spectateur pris au hasard
Décor
1 table avec 2 téléphones, 2 chaises
En fond de scène est accrochée une banderole marquée
THÉÂTROTHON. Dans la pénombre, deux standardistes sont assis de part
et d’autre d’une table décentrée côté jardin. Sur la table, deux téléphones.
Les standardistes miment les conversations téléphoniques et notent des
renseignements sur des cahiers. Entre un Animateur survolté qui se place
au centre de la scène, en pleine lumière.
ANIMATEUR ― Eh bien, bonjour à toutes et à tous. Nous vous l’avions
promis, nous l’avons fait. Le Théâtrothon 20141 est lancé ! (En contrebas de
la scène, le Chauffeur de salle exhorte le public à applaudir à l’aide d’un
panonceau marqué APPLAUDISSEMENTS.) Pour que vive un certain
théâtre. Et surtout pour que survivent ses acteurs et ses spectateurs, un seul
numéro : 39 45 ! N’hésitez pas à nous appeler. De prestigieuses
personnalités sont là pour vous répondre… (Le Chauffeur :
APPLAUDISSEMENTS.) Eh, oui ! Ils sont là rien que pour vous, les
Garou, Cali, Sheila, Amanda Lear, Claude François…
CHAUFFEUR (à l’Animateur) ― Pssst ! Il est mort, Cloclo.
ANIMATEUR ― Ah ! On m’annonce une mauvaise nouvelle. Claude
François ne sera pas là. Mais il y aura les autres ! Alors, n’hésitez pas :
faites vos promesses de don au 39 45 ! (Le Chauffeur :
APPLAUDISSEMENTS.) Plus vous serez nombreux, et plus nous serons
en mesure de vous accueillir dans les conditions optimales de sécurité.
N’oubliez pas, le Théâtrothon servira à assurer votre suivi médical, et aussi
celui des acteurs mis à mal par des textes souvent difficiles. Il servira à
acheter des masques à oxygène, et les petits sacs à… euh !... les petits sacs
pour vous soulager. (Le Chauffeur : APPLAUDISSEMENTS.) Tout de
suite, sans plus tarder, nous allons mesurer la température du standard… (Il
1 Année à actualiser.

Le Théâtrothon 2
se dirige vers les deux standardistes que la lumière éclaire désormais.) Où
en sommes-nous, messieurs ?
STANDARDISTE 1 ― Le standard est au bord de l’explosion.
ANIMATEUR ― Super ! Ça signifie que les promesses vont bon train.
STANDARDISTE 2 ― Oh, oui ! On est déjà en mesure d’acheter dix sacs
plastiques…
ANIMATEUR ― Bravo ! (Un téléphone sonne.) Ah ! Sans doute le
onzième sac plastique…
STANDARDISTE 1 (décroche) ― Le Théâtrothon, à votre écoute.… Oui,
bonjour monsieur… Le Théâtrothon, c’est ça… Vous voulez qui ?... Un
instant, s’il vous plait… (Il couvre de sa main le combiné du téléphone et
s’adresse au second standardiste.) Il veut parler à Adriana Karambeu !...
STANDARDISTE 2 ― Passe-le moi. (Le Standardiste 1 lui donne le
combiné. Il prend une voix de fausset :) Allo !... Oui, c’est Adriana à
l’appareil… Jean-Claude de ?… Toulouse ! Eh bien bonjour, Jean-Claude
de Toulouse… Oui, je suis un peu enrhumée… Soyons sérieux, Jean-
Claude. Quel est votre montant ?... C’est généreux, Jean-Claude. Votre
adresse ?... (Il note l’adresse.) À Toulouse, oui… Comment ça, quand est-ce
que je viendrai ? Mais c’est à vous de m’envoyer votre chèque…
Comment ? Vous ne payez pas d’avance ? Mais… La marchandise, quelle
marchandise ?... (Horrifié.) Ho !... Espèce de… de… de…
ANIMATEUR ― Calmez-vous, Adriana…
STANDARDISTE 2 (au téléphone, d’une voix normale) ― Vous savez ce
qu’elle vous dit, Adriana ? (Il raccroche violemment.)
ANIMATEUR ― Pensez au Théâtrothon, Adriana. Il faut parfois donner
de sa personne…
STANDARDISTE 2 (à l’Animateur) ― Vous savez ce qu’elle va vous
donner, Adriana ?
STANDARDISTE 1 ― C’est râpé pour le sac.
L’Animateur bat en retraite au
centre de la scène. Le Chauffeur fait
applaudir le public avec son panneau
APPLAUDISSEMENTS, tandis que
la lumière s’atténue sur les
standardistes qui reprennent leur
mime du début.
ANIMATEUR (enjoué, au public) ― Nous reviendrons interroger le
standard dans un moment. Pour l’heure, nous allons accueillir quelqu’un

Le Théâtrothon 3
pour qui le Théâtrothon prend tout son sens, quelqu’un qui souffre et que
vos dons vont pouvoir aider à retrouver une vie normale… (Entre l’Amant
du sketch « Les Amants » que soutiennent deux Infirmiers de la
B.A.T.Q.R.F. Le Chauffeur : APPLAUDISSEMENTS.) Voici venir
monsieur… euh !... (Il s’adresse à l’Amant parvenu à son niveau et qui
vacille terriblement.) Comment vous appelez-vous, monsieur ?
L’AMANT (complètement éteint) — Je ne veux plus jouer cette pièce…
ANIMATEUR ― Oui, je comprends bien, mais quel est votre nom ?
L’AMANT — Je ne veux plus jouer cette pièce…
ANIMATEUR ― C’est ça. Alors, comment vous est venue cette petite
déprime ?…
L’AMANT — Je ne veux plus jouer cette pièce…
ANIMATEUR (se reprend) ― Cette grosse dépression. Est-ce que c’est
arrivé subitement ou bien avez-vous ressenti des signes précurseurs ?…
L’AMANT — Je ne veux plus jouer cette pièce…
ANIMATEUR ― Oui. C’est la dernière fois, je vous promets. Après le
Théâtrothon, on arrête…
L’AMANT — Je ne veux plus jouer cette pièce…
INFIRMIER 1 — Il est bien atteint, vous n’en tirerez rien.
ANIMATEUR (toujours jovial) ― Voilà qui prouve, s’il en était encore
besoin, la nécessité de notre Théâtrothon.
L’AMANT — Je ne veux plus jouer cette pièce…
INFIRMIER 2 — Ça fout les jetons ! On devrait interdire ce genre de
théâtre.
ANIMATEUR ― Et encore, vous n’avez rien vu. Il y a des pièces où les
acteurs font pipi caca sur scène.
INFIRMIER 1 — C’est dégueulasse !
ANIMATEUR ― Et ils se roulent dedans !
L’AMANT — Je ne veux plus jouer cette pièce…
INFIRMIER 2 — Et les spectateurs aussi ?
ANIMATEUR ― On n’en est pas encore là, mais je pense que ça ne saurait
tarder.