La Bio Piratée
Le Troupeau aveugle de John Brunner (publié en 1972) est le chef d'oeuvre de l'écologie-fiction. C'était pour
l'époque un ouvrage d'un pessimisme terrifiant, le plus dramatique de tout ce genre littéraire quant à ses
descriptions poignantes de la pollution et de la destruction de l'environnement. 1972 est également l'année de
publication de “L'Angoisse de l'an 2000” de Roger Heim, et de la création de la revue “la Gueule Ouverte”, “le
Journal qui annonce la fin du monde”. Le titre anglais du “Troupeau Aveugle”, “The Sheep look up”, est emprunté
au vers 125 du poème Lycidas de John Milton: «Les brebis affamées vent la tête (et ne sont point nourries)».
Dans ce roman d'écologie-fiction, l'humanité se meurt soit de faim, soit de cancers provoqués par la pollution
alimentaire et environnementale. John Brunner n'a pas vu venir, il est vrai, la pollution nucléaire généralisée et les
délires des chimères génétiques: les cerises empoisonnées sur le gâteau toxique, excusons-le du peu. Ce qu'il a très
bien vu venir dans “Le Troupeau aveugle”, par contre, c'est le rachat de la bio, le piratage de la bio, le frelatage de
la bio… Quarante années plus tard, le troupeau aveugle, en quête de mieux-être et de nutrition digne de ce nom, se
précipite dans les super-marchés “bios” sans se douter le moins du monde de l'identité de ceux qui tirent une
grande partie des ficelles.
Dans mon essai “Les tambours de Gaïa se sont réveillés”, en novembre 2013, j'ai assurément lancé un gros pavé
dans la mare en écrivant:
«En Europe et en Amérique du nord, la plus grande partie des distributeurs d'aliments “biologiques” ont été
rachetés par les grands cartels de l'agro-alimentaire: Nestlé, Cargill, Coca-Cola, etc. En France, par exemple, Lima
et Danival ont été rachetés par Hain Celestial, aux USA, derrière lequel se cache l'argent de Monsanto, Walmart,
Philipp Moris, City Group et Martin Lockeed. En France encore, acheter les produits bios de Bonneterre, de
Bjorg, d'Evernat, d'Allos, de Tartex, d'Alter Eco... c'est participer à la prospérité du Hollandais Royal Wessanen,
l'un des grands groupes Européens de l'agro-alimentaire. En France encore, 95 % des légumes bios
commercialisés sont produits à partir de semences de variétés hybrides F1; ce qui signifie que le consommateur
bio, par exemple, a une “chance” sur deux d'acheter un melon bio “Monsanto/Bayer/Syngenta” puisque ces
trois groupes de la chimie possèdent la moitié des 250 variétés de melons inscrites dans le catalogue national
du GNIS; ce qui signifie que de très nombreux maraîchers bios sont complices de la destruction de la biodiversité
alimentaire. En France encore, l'association Kokopelli est “certifiée” bio par Qualité France, qui a été racheté par
Bureau Véritas, l'un des leaders mondiaux du contrôle industriel. Dans le Tiers-Monde, l'IFOAM (la fédération
internationale de l'agriculture biologique) rabat du petit paysan pauvre pour produire du bio, et encore plus de bio,
au service de l'export vers les pays riches, au service de l'industrie bio, et donc au service de l'industrie tout court.
Ad nauseam.»
Depuis lors, certains militants me pressent de publier mes sources. Aujourd'hui, j'ose donc mettre en ligne une
partie du dossier que j'ai commencé à rédiger sur le sujet de la bio piratée. Avec beaucoup de réticences,
cependant, tellement tout cela est archi-déprimant. Il est possible, un jour étoilé, que je continue de rédiger les
résultats de cette enquête que nous avons lancée. Pour l'instant, cependant, je consacre toutes mes énergies à la
restructuration constructive et fertile de Kokopelli dans les Pyrénées de l'Ariège et c'est un grand plaisir. J'invite
donc tous les militants très intéressés par ce sujet attristant - celui de la récupération d'une grande partie de la bio -
à poursuivre eux-mêmes cette enquête. Il suffit de très peu de chose: savoir parler anglais et suivre la piste de
l'argent.
En novembre 2012, lorsque l’Etat de Californie présenta au vote populaire la Proposition 37 destinée à rendre
obligatoire l’étiquetage des OGMs, ce fut une levée de boucliers de la part de l’agro-chimie qui finança une
campagne de rejet de cette proposition: Monsanto (7 millions de dollars), Dupont de Nemours (5 millions de
dollars), BASF (2 millions de dollars), Bayer (2 millions de dollars), Dow (2 millions de dollars), Pepsico (1,7
million de dollars), Nestlé (1,2 million de dollars), Coca-Cola (1,1 million de dollars), Syngenta (1 million de
dollars), General Mills (1 million de dollars), Del Monte, Kellog, Kraft, Heinz, Mars, Cargill, etc, etc. (1).
C’est alors que les consommateurs bios furent effarés d’apprendre qu’une centaine de compagnies proposant des
aliments bios étaient en fait dans l’escarcelle du Cartel de l’agro-alimentaire ou du Cartel de l’agro-chimie et
commencèrent à désélectionner ces compagnies de leur panier. Il existe même, aux USA, une application
téléchargeable pour téléphones mobiles permettant de connaître l’identité de ces compagnies afin de les boycotter.
(2)
Bonneterre, Distriborg, France Alter Eco, Evernat...
En France, également, un certain nombre de compagnies bios sont des filiales d’un des plus gros groupes
Européens de l’Agro-alimentaire, la multinationale Royal Wessanen qui emploie 2100 personnes: Distriborg
(Bjorg, Biodistrifrais et Bonneterre) rachetée en 2000 et dont le rachat total fut finalisé en décembre 2009;
Evernat; Whole Earth; Zonnatura; Kallo; Clipper racheté en mars 2012; Ekoland; De Rit; Allos; Tartex; Culinessa;
Biorganic; Bioslym; Merza; Fertilia; Kalisterra; (ce dernier, revendu en juillet 2011). Il en est de même de France
Alter Eco (le leader du commerce équitable de produits biologiques) qui vient d’être racheté, en 2013, par
Distriborg donc par Royal Wessanen et qui s’en vante. (3) « France Alter Eco s’adosse donc à un groupe disposant
de moyens financiers plus importants. La marque va garder son nom, nous allons juste devenir une filiale de
Distriborg, qui est elle-même une filiale du groupe hollandais Wessanen » s’exprime Laurent Murat, le directeur
du marketing. Distriborg, c’est également les marques: Vivis fructose, Pléniday, Gayelord Hauser, Schär, Yao
Tea, Wakama, Tuocha, Florystelle, Ephynéa, Ortis, Krisprolls, Tien Shan, Agnesi, Patak’s, Thai, Amoy,
Grand’Italia, Kara et Skippy.
Royal Wessanen, pendant de nombreuses années, possédait Tree of Life, l’une des deux sociétés qui contrôlent
80% de la distribution du bio aux USA (l’autre étant United Natural Foods). Tree of Life est également le n°1 de
la distribution bio au Royaume-Uni. Royal Wessanen a revendu Tree of Life USA en 2010 à KeHE Distributors
(USA) pour 190 millions de dollars et il a revendu Tree of Life UK en juillet 2011. Royal Wessanen possède
également, en UK, Kallo Foods Ltd (Kallo et Whole Earth).
Royal Wessanen est coté à la Bourse d’Amsterdam. Certains de ses principaux actionnaires sont (5):
- Delta Partner LLC, un Hedge Fund basé à Boston aux USA qui possédait 25.61 % des actions de Royal
Wessanen en décembre 2012.
- Sparinvest SE, un Danois gestionnaire international d’actifs basé au Luxembourg qui possédait 3.17 % des
actions de Royal Wessanen en juillet 2013. Ses principaux actionnaires sont les banques Danske Andelskassers,
Nykredit, le fonds d’investissement Investeringsforeningen Sparinvest et le fond de pension Pensionskassen for
Farmakonomer. En 2012, Sparinvest SE a signé un accord de partenariat avec le Chinois Haitong International
Holdings dont le siège social est installé dans le paradis fiscal des îles Vierges britanniques.
- Invesco Ltd, un gestionnaire international d’actifs situé à Atlanta, aux USA, avec son siège social dans le paradis
fiscal des Bermudes. Il possédait 2.62 % des actions de Royal Wessanen en septembre 2013. Le groupe emploie
plus de 6200 collaborateurs répartis dans plus de 20 pays, et gérait 632 milliards de dollars en juin 2012. En 2004,
cette compagnie a payé 450 millions de dollars d’amende aux USA pour pratiques de “trading” non conformes, un
euphémisme dans ce milieu pour pratiques bancaires mafieuses. (4) Invesco est coté au Nasdac. Ses 5 principaux
actionnaires sont Vanguard Group, Black Rock Fund, Wells Fargo, Morgan Stanley et Thornburg Investment.
- Global Thematic Partners LLC. Il possédait 2.25 % des actions de Royal Wessanen en septembre 2013. Il est
coté au Nasdac et on retrouve dans ses actionnaires principaux Dow Chemical, Bunge (l’une des quatre
principales multinationales de l’agro-alimentaire avec Cargill, Glencore et le Groupe Louis Dreyfus), Mosaic
Company (le leader mondial de la Potasse et du Phosphate), Potash Corp Sask (engrais à base de potasse potasse,
phosphate et nitrate) et CF Industries Holdings, Inc (engrais agricoles).
- Vanguard Group. Il possédait 0.65 % des actions de Royal Wessanen en septembre 2013. L’analyse des
multinationales qui se cachent derrière Vanguard Group est présentée ci-dessus en relation avec le rachat de Lima
et de Danival.
- Black Rock Fund. Il possédait 0.63 % des actions de Royal Wessanen en septembre 2013. L’analyse des
multinationales qui se cachent derrière Black Rock Fund est présentée ci-dessus en relation avec le rachat de Lima
et de Danival.
Lima et Danival
Danival, racheen 2000 par le groupe français de parapharmacie, Viva Santé, vient d’être revendu, en 2011, au
Belge Lima qui lui-même est acheté par Hain Celestial en 2002. Après consultation du Nasdac, il s’avère que les 5
principaux actionnaires de Hain Celestial sont les fonds bancaires suivants: Vanguard, Goldman Sachs, Jennison
Associates, Black Rock Fund, et Coatue Management. Derrière le fonds bancaire Vanguard se cachent Monsanto
(de l’agent orange aux chimères génétiques en passant par le RoundUp), Philip Morris (les cigarettes), Martin
Lockheed (les armements), ExxonMobil (le pétrole), Walmart (le n°1 des supermarchés), Pfizer (la pharmacie),
Merck (la pharmacie), City Group, Bank of America, etc. Derrière le fond bancaire Goldman Sachs se cachent:
Apple, Microsoft, ExxonMobil, Vanguard, Google, General Electric, JP Morgan, Pfizer, Merck, etc. Derrière le
fonds bancaire Black Rock se cachent: Apple, Microsoft, ExxonMobil, Coca Cola, Chevron, Procter and Procter,
Philip Morris, etc. Ad nauseam. La bonne compagnie que voilà!
Un peu d’histoire. La société Hain Pure Food est créée en 1926 en Californie. Elle est rachetée en 1981 par Ogden
Corporation (actuellement Covanta Energy Corporation qui est spécialisée dans le recyclage des déchets
industriels et la production d’électricité). Elle est ensuite rachetée en 1986 par IC Industries (actuellement
Whitman Corp, le sous-traitant de Pepsi qui acheta Pepsi Americas en 2000). Hain Pure Food est finalement
racheté en 1994 par Irwin Simon, le propriétaire de Kineret Acquisition Corp (spécialités alimentaires) qui
emprunte alors l’argent à Argosy Group LP (une compagnie de software). Fin 1994, le groupe prend le nom de
Hain Food Group. En 1996, George Soros, le milliardaire prédateur psychopathe, rachète 16% des actions de la
compagnie. Pour mémoire, George Soros est à la direction du CFR, le Council for Foreign Relations (16), il est
l’un des membres du Groupe Bilderberg et il finance la clique militariste d’Avaaz. En 2000, Hain Food Group
rachète Celestial Seasonning et change son nom en Hain Celestial. Celestial Seasonings est une société célèbre
aux USA (depuis 1969) pour sa gamme de tisanes, non-bios, aux emballages poétiques, ornées d’axiomes de
sagesse, de petites fleurs et de bisounours. Depuis peu, et enfin, (mars 2013), elle est également dans la ligne de
mire des consommateurs avertis de par la très haute teneur en biocides (le Propachlor, un herbicide de Monsanto,
et le Propargite, un acaricide vendu sous les noms de Omite et Comite) d’une partie de ses tisanes, teneur qui
dépasse les normes permises par la Food and Drug Administration (FDA), ce qui n’est pas peu dire! Hain
Celestial est également accude vendre des pâtes “bios” (De Boles Organic Pasta) contenant du MGK-264 (un
synergisant cancérigène dans les pesticides) et du pyperonil butoxide (un synergisant cancérigène dans les
insecticides). Hain Celestial est également accusé de commercialiser de faux cosmétiques “bios” sous les marques
Jason et Avalon Organics. (7) L’un des cosmétiques de la gamme Jason, par exemple, n’a qu’un composant “bio”
sur dix-neuf. (8)
Goldman Sachs est une banque d’investissement qui se transforme en 2008, lors de la crise des subprimes en
Holding grâce à l’octroi de nouvelles liquidités attribuées par la Réserve Fédérale (un cartel de banques privées
depuis 1914) et débloquées par Henry Paulson (alors Secrétaire du Trésor), un ancien président/directeur de
Goldman Sachs (une simple coïncidence). C’est à cette époque, d’ailleurs, que le richissime Warren Buffett
(fortune d’environ 50 milliards de dollars) entre dans le capital de Goldman Sachs. En 2006, Warren Buffett a
donné à la Fondation Bill Gates (dont il est l’un des administrateurs) une dizaine de millions d’actions de son
Holding Berkshire Hathaway un cadeau d’une valeur de 31 milliards de dollars. Warren Buffett et la Fondation
Bill Gates sont activement impliqués dans la dévastation de l’Afrique en y déployant une autre “révolution verte” –
transgénique (16).
Goldman Sachs est comme la Fondation Rockefeller derrière de nombreux coups bas et tordus sur la planète
entière. En juillet 2009, Matt Taibbi, dans la revue Rolling Stones (30), accuse Goldman Sachs d’avoir provoqué la
plupart des manipulations des marchés financiers, les “bulles”, de ces 80 dernières années. Son long article recèle
d’information fascinantes. Six bulles sont décrites, dont la célèbre bulle… du “réchauffement climatique
anthropique”, qui est, aux dires, de tous les experts en climatologie (du moins ceux qui ont retourné leurs vestes
mais qui ne veulent pas perdre la face) le fatidique responsable d’un refroidissement climatique global qu’ils nous
annoncent… pour quelques décennies! (17) Même la NASA (qui avec Al Gore avait prédit la fonte de toute la mer
de glace pour 2014 – c’est aujourd’hui) se demande bien où a disparu le réchauffement climatique (18). Mais c’est
un autre sujet, et nous y reviendrons, un autre jour étoilé, car cette baudruche participe de la même intoxication
médiatique, à l’échelle planétaire, mise en place par les multinationales, et leurs laquais d’Etats, pour rafler la mise
au grand jeu du Monopoly – dont ils ont institué les règles.
Goldman Sachs, c’est aussi la ruine de la Grèce. (19) (20) «En 2001, la Grèce et “la firme” se sont entendus pour
échanger de la dette grecque à un taux de change fictif afin de réduire de 2% l’endettement hellène. Le
gouvernement grec doit alors 600 millions d’euros à Goldman Sachs, en plus des 2,8 milliards empruntés. Ces 600
millions d’euros ont représenté 12% des 6,35 milliards de dollars gagnés par Goldman Sachs au titre de ses
principaux investissements en 2001… Mais le produit dérivé utilisé pour dissimuler l’opération et vendu par la
banque américaine a fait bondir la dette du pays européen envers la banque d’investissement. De quelque 2,8
milliards d’euros en 2001, elle a presque doublé à 5,1 milliards d’euros en 2005.»
Il existe de nombreux ouvrages décrivant les crimes de Goldman Sachs. Car c’est bien de crimes qu’il s’agit
lorsque des pans entiers de la société humaine sont conduits à la ruine financière et morale à cause des
manipulations de ces voyous psychopathes.
A noter qu’en 2003, la compagnie Heinz (fondée en 1869 à Pittsburgh) rachète 19,5% des actions du Hain
Celestial Group. Elle les revend à la fin de l’année 2005. Et pour la petite histoire, cette année, en février 2013,
Heinz est racheté par le milliardaire américain Warren Buffett (troisième fortune du monde) qui s’allie, pour
l’occasion, à la chaîne Burger King (dont le propriétaire est le fonds d’investissement Brésilien 3G Capital). Tout
cela ne fait aucune différence car les actionnaires de Heinz sont les mêmes que ceux de Hain avec en sus,
l’héritière de la famille, l’épouse du nouveau secrétaire d’État américain, John Kerry.
En conclusion, derrière Hain Celestial, avec ou sans Heinz (le célèbre Ketchup), se cache l’argent de Monsanto,
Walmart, ExxonMobil, etc… Bon appétit.
Provamel
Provamel est l’une des marques avec Belsoy et Alpro Soya de la société Alpro, une filiale, créée en 1980, du
Groupe Vandemoortele. Alpro est le leader Européen (15) des produits à base de soja, bio et non bio. Alpro fut
revendu en 2009 pour 455 millions de dollars à Dean Foods, le leader mondial de la distribution de lait qui
contrôle 90 % du lait aux USA. Alpro distribue ses produits dans une trentaine de pays.
Dean Foods est aussi le propriétaire de Horizon, le plus gros distributeur de lait bio aux USA, ainsi que de
WhiteWave/Silk, l’un des leaders du lait de soja bio et de ses produits dérivés aux USA qu’il racheta en 2002. En
2009, Organic Consumers Association appela au boycott de Silk en raison du fait qu’une partie de son soja
provenait du Brésil (déforestation de l’Amazonie) et de Chine dans des conditions de travail plus que douteuses
sur le plan éthique. Selon le Star Telegram et d’autres sources, Silk aurait utilisé du lait de soja bio jusqu’en 2009,
année durant laquelle Dean Foods décida de passer au lait de soja non bio en gardant les mêmes code-bars et en
remplaçant le terme bio par naturel.
Rachels Organic, en UK, est également la propriété de Dean Foods.
En juillet 2013, Dean Foods a commencé à se délester de WhiteWaves (9) en échange d’une dette détenue par J.P.
Morgan Securities LLC et BofA Merrill Lynch. Le 26 juin 2013, WhiteWave annonça que Dean Foods s’engageait
à se débarrasser, sous les 18 mois, des 19,9 % des parts qu’il détient encore dans la société. (10)
En conclusion, Horizon, Silk, Alpro et Provamel restent en partie dans le giron d’actionnariat de Dean Foods
jusque fin 2015. De plus, que Provamel soit dans le giron de Dean Foods ou de WhiteWave Food Company, cela
ne fait aucune différence lorsque l’on analyse qui sont les cinq principaux fonds financiers qui contrôlent
WhiteWave Food Company: Vanguard Group, Price T Rowe Associates, Shapiro Capital, FMR LLC, et
Wellington Management.
Sur le plan éthique, il faut rappeler qu’en novembre 2012, Dean Foods a donné 253 000 dollars pour lutter contre
la proposition 37 en Californie destinée à rendre obligatoire l’étiquetage des produits OGMs. En 2009, le
Cornucopia Institute a accusé Dean Foods (Horizon), Abbott Laboratories (Similac) et Nurture, Inc. (Happy Baby)
de contaminer délibérément la chaîne alimentaire bio en introduisant dans des aliments bios (13), tels que du lait
et des nourritures pour bébés, des huiles processées avec des solvants synthétiques par Martek. (11). Ces huiles
sont processées en un cocktail de substances synthétiques et diverses dont sont issues des compléments
alimentaires, commercialisés sous les appellations DHA (acide docosahexaenoique/ omega-3) et ARA (acide
arachinodique/ omega-6). De plus, ces huiles sont élaborées avec le recours de solvants très toxiques tels que
l’hexane et Isopropyl alcohol. (14) Le Cornucopia Institute porta plainte (12) en affirmant que certaines huiles
(Life’sDHA™ et Life’sARA™) étaient fabriquées à partir de fungi du sol et d’algues génétiquement modifiées
par des mutations induites par des radiations ou l’usage des substances chimiques très nocives. Le Life’sDHA™
est produit à partir des algues Crypthecodinium cohni ou de Schizochytrium. Le Life’sARA™ est produit à partir
du champignon Mortierella alpina.
En avril 2010, le Ministère de l’Agriculture US (USDA) déclara illégales, pour le secteur bio, les huiles de Martek
mais l’administration Obama/Vilsak (un homme de paille de Monsanto) bloqua l’application de cette décision
pendant encore 18 mois, plus particulièrement sous la pression des lobbyistes de Dean Foods.
Martek Biosciences Corporation a été rachetée en décembre 2010, pour 1,1 milliard de dollards par un
conglomérat Hollandais, Royal DSM NV, au chiffre d’affaires de 12 milliards de dollars. Martek Biosciences
Corporation produit des protéines fluorescentes d’algues pour la recherche médicale.
Martek Biosciences Corporation est en partenariat avec Monsanto pour produire une huile de soja génétiquement
modifié à haute teneur en oméga 3. Selon certaines sources, les huiles incriminées dans les produits bios étaient en
fait des produits élaborés par Monsanto dans les années 90 pour lesquels Martek n’avait pas encore les droits
techniques.
Pronatura
Voyons maintenant le cas de ProNatura, le leader Français de la distribution de légumes et de fruits bio au chiffre
d’affaires de 84 millions d’euros en 2010. Sa société est à 51% sous le contrôle d’Activa Capital depuis juillet
2005.
Activa Capital (fonds de pension, compagnies d’assurances, investisseurs privés, etc.), comme toutes les sociétés
d’investissement, joue au Monopoly. En 2003, elle organise la reprise du groupe Mont Blanc, une filiale à 100%
de Nestlé qui y reste actionnaire jusqu’en 2005. En octobre 2005, Activa rachète à Nestlé les 19% d’actions
restantes dans Mont Blanc lors de son rachat d’une autre filiale de Nestlé, Gloria. En 2012, Activa Capital acquiert
des actions majoritaires de la Financière Taoris, la holding contrôlant l’outsourceur Armatis.
Pro Natura a acquis la société Bioprim (un acteur majeur sur le marché des fruits et légumes biologiques) en
octobre 2007. L’entreprise était détenue par ses deux dirigeants ainsi que par les fonds d’investissements IRDI et
Soridec.
Ce fut son second grand rachat car, en août 2006, il avait racheté le leader belge Biomarché, basé à Sombreffe, qui
devint ProNatura-Belgique. En rachetant Biomarché à Hain Celestial (l’actuel propriétaire de Lima et de
Danival!!) , ProNatura devint le leader Européen de fruits et légumes bios. Mais, en 2008, ProNatura Belgique
perdit un important client, le groupe Delhaize dont elle alimentait 300 magasins, sous la marque Delhaize Bio. Ce
fut une perte sèche car, en Belgique, un tiers des fruits et légumes bios passent par les supermarchés Delhaize. En
2010, ProNatura décida de reprendre l’approvisionnement de certains magasins de distribution comme Système U
et Cora France qu’elle avait jadis confié à Pronatura Belgique. Le 19 avril 2010, la Libre Belgique écrivit: «Les
responsables syndicaux se rendront, ce lundi ou dans la semaine, au cabinet du ministre wallon de l’Economie,
Jean-Claude Marcourt (PS) pour le sensibiliser à la situation de l’entreprise nivelloise dont on nous assure qu’elle
n’a pas mérité. Mais il semble qu’elle connaisse des problèmes de rentabilité, ce qui ne serait pas du goût du
fonds de pension Activa Capital, l’actionnaire majoritaire du groupe ProNatura, créé par Henri de Pazzis. Celui-ci
en est toujours le président». Sa filiale Belge fut, subséquemment, mise en liquidation en 2010 en licenciant une
cinquantaine de personnes.
On comprend fort bien que ProNatura/Activa Capital ne souhaitait pas boucher les trous d’une filiale déficitaire
alors qu’il redoublait d’efforts pour développer ses filiales de production en Afrique. Et de plus, il n’y a pas de
délégués syndicaux au Togo.
En novembre 2014, Activa Capital a cédé sa participation dans ProNatura à Naxicap Partners et à l'équipe de
management présidée par Lionel Wolberg.
Banque Populaire Développement : Société de Capital Risque dotée d'un portefeuille de 800 M€ sous gestion,
détenue par 18 Banques Populaires Régionales, actionnaires à hauteur de 62%, Natixis pour le solde.
Donc Naxicap Partners est une filale de Natixis.
Natixis, créée en 2006, est la banque de financement, de gestion et de services financiers du groupe BPCE, issue
de la fusion des groupes Caisse d'épargne et Banque populaire. L’entreprise intervient dans les métiers de la
banque grande clientèle, de l’épargne et des services financiers spécialisés et intègre des équipes de recherche en
économie. Elle est présidée par François Pérol.
De 2005 à 2007, François Pérol est banquier d’affaire et associé-gérant de la banque Rothschild & Cie. À ce titre,
il conseille Philippe Dupont, PDG des Banques populaires dans la création de Natixis.
Affectée par ses choix de gestion, notamment durant la crise des subprimes, l'action Natixis a en moins de deux
ans perdu près de 95 % de sa valeur, en passant sous le seuil de 1 euro en mars 2009, stabilisée autour de 3,5 € en
2010. Les pertes pour l'exercice 2008 seraient de l'ordre de 2 milliards d'euros. Le 19 janvier 2009, la valeur du
titre est de 1 €, soit 5 % du coût initial.
L'État français soutiendra, pour plus de 7 milliards d'euros, le plan d'assainissement de Natixis et de ses
actionnaires, les banques populaires et les caisses d'épargne, pour l'essentiel. En mars 2016, un ancien
collaborateur de l'Élysée, conseiller à la présidence de la république du temps de la création de Natixis est nommé
à un poste de direction de Natixis après un parcours interne.
http://www.activacapital.com/fr/activa-capital-portefeuille-investissements/nos-investissements-passes/42-
pronatura
http://www.naxicap.fr
https://fr.wikipedia.org/wiki/Natixis
Tradin Organic
Voyons maintenant le cas de Tradin Organic (The Organic Corporation B.V) qui est l’un des plus importants
grossistes de la bio Européenne. Ce grossiste vend du tournesol de Bulgarie, des haricots de Chine, du sésame et
du café d’Ethyopie, du sucre et de l’huile de noix de coco d’Indonésie, du jus d’orange du Mexique, du riz
d’Indonésie, des fruits rouges de Serbie, des ananas du Vietnam, etc, etc. En 2008, Tradin Organic a été racheté
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