DOSSIER PÉDAGOGIQUE
YVONNE,
PRINCESSE
DE
BOURGOGNE
création théâtre
texte Witold Gombrowicz | mise en scène Jacques Vincey
MERCREDI 18 > DIMANCHE 30 NOVEMBRE 2014
MARDI ET VENDREDI À 20H30
MERCREDI, JEUDI ET SAMEDI À 19H30
DIMANCHE À 16H
THEATRE71.COM SCÈNE NATIONALE DE MALAKOFF
3, PLACE DU 11 NOVEMBRE – 92240 MALAKOFF 01 55 48 91 00
SERVICE RELATIONS PUBLIQUES rp@theatre71.com
Béatrice Gicquel 01 55 48 91 06 | Solange Comiti 01 55 48 91 12 | Émilie Mertuk 01 55 48 91 03
LIGNE 13 MALAKOFF-PLATEAU DE VANVES - PÉRIPHÉRIQUE PORTE BRANCION
SOMMAIRE
Générique page 1
Je l’aimerai page 2
› Yvonne, ou comment s’en débarasser page 3
› Frayer un chemin à travers l’Iréel jusqu’à la Réalité page 4
› Elle n’est pas idiote, c’est la situation où elle se trouve qui est idiote page 6
Witold Gombrowicz 1904-1969 page 8
Moi fragmenté, moi meurtrier page 11
Extraits page 14
Léquipe artistique page 15
Pour aller plus loin : éclairages page 21
YVONNE, PRINCESSE DE
BOURGOGNE
l’équipe artistique
création théâtre | texte Witold Gombrowicz | mise en scène Jacques Vincey | dramaturgie
Vanasay Khamphommala | traduction Constantin Jelenski et Geneviève Serreau (éd. Gallimard)
avec Hélène Alexandridis
La Reine Marguerite
, Miglé Berekaité
Dame 1
, Clément Bertonneau
Cyrille
, Alain Fromager
Le Roi Ignace
, Thomas Gonzalez
Le Prince Philippe
, Delphine Meilland
Dame 2
, Blaise Pettebone
Innocent
, Nelly Pulicani
Isabelle
, Marie Rémond
Yvonne
et Jacques
Verzier
Le Chambellan
scénographie Mathieu Lorry-Dupuy | lumières Marie-Christine Soma | assistant lumières Éric
Corlay | musique et sons Alexandre Meyer et Frédéric Minière | costumes Axel Aust | assistante
costumes Camille Pénager | maquillage et perruques Cécile Kretschmar | assistanat à la mise en
scène Blaise Pettebone l conseil gestuel Daniel Larrieu
durée env. 2h
âge conseillé à partir de 15 ans
production Centre Dramatique Régional de Tours - Théâtre Olympia | coproduction La Comédie
de Béthune Centre Dramatique National Nord-Pas-de-Calais, TNBA Théâtre National de Bordeaux
en Aquitaine | avec le soutien du dispositif Jeune Théâtre en Région Centre
1
2
JE L AIMERAI
On peut résumer en quelques mots l’histoire tragi-comique d’Yvonne.
Le prince Philippe, héritier du trône, rencontre à la promenade cette fille sans charme... sans
attrait : Yvonne est empotée, apathique, anémique, timide, peureuse et ennuyeuse.
Dès le pre-mier instant, le prince ne peut la souffrir, elle l’énerve trop ; mais en même temps il ne
peut pas supporter de se voir contraint à détester la malheureuse Yvonne. Et une révolte éclate
en lui contre les lois de la nature qui commandent aux jeunes gens de n’aimer que les jeunes
filles séduisantes. « Je ne m’y soumettrai pas, je l’aimerai ! » Il lance un défi à la loi de la nature et
prend Yvonne pour fiancée.
Introduite à la cour royale comme fiancée du prince, Yvonne y devient un facteur de décomposi-
tion. La présence muette, apeurée, de ses multiples carences révèle à chacun ses propres failles,
ses propres vices, ses propres saletés... La cour n’est pas longue à se transformer en une
cou-veuse de monstres. Et chacun de ces monstres rêve d’assassiner l’insupportable Yvonne. La
cour mobilise enfin ses pompes et ses œuvres, sa supériorité et ses splendeurs, et, de toute sa
hau-teur, la tue.
(...)
Yvonne est davantage issue de la biologie que de la sociologie [...] ; elle est issue de cette région
en moi où m’assaillait l’anarchie illimitée de la forme, de la forme humaine, de son dérèglement
et de son dévergondage. C’était donc toujours en moi... et moi j’étais dedans...
Testament.
Entretiens de Gombrowicz avec Dominique de Roux
Quel est le sens d’une société qui devient de plus en plus riche sans que ça rende personne plus
heureux ? À l’âge de pierre tous les idiots mouraient. Ça n’a plus besoin d’être comme ça. Être un
idiot, c’est un luxe, mais aussi un progrès.
Les Idiots.
Lars von Trier
3
YVONNE, OU COMMENT
S’EN DÉBARASSER
Yvonne
, à l’instar de son personnage éponyme, est un point d’interrogation, une question lanci-
nante qui exige une réponse (donc une pratique) sans que les réponses apportées puissent
jamais venir à bout de l’énigme. Gombrowicz lui même n’a cessé de faire retour à ce point
d’interrogation pendant les vingt ans qu’a duré l’écriture de la pièce, et cinquante ans, quatre
opéras, et beaucoup de mises en scène plus tard, le mystère n’a rien perdu de son pouvoir de
fascination. Comme son personnage principal, Yvonne est une pièce qui refuse de se laisser
exécuter sans pour autant entamer le désir qu’elle suscite d’en venir à bout : la quête des inter-
prètes, des metteurs en scène, des spectateurs, rejoint ici celle des personnages — que faire
d’Yvonne ? Comment répondre au mélange de désir et d’exaspération qu’elle suscite ? Paradoxe
central de la pièce : Yvonne qui ne fait rien, Yvonne qui ne parle pas, devient le détonateur
silencieux d’un univers de fantasmes à peine avouables, dont le théâtre se fait l’écrin.
Yvonne, princesse de Bourgogne
est ainsi une pièce qui convoque le théâtre pour cerner ce qui
précisément lui échappe : une réalité informe qui s’incarne ici dans l’humanité sans fard du
personnage titre. Yvonne, du début à la fin, ne rentrera jamais dans aucun jeu, ni celui du proto-
cole royal, ni surtout celui de la parole : elle met en péril la représentation. Elle est celle dont le
refus de jouer révèle en retour l’omniprésence d’un théâtre mortifère planqué sous les appa-
rences du quotidien. Yvonne sature les capacités mimétiques de la scène et met ainsi littérale-
ment sur un plateau un théâtre en crise, qui va – non sans jouissance – puiser à toutes ses
ressources pour pallier son incapacité à dompter cette chose revêche à toute formalisation
qu’est la réalité brute.
Mais cela ne revient pas pour autant à déclarer nul le pouvoir du théâtre — bien au contraire, et
c’est là toute l’ambiguïté de la scène finale, dans laquelle le sort réservé à Yvonne reste pour le
moins opaque. Car si Yvonne met face à face sur la scène un théâtre qui tourne à vide et un
personnage dont le vide ne cesse de faire théâtre, c’est bien parce qu’il s’agit d’adversaires
également formidables : une réalité informe d’un côté, une forme vidée de son sens de l’autre. Et
cette confrontation — le mot ne cesse de revenir dans le dernier acte de la pièce — ne pourra se
faire que « par le haut ». Yvonne apparaît ainsi comme une invitation à imaginer un théâtre
suffisamment fort pour pouvoir défier et peut être mettre à mort le réel — si tant est que cela
soit possible, et si tant est, à l’instar de la pièce de Gombrowicz, que ce dernier ne revienne pas
insidieusement nous hanter.
Vanasay Khamphommala
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