dossier pédagogique

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DOSSIER PÉDAGOGIQUE
YVONNE,
PRINCESSE
DE
BOURGOGNE
création théâtre
texte Witold Gombrowicz | mise en scène Jacques Vincey
MERCREDI 18 > DIMANCHE 30 NOVEMBRE 2014
MARDI ET VENDREDI À 20H30
MERCREDI, JEUDI ET SAMEDI À 19H30
DIMANCHE À 16H
M° LIGNE 13 MALAKOFF-PLATEAU DE VANVES - PÉRIPHÉRIQUE PORTE BRANCION
THEATRE71.COM SCÈNE NATIONALE DE MALAKOFF
3, PLACE DU 11 NOVEMBRE – 92240 MALAKOFF 01 55 48 91 00
SERVICE RELATIONS PUBLIQUES [email protected]
Béatrice Gicquel 01 55 48 91 06 | Solange Comiti 01 55 48 91 12 | Émilie Mertuk 01 55 48 91 03
SOMMAIRE
› Générique page 1
› Je l’aimeraipage 2
› Yvonne, ou comment s’en débarasser
page 3
› Frayer un chemin à travers l’Iréel jusqu’à la Réalité
page 4
› Elle n’est pas idiote, c’est la situation où elle se trouve qui est idiote
page 6
› Witold Gombrowicz 1904-1969page 8
› Moi fragmenté, moi meurtrierpage 11
› Extraitspage 14
› L’équipe artistiquepage 15
› Pour aller plus loin : éclairagespage 21
YVONNE, PRINCESSE DE
BOURGOGNE
l’équipe artistique
création théâtre | texte Witold Gombrowicz | mise en scène Jacques Vincey | dramaturgie
Vanasay Khamphommala | traduction Constantin Jelenski et Geneviève Serreau (éd. Gallimard)
avec Hélène Alexandridis La Reine Marguerite, Miglé Berekaité Dame 1, Clément Bertonneau
Cyrille, Alain Fromager Le Roi Ignace, Thomas Gonzalez Le Prince Philippe, Delphine Meilland
Dame 2, Blaise Pettebone Innocent, Nelly Pulicani Isabelle, Marie Rémond Yvonne et Jacques
Verzier Le Chambellan
scénographie Mathieu Lorry-Dupuy | lumières Marie-Christine Soma | assistant lumières Éric
Corlay | musique et sons Alexandre Meyer et Frédéric Minière | costumes Axel Aust | assistante
costumes Camille Pénager | maquillage et perruques Cécile Kretschmar | assistanat à la mise en
scène Blaise Pettebone l conseil gestuel Daniel Larrieu
durée env. 2h
âge conseillé à partir de 15 ans
production Centre Dramatique Régional de Tours - Théâtre Olympia | coproduction La Comédie
de Béthune Centre Dramatique National Nord-Pas-de-Calais, TNBA Théâtre National de Bordeaux
en Aquitaine | avec le soutien du dispositif Jeune Théâtre en Région Centre
1
JE L’ AIMERAI
On peut résumer en quelques mots l’histoire tragi-comique d’Yvonne.
Le prince Philippe, héritier du trône, rencontre à la promenade cette fille sans charme... sans
attrait : Yvonne est empotée, apathique, anémique, timide, peureuse et ennuyeuse.
Dès le pre-mier instant, le prince ne peut la souffrir, elle l’énerve trop ; mais en même temps il ne
peut pas supporter de se voir contraint à détester la malheureuse Yvonne. Et une révolte éclate
en lui contre les lois de la nature qui commandent aux jeunes gens de n’aimer que les jeunes
filles séduisantes. « Je ne m’y soumettrai pas, je l’aimerai ! » Il lance un défi à la loi de la nature et
prend Yvonne pour fiancée.
Introduite à la cour royale comme fiancée du prince, Yvonne y devient un facteur de décomposition. La présence muette, apeurée, de ses multiples carences révèle à chacun ses propres failles,
ses propres vices, ses propres saletés... La cour n’est pas longue à se transformer en une
cou-veuse de monstres. Et chacun de ces monstres rêve d’assassiner l’insupportable Yvonne. La
cour mobilise enfin ses pompes et ses œuvres, sa supériorité et ses splendeurs, et, de toute sa
hau-teur, la tue.
(...)
Yvonne est davantage issue de la biologie que de la sociologie [...] ; elle est issue de cette région
en moi où m’assaillait l’anarchie illimitée de la forme, de la forme humaine, de son dérèglement
et de son dévergondage. C’était donc toujours en moi... et moi j’étais dedans...
Testament. Entretiens de Gombrowicz avec Dominique de Roux
Quel est le sens d’une société qui devient de plus en plus riche sans que ça rende personne plus
heureux ? À l’âge de pierre tous les idiots mouraient. Ça n’a plus besoin d’être comme ça. Être un
idiot, c’est un luxe, mais aussi un progrès.
Les Idiots. Lars von Trier
2
YVONNE, OU COMMENT
S’EN DÉBARASSER
Yvonne, à l’instar de son personnage éponyme, est un point d’interrogation, une question lancinante qui exige une réponse (donc une pratique) sans que les réponses apportées puissent
jamais venir à bout de l’énigme. Gombrowicz lui même n’a cessé de faire retour à ce point
d’interrogation pendant les vingt ans qu’a duré l’écriture de la pièce, et cinquante ans, quatre
opéras, et beaucoup de mises en scène plus tard, le mystère n’a rien perdu de son pouvoir de
fascination. Comme son personnage principal, Yvonne est une pièce qui refuse de se laisser
exécuter sans pour autant entamer le désir qu’elle suscite d’en venir à bout : la quête des interprètes, des metteurs en scène, des spectateurs, rejoint ici celle des personnages — que faire
d’Yvonne ? Comment répondre au mélange de désir et d’exaspération qu’elle suscite ? Paradoxe
central de la pièce : Yvonne qui ne fait rien, Yvonne qui ne parle pas, devient le détonateur
silencieux d’un univers de fantasmes à peine avouables, dont le théâtre se fait l’écrin.
Yvonne, princesse de Bourgogne est ainsi une pièce qui convoque le théâtre pour cerner ce qui
précisément lui échappe : une réalité informe qui s’incarne ici dans l’humanité sans fard du
personnage titre. Yvonne, du début à la fin, ne rentrera jamais dans aucun jeu, ni celui du protocole royal, ni surtout celui de la parole : elle met en péril la représentation. Elle est celle dont le
refus de jouer révèle en retour l’omniprésence d’un théâtre mortifère planqué sous les apparences du quotidien. Yvonne sature les capacités mimétiques de la scène et met ainsi littéralement sur un plateau un théâtre en crise, qui va – non sans jouissance – puiser à toutes ses
ressources pour pallier son incapacité à dompter cette chose revêche à toute formalisation
qu’est la réalité brute.
Mais cela ne revient pas pour autant à déclarer nul le pouvoir du théâtre — bien au contraire, et
c’est là toute l’ambiguïté de la scène finale, dans laquelle le sort réservé à Yvonne reste pour le
moins opaque. Car si Yvonne met face à face sur la scène un théâtre qui tourne à vide et un
personnage dont le vide ne cesse de faire théâtre, c’est bien parce qu’il s’agit d’adversaires
également formidables : une réalité informe d’un côté, une forme vidée de son sens de l’autre. Et
cette confrontation — le mot ne cesse de revenir dans le dernier acte de la pièce — ne pourra se
faire que « par le haut ». Yvonne apparaît ainsi comme une invitation à imaginer un théâtre
suffisamment fort pour pouvoir défier et peut être mettre à mort le réel — si tant est que cela
soit possible, et si tant est, à l’instar de la pièce de Gombrowicz, que ce dernier ne revienne pas
insidieusement nous hanter.
Vanasay Khamphommala
3
FRAYER UN CHEMIN
À TRAVERS L’IRRÉEL
JUSQU’À LA RÉALITÉ
Pourquoi êtes vous comme cela, mademoiselle ?
Yvonne exacerbe le désir et la peur chez tous ceux qui l’approchent.
Yvonne réveille les pulsions et fissure le vernis de la bienséance.
Yvonne révèle en chacun ce qui doit rester tu, caché, secret.
Yvonne est un grain de sable qui grippe la mécanique rassurante de la cause et des effets.
Yvonne donne le vertige.
Yvonne déclenche la panique.
Yvonne ne parle pas.
Son mutisme est une provocation insupportable dans ce royaume imaginaire où la parole
n’est plus que le masque de la vacuité.
Pourquoi mademoiselle ? Pourquoi servez-vous toujours de bouc… enfin de chèvre émissaire ?
C’est une nature ?
Malgré les tentatives d’apprivoisement, Yvonne reste étrangère aux usages du monde.
« Elle a le sang trop lent » disent ses tantes.
Comme les infrasons que l’on perçoit sans les entendre, l’infra-humanité d’Yvonne entre en
résonance avec les corps et les âmes sans passer par les canaux habituels de la communication.
Yvonne bouleverse ou exaspère sans qu’on comprenne pourquoi.
Yvonne s’expose aux humiliations et aux sarcasmes sans même se défendre.
Yvonne est insaisissable et inassimilable.
Oui, oui ! Il faut écraser ce cafard lugubre ! C’est un devoir absolu !
« Bouc… chèvre… cafard… guenon. » Lorsque le rejet et la haine s’enracinent dans des peurs
irrationnelles, il ne reste plus qu’à repousser l’ennemi désigné hors des frontières de l’humanité,
vers les zones inférieures de la sauvagerie et de l’animalité.
Yvonne est le miroir d’une société malade.
La Cour tourne à vide, prisonnière de son cynisme et victime de ses névroses nombrilistes.
Le Prince tente l’impossible pour chasser son ennui mais il n’est pas assez solide pour accueillir
le chaos de l’amour brut que lui offre Yvonne.
Le Roi et la Reine sont puissants et désinhibés mais ils entretiennent un ordre politique désespérément vide de toute consistance réelle.
4
« L’un des objectifs principaux de mon écriture, c’est de se frayer un chemin à travers l’Irréel
jusqu’à la Réalité. » Le génie de Gombrowicz est de rendre poreuses des frontières ordinairement
étanches. L’irréalité du monde qu’il décrit dans sa pièce nous est étrangement familier. Cette
famille royale, à l’instar de celles d’Espagne ou d’Angleterre qui alimentent régulièrement les
tabloïds, n’est constituée que de « gens comme nous » qui composent entre leurs aspirations
profondes et le rôle qu’ils doivent jouer sur le « grand théâtre du monde ». Roi, Reine, Prince et
courtisans sont les pièces d’un échiquier régi par des règles communes auxquelles tous doivent
se plier.
Empotée, apathique, anémique, timide, peureuse et ennuyeuse, Yvonne ne joue pas le jeu d’une
civilisation qui érige la santé, la séduction, l’audace et l’hyper activité en vertus cardinales. Sa
nature révèle, malgré elle, l’artificialité d’une culture qui n’est que poses et gesticulations stériles.
Son inadaptation au monde tel qu’il est fait affleurer une théâtralité à laquelle tous sont devenus
aveugles. Et comme dans l’allégorie de la Caverne de Platon, elle sera mise à mort pour avoir
laissé entrevoir que ce qui passait pour réel n’était en fait qu’un jeu d’ombres.
Dans le prolongement de La Vie est un rêve de Calderón et de mes précédents spectacles,
Yvonne, princesse de Bourgogne me permet d’approfondir mon questionnement sur la nécessité
et les limites du théâtre. En plaçant Yvonne au cœur de sa pièce, Gombrowicz dynamite la
comédie politique, sociale et amoureuse dans laquelle chacun tient sa partition. Yvonne crée de
l’incertitude sur la représentation et l’ordre des choses, installe un autre rapport au temps et à
l’espace, à l’image, au beau et au laid. Yvonne n’interprète rien, ne représente rien, n’exprime
rien. Sa présence atone fait dysfonctionner le théâtre : c’est parce qu’elle est vraie que les autres
paraissent faux. « Les héros de la pièce sont des gens tout à fait normaux, mais qui se trouvent
dans une situation anormale » avertit Gombrowicz dans sa préface. Cette normalité qui dérape
progressivement dans la monstruosité doit trouver une vérité sur le plateau à la mesure de la
brutalité de la situation. L’outrance des comportements ne doit pas se réfugier dans une surenchère théâtrale qui en atténuerait la violence. L’Irréel rattrape la Réalité dans ce déchainement
des pulsions qui réunit scène et salle dans un vertige commun. Si la pièce nous entraîne par
moments jusqu’aux frontières de l’absurde et du grotesque, c’est pour en traquer les résonnances dans notre réalité quotidienne. Il n’est pas question de stylisation de bon goût, ou de
mise à distance polie : ici, c’est le réel qui cogne et fait vaciller le théâtre.
Jacques Vincey, novembre 2013
5
ELLE N’EST PAS IDIOTE,
C’EST LA SITUATION
OÙ ELLE SE TROUVE QUI
EST IDIOTE
Yvonne, princesse de Bourgogne est une parodie shakespearienne que Witold Gombrowicz
qualifie lui-même de « comédie » dans Souvenirs de Pologne. C’est l’histoire d’une fille insignifiante et muette que le Prince épouse par caprice. Yvonne, passive et indolente, éveille les
remords et les instincts honteux de son entourage, la haine et l’agressivité. Cette première pièce
de théâtre de Witold Gombrowicz contient déjà la hantise de « l’anarchie illimitée de la forme »
que l’écrivain développera tout au long de son œuvre.
Witold Gombrowicz a commencé à écrire Yvonne, princesse de Bourgogne en 1933, pendant
qu’il veillait son père malade. Son premier livre, le recueil de contes Mémoires du temps de
l’immaturité (plus tard Bakakaï) venait d’être publié. Terminée en 1935, la pièce fut publiée dans
la revue Skamander en 1938.
J’écrivis Yvonne avec peine et à contrecœur. J’avais décidé d’exploiter au théâtre la technique
que j’avais mise au point dans mes nouvelles, et qui consistait à dévider un thème abstrait et
parfois absurde un peu comme un thème musical. L’absurde naissait sous ma plume puis se
développait, virulent, et le résultat ne ressemblait guère aux pièces qu’on écrivait à l’époque. Je
m’acharnais à lutter avec la forme... Que d’heures affreuses je passai, immobile au-dessus de ma
feuille de papier, la plume en suspens, mon imagination cherchant désespérément des solutions
tandis que l’édifice que j’élevais se fissurait et menaçait de s’écrouler !
Witold Gombrowicz, Souvenirs de Pologne
Yvonne, princesse de Bourgogne fut pubié en volume pour la première fois en 1958 aux éditions
PIW de Varsovie. À cette occasion, Witold Gombrowicz apporta quelques modifications à son
texte de 1938. En particulier, les vingt-cinq répliques - d’un ou de quelques mots - du personnage
d’Yvonne ont été réduites à sept dans cette édition qui a servi de modèle pour les traductions
étrangères. La couverture de cette édition fut dessinée par Tadeusz Kantor, qui s’inspira plus tard
de l’œuvre de Witold Gombrowicz pour son spectacle La classe morte. La traduction française de
Constantin Jelenski et Geneviève Serreau a été publiée en 1965. Trois ans plus tard, Witold Gombrowicz a fait de nouvelles coupures dans cette version française : il a enlevé, entre autres, les
sept répliques d’Yvonne, la rendant ainsi muette. Gombrowicz a ajouté à côté de son nom : « Elle
se tait ».
6
« Il n’est pire horreur qui ne trouve preneur »
Adage trivial, mais on devrait le faire graver au fronton des temples
Yvonne, princesse de Bourgogne fut la première pièce de Witold Gombrowicz jouée sur scène.
Sa première mondiale eut lieu en 1957 à Varsovie, au Teatr Dramatyczny, dans la mise en scène
de Halina Mikolajska et avec Barbara Krafftowna dans le rôle d’Yvonne. En 1965, Alf Sjöberg mit
en scène Yvonne, princesse de Bourgogne au Théâtre royal dramatique de Stockholm et Jorge
Lavelli à Paris. C’est à ce moment que l’on commence à évoquer la possibilité du prix Nobel de
littérature pour Witold Gombrowicz. C’est aussi la pièce la plus populaire de Witold Gombrowicz
et la plus jouée dans le monde.
Le titre original polonais comportant le mot « Burgunda » évoque « du vin de Bourgogne » ou
« d’un Bourguignon », et non directement le nom de la région française. Au moment de la
traduction française, Witold Gombrowicz avait envisagé de changer le titre Yvonne, princesse de
Bourgogne en La Princesse Anémie.
7
WITOLD GOMBROWICZ
1904-1969
› 1904 Naissance de Witold Marian Gombrowicz dans une famille de la noblesse terrienne, à
Małoszyce, propriété de son père Jan Onufry Gombrowicz, à 200 kilomètres au sud de Varsovie.
› 1916 Études au collège catholique Saint-Stanislas-Kostka, à Varsovie.
› 1923 Baccalauréat. Études à la faculté de droit de l’université de Varsovie.
› 1926 Licence en droit. Il obtient son diplôme le 4 octobre 1927.
› 1928 Séjour de plusieurs mois en France, à Paris et dans les Pyrénées. À son retour en Pologne,
il fait un stage comme secrétaire au tribunal de Varsovie.
› 1930 Sa candidature rejetée au tribunal de Radom, il abandonne la carrière d’avocat.
Witold Gombrowicz fréquente les cafés littéraires de Varsovie.
› 1933 Parution du recueil de contes Mémoires du temps de l’immaturité, aux éditions Roj de
Varsovie. Débutant, il commence à écrire des articles dans les journaux de Varsovie. Décembre :
mort de son père, Jan Onufry Gombrowicz. Il commence à écrire sa première pièce Yvonne,
princesse de Bourgogne.
› 1937 Octobre : parution de son premier roman Ferdydurke, éditions Roj, Varsovie.
› 1938 Publication d’Yvonne, princesse de Bourgogne, dans la revue Skamander de Varsovie.
Voyage en Italie et en Autriche.
› 1939 Son roman, Les Envoûtés, est publié en feuilleton dans deux journaux polonais. (L’ouvrage
ne sera édité en volume qu’en 1973 et sa version complète, avec deux épisodes retrouvés, en
1990). Juillet : invité pour une croisière sur le transatlantique Chrobry, il arrive en Argentine le 20
août 1939. Alors que la guerre menace, il décide de rester à Buenos Aires. Il y vit ses premières
années d’exil dans la misère, publiant sous pseudonyme quelques articles dans des revues.
› 1946 Traduction collective de Ferdydurke en espagnol avec des amis au Café Rex de Buenos
Aires aux éditions Argos de Buenos Aires. Il écrit une pièce, Le Mariage, puis commence un
roman, Trans-Atlantique, situé à Buenos Aires.
› 1947 Parution en espagnol de Ferdydurke aux éditions Argos de Buenos Aires, grâce au soutien
financier de Cecilia Benedit de Debenedetti. Décembre : entre comme employé au Banco Polaco
de Buenos Aires où il travaillera huit ans.
› 1948 Le Mariage est publié en espagnol, dans la traduction de l’auteur et d’Alejandro Rússovich :
8
El Casamiento aux éditions EAM de Buenos Aires.
› 1951 Il entre en contact avec Kultura, la revue de l’Institut littéraire de Jerzy Giedroyc installé à
Maisons-Laffitte, près de Paris. Il y publie une introduction et des extraits de Trans-Atlantique,
puis des textes polémiques et des fragments du Journal. Ce foyer important de la culture
polonaise en émigration deviendra le principal éditeur de son œuvre en polonais, assurant ainsi
sa survie littéraire.
› 1953 Avec son roman Trans-Atlantique et sa pièce Le Mariage, réunis en un volume, débute la
collection de la Bibliothèque de Kultura de l’Institut Littéraire. Elle publie ensuite C. Milosz et des
traductions : G. Orwell, A. Koestler, R. Aron, A. Camus, S. Weil, etc. En Europe, dans la revue française Preuves, François Bondy publie la première critique sur Ferdydurke et présente des extraits
de Trans-Atlantique traduits en français et présentés par Constantin Jelenski.
› 1955 Gombrowicz quitte la banque Banco Polaco. Il vivra désormais de ses droits d’auteur, de
l’aide de quelques amis et d’une petite pension de Radio Free Europe de Munich pour laquelle il
écrira des textes entre 1959 et 1961, publiés après sa mort sous le titre Souvenirs de Pologne et
Pérégrinations argentines.
› 1957 Parution en polonais du premier volume de son Journal (1953-1956), à l’Institut Littéraire,
Paris. Ferdydurke, Trans-Atlantique, Le Mariage et Yvonne, princesse de Bourgogne paraissent
pour la première fois en Pologne depuis la guerre. L’édition augmentée des contes des Mémoires
du temps de l’immaturité paraît sous le titre de Bakakaï. Le court dégel politique cessera rapidement l’année suivante, et son œuvre sera interdite jusqu’en 1986.
› 1958 Première édition d’une œuvre de Witold Gombrowicz en Europe : Ferdydurke en français,
aux éditions Julliard, dans la collection Les Lettres nouvelles dirigée par Maurice Nadeau.
› 1960 Publication en polonais de son roman La Pornographie aux éditions de l’Institut littéraire,
Paris.
› 1962 Publication du deuxième volume du Journal (1957-1961) aux éditions de l’Institut
littéraire, Paris.
› 1963 8 avril : Gombrowicz embarque sur le paquebot Federico Costa. Il ne retournera jamais en
Amérique latine. Il arrive à Paris le 23 avril. 16 mai : arrive à Berlin-Ouest où il séjournera un an
comme invité de la Fondation Ford et du Sénat de Berlin.
› 1964 7 janvier : Le Mariage mis en scène par Jorge Lavelli, récompensé par le prix des Jeunes
Compagnies, est représenté au Théâtre Récamier de Paris. C’est le début de la prestigieuse
carrière de Witold Gombrowicz au théâtre. Ses pièces ne cesseront d’être jouées en Europe. 17
mai : quitte Berlin-Ouest pour la France. Il est invité dans une résidence pour les écrivains à
Royaumont, près de Paris. Le 25 octobre, Witold Gombrowicz s’installe à Vence dans le midi de la
France, en compagnie de Rita Labrosse, une jeune doctorante canadienne. Il y habitera jusqu’à
sa mort.
› 1965 Septembre : l’Institut littéraire de Paris publie en polonais son dernier roman Cosmos.
Il travaille sur sa pièce de théâtre Opérette.
9
› 1966 Publication en polonais du troisième volume du Journal (1961-1966) avec Opérette dans le
livre aux éditions de l’Institut littéraire, Paris.
› 1967 Le Prix international des éditeurs (Formentor) couronne la carrière internationale de son
œuvre qui connaît un nombre croissant de traductions (en français, allemand, italien, anglais,
suédois, néerlandais et japonais). Novembre : publication en polonais d’Opérette aux éditions de
l’Institut littéraire, Paris.
› 1968 Publication de Entretiens avec Witold Gombrowicz, de Dominique de Roux en français aux
éditions Pierre Belfond, Paris. (Rédigé pour l’essentiel par Witold Gombrowicz, ce texte sera
réédité sous le titre Testament. Entretiens avec Dominique de Roux.) Décembre : épouse Rita
Labrosse, sa compagne depuis cinq ans.
› 1969 Publication en polonais des Entretiens avec Dominique de Roux aux éditions de l’Institut
littéraire, Paris. Jusqu’à l’arrêt de la collection en 2000, parmi les 512 ouvrages de l’Institut Littéraire figureront plusieurs rééditions des œuvres complètes de Witold Gombrowicz. 22 juillet :
Gombrowicz regarde fasciné les premiers pas de l’homme sur la Lune à la télévision. 24 juillet :
Witold Gombrowicz meurt à Vence d’insuffisance respiratoire.
« Mon œuvre est très chic, comme un nécessaire de voyage : une grande valise - ce sont mes
romans, deux valises moyennes - ce sont mon Journal et mon théâtre, et une petite valise - ce
sont mes contes. » – Witold Gombrowicz à Rita Gombrowicz
10
MOI FRAGMENTÉ,
MOI MEURTRIER
L’EXPÉRIENCE DE SOI CHEZ WITOLD GOMBROWICZ
Moi, moi, moi, moi, quatre fois moi.
Qu’il s’agisse de Ferdydurke, de La Pornographie, de Cosmos ou du Journal, cela résonne quatre
fois de la même façon, quatre fois moi. Quatre fois Gombrowicz.
Dès le début de son Journal, Gombrowicz nous avertit : il sera question de lui, le premier et le seul de
ses problèmes, le seul et l’unique de tous les héros auxquels il tienne véritablement, c’est lui. Cette
proximité de Gombrowicz avec son œuvre ne concerne pas seulement la paternité naturelle du
créateur avec sa création ; elle soulève aussi un enjeu vital. Dans ses romans comme ailleurs, Gombrowicz tente à chaque fois « d’appréhender la vie sur le fait ». Gombrowicz ne cesse de répéter que
l’art n’est véritable que lorsqu’il est à la lisière de la vie et de la réalité, et que cette vie elle-même n’a
de signification que si elle est stylisée. La vraie vie c’est le style. Et l’univers que l’on décrit est le même
que le roman que l’on vit. Au commencement comme à la fin, il y a deux limites arbitraires qui se
posent pour exister et pour nous faire partager cette existence : moi et moi. Voilà donc deux bornes :
moi et moi ; et à l’intérieur de ces deux bornes un univers en complète transformation :
des personnages qui se fragmentent et se cristallisent, des choses qui deviennent des personnages,
des formes qui se cherchent, des élans érotiques qui s’ignorent, des réconciliations impossibles, du
sens et des signes qui surgissent et se recouvrent - et surtout des retours, des répétitions, éternelles,
fantomatiques, qui viennent grever les événements dans un langage qui les digère en labyrinthe et en
spirale. Si l’œuvre de Gombrowicz est à l’image de lui-même, c’est que l’œuvre est à l’image du style,
et le style à l’image de la réalité perçue. Si ce style est fragmenté, brisé, névrotique, c’est que la
perception vécue de la réalité l’est aussi.
Au fondement de la perception et de la description qui en dérive, il y a une fragmentation du réel :
« dans l’infinité des phénomènes qui se passent autour de nous, j’en isole un. J’aperçois par exemple,
un cendrier sur ma table (le reste s’efface dans l’ombre). Si cette perception se justifie (par exemple,
j’ai remarqué le cendrier parce que je veux y jeter les cendres de ma cigarette), tout est parfait. Si j’ai
aperçu le cendrier par hasard et ne reviens pas là-dessus, tout va bien aussi. Mais si, après avoir remarqué ce phénomène sans but précis, vous y revenez, malheur ! Pourquoi y êtes-vous revenu, s’il est sans
signification ? Ah, Ah ! ainsi, il signifiait quelque chose pour vous puisque vous y êtes revenu ? Voilà
comment par le simple fait que vous vous êtes concentré sans raison une seconde de trop sur ce
phénomène, la chose commence à être un peu à part, à devenir chargée de sens. Voilà comment un
phénomène devient une obsession. »
Ainsi, tout phénomène de perception est un phénomène de fragmentation de la réalité, et de don de
sens à ce fragment. De la même façon que je fragmente la réalité en isolant d’elle un cendrier dont je
me sers ou que j’interroge, de la même façon Cosmos va passer son temps et son style à fragmenter
les mains, les bouches, le langage des personnages, et à les investir de sens jusqu’à l’affolement.
La description littéraire s’enracine à chaque fois dans la vie, et le style de cette description permet de
dégager quelques structures essentielles de celle-ci. Pour le dire autrement, c’est par le biais de la
fiction qu’on accède à certains aspects vécus de la réalité. Les distinctions habituelles entre la réalité
d’un côté et la fiction de l’autre s’effilochent. La réalité passe par la fiction comme dans un bain pour
se révéler à elle-même ses propres logiques de fonctionnement. Gombrowicz n’est pas à la recherche
11
d’un art qui permettrait au mieux de coller à cette réalité : « aux personnes qu’intéresserait ma
technique d’écrivain, je livre la recette suivante : voici la règle : j’ignore où va me mener mon ouvrage,
mais où qu’il me mène, c’est moi qu’il doit exprimer - et satisfaire ». « Ce n’est pas de ce mystérieux
« talent » que part l’écrivain pour écrire, mais de lui-même ».
Il n’y a pas que les objets qui soient arrachés à leurs infinitudes et à l’indifférence de la perception.
Les corps eux aussi sont soumis au même régime de fragmentation. Dans Feydydurke, deux personnages finissent par devenir ce qu’ils miment : « Mientus et Siphon saisissaient leur tête à pleines mains
pour en faire une arme. Je balbutiai : - Ayez pitié de vos visages ! Le visage n’est pas un objet, c’est un
sujet, c’est un sujet ! On avait atteint le point où l’on perd son propre visage. Les mines qu’ils avaient
faites au cours de leur duel s’étaient collées à leurs visages ». Le style décrit ce qui est, et les personnages deviennent ce qu’ils sont. Mientus et Siphon vont se fragmenter définitivement en « gueules ».
Ils vont devenir leurs propres gueules, prisonniers de cette fragmentation, de cette gueule qu’ils se
seront constituées pour s’opposer l’un à l’autre.
C’est dans cette sphère où en même temps ils s’opposent et se réunissent que cette fragmentation va
s’opérer. Cette sphère, le Journal en parle abondamment et la définit comme la « sphère de l’interhumain ». C’est là que les personnages se heurtent ou fraternisent, que les hiérarchies s’établissent
dans les échanges honteux des regards et des coups. Si l’homme n’est pas condamné à n’être qu’un
objet, c’est que « l’homme n’est jamais qu’une forme qui naît entre les hommes ».
L’homme est « un éternel acteur, mais un acteur naturel ; son artifice lui est congénital. L’homme n’est
jamais lui-même, rien qu’une forme qui naît parmi les hommes. […] Être homme veut dire être acteur,
et le moi est attribué dans la sphère de l’interhumain ». Gombrowicz est à l’image de son œuvre et
vice-versa parce que son style et ses descriptions miment les mouvements de fragmentation de la
perception et de la signification. Au début de la description, il y a moi, et cette description me permet
de me rejoindre. Mais si au début comme à la fin il y a moi, entre-deux, dans l’inter-monde comme dit
Gombrowicz, il y a nous. De la même façon que les personnages ont besoin du regard des autres pour
devenir ce qu’ils sont, de la même façon Gombrowicz s’affirme et se forme par rapport au lecteur. Il
« écrit pour prendre contact parce qu’il ne veut pas être seul dans son histoire ». L’auteur du Journal
demande qu’on « évite de le traiter comme s’il était une âme solitaire dans le cosmos car le chemin
qui mène à lui passe par les autres ». Son œuvre « défend sa personne et lui fait une place parmi les
hommes ». Cette œuvre est à la recherche de sa différence. La meilleur façon pour Gombrowicz d’être
au monde consiste alors à être immonde : « être homme, c’est être pire ». « Les objets ne sont bien
décrits que lorsqu’on les fragmente de leur fond de réalité et qu’on les prend pour eux-mêmes. Le moi
du début et le moi de la fin ne sont bien compris et ne commencent à exister qu’en devenant eux
aussi des phénomènes. Pas un phénomène de seconde zone, pas un petit écrivain. Non, un phénomène qui a sa raison d’être et sa signification propre, un phénomène qui perce la médiocrité ! ».
Gombrowicz cultive ainsi sa différence en s’ajournant des autres, et en affichant l’aristocratie, mimée,
provocante et jamais définitive de sa vie et de son style. Il assume et assène les ambiguïtés et les
paradoxes. La réalité n’est plus qu’une puissance où circule un trafic incessant, une multitude de
carrefours symboliques. Et le sens n’apparaît que dans un crime, dans un acte ordurier qui vient
perforer le monde, et lui donner une direction. Si Gombrowicz parle autant de la jeunesse, s’il « passe
le monde au crible de la jeunesse et l’assaisonne de jeunesse, c’est pour le fléchir afin qu’il se laisse
violer ». La vraie maturité consiste à comprendre que l’immaturité est criminelle, et que ce crime est
le salut de la différence, et que cette différence est sale. « Non Kant ! Ta critique, même si elle est d’une
rigueur et d’une profondeur exemplaires, et quels que soient les efforts qu’elle t’a coûtés, n’est pas
suffisante. Prends une hache ! Prends une hache, te dis-je et vas-y ! Pan ! Pan ! Frappe à droite, frappe à
gauche ! L’extermination de la bêtise ne peut se faire que sur le papier ! TUER ? TUER ? Hein ? mais
qu’est-ce que je viens de dire ? ».
12
Le sens qu’on donne aux choses est toujours meurtrier. « J’étais allongé au soleil, adroitement dissimulé par la petite chaîne de montagnes que forme, au bout de la plage, le sable accumulé par le vent.
Ce sont des montagnes de sable, des dunes pleines de cols, de pentes et de vallées, un labyrinthe en
courbe, friable, couvert de broussailles par endroits, vibrant sous la poussée continue du vent. Je
m’abritais derrière une jeune femme assez imposante, aux proportions harmonieuses, majestueuses.
Mais à dix centimètres de mon nez, le vent cinglait sans répit ce sahara brûlé par le soleil. Des scarabées - je ne saurais préciser leur nombre exact - se traînaient laborieusement dans ce désert vers des
buts inconnus. L’un d’eux, juste à portée de ma main, gisait sur le dos. C’était le vent qui l’avait renversé. Le soleil lui brûlait le ventre, ce qui était sûrement exceptionnellement pénible pour ce ventre
habitué à rester dans l’ombre. Le scarabée agitait ses petites pattes ; il ne lui restait évidemment plus
que cette agitation monotone et désespérée - plusieurs heures avaient passé, peut-être, et il perdait de
ses forces, il agonisait déjà. Moi, le colosse, inaccessible par mon gigantisme, je n’existais pas pour lui
- j’observais cette agitation et… tendant la main, je le délivrais de son supplice. Il se mit à avancer,
rendu en une seconde à la vie. À peine était-ce fait que je vis un peu plus loin un scarabée identique,
dans la même position, agitant ses petites pattes. Je n’avais pas envie de bouger… mais pourquoi
sauver l’un et pas l’autre… ? Pourquoi celui-là tandis que celui-ci… ? L’un serait heureux grâce à toi et
l’autre devrait souffrir ? Je pris une brindille, tendis la main, le sauvai. À peine était-ce fait que je vis un
peu plus loin un scarabée identique dans la même position, agitant ses petites pattes. Le soleil lui
grillait le ventre. Devais-je transformer ma sieste en tournée d’ambulance pour scarabées agonisants ?
Je m’étais déjà trop habitué à ses scarabées, à leur agitation curieusement impuissante… Vous comprendrez sans doute qu’une fois entrepris leur sauvetage, je n’avais plus le droit de l’interrompre à
aucun moment. Ç’aurait été trop terrible : m’arrêter devant ce troisième scarabée, au seuil de sa mort…
Impossible, impensable. Si seulement il avait existé une frontière, quelque chose qui m’aurait autorisé
à m’arrêter… Mais justement il n’y avait que ces dix centimètres de plus dans le sable, toujours ce
même sable, mais un petit peu plus loin, un tout petit peu. Et il agitait ses pattes de la même façon !
Alors, regardant autour de moi je vis, un peu plus loin encore, quatre autres scarabées s’agiter, grillant
au soleil. Il n’y avait pas à hésiter : moi le géant, je me levai et je les sauvais, tous. Ils s’en allèrent. À ce
moment-là, mes yeux découvrirent la pente voisine, étincelante, torride, sablonneuse, et là, cinq ou six
points agités de convulsions : des scarabées. Je courus à leur secours. Je les sauvais. Je m’étais déjà
tellement confondu avec leur souffrance, je l’avais tellement bien pénétrée qu’en apercevant non loin
de nouveaux scarabées dans les plaines, sur les cols, et dans les ravins - une poussée de petites taches
torturées - je me mis à secourir encore. Mais je savais, cela ne pouvait pas s’éterniser. Il n’y avait pas
que cette plage : toute la côte à perte de vue fourmillait de scarabées. Le moment allait venir où je me
dirais : ça suffit et il y aurait un premier petit scarabée à n’être pas secouru. C’est celui-ci, et je le
sauvais, incapable de me contraindre à cet arbitrage terrible et presque abject. Car pourquoi celui-ci ?
Pourquoi lui justement ? Et soudain le mécanisme s’enraya, facilement je coupai court à ma compassion, je m’arrêtai. Eh bien rentrons, pensai-je indifférent. Et le scarabée, celui devant lequel j’avais cessé
d’intervenir, resta là à agiter ses petites pattes ». Au début, au repos sur la plage, il y a moi, à la fin de
l’anecdote, il y a encore moi. Entre deux, le narrateur a découvert, alors qu’il était mû par de bonnes
intentions, sa dimension basse et vile, et sa capacité d’indifférence. Alors que la tradition philosophique manifeste une moralité regrettée dans le mal, Gombrowicz nous invite à faire le parcours
inverse. L’œuvre et la vie de Gombrowicz sont à son image. Il a besoin de son image pour revenir à lui,
comme la réalité en appelle à la fiction pour se ressaisir en ses traits essentiels.
Gombrowicz donne ainsi tout son sens au célèbre mot de Proust. « La vraie vie, c’est la littérature ».
« La vraie vie, c’est la littérature » parce que toute perception est description, parce que le commencement de toute existence passe par la différence d’un style, parce que ce qu’on vit réellement c’est ce
qu’on écrit aux autres ou ce qu’on se dit et ce qu’on se répète à soi-même. Gombrowicz ne cherche
pas à démasquer l’homme, derrière ce masque et ce style, il n’y a pas de visage. À chacun de nous
dit-il, de trouver l’artifice qui lui convient, la recherche de la différence s’accomplissant dans la maîtrise
impérieuse et légitime de ses travestissements et de ses mises en scène.
Alban Gonord, La Voix du Regard n°12, Printemps 1999
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EXTRAITS
Le roi : Pourquoi ris-tu comme un idiot ?
Le Chambellan : C’est cette idée !… (Il rit.) Leurs Majestés donnent ce soir un banquet solennel à
l’occasion des fiançailles… Eh bien, si l’on servait un poisson plein d’arêtes, bourré d’arêtes… Des
perches par exemple, c’est la saison des perches, si l’on servait des perches à la crème ?
(...)
Le Prince : Il y a quelqu’un qui regarde ici.
Cyrille : c’est moi qui regarde.
Le Prince : Non, quelqu’un qui voit, qui voit tout.
Cyrille : C’est moi qui vois.
Le Prince : Oui, tu me regardes, je te regarde. Va-t’en ! Je préfère tout seul. Je le ferai seul. Une
opération affreuse, mais ça n’est qu’une opération. Je préfère être affreux un instant qu’affreux
toute ma vie. Tiens-toi derrière la porte, je le ferai seul…
Cyrille sort.
(...)
Cyprien : Quel abominable laideron ! Elle m’énerve ! Elle me donne sur les nerfs ! […]
Cyrille : […] Montre-la du doigt, agite la main, opine du bonnet, fais tout ce qui te chante. Face à
cette repoussante limace, n’importe quel geste est une moquerie. […]
Philippe : [ s’adressant à Yvonne ] Vous savez, quand on vous voit, il vous vient des envies… des
envies de se servir de vous : vous tenir en laisse par exemple et vous botter le train, ou vous faire
travailler à la chaîne, ou vous piquer avec une aiguille, ou vous singer. Vous tapez sur les nerfs,
vous mettez en boule, vous êtes une vivante provocation ! Oui, il existe des êtres qui semblent
fait pour irriter, exciter, rendre fou ! […] Chacun possède quelque par un double, une réplique, un
être prédestiné à le rendre fou. Vous êtes le mien ! Vous serez à moi ! […] C’est bon, je l’épouse !
Elle me met tellement hors de moi que je vais l’épouser !
(...)
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L’ÉQUIPE ARTISTIQUE
JACQUES VINCEY
Né à Paris en 1960, Jacques Vincey entre en 1979 au Conservatoire de Grenoble après des études
de lettres. En tant que comédien, il travaille notamment avec Patrice Chéreau, Bernard Sobel,
Robert Cantarella, Luc Bondy, André Engel et Laurent Pelly.
Au cinéma et à la télévision, il tourne avec Arthur Joffe, Peter Kassowitz, Alain Tasma, Luc Beraud,
Nicole Garcia, Christine Citti, Alain Chabat, François Dupeyron.
À la fin des années 1980, il met en scène La place de l’Étoile et Jack’s Folies d’après Robert
Desnos et réalise le court métrage C’est l’Printemps ? en 1992.
Il fonde la compagnie Sirènes en 1995 avec laquelle il met en scène en 1997 Opéra Cheval de
Jean-Charles Depaule au Festival Turbulences de Strasbourg.
Il co-met en scène avec Muriel Mayette Les Danseurs de la pluie de Karin Mainwaring au Théâtre
du Vieux Colombier – Comédie-Française en 2001.
En 2000 et 2001, il monte Saint Elvis de Serge Valletti à Rio de Janeiro.
En 2001, Gloria de Jean-Marie Piemme, créé à la Ménagerie de Verre en 2000, est présenté au
Festival d’Avignon.
En 2004, il monte Le Belvédère de Horvath au CDDB – Théâtre de Lorient qui est repris en
tournée et au Théâtre de Gennevilliers la saison suivante.
En 2006, il met en scène Mademoiselle Julie de Strindberg au Théâtre Vidy-Lausanne.
Créé en 2008 au Centre Dramatique de Thionville-Lorraine, Madame de Sade de Yukio Mishima
est présenté au Théâtre de la Ville à Paris et est nominé en 2009 aux Molières dans trois
catégories, remportant le Molière du créateur de costumes.
En 2009, il met en scène La Nuit des Rois de Shakespeare au Théâtre de Carouge-Atelier de
Genève.
Au Printemps 2010, il présente Le Banquet de Platon au Studio-Théâtre de la Comédie-Française
dans une adaptation de Frédéric Vossier. À l’automne, dans le cadre de l’année France-Russie
2010, Cultures France l’invite à mettre en scène L’affaire de la rue de Lourcine de Labiche au
Théâtre Tioumen, en Sibérie.
En 2011, il crée pour la première fois en France Jours souterrains d’Arne Lygre à la Scène
nationale d’Aubusson puis au Studio-Théâtre de Vitry.
Cette même année, il monte Les Bonnes de Jean Genet au Granit, Scène nationale de Belfort. Le
spectacle sera présenté à l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet-Paris en janvier 2012 puis en tournée en
France pour près de 80 représentations.
En 2012, il monte Amphitryon de Molière, à la Comédie Française.
En 2013, il créé La Vie est un rêve de Calderón au Théâtre du Nord - Théâtre National de LilleTourcoing (présenté au Théâtre 71) et l’Ombre d’après Hans Christian Andersen au Granit Scène
Nationale Belfort.
Depuis le 1er janvier 2014, il est à la direction du CDR de Tours.
15
HÉLÈNE ALEXANDRIDIS LA REINE MARGUERITE
Formée au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique dans les classes de Robert Manuel
et Claude Régy, elle obtient en 2004 le Prix du Syndicat de la critique : meilleure comédienne
pour La Mère et Derniers remords avant l’oubli. En 2009, elle est nominée au Molière de la comédienne dans un second rôle pour Madame de Sade. Elle est notamment dirigée par Roger Planchon (Alice par d’obscurs chemins, Où boivent les vaches), Claude Régy (Intérieur, Le Cerceau, La
Terrible Voix de Satan), Philippe Adrien (Les Acteurs de bonne foi et La Méprise), Catherine Anne
(Une année sans été, Éclats), Thierry Bédard, Yves Beaunesne, Hubert Colas, Jean-Michel Rabeux,
Jacques Lassalle, Lluis Pasqual, Alain Françon, Laurence Mayor, Gilberte Tsaï, Joël Jouanneau…
2000 : La prochaine fois que je viendrai au monde, conception et mise en scène Jacques Nichet,
Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées, Festival d’Avignon, Théâtre Vidy-Lausanne, Théâtre
des Abbesses
2001 : Au but de Thomas Bernhard, mise en scène Marie-Louise Bischofberger, MC93 Bobigny
2002 : Nannie sort ce soir de Sean O’Casey, mise en scène Marc François, Théâtre2Gennevilliers, TNS
2003 : La Mère de Witkiewicz, mise en scène Marc Paquien, Théâtre Gérard-Philipe
2004 : Derniers remords avant l’oubli de Jean-Luc Lagarce, mise en scène Jean-Pierre Vincent,
Odéon-Théâtre de l’Europe-Ateliers Berthier, TNS - Le Belvédère d’Ödön von Horváth, mise en
scène Jacques Vincey, CDDB-Théâtre de Lorient
2005 : Le Chant du cygne et Platonov d’Anton Tchekhov, mise en scène Alain Françon, Théâtre
national de la Colline
2006 : Pœub de Serge Valletti, mise en scène Michel Didym, Théâtre des Célestins, TNN, La Criée,
Le Cratère (Alès), Théâtre national de la Colline, Le Volcan, Théâtre de Cornouaille
2007 : Dernier caprice de Joël Jouanneau, mise en scène de l’auteur, Théâtre du Jeu de Paume,
MCLA, Théâtre Ouvert - Petula Clark
2008 : Madame de Sade de Yukio Mishima, mise en scène Jacques Vincey, Le Grand T, Théâtre
des Célestins, Théâtre de la Ville, MCA, Comédie de Picardie, TNBA, Théâtre du Nord, La Coursive
2009 : La Ville de Martin Crimp, mise en scène Marc Paquien, Théâtre des Abbesses, Théâtre des
Célestins, Le Grand T, MCA, Comédie de Picardie, TNBA, Théâtre du Nord, La Coursive
2011 : Les affaires sont les affaires d’Octave Mirbeau, mise en scène Marc Paquien, Théâtre du
Vieux-Colombier (Comédie-Française) - Les Bonnes de Jean Genet, mise en scène Jacques Vincey,
Théâtre des 13 vents, TNP, Nouveau théâtre d’Angers, Théâtre de l’Athénée-Louis-Jouvet, Théâtre
national de Toulouse, La Coursive, MC2, tournée
2013 : Mort d’un commis voyageur d’Arthur Miller, mise en scène Claudia Stavisky , Théâtre des
Célestins, Comédie de Picardie, Théâtre des 13 vents, Nouveau théâtre d’Angers, Théâtre national
de Nice
2014 : Yerma de Federico Garcia Lorca, mise en scène Daniel San Pedro, Théâtre de l’Ouest
parisien, Théâtre des Célestins.
Au cinéma, elle a joué dans Thérèse d’Alain Cavalier, L’Enfance de l’art de Francis Girod, La
Nouvelle Ève de Catherine Corsini, Elle est des nôtres de Siegrid Alnoy, Les Revenants de Robin
Campillo, Je ne suis pas là pour être aimé de Stéphane Brizé, Lady Chatterley de Pascale Ferran,
La Clef et La Reine des connes de Guillaume Nicloux, 100% cachemire de Valérie Lemercier,
Suzanne de Katell Quillévéré... et à la télévision dans Docteur Sylvestre, Julie Lescaut, Brigade des
mineurs de Michaëla Watteaux, La Laïque de Maurice Failevic, L’État de Grace de Pascal
Chaumeil, A livre ouvert (RTS / France 2).
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MIGLÉ BEREKAITÉ DAME 1
Formation : Cycle d’orientation professionnelle au conservatoire de Tours (2013-2014) –
Conservatoire d’Art Dramatique de Paris (2011-2013) – 2ème année Cours Florent, professeur Xavier
Florent (2010-2011) – Atelier de formation théâtrale en Lituanie (2004-2006).
Au théâtre, elle a joué notamment dans Bérénice de Racine, mis en scène par Damien Delauney.
CLÉMENT BERTONNEAU CYRILLE
Formation : Ecole Supérieure d’Art Dramatique de Paris (2011-2014) – CEPIT de Paris (2010-2011)
–Conservatoire d’Art Dramatique de Paris (2008-2010).
Il a notamment travaillé avec Omar Porras, Fausto Paravidino, Serge Tranvouez, Sophie
Loucachevsky, Christophe Patty, François Rancillac…
Au théâtre, il a joué notamment dans Nevers For Ever de Moreau, mis en scène par Anne-Laure
Liégeois (2014) ; Looking for hamlet de et mis en scène par Jules Audry (2013) ; Que dire en
faisant l’amour de M. Kacimi, mis en scène par Jean-François Prévand (2010).
ALAIN FROMAGER LE ROI IGNACE
Alain Fromager a un registre très étendu due à son aisance à passer du classique au moderne, du
tragique au comique où depuis le milieu des années 80 jusqu’en 2000, il est dirigé notamment
par Jean-Louis Martinelli (Les Marchands de gloire, Roberto Zucco, L’année des treize lunes,
Germania 3, Emmanuel Kant Comédie, Le deuil sied à Electre), Jacques Rebotier (Réponse à la
question, Vengeance tardive), Patrice Leconte, Charles Berling, Gilles Cohen, Stephane Meldeg...
2000 : Catégorie 3:1 de Lars Norén, mise en scène Jean-Louis Martinelli, TNS
2000 -2001 : La main dans le bocal, dans la boîte, dans le train, Théâtre des Abbesses
2002 : Platonov d’Anton Tchekhov, mise en scène Jean-Louis Martinelli - Le Songe d’une nuit d’été
de William Shakespeare, mise en scène Yannis Kokkos, Théâtre Nanterre-Amandiers
2003 : Andromaque de Racine, mise en scène Jean-Louis Martinelli - La Suspension du plongeur
de Lionel Spycher, mise en scène de l’auteur, Comédie de Reims, Théâtre du Rond Point, Théâtre
national de Nice - Cinq Hommes de Daniel Keene, mise en scène Stéphane Müh, Théâtre du
Rond Point, MC2
2004 : Antigone de Sophocle, mise en scène Jacques Nichet, Théâtre national de Toulouse MidiPyrénées, Odéon-Théâtre de l’Europe, Théâtre de la Manufacture, Théâtre des Treize Vents Contre les bêtes de Jacques Rebotier, mise en scène de l’auteur, Rencontres d’été de la
Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon - Description de l’omme de Jacques Rebotier, mise en
scène de l’auteur, Rencontres d’été de la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon
2006 : Poeub de Serge Valletti, mise en scène Michel Didym, Théâtre des Célestins, Théâtre
national de Nice, La Criée, Théâtre national de la Colline
2007 : Orgie de Pier Paolo Pasolini, mise en scène Marcel Bozonnet, Comédie-Française Théâtre
du Vieux Colombier - Le Verfügbar aux Enfers de Germaine Tillion, mise en scène Bérénice Collet,
Théâtre du Châtelet
2009 : Le jour se lève Léopold ! de Serge Valletti, mise en scène Michel Didym, Théâtre du
Gymnase, Théâtre de l’Union, Maison de la Culture de Bourges, Théâtre Varia, Théâtre des
Célestins, Opéra-théâtre de Metz, La Filature, Comédie de Reims, Théâtre des Abbesses
2010 : Héros-limite de Ghérasim Luca, mise en scène Laurent Vacher - Maison de poupée
d’Henrik Ibsen, mise en scène Jean-Louis Martinelli, Théâtre Nanterre-Amandiers
2011 : L’Art de la comédie d’Eduardo De Filippo, mise en scène Philippe Berling, Théâtre Liberté,
Le Festin, Théâtre de l’Ouest parisien, Théâtre national de Nice
2012 : Maison de poupée d’Henrik Ibsen, mise en scène Jean-Louis Martinelli, Théâtre Nanterre17
Amandiers, CDDB-Théâtre de Lorient, Théâtre national de Nice, Schauspielhaus, Théâtre du
Gymnase - Britannicus de Jean Racine, mise en scène Jean-Louis Martinelli, Théâtre NanterreAmandiers - Le voyageur sans bagage de Jean Anouilh, mise en scène Alain Fromager et
Gwendoline Hamon, tournée, Théâtre des Nouveautés
2014 : Dreck de Robert Schneider, mise en scène Charles Berling, Théâtre Liberté Toulon
En 2012, il met en scène Le voyageur sans bagage de Jean Anouilh, Music-hall de Jean-Luc
Lagarce, Ordure de Robert Schneider
Au cinéma, il joue dans Paris by Night de David Hare, Fréquence meurtre d’Élisabeth Rappeneau,
Romuald et Juliette de Coline Serreau, Un été d’orages de Charlotte Brandström, I Want to Go
Home d’Alain Resnais, Cherokee de Pascal Ortega, Indochine et Pars vite et reviens tard de Régis
Wargnier, Les histoires d’amour finissent mal... en général d’Anne Fontaine, Au Petit Marguery de
Laurent Bénégui, Caméléone, Nos enfants chéries et Qui m’aime me suive de Benoît Cohen,
Poltergay d’Éric Lavaine, Un château en Espagne d’Isabelle Doval, L’Instinct de mort de JeanFrançois Richet, Le Mac de Pascal Bourdiaux, Case départ de Lionel Steketee, Fabrice Éboué et
Thomas N’Gijol et est régulièrement sur le petit écran.
THOMAS GONZALEZ LE PRINCE PHILIPPE
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De 2000 de 2003 il suit une formation d’acteur à l’ERAC, il y travaille avec Jean François Sivadier,
Phillipe Demarle, Nadia Vonderheyden, Jean François Peyret…
Il travaille ensuite comme acteur interprète auprès d’Hubert Colas (Notes de cuisine à Montévidéo) Thierry Bédard (En enfer et Qeskès I au festival In d’Avignon 2004), Yves-Noel Genod (La
mort d’Ivan Illitch au festival actOral puis les Urbaines à Lausanne) Pascal Rambert (La Lève à la
Chartreuse de Villeneuve lès Avignon) Christophe Haleb (Evelyne house of Shame reprise, Atlas
but not list festival Uzès) Jean Louis Benoît (le Cid) Frédéric Deslias (Salopes au festival étrange
cargo) Benjamin Lazar (Lalala reprise, Karaoké) Julie Kretzschmar (De mon Hulot…) Alexis Fichet
(Bastard of Millionaires en 2009, Hamlet and the something pourri en 2010).
En 2012, il joue le solo La mort d’Ivan Illitch recréé au théâtre de la Bastille sous la direction
d’Yves-Noël Genod. Il retrouve les auteurs/metteurs en scène Hubert Colas pour la création Stop
ou tout est bruit pour qui a peur au CDN de Gennevilliers et Alexis Fichet du collectif rennais
Lumière d’Aout pour la recréation d’Hamlet and the something pourri créé au festival Mettre en
scène et repris à la salle Ropartz à Rennes.
En 2013, il joue dans Tristesse Animal Noir mis en scène par Stanislas Nordey création au théâtre
national de la Colline puis en tournée ; en Aout dans Fama de Christophe Haleb création au
festival de Marseille ; en octobre dans Twelfth night, La nuit des rois ou ce que vous voulez mis
en scène par Bérangère Janelle, création à la scène nationale de Saint-Nazaire puis en tournée, et
enfin au Carreau du Temple à Paris en Mai 2014.
Prochainement il travaillera à nouveau sous la direction de Stanislas Nordey pour la création
d’Affabulazione de P.P. Pasolini, création au théâtre de Vidy Lausanne, puis en tournée, et enfin à
au théâtre national de la Colline en Mai 2015, puis la saison suivante pour la création de Joyeux
animaux de la misère de Pierre Guyotat, au festival d’automne 2015.
Il joue cet automne le prince dans Yvonne princesse de Bourgogne de W. Gombrowicz sous la
direction de Jacques Vincey, création en Octobre 2014, au Centre dramatique régional de Tours.
En 2003, il met en scène Munich-Athènes de Lars Norèn à la Friche de la Belle de Mai à Marseille,
puis en 2004 il crée Ivanov–première version dans le vieux cinéma Marseillais le Rio puis le recréé
au théâtre du Gymnase à Marseille. En 2006 il présente dans le studio du CDN de Marseille La
Criée La Chouette aveugle de Sadegh Hedayat.
En 2007 à Montevideo à Marseille et à Mains d’œuvre à St Ouen, il crée Elias suspendu ou 7
variantes d’une errance dans l’obscurité adapté d’un roman de l’iranien Reza Baraheni avec la
participation en scène de l’auteur. Hamlet exhibition est créé en 2007 en Italie pour la Biennale
des jeunes créateurs de l’Europe et de la Méditerranée.
En 2009 il crée Machin la Hernie, texte inédit à la scène de Sony Labou Tansi à la Friche de la
Belle de Mai à Marseille. En 2010 il met en route TRIBUNES, un dispositif de commandes de
textes passées à des romanciers importants du Moyen Orient, textes à l’origine de trois
performances en 2011, 2012 et 2013 au festival ActOral. A l’automne 2012, il met en espace
« Variations sur le modèle de Kräpelin » de l’italien Carnevali avec Frederic Fisbach et Geoffrey
Carey au festival ActOral à la Friche de la Belle de Mai, ainsi que deux mises en voix autour des
textes d’Alain Kamal Martial et Kamel Daoud aux rencontres à l’échelle, festival à Marseille. Par
ailleurs il noue une collaboration avec Yann Métivier, metteur en scène stéphanois, pour la mise
en scène de plusieurs textes du dramaturge russe Ivan Viripaev, dont Oxygène, crée en 2012 au
Verso à St Etienne et repris au CDN de St Etienne et Genèse n°2 en chantier de production,
création prévue en octobre 2015 à la Comédie de st Etienne, avec Claude Degliame et Geoffrey
Carey.
DELPHINE MEILLAND DAME 2
Après avoir étudié la danse au conservatoire de Bourges, Delphine Meilland découvre le théâtre
en 2006 au Lycée Alain-Fournier où elle va travailler avec de nombreux professionnels qui lui
communiqueront l’envie de faire du théâtre son métier. En 2009, elle quitte la ville de Bourges
pour débuter à Tours, une première année de licence d’anglais option Arts du spectacle. Elle
continue ainsi la pratique théâtrale et rencontre, parmi ses professeurs, Bernard Pico, qui l’encourage à intégrer le conservatoire régional d’art dramatique de Tours. C’est chose faite en 2010 :
elle entre en cycle II et commence sa formation avec Philippe Lebas, Christine Joly et Didier
Girauldon. En 2011, elle intègre la troupe du Théâtre Universitaire de Tours et collabore avec le
metteur en scène Marc Beaudin et l’écrivain Marc-Antoine Cyr. En 2012, après avoir obtenu sa
licence d’anglais, elle entre en cycle d’orientation professionnelle au conservatoire de Tours.
Cependant elle n’oublie par sa première passion, la danse, qu’elle essaye tant qu’elle le peut, de
faire cohabiter avec ses projets scéniques.
BLAISE PETTEBONE INNOCENT
Formation : Ecole Supérieure d’Art Dramatique de Paris, Direction J.-C. Cotillard (2009-2012) Conservatoire de Paris 13ème (2008-2009) - Elève-comédien à la Comédie-Française (depuis 2012).
Au théâtre : il a joué notamment avec : V. Onnis, M. Delahaye, J. Léger, L. Gutmann, JP. Vincent, G.
Barberio Corsetti, J-Y. Ruff, C. Hiegel… Au cinéma : il tourne sous la direction de O. Assayas, G.
Gallienne… Il est comédien du J.T.R.C. au Cdr de Tours (Sept. 2013).
NELLY PULICANI ISABELLE
Formée au Conservatoire de Montpellier, à l’Ensatt et à la Comédie Française.
Elle travaille notamment avec Arpad Schilling, Alain Françon, Sophie Loucachevsky, Pierre Guillois, Christian Schiaretti, Gille David, Denis Podalydes Gilles Bouillon et Jean Philippe Albizatti. À
la Comédie Française, elle joue La Mère dans des extraits des Pièces d’Edward Bond
mis en scène par Gilles David. Elle monte un solo, le Memento Occitan d’André Benedetto qu’elle
jouera au théâtre des Carmes d’Avignon et à Theatre Ouvert.
Avec sa promotion d’élèves comédiens de la Comédie Française, ils créent le Collectif Colette
avec lequel ils adaptent à l’été 2014 le scénario de Pauline à la plage d’Eric Rohmer.
Elle est comédienne du J.T.R.C. au Cdr de Tours (Sept. 2013).
19
MARIE RÉMOND YVONNE
Formation Classe Libre Cours Florent, école du Théâtre National de Strasbourg (groupe 36,
promotion 2007, section jeu).
Au théâtre, elle joue dans Salinger de Bernard-Marie Koltès, mise en scène Erika Von Rosen, Chat
en poche mis en scène Marion Lecrivain, Drames de princesses de Elfriede Jelinek, mise en
scène Matthieu Roy, Et pourtant ce silence ne pouvait être vide de Jean Magnan, mise en scène
Michel Cerda, L’affaire de la rue Lourcine d’Eugène Labiche, mise en scène Daniel Jeanneteau et
Marie-Christine Soma, Lalasonge Mise en scène Annabelle Simon. Elle participe à l’Ecole des
Maîtres 2010 et joue dans Wonderland sous la direction de Matthew Lenton présenté à Udine,
Naples, Rome, Bruxelles, Lisbonne et la Comédie de Reims.
Dans le cadre du festival «En avant les Pays-bas» au Théâtre de l’Odéon, elle met en espace Le
jour, et la nuit, et le jour après la mort de Esther Gerritsen (mai 2010).
Elle co-met en scène Les Règles du Savoir-Vivre dans la Société Moderne de JL Lagarce (dans le
cadre des ateliers Florent 2001). Elle met en scène Dramuscules de Thomas Bernhard (UNESCO,
Festival Frictions-Dijon 2003), The Changeling de Thomas Middleton (dans le cadre des ateliers
d’élèves du TNS), Promenades de Noëlle Renaude (Théâtre Ouvert, 2006, et nouvelle création en
2009). En 2011 elle crée et joue André coécrit avec Sébastien Pouderoux et Clément Bresson
(Théâtre Vidy-Lausanne Novembre 2011, Avignon Théâtre du Chêne Noir 2012 , Théâtre du Rondpoint sept 2012, au Cent-Quatre juin 2013, puis tournée et reprise en mars 2015 au Carreau du
Temple). En septembre 2014 elle crée, avec la même équipe, Vers Wanda (Théâtre Vidy-Lausanne,
Théâtre de La Colline, tournée 2015-2016).
JACQUES VERZIER CHAMBELLAN
Jacques Verzier a fait ses premières armes au théâtre en compagnie de Philippe Adrien et de sa
compagnie avec Les Rêves de Kafka (prix de la critique), Ké voï d’Enzo Corman puis CAMI,
drames de la vie courante. Il a par la suite travaillé avec Robert Cantarella, Jérôme Savary, Laurent
Pelly, Alain Marcel, Jean-Luc Lagarce, Jean Lacornerie, Alain Francon, Jacques Vincey, Jean-Louis
Grinda, Agnès Boury… Il a interprèté des auteurs aussi variés que Molière, Euripide, Minyana,
Corman, Horvàth, Shakespeare, Vian…
Il fut Franz dans Les Contes d’Hoffman, Bobinet dans La vie Parisienne (à l’opéra de Lyon) et
Taxis dans Les aventures du roi Pausole au Grand Théâtre de Lausanne.
La comédie musicale est devenu son terrain de jeu favori depuis quelques années avec Cabaret
(Molière du meilleur spectacle musical), Kiss me Kate, Titanic, Of thee I sing, One touch of Venus,
Sugar, Certains l’aiment chaud … lui offrant l’occasion de chanter des mélodies de Kander & Ebb,
Cole porter, Maury Yeston, George Gershwin, Jules Styne et Kurt Weill…
On l’a vu récemment dans Panique à bord de Stéphane Laporte et Patrick Laviosa, Lady in the
Dark mise en scène de Jean Lacornerie et La Nuit des rois mise en scène Jacques Vincey.
Dernièrement il a joué La leçon d’Eugène Ionesco dans une mise en scène de Samuel Séné au
Théâtre du Lucernaire, Cendrillon au Théâtre Mogador et Vineta, république des utopies de Rinke
au Théâtre de la Tempête dans une mise en scène de Lisa Wurmser.
2011 : René l’énervé de Jean-Michel Ribes, Théâtre du Rond-Point.
2012 : Mesdames de La Halle d’Offenbach, mise en scène de Jean Lacornerie en compagnie de la
maîtrise de l’Opéra de Lyon, Théâtre de La Croix-Rousse à Lyon.
Au printemps dernier : Le Roi et Moi dans la production de l’Opéra de Lyon et à la rentrée dans
Bells are ringing au Théâtre de la Croix-Rousse et tournée française.
2014 : débuts londoniens dans As You Like It (a Musical) à l’Union Chapel, Sweeney Todd de
Stephen Sondheim au Festival d’Hardelot.
20
POUR ALLER PLUS LOIN
› Philippe Boesmans, « Yvonne, princesse de Bourgogne », in Ligne 8, Opéra national de Paris, n°
23, 2009
› Jean-Pierre Buyle, « Witold Gombrowicz, Yvonne, princesse de Bourgogne », in Marc Verdussen
et Jacques Malherbe, Droit et littérature, Anthémis, 2007.
› Anna Fialkiewicz-Saignes, « Witold Gombrowicz et René Girard », in Małgorzata Smorg-Goldberg
(dir.), Gombrowicz, une gueule de classique ?, Paris, Institut d’études slaves, 2008.
› Witold Gombrowicz (trad. Christophe Jezewski et Dominique Autrand), Souvenirs de Pologne,
Paris, Christian Bourgois, 10/18, 1991.
› Witold Gombrowicz (trad. Koukou Chanska et François Marié), Testament : Entretiens avec
Dominique de Roux, Paris, Gallimard, Folio Essais, 1996.
› Allen J. Kuharski (trad. Jeppe Nielsen et Xavier Blandin), « Improvisation à partir d’un cadavre »,
in Marek Tomaszewski (dir.), Witold Gombrowicz entre l’Europe et l’Amérique, Presses universitaires Septentrion, coll. Lettres et civilisations slaves, 2007.
› Katia Vandenborre, « De la princesse de conte de fées à la Reine de Pologne », in Slavica
bruxellensia, no 2, 2009.
› Jean-Pierre Six (dir.), Cahier Gombrowicz, Éditions de L’Herne,n° 14, Paris, 1971.
› Collectif, Face, facettes et grimaces de Witold Gombrowicz. Vingt inédits de Gombrowicz à
Polac et Polanski, éditions Neige, 2004.
› Michał Głowiski, Gombrowicz ou la parodie constructive, Noir et Blanc, 2004.
› Rita Gombrowicz, Gombrowicz en Argentine, 1939-1963, Noir et Blanc, 2004.
› Lakis Proguidis, Un écrivain malgré la critique, Gallimard, L’Infini, 1989.
› Jean-Pierre Salgas, Witold Gombrowicz, Seuil, Les contemporains, 2000.
› Jerzy Skolimowski, Ferdydurke (1991, GB/POL/FRA).
› Jan Jakub Kolski, Pornografia (2003, POL/FRA).
› Yvonne, Prinzessin von Burgund, composé en 1972 par Boris Blacher, créé le 15 septembre 1973
à l’opéra de Wuppertal, mise en scène de Kurt Horres, rôle-titre muet dansé par Pina Bausch.
ÉCLAIRAGES
ATELIER THÉATRE « GUENON ?... VOUS Y ALLEZ UN PEU FORT ! »
On s’insulte beaucoup dans Yvonne, princesse de Bourgogne : on s’amuse, on se lâche, on dépasse les limites. Mais si l’insulte peut être ludique, elle déclenche aussi une dynamique puissante au sein du groupe. Elle polarise le pouvoir et les identités, incite à la riposte, oblige à se
positionner face au surgissement de la violence. Comment créer du jeu théâtral à partir de cette
transgression ? Travail dirigé par Vanasay Khamphommala.
› week-end 22/23 nov, à La Fabrique des Arts ou au foyer-bar du théâtre
70 euros, tarif réduit 46 euros Renseignements et inscriptions 01 55 48 91 12 [email protected]
RENCONTRE ÉLOGE DE LA LAIDEUR
Associée au difforme, au mauvais, à l’immoral, sa laideur devient insupportable car elle reflète
dans un bel effet miroir nos propres difformités physiques et morales, notre propre monstruosité. Du coup c’est tout l’ordre social qui est mis à bas. Une conversation animée par Jean-Pierre
Han, ponctuée de lectures choisies et servies par François Leclère et un comédien
› sam 22 nov, 15h à la Médiathèque Pablo Neruda, 24 rue Béranger, Malakoff
Entrée libre sur réservation 01 55 48 91 00
21
ACCÈS
La salle du théâtre est accessible aux personnes à mobilité réduite. Pour mieux vous accueillir,
pensez à réserver 48h avant et à vous signaler à votre arrivée.
métro 10 min de Montparnasse, ligne 13 station Malakoff-Plateau de Vanves, sortie 2
(à 3 min à pied du théâtre)
bus 126 de la Porte d’Orléans – arrêt Gabriel Péri-André Coin
bus 191 de la Porte de Vanves – Gabriel Péri-André Coin
vélib’ / autolib’ à la sortie du métro et autour de la place
voiture périphérique porte Brancion puis direction Malakoff centre-ville
parking VINCI rue Gabriel Crié, entre le théâtre et La Poste
BAR
Ouvert 1h avant et 1h après les représentations, il vous accueille pour boire un verre, grignoter
ou goûter ses spécialités maison. Un endroit convivial pour partager autour des spectacles.
> si vous êtes nombreux, n’hésitez pas à réserver – Émilie Baboz 06 09 59 83 04
22
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THEATRE
71.COM
LE
MALADE
IMAGINAIRE
LA
TENTATION
D'UN
ERMITAGE
AN OLD
MONK
YVONNE,
PRINCESSE DE
BOURGOGNE
HISTOIRE
D'ERNESTO
LOLA
FOLDING
TEL
QUEL !
CANNIBALES
LA
FABRIQUE
DES ARTS
GRAND
FRACAS
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PERMEABLE
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ROSEE
HISTOIRE
D'UNE VIE
LE
PREAMBULE
DES
ETOURDIS
JEANNE
CHERHAL
ECLAIRAGES
BRAHMS
BRUCKNER
MENDELSSOHN
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MARCEL
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CONCERTS
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M MALAKOFF-PLATEAU DE VANVES – PÉRIPHÉRIQUE PORTE BRANCION
WWW.THeATRe71.COM 01 55 48 91 00
3 PLACE DU 11 NOVEMBRE 92 240 MALAKOFF
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