Tout
mon amour
théâtre
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mer 19
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 Laurent Mauvignier
&##+" Les Possédés
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 Laurent Mauvignier
"*%*4% Rodolphe Dana
Collectif Les Possédés
-Simon Bakhouche, David Clavel,
Julien Chavrial, Émilie Lafarge,
Marie-Hélène Roig
&*+,$*Sara Bartesaghi Gallo
,$"4)*Valérie Sigward
**"*+%+1#$"*%*4%
Raluca Vallois
5 " 5%5)#Wilfried Gourdin
Production : &##+"*&**55*
Coproduction : !52+)%,)3+
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Avec le soutien ,!52+))&%%
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Avec l’aide à la création +.+*
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,&%*"# 5%5)#"%+)%
+.+*+'),,.Éditions de Minuit.
Mercredi 19 février
20:30
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Après Oncle Vania la saison dernière à La passerelle, le collectif Les Possé-
dés revient avec un texte contemporain, drame familial à la puissance uni-
verselle, écrit par Laurent Mauvignier en étroite complicité avec les
comédiens.
Dans la maison de famille, un homme, sa femme et leur fils se retrouvent
pour enterrer le grand-père, quand surgit une jeune fille qui prétend être
leur fille Elisa, disparue 10 ans plus tôt. Mensonge ou véri ? Apparition ou
réalité ? Que faire de cette révélation qui fait vaciller les équilibres et libère
les non-dits que le deuil de cette enfant avait instaurés ? Le trio s’affronte
dans une explosion d’émotions bouleversantes.
Car loin d’apaiser les larmes, le retour de l’enfant aimé réveille les fantômes
et les noeuds familiaux non résolus.
Tout mon amour évoque, entre mémoire, oubli et déni, la façon dont les
morts hantent les vivants et expose la violence obscure de ces tragédies du
réel que sont les disparitions d’enfants. Ce huis-clos poignant jusqu’à la
cruauté est finalement hanté par la question de la croyance est-il possible
de croire à l’impossible ? jusqu’est-on prêt à croire par amour ? bien
plus que par celle de la vérité.
Intenses et vibrants, les comédiens, dirigés par Rodolphe Dana, ne jouent
pas, ils sont leurs personnages et vont au fond de leurs émotions. C’est ce
qui leur donne leur indéniable justesse et qui nous touche profondément.
Droit au cœur.
ET AUSSI....
Stage de théâtre
«De Tchekhov à Mauvignier ou l'éternelle complexi des rapports humains»
Avec Julien Chavrial, comédien du Collectif Les possédés
Samedi 15, dimanche 16 mars 2014
De 10h à 13h et de 14 à 17h
Tarif : 32€ incluant une place pour Tout mon amour le 19 février
Ouvert aux comédiens amateurs et professionnels à partir de 16 ans
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Jai découvert Laurent Mauvignier en 1999, au moment de la parution de son premier roman Loin deux, aux Éditions
de Minuit. Ce fut pour moi une révélation littéraire. Au cours de ma lecture, une énigmatique et chaleureuse familia-
rité sest établie entre le livre et moi. J’ai « reconnu » son écriture, comme jaurais « reconnu » un ami oublié depuis
longtemps. Ou, pour être plus exact, un nouvel ami.
Par la suite, jai obéi à cette cessi imprévisible et enivrante qu’exercent parfois sur vous les mots. Je les ai lus à haute
voix. En refermant le livre, j’étais certain d’avoir découvert une nouvelle langue, puissante, âpre et poétique. En 2009,
comme un aboutissement naturel, je portais Loin deux à la sne…
Depuis, nous avons rencontré Laurent Mauvignier et travaillé, en sa présence, à la genèse de sa première pce de
tâtre Tout mon amour.
Une fois établie une version satisfaisante du texte, nous sommes entrés en rétition. Mais sans lauteur. Jai compris
que cette phase de recherches, derreurs et de doutes, ne pouvait se faire en sa psence. Cette période dappropria-
tion de lœuvre par les acteurs est, à légard de lauteur, une injuste mais nécessaire possession. Mauvignier nous a
donc confié son texte. Depuis, avec la plus grande clarté et vitalité possibles, nous travaillons à véler toute lobscure
folie contenue dans cette stupéfiante histoire damour.
Parent proche du Pays lointain de Lagarce ou de Loin d’eux, Tout mon amour est une variation sur les bouleversements
causés par la disparition dun enfant et son hypottique retour. Trop longtemps noyée dans la mélasse silencieuse
des secrets et des non-dits, la parole se révélera dune cruauté inouïe. Lamour nexclut rien, ose tout, parfois jusquà de-
venir atroce. Mais jamais par chanceté, toujours par nécessité. Par ricochets, la pce traite aussi de la mémoire et
de l’oubli. A la nécessité du souvenir s’opposera la nécessité de loubli. Quoi quil en soit, le psent demeurera explosif,
invivable, parce que certains deuils sont impossibles. En attendant, ça lutte, ça sourit, ça rit me parfois, parce qu’au-
cun drame, aussi émouvant soit-il, néchappe à l’ordinaire et absurde quotidien.
Rodolphe Dana, metteur en scène
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En quoi cette première pce, écrite auprès des Posdés, fait-elle davantage tâtre que votre œuvre entière conçue à par-
tir de voix et de monologues ?
Laurent Mauvignier : Dès mon premier roman, Loin d’eux, des metteurs en scène se sont intéressés à mon écriture. Le
monologue sy affirme comme une parole adrese, me si le public est le lecteur dans son intimité. Cependant, mes
romans ont des structures qui ne les rendent pas si aisés à adapter au théâtre. Il y faudrait la capacité d’une incarna-
tion, la possibilité d’un « ici et maintenant ». Au tâtre, la langue doit parfois chuchoter pour être entendue très fort.
Sur un plateau, les mots sont de la dynamite. Il faut savoir les contler davantage quon ne le fait dans le roman, où lécri-
ture est finalement toujours le personnage principal., il faut laisser s’épanouir des éléments de mise en sne, de
jeu Travailler avec des comédiens qui ont l’habitude de ces relations complexes quentretiennent les mots et la façon
dont ils résonnent sur un plateau, c’est une exrience irremplaçable pour un écrivain.
De quoi souffrent ces personnages, d’un trop plein de vie ou d’une déficience à réaliser qui on est ?
L. M. : Je ne saurais pas dire si mes personnages souffrent d’un trop-plein de vie ou d’une impossibili à se réaliser. Jai
l’impression que ce qui agit, cest cette tension entre les deux pôles, cette force de vie qui se cabre dans un monde qui
verrouille la possibili de lépanouissement. Et la question de la mémoire et de l’oubli m’intéresse particulrement.
Notre passé nous construit autant qu’il nous aliène. Il faut accepter que les cartes qui nous sont données à la naissance
excluent toutes les autres. Je pense que mes personnages essaient de vivre au-delà des limites que leur vie leur a don-
nées, malgré cette impossibilité fondamentale à être autre qu’eux-mes. C’est pourquoi la question qui les hante est
toujours plus ou moins de vivre avec leur passé, leurs traumatismes, bref, dassumer leur histoire, ou au contraire de la
nier, de la rejeter cest possible aussi. Ils peuvent choisir loubli et préférer la liberté, dans ce quelle a de sauvage, de
résolument violent.
Les relations de vos personnages au monde sont entières. Comment révélez-vous cette proximi existentielle des êtres ?
L. M. : Les personnages sont comme des sculptures, il faut en faire le tour pour en cerner le fonctionnement. Toutes
les facettes peuvent se contredire ; les paradoxes qui en ressortent font appartre le relief de la personnalité. Voilà ce
que jessaie de faire avec les personnages : leur donner une épaisseur, une tridimensionnalité. Tout le monde a au moins
une double vie possible, on peut être un assassin et un bon père de famille, rien nest incompatible. Le travail, cest de
saisir ces fragments, de les articuler entre eux pour faire surgir l’image d’un personnage unique, qu’il s’agit de regarder
sans juger. Il faut donner à voir les paradoxes, parce que cest par eux que se dessine lhumanité en chacun de nous.
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« Mère: (au Père)Va dire à cette fille de partir. Quelle foute le camp. Quelle rentre chez elle et qu’elle disparaisse et quon
me laisse, je veux quon me laisse. C’est facile à comprendre, ça, pourtant, non !? Vous ne voulez vraiment pas !? (au Fils)
Quant à toi, toi, on va rentrer à la maison et tu iras passer tes examens. ()
Fils : (à la Mère) On a une vraie chance... Pourquoi tes comme ça ? ()
Mère : (au Fils) Jai essayé. Tu ne veux pas comprendre ? Tu ne veux pas ? ()
Mère : Je vais te le dire autrement, je vais te le dire, tu vas l’entendre et ce sera de ta faute, pas de la mienne, non. Parce
que moi jai tout fait pour te protéger de ce que je pense. Tu pourras faire ce que tu veux, sa voix je lentends tous les jours,
toutes les heures que je vis cest avec sa voix à elle qui me supplie de venir la chercher. Crois-moi, cette voix, je la connais
et cest celle d’une petite fille de six ans, de six ans, tu entends ? Elle a six ans, elle aura toujours six ans (…) Elle ne peut
pas grandir alors que toitoi, mon beau fils unique, mon bel enfant unique »
In Tout mon amour, Laurent Mauvignier, Les Éditions de Minuit, 2012
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