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ENVIRONNEMENT
ECONOMIQUE
ET
FINANCIER
I-1. L’évolution des marchés financiers
La méfiance des investisseurs vis-à-vis des marchés européens a perduré en 2012 et a affecté les autres places
financières, se transformant dès lors en une préoccupation mondiale. En Europe, les interventions
exceptionnelles de la Banque Centrale Européenne (BCE) fin 2011 et tout au long de 2012 visaient à restaurer la
confiance des investisseurs.
Celles-ci ont porté leurs fruits avec des marchés qui se sont stabilisés après une forte volatilité (surtout depuis fin
juillet 2012) sans pour autant avoir recouvré leurs niveaux d’avant crise (avant septembre 2011).
I-1-1- Marchés obligataires : forte volatilité des taux, un clivage Europe du Sud (taux d’emprunt élevés) et
Europe du Nord (taux d’emprunt bas)
1. Europe
Depuis la crise grecque, la zone euro est scindée en deux avec d’un coté les pays périphériques européens aux
indicateurs macroéconomiques détériorés (Grèce, Italie, Espagne, Portugal et Irlande) et d’un autre coté les pays
« cœur de l’Europe » (Allemagne, France, Autriche) considérés comme plus sûrs relativement à leurs voisins.
Cette perception des marchés a généré une forte hausse des taux d’intérêt des pays fragilisés (taux d’emprunt
d’Etat à 10 ans en décembre 2012 : 5,5 % pour l’Espagne, 4,5 % pour l’Italie) qui ont également été dégradés par
les agences de notation ; tandis que les pays considérés comme sûrs ont bénéficié d’une forte demande et ont vu
leur taux d’intérêt diminuer (taux d’emprunt d’Etat à 10 ans en décembre 2012 : 1,3 % pour l’Allemagne et2 %
pour la France).
L’année 2012 a été marquée par les révisions à la baisse des prévisions de croissance nationale et mondiale.
Les politiques économiques et budgétaires d’austérité, lancées par les pays européens fragilisés dès 2011, ont
été plus ou moins fructueuses, nécessitant parfois le recours à l’aide européenne. Les plans de sauvetage
européens ont réussi à fortement réduire les taux d’emprunt des états. La Grèce, à travers le PSI (private sector
involment) et l’ELA (emergency liquidity assistance), a pu restructurer sa dette et aider son secteur bancaire.
L’Irlande et le Portugal (aide perçue de 85 Md€ sous conditions pour l’Irlande et de 78 Md€ pour le Portugal) ont
vu leur taux d’emprunt diminuer à mesure qu’ils atteignaient leurs objectifs respectifs fixés dans le plan d’aide. A
contrario, les révisions (à la baisse) des perspectives de PIB en Espagne et Italie ont joué négativement sur les
taux d’intérêt de la dette publique.
Pour ces pays, l’annonce exceptionnelle fin juillet de Mario Draghi indiquant que la BCE était prête à un rachat
illimité de leurs dettes, a permis de rassurer les marchés et a accentué la détente de leurs taux d’emprunt. Cette
annonce a également atténué les pressions qui poussaient les banques à se défaire de ces actifs jugés peu sûrs
par les investisseurs (titres de dette souveraine et d’institutions financières de pays européens périphériques). En
effet, les établissements de crédit et les assureurs, en tant qu’investisseurs massifs de dettes souveraines,
étaient perçus comme fragilisés en raison de la qualité de ces actifs détériorés.
De plus, les institutions financières ayant des activités ou des filiales dans les pays européens fragilisés, ont vu
leur résultat impacté par les difficultés économiques de ces 5 pays. Par truchement, leurs propres émissions de
dette ont également été impactées. L’ensemble de ces phénomènes a conduit à une forte volatilité des dettes
obligataires tout au long de l’année 2012.
2. Focus France
Il faut noter que malgré les dégradations des agences de notation de la note de crédit de la France qui a perdu
son AAA chez Standard & Poor’s et Moody’s, son taux d’intérêt d’emprunt n’a jamais été aussi bas. La France et
l’Allemagne ont même emprunté à court terme à taux négatif en 2012.
Si l’écart de taux (spread) entre la France et l’Allemagne est toujours significatif, les investisseurs ont conservé
une certaine bienveillance vis-à-vis de la France, sous réserve que des réformes structurelles et une maîtrise des
finances publiques soient mises en place. La non-réalisation de ces mesures laisse planer la menace d’un
basculement de la France dans les pays dits du sud de l’Europe.
De plus, techniquement, les émissions de dettes publiques françaises auraient bénéficié d’achats massifs de la
Banque Nationale Suisse (BNS). En effet, pour maintenir une certaine parité de change de sa monnaie, la BNS
aurait significativement investi en dettes souveraines AAA et AA+ émises en Euro. Selon l’agence S&P, entre
janvier et juillet 2012,80 Md€ d’obligations auraient été investies couvrant près de 48 % des besoins de
financement de l’Allemagne, la France, l’Autriche, la Finlande et les Pays-Bas, ce qui a permis de maintenir des
taux d’emprunt bas même pour la France (notée AA+).
I-1-2 - Marchés monétaires - taux interbancaires - taux directeurs de banques centrales : de la liquidité
peu chère en 2012
1. Taux directeurs banques centrales
Après des années de politique monétaire dure visant à contrôler l’inflation, la BCE a abaissé ses taux directeurs
en juillet 2012, passant de 1 % à 0,75 % après plusieurs baisses consécutives au second semestre 2011. Le taux
actuel constitue un plancher historique visant à ne pas ralentir davantage l’économie européenne. De manière