Bulletin mensuel de l’Institut musulman de la Grande Mosquée de Paris - Février 2017
L’heure est à la campagne présidentielle. Les
musulmans de France suivent très attentivement
les déclarations et promesses des candidats,
avec parfois une certaine appréhension pour leur
avenir. Jamais une telle élection n’a eu de
champ aussi ouvert, tout est possible sinon
probable.
Quelques candidats fédèrent un nombre considérable
de soutiens, d’autres en revanche suscitent la méfiance,
voire l’insuffisance dans la haute fonction qu’il brigue.
Des termes ont été prononcés touchant à l’histoire
de la France et de l’Algérie, des accusations envers
les forces de l’ordre mais aussi à l’encontre de
magistrats et hauts fonctionnaires nommément
cités ont été portées par certains candidats. Ceci
traduit un sentiment d’inquiétude ainsi qu’une
grande perte de sérénité au sein du corps politique
et donc, par extension, sur la société tout entière.
Les musulmans resserrent les rangs et s’interrogent. Ils
questionnent les différentes propositions
concernant l’existence de leur culte dans une
société laïque, le sens de leur présence citoyenne
dans la vision sociétale de la France actuelle ils
représentent 10% du corps électoral. On ne peut
que constater l’accélération d’événements qui
chaque jour fragilisent les certitudes de la veille.
Notre société est assurément en pleine mutation,
elle se cherche et cela ne se fait pas sans heurts.
Le contexte international apporte davantage de
troubles que de calme. Le Brexit de la Grande-Bretagne
il y a quelques mois questionne la constitution et le
devenir même de l’Europe, les lois anti-immigration
de Donald Trump renvoient bouleversent
l’identité même de la nation américaine et
ne laissent que peu de place à l’espoir d’un
apaisement…
La France devra réussir à s’élever au-dessus de la
mêlée pour proposer, en mai prochain, un modèle
de société viable et surtout tenable pour
l’ensemble de sa population. Elle devra résister
aux pressions, à la division, à la tentation des
extrêmes qui grimpent dangereusement dans les
sondages…
L’unité de notre pays a toujours été notre
force. C’est ce qui nous a permis de nous relever
après les attentats de 2015 et de 2016. Nous
osons espérer que le résultat du scrutin portera ces
valeurs d’unité, d’égalité, de fraternité pour tous
quelles que soient leurs origines ou leurs
religions. Tous, citoyens de France, nous
militerons pour le respect de droits acquis au fil
des siècles, notamment dans le libre exercice du
culte dans le respect du bien commun stipulé par
la loi de 1905. Nous ne saurons tolérer en effet
plus avant que les exactions commises sur notre
sol au nom d’une idéologie mortifère (qui n’a rien
de commun avec notre culte) entachent notre
pratique libre et éclairée de notre religion au
sein de notre société française républicaine et
laïque.
La Mosquée de Paris, quant à elle, restera fidèle à sa
mission fixée par le rapport Herriot en 1922 lors de
sa création que nous citons ici dans les termes il
a été présenté et validé par le Parlement : « Les 
millions  de  musulmans  de  notre  Afrique  sont  une 
partie  vivante  de  la  France  […].  À  tous  ces 
musulmans,  quelle  que  soit  leur  origine,  s’ils 
évoquent  le  nom  de  la  France et  demandent  son 
aide  spirituelle,  son  hospitalité,  Paris  offrira 
l’accueil  de  l’Institut  musulman,  l’ombre 
pieuse  de  sa  mosquée,  le  délassement  des 
lectures  dans  la  bibliothèque  arabe, 
l’enseignement  des  conférences  et  enfin  la  joie 
d’un  foyer  libre »
Recteur Dalil Boubakeur
Unité nationale et fraternité
MERCREDI 1er FEVRIER
Déjeuner avec M. Jean-Pierre Chevènement, Président de la Fondation, et Maître
Chemseddine Hafiz
SAMEDI 18 FEVRIER
Conférence sur le « Don d’organes » à la
Grande Mosquée de Paris.
Le texte et la vidéo de l’intervention de
Monsieur le Recteur est consultable sur notre
site : www.grandemosqueedeparis.fr
LUNDI 20 FEVRIER
Déjeuner avec le Père Christian Delorme de Lyon
MERCREDI 22 FEVRIER
Déjeuner avec M. Thomas Guénolé, politologue et auteur du livre Islamopsychose
paru chez Fayard.
MERCREDI 22 FEVRIER AU SOIR : Participation du recteur au diner annuel
à l'invitation de son nouveau président, Francis Khalifat.
MARDI 21 FEVRIER
Réunion avec les membres du bureau national de la Fédération
suivie d’un déjeuner afin d’aborder la Fondation de l’Islam de
France. La rencontre a été suivie d’une conférence de presse à
la Grande Mosquée de Paris durant laquelle Monsieur le recteur
a exprimé le souhait de sa fédération de ne pas participer à la
Fondation de l'Islam de France..
Actualités de la Mosquée
Communiqué diffusé à la presse
Paris, mardi 21 février 2017
Après concertation et débats entre ses membres, la Fédération Nationale de la Grande
Mosquée de Paris (FNGMP), réunie ce jour en bureau national en son siège à la Grande
Mosquée de Paris, réitère sa décision de ne pas participer aux travaux de la Fondation dite de
l’Islam de France et de son Conseil d’orientation.
La FNGMP dénonce de nouveau toute forme d’ingérence directive dans la gestion du culte
musulman et de sa représentation. Elle regrette que le montage hétéroclite de cette fondation
n’ait pas fait l’objet d’une concertation avec les Musulmans de France.
Si le Recteur Dalil Boubakeur a bien été pressenti l’an dernier pour la présidence du conseil
d’orientation de cette fondation, la FNGMP relève qu’il a été totalement marginalisé dans
l’élaboration et la composition déséquilibrée de celui-ci malgré l’accueil favorable fait à M.
Jean-Pierre Chevènement par la Grande Mosquée de Paris et sa Fédération.
La FNGMP entend souligner que la Mosquée de Paris (« foyer libre ») a été créée en 1922
par une loi d’État qui lui conférait et lui confère toujours le devoir de veiller à la dignité et au
respect du culte musulman en France, notamment dans le cadre de la laïcité républicaine et
de l’égalité entre les cultes, sans aucune forme d’ingérence.
Recteur Dalil Boubakeur
Président de la FNGMP
Actualités de la Mosquée
Conférence
À l’invitation du Docteur Dalil BOUBAKEUR, Recteur de la Mosquée de Paris, Thomas
GUÉNOLÉ politologue, enseignant (Sciences Po et Université Paris-Est Créteil), chroniqueur
et essayiste, viendra en sa présence présenter son livre paru récemment chez Fayard :
Samedi 18 mars 2017 à 14h00
Salle de Conférence
_______________
Inscription (nombre de places limitées) : [email protected]
_______________
Texte ci-après de la quatrième de couverture du livre de Thomas Guénolé
« Entre haine et paranoïa, la société française se fait de sa
minorité musulmane et de l’islam français une représentation
collective délirante, c’est-à-dire déconnectée de la réalité.
C’est ce que Thomas Guénolé appelle l’islamopsychose.
Il s’attelle, dans ce livre, à pointer les erreurs et à
déconstruire les préjugés assénés sur ces sujets par Manuel
Valls, Gilles Kepel, Éric Zemmour et bien d’autres.
La France a toujours oscillé envers ses minorités entre
l’acceptation, la diabolisation et la persécution. À l’égard
de sa minorité musulmane, le pays a aujourd’hui atteint un
dangereux point de bascule entre diabolisation et persécution.
Terrorisme jihadiste, peur du déclin, héritage
médiéval, guerre d’Algérie, conflit israélo-palestinien,
identitarisme : Thomas Guénolé examine sans tabou les causes profondes de
l’islamopsychose et propose des pistes concrètes de réconciliation républicaine. »
Actualités de la Mosquée
Le premier rein transplanté date de 1958 par le
Professeur Hamburger de l’hôpital Necker. Quant à la
première greffe de cœur elle a lieu en 1967 par le
Professeur Barnard à l’hôpital du Cap. Les malades greffés
ne survécurent pas à cause des rejets de greffon. C’est le
professeur Jean Dausset qui découvre en 1978 la
ciclosporine qui permit à ces immunosuppresseurs d’éviter
les rejets d’organes greffés. Les principaux organes et tissus
greffés sont les suivants, selon des chiffres de 2009 : cœur (8
% des greffes), foie (23 %), poumons (5 %), moelle osseuse,
reins (62 %), pancréas (2 %), fragment d’intestin grêle (1 %),
duo cœur-poumon (1 %), organes lymphoïdes, os, cartilages,
cellules visuelles de la rétine, cornée. De nombreux types de
dons sont donc techniquement et humainement possibles grâce
aux donneurs d’organes volontairement disposés à offrir
un rein, un cœur, à un enfant, une femme, un homme
souvent inconnu.
C’est un acte gratuit par définition, impliquant
l’accord du donneur ou de ses ayants-droit.
Seule l’urgence vitale justifie un don. Le délai entre le
prélèvement et l’implantation sur le receveur est très court, ce
qui nécessite des moyens logistiques importants si le
donneur et le receveur ne se trouvent pas dans le même lieu
géographique. La transplantation arrive souvent après une
longue période d’attente de greffon compatible et sonne
comme un réel soulagement pour les patients concernés.
Depuis plus de 50 ans, la greffe d’organe fait des progrès
considérables et ne cesse d’innover pour venir en aide
aux malades. Elle offre de véritables chances de survie et
représente un espoir de voir certaines maladies ou
malformations être traitées dans les années à venir.
Aujourd’hui, la loi Caillavet qui encadre le don
d’organe en France a évolué, notamment concernant le
statut du donneur et les modalités de son refus. Car si la
transplantation est pratiquée depuis longtemps, de
nombreuses questions éthiques sont régulièrement
soulevées. La question du respect du donneur défunt et de sa
volonté se pose toujours alors que le besoin de greffon est
en perpétuelle augmentation. Nous allons tenter
aujourd’hui d’apporter quelques éléments de réponses
aux nouvelles problématiques que soulève l’amendement
d’août 2016, mis en application en 2017, concernant la
loi Caillavet et d’apporter une réponse théologique et
éthique à la question du don d’organe en Islam.
La loi Caillavet de bio éthique et l’évolution de 2017
Rappel de la loi:
Premièrement, nous allons revenir sur la loi Caillavet qui
encadre les pratiques de prélèvement et de don d’organe
en France. Votée en 1976, elle précise les conditions dans
lesquelles le don doit être effectué, aussi bien en amont de
la greffe qu’en aval. Elle autorise le prélèvement d’organe
si le donneur n’a pas signifié son opposition et depuis
janvier 2017, prévoit que chaque personne est donneur
si elle n’a pas consigné son refus par écrit sur le registre
national du refus de l’agence de bio médecine ou via un
document confié à un proche. Nous reviendrons sur ce
point un peu plus tard au cours de cette présentation, mais
nous tenons à rappeler les principes fondamentaux garantis
par la loi Caillavet :
1-
Le consentement du do nneur est toujours nécessaire,
qu’il soit décédé o u vivant.
2- Les proches doivent être informés des lois de
bioéthique.
3- La mort du donneur. La réalité du décès doit être
évalué dans les conditions de respect du donneur, de la
réalité de son décès qui recoupent trois critères : l’eeg plat,
arrêt cardiaque dès lors que les machines sont débranchées
et arrêt pulmonaire. La mort ne peut être constatée et attestée
à la seule condition que ses trois conditions soient remplies.
4- En cas de donneur vivant (5 % des cas), il faut
s’assurer que le prélèvement de l’organe n’empêche
pas au donneur de poursuivre sa vie normalement.
Il est nécessaire également d’être sûr que l’organe
transplanté est en bonne santé et que le pronostic
est largement positif pour le patient receveur.
Pour maximiser les chances de greffe réussie, on
privilégiera un donneur issu de la même famille (parent
direct, frère ou sœur, cousin) que le receveur afin
d’éviter les rejets de greffon et de limiter le recours aux
immunosuppresseurs. Je précise pour les non-médecins
que les immunosuppresseurs sont des traitements qui,
en limitant l’action du système immunitaire du donneur,
minimisent le risque de rejet. Le rejet total se produit
en cas d’incompatibilité immunitaire entre donneur et
Conférence de la Mosquée
Evolution de la loi Caillavet, don d'organes et Islam
conférence du 18 février 2017
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