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frontières, mais qui a visiblement décidé d'élargir ses combats civilisationnels au grain à
moudre nord-américain. “Starbucks go home ! Ici, c'est Montmartre.” (…)Contre le stalinisme du
cool, il est certain que la France ne s'en tirera pas en dégainant, comme en cette fin d'année
place du Tertre, une sorte de pétainisme du chevalet. (…) Ce «fétichisme du patrimoine»,
parfaitement mortifère, qui fait que même le toc américain semble aujourd'hui plus vrai que le
Paris montmartrois à baguette et casquette dont nous continuons d'exporter l'image de par le
monde, en gardiens de cimetière zélés de notre propre caveau. », « Starbucks contre le Sacré-
Cœur », Marianne, 1er décembre 2012.
« C’est bizarre, mais nous aussi nous étions titulaire d’une carte de presse en 2006, soit un an
avant l’élection de Nicolas Sarkozy. Et les adorateurs de sans-papiers et autres guévaristes
impénitents, nous en avons rarement croisé dans les rédactions. Jamais à proximité d’un
plateau de télé, en tout cas. La tendance alors, pour bénéficier des courants ascensionnels,
était déjà, dans la corporation, au ralliement plus ou moins subliminal à toutes les variantes de
la chasse aux “bien-pensants”, ces nantis angélistes piétinant les working poors, surtout quand
ils sont “de souche”, et leur préférant bien entendu les métèques, surtout s’ils ont une bombe
dans la poche et barbotent les aides sociales. » « Gramsci s’invite au bar-PMU », Marianne, 27
octobre 2012.
« Entre ici, Pierre Drieu La Rochelle, avec ton terrible cortège... C'est à un bien étrange
cérémonial que nous convient les éditions Gallimard au printemps, en relogeant en Pléiade, leur
collection la plus prestigieuse, le plus compromis de leurs anciens employés. Ainsi le dandy
collabo qui se chargea de verrouiller la Nouvelle revue française (NRF) de 1940 à juin 1943,
l'auxiliaire nonchalant de la Propaganda Staffel, l'ex-proche des surréalistes qui en vint à saluer
dans la mythique revue “le génie d'Hitler et de l'hitlérisme”, l'antisémite convaincu qui, trop
conscient de son désastre, se suicidera le 15 mars 1945 verra-t-il une dizaine de ses romans et
nouvelles publiés sur papier bible. (…)Un point de vue pour le moins audacieux. Véritable
parabole fasciste, de bout en bout imprégné de racialisme antijuif, le roman-confession de
Drieu, Gilles, a-t-il vraiment toute sa place aujourd'hui dans une collection d'apparat, destinée
aux étrennes en tout genre ? (…) En attendant, la maison Gallimard se dit très sereine. Né il y a
quatre ans, ce projet n'a pas soulevé la moindre objection en interne et, jusqu'à aujourd'hui,
personne n'avait appelé pour s'étonner. Ou plutôt si. Un critique du Figaro, il y a quelques
jours... peiné qu'on ne republie pas l'intégralité des romans de Drieu.» « Un collabo au
Panthéon », Marianne, 28 janvier 2012.
« Le sarkozysme est décidément une maladie qui inspire de la frayeur. D’un gaulliste social
autrefois fréquentable, Henri Guaino, elle aura réussi à faire en cinq ans un barde enflé de mots
creux, capable de déployer les plus comiques contrevérités pour instiller la nostalgie d’un
tyranneau agité dont le pays a à peine réussi à se défaire. » « Henri Guaino, écrivain pour
chambres de commerce », Marianne, 20 octobre 2012.
« Nombre d'écrivains qui l'ont jadis connu dans des revues littéraires décrivent pourtant des
positions précocement bien plus troubles. A l'époque de Recueil, en 1984, Millet est même
connu pour signer sous le pseudonyme de Marc Fournier des éditos dont les sites identitaires
extraient aujourd'hui encore des perles avec gourmandise. (…) Aujourd'hui, c'est Richard Millet
qui, sur fond d'islamophobie banalisée, tente de gagner ses ultimes galons d'ennemi public
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