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Personne dans le monde et dans la vie de cet art vivant qu’est le théâtre ne sait jamais
comment la réception d’un travail se fera. Aucun praticien ne peut avoir la prétention de dire
comment le public, les jeunes, les adultes, les spectateurs avertis, les autres, les
professionnels, les critiques, les publics scolaires vont réagir.
Nous avons été comblés pour nos premières représentations au Festival au Carré en
juillet 2006 et au Festival de Spa. Les spectateurs ont été intéressés par le fond et par la
forme, par la transcription d’une écriture romanesque qui prend près de 400 pages dans une
forme inachevée, vers une écriture théâtrale qui tend à montrer que les deux héros
flaubertien sont de géniaux protagonistes dans le sens le plus strict du terme, porteur d’une
action, d’un « conflit » théâtral magnifique. Ils sont tellement universels qu’ils fondent leur
force et leur puissance dans une forme à laquelle Flaubert n’avait même pas pensé.
II. Gustave Flaubert : biographie
Gustave Flaubert est né le 12 décembre 1821, à Rouen. Il est le deuxième enfant
d’un chirurgien réputé et d’une fille de médecin.
Après une scolarité sans enthousiasme au Collège Royal puis au lycée de Rouen, il
entreprend, en 1841, des études de droit qu’il abandonnera après trois ans, notamment en
raison de crises nerveuses. Flaubert est de famille bourgeoise. Les revenus de ses parents
lui permettent de vivre sans préoccupation financière, il se consacre alors exclusivement à
l’écriture.
Sa rencontre avec Élisa Schlésinger au cours de l’été 1836 est un élément important
de son adolescence. Elisa a 26 ans et est mariée, il n’a que 15 ans. Tout au long de sa vie,
Flaubert lui vouera une profonde passion. Cette rencontre inspire d’ailleurs à Flaubert
l’écriture de L’Education sentimentale. Des années après, il fait encore état de la flamme qui
le consume dans ses correspondances avec sa nièce « Je n'ai eu qu'une passion véritable.
J'avais à peine quinze ans. ».
En 1846, son père et sa sœur meurent successivement, celle-ci venait d’accoucher
d’une petite fille, que Flaubert prend en charge et avec qui il entretiendra une abondante
correspondance.
Il assiste à Paris à la Révolution de 1848 qu'il voit d'un œil très critique, une de ses
grandes préoccupations est de savoir quel sort sera réservé à l’art et il soutient le
gouvernement en place. A cette époque, il entame la rédaction de La Tentation de Saint
Antoine, roman qui le travaille toute sa vie et dont il livre au final trois versions.
Sous le Second Empire, il fréquente les salons parisiens les plus influents, comme
celui de Madame de Loynes dont il est très amoureux. Il y rencontre entre autre George
Sand. Mais Flaubert n’est pas seulement un homme d’intérieur, et il fait un long voyage en
Orient entre l'année 1849 et 1852. Outre ses voyages, c'est un homme sportif : il pratique la
natation, l'escrime, l'équitation, la chasse…
Entre-temps, Flaubert continue à écrire et Madame Bovary, son roman le plus
célèbre est publié dans La revue de Paris sous la forme de feuilletons en fin ‘56. L’ouvrage
provoque de vives réactions et fait l’objet d’un procès retentissant pour atteinte aux bonnes
mœurs. Flaubert est finalement acquitté. Madame Bovary est édité en avril 1857. Le livre