42 BIOGRAPHIE
voir presque sans interruption jusqu'à sa mort en 429 av.
J.-C.
Les réformes civiques Périclès adopte et promeut une
politique sociale populaire. Il propose d'abord un décret
qui permet aux pauvres d'assister aux pièces de théâtre
sans payer, l’État couvrant le coût de leur place. Il fait
ensuite abaisser le seuil de richesse exigé pour devenir
archontes en 458-457 av. J.-C.[54]. Sa mesure la plus im-
portante, populaire mais choquante aux yeux de l’aristo-
cratie, est la mise en place à partir de 454 av. J.-C. de
la misthophorie : une indemnité ou « misthos » (μισθός
/misthós, littéralement « gages, paie ») de deux oboles
par jour est versée à tous les citoyens qui servent comme
jurés dans l'Héliée (le tribunal populaire d'Athènes) puis-
qu'ils perdent les bénéfices d'une journée entière de tra-
vail. Cette indemnité, plus tard étendue aux autres magis-
trats et aux soldats, est ridicule pour les riches et intéres-
sante pour les pauvres : elle permet à tous de participer à
la démocratie[55].
Sa mesure la plus controversée est la loi de 451 av. J.-C.,
qui limite la citoyenneté aux personnes ayant une filiation
athénienne par leurs deux ascendances, alors que celle du
père suffisait auparavant[39],[56].
La guerre sur plusieurs fronts Articles détaillés :
Révolte d'Inaros et Première guerre du Péloponnèse.
Périclès fait ses premières manœuvres militaires pendant
la première guerre du Péloponnèse, causée en partie par
l'alliance d'Athènes avec Mégare et Argos et la réaction
subséquente de Sparte.
En 454 av. J.-C., il attaque Sicyone et l'Acarnanie où il
tente, sans succès, de prendre Œniadæ, avant de retour-
ner à Athènes[57],[58]. En 451 av. J.-C., Cimon serait re-
venu d'exil et aurait négocié une trêve de cinq ans avec
Sparte sur proposition de Périclès, un événement qui in-
diquerait un changement de sa stratégie politique[48]. Il
est possible qu'il ait pris conscience de l'importance de la
contribution de Cimon durant les conflits en cours contre
les Péloponnésiens et les Perses. Anthony J. Podlecki fait
cependant valoir que ce prétendu changement de position
est une invention des auteurs anciens afin de « donner une
vue tendancieuse de la sournoiserie de Périclès[59] ».
Plutarque affirme que Cimon a conclu un accord de par-
tage du pouvoir avec ses adversaires, selon lequel Périclès
s’occupe des affaires intérieures tandis que Cimon est le
chef de l'armée, faisant campagne à l'étranger[53]. S'il a
réellement été conclu, ce marché constitue une conces-
sion de la part de Périclès, mettant en doute ses qualités
de stratège. Donald Kagan estime que Cimon s’est adapté
aux nouvelles conditions et a fait la promotion d'un ma-
riage politique entre les démocrates et les aristocrates[60].
Au milieu des années 450 av. J.-C., les Athéniens ap-
puient sans succès une révolte égyptienne contre la Perse,
ce qui conduit à un long siège d'une forteresse perse dans
le delta du Nil. La campagne aboutit à une catastrophe
avec la défaite et la destruction de leurs forces[61]. En
451-450 av. J.-C., les Athéniens envoient des troupes à
Chypre. Cimon vainc les Perses à Salamine de Chypre
mais meurt de maladie en 449 av. J.-C. Périclès au-
rait été à l'initiative des deux expéditions en Égypte et à
Chypre[62], bien que certains chercheurs, tels que Karl Ju-
lius Beloch, fassent valoir que l'envoi d'une grande flotte
est conforme à l'esprit de la politique de Cimon[63].
De cette période complexe, l'existence de la paix de Cal-
lias, traité qui aurait mis fin aux hostilités entre les Grecs
et les Perses, est vivement contestée et ses détails et sa
négociation sont tout aussi ambigus[64]. L'historien Ernst
Badian écrit qu'une paix entre Athènes et la Perse a été
ratifiée en 463 av. J.-C. (faisant des interventions athé-
niennes en Égypte et à Chypre des violations de cette
paix) et a été renégociée à la fin de la campagne à
Chypre, entrant en vigueur en 449-448 av. J.-C.[65]. John
Fine, d'un autre côté, suggère que la première paix entre
Athènes et la Perse a été conclue en 450-449 av. J.-C. à
la suite du calcul stratégique de Périclès que le conflit en
cours avec la Perse porte atteinte à la capacité d'Athènes
d'étendre son influence en Grèce et en mer Égée[64]. Ka-
gan estime qu'il a eu recours à Callias, beau-frère de Ci-
mon, en tant que symbole de l'unité et l'a employé à plu-
sieurs reprises pour négocier des accords importants[66].
Au printemps de 449 av. J.-C., Périclès propose un dé-
cret qui conduit à une réunion (un « congrès ») de tous
les États grecs, afin d'examiner la question de la recons-
truction des temples détruits par les Perses. Le congrès
échoue en raison de la position de Sparte mais les vé-
ritables intentions de Périclès restent floues[67]. Certains
historiens croient qu'il a voulu mettre en place rapi-
dement une sorte de confédération de toutes les cités
grecques, d'autres qu'il a voulu faire valoir la prééminence
athénienne[68]. Selon Terry Buckley, l'objectif du décret
est un nouveau mandat pour la ligue de Délos et pour la
collecte du phoros (tribut)[69].
Pendant la deuxième guerre sacrée (448 av. J.-C.), Pé-
riclès conduit l'armée athénienne contre Delphes et res-
taure la souveraineté de la Phocide sur l'oracle[70],[71].
En 447 av. J.-C., il conduit « mille colons athéniens »
en Chersonèse de Thrace pour augmenter la présence
grecque dans la région. Il souhaite ainsi créer une « bar-
rière » qui s’opposera « aux incursions des Thraces répan-
dus dans le voisinage de la Chersonèse » et aux attaques
de brigands qui demeurent dans la région. Son effort met
fin à des « guerres continuelles et pénibles » que doit sou-
tenir la région[14],[72]. À ce moment cependant, Athènes
est sérieusement contestée par un certain nombre de ré-
voltes parmi ses « alliés ». En 447 av. J.-C., les oligarques
de Thèbes conspirent contre la faction démocratique. Les
Athéniens demandent leur extradition immédiate, mais,
après la bataille de Coronée, Périclès est forcé d'admettre
la perte de la Béotie afin de récupérer ses soldats captu-
rés pendant cette bataille[32]. La Béotie dans des mains