Compte-rendu

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Qu'est-ce que la Somatic Experiencing (SE) ?
D’après Peter Levine, (docteur en sciences médicales et biologiques et psychologie
Réf : Réveiller le Tigre, Guérir le Traumatisme Peter Levine Ed Socrate
Et le Professeur Michel Schittecatte
Pour guérir le traumatisme, nous avons besoin d’en comprendre sa nature physiologique.,
en particulier le fonctionnement du système nerveux autonome et comment le corps
gère les évènements à forte connotation émotionnelle. Peter LEVINE (biologiste,
éthologue et psychologue, auteur du livre : « Réveiller le tigre, guérir le traumatisme »,
aux Editions Socrate) à partir entre autres de ses observations du monde animal a
développé un modèle thérapeutique appelé la Somatic Experiencing (SE)® .
Il a observé que lorsqu’ils ne savent ni FUIR ni ATTAQUER face à un danger vital, tous
les animaux développent une réponse de FIGEMENT. Ils en sortent ensuite lorsque le
danger est passé, l’homme est le seul « animal » qui reste dans le figement quand la
menace a disparu… Ce mécanisme est, selon le modèle de Peter LEVINE le fondement de
toutes ses séquelles post traumatiques et il ajoute : si certaines conditions favorables
sont établies, l’homme peut alors, comme les autres animaux, sortir de son figement et
libérer ainsi l’énergie bloquée et les séquelles installées parfois depuis de nombreuses
années. La (SE)® nous montre donc comment créer les conditions pour que cette autoguérison se produise.
La Somatic Experiencing est une conception nouvelle de la psychothérapie basée sur les découvertes récentes en
neurobiologie, elle permet de transformer les symptômes complexes résultant des traumatismes et des états
dissociatifs. Ces symptômes sont comme un trop plein accumulé dans le corps qu'il est possible de libérer d'une
manière
douce
mais
sûre.
L’expérience somatique est une thérapie brève corporelle qui permet le "défigement" d’une partie du système
nerveux, ce qui restaure l'auto-régulation, et libère les personnes traumatisées qui retrouvent un sentiment de
vitalité, détente et plénitude.
Peter Levine a appliqué ses travaux avec les anciens combattants, des victimes de viol, les survivants de
l'Holocauste, des personnes ayant vécu un accident d'auto, étouffement, noyade, ou après un traumatisme
chirurgical, souffrant de douleur chronique, et même des nourrissons ayant subi une naissance traumatique.
La SE est très efficace aussi pour tous les problèmes d’attachement, les états dissociatifs, les réactions
émotionnelles excessives, l’hyperactivité, les sentiments et les comportements d’impuissance, l’activité sexuelle
diminuée ou excessive, les attaques de panique, l’anxiété, les phobies, capacité réduite à gérer le stress,
incapacité à aimer, à éduquer ou à se lier à autrui, peur de mourir, de devenir fou ou d’avoir une durée de vie
raccourcie, dépression, sentiments de danger imminent, sentiment de détachement, d’aliénation et d’isolation,
diminution de l’élan vital, etc …Bref, tous ces symptômes font suite à un traumatisme. La Somatic Experiencing a
transformé la vie de plusieurs milliers de personnes.
La définition du traumatisme
Pour Peter Levine « Le traumatisme est comme une réponse dans le système nerveux et ne trouve pas son origine
dans un événement. Le traumatisme est dans le système nerveux, et pas dans l’événement »
« Les symptômes traumatiques ne sont pas causés par l’événement lui-même. Ils surgissent quand l’énergie
résiduelle de l’expérience n’est pas déchargée du corps. Cette énergie demeure prise au piège dans le système
nerveux où elle peut faire des ravages dans nos corps et esprits »
Le traumatisme arrive quand nous sommes submergés par une situation, quand nous avons atteint notre limite
d’adaptation et alors notre système nerveux ne peut plus se réguler, avec un sentiment de crainte intense,
d’impuissance, de perte de contrôle et de menace d’annihilation.
Le système nerveux (traumatisé) se désorganise, s'écroule et ne peut pas se réinitialiser de lui-même. Cela se
manifeste par une fixation globale, une perte fondamentale dans la capacité rythmée à autoréguler la stimulation, à
s'orienter, à être dans le présent et dans le flux de la vie ». (Levine) . La personne se verrouille alors en mode de
survie
Les travaux récents du psychophysiologiste Stephen PORGES, qui a développé une théorie
dite polyvagale du Système Nerveux Autonome et des émotions, ont enrichi la SE ®, en
permettant de mieux comprendre les mécanismes d’entrée et de sortie du figement en relation
avec l’environnement.
Face à un danger, nous avons 3 solutions possibles gérées par le système nerveux autonome :
-
La fuite (système orthosympathique)
L’attaque ou la défense (système orthosympathique)
Le figement (système parasympathique dorsal)
Quand nous sommes détendus, à l’aise, relaxés incarnés, présents, avec des réponses fluides et résilientes aux
situations, émotionnellement stables disposant de choix et options, avec la capacité à établir une relation saine,
nous sommes dans la branche du parasympathique ventral,
Les trois stratégies adaptatives de l’humain sont

La stratégie liée au circuit Parasympathique Ventral : C’est la plus récente et elle est
de type « active ». Elle se caractérise par la communication et l’engagement social et
est utilisée en première intention;
 La stratégie liée au circuit Orthosympathique : Elle est également de type « active » et
se caractérise par la mobilisation (fuite et attaque) Elle est utilisée en 2 ème intention si
la première ne suffit pas;
 La stratégie liée au système Parasympathique Dorsal. Elle est de type « passive» et
se caractérise par l’immobilisation (faire le mort ; syncope vagale) Elle est utilisée en
dernière recours si les deux premières sont inefficaces
Les sujets traumatisés précocement (traumatismes précoces ou problèmes d’attachement
voire d’abus ou de négligence) et/ ou traumatisé sévèrement ultérieurement vont être
dominés par leur système psD et réagir par le figement (structure de caractère fortement
parasympathique se manifestant par ex par un ralentissement du rythme cardiaque au
stress)
sensation et de l’action. En contactant les sensations corporelles qui sont les
reliquats de la réponse de FIGEMENT et en créant les conditions permettant à
notre cerveau reptilien de ne pas recourir à la réponse de FIGEMENT (on aide la
personne à se ressourcer, on titre), l’être humain peut en sortir relativement
aisément par différentes techniques corporelles (mais aussi parfois émotionnelles
et cognitives) et reproduire ce que font spontanément les animaux.
Exemple :
Une personne veut frapper l’autre conducteur (il avait été figé) : on peut
suggérer de jouer cette scène sur un écran de cinéma, ou ressentir la
préparation du geste, avec quel bras, sentir la préparation à la frappe des
muscles du bras droit par exemple, tout au long de l’épaule en ressentant la
lenteur de la sensation du mouvement alors que la personne achève ce geste
(qui était resté bloqué dans le corps). Ce geste peut se transformer en « je le
tiens à distance ». Nous sommes dans le senti du corps et non dans le cognitif.
Nous sommes des êtres sociabilisés qui ne font pas cela dans la vie. Ce qui est
fait pour le cerveau archaïque n’est plus à faire dans la réalité. Pour lui, le
virtuel, l’imaginaire, le symbolique est comme le réel. Ce sont les mêmes zones
du cerveau qui s’allument.
Comment ?
En commençant par établir une « oasis de sécurité », en s’enracinant, en étant
présent dans les sensations, ici et maintenant (car ici et maintenant, il n’y a pas
de danger) en construisant des ressources (toujours en étant dans le senti du
positif de ces ressources dans le corps, qui a besoin de 7 fois plus de temps que
le néocortex pour intégrer le vécu), en abordant l’expérience traumatique par «
petits morceaux », en utilisant les ressources construites préalablement pour
neutraliser l’activation, en allant lentement, en dirigeant l’attention sur les
événements qui se sont produits et après et avant l’évènement et en allant
progressivement, lentement vers le cœur du traumatisme. En revenant
régulièrement sentir le vécu des ressources pour renouer régulièrement avec la
sécurité et son effet apaisant, il est possible de restaurer une continuité du
sentiment de soi. Il s’agit d’aller de la fragmentation vers l’intégration.
En développant une conscience somatique plus profonde, la personne est plus en
harmonie avec ses sensations et peut donc remarquer les signes d’activation
beaucoup plus tôt dans le processus
En vivant la réponse biologique de survie, en achevant la boucle du cerveau
autonome, en vivant la solution de fuite ou d’attaque-défense ou en sentant
l’écroulement du figement, en accueillant ces sensations et le corps se régule de
lui-même et en sort.
Cette méthode aide la personne à se sentir plus vivante, plus présente (quand
nous sommes dans les sensations, nous sommes ici et maintenant ; je sens
maintenant dans mon corps). La personne non seulement guérit de son
traumatisme et de ses symptômes mais se sent beaucoup plus spontanée,
créative, en contact avec elle-même, les autres et l’univers…. Le traumatisme
résolu est une voie classique de transcendance.
Elle redécouvre les valeurs du lien, de la solidarité et de la fraternité humaine. Ce
qu’elles ont vécu a entraîné une expérience de chaos, de rupture, de « perte du
lien » avec « eux mêmes, les autres et l’univers » et quand elle parvient à
retrouver ce lien et la sécurité qui y est attachée, elle retrouve non seulement un
Si nous sommes dans la communication nous inhibons fuite combat et figement
Si nous arrêtons la fuite et le combat nous irons vers le figement
Et si nous sommes dans le figement nous arrêtons fuite combat et communication
Les personnes qui sont souvent dans l’engagement social vivent mieux que ceux qui sont dans fuite ou combat
ou figement. Donc favorisons la stratégie d’engagement social
Chaque niveau de fonctionnement inhibe les autres niveaux
Plus nous établissons un climat de parasympathique ventral plus nous serons dans l’échange
Dès que nous sommes dans la fuite ou le combat nous ne discutons plus
L’engagement social est la première intention des mammifères
Concepts-clés dans le modèle de la « SE » pour guérir le traumatisme
● La « Somatic Experiencing » considère que le traumatisme est une partie naturelle et normale de la vie. Il n’est
ni une erreur, ni une maladie .
● La « Somatic Experiencing » pense que le corps-esprit est conçu pour guérir des expériences intenses et
extrêmes, contrastant ainsi avec la croyance répandue que les effets du traumatisme sont permanents.
● L'approche thérapeutique de la « Somatic Experiencing » se focalise sur :
le fait de donner du pouvoir sur soi, la maîtrise, l'élargissement des choix, l’autogestion et l'autodétermination.
● La « Somatic Experiencing » fonctionne à l’intérieur du champ de résilience du patient pour faciliter le
rétablissement de la guérison le plus efficacement, au lieu de passer à travers "la résistance", ou d’encourager la
catharsis émotionnelle ou le malaise physique douloureux.
● Le contenu d'une histoire est utilisé pour pister l'activation, plutôt que de chercher les souvenirs.
● Les symptômes représentent l'activation attachée : ils montrent exactement où désactiver la charge d'excès
laissée par l'événement traumatique. Les symptômes ne sont pas un état de maladie, bien qu'ils puissent être
associés à une maladie actuelle. La solution n'est pas une pathologie sur ou sous accentuée.
● La « Somatic Experiencing » travaille principalement avec "le felt sense", en ayant accès aux sensations
physiques, aux images et aux modèles moteurs, avec un accent moindre mis sur les processus cognitifs et
émotionnels.
● La « Somatic Experiencing » aide le patient à reconnaître et à étendre les ressources internes, externes et
manquantes afin d'aider à la guérison de l'événement traumatique.
● La « Somatic Experiencing » stabilise le patient dans une sécurité, il est ancré et ressourcé avant de travailler
avec n'importe quel matériel traumatique.
● La « Somatic Experiencing » aide à faciliter la re-régulation dedu système nerveux autonome en rétablissant en
douceur les cycles de l'interaction entre le sympathique et le parasympathique.
● Le travail est réalisé avec "juste assez" d'activation pour permettre la décharge, l'intégration et/ou l'achèvement
à l’intérieur du champ de résilience actuel d'une personne.
● La « Somatic Experiencing » travaille en périphérie de l'activation. Cela signifie que nous pouvons commencer
notre travail loin de la zone de la plus grande blessure où nous pouvons examiner l'événement traumatique à
partir de ce qui est arrivé auparavant et après le noyau principal de cet événement. Cela nous permet de réduire
un peu de charge reliée, et de construire assez de stabilité pour tolérer les sensations fortes et les émotions
contenues aux extrémités de l'événement.
● La « Somatic Experiencing » travaille dans « l’ici et maintenant » et se concentre sur les sensations et les
mémoires du corps et sur les ressources qui apparaissent.
● En développant chez une personne la tolérance de ses sensations physiques, cela l’aide à avoir confiance
dans la sagesse innée du corps, et commence à découpler, ou à se séparer de la crainte et de la terreur
éprouvées pendant l'événement
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