Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe Décembre 2007 Avec le soutien de : Table des matières Avant propos ...................................................................................................................................... 3 Résumé ................................................................................................................................................. 5 1. L’immobilier comme classe d’actifs.......................................................................................15 1.1. De l'immeuble à la classe immobilière.......................................................................................... 16 1.2. Les principaux investissements immobiliers............................................................................... 19 1.3. L'allocation à l'immobilier dans un portefeuille multi classes............................................31 2. Gestion des investissements immobiliers............................................................................41 2.1. Processus de gestion et construction de portefeuille............................................................ 42 2.2. Mesure et analyse de performance................................................................................................ 50 2.3. Ajustement de l'allocation................................................................................................................. 54 2.4. Mesure et gestion du risque............................................................................................................. 56 3. Dérivés immobiliers.....................................................................................................................65 3.1. Le marché des dérivés immobiliers................................................................................................ 66 3.2. Contrats et transactions types ........................................................................................................71 3.3. Utilisations et limites des produits dérivés................................................................................. 73 4. Résultats d'enquête....................................................................................................................83 4.1. Présentation de l'échantillon............................................................................................................ 84 4.2. Perception de l'immobilier comme classe d'actifs................................................................... 86 4.3. Objectifs de la politique d'investissement dans l'immobilier.............................................. 88 4.4. Investissements immobiliers de fonds propres......................................................................... 92 4.5. Dérivés immobiliers............................................................................................................................... 98 Conclusion........................................................................................................................................................111 Annexes............................................................................................................................................................ 117 Références.......................................................................................................................................................127 A propos de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre.....................................135 A propos du Groupe UFG..........................................................................................................................138 Publié en France, novembre 2007. Copyright EDHEC 2007. Les opinions exprimées sont celles des auteurs et n'engagent ni la responsabilité de l'EDHEC Business School, ni celle du Groupe UFG. Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 Avant propos L’étude que nous avons le plaisir de vous présenter s’inscrit dans le programme « allocation d’actifs et diversification alternative » de l’EDHEC Risk and Asset Management Research Centre. Ce programme a donné lieu à des travaux de recherche considérables sur l’intérêt, les risques et les méthodes d’intégration des classes et instruments alternatifs dans les portefeuilles. Reconnue mondialement pour ses travaux sur les stratégies hedge funds, l’EDHEC a commencé à explorer d’autres investissements alternatifs. L’immobilier, probablement la plus traditionnelle des classes alternatives, connaît une nouvelle faveur auprès d’investisseurs institutionnels en recherche de diversification et de performance. Ce renouveau de la demande institutionnelle a entraîné une plus grande transparence des marchés immobiliers ainsi que leur financiarisation à travers le développement d’outils d’investissement indirect et synthétique. Dans un contexte de relèvement des allocations cibles à l’immobilier, il est crucial d’améliorer les approches traditionnelles et d’intégrer cette classe dans les cadres les plus modernes de gestion d’actifs et de gestion actif-passif. Cette démarche doit permettre d’établir fermement la place de l’immobilier dans l’allocation multi-styles multi-classes, de concevoir des méthodes d’intégration qui optimisent sa contribution à la réduction des risques et à l’amélioration du rendement, et d’exploiter pleinement son potentiel en matière de stratégies de performance absolue. L’Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe constitue une première et importante étape dans cette direction ; elle présente les développements les plus récents sur le marché, dresse un état des lieux des études scientifiques sur la place de l’immobilier dans les portefeuilles multi-classes et la gestion des investissements immobiliers, et analyse les résultats d’une enquête sans précédent sur les pratiques des investisseurs institutionnels Européens. Ses trois premiers chapitres tissent un arrière-plan et structurent un cadre d’analyse à travers la présentation des principales questions scientifiques et industrielles. Ils couvrent l’immobilier comme classe d’actifs, les techniques de gestion des portefeuilles immobiliers, et les dérivés immobiliers. Le quatrième chapitre présente les résultats de l’enquête et analyse les perceptions et les pratiques des investisseurs institutionnels sur ces trois grandes questions. Cette étude n’aurait pu être menée et ce document n’aurait pu voir le jour sans le soutien du Groupe UFG que nous remercions chaleureusement. Nous tenons également à remercier Frédéric Ducoulombier, l’auteur de cette étude, Tao Ye pour sa contribution à la collecte des données, et l’équipe de Peter O’Kelly et Laurent Ringelstein pour son rôle dans la production de ce document. Noël Amenc Professeur de Finance à l’EDHEC Directeur de l’EDHEC Risk and Asset Management Research Centre Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 3 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 A propos de l'auteur Professeur associé à EDHEC Business School depuis 2002, Frédéric Ducoulombier est directeur adjoint de la recherche et directeur d’EDHEC Asset Management Education. Au cours des dix dernières années, il a exercé des missions d’encadrement dans les domaines de la conception, de la gestion et de l’internationalisation des formations et assuré des enseignements de finance en France et en Chine. A l’EDHEC, il a réorganisé les programmes M.Sc. et participe aujourd‘hui à la mise en œuvre de la politique de recherche. Fin 2004, il a rejoint l’EDHEC Risk and Asset Management Research Centre pour créer une activité de formation continue qui compte désormais des centaines d’entreprises clientes en Europe. Responsable du programme de recherche en immobilier du centre, Frédéric Ducoulombier a publié des articles sur les indices et dérivés immobiliers dans des revues professionnelles et présenté ses travaux lors de conférences industrielles. Il est diplômé du programme grande école d’IÉSEG School of Management, du programme de troisième cycle en administration et communication sur l'Asie de l'Est des universités de Montréal et McGill et titulaire de la certification professionnelle Chartered Alternative Investment AnalystSM. 4 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre Résumé Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 5 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 Résumé Ce résumé de l’Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe, effectue un tour d’horizon des résultats consacrés à l’immobilier en tant que classe d’actifs, à la gestion d’un portefeuille immobilier et aux dérivés immobiliers avant de présenter de manière synthétique les principaux enseignements d'une enquête menée auprès des investisseurs immobiliers européens. Marchés, pratiques et résultats académiques L’immobilier comme classe d’actifs De l’immeuble à la classe d’allocation A l’origine de la classe immobilière sont les immeubles, actifs réels physiquement attachés à des lieux, fort hétérogènes, de valeurs unitaires élevées, difficilement divisibles et exigeant une gestion opérationnelle lourde. Ces caractéristiques expliquent qu’ils se traitent sur des marchés décentralisés de recherche directe ou d’agence, structures de marché marquées par des coûts de transaction importants, une faible liquidité et une transparence limitée ; qu’ils génèrent des frais de gestion importants mais également des opportunités de création de valeur particulières au contrôle direct ; et que leur risque spécifique soit important et difficilement diversifiable. L’acquisition d’immeubles en direct et le financement hypothécaire sont les deux faces traditionnelles de l’investissement immobilier. La titrisation des dettes et la création de véhicules d’investissement collectif séparent la gestion et la propriété. Ces développements plus récents offrent aux investisseurs des voies d’exposition dans de meilleures conditions de granularité, de diversification, et lorsqu’existent pour ces supports des marchés secondaires actifs, de liquidité. Le modèle des quadrants présente la richesse des investissements à sous-jacent immobilier selon les axes fonds propres vs dettes et marché privé vs libre négociation ; l’ensemble de ces 6 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre investissements sont candidats à l’inclusion dans une classe immobilière. Les particularités du sous-jacent et de ses marchés et la capacité de constituer un groupe homogène d’actifs dotés de caractéristiques distinctives de rendement et représentant un univers d’investissement de taille suffisante permettent de considérer l’ensemble des supports d’exposition de type fonds propres en tant que classe d’allocation particulière ; les produits hypothécaires sont en revanche rangés au sein de la classe obligataire traditionnelle. Cette vision, consensuelle aujourd’hui, considère les entreprises immobilières cotées comme des membres à part entière de la classe alors que l’approche traditionnelle les excluait. Une nouvelle position minoritaire accueille les produits de l’ensemble des quadrants au sein de la classe. Importance de l’immobilier dans un portefeuille multi-classes Les arguments généralement avancés en faveur de l’immobilier sont principalement la faible volatilité, un haut rendement ajusté, une supériorité comme couverture contre l’inflation, une composante revenus élevée et stable et d’excellentes qualités de décorrélation ; seuls les deux derniers sont bien étayés par les recherches académiques. Les études de long terme et celles consacrées à l’immobilier résidentiel sont plus positives quant aux qualités de couverture. La disponibilité restreinte et les biais des indices du marché de l’investissement direct rendent difficile la définition d’une allocation optimale. L’utilisation d’indices lissés et retardés et/ou ne tenant pas compte des variations de liquidité non traduites dans les prix conduit à la sous-estimation de la volatilité de l’immobilier et de ses co-moments avec les autres classes d’actifs, donc à une surestimation de son intérêt dans un portefeuille diversifié. Les modèles de gestion d’actifs en moyenne-variance qui corrigent ces biais suggèrent une allocation de 15% à 25% à la classe immobilière pour un portefeuille équilibré ; les études utilisant des mesures de risque Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 Résumé Caractéristiques des principaux supports d’exposition asymétriques et extrêmes parviennent à des allocations moindres. Les premières études de gestion actif-passif intégrant l’immobilier concluent à des allocations inférieures en raison d’une faible corrélation de la classe avec les passifs ; cette dernière étant en partie liée aux biais déjà soulignés, des travaux complémentaires sont nécessaires. Les caractéristiques particulières des principaux supports d’exposition justifient leur présentation détaillée, résumée par le tableau ci-dessous pour les produits de fonds propres. Investment en direct Fonds non cotés Immobilier coté Marché Européen (milliards d'euros fin 2006) 2430 (valorisation immeubles) 440 (actifs bruts des fonds) 327 (capitalisation) Contrôle des actifs (et gestion opérationnelle) Maximum (indispensable) Délégué (déléguée) Délégué (déléguée) Investissement unitaire / minimum Très important Important à faible Très faible Très faible De faible à moyenne De moyenne à bonne Liquidité Faible Très faible (private equity) à élevée (fonds ouverts à l’allemande) Très élevée Transparence Faible Très faible à correcte Très élevée Très élevés Très élevés à moyens Faibles Oui, avec des variations géographiques Non, d’importantes variations géographiques et sectorielles Non, d’importantes variations géographiques et sectorielles Valorisations basées sur des expertises (INREV/IPD) Transactions boursières (EPRA, GPR, IEIF) Identité De moyenne à très élevée Très faible Très faible Très faible à faible Elevée Concentration et liquidité Concentration et liquidité en proportions variables selon l’instrument Risque du marché des actions Diversification Coûts de transaction Marché complet Type d’indice (fournisseur(s)) Corrélation de l’indice avec l’immobilier direct (à court terme) Corrélation de l’indice avec les actions Risques principaux Expertises pour l’immobilier commercial (IPD) et transactions pour le logement (pas d’indice Européen) Gestion du portefeuille immobilier Leviers de valeur, sources de risque Au sein d’un portefeuille immobilier, la création de valeur peut s’effectuer à trois niveaux : celui de l’allocation d’actifs stratégique et tactique liée à la capacité de prévision exercée dans les limites des objectifs et contraintes de l’investisseur, celui de la sélection d’actifs, et celui de la gestion des immeubles contrôlés directement. La gestion immobilière traditionnelle est centrée sur ces deux dernières sources alors que la gestion moderne joue sur l’ensemble des leviers. Les stratégies d’allocation impliquent la création de portefeuilles représentatifs, donc bien diversifiés, et entraînent des transactions de rééquilibrage. En raison des difficultés de diversification des portefeuilles directs et des coûts et délais liés aux transactions physiques, les stratégies descendantes (top-down) sont difficiles à mettre en œuvre et les investisseurs peuvent rationnellement préférer une approche ascendante (bottom-up) qui met l’accent sur les sources de valeur traditionnelles sous contrainte globale de risque ou d’allocation. La performance d’un investissement immobilier est liée à des facteurs spécifiques à l’immeuble Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 7 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 Résumé et à ses conditions de location mais également à des facteurs systématiques. Les sources de risque systématique identifiées sont la croissance réelle, l’emploi, les taux d’intérêt et les surprises d’inflation. Ces facteurs macroéconomiques affectent les rendements des biens avec une vitesse et une intensité qui varient avec le secteur (bureaux, commerces, industrie/logistique, résidentiel) et les conditions nationales, régionales et locales. Axes et limites de la diversification Au niveau domestique, la diversification du portefeuille immobilier par secteur génère une réduction de risque nettement supérieure à l’approche géographique même lorsque cette dernière utilise des régions économiques plutôt qu’administratives. La diversification internationale permet une réduction importante du risque, a fortiori lorsque sont exploitées les différences de synchronisation des cycles économiques ou immobiliers nationaux. Par ailleurs, une fois établi un portefeuille diversifié internationalement, l’intérêt marginal de la diversification sectorielle est faible. Les secteurs des bureaux et commerces apparaissent plus intégrés internationalement que les actions. L’efficacité de la diversification internationale est réduite lorsque les locataires de biens sur des marchés nationaux différents appartiennent à la même industrie globalisée ou lorsque les flux d’investissements institutionnels dans l’immobilier se concentrent sur un petit nombre de marchés. En pratique la diversification internationale se heurte au risque de change puisque la volatilité des monnaies est en moyenne bien supérieure à celle des rendements immobiliers. Les autres limites de la diversification internationale sont la nécessité d’une expertise locale, le risque politique et les restrictions sur les investissements étrangers, les problèmes fiscaux, le manque de profondeur et l’illiquidité de certains marchés, notamment émergents – tous facteurs qui peuvent également être perçus comme des opportunités. 8 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre La diversification du risque spécifique apparaît impossible en direct : si sous hypothèse de normalité des rendements, un portefeuille équipondéré de 30 à 40 immeubles est en moyenne diversifié à 95%, la réalité des rendements et l’indivisibilité des immeubles exigent un investissement dans plusieurs centaines de biens pour obtenir le même résultat moyen et un nombre encore supérieur est nécessaire pour limiter le risque qu'un portefeuille donné de diverger significativement de cette moyenne. Ce résultat soutient une vision active de l’investissement direct centrée sur la sélection et la gestion des actifs d’un portefeuille direct peu diversifié ou un fort recours à l’intermédiation pour les stratégies supposant la diversification. Difficulté d’une gestion dynamique dans l’immobilier non coté Les modifications d’allocation au sein d’un portefeuille immobilier géré en direct sont lourdes et coûteuses. La modification de l’exposition à travers des fonds non cotés est limitée par la très faible liquidité de nombreux supports et la disponibilité limitée de fonds spécialisés sectoriellement au niveau pays. La gestion dynamique d’un portefeuille d’immobilier coté ne pose pas de problème particulier mais ses possibilités sont limitées par l’inégal développement du marché dans les divers pays Européens. En revanche, la modification de l’exposition d’un portefeuille d’immobilier non coté par une approche synthétique utilisant les entreprises immobilières cotées – indéniablement séduisante sur les plans de la liquidité et des frais – n’est pas praticable en raison d’une substituabilité limitée de ces formes d’exposition dans le court terme. Mesure et analyse de performance Pour les investissements directs dans l’immobilier, l’intérêt des approches d’analyse de la performance au niveau du portefeuille est limité du fait de l’impossibilité d’une gestion Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 Résumé indicielle et de la lourdeur des changements d’allocation ; en revanche la performance peut être décomposée au niveau de chaque immeuble. Les investissements indirects cotés ou valorisés fréquemment se prêtent mieux à l’analyse de performance et l’analyse de style sous réserve de la disponibilité d’indices adaptés. L’utilisation des mesures de performance ajustée de Sharpe et Sortino présuppose la correction des biais liés à la fréquence et la nature des données. Mesure, analyse et gestion du risque Les rendements immobiliers sont susceptibles d’être autocorrélés et non-normaux, ce qui justifie pour les mesures de performance et les modèles d’allocation que soient menés des tests, apportés des correctifs éventuels, et utilisées des mesures de risque asymétriques et de risque extrême. Néanmoins, les limites de disponibilité et de fréquence des données limitent l’application pratique de ces approches en matière d’immobilier non coté. Lier les mesures de risque à des sources de risque au niveau des actifs individuels et des portefeuilles permettrait non seulement de meilleures décisions d’allocation mais également l’activation de leviers d’action n’exigeant pas de modifications d’allocation. En outre, la gestion de l’exposition du portefeuille immobilier aux risques de change, de taux, et d’inflation peut se faire selon les techniques habituelles ; les dérivés immobiliers ouvrent la porte à la gestion du risque systématique immobilier. Dérivés immobiliers Marchés des dérivés immobiliers Après des expériences malheureuses ou limitées naît en 2004 un marché de gré à gré des swaps sur les indices IPD de l’immobilier d’entreprise britannique qui atteint aujourd’hui une taille notable, inspire un marché comparable aux EtatsUnis, et s’exporte en Europe continentale. En matière d’immobilier de logement, un marché de gré à gré des dérivés et structurés s’est développé autour de l’indice britannique Halifax tandis qu’à la bourse des produits dérivés de Chicago, les contrats sur indices Case-Shiller cherchent encore leur public. Plus récents sont les lancements par le CBOT et le Liffe de dérivés sur indices d’immobilier coté américain et européen. Principaux produits et utilisations A ce jour, le marché des dérivés immobiliers est essentiellement un marché des swaps de rendement total sur indices d’immobilier direct construits à partir de données d’expertise, et en particulier sur les indices IPD du Royaume-Uni. Le swap le plus courant voit l’échange pour le moyen terme de la performance de l’indice ensemble des actifs contre le taux interbancaire à trois mois plus (ou moins) une marge ; quelques swaps secteur ou sous-secteur contre ensemble des actifs ont été enregistrés. Les dérivés d’indices immobiliers permettent d’établir ou de modifier une exposition au risque du marché de manière potentiellement plus efficace en terme de liquidité, de coût, de granularité, de rapidité ou de flexibilité que ce qui est possible sur le marché du sous-jacent ; ils sont donc particulièrement intéressants en matière d’immobilier direct. Les dérivés immobiliers peuvent être utilisés dans une optique d’investissement et de diversification, d’arbitrage entre marchés et segments et de spéculation à la baisse, et possiblement pour la couverture et la gestion synthétique des portefeuilles. Limites des produits dérivés sur indices d’immobilier direct L’efficacité des dérivés sur indices immobiliers pour la couverture et la gestion synthétique exige que le portefeuille que l’investisseur cherche à protéger ou rééquilibrer soit fortement corrélé à l’indice. En matière d’immobilier direct, une telle situation sera exceptionnelle puisque les indices de référence, contrairement aux portefeuilles, sont Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 9 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 Résumé hautement diversifiés ; ces techniques n’auront donc qu’une efficacité partielle. La difficulté de réplication des indices d’immobilier direct assis sur les expertises rend difficile la couverture des dérivés pour lesquels ils servent de sous-jacent, ce qui d’une part limite la liquidité du marché et d’autre part jette un doute sur les prix puisque l’évaluation par arbitrage stricto sensu n’est pas possible. Des travaux sur les méthodes de couverture au comptant ou synthétique seront nécessaires. Les indices basés sur des valeurs liquidatives de fonds de fonds immobiliers apportent une solution partielle au problème de la couverture grâce à l’existence d’un sous-jacent investissable. Le problème ne se pose pas en matière de dérivés sur indices d’immobilier coté étant données l’investissabilité du sous-jacent et la possibilité de le vendre à découvert. Principaux enseignements de l’enquête L’enquête a été menée entre Novembre 2006 et Mai 2007 auprès de trois catégories d’investisseurs institutionnels Européens : investisseurs finaux (compagnies d’assurance et fonds de pension), gestionnaires d’actifs diversifiés, et spécialistes de l’immobilier (gestionnaires d’investissements immobiliers et sociétés foncières.) Elle a généré 143 réponses d’investisseurs de 19 pays représentant un volume total de plus de 3000 milliards d’euros d’actifs sous gestion et plus de 400 milliards d’actifs immobiliers. Les 86% des répondants qui sont investis dans l’immobilier ont une expérience moyenne de la classe de 24,5 années. L’immobilier comme classe d’actifs L’immobilier est perçu comme une classe d’actifs distincte qui recouvre l’investissement en direct et les produits de « pierre-papier » actions Près de 100% des répondants reconnaissent 10 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre l’immobilier en tant que classe d’actifs distincte. Au sein de cette classe, les investisseurs intègrent largement les véhicules indirects d’exposition au risque de l’investissement de type fonds propres dans l’immobilier (« pierre-papier ») mais font preuve d’une attitude contrastée vis-à-vis des dettes immobilières. Les défenseurs d’une vision restrictive de l’investissement immobilier sont minoritaires : 4,2% des répondants identifient la classe immobilière aux immeubles acquis en direct et 14,7% estiment que seuls les investissements non cotés (en direct ou à travers des fonds) sont réellement de nature immobilière. 72% des répondants reconnaissent simultanément les trois voies d’exposition aux investissements de fonds propres : acquisition directe d’immeubles, achat de parts d’un fonds non coté, investissement dans des foncières cotées. Les produits structurés immobiliers, indices investissables et dérivés immobiliers reçoivent un accueil favorable puisque 67,8% des investisseurs acceptent ces innovations au sein de la classe. Au global, 38,5% des répondants reconnaissent les dettes immobilières comme membres de la classe mais la moyenne est trompeuse puisque 63,2% des gestionnaires spécialisés sont de cette opinion contre 29,5% des autres investisseurs. Politique d’investissement dans l’immobilier Objectifs : diversification, performance, et couverture Pour les investisseurs non spécialisés, les trois principales raisons justifiant l’allocation à l’immobilier sont la diversification du portefeuille global (27,2%), une performance ajustée attrayante (20,5%), et la protection contre l’inflation (11,3%). Au global, les diverses raisons liées à la diversification sont dominantes pour des investisseurs qui montrent un intérêt secondaire pour la recherche de surperformance. Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 Résumé Les excellentes performances de l’immobilier dans la période récente peuvent expliquer cet état de fait ; dans une conjoncture moins favorable, les investisseurs pourraient ne plus se satisfaire de la performance du marché (bêta) et adopter une approche plus discriminante (recherche d'alpha). Allocation stratégique : 10% 74,5% des répondants (hors spécialistes de l’immobilier) approchent leurs investissements immobiliers dans le cadre d’une classe d’allocation distincte tandis que 23,5% investissent de manière opportuniste ; ces derniers sont des investisseurs de taille plus modeste. L’allocation cible moyenne est de 9,9% dans le cadre d’une fourchette de 5,7% à 13,5% des actifs. Supports : hiérarchie traditionnelle pour l’exposition fonds propres, place marginale des dettes et allocation modeste aux nouveaux produits L’étude des supports utilisés par les investisseurs pour leur allocation à la classe immobilière montre au global la place extrêmement marginale des purs produits de dette (3%), le respect de la hiérarchie traditionnelle au sein des supports d’exposition au risque de fonds propres (investissement direct : 50%, fonds non cotés : 24%, immobilier coté : 17%), et l’importance encore limitée des offres récentes de produits structurés (2%), indiciels (3%) et dérivés (1%). L’équilibre global entre investissement direct et investissement intermédié dissimule des différences marquées puisque les spécialistes de l’immobilier investissent en direct 75% de leurs fonds, soit deux fois plus que les autres investisseurs. Les gestionnaires d'actifs diversifiés placent l’immobilier coté devant les fonds non cotés et sont les plus ouverts aux nouveaux supports d’exposition. L’étude montre une relation positive entre taille du portefeuille et allocation à l’immobilier direct qui illustre les problèmes de diversification des portefeuilles immobiliers investis directement et identifie par ailleurs les fonds non cotés comme le plus proche substitut à l’investissement direct. Gestion du portefeuille immobilier Mesure de performance des investissements immobiliers : une orientation primaire de rendement absolu couplée à des pratiques évoluées d’évaluation relative 80,6% des spécialistes et 52,1% des autres investisseurs indiquent se fixer d’abord un objectif de rendement absolu nominal ou réel. Parmi les divers types d’investisseurs interrogés, seuls les fonds de pension ont une première optique majoritairement relative (56%). Néanmoins, 46,7% des investisseurs d’orientation principale rendement absolu utilisent également des références relatives. Au global 68,5% des répondants utilisent de manière principale ou secondaire des références relatives pour la mesure de la performance de leurs investissements immobiliers, ce qui indique un potentiel pour des supports indiciels bien supérieur aux allocations constatées. L’analyse détaillée des réponses montre une grande maturité des pratiques d’évaluation relative : correspondance entre les modes d’investissements et les types d’indices utilisés, pertinence des choix sectoriels et géographiques, etc. En matière d’immobilier direct, les indices IPD et NCREIF sont en situation de monopole dans les régions qu’ils couvrent. Les indices de la famille EPRA sont de loin les plus utilisés pour l’évaluation des investissements dans l’immobilier coté et seuls les indices fournis par GPR apparaissent comme des concurrents moins que marginaux. Sources de risque et de performance : place centrale du risque spécifique, importance des risques sectoriel et géographique Les investisseurs interrogés perçoivent les risques idiosyncrasiques comme les principaux facteurs Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 11 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 Résumé explicatifs de la performance des investissements immobiliers. Tant pour les spécialistes que pour les non spécialistes, le facteur cité en premier et le plus cité parmi les trois facteurs de risque principaux fait une référence explicite aux caractéristiques spécifiques des immeubles (emplacement, utilisation, taille, âge, architecture, etc.). Pour les spécialistes de l’immobilier, l’autre facteur clef se dégageant est également spécifique puisqu’il s’agit des conditions des baux et de la solidité des preneurs de bail. Ces réponses traduisent une approche traditionnelle de l’investissement immobilier dans le cadre de laquelle les spécialistes voient les leviers de création de valeur essentiellement au niveau de chaque immeuble. Les investisseurs non spécialisés identifient les expositions sectorielles et géographiques comme autres dimensions importantes du risque. Gestion du risque : la diversification est la seule approche pertinente et doit être à la fois sectorielle et géographique, un indice pan-Européen serait un outil de diversification précieux La diversification apparaît comme la seule approche pertinente pour les spécialistes de l’immobilier et la plus utile pour les autres investisseurs. Parmi les autres propositions, seule la limitation de l’allocation relative à l’immobilier trouve grâce auprès des investisseurs non spécialisés ; les produits structurés immobiliers à capital garanti sont jugés peu utiles et les dérivés ne reçoivent pas un bon accueil. Les spécialistes immobiliers n’ont pas l’opportunité de limiter la part de l’immobilier dans le portefeuille et accordent encore moins d’intérêt aux dérivés et structurés. Les investisseurs identifient les deux principales dimensions de la diversification comme étant sectorielle et géographique. Pour les investisseurs spécialisés, la troisième dimension est basée sur l’analyse financière et les considérations de style (croissance vs rendement, cœur vs valeur-ajoutée ou opportuniste) importent également. Pour 12 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre les autres investisseurs, la troisième dimension de diversification pertinente est selon le type d’instrument ou le gestionnaire, préoccupations particulières à des investisseurs intervenant indirectement dans l’immobilier. 65,6% des investisseurs jugent qu’un indice immobilier Européen investissable ou un dérivé sur cet indice est la meilleure solution pour diversifier un portefeuille immobilier fortement concentré nationalement. Dérivés immobiliers 81% des investisseurs ne prévoient pas de recourir aux dérivés à court terme en raison de contraintes de politique d’investissement, d’insuffisance de formation ou d’inadaptation des produits 81% des investisseurs interrogés ne prévoient pas d’utiliser les dérivés immobiliers dans un futur proche alors que 5% sont déjà utilisateurs et 16% envisagent de les adopter à court terme. L’intérêt est moindre chez les spécialistes de l’immobilier mais grandit avec l’importance du portefeuille. Pour la moitié des spécialistes immobiliers, les produits existants sont mal adaptés aux besoins. Les autres raisons limitant le recours aux produits dérivés chez les gestionnaires spécialisés sont les règles d’investissement en vigueur au sein des structures (42,9%), et de manière plus modeste (32,1%), un manque de familiarité avec les produits. Pour les fonds de pension et les assureurs, le manque de familiarité avec les produits est le premier obstacle à l’utilisation des dérivés immobiliers (55,3%), puis sont citées la mauvaise adaptation des produits aux besoins (34,2%) et les contraintes réglementaires (31,6%). Chez les gestionnaires diversifiés, le principal obstacle est la politique d’investissement en vigueur (42,9%) puis sont cités le manque de familiarité avec les produits (35,7%) et leur mauvaise adaptation aux besoins (28,6%). Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 Résumé Facteurs clefs de succès des dérivés immobiliers : qualité de l’indice, liquidité des contrats La transparence de l’indice utilisé comme sousjacent des contrats apparaît comme l’exigence centrale. Les investisseurs jugent également très importante sa représentativité et importante sa couverture. La liquidité / investissabilité de l’indice apparaît aussi comme une considération très notable, particulièrement chez les nonspécialistes. Au niveau du marché, l’exigence principale est la liquidité des contrats, loin devant la capacité à mettre en œuvre une couverture efficace, la réduction des coûts et la présence d’une contrepartie centrale pour réduire le risque. Les investisseurs rejettent unanimement et massivement les indices basés sur des consensus d’agents immobiliers et expriment au global une préférence pour des indices de transaction à qualité constante. Le dérivé immobilier idéal : un contrat à terme ferme de moyen terme et très liquide sur le rendement total d’un indice d’immobilier d’entreprise ensemble du marché ou sectoriel, au niveau national ou international Les investisseurs ont au global une préférence pour les contrats à terme ferme alors que la quasi-totalité du volume de marché actuel se concentre sur des contrats d'échange (swaps). Ils se satisfont des dérivés sur le rendement total des indices et n’expriment pas de besoin marqué de séparation des composantes loyer et valeur vénale du rendement. diversifiés investissant significativement dans l’immobilier concentrent leur attention sur les indices sectoriels de l’immobilier d’entreprise et s’intéressent également aux indices ensemble du marché, l’ordre est inversé pour les gestionnaires diversifiés de plus petite taille. L’essentiel de la demande de dérivés se place à un niveau national, mais il existe également un fort intérêt pour une offre pan-régionale ; l’idée d’un dérivé sur immobilier global laisse au mieux les investisseurs indifférents. Tous les investisseurs ont des exigences de liquidité importantes vis-à-vis des contrats de dérivés puisque les trois fréquences les plus citées sont le mois, la semaine et la journée. Si les gestionnaires diversifiés expriment les besoins de liquidité les plus importants, les autres investisseurs ont des exigences surprenantes eu égard à leurs mode et horizon d’investissement. C’est l’échéance un an qui recueille le plus de suffrages pour chaque type d’investisseurs. Pour les gestionnaires spécialisés, les deux échéances les plus citées ensuite sont 5 ans et 3 ans. Pour les fonds de pension et les compagnies d’assurance, il s’agit des échéances 2 ans et 3 ans. Les gestionnaires diversifiés sont orientés court terme puisque leurs trois échéances de prédilection sont à un an au plus. Les gestionnaires immobiliers sont neutres vis-àvis des indices ensemble du marché sous réserve que le secteur résidentiel ait été exclus, estiment les indices sectoriels et sous-sectoriels plutôt utiles et ne montrent aucun intérêt pour les dérivés liés aux indices de logement. Les fonds de pension, compagnies d’assurance et les gestionnaires Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 13 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 14 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 1. L’immobilier comme classe d’actifs Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 15 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 1. L’immobilier comme classe d’actifs 1.1. De l’immeuble à la classe immobilière 1.1.1. Les caractéristiques du sous-jacent Les biens fonciers et immobiliers sont des actifs réels physiques qui participent directement à l’activité productive tandis que les actifs financiers liés à l’immobilier attestent de droits de propriété (conditionnels pour les créances) sur les actifs réels et les revenus et avantages produits par ceux-ci. Les principales caractéristiques distinctives du sousjacent immobilier sont l’importance de sa valeur unitaire, sa non divisibilité, sa grande hétérogénéité, son caractère d’immeuble au sens physique, et la nécessité de son suivi opérationnel. Importance des valeurs unitaires et non-divisibilité Fin 2006, la valeur moyenne d’un bien au sein de l’indice pan-Européen d’immobilier d’entreprise d’Investment Property Databank (IPD) était de 16 millions d’euros. Les valeurs moyennes variaient du simple au quintuple selon les pays (annexe 1), et du simple au double selon les types de bien puisqu’une unité de bureaux ou commerces était environ deux fois plus coûteuse qu’une unité logistique/activités ou qu’un immeuble d’habitation. Les immeubles sont difficilement divisibles et les biens immobiliers d’entreprise ont typiquement un propriétaire unique. Il est bien entendu possible et courant pour les investisseurs institutionnels de créer une coentreprise dont l’objet social est l’acquisition d’un immeuble en particulier. En revanche, les expériences de titrisation d’immeubles menées en Europe ont été des échecs. Ces caractéristiques limitent la liquidité du marché en excluant nombre d’investisseurs d’une participation directe et en le rendant granuleux. Hétérogénéité et caractère d’immeuble Chaque immeuble est unique de par sa localisation, son architecture et sa structure, sa taille, son âge, 16 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre son état, son utilisation actuelle, etc. En outre, un même immeuble peut être loué selon des arrangements divers (durée, conditions d’indexation, etc.) et à des preneurs de bail très différents (nombre, diversité, solidité financière, etc.). En raison de leur importance pour l’activité économique et le bien être des ménages, la promotion et la gestion immobilière font l’objet d’une grande attention des pouvoirs publics à tous les niveaux. Les règles nationales, régionales, et municipales régissant la construction et l’utilisation des immeubles renforcent leur caractère localisé. Dans un contexte de concurrence fiscale internationale, la nature immobilière des biens est un désavantage par rapport à des formes plus mobiles du capital et les transactions immobilières restent frappées de droits importants qui s’ajoutent aux taxes sur les revenus locatifs et les plus-values de cession. Ces caractéristiques d’hétérogénéité et de localisation expliquent que les immeubles sont traités de manière épisodique sur des marchés décentralisés de recherche directe ou d’agence. Le niveau d’une transaction immobilière reflète l’issue d’une négociation privée entre le vendeur et un acheteur portant sur un bien particulier localisé sur un marché donné ; ce n’est pas un prix d’équilibre déterminé par la confrontation publique et transparente d’ordres émanant de multiples acheteurs et vendeurs et portant sur un actif fongible traité « en continu » sur un marché centralisé. A ces structures de marché sont associés des coûts d’information (recherche, estimation, audits) et d’autres coûts de transaction importants. En revanche, la nature privée et asymétrique de l’information sur les marchés immobiliers fait généralement supposer des opportunités de performance anormales importantes. Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 1. L’immobilier comme classe d’actifs Nécessité d’un suivi opérationnel Le propriétaire d’un immeuble a d’importantes responsabilités de gestion vis-à-vis de ses preneurs de bail et des autorités publiques. Ces responsabilités demandent un suivi opérationnel, plus ou moins lourd selon le type d’immeuble, qui exclut la détention passive. Elles exigent des compétences diverses et entraînent des coûts importants. Elles peuvent être externalisées auprès de gestionnaires immobiliers aussi connus sous les vocables d’asset managers ou property managers. Les investisseurs institutionnels les plus actifs dans l’immobilier peuvent les assumer en créant des unités ou filiales dédiées, mais le caractère local des immeubles limite les économies d’échelle ou incite à une concentration géographique qui peut être dangereuse. Le contrôle direct sur les biens peut également être source de création de valeur : l’investisseur a l’opportunité de rénover l’immeuble, d’en modifier l'utilisation ou de gérer son portefeuille de baux pour maximiser ses revenus – ces stratégies d’amélioration de valeur au niveau du bien peuvent être couplées avec les évolutions au niveau du marché pour en maximiser l’impact. En raison de leur hétérogénéité, les immeubles ont un risque spécifique relativement plus important que celui des actifs traditionnels. De la granularité et de l’hétérogénéité résultent l’illiquidité et des difficultés de diversification. Pour ces raisons l’investissement immobilier direct a traditionnellement été soit approché dans le cadre d’une gestion active de long terme centrée sur les biens individuels, gestion qui permet de tirer avantage du contrôle direct, soit rejeté faute de moyens humains et capitalistiques suffisants. Cette approche rationnelle est remise en cause par l’émergence de véhicules d’investissement indirect dans l’immobilier. 1.1.2. Typologie des supports d’exposition à l’immobilier Etant donnés l’importance des montants unitaires et la prime fiscale à l’endettement, les investisseurs et propriétaires-occupants ont traditionnellement financé une part importante des prix d’achat de leurs immeubles à l’aide de dettes contractées auprès des institutions financières. Sauf exception le prêt est hypothécaire : l’immeuble acquis à l’aide du prêt est utilisé comme sureté réelle et en cas de défaillance de l’emprunteur, le prêteur peut le saisir pour éteindre sa dette. Ce type de sureté permet un taux d’endettement élevé tout en limitant le taux d’intérêt exigé. Traditionnellement, ces prêts hypothécaires restaient dans les bilans des intermédiaires financiers les ayant consentis jusqu’à leur amortissement définitif ; ils pouvaient de manière exceptionnelle être cédés en totalité à un autre établissement financier. Comme les autres prêts, les créances immobilières ont servi de support aux opérations de titrisation d’abord aux Etats-Unis, puis en Europe et il existe désormais des marchés des titres adossés à des créances hypothécaires permettant aux investisseurs d’acquérir une exposition à la dette immobilière sans exercer d’activité de prêt. Les besoins de financement en fonds propres et de partage des risques ont également incité les investisseurs à rechercher des partenaires plus ou moins actifs dans le cadre de coentreprises, voire à créer des véhicules d’investissement collectif. La levée de fonds importants permet de constituer un portefeuille de biens et de réduire le risque par la diversification. La séparation entre la gestion et la propriété autorise la participation d’investisseurs qui ne disposent pas des ressources ou de l’expertise pour acquérir et gérer en direct un portefeuille immobilier. Les coentreprises et les véhicules collectifs d’investissement permettent une plus grande participation des investisseurs et améliorent la granularité du marché ; elles n’assurent pas forcément une meilleure liquidité. Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 17 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 1. L’immobilier comme classe d’actifs L’appel public à l’épargne fournit des sources de financement long terme additionnelles aux fonds immobiliers et entreprises foncières. L’offre de supports d’investissement indirect dans l’immobilier de montants unitaires faibles et – lorsqu’un marché secondaire actif existe – de meilleure liquidité peut à la fois séduire la clientèle institutionnelle et celle des particuliers. L’investissement immobilier renvoyait traditionnellement aux investissements privés en fonds propres, et créances immobilières. Le développement des investissements librement négociés a élargi cette définition, et il est désormais courant de présenter un « modèle des quadrants » de l’investissement immobilier en distinguant un axe dettes / fonds propres d’une part, et un axe marché privé / libre négociation d’autre part (illustration 1) Illustration 1 : Le modèle des quadrants Marché Privé Libre Négociation Fonds Propres • Investissements en direct • Foncières ne faisant pas appel public à l’épargne • Véhicules collectifs privés • Foncières faisant appel public à l’épargne • Véhicules collectifs librement négociés Dettes • Prêts immobiliers en direct • Véhicules collectifs privés investis dans des créances hypothécaires • Titres adossés à des créances hypothécaires librement négociés 1.1.3. Existence et contours d’une classe immobilière Justification de l’immobilier en tant que classe La question de l’existence d’une classe immobilière en tant que telle a des implications directes pour l’allocation d’actifs mais il n’existe pas de définition standard de ce qui constitue une classe d’actifs. Parmi les critères utilisés pour déterminer si un groupement d’investissements peut être reconnu comme classe se retrouvent (encadré 1) des éléments typologiques de base, des éléments liés aux contraintes d’investissement, et d’autres utiles pour l’allocation d’actifs et sa modélisation. Encadré 1 : Principaux critères constitutifs d’une classe d’investissement • particularités au niveau de la nature et des marchés des actifs primaires sous-jacents, • proximité conceptuelle intragroupe distinctive, • structures légales ou juridiques communes, • taille suffisante pour l’univers d’investissement et nombre suffisant de possibilités de placement représentatives, • caractéristiques de risques et de rendement particulières et relativement stables, • corrélations distinctives au sein du groupe, • facteurs économiques communs identifiables, quantifiables et utilisables pour la prévision, • disponibilité d’une information sur les prix et les caractéristiques des placements, • possibilité d’un investissement passif aux prix affichés et pour des montants suffisants. Sur la base de ces critères, des auteurs comme DeLisle (1995, 2002) ou Chen et Mills (2004) justifient le regroupement des investissements de fonds propres dans l’immobilier, tant directs 18 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre qu’indirects, au sein d’une classe distincte. L’illustration 2 résume les arguments de Chen et Mills. Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 1. L’immobilier comme classe d’actifs Illustration 2 : Raisons fondant l’immobilier en tant que classe d’actifs pour Chen et Mills (2004) Taille suffisante de l’univers d’investissement Rendements compétitifs vis-àvis des actions et obligations Caractéristiques de rendement particulières • L’immobilier commercial représente entre 10% et 20% de la capitalisation totale (immobilier-actionsobligations) dans les pays développés. • Le marché a suffisamment de profondeur pour justifier une allocation de 10% et au-delà au sein d’un portefeuille diversifié efficient. • Historiquement, un rendement réel compris entre 4% et 6%. • De la faible volatilité des rendements immobiliers résulte un rendement ajusté au risque compétitif. • Sa faible corrélation avec les autres classes d’actifs fournit des bénéfices de diversification dans le cadre d’un portefeuille multi classes. • Propriétés de couverture contre l’inflation au cours du temps. • La part loyers est majoritaire au sein du rendement total. Les contours de la classe immobilière en débat Traditionnellement, seuls les investissements de fonds propres non cotés – le quadrant Nord Ouest – étaient jugés comme d’authentiques investissements immobiliers. Les foncières cotées étaient considérées comme un secteur du marché actions et les dettes liées à l’immobilier rangées parmi les produits de taux. 1 - Feldman (2004) ou Riddiough, Moriarty et Yeatman (2005) par exemple. 2 - Hudson-Wilson, Fabozzi et Gordon (2003) puis HudsonWilson, Gordon, Fabozzi, Anson, Giliberto (2005) 3 - Exception faite des produits hybrides telles les obligations convertibles, les dettes mezzanine, ou les tranches « fonds propres » des titres adossés à des créances hypothécaires que les investisseurs avisés rangent avec les actions. 4 - Par exemple si les taxes sur les cessions d’actions et parts sont inférieures et valent pour les sociétés à objet ou prépondérance immobiliers ou si l’endettement de la structure vient diminuer l’assiette pour le calcul des droits. Actuellement, le consensus est de rassembler au sein de la classe immobilière les investissements de fonds propres qu’ils soient cotés ou non, c’est à dire les deux quadrants Nord. Les importantes différences constatées entre leurs rendements sont largement expliquées par les différences de nature, de composition et de calcul de leurs indices respectifs comme l’ont montré divers auteurs après Pagliari, Scherer et Monopoli (2003)1. En outre, la corrélation entre véhicules cotés et non cotés est plus importante à long terme comme l’ont mesuré par exemple Booth et Marcato (2004a, 2004b). De rares auteurs utilisent un indice composite des quatre quadrants pour étudier l’intérêt de l’immobilier dans un portefeuille diversifié2. Si le modèle des quadrants est de plus en plus accepté pour décrire la richesse des produits liés à l’immobilier, l’utilisation d’indices composites pour l’allocation stratégique est minoritaire. Nous craignons pour notre part qu’en raison de leur prépondérance, les dettes immobilières – dont le comportement est très proche de celui des autres produits de taux3 – ne diluent les qualités spécifiques des fonds propres immobiliers et ne faussent l’allocation multi classes. 1.2. Les principaux investissements immobiliers 1.2.1. Investissement de fonds propres L’investissement direct L’investissement direct en fonds propres dans des immeubles est traditionnellement la forme dominante de l’investissement institutionnel dans l’immobilier. Il permet le plus haut niveau de contrôle sur la sélection du bien, sur la structuration financière et fiscale de l’acquisition, sur la gestion de l’immeuble et sur sa cession. Acquisition d’un immeuble ou acquisition d’une société L’investissement dans le sous-jacent physique peut se faire par acquisition directe ou par la prise de contrôle, à 100% ou en coentreprise, d’une société détenant le sous-jacent. Les opérations sur le marché physique de l’immobilier sont soumises à de multiples taxes et droits d’enregistrement. Ces coûts peuvent être moindres lorsque l’achat se fait à travers la prise de contrôle4. L’acquisition à travers une société peut permettre à des investisseurs qui ne sont pas autorisés à s’endetter en direct de bénéficier de levier financier. Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 19 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 1. L’immobilier comme classe d’actifs 5 - L’audit s’intéressera aux sources de risque de l’acquisition envisagée et devra analyser de multiples dimensions (baux, contrats de services et d’entretien, contentieux éventuels, titres de propriété et servitudes, audit technique des bâtiments, etc.). En cas d’acquisition de société, cet audit au niveau des biens devra se doubler d’un audit de la structure. 6 - La taille du marché de l’immobilier d’investissement croît avec l’augmentation de la valeur du stock, l’externalisation des patrimoines immobiliers des entreprises et des administrations, et marginalement avec les activités de promotion immobilière. Il est important d’étudier l’impact fiscal du véhicule utilisé afin de limiter les fuites liées à une double taxation ou au règlement de taxes qui ne pourraient être récupérées par les investisseurs non fiscalisés. A côté des secteurs « cœur » de portefeuille existent des secteurs dits alternatifs : forêts, terrains agricoles, hôpitaux et installations de santé, maisons de retraite, résidences étudiantes, parkings, infrastructures. Lourdeur des transactions La réalisation d’un investissement en direct est un processus lent qui mobilise des expertises variées (commerciale, technique, juridique, fiscale). L’acquisition directe ou à travers une société requiert l’identification du bien, son évaluation, la négociation avec le vendeur, la signature de contrats préliminaires soumis à diverses conditions suspensives, un audit5 complet des biens et des contrats liés pour la levée des conditions suspensives et la conclusion de la vente. En cas de financement de l’acquisition à l’aide d’endettement, les questions de prêts et de suretés s’ajoutent et le prêteur peut devenir une troisième partie au contrat. Styles immobiliers Sur l’axe rendement-risque sont distingués au moins trois styles pour les immeubles : « cœur », « valeur ajoutée » et « opportuniste ». Le style est principalement fonction du risque conjoint du levier financier et de l’importance relative du rendement locatif et du potentiel de plus-value. Aux Etats-Unis, le conseil national des administrateurs de biens immobiliers (NCREIF) a proposé une nomenclature pour ces styles (encadré 2). Typologie des biens En dépit de leur hétérogénéité, les investissements directs sont généralement classés par type ou secteur et zone géographique. Les types de biens varient selon les pays, mais des secteurs « cœur » de l’investissement institutionnel traditionnel se dégagent : bureaux, industrie, commerces, et – dans la plupart des pays – résidentiel. L’annexe 2 révèle toutefois d’importantes variations internationales dans les stocks d’immeubles disponibles par secteur. Celles-ci s’expliquent par des différences de structure économique ou de maturité du marché de l’immobilier d’investissement, mais également par des variations de la part des propriétaires-occupants tant en matière de logement que d’immobilier d’entreprise. Des sous-secteurs peuvent également s’imposer de par des caractéristiques a priori significativement différentes, par exemple, il peut être utile au sein de la catégorie commerces de distinguer les boutiques, des centres commerciaux. 20 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre Taille et liquidité du marché Européen A la fin 2006, RREEF (2007) estime la valeur totale de l’immobilier Européen à 9 200 milliards de dollars dont 6 100 milliards potentiellement disponibles pour un investissement de qualité institutionnelle (38% du stock mondial) et 3 200 milliards (33% du stock mondial) effectivement « disponibles » pour l’investissement, c'est-à-dire non détenus par des propriétaires-occupants. 90% du stock potentiellement investissable est concentré en Europe de l’Ouest qui compte cinq représentants dans les 10 premiers marchés de l’immobilier de qualité institutionnelle au monde : l’Allemagne (3e), le Royaume-Uni (4e), la France (5e), l’Italie (6e), l’Espagne (9e). En ce qui concerne l’investissement disponible, les principaux marchés sont le Royaume-Uni, l’Allemagne, et la France, puis la Suisse, les Pays-Bas, la Suède et l’Italie (annexe 3)6. D’après Jones Lang LaSalle (2007), les transactions en immobilier direct sur le continent Européeen ont atteint (le chiffre record de) €242 milliards en 2006. Rapporté au stock estimé précédemment, ce volume d’échange traduit une durée de détention moyenne de 13 années qui démontre la très faible liquidité du marché en dépit d’une conjoncture particulièrement dynamique. Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 1. L’immobilier comme classe d’actifs Encadré 2 : Styles immobiliers selon la nomenclature du NCREIF (2003) • ACTIFS « CŒUR » Actifs dont une partie relativement grande du rendement total provient des loyers et pour lesquels la volatilité est attendue comme faible. En outre, ils doivent appartenir à l’un des secteurs considérés comme « cœur » pour l’investissement institutionnel (il s’agit pour les Etats-Unis des bureaux, commerces, des immeubles industriels et logistiques, des immeubles résidentiels destinés à plusieurs ménages et, de plus en plus souvent, des hôtels. • ACTIFS « VALEUR-AJOUTEE » Actifs ayant un ou plusieurs des attributs suivants : part significative du revenu total provenant de plusvalues, volatilité intermédiaire, non appartenance aux secteurs d’investissement institutionnel « cœur ». Si le risque global de l’actif est excessif, il doit être rangé dans la catégorie « opportuniste ». • ACTIFS « OPPORTUNISTE » Actifs pour lesquels il est anticipé que l’essentiel du rendement proviendra de plus values ou pour lesquels une volatilité importante est attendue – celle-ci peut s’expliquer par une variété de facteurs comme l’exposition aux activités de promotion, un risque important sur les baux, un levier élevé comme par l’addition de sources de risque modéré qui globalement résultent en une volatilité importante. L’analyse des caractéristiques distinctives de ces trois styles éclaire sur les sources de risqué identifiées par le NCREIF : secteur (« cœur » vs alternatif), position dans le cycle de vie (immeuble en exploitation vs en voie d’achèvement et déjà commercialisé vs au stade de la construction ou de la rénovation), taux d’occupation, concentration des échéances des baux, proximité des échéances, levier, qualité des biens et marchés, contrôle sur la structure d’investissement. Indices Le volume de transactions sur les logements a traditionnellement permis le calcul d’indices basés sur les transactions par les différents acteurs du processus d’acquisition. Le faible nombre de transactions et le manque de données qualitatives sur les biens justifient l’utilisation des expertises – bien plus fréquentes que les transactions – sur le marché de l’immobilier d’entreprise. Les caractères privé et décentralisé des marchés immobiliers rendent malaisée la collecte d’information et l’émergence de producteurs d’indices est un phénomène très récent dans la plupart des pays. IPD a acquis une situation de quasi-monopole dans cette industrie en Europe. Les indices d’expertises sont calculés à partir des montants des valeurs vénales estimées, des loyers et des dépenses en capital fournis à intervalles réguliers par une base de contributeurs. La composition de l’indice évolue en fonction de la participation des contributeurs et des acquisitions et ventes effectuées par ceux-ci. Typiquement tous les calculs sont pondérés des valeurs. Les indices traduisent l’évolution du rendement global des biens. Sont généralement fournis le rendement total, le rendement locatif et le rendement en capital estimé (net des investissements). Ces indices sont calculés pour l’ensemble des actifs et pour les grands secteurs. Ils peuvent ensuite être affinés en sous-secteurs, régions, etc. En Europe, IPD propose des indices annuels pour tous les pays couverts sauf l’Irlande, des indices trimestriels pour l’Irlande et le Royaume-Uni, et des indices mensuels au Royaume-Uni ; des estimations trimestrielles sont proposées pour la Norvège, les Pays Bas et la Suède ; la France pourrait avoir rapidement un indice estimé semestriel. La large couverture des bases de données IPD font de ses indices des références pour le suivi de performance de l’investissement institutionnel dans l’immobilier direct. Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 21 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 1. L’immobilier comme classe d’actifs Plusieurs méthodes sont utilisées pour calculer des indices d’évolution des prix des logements à partir d’échantillons de transactions sur des biens hétérogènes, échantillons dont la composition ne reflète pas forcément le marché (biais d’échantillon) et change à chaque période. La plus utilisée se base sur des régressions dites hédoniques qui corrigent de manière systématique les variations de qualité grâce à la prise en compte d’informations sur les caractéristiques des biens. 7 - Non cotés mais publics, les fonds ouverts allemands sont à l’opposé de ce portrait. 8 - Certains de ces supports – les sociétés de capitaux et les fonds contractuels – peuvent pour des raisons réglementaires faire l’objet d’une cotation technique en bourse. Les véhicules de placement collectif non cotés Avantages et inconvénients Les modes indirects d’investissement dans l’immobilier permettent des investissements de montants unitaires inférieurs à ceux du marché physique, donnent accès à un portefeuille de biens dont certains peuvent être non disponibles ou non praticables pour l’investissement en direct, peuvent réduire les coûts d’information, et autorisent un investissement semi-passif puisqu’une fois le véhicule sélectionné, l’investissement et la gestion sont assurés par des spécialistes externes dont les intérêts peuvent être alignés sur ceux des investisseurs. Les avantages particuliers aux véhicules privés non cotés sont la légèreté de la réglementation, la possibilité d’accéder à un levier financier, la flexibilité (qui décroit avec le nombre d’investisseurs) et, pour une partie d’entre eux, la transparence fiscale. Ils sont en outre évalués de la même manière que les immeubles sous-jacents et sont pour certains échangés à des prix proches de la Valeur Nette des Actifs (VNA) ; à ce titre ils sont largement protégés des changements de sentiment sur les marchés actions. Les défauts principaux de ces véhicules sont leur liquidité limitée, la petite taille de leurs portefeuilles et leur faible transparence7. Notons que sur un marché secondaire, les parts d’intérêts fractionnaires peuvent subir des décotes rationnelles par rapport à la VNA. 22 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre L’investissement délégué implique une perte, partielle ou totale, du contrôle sur la mise en œuvre des stratégies. Le caractère privé de la plupart des véhicules implique des frais de recherche, d’information et de transaction significatifs pour l’investisseur, frais qui s’ajoutent aux coûts supportés par le véhicule pour ses investissements sur le marché du sous-jacent physique. En outre, le recours à un véhicule d’investissement non coté n’exonère pas forcément l’investisseur d’un audit initial du portefeuille d’immeubles (lorsqu’il est constitué), d’un audit de la contrepartie, ou du suivi régulier du respect des obligations contractuelles. Diversité du paysage européen Le paysage des véhicules de placement collectif non cotés8 en Europe est extrêmement divers puisque chaque pays dispose de plusieurs structures. Un rapport IPF de 2001 propose une classification selon la nature juridique qui fait émerger quatre structures communes: sociétés de capitaux, sociétés de personnes, fiducies et arrangements contractuels (annexe 4). D’après OPC (2004), les sociétés de personnes dominent nettement en nombre, puis viennent les formes contractuelles, les sociétés de capitaux et les fiducies. En termes d’actifs bruts la hiérarchie est conservée après exclusion des fonds allemands dont une grande part est détenue par des investisseurs individuels. Ces véhicules peuvent être ouverts ou fermés. Un fonds ouvert autorise souscriptions nouvelles et retraits, opérations qui induisent une variation du capital géré et donc la nécessité d’investir de nouveaux fonds ou de liquider des actifs pour faire face aux rachats. Les fonds fermés n’offrent pas ce type de liquidité ; leur capital ne varie qu’à l’occasion de nouvelles périodes de souscription. Typiquement, les fonds ouverts n’auront pas de durée de vie définie, auront des montants sous gestion plus importants et des actifs moins risqués que les fonds fermés. Les fonds fermés auront Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 1. L’immobilier comme classe d’actifs généralement une durée de vie limitée à quelques années, durée définie à l’origine mais susceptible d’extensions. Taille du marché et caractéristiques D’après les chiffres de l’association européenne des investisseurs dans des véhicules immobiliers non cotés (INREV), le marché des fonds non cotés immobiliers a plus que triplé au cours des 10 dernières années. Ainsi à la fin 2006, la base de données de l’association comptait 446 véhicules européens gérant un total de 224 milliards d’actifs plus 32 fonds ouverts allemands contrôlant collectivement 105 milliards d’euros d’actifs9. 9 - Sur la base des chiffres du marché global fournis par OPC (2005), nous estimons que la base INREV couvre environ les trois quarts du marché. Brounen, Op't Veld, Raitio (2007) notent que la France y est sous-représentée alors que le Royaume-Uni, l’Allemagne et les Pays-Bas y sont surreprésentés. La base compte des fonds prioritairement destinés aux institutionnels mais aussi des fonds visant la clientèle des particuliers. 10 - Reflétant la diversification des styles de gestion pratiqués par les investisseurs institutionnels, la notion de style d’investissement a fait son apparition dans l’immobilier. Diverses palettes de styles sont utilisées pour décrire les véhicules d’investissement ; comme au niveau des immeubles, les pôles sur l’axe risque-rendement sont les styles « cœur » et « opportuniste ». L’INREV a travaillé à la standardisation des définitions de ces styles. Apportant un degré de transparence supplémentaire sur certaines caractéristiques des fonds, ces définitions restent relativement floues et sont d’une utilité encore relative pour l’allocation d’actifs et la gestion des risques. Cette croissance est liée à l’augmentation du nombre et des montants gérés par les fonds traditionnels ou « cœur » et l’apparition suivie d’un développement rapide des fonds d’orientation « valeur-ajoutée » et « opportuniste »10. Les fonds « cœur » gèrent environ plus de deux-tiers des actifs, les fonds « valeur-ajoutée » près d’un cinquième et les fonds « opportuniste » près d’un dixième. La période récente a également vu un développement rapide des produits paneuropéens et 2006, l’apparition des fonds de fonds. La taille moyenne d’un fonds est faible : moins de 700 millions d’euros ou 500 millions après exclusion des fonds ouverts allemands qui avec une taille moyenne supérieure à 3 milliards d’euros comptent parmi les plus gros investisseurs Européens ; elle varie considérablement selon le pays (annexe 5). La plupart des véhicules sont fermés avec une durée de vie initiale comprise entre 7 et 10 ans (Brounen, Op't Veld, Raitio (2007)) ; environ 60% des actifs sont logés dans des véhicules à durée de vie limitée si les fonds ouverts allemands sont exclus (et 40% sans cela.) En volume, l’essentiel des fonds « cœur » (et l’ensemble des fonds-ouverts allemands par ailleurs « cœur » à 92%) sont sans maturité alors que les fonds à durée indéterminée constituent l’exception au sein des orientations plus risquées. Les fonds sont majoritairement investis sur plusieurs secteurs (71% ou 59% sans les fonds ouverts allemands), puis spécialisés dans le commerce (12% ou 18%), les bureaux (9% ou 11%), le résidentiel (3% ou 5%) et l’industriel-logistique (3% ou 4%). Les fonds spécialisés sont essentiellement multinationaux et le Royaume-Uni est le seul pays à disposer de profondeur sur les fonds sectoriels. Géographiquement, les fonds spécialisés sur un pays (notamment Royaume-Uni mais aussi PaysBas) dominent (plus de 150 milliards d'euros), puis viennent les fonds Europe entière (plus de 100 milliards), Europe Occidentale (sous les 25 milliards), Eurozone plus Royaume-Uni, Eurozone, Europe Centrale et Orientale, Europe du Sud, et Pays Nordiques. Indices Au niveau Européen, comme dans la plupart des pays, il existe peu d’information sur la performance des fonds immobiliers non cotés destinés aux institutionnels. IPD commercialise des informations dans le cadre de son service d’analyse de portefeuille. L’INREV s’est associée avec IPD pour fournir un indice paneuropéen des véhicules non cotés. Rassemblant véhicules grand public et institutionnels, il était basé sur 206 fonds et une VNA de 153 milliards d’euros à la fin 2006. L’indice INREV est décomposé en sous-indices par niveau de levier et période dans le cycle de vie (investissement, maturité, liquidation). Au Royaume-Uni, les indices HSBC/AREF/IPD suivent les performances des fiducies (Property Unit Trusts ouvertes aux particuliers ou réservées aux institutionnels), de leurs équivalents au sein des compagnies d’assurance, les fonds de retraite gérés (Managed Pension Funds), et depuis peu des sociétés en commandite (Limited Partnerships). La performance reflète directement le rendement sur VNA. En Allemagne, un indice de fonds « cœur » peut être calculé quotidiennement à partir des VNA des fonds ouverts publics. En France, l’Institut de l’Epargne Immobilière et Foncière (IEIF) calcule sur base de VNA l’indice annuel des Sociétés Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 23 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 1. L’immobilier comme classe d’actifs Civiles de Placement Immobilier (SCPI), véhicules publics fermés détenus à plus de 70% par des particuliers. Corrélation avec l’immobilier direct Baum et Struempell (2006) présentent les résultats d’une étude d’OPC de 2005 qui a mesuré les corrélations des véhicules non cotés avec le marché direct en Allemagne, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni. L’illustration 3 indique une grande proximité des performances. De la même façon, nous trouvons pour la France une corrélation de 82% entre l’indice IPD Bureaux et l’indice IEIF des SCPI pour la période de 1986 à 2006. En dépit des différences à l’actif (détention d’actifs liquides par les fonds ouverts pour gérer la fourniture de liquidité et d’actifs plus risqués par les fonds valeur-ajoutée et opportuniste) et au passif (levier financier), les véhicules non cotés conservent en partie les caractéristiques statistiques de l’immobilier direct. Une partie d’entre eux offre en outre une liquidité supérieure au sous-jacent même si des questions subsistent sur le maintien de la capacité de transformation de liquidité face à des rachats importants qui interviennent généralement dans les phases baissières comme le montre la récente crise des fonds ouverts allemands (annexe 6). Illustration 3 : Comparaison des caractéristiques statistiques d’indices de fonds non cotés avec les indices de référence d’immobilier direct Royaume-Uni Base HSBC/APUT 1990-2004 (Fiducies et fonds gérés) Royaume-Uni Indice PVD (IPD) 1999-2003 (Sociétés en Commandite) Allemagne 1998-2003 Pays-Bas 1999-2003 Corrélation avec l’indice d’immobilier direct local (IPD) 0,98 0,73 0,99 0,99 Ratio de Sharpe [indice direct] 1,09 [1,08] 2,89 [3,78] 3,90 [3,86] 2,85 [2,92] Tracking Error 1,68% 2,65% 0,48% 0,42% Echantillon limité Effet de courbe en J contribuant à la volatilité Levier Echantillon limité. Les fonds ouverts dominent les deux indices. Remarques Echantillon limité. Source : OPC (2005) cité par Baum et Struempell (2006) L’immobilier coté Avantages et inconvénients La cotation en bourse permet à l’investisseur de bénéficier d’une liquidité directement liée au flottant et à l’intérêt qu'accorde le marché au véhicule, sans exiger du gestionnaire de fonds qu’il mette en place les outils pour tenter d’assurer une intermédiation temporelle, outils dont l’utilisation implique des compétences particulières et peut causer une dilution des caractéristiques immobilières des rendements des véhicules. Les valeurs les plus importantes peuvent également faire l’objet de prêts-emprunts de titres et sont donc susceptibles de vente à découvert. 24 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre La liquidité des foncières cotées est très supérieure à celle des véhicules non cotés ou des immeubles et les coûts de transactions qu’elles supportent, ceux des valeurs moyennes cotées, sont très significativement inférieurs. L’investissement dans une foncière donne en outre accès à un portefeuille généralement d’excellente qualité et relativement diversifié dont la performance est renforcée par l’utilisation du levier financier. La gestion est déléguée à des professionnels dans un cadre transparent et elle fait l’objet d’un suivi par la communauté des analystes. Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 1. L’immobilier comme classe d’actifs 11 - L’immobilier coté apparaîtra donc être un indicateur avancé des développements du marché physique enregistrés avec retard par les expertises et reflétés dans les VNA, mais un indicateur bruité par les flux et reflux généraux des marchés boursiers – le rapport signal-bruit dépendra de la maturité de l’immobilier coté en tant que compartiment spécifique des marchés mais également de la conjoncture. 12 - Quels que soient les biais des expertises, les produits s’échangeant en référence à la VNA permettent d’en tirer partie et de la même façon le rendement en capital réalisé sur un investissement coté reste directement déterminé par les prix d’achat et de vente en bourse et les distributions. 13 - La généralisation du statut de société d’investissement immobilier cotée à statut fiscal privilégié (REIT) et les avantages conférés au transfert d’actifs vers ces structures font anticiper un développement de l’externalisation des patrimoines immobiliers par les propriétaires-occupants et une augmentation de la part des investissements détenus à travers des véhicules cotés. 2006 a de fait été une année record pour les introductions en bourse et les augmentations de capital des foncières et a vu une forte revalorisation des foncières cotées (réduction ou inversion des décotes vis-à-vis des VNA.) Un autre facteur pouvant inciter à l’externalisation est l’adoption de nouvelles normes comptables qui exigeront de faire figurer la valeur réelle des immeubles dans les bilans et introduiront donc de la volatilité dans les comptes. 14 - Les critères retenus pour l’éligibilité et la pondération des composantes des indices de foncières renforcent significativement la place du Royaume-Uni et font disparaître l’Espagne. La liquidité a néanmoins un prix pour l’investisseur. Traité en bourse, l’investissement verra sa valeur refléter le consensus des anticipations microéconomiques comme des facteurs communs aux valeurs de caractéristiques sectorielles ou financières proches ou à l’ensemble du marché11. La négociation en continu sur un marché tiré par les anticipations génère naturellement une volatilité supérieure à celle mesurée sur le marché du sous-jacent dans la mesure où cette dernière reflète des expertises conservatrices et peu fréquentes qui accordent une importance relative aux anticipations. Enfin, l’appel public à l’épargne et la cotation entraînent des frais importants et la séparation entre la propriété et la gestion en l’absence de contrôle du capital par l’investisseur cause des problèmes d’agence. Au début 2007, le marché des foncières cotées restait encore très étroit dans certains pays d’Europe (notamment l’Allemagne) ; la capitalisation totale, la liquidité et la spécialisation des acteurs devront encore progresser pour en faire un réel marché d’investissement institutionnel. Corrélation avec l’immobilier non coté Comme les prix des actions cotées reflètent des anticipations alors que les expertises servant à la détermination des VNA souffrent de retards, il est à attendre une corrélation contemporaine entre les indicateurs de ces marchés inférieure à la corrélation retardée. L’utilisation d’indices retraités pour réduire le lissage introduit par des valeurs d’expertise rarement révisées ou alternativement le recours à des indices de transactions devrait causer une révision à la hausse de la corrélation contemporaine. A ces facteurs viendront s’ajouter d’autres problèmes d’indicateurs créant des illusions d’optique par la non-prise en compte des différences de risque : comparaison de prix d’actions de sociétés endettées à des valeurs d’immeubles hors endettement, comparaison d’indices composites à composition sectorielles différentes, etc. Néanmoins, il est clair qu’existent des divergences réelles et exploitables à court terme dans la mesure où des transactions peuvent être exécutées sur les deux marchés à des niveaux proches des indicateurs12 et qu’en outre ces marchés divergent sur des axes comme la liquidité, la transparence, la gouvernance et le contrôle. Taille du marché et caractéristiques L’Europe avait en 2005 un secteur immobilier coté particulièrement sous développé par rapport à l’Amérique du Nord et à l’Asie mais 2006 a vu le plus que doublement de son importance relative (illustration 4)13. A la fin de 2006, la capitalisation totale des foncières Européennes s’élevait à 327 milliards d’euros, soit 23,2% de la capitalisation mondiale (EPRA(2007)). Au sein de l’Europe, le Royaume-Uni est de loin le marché le plus important en termes de capitalisation totale (28%), suivi de la France (19%), de l’Espagne (15%), des Pays-Bas (8%), de l’Autriche (6%), de l’Allemagne (6%), de la Suède (5%)14. Relativement au stock d’immobilier domestique, les marchés cotés les plus développés sont : l’Autriche (20%), l’Espagne (13%), la Suède (12%), les Pays-Bas (12%), le Royaume-Uni (10%), le Luxembourg (9%), la France (8%) et la Pologne (8%). Des pays économiquement majeurs sont sousreprésentés et d’autres, plus modestes, surreprésentés en raison de différences dans l’importance des propriétaires-occupants sur le marché de l’immobilier physique, de l’importance relative de l’investissement direct vs indirect, de l’existence de supports indirects non cotés concurrents, et de variations fiscales. Début 2007, au sein des 100 plus importantes foncières européennes, la société moyenne (médiane) contrôlait 3,3 (1,6) milliards d'euros d’actifs et avait une capitalisation de 2,2 (1,3) milliards. Si moins de 10% des foncières cotées aux Etats-Unis sont des généralistes, les sociétés européennes sont majoritairement diversifiées. Parmi les 100 principales foncières européennes, 42 étaient des Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 25 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 1. L’immobilier comme classe d’actifs Illustration 4 : Importance de l’immobilier coté dans les principales zones du monde Zone Part au sein de l’immobilier d’entreprise 2006 (2005) Part au sein du marché des actions 2006 (2005) Asie-Pacifique 14,57% (9,25%) 4,46% (3,35%) Amérique Latine 0,27% (0,33%) 0,12% (0,17%) Amérique du Nord 8,97% (9,67%) 2,90% (3,27%) Europe 6,30% (2,83%) 2,73% (1,54%) MONDE 8,80% (6,59%) 3,16% (2,70%) Source : calculs basés sur les données des rapports EPRA, FTSE EPRA/NAREIT Global Real Estate Index – Monthly Bulletin 30/12/2005 ; 29/12/2006 et 30/04/2007. spécialistes investies dans un même secteur à plus de 75% (commerces ou bureaux aux trois-quarts) et 23 de celles-ci se présentaient également comme spécialistes d’un pays. Dans ces conditions, il est malaisé pour un investisseur de mettre en œuvre une allocation sectorielle à l’aide de foncières, a fortiori dans un cadre géographique strict15. 15 - Ces calculs ont été effectués à partir du classement EPRA/NAREIT présenté dans European Real Estate Yearbook 2007. Les sociétés d’investissement immobilier à fiscalité dérogatoire ou Real Estate Investment Trusts (REITs) Née en 1960, la forme moderne de la société d’investissement immobilier à statut fiscal privilégié (REIT) a beaucoup contribué au développement de l’immobilier coté aux Etats-Unis (annexe 7) avant de se généraliser au monde entier au début du millénaire. A la fin 2006, sept pays d’Europe disposaient de leur version du statut de REIT : les Pays-Bas, la Belgique, la France, la Grèce, la Bulgarie, la Turquie et le Royaume-Uni (pour un lancement au 1er janvier 2007). Dans la première moitié de 2007, ils ont été rejoints par l’Allemagne et l’Italie. Diverses raisons ont été invoquées pour déployer ce type de véhicule à travers l’Europe : alignement concurrentiel et lutte contre les places extraterritoriales, renforcement du financement long terme des foncières, diversification des choix d’investissement pour les investisseurs institutionnels et promotion de placements immobiliers transparents et liquides, progrès économiques par l’externalisation des patrimoines immobiliers, amélioration de l’efficacité informationnelle du marché immobilier, prévention d’une crise sur le marché sous-jacent lié à la liquidation en masse des fonds fermés 26 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre parvenant à échéance, création d’un sous-jacent pour un marché de dérivés, et même génération de ressources fiscales exceptionnelles grâce aux taxes prélevées au moment de la migration des sociétés et actifs vers le statut de REIT. Parmi la vingtaine de pays disposant d’un tel statut de par le monde existe une grande variété dans les caractéristiques en termes de dispositions centrales liées aux activités autorisées, à la structure du capital ou la gouvernance, ou encore à la fiscalité – l’immobilier étant un secteur clef et sensible, les caractéristiques évoluent au gré des amendements sous la pression des divers groupes d’intérêt et au nom de la compétitivité internationale. La perspective d’un statut harmonisé au sein de l’Union Européenne est fort lointaine. A gros traits, tous ces statuts offrent la transparence fiscale pour les revenus immobiliers, à travers la déduction des dividendes de l’impôt sur les sociétés ou une imposition à 0%, sous réserve du respect de contraintes touchant : • à la nature des actifs et des activités autorisées afin que les activités d’investissement de long terme soient majoritaires – les activités de promotion et de services sont limitées ou logées dans des filiales fiscalisées. • à la nature des bénéfices dont une part très élevée doit provenir de loyers, de plus-values de cession sur des actifs immobiliers et de revenus assimilés. • à la distribution de la presque totalité du résultat. • à la gouvernance, la dispersion du capital et la négociabilité des titres. Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 1. L’immobilier comme classe d’actifs 16 - Dans beaucoup de cas, l’investissement à travers un véhicule non coté pourra offrir une fiscalité compétitive ; la motivation fiscale des REITs pour les investisseurs institutionnels sophistiqués est à relativiser. 17 - A la fin 2006 et en référence à l’immobilier d’investissement disponible dans le pays estimé par IPD, l’Espagne est sous-estimée par un facteur de 12,5 et l’Autriche surestimée par un facteur de 4,4 au sein de l’indice FTSE EPRA/NAREIT Europe. En outre, Danemark (7,3), Allemagne (4,1), Norvège (2,9), Suisse (2,5), Italie (2), Finlande (1,9) sont très nettement sous-représentés tandis que le Royaume-Uni (1,3) et surtout les PaysBas (2,2) sont nettement surreprésentés. 18 - Fin août 2007, le leader de la cote française pesait près de 30% de l’indice et les 5 premières sociétés plus de 70%. Si ce problème est en voie de résorption rapide au niveau Européen la première capitalisation de l’indice IEIF Europe pesait néanmoins près de 9% à la même période et le poids collectif des 5 premières valeurs dépassait encore 30%. 19 - La corrélation journalière de l’indice IEIF Immobilier France (Euronext IEIF SIIC France) est de 44% (41%) avec le SBF250 et de 41% (38%) avec le CAC40 sur la même période. 20 - Cette chute est généralement attribuée à une maturation du marché mais est en partie liée aux « chocs réglementaires » qui ont affecté le secteur de l’immobilier coté. Les projets de statut fiscal privilégié ont par exemple mené à une réévaluation exceptionnelle du secteur. 21 - A titre d’illustration la corrélation roulante sur 10 (5) ans entre l’indice IEIF Foncières et l’indice IPD Bureaux France est en moyenne de 11% (-31%) entre 2000 et 2006 avec des extrêmes de -12% et +34% (-75% et +83%). L’annexe 8 présente une synthèse des statuts de REIT en Europe. qui couvrent l’immobilier coté mondial ne sont pas proposés pour l’Europe seule. La transparence fiscale des REITs améliore l’attractivité de l’immobilier coté pour les investisseurs institutionnels mais subsistent notamment en matière d’investissement international des problèmes de fiscalité liés à la retenue à la source et des limites sur la détention16. En raison de leurs critères de sélection basés sur l’inscription à la cote, la capitalisation et la liquidité, les indices internationaux de foncières ne peuvent être considérés a priori comme représentatifs de l’investissement institutionnel dans l’immobilier. Du fait de l’inégal développement du marché de l’immobilier coté, ils sont affectés par de dramatiques problèmes de représentativité géographique17. En outre, les indices nationaux souffrent encore d’une insuffisante diversification économique même sur les marchés les plus développés18. Fonds et ETFs de foncières Le dynamisme de l’immobilier physique et globalement de l’investissement alternatif a incité les sociétés de gestion d’actifs à lancer des fonds spécialisés ; la maturation du secteur de l’immobilier coté leur permet de déployer leur expertise et d’offrir à une large clientèle traditionnelle de nouveaux supports de diversification tant en matière de gestion active que de gestion passive. Un recensement effectué par AME Capital et cité dans l’enquête Emerging Trends in Real Estate – Europe 2007 révèle qu’il existe désormais plus de 100 fonds globaux spécialisés dans l’immobilier coté dont une cinquantaine se focalisant exclusivement sur l’Europe. L’ensemble de ces fonds avait 39 milliards de dollars sous gestion. Indices Il existe deux grandes familles d’indices de référence couvrant l’Europe : une liée à l’alliance FTSE EPRA/ NAREIT et l’autre à l’initiative de Global Property Research ; des fonds indiciels, ETFs et dérivés existent sur certains des indices de ces familles. L’IEIF et Euronext ont lancé en 2007 un indice de REITs européen qui ambitionne de devenir le support de trackers, certificats et autres dérivés. Les indices immobiliers de S&P/Citgroup et Dow Jones Wilshire Corrélation avec le marché des actions et l’immobilier direct La corrélation journalière entre les indices de foncières et les indices larges du marché des actions est importante. Ainsi la corrélation de l’indice Euronext IEIF REIT Europe est d’environ 40% avec le Dow Jones Euro Stoxx 50 (grandes capitalisations) et d’environ 60% avec le Dow Jones Euro Stoxx Small (petites capitalisations) sur la période 2003-fin août 200719. Cette corrélation a chuté au cours du temps20 mais les prix de l’immobilier coté restent beaucoup plus corrélés au marché des actions que les valeurs vénales des immeubles comme l’illustre pour la France l’illustration 5. Cette observation est couramment utilisée pour défendre la supériorité de l’immobilier direct dans une perspective de diversification de portefeuille multi classes. La corrélation entre les indices d’immobilier direct et les indices de foncières est généralement faible et instable21. Illustration 5 : Corrélation entre indices du marché des actions et indices d’immobilier coté et non coté en France (1990-2006) Corrélation Historique Données annuelles (corrélation roulante sur 10 ans) IPD Bureaux France IEIF Foncières (investissement immobilier uniquement) IEIF Immobilier France (investissement, promotion et services immobiliers) SBF250 0,10 (0,06) 0,38 (0,36) 0,48 (0,50) CAC40 0,11 (0,06) 0,30 (0,32) 0,40 (0,46) Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 27 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 1. L’immobilier comme classe d’actifs 1.2.2. Investissement en dettes Le prêt hypothécaire. Le prêt hypothécaire voit une entreprise prêter à long terme à un emprunteur qui fournit comme sureté réelle le bien immobilier faisant l’objet de l’emprunt. C’est une des formes traditionnelles de l’investissement institutionnel immobilier, mais il est rarement classé comme tel. Deux indicateurs sont utilisés par les originateurs pour contrôler le risque de défaillance : le ratio du prêt à la valeur (part financée par l’endettement) et le taux de couverture de la charge de la dette (EBE/Charge de la dette) – les niveaux critiques de ces ratios évoluent en fonction du cycle et de la concurrence. La valeur de référence utilisée pour le prêt est déterminée par une expertise conservatrice de la marchéabilité future du bien – les sources spéculatives de valeur ne doivent pas être prises en compte. 22 - Avant la crise de l’été 2007, les primes étaient de 14 points de base pour les titres notés AAA et jusqu’à 90 points de base pour ceux notés BBB. Au début de l’automne, la fuite vers la qualité avait impacté à la hausse toutes les primes sur CMBS et l’écart entre tranches senior et junior s’était considérablement élargi : les primes étaient désormais de 28 points pour les tranches AAA et de 120 à 170 points pour les tranches BBB. Dans le même temps, les émissions s’étaient taries et des opérations phares avaient été reportées notamment une titrisation par HSBC de €1,2 milliard d’un prêt consenti à Metrovesca pour lui permettre d’acquérir le siège social de la banque à Canary Wharf et un CMBS de Lehman Brothers sur environ €1,5 milliard assis sur l’immeuble Cœur Défense. 28 La nature de l’originateur dépend des lois et coutumes commerciales locales – dans certains pays, c’est un établissement de crédit – banque, caisse d’épargne, institution spécialisée dans le prêt immobilier mais non habilitée à recevoir des dépôts, dans d’autres – comme le Royaume-Uni et les Pays-Bas – les compagnies d’assurance sont des prêteurs importants, parfois les fonds de pension et caisses de retraite sont actives sur ce marché directement (comme aux Etats-Unis). La cession d’un prêt, contrat non standardisé entre deux parties en relation commerciale, est malaisée. Le modèle traditionnel voit le prêteur conserver le prêt dans son bilan jusqu’à son amortissement complet. Néanmoins la titrisation permet aux prêteurs de transférer tout ou partie du risque d’un prêt ou d’un ensemble de prêts vers une tierce partie afin de libérer du capital réglementaire pour l’activité d’origination, qui peut être vue comme une compétence distinctive. Les instruments titrisés peuvent s’échanger sur les marchés privé ou public. Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre La dette titrisée Les valeurs mobilières adossées à des créances immobilières sont des instruments de titrisation qui représentent une participation dans, ou sont garanties par et payables sur des flux de liquidités générés par un groupe d’actifs immobilier. Ces actifs sont typiquement détenus par une entité ad hoc (Special Purpose Vehicle ou Entity) isolée légalement de son créateur pour protéger les investisseurs contre une défaillance de ce dernier. Ces titres, détaillés dans l’encadré 3, permettent aux investisseurs d’accéder de manière passive à un marché à ticket d’entrée élevé et de le faire dans de meilleures conditions de liquidité et de diversification. Prenant exemple sur le marché des valeurs adossées à des créances immobilières résidentielles qui connut une croissance importante dans les années 1980s, le marché des titres adossés liés aux créances immobilières d’entreprise a connu un fort développement aux Etats-Unis à partir du début des années 1990s. Son décollage en Europe date de 1999. Le marché était au départ essentiellement basé sur la titrisation mono-emprunt monosignature, il est aujourd’hui plus diversifié. La majorité des émissions est notée AAA, mais la part des tranches de qualité non-investissement, qui offrent des rendements plus élevés au prix d’un risque plus important, s’est accrue ; l’écart de rendement s’est compressé sous l’effet d’une forte demande des compagnies d’assurance, hedge funds, et banques. En outre, les nombreux programmes de titrisation actifs en Europe ont fait concurrence aux prêteurs traditionnels faisant baisser les marges et attirant plus de volume. A la veille de la contagion de la crise des prêts au logement à haut risque américains à l’ensemble du marché du crédit, les primes de risque sur les CMBS européens avaient atteint des niveaux historiquement bas22. Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 1. L’immobilier comme classe d’actifs Encadré 3 : Types de titres adossés à des créances immobilières Brueggeman et Fisher (2005) distinguent quatre types de titres adossés à des créances immobilières tant résidentielles (Residential Morgage-Backed Securities ou RMBS) que d’entreprise (Commercial Mortgage-Backed Securities ou CMBS). Les obligations adossées à des créances hypothécaires (Mortgage Backed Bonds ou MBBs) qui sont des obligations ordinaires de l’émetteur pour lesquelles les versements sont protégés par l’adossement d’un fonds de créances hypothécaires qui restent la propriété de l’émetteur, fonds qui doit être entretenu pour maintenir le risque de défaillance au niveau convenu. Les titres à versements hypothécaires transparents (Mortgage Pass-Through securities ou MPTs) sont émis par les prêteurs hypothécaires ; leurs détenteurs ont un intérêt dans un fonds de créances hypothécaires et en reçoivent tous les versements. Ils sont courants en matière de titrisation de prêts individuels au logement. Les titres à versements hypothécaires transformés (Mortgage Pay-Through Bonds ou MPTBs) peuvent s’interpréter comme un mélange des deux précédents : les versements du fonds de créances sont transmis aux investisseurs mais les créances restent la propriété de l’émetteur. 23 - Les Collateralised Debt Obligations sont des véhicules de titrisation de portefeuilles d’obligations, de titres de créances ou de prêts. Les CDOs de titres adossés à des créances (Asset-Backed Securities CDOs) détiennent des portefeuilles de ces titres et les versements qu’ils font à leurs détenteurs proviennent des flux générés par ces titres. Depuis 1999, une partie de ces CDOs de titres adossés à des créances se spécialisent dans les dettes liées à l’immobilier d’entreprise (Commercial Real Estate CDOs) – dans leurs portefeuilles se retrouvent généralement des tranches junior de CMBS et des obligations de foncières de notation comparable. Environ deux tiers des investisseurs en CDOs sont des institutions financières et des gestionnaires d’actifs, les compagnies d’assurance et les hedge funds sont les autres acteurs de ce marché. Les obligations garanties par créances hypothécaires (Collateral Mortgage Obligations ou CMOs) obéissent au même principe mais sont émises en de multiples tranches. Les versements et remboursements sont transmis aux investisseurs des diverses tranches selon les règles de priorité définies. La différence entre le passif – les tranches de dettes émises – et les actifs du fonds – les créances – constitue la part fonds propres du véhicule. Cette structuration en tranches permet de proposer divers profils (maturité, nature, volatilité) de rendements aux investisseurs et pour certains de ceux-ci assurer une prévisibilité des flux supérieure à celle associée avec les deux précédents instruments. Les investisseurs dans les tranches de plus haute qualité sont payés en premier, puis les flux parviennent en cascade aux tranches intermédiaires ou mezzanines et enfin les flux résiduels atteignent les tranches qui sont les plus spéculatives. Les tranches seront généralement notées soit qualité investissement soit qualité intermédiaire ; les tranches sous la qualité intermédiaire ont le plus faible ordre de priorité et ne sont généralement pas notées. L’utilisation de tranches permet de séduire une plus grande variété d’investisseurs et la valeur de l’instrument est de ce fait généralement supérieure à la valeur des créances qu’il abrite, ce qui permet aux prêteurs utilisant la titrisation d’être plus agressifs en termes de conditions financières. Les titres adossés à des créances d’entreprise ont des maturités plus courtes que les prêts au logement mais les créances commerciales sont amorties in-fine ce qui allonge leur duration. C’est le modèle des CMOs qui domine pour les titres d’entreprise. D’après HVB (2007), le volume des émissions de véhicules de créances immobilières résidentielles en Europe en 2006 s’est élevé à 280,5 milliards d’euros et celui des fonds de titrisation des dettes immobilières d’entreprise à 68,4 milliards. Les RMBS représentent le plus important véhicule de titrisation en Europe mais leur part diminue en raison du dynamisme des CMBS et des CDOs23. Le Royaume-Uni est de loin le marché le plus développé, mais l’Europe continentale domine désormais les émissions. Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 29 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 1. L’immobilier comme classe d’actifs 1.2.3. Comparatif des voies d’accès Voie Bêta Alpha Risques principaux Avantages et Inconvénients ⇑ Opportunités du contrôle direct ⇑ Stratégie d’investissement sur mesure Illustration 6 : Alpha et Bêta, risques, avantages et inconvénients de divers modes d’exposition à l’immobilier ⇓ Risque spécifique Immeuble en Alpha de Risque spécifique ⇓ Expertise requise pour la gestion opérationnelle Bêta de l’actif direct l’actif de l’immeuble ⇓ Montant ⇓ Liquidité ⇓ Coûts de transaction directs et indirects ⇓ Délais de mise en œuvre importants Foncière cotée Indice de foncières cotées Bêta du marché des actions de foncières Véhicule d’investissement collectif immobilier non coté Bêta du fonds Indice d’immobilier direct Bêta du marché ou du secteur Prêt hypothécaire Titre adossé à des créances immobilières 30 Bêta de l’action Bêta du prêt Bêta du titre Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre Alpha de la foncière Risque spécifique de l’entreprise et de son portefeuille, risque du marché des actions Pas d’alpha Risque systématique du marché des actions ; risque du secteur des foncières ; risque systématique de l’immobilier ⇑ Transparence d’un investissement coté ⇑ Simplicité de l’investissement en actions ⇑ Liquidité (des valeurs moyennes) ⇑ Montant ⇓ Risque spécifique de l’entreprise ⇓ Risque du marché des actions ⇓ Offre restreinte : marché inégalement développé, peu de spécialistes sectoriels au niveau pays ⇓ Fiscalité mobilière ⇓ Coûts liés au statut d’entreprise cotée ⇑ Diversification (relative pour le marché des actions) ⇑ Exposition partielle au risque de l’immobilier (à long terme) ⇓ Forte exposition au risque du marché des actions ⇓ Fiscalité mobilière ⇒ Diversification limitée par la taille du véhicule ⇒ Gestion active déléguée ⇒ Liquidité variable (parfois inférieure à l’investissement en direct) ⇒ Montant ⇒ Transparence variable ⇒ Levier ⇓ Coûts élevés ⇓ Offre restreinte: marché inégalement développé, peu de spécialistes sectoriels au niveau pays ⇓ Risque spécifique (véhicule, portefeuille, promoteur) Alpha du gérant Risque spécifique du véhicule et de son portefeuille, une part de risque systématique de l'immobilier Pas d’alpha Risque systématique de l’immobilier au niveau marché ou secteur Alpha du prêt Risque de taux, risque de maturité et de crédit spécifique à l’emprunteur ⇑ Opportunités du contrôle direct ⇓ Expertise requise pour l’activité prêt ⇓ Risque spécifique de l’emprunteur et de la garantie ⇓ Montant ⇓ Exposition indirecte à l’immobilier ⇓ Liquidité Alpha du titre Risque de taux, de maturité et de crédit spécifique au portefeuille ⇑ Diversification ⇑ Montant ⇒ Liquidité ⇓ Exposition indirecte à l’immobilier ⇑ Risque systématique du marché ou secteur ⇑ Liquidité ⇓ Transparence ⇒ Qualité de l’indice Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 1. L’immobilier comme classe d’actifs Illustration 7 : les principales voies d’accès à l’immobilier sur un axe risque-rendement, d’après Rottke (2005) Rendement Fonds de CapitalInvestissement Fonds de Promotion Fonds « opportuniste » (Private Equity) Risque Economique Risque de levier Fonds «Valeur Ajoutée» Dette Mezzanine Immobilier Coté Fonds « Cœur » (fermés) Fonds « Cœur » (ouverts) Actifs « Cœur » en direct Dette Senior Cœur Cœur Plus Valeur-Ajoutée Opportuniste Risque 1.3. L’allocation à l’immobilier dans un portefeuille multi classes « Un homme devrait placer un tiers de son bien dans la terre, un tiers dans les marchandises, et conserver un tiers à portée de main » (Baha Metzia) Comme le prouve le Talmud, l’histoire de la propriété foncière et immobilière au sein de l’allocation d’actifs est très ancienne. Présent traditionnellement dans les portefeuilles des investisseurs européens, l’immobilier a commencé sa carrière nord-américaine avec les années d’inflation de la décennie 1970. A la suite de la chute des marchés actions et confrontés à la faiblesse des taux obligataires, les investisseurs du monde entier se sont tournés en masse vers l’immobilier comme source de bêta alternatif (prime de risque) et d’alpha (performance anormale) et beaucoup cherchent encore à augmenter leur allocation à cette classe d’actifs. 1.3.1. Un modèle d’allocation idéal Nous décrivons ici une démarche d’allocation idéalisée qui détermine d’abord l’allocation stratégique à l’immobilier en fonction des passifs de l’investisseur, et gère ensuite celle-ci de manière optimale dans une perspective gestion d’actifs. Cette présentation éclaire la présentation des études académiques sur la place de l’immobilier dans un portefeuille mixte et fournit un point de comparaison à l’état des pratiques décrit au chapitre suivant. L’immobilier dans la gestion actif-passif Si l’immobilier possède des caractéristiques spécifiques séduisantes pour l’allocation d’actifs, certaines de ses particularités rendent quelque peu difficile sa bonne intégration dans le cadre de la gestion actif-passif (GAP). Tout exercice d’allocation exige une définition préalable des contours exacts des classes d’actifs – si la plupart des investisseurs approchent désormais l’immobilier en tant que classe, il n’y a pas encore de consensus sur les véhicules qui appartiennent à celle-ci. A un extrême du spectre des possibilités existe le risque d’une concentration exagérée sur les particularités de chaque immeuble et d’une myopie qui empêche de distinguer le Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 31 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 1. L’immobilier comme classe d’actifs potentiel de l’immobilier comme classe. A l’autre extrême surgit le danger du recours à un modèle d’allocation basé sur un composite de l’ensemble des quadrants, approche qui dilue les spécificités de l’investissement immobilier de fonds propres dans un indice mixte d’instruments cotés et non cotés, de fonds propres comme de dettes. Entre ces pôles, la nature immobilière des foncières cotées est encore mise en doute par quelques uns. Dans tous les cas, ces querelles de frontières ne doivent pas faire oublier que l’immobilier est une classe de GAP au même titre que les obligations et les actions. Comme pour ces dernières, la diversité au sein de la classe se prête à une taxonomie fine dont l’utilité sera pleine au stade ultérieur de la gestion d’actifs. Une fois les contours de la classe établis, il est nécessaire d’établir un modèle de rendements à long terme et de le calibrer. Alors que des approches multivariées complexes peuvent se justifier pour l’optimisation au stade de la gestion d’actifs, les modèles stochastiques utilisés pour la GAP exigent parcimonie et stabilité dans les facteurs. L’estimation des paramètres d’un modèle n’est jamais chose aisée, mais les données immobilières posent des défis particuliers de par leur rareté et leur caractère bruité. Vingt années de recherche académique ont identifié les problèmes liés à la structure des divers marchés immobiliers et les biais des diverses méthodes de construction d’indices. Des procédures de redressement ont été développées et les problèmes de données – lorsque des données de longue durée sont disponibles – sont des obstacles surmontables dans la perspective de la modélisation des rendements à long terme pour la GAP. Une fois les modèles stochastiques des actifs et passifs posés et calibrés, l’allocation stratégique à l’immobilier et aux autres classes est déterminée 32 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre par un exercice d’optimisation qui correspond à l’objectif de l’investisseur, par exemple pour un fonds de pension soit minimiser le risque de pertes soit optimiser le surplus espéré. Etant donnée la nature cyclique des marchés immobiliers et la non-normalité des rendements, il est préférable d’utiliser des stratégies d’allocation dynamique pour la GAP et des outils qui incorporent le risque d’estimation et de modèle dans la modélisation. L’immobilier a probablement sa place dans les solutions d’investissement adossé au passif (Liability Driven Investment). Etant données ses caractéristiques (disputées) de couverture contre l’inflation et ses liens avec les facteurs démographiques, l’immobilier pourrait avoir une place naturelle dans les portefeuilles d’adossement (liability matching portfolios) utilisés pour immuniser les régimes de retraite à prestations déterminées contre les risques d’inflation et de longévité. Mais dans le même temps, l’immobilier pourrait également intégrer les portefeuilles de performance (performance portfolios) en raison des ses caractéristiques de risque/rendement concurrentielles et son fort potentiel de décorrélation. L’immobilier dans la gestion d’actifs Une fois que l’exercice de GAP a produit une allocation stratégique à l’immobilier, la perspective de gestion d’actifs prend le relais pour en optimiser les bénéfices. Au cœur de la démarche se trouve le processus de construction du portefeuille dont l’objectif est l’allocation optimale et l’utilisation maximale du potentiel de diversification. La diversification peut être optimisée au sein de la poche immobilière ou au niveau de l’ensemble du portefeuille. Diversification du portefeuille immobilier Au sein de la poche immobilière, la diversification fait référence à l’élimination du risque spécifique Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 1. L’immobilier comme classe d’actifs non désiré des immeubles et actifs – il s’agit d’une tâche particulièrement difficile en raison de l’hétérogénéité, de la granularité, et des coûts de transaction de l’investissement immobilier, mais d’une tâche importante puisque le risque des immeubles est essentiellement idiosyncrasique. Une approche scientifique de la diversification suppose la capacité d’identifier et de quantifier les diverses sources de risque qui affectent les investissements immobiliers dans leur diversité (structures, secteurs, régions, etc.). Les facteurs de risque, les primes et les bêtas doivent être précisés pour que les modèles de gestion d’actifs puissent fonctionner. Pour la formulation et la mise en œuvre de la stratégie d’investissement, les actifs immobiliers ont été historiquement approchés à travers des regroupements ad hoc basés sur la localisation ou le secteur. Plus récemment sont apparues des classifications par régions économiques plutôt qu’administratives et une approche par les styles d’investissement émerge. La pertinence de ces classifications doit être analysée afin de déterminer dans quelle mesure elles génèrent des regroupements homogènes sur le plan des fondamentaux et sont susceptibles de servir d’axes de diversification. Une fois définies des classifications pertinentes en matière de facteurs de risque, la diversification peut être optimisée au niveau de la poche immobilière comme du portefeuille global. L’immobilier dans un portefeuille multi-styles multi-classes Dans un cadre multi-styles multi-classes, deux options sont possibles (1) construire les portefeuilles optimaux au sein de chaque classe puis les combiner, (2) optimiser l’ensemble du portefeuille en une seule étape en s’appuyant sur les classifications pertinentes identifiées dans les différentes classes. Lorsque la gestion d’actifs succède à la GAP, le portefeuille multi-classes de la première approche ci-dessus combine les portefeuilles optimaux au sein de chaque classe en respectant les poids optimaux déterminés par l’exercice de GAP tandis que l’optimisation de la deuxième approche est effectuée sous contrainte de ces mêmes poids optimaux. Si la première approche est théoriquement sous-optimale, elle facilite la gestion active des investissements dans chacune des classes par des spécialistes internes ou externes comme les approches passives basées sur des supports représentatifs de la classe. Les problèmes de données Le manque de données sur longue durée n’est pas un problème pour les exercices de gestion d’actifs mais la qualité et la fréquence des séries deviennent des éléments clefs puisque nous trouvons au cœur des modèles les paramètres de rendement, volatilité, moments supérieurs et comoments. Le marché du sous-jacent immobilier étant illiquide et les rendements généralement asymétriques et leptocurtiques, les outils standards de l’analyse moyenne-variance ne devraient pas être utilisés. Les approches développées pour traiter de l’illiquidité et de la non-normalité d’autres actifs tels les fonds spéculatifs (hedge funds) peuvent servir à optimiser les caractéristiques risque/ rendement des portefeuilles immobiliers. La gestion de portefeuilles incluant l’immobilier exige de se confronter à des problèmes d’échantillon « classiques » mais exacerbés et de résoudre des problèmes de données particuliers à la classe. Les méthodes de rééchantillonnage et bayésiennes peuvent être mises à profit pour améliorer les paramètres estimés à partir d’échantillons de petite taille ou de qualité douteuse. Les outils doivent être améliorés pour inclure les diverses dimensions du risque immobilier, qu’elles se reflètent ou non dans les Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 33 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 1. L’immobilier comme classe d’actifs prix. Un aspect du risque de liquidité particulier à l’immobilier et qui ne peut s’observer dans les prix ou les valeurs d’expertise est le fait que les volumes de transaction s’amenuisent et que les délais s’allongent dans les phases baissières du marché. 1.3.2. Les arguments en faveur de l’investissement immobilier L’encadré 4 présente les arguments traditionnels et modernes en faveur de l’introduction de l’immobilier dans les portefeuilles institutionnels. 24 - Si les méthodes de construction des indices peuvent contribuer à sous-estimer la volatilité apparente de l’immobilier, la microstructure du marché, la stabilité des flux de revenus et l’intensivité en capital de ce secteur peuvent aussi expliquer une volatilité relativement faible. Encadré 4 : Arguments militant pour l’introduction de l’immobilier dans les portefeuilles institutionnels Arguments traditionnels • rendements bruts totaux intéressants • faible volatilité24 • hauts rendements ajustés au risque • potentiel de protection contre l’inflation ou la déflation • composante loyers élevée et stable • excellentes qualités de décorrélation pour la diversification de portefeuille Arguments modernes • composante significative de l’univers d’investissement global (optique portefeuille de marché) • inefficience du marché immobilier : potentiel de génération d’alpha à travers la sélection comme l’allocation tactique • extension du domaine d’application des outils de la finance moderne 1.3.3. Etudes empiriques Peu de conclusions mais des recommandations d’allocation à l’immobilier élevées Les seuls arguments traditionnels en faveur de l’immobilier qui semblent bien étayés par les travaux académiques sont l’existence d’une composante loyers élevée et, au global, ses excellentes qualités de décorrélation ! Si les études, essentiellement des travaux de 34 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre type gestion d’actifs, justifient une présence importante de l’immobilier dans un portefeuille multi-classes, l’allocation optimale varie fortement d’une étude à l’autre. Par ailleurs, il n’existe pas de consensus sur la supériorité des qualités de couverture contre l’inflation de l’immobilier par rapport aux actions notamment ; la performance de l’immobilier dans ce rôle dépend fortement du type d’inflation (totale, anticipée, non-anticipée) du secteur, du pays, de l’horizon d’observation mais aussi de la période étudiés. De multiples raisons ont été avancées pour expliquer le net décalage entre les allocations élevées recommandées par les études et la place, fort limitée, de l’immobilier dans les portefeuilles institutionnels ; elles sont résumées dans l’illustration 8. Une première limite des travaux : l’utilisation d’indices lissés et retardés Les premières études consacrées à l’immobilier dans les portefeuilles institutionnels étaient des applications strictes du Modèle d’Evaluation Des Actifs Financiers (MEDAF) et s’intéressaient à l’intérêt de l’addition de l’immobilier à un portefeuille diversifié traditionnel actions/ obligations. Etaient utilisés les indices de référence donc pour l’immobilier, des indices d’expertise. Malheureusement, il existe de multiples problèmes liés au processus d’expertise. Tout d’abord, les expertises en profondeur étant coûteuses, il est à attendre qu’elles seront – sauf obligation faite à l’investisseur – menées avec une fréquence plus faible que celle des déclarations à l’organisme préparant les indices. Dans ce cas, la base de données contiendra des expertises « défraichies » qui induiront des retards et de l’autocorrélation dans les rendements de l’indice, et réduiront artificiellement sa volatilité (lissage) ou sa corrélation avec d’autres actifs. Si nous faisons l’hypothèse que de multiples contributeurs Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 1. L’immobilier comme classe d’actifs Illustration 8 : Raisons pouvant justifier le décalage entre les allocations théorique et effective à l’immobilier 25 - C’est par exemple le cas de l'indice américain NPI : sur la période 1978-2006, le rendement moyen et la volatilité pour le 4e trimestre sont de 2,7% et 2,6%, respectivement, contre des fourchettes de 2,3% à 2,4% et 1,2% à 1,4% pour les autres trimestres. La variance du 4e trimestre est significativement différente de celles des autres trimestres, ce qui suggère que les expertises se concentrent en fin d’année. 26 - Fisher (2003) observe que dans la recherche de comparables existe une tension inhérente entre homogénéïté des biens et proximité temporelle ; les experts doivent trouver l’équilibre entre l’erreur de qualité dans l’échantillon des comparables (des comparables qui ne seraient pas si comparables) et l’erreur de retard des comparables (des comparables qui ne seraient pas si récents) pour minimiser le bruit au global. Problèmes de données • Lissage et retards • Faible fréquence des données • Série trop courte • Utilisation d’un taux de rendement pondéré par le temps et non d’un taux pondéré par la valeur plus proche des rendements effectifs • Echantillon comportant une période non représentative Caractéristiques de l’immobilier • Illiquidité (utilisation d’indices d’expertise ou d’indices de transactions sans contrôle de la liquidité) • Coûts de transaction et de gestion (supérieurs à ceux des autres classes mais non intégrés dans l’analyse) • Hétérogénéité des biens (conclusions tirées de l’utilisation d’indices non investissables et difficilement réplicables) • Asymétrie d’information • Stock insuffisant pour mettre en œuvre les recommandations Méthodologie • Forte incertitude statistique sur les estimations ponctuelles des données d’entrée et donc des résultats (frontière efficiente floue) • Approche ex post (suppose la stabilité) • Portefeuille multi-classes simpliste (classes alternatives non prises en compte) • Approche mono-période • Approche de court terme • Utilisation du rendement total plutôt que d’une décomposition en loyers et capital plus pertinente • Non prise en compte des passifs • Non prise en compte des contraintes pesant sur l’investissement international Modèle • Violation des hypothèses de normalité (approches alternatives : modèles conditionnels, utilisation de mesures de risque et de co-mouvement non symétriques) ajustent marginalement voire pas du tout les valeurs de leurs immeubles pendant plusieurs périodes avant d’entreprendre simultanément des expertises en profondeur, alors il est possible qu’apparaisse une saisonnalité dans l’indice en plus des problèmes de lissage et de retard. Un tel biais augmenterait artificiellement la volatilité des périodes auxquelles les expertises ont lieu et réduirait les rendements composés25. En second lieu, les experts doivent travailler avec les informations disponibles – sur le marché du sous-jacent, il existe peu de données contemporaines, aussi les expertises s’appuient sur les indicateurs retardés du marché et des données plus ou moins récentes sur les transactions ou expertises concernant des biens comparables26. Il est aussi à attendre des experts qu’ils révisent les valeurs de manière conservative et attendent la confirmation de signaux avant-coureurs. Pour ces raisons, les indices basés sur les expertises resteront à la traine des évolutions de marché à la hausse comme à la baisse. Enfin, l’agrégation d’expertises immobilières se déroulant tout au long de la période d’observation crée un lissage supplémentaire au niveau de l’indice. L’utilisation de données lissées et retardées réduit non seulement la volatilité estimée de l’immobilier mais également sa corrélation contemporaine avec les autres classes d’actifs. L’immobilier apparaît alors comme offrant un rendement par unité de risque supérieur à la réalité mais surtout son potentiel de diversification est surestimé. L’utilisation de données brutes biaise la matrice variance covariance en faveur d’une allocation à l’immobilier direct. De fait, nombre d’études sur des données non corrigées suggèrent des allocations déraisonnables à l’immobilier. Notons en outre que l’autocorrélation induite peut rendre les rendements non normaux donc incompatibles avec les hypothèses des modèles de la théorie moderne du portefeuille. Ces problèmes ont poussé les chercheurs à concevoir des procédures de délissage et désaisonnalisation des rendements des indices d’expertise. Les procédures de délissage se basent sur l’hypothèse que les expertises sont des moyennes mobiles d’informations contemporaines et retardées. La place de l’information contemporaine dans les expertises et la saisonnalité sont soit Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 35 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 1. L’immobilier comme classe d’actifs posées soit estimées, après quoi il devient possible d’extraire la composante contemporaine des valeurs brutes de l’indice. Les indicateurs délissés et désaisonnalisés montrent une volatilité supérieure et une avance temporelle sur les données brutes. Après délissage des données, Hoesli, Lekander, et Witkiewicz (2003) justifient une allocation à l’immobilier global généralement comprise entre 15% et 25% pour la période 1987-2001. L’immobilier direct est roi et la place de l’immobilier coté est marginale au mieux. Le poids optimal de l’immobilier direct dans le portefeuille à variance minimale est compris entre 5% et 15% dans un cadre domestique et il est de 15% dans un cadre international ; la réduction du risque est de 5% à 10% dans le premier cas et atteint 10%-20% dans le deuxième. Pour la France et la période 1987-2004, Hoesli et Lekander (2006) trouvent une réduction de 8% du risque grâce à une allocation de 10% en immobilier direct français et le double en combinant une allocation de 6% à l’immobilier national et de 8% à l’international. Dans les deux cas, l’allocation maximale est de 22% d’immobilier direct. Une seconde limite des travaux : la mauvaise prise en compte de la liquidité Plutôt que de chercher des correctifs aux biais des indices de valeurs d’expertise pour les rapprocher des données de marché, il peut être séduisant d’essayer de construire des indices basés sur les transactions. Cette idée naturelle rencontre nombre de défis en pratique en raison de la liquidité limitée et variable de marchés immobiliers hétérogènes. Un premier problème avec les indices de transactions est la possibilité d’une différence systématique entre les immeubles faisant l’objet de transactions fréquentes et la population que 36 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre l’indice cherche à représenter – l’échantillon est alors systématiquement non représentatif. Un autre risque est la variation temporelle des caractéristiques des immeubles – la représentativité de l’échantillon se modifie alors au cours du temps. Si ces biais ont été confirmés empiriquement, les études suggèrent que leur impact sur les indices est limité. Un dernier problème est la variation intertemporelle de la liquidité dont nous avons signalé qu’elle était positivement corrélée au cycle immobilier : aux marchés haussiers sont associées une réduction des délais de transaction et une hausse des volumes, la situation est inverse pour les marchés baissiers. De ce fait, les prix des transactions ne reflètent pas seulement des caractéristiques propres aux immeubles mais également une situation de liquidité de marché. Ce problème a un impact très significatif sur les indices et a conduit Fisher, Gatzlaff, Geltner et Haurin (2003) à proposer une procédure d’estimation d’indices à liquidité constante. Utilisant un indice d’immobilier direct délissé et à liquidité constante, Feldman (2003) justifie une allocation optimale maximale de 21% (30% avant retraitement) à l’immobilier domestique pour la période 1987-2001 aux Etats-Unis. Immobilier direct et foncières cotées apparaissent comme des compléments plutôt que des substituts - les investisseurs prudents utilisent l’immobilier direct pour ses capacités de diversification alors que les foncières s’affirment dans les portefeuilles plus risqués grâce à un rendement ajusté plus séduisant (illustration 9). Comme l’ont souligné des auteurs comme Liang, Myer et Webb (1996) ou Brown et Schuck (1996), l’incertitude sur les paramètres de portefeuille permet de justifier une très large gamme d’allocation ex post et a fortiori ex ante. Les allocations effectives ne sont donc pas Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 1. L’immobilier comme classe d’actifs incompatibles avec les résultats théoriques. Les allocations proposées par les auteurs précédents restent néanmoins élevées et il faut noter que ces études n’ont corrigé qu’une partie des problèmes mentionnés dans l’illustration 8. sont pas normaux et les investisseurs sont connus pour ne pas aborder de manière symétrique les pertes et les profits comme le fait la variance. Les résultats de l’utilisation de mesures asymétriques de risque et de moments et co-moments inférieurs sont convergents : Cheng (2001) trouve que le modèle basé sur le risque baissier alloue nettement moins à l’immobilier, l’allocation augmente avec l’objectif de rendement mais reste inférieure à 15% pour un objectif de 12%. Hamelink et Hoesli (2004a) trouvent que les allocations sont « bien plus en ligne » avec les allocations observées quand la perte maximale est utilisée comme indicateur de risque. La prise en compte du risque asymétrique et des autres classes L’essentiel des études sur l’allocation d’actifs ont été effectuées dans un cadre moyenne variance de gestion d’actifs qui suppose la normalité des rendements et la validité de la fonction d’utilité quadratique pour la modélisation des préférences des investisseurs. En pratique, les rendements immobiliers mesurés à travers les évaluations ne Illustration 9 : Allocation optimale multi-classes Etats-Unis 1987-2001 – Feldman (2003) 100 Fonçières (EREITs) 90 Immobilier Direct NCREIF à liquidité constante 80 S&P500 70 Petites capitalisations 60 50 Actions internationales (MSCI EAFE) 40 Obligations long terme 30 Monétaire 30 jours 20 6,5% 10 3,6% 0 7% 7,8% 5,0% 3,8% vol : 2% moy : 7% 7,5% vol : 4% amoy : 8,8% 10,8% 13,2% vol : 6% moy : 10,6% vol : 7,7% moy : 11,9% 13,7% vol : 7,7% moy : 11,9% Les quelques travaux qui élargissent l’étude de l’allocation multi-classes à l’ensemble des investissements traditionnels et alternatifs donnent des résultats contrastés : Georgiev, Gupta et Kunkel (2003) trouvent que l’immobilier pourrait être redondant en présence de matières premières et de hedge funds alors que Terhaar, Staub, et Singer (2003) affirment au contraire qu’il pourrait prendre la première place au sein des investissements alternatifs. 12,8% vol : 7,7% moy : 11,9% vol : 7,7% moy : 11,9% La prise en compte des passifs L’essentiel des études utilisent un modèle d’allocation optimale de portefeuille de type gestion d’actifs et ignorent les contraintes de passif. Cette approche est inadaptée pour les principaux investisseurs institutionnels. La voie d’exploration naturelle est bien entendu celle des modèles de gestion actif-passif mais peu d’études ont été effectuées à ce jour. Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 37 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 1. L’immobilier comme classe d’actifs Chun, Ciochetti et Shilling (2000) maximisent l’utilité du surplus corrigée du risque et trouvent que les allocations suggérées par les études moyennevariance – de 10% à 20% et plus à l’immobilier – sont créatrices de risque dans une perspective de GAP en raison d’une faible corrélation de l’immobilier coté avec l’évolution des passifs ; ils justifient une allocation comprise entre 6% et 10% pour les portefeuilles les plus conservateurs et la part de l’immobilier diminue rapidement avec l’augmentation de la tolérance au risque. Craft (2001 ; 2005), et Chun, Sa-Aadu, et Shilling (2004) appliquent un modèle de minimisation de la variance de surplus sous contrainte de rendement aux fonds de pension des Etats-Unis. 27 - Bond et Seiler (1998) concluent que l’immobilier résidentiel est une bonne couverture contre l’inflation. Quan et Titman (1999) constatent que l’immobilier d’entreprise n’est pas une couverture à court terme mais qu’il est efficace à long terme pour lutter contre l’inflation. Goetzmann et Valaitis (2006) trouvent que l’immobilier résidentiel aux Etats-Unis peut faire office de couverture contre l’inflation et ce particulièrement à long terme. Craft (2001) justifie une allocation maximale de 16,2% à l’immobilier domestique entre 1979 et 1998 pour le fonds de pension moyen. L’allocation totale à la classe et la part de l’immobilier direct diminuent avec la tolérance au risque du fonds. Chun, Sa-Aadu et Shilling (2004) justifient une allocation de 12,1% en immobilier direct pour un portefeuille conservateur et trouvent que l’immobilier sort rapidement des portefeuilles plus risqués. Craft (2005) montre que plus le fonds de pension est en déficit, plus l’investissement en immobilier direct est faible. Pour la période de 1978 à 2002 et un plan à l’équilibre, les allocations maximales sont de 12,6% en direct plus 7% en immobilier coté pour le portefeuille à variance minimale et de 0% plus 11%-12% pour les portefeuilles moyennement risqués. Un plan en excédent de 5% peut investir jusqu’à 14,8% et 6,9% dans le cadre d’une politique de risque faible. Comparées aux travaux menés dans une perspective de gestion d’actifs, les études de GAP américaines allouent une place plus limitée à l’immobilier en raison de sa mauvaise corrélation avec les passifs tels qu’évalués par les auteurs : une allocation trop 38 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre importante augmenterait la volatilité du surplus ou du déficit. Négativement corrélé avec les passifs, l’immobilier direct entre dans les portefeuilles les plus conservateurs grâce à son faible risque. Légèrement positivement corrélés avec les passifs, les REITs sont moins pénalisés. Ces études n’ont malheureusement ni délissé les rendements des indices d’immobilier direct, ni contrôlé les variations de liquidité. Booth (2002) étudie l’impact de la structure des passifs sur l’allocation des fonds de pension anglais et considère l’intérêt de l’immobilier direct domestique entre 1984 et 2000. Il conclut à un niveau optimal de 10% en général pour les fonds de pension fermés et de 5% à 10% pour les fonds nouvellement créés. Booth et Matysiak (2004) montrent que ce résultat est nuancé par l’utilisation de données délissées qui réduit le risque de l’immobilier dans un contexte de GAP et autorise des allocations plus élevées. Les premières études indiquent donc que l’allocation à l’immobilier est réduite dans le cadre de GAP en raison d’une corrélation aux passifs plus faible que celle des autres classes, mais ces études restent largement exploratoires et les conclusions sont moins tranchées après délissage. Des corrélations importantes avec l’inflation et les risques démographiques et les taux d’intérêt à long terme pourraient justifier d’une utilisation de l’immobilier comme couverture des passifs. La réputation traditionnelle de l’immobilier comme protection contre l’inflation ne fait plus consensus mais les résultats sont très sensibles aux méthodes et échantillons employés ; les études sur le secteur résidentiel et celles portant sur le long terme confirment l’intérêt de l’immobilier direct dans une perspective de couverture contre l’inflation27. Morrell, Jones, Blundell, Walker, Waites, Cumberworth, Matysiak, et Winter (2004) montrent que les corrélations varient nettement selon qu’est Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 1. L’immobilier comme classe d’actifs considérée la composante loyer ou capital du rendement total immobilier – l’évolution des loyers a une très bonne corrélation avec la croissance des revenus, un indicateur clef de l’évolution des passifs des fonds de pension. L’utilisation pratique de ce résultat implique une gestion fine au niveau de la constitution du portefeuille ou le recours à l’ingénierie financière pour créer des supports d’exposition désagrégée28. Notons au passage que l’importante composante loyer peut avoir une utilité particulière pour les fonds qui versent déjà des pensions alors que la composante capital a un intérêt dans une perspective de couverture des engagements plus lointains. Soulignons également que les immeubles ont une duration relativement importante, ce qui peut en faire des outils intéressants dans une perspective d’immunisation des passifs à long terme – si les actions ont une duration plus longue, leur volatilité peut compliquer l’exercice d’immunisation. 28 - Notons néanmoins que Barber, Robertson et Scott (1997) concluent au contraire qu’entre 1967 et 1994 les capacités limitées de protection contre l’inflation de l’immobilier proviennent essentiellement de la composante plus-values. Au final, l’intérêt d’inclure l’immobilier dans un portefeuille de GAP multi classes est une question qui mérite de nouvelles recherches à l’aide de données corrigées, de modèles robustes et d’hypothèses réalistes sur les classes disponibles et leurs rendements anticipés. Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 39 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 40 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 2. Gestion des investissements immobiliers Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 41 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 2. Gestion des investissements immobiliers 2.1. Processus de gestion et construction de portefeuille 2.1.1. Sources de performance, stratégies et processus de gestion Sources de performance Rappelons que la qualité de la structuration juridique, fiscale et financière du ou des véhicule(s) utilisé(s) pour mettre en œuvre l’investissement est un élément fondamental de la performance finale pour l’investisseur. Une fois celle-ci posée, il existe trois sortes d’activités potentiellement créatrices de valeur dans la gestion active immobilière : 1. L’allocation d’actifs dont la qualité dépend de celle des prévisions à long (stratégique) et court-moyen (tactique) termes. L’allocation est bien entendue définie dans le cadre des objectifs et contraintes de l’investisseur conformément aux standards professionnels. 29 - En comparaison d'investissements de portefeuille dans de grandes sociétés, les investissements directs dans le secteur du capital risque et du capital investissement/développement (Private Equity) peuvent donner un poids supérieur à l’investisseur sans toutefois offrir de contrôle direct. 2. La sélection d’actifs dont la performance dépend de la capacité à identifier les actifs immobiliers sur et sous-évalués par rapport à leur utilisation présente ou projetée – c’est l’activité traditionnelle de l’expert immobilier – et de la qualité de la négociation à l’achat et à la vente – c’est l’activité traditionnelle des équipes immobilières. Cette dernière source de valeur est accessible à l’investisseur final ou à l’intermédiaire assurant la gestion alors qu’en matière d’investissement traditionnel les investisseurs financiers ne peuvent espérer qu’infléchir les choix généraux de la direction de l’entreprise par une politique d’engagement ou d’activisme29. Compétences, diversification et stratégies Hoesli et McGregor (2000) proposent une matrice de stratégies adaptées aux compétences (illustration 10). Ils soulignent la difficulté d’une approche passive de type indiciel dans l’immobilier direct : il n’est pas possible de détenir les mêmes immeubles que l’indice, difficile de diversifier le risque spécifique des immeubles et indispensable d’assurer la gestion opérationnelle des actifs. Illustration 10 : Matrice de cohérence entre compétences et stratégie – Hoesli et McGregor (2000) Capacité d’allocation Bonne Bonne Capacité de sélection Mauvaise Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre Mauvaise Gestion immobilière moderne • Positions basées sur les prévisions • Utilisation des modèles d’évaluation pour déterminer quels immeubles acheter ou vendre Gestion immobilière traditionnelle • Position neutre vis-à-vis du benchmark • Utilisation des modèles d’évaluation pour déterminer quels immeubles acheter ou vendre Gros fonds • Positions basées sur les prévisions • Diversification par l’acquisition d’un nombre important d’immeubles Gestion passive • Position neutre vis-à-vis du benchmark • Diversification par l’acquisition d’un nombre important d’immeubles S’inspirant de Brealey (1983), Brown et Matysiak (2000) rappellent que le type de stratégie viable est nécessairement lié à la diversification du portefeuille. Un portefeuille diversifié doit limiter 42 3. La gestion des actifs dont la qualité se traduit par la capacité à augmenter les revenus nets générés par le portefeuille ou sa valeur par des actions aux niveaux physique (rénovation, redéploiement), financier (structure du capital), et opérationnel (optimisation de l’occupation, optimisation du portefeuille de baux, etc.). la rotation pour minimiser les coûts ; une approche passive est cohérente. La stratégie adaptée à un portefeuille peu diversifié est au contraire la gestion active visant la surperformance. Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 2. Gestion des investissements immobiliers Processus de gestion Hoesli et McGregor (2000) proposent une démarche de gestion active qui correspond aux pratiques en vigueur dans l’industrie. Celle-ci est résumée par l’illustration 11. Illustration 11 : Etapes de la gestion active d’un portefeuille immobilier – d’après Hoesli et McGregor (2000) 30 - Ils concluent : « Si une idée générale de l’allocation aux divers secteurs est susceptible d’être utile pour l’identification d’un niveau général de risque, la plupart des décisions se prendront au niveau de chaque immeuble. Identifier si un bien est sous-évalué ou surévalué est probablement plus important que de s’assurer que les engagements de fonds correspondent aux indications d’un modèle d’allocation ». Définition des objectifs 1. Choix de l’allocation de référence (benchmark). 2. Définition de l’objectif de rendement relatif à ce benchmark. 3. Définition de la tolérance au risque relative (par exemple en termes d’erreur de réplication ou tracking error). 4. Définition de l’horizon pour l’atteinte des objectifs et la mesure de performance. Analyse du portefeuille existant • Comparaison de l’allocation existante à celle du benchmark et analyse de la performance récente. Mesure de la capacité à atteindre les objectifs à allocation et sélection inchangées. • Pour l’allocation, prévision de la performance relative et de la tracking error du portefeuille vis-à-vis du benchmark. Calcul de la contribution de la sélection à la performance et la tracking error. • Calcul de la probabilité d’atteindre les objectifs à allocation et sélection inchangée à l’aide du rendement relatif total et de la tracking error. Prise en compte des contraintes à la restructuration liées au portefeuille • Il peut être nécessaire de conserver certains immeubles pour lesquels des opérations d’amélioration de la valeur sont en cours ou proches. • La valeur de l’immeuble moyen, la non divisibilité conduisent à des discontinuités dans les allocations possibles. La difficulté de la diversification du risque spécifique rend prudente la fixation d’un montant maximum d’investissement dans un immeuble particulier – montant lié à la taille du portefeuille immobilier. Le coût de gestion d’une unité supplémentaire impose lui un montant minimum d’investissement. • Nécessité de considérer les rendements à plus d’un an étant donnés l’illiquidité et les coûts de transaction. Prise en compte d’autres contraintes pratiques • Nécessité de prendre en compte le timing d’une modification (considération tactique). • Nécessité de prendre en compte les liquidités : le capital consacré à l’immobilier ou est-il nécessaire de liquider une partie du portefeuille pour faire face à des sorties ? • Conditions de marché : les ventes sont difficiles dans un marché baissier qui peut se révéler avantageux pour de nouvelles acquisitions. • Coûts de transaction : ils sont élevés et doivent être pris en compte. • Capacité de mise en œuvre (par exemple disponibilité et qualification des ressources humaines) et nécessité de suivre celle-ci dans des contextes changeants. Définition de la nouvelle stratégie • Nouvelle allocation. • Immeubles à céder. • Types et localisation des immeubles à acquérir. • Identification des besoins en gestion opérationnelle. Les auteurs notent que la diversification permet aux gros acteurs de porter leur attention plus sur l’allocation mais que malheureusement toute modification d’allocation leur est difficile étant donnés les montants en jeu. Pour les petits acteurs l’allocation et la sélection sont difficilement séparables et la stratégie est pour cette raison à considérer comme un processus itératif. Contrairement à Hoesli et McGregor, Brown et Matysiak font une place très modeste à l’allocation sectorielle ou géographique dans le processus de gestion – ils jugent l’approche ascendante (bottom-up) sous contrainte de niveau de risque global plus pertinente en raison de la difficulté de constituer des portefeuilles immobiliers hautement diversifiés et soulignent l’importance centrale de la sélection d’actifs30. Ils relèvent que les indicateurs traditionnels utilisés pour la décision d’investissement immobilier (rendement équivalent et taux de rendement interne (TRI)) ne prennent pas correctement en compte le risque et les primes Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 43 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 2. Gestion des investissements immobiliers de risques et promeuvent l’utilisation de la valeur actuelle nette (VAN) avec un taux d’actualisation lié au risque de marché de l’immeuble et à la prime de marché prévue – la question de la gestion du risque spécifique n’est pas abordée. 2.1.2. Sources de risque et axes de diversification Sources de risque en immobilier Comme tout investissement, un projet immobilier est soumis au risque commercial, au risque financier dans la mesure de son endettement, au risque d’inflation, au risque de taux, - au risque de compétence du management, au risque réglementaire, au risque environnemental, en outre il est particulièrement touché par le risque de liquidité. Selon la distinction en vigueur en gestion d’actifs, l’illustration 12 liste pour l’immobilier les sources possibles de risque spécifique, théoriquement diversifiable, et de risque systématique, susceptible d’être contrôlé ou transféré. Illustration 12 : Sources de risque dans l’immobilier Risque spécifique à l’actif • Structure, état de l’immeuble, obsolescence • Localisation • Preneurs de bail (qualité, concentration) • Baux et taux d’occupation (structure, conditions et échéances des baux) 31 - Seuls les deux premiers sont significatifs pour le modèle à bêtas et primes fixes, les deux suivants deviennent statistiquement significatifs avec le modèle à bêtas et primes variables. 44 Risque sectoriel ou géographique • Secteur • Conditions économiques locales • Equilibre offre/demande local Risque systématique • Condition du marché immobilier • Condition des marchés de capitaux • Conditions économiques internationale et nationale • Courbe des taux et facilité d’accès au crédit • Fiscalité • Inflation Ling et Naranjo (1997) testent les facteurs systématiques de la performance de l’immobilier coté et non coté sur la période 1978-1994. Aux facteurs de Chen, Roll et Ross (1986) – portefeuille de marché, prime de crédit, pente de la courbe des taux, taux de croissance de la production industrielle, inflation non anticipée et modification des prévisions d’inflation – ils ajoutent le taux de croissance de la consommation réelle par habitant et le taux monétaire réel. Le taux de croissance de la consommation réelle par habitant, le taux monétaire réel, la structure par terme des taux et l’inflation non anticipée sont identifiés comme des facteurs systématiques pour l’immobilier31. et négativement au stock d’immeubles, au taux d’inoccupation et au chômage. Les rendements totaux ont une relation négative avec le taux d’inoccupation et positive avec la croissance du PIB/PMB et l’inflation. Au global, ils concluent que l’évolution du taux d’occupation et de l’emploi sont les variables les plus importantes. S’intéressant aux facteurs de croissance économique et d’équilibre offre/demande affectant les rendements du marché des bureaux, De Wit et Van Dijk (2003) observent que la croissance du PIB/PMB a une influence positive sur les prix alors que le chômage et le taux d’inoccupation ont une influence négative. Ils mesurent que les loyers sont positivement liés à la croissance du PIB/PMB Diversifications sectorielle et géographique au niveau domestique L’hypothèse implicite dans la diversification sectorielle est qu’aux classifications par type correspondent de réelles différences d’exposition à des facteurs de risque particuliers à chaque secteur et/ou de réelles différences d’exposition aux risques systématiques, soit en moyenne soit à divers temps Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre Axes de diversification Les différentes sources d’hétérogénéité des immeubles suggèrent des axes de diversification – les plus pratiqués par les investisseurs sont aussi les plus étudiés par les universitaires ; il s’agit des diversifications sectorielle et géographique. Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 2. Gestion des investissements immobiliers du cycle des affaires. Un portefeuille diversifié sectoriellement aura donc un risque spécifique réduit et un niveau de risque systématique inférieur à celui du secteur le plus risqué. Le supposé sous-jacent justifiant la diversification géographique est que les immeubles s’échangent sur des marchés locaux affectés par un équilibre offre/demande qui dépend de facteurs spécifiques comme de l’exposition locale aux risques systématiques qu’elle soit structurelle ou conjoncturelle. Les études attestent la réalité du phénomène mais aussi sa puissance relative : le gain marginal de la diversification géographique chute rapidement et les portefeuilles de tailles réalistes conservent une part importante de risque diversifiable. Les résultats sont contrastés suivant les secteurs, ainsi Cheng et Roulac (2007) trouvent que pour les Etats-Unis, la diversification géographique est très efficace pour l’immobilier résidentiel, intéressante pour les commerces et dans une moindre mesure pour les biens industriels, et fort peu utile pour les bureaux. Depuis Miles et McCue (1982), la très grande majorité des nombreux travaux couvrant divers pays établissent la supériorité de la diversification sectorielle sur la diversification géographique sans pour autant nier l’intérêt marginal de cette dernière. Au Royaume-Uni, Andrew, Devaney, et Lee (2003) renforcent ces conclusions grâce à une étude fine sur 20 ans et plus de 12 000 immeubles. Hartzell, Shulman et Wurtzebach (1987) ont proposé de substituer des régions économiques aux régions administratives dans l’étude de la diversification géographique. Divers travaux de regroupement statistique (clustering) de zones géographiques en régions économiques homogènes ont permis de démontrer un potentiel de diversification plus important. Certains auteurs comme Mueller et Ziering (1992) et Mueller (1993) ont poussé la démarche plus loin en abolissant la notion de région et travaillant directement sur base des facteurs économiques locaux pour obtenir une meilleure diversification. L’utilisation de régions économiques plutôt qu’administratives améliore le potentiel de diversification de l’approche géographique. Celui-ci progresse encore lorsque des partitions au niveau des métropoles sont utilisées mais sans atteindre la réduction de risque d’une approche purement économique ou remettre en cause la supériorité des approches sectorielles. Sur ce dernier point, les études de regroupement statistique d’actifs comme celles d’Hamelink, Hoesli, Lizieri et MacGregor (2000) génèrent des segments sur une base très fortement sectorielle. Diversification internationale Sirmans et Worzala (2003a ; 2003b) font une revue exhaustive des travaux consacrés dans les 20 dernières années à la diversification internationale des portefeuilles mixtes et immobiliers à l’aide d’immobilier direct et de foncières. Presque toutes ces études concluent à la pertinence de la diversification. Le « bon sens » suggère que les marchés immobiliers directs sont par nature moins intégrés que les marchés financiers et nombre de travaux comme ceux de McAllister (1999) et Chua (1999) confirment les coûts supérieurs des stratégies immobilières internationales qui constituent des freins à l’investissement international. Néanmoins, étudiant 21 pays entre 1987 et 1997, Case, Goetzmann et Rouwenhorst (1999) documentent une corrélation surprenante des marchés immobiliers directs nationaux due à une dépendance commune aux évolutions économiques mondiales ; les commerces et bureaux offrent un potentiel de diversification internationale moins important que les actions ! Etudiant les foncières Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 45 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 2. Gestion des investissements immobiliers cotées de 28 pays, Ling et Naranjo (2002) concluent également à cette dépendance commune. Ce résultat suggère que les décorrélations entre cycles économiques nationaux pourraient servir de guide naturel à une première approche de la diversification internationale. Eichholtz, Huisman, Koedijk et Schuin (1998) pour les foncières cotées et Bond, Karolyi et Sanders (2003) pour l’immobilier direct documentent l’existence d’un facteur continental qui accentue l’intérêt de la diversification hors zone pour l’Amérique du Nord et l’Europe. L’intérêt de la diversification internationale et plus encore intercontinentale fait consensus mais sa mise en œuvre pratique doit prendre en compte les variations sectorielles et géographiques ; notons par ailleurs que la volatilité des monnaies est généralement bien supérieure à celle des rendements immobiliers directs et que les décisions d’allocation internationale doivent prendre en compte cette volatilité ou le coût d’une politique de couverture. 32 - Ces faibles pouvoirs explicatifs traduisent la dominance, au niveau des actifs individuels, du risque spécifique. Le peu d’études s’intéressant aux composantes pays et secteurs de la diversification internationale indiquent que l’effet pays domine. Sur la période 1990-1996, D’Arcy et Lee (1998) montrent que les rendements sur 159 villes Européennes sont expliqués essentiellement par le facteur pays (31%), l’addition d’un facteur sectoriel (3%) et régional (1%) a un rôle au mieux marginalement positif sur le modèle. Etudiant plus de 25 000 immeubles entre 1996 et 2002, Lee et Devaney (2004) concluent de manière similaire ; les pouvoirs explicatifs sont limités à 2,8%, 1,4%, 1,4% pour le pays, le secteur et la distinction entre métropole et ville secondaire32. Hamelink et Hoesli (2004b) montrent qu’au niveau d’une foncière le facteur spécifique explique environ la moitié de la performance entre 1990 et 2003. A la fin de la période et pour les facteurs non 46 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre spécifiques, le pays explique plus de la moitié de la performance, le secteur plus d’un quart - les autres facteurs pertinents étant la taille et le style. De la même façon, Glascock et Kelly (2007) étudient les indices sectoriels de foncières de 17 pays entre 1990 et 2002 et concluent à la dominance de l’effet pays. La diversification multisectorielle domestique réduit la variance à 20% de celle de la foncière moyenne. La diversification unisectorielle internationale la réduit à 8%. La diversification multisectorielle internationale permet d’atteindre le chiffre de 7%. Traditionnellement, l’investissement immobilier a été une affaire domestique et la grande majorité des portefeuilles institutionnels conserve aujourd’hui un biais domestique très important. Dans un cadre international, l’hétérogénéité, la nature immobilière et la nécessité d’un suivi opérationnel du sous-jacent génèrent des obstacles additionnels pour l’investisseur en direct : besoin d’expertise sur les marchés locaux, restrictions sur l’investissement étranger et risque politique, problèmes fiscaux, taille et liquidité limitées des marchés (en particulier dans les pays émergents), etc. Ces obstacles génèrent des coûts et risques supplémentaires mais les surmonter peut parfois produire des rendements attrayants. L’allègement des contraintes pesant sur les investisseurs étrangers et le développement de véhicules cotés et non cotés d’investissement indirect ont permis une forte hausse des investissements immobiliers internationaux. Il faut toutefois noter que les flux se concentrent sur un petit nombre de marchés jugés suffisamment stables politiquement, économiquement matures et de tailles convenables pour l’investissement institutionnel. Chen et Mills (2006) considèrent ainsi que seuls 27 pays au monde offrent un environnement adéquat pour des investissements « cœur ». La concentration des investisseurs sur les marchés les plus liquides peut générer des phénomènes de flux d’investissements qui Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 2. Gestion des investissements immobiliers augmentent les corrélations entre pays et réduisent les avantages de la diversification internationale. L’intérêt de la diversification peut de la même façon s’estomper lorsque les immeubles détenus dans divers pays sont loués à des preneurs qui appartiennent à un même secteur mondialement intégré. Etudiant les marchés des bureaux de Londres et New York, villes proches par leur spécialisation économique, Jackson, Stevenson, et Watkins (2005) observent de fortes interrelations. Comme les liens entre rendements totaux sont plus importants que les liens entre loyers, ils concluent que l’interrelation s’explique principalement par le comportement des investisseurs qui se concentrent sur ces marchés de taille et liquidité importantes. 33 - La taille des preneurs de baux est liée positivement au risque. Le risque de change est une entrave majeure à la diversification internationale au-delà de la zone monétaire domestique. La volatilité des monnaies étant bien supérieure à celle de l’immobilier, les rendements d’investissements immobiliers en devises dépendront essentiellement des évolutions des taux de change avec la monnaie domestique. La prévisibilité des taux de change étant au mieux limitée, une stratégie de couverture est à recommander. Les décisions d’allocation à l’international doivent prendre en compte soit la volatilité importante d’investissements non couverts, soit le coût de la couverture. Si beaucoup d’études consacrées à l’investissement international évacuent la question du risque de change, Hoesli, Lekander, et Witkiewicz (2004) mesurent l’intérêt de la diversification avec et sans couverture. Ils confirment l’intérêt de l’immobilier pour la diversification du portefeuille global mais soulignent que « l’allocation entre les actifs domestiques et étrangers varie significativement pour les divers pays selon que les rendements sont couverts ou non ». Diversifications par taille et style Depuis Roulac (1976), la taille d’un immeuble (définie physiquement ou relativement à sa valeur) a été généralement associée positivement au rendement brut. Les explications proposées font référence à la prime de liquidité de biens qui ont un marché très étroit, aux économies d’échelle, et à la diversification des baux33. Les styles proposés pour décrire les immeubles et les fonds pourraient naturellement former une autre dimension sinon de diversification au moins de gestion de l’exposition aux facteurs systématiques. Jusqu’à présent, ils n’ont été étudiés que dans une optique de mesure de performance. La dominance du risque spécifique, la nonnormalité et leur impact pour la diversification Brown et Matysiak (2000) observent que le facteur de marché explique environ 30% de la variabilité d’une action et qu’il faut en moyenne 44 actions pour diversifier 95% du risque spécifique. Les résultats qu’ils mesurent pour l’immobilier sont remarquablement différents puisque le facteur de marché ne compte que pour 9% dans le risque de l’immeuble moyen réévalué mensuellement. Sous les hypothèses (irréalistement optimistes) de rendements normalement distribués et de la possibilité d’investissements équipondérés, 171 immeubles seraient en moyenne nécessaires pour une diversification à 95%. Bien entendu, l’utilisation de données mensuelles est susceptible d’introduire du lissage et de biaiser à la baisse la corrélation entre les immeubles, donc l’importance d’un facteur commun. Brown et Matysiak observent des progressions significatives dans la corrélation moyenne entre immeubles lorsqu’ils utilisent des données trimestrielles et annuelles, même si les coefficients restent faible au regard de ceux observés dans les classes traditionnelles. Le potentiel de diversification intra-classe de l’immobilier est donc inférieur à ce que suggérait le premier chiffre, et la diversification plus aisée : un investissement équipondéré dans 30 à 40 immeubles dont les rendements seraient normaux suffirait à atteindre en moyenne le niveau de 95%. Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 47 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 2. Gestion des investissements immobiliers Malheureusement, il n’est pas possible pour un investisseur de détenir ce portefeuille moyen et la diversification effective d’un groupe de 30 à 40 immeubles peut être significativement en deçà (ou au dessus) des 95%. Une diversification à 95%, avec un bon intervalle de confiance, d’un portefeuille immobilier donné pourrait exiger un investissement équipondéré dans des centaines d’immeubles. En outre, comme les immeubles sont difficilement divisibles, l’équipondération n’est pas une option et il est nécessaire de constituer des portefeuilles plus importants pour viser le même niveau de diversification. Ces portefeuilles comprendront un nombre plus important d’immeubles et seront naturellement pondérés par les valeurs de chaque bien. Enfin, les rendements immobiliers ont des distributions non-normales (asymétriques et généralement leptocurtiques) qui rendent la diversification plus difficile. Sur la base des rendements des immeubles de la base IPD Royaume-Uni entre 1981 et 2003, Young, Lee, et Devaney (2006) montrent qu’un investissement équipondéré dans 1 698 immeubles aurait été nécessaire pour atteindre une diversification à 90% alors que 100 immeubles « suffiraient » sous hypothèse de normalité des rendements. Ces résultats appellent diverses remarques: 1. Une politique de diversification élevée des investissements directs dans l’immobilier est irréaliste pour la plupart des investisseurs. Dans l’environnement à coûts de transaction et de gestion élevés caractérisant l’immobilier, les avantages marginaux de la diversification seront mis en regard des coûts marginaux et les portefeuilles directs – y compris ceux des plus gros acteurs – ne seront pas diversifiés physiquement au niveau de 95%. 48 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 2. Devant l’impossibilité d’établir en direct une exposition passive à l’immobilier, les investisseurs vont porter leur attention sur la gestion active et chercher à optimiser le rendement de leur portefeuille ; il n’est pas possible d’encaisser simplement la prime de risque associée à un portefeuille immobilier hautement diversifié. Dans ce cadre, il est sensé pour l’investisseur traditionnel de chercher à optimiser la production d’alpha au niveau de l’immeuble puisque l’allocation tactique rencontre comme limites les importants frais de transaction et délais d’exécution ainsi que la difficulté à atteindre la diversification nécessaire pour établir des expositions pures à des secteurs ou pays. OPC (2006) s’est intéressé aux moyens financiers nécessaires pour établir un portefeuille direct répliquant la performance de divers segments du marché britannique en fonction de la taille moyenne des biens et de leur hétérogénéité intra-sectorielle. L’illustration 13 montre que la difficulté à diversifier en pratique un portefeuille spécialisé varie significativement selon le segment choisi. Il apparaît extrêmement difficile d’établir et de gérer en direct un portefeuille immobilier diversifié au sens classique, l’investisseur peut alors opter soit pour une stratégie active en direct si ses moyens financiers et son expertise sont suffisants, soit pour une diversification intermédiée, soit pour un panachage dont la composition sera dictée par les moyens, les compétences et la difficulté relative de la diversification. Dans cette dernière hypothèse, l’investisseur peut utiliser des véhicules diversifiés inter-sectoriellement ou, s’il désire maintenir un contrôle fin sur l’allocation, combiner des véhicules spécialisés par secteur, pays et style… dans la limite des disponibilités de marchés en maturation. Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 2. Gestion des investissements immobiliers Illustration 13 : Montants requis pour établir des portefeuilles indiciels spécialisés à divers niveaux de tracking error – OPC (2006) Segment Capital requis (£m) Magasins standards Tracking error de 5% Tracking error de 4% Tracking error de 3% Tracking error de 2% 28 42 74 157 Entrepôts (distribution) 86 129 259 1 013 Centres commerciaux 118 158 237 434 Autres commerces 40 60 100 169 Bureaux Londoniens 152 243 455 1 229 Bureaux du Sud-Est 36 50 86 172 Bureaux provinciaux 36 58 87 166 Parcs de bureaux 40 60 110 210 Industrie 32 51 90 212 Encadré 5 : Application de la théorie moderne du portefeuille à l’immobilier L’application des modèles de la théorie moderne du portefeuille à l’immobilier se heurte à des limitations liées aux données (indisponibilité ou faible fréquence, lissage, non-normalité, cyclicité) ainsi qu’à des difficultés pratiques de mise en œuvre (coûts de transaction élevés, délais, faible granularité, dominance du risque spécifique). Gold (1995, 1996) rappelle qu’en raison de l’incertitude statistique, la frontière efficiente est floue et recommande l’utilisation de fourchettes d’allocation plus robustes mais également plus pratiques étant donnés les problèmes de mesure et d’exécution. Pagliari, Webb, et Del Casino (1995) mesurent l’intérêt du MEDAF pour la décision d’allocation entre secteurs immobiliers. Utilisant en entrée les volatilités, rendements et corrélations historiques, ils constatent que les portefeuilles optimaux du modèle ne sont pas efficients ex post et ne font pas mieux que les approches qui allouent également entre secteurs. Ils notent plus de stabilité dans la matrice variance-covariance que dans le vecteur des rendements attendus et suggèrent, si les rendements ne peuvent être prédits, d’utiliser la théorie moderne du portefeuille pour créer des portefeuilles à variance minimale. Pour l’allocation intersectorielle, Coleman et Mansour (2005) présentent un modèle qui prend en compte l’asymétrie et l’aplatissement dans l’estimation des données et utilise la semi-variance pour incorporer des préférences asymétriques vis-à-vis du risque – l’étude empirique de ce modèle reste à conduire. Pour Graff et Young (1995) au contraire, les corrélations entre segments sont tellement volatiles que les tests statistiques ne permettent pas de prouver la supériorité de la diversification sectorielle ou géographique sur une approche naïve. Ils recommandent aux investisseurs de continuer à utiliser le sens commun et l’expérience, plutôt que la matrice variance-covariance et un modèle mathématique d’optimisation, pour déterminer si le coût de la diversification hors des segments d’expertise est justifié par la réduction du risque attendue. Young et Graff (1995), Graff, Harrington et Young (1997), Young, Lee et Devaney (2006) et Young (2006) montrent que l’asymétrie et l’importance du risque spécifique des immeubles changent au cours du temps et que les modèles à variance infinie sont de meilleures descriptions de la distribution des rendements des actifs immobiliers que la loi gaussienne. Ces constatations internationales invitent à rejeter non seulement le MEDAF, mais plus généralement tout modèle basé sur les moments et co-moments des actifs. Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 49 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 2. Gestion des investissements immobiliers 2.2. Mesure et analyse de performance La mesure de performance doit permettre d’établir si la gestion a progressé vers ou atteint ses objectifs au cours de la période d’observation. Elle répond non seulement à un objectif de communication vers les investisseurs et d’alignement des intérêts mais également à un besoin d’information dans le cadre du processus de gestion du portefeuille. Sont généralement analysées les contributions respectives de l’allocation et de la sélection à la performance de la gestion : l’objectif est de mesurer où la valeur a été créée ou détruite et d’éclairer les choix futurs. Les objectifs de performance sont généralement définis soit dans une optique de rendement absolu (réel ou nominal), soit dans une optique relative (comparaison avec un indice des pairs, un benchmark individuel, ou un indice de marché). Même si un rendement absolu est utilisé comme objectif, il est intéressant de déterminer ex post comment la performance s’est construite. 2.2.1. Pondération par le temps et pondération par la valeur Le suivi de performance implique que soit mesuré le rendement. Deux méthodes de calcul des rendements sont couramment utilisées : la pondération par le temps et la pondération par la valeur. La pondération par le temps compose les rendements observés sur des périodes successives en ignorant les éventuelles différences de montants investis à chaque période. La pondération par la valeur permet de rendre compte du rendement effectivement généré en intégrant les variations de montants investis. Au niveau d’un portefeuille la comparaison entre un taux de rendement pondéré par le temps et un taux de rendement pondéré par la valeur permet d’esquisser un commentaire sur la capacité du gérant à effectuer des choix pertinents quant au moment propice de l’allocation de fonds (timing) sous réserve que ce choix lui ait été laissé. 50 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre La capitalisation par le temps est standard en investissement immobilier direct « cœur » et pour les fonds liquides, le taux de rendement interne, la mesure pondérée par la valeur la plus utilisée, est standard au niveau de chaque immeuble et est aussi d’utilisation courante pour les fonds de private equity. Il faut absolument éviter de comparer des choix d’investissement sur bases de critères différents, par exemple un TRI extrait des flux de liquidités réels et un taux pondéré du temps dont une partie est basée sur l’évolution de la valeur vénale estimée à intervalles réguliers. Les calculs nécessitent de connaître la valeur des actifs à chaque flux de liquidités ; en matière d’immobilier non coté un calcul exact exigerait des expertises d’une fréquence très élevée et serait fort coûteux. Il est dans ce cas préférable d’utiliser une approximation à l’aide de sous-périodes calées sur la fréquence normale des expertises – quoique celle-ci peut être faible dans certains pays ou pour certains acteurs. L’exercice de mesure de performance a généralement lieu annuellement et des hypothèses simplificatrices sur les dates des flux de liquidités au cours de l’année sont faites. Par exemple, il est souvent poosé que la collecte des loyers nets et les dépenses d’investissements ont lieu en milieu d’année. Si le portefeuille voit sa composition modifiée par l’acquisition ou la cession d’actifs, il est alors recommandable de travailler en dates exactes. Pour tous ses indices, IPD calcule des rendements mensuels en faisant l’hypothèse que tous les flux enregistrés ont lieu au début du mois ; pour les actifs qui ne sont pas estimés mensuellement, IPD détermine une valeur vénale par interpolation ; les résultats mensuels sont composés pour calculer les indices trimestriels ou annuels. Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 2. Gestion des investissements immobiliers 2.2.2. Indices, benchmarks et analyse de performance La mesure d’une performance relative ou d’une surperformance implique de définir une référence, repère généralement désigné sous le terme anglais de benchmark. La construction d’un indicateur de performance personnalisé ou d’un portefeuille de référence est une étape majeure de l’exercice de mesure de performance. Lorsqu’un investisseur gère son portefeuille par rapport à un indice alors celui-ci est le benchmark naturel et doit représenter la composition neutre du portefeuille. Une telle gestion n’interdit pas l’allocation dynamique de type market timing ou la sélection d’actifs mais, en moyenne sur plusieurs périodes, le gérant doit respecter les poids de l’indice. Si l’allocation stratégique du fonds est – en termes de facteurs systématiques – différente de l’indice, ce dernier est impropre comme benchmark. Lorsque le gérant ne suit pas un indice de marché, alors doit être construit un benchmark personnalisé représentatif de sa stratégie. Ce type d’indicateur peut être créé en mêlant les indices de marché disponibles dans la mesure où ils peuvent collectivement représenter la stratégie du gérant. Pour la construction d’un indice sur mesure les indices sectoriels et les services de mesure de performance privés sont des sources appropriées. Encadré 6 : Les indices immobiliers peuvent-ils être utilisés comme benchmarks? Pour Bailey (1992), un benchmark devrait être : 1) non ambigu (composantes et poids connus), 2) investissable (ou à défaut réplicable), 3) mesurable (recalculable par l’investisseur), 4) approprié (cohérent avec le style d’investissement du gérant et les risques pris), 5) le reflet des opinions d’investissement actuelles (le gérant connaît l’intérêt des composantes comme investissements), 6) spécifié à l’avance (une stratégie peut être définie avant le début de la période d’évaluation). Il est clair que les indices de référence couramment utilisés pour la mesure de performance de l’investissement immobilier en direct, qu’il s’agisse d’indices d’expertises ou d’indices de performance des pairs, ne remplissent aucune de ces conditions de manière stricte. Par exemple les indices IPD des marchés sont ambigus, non mesurables, non représentatifs des opinions d’investissement, et non spécifiés à l’avance puisque les immeubles sous-jacents ne sont pas identifiés. De par la nature et le nombre de leurs composantes, ils sont non-investissables. Enfin, ils ne seront pertinents que pour une partie des investisseurs. Le fait que les compositions sectorielle et géographique de l’indice sont connues et relativement stables au cours du temps atténue la critique sans remettre en cause le verdict. Comme l’affirme IPD (2007b), l’utilisation d’un de ces indices « en tant que benchmark de la performance d'un portefeuille ou d'un gestionnaire » n’est pas appropriée. A l’opposé, l’utilisation d’un indice de foncières cotées comme benchmark pour un portefeuille d’immobilier coté est valable dans la mesure où l’indice est pertinent. Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 51 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 2. Gestion des investissements immobiliers La construction d’un benchmark individuel découle à l’interne de la fixation des objectifs et contraintes – la performance d’une période donnée est alors comparée à celle qu’aurait générée l’allocation stratégique dans des supports passifs, les déviations par rapport à l’allocation « neutre » ou « normale » permettent d’évaluer la création/destruction de valeur due à l’allocation de la période et celle attribuable à la sélection. Dans sa version la plus simple, le modèle d’analyse de performance a la forme suivante : Contribution de l’allocation : ∑b j P, j R INDEX , j − ∑ bBENCHMARK j ,j R INDEX , j Contribution de la sélection : R P − ∑ bP , j R INDEX , j j Avec : potentiellement dangereux en ce qu’il ralentissait le processus de décision, incitait à tirer partie des faiblesses du dispositif et orientait l’analyse vers des variables peu pertinentes pour ces auteurs. Dans le cadre d’un investissement direct, la sélection fait non seulement référence au choix de l’actif mais aussi à la négociation de l’acquisition ou de la cession et à la gestion opérationnelle. Il est possible de s’intéresser aux sources de création de valeur au niveau de chaque immeuble en distinguant le rendement initial, fonction de la capacité de sélection et de négociation, de la modification des flux qui tient principalement à la gestion opérationnelle et de la modification du rendement qui reflète la sélection et/ou la gestion opérationnelle. Geltner (2003) propose de décomposer le TRI depuis l’achat selon cette approche en rendement initial, variation des flux de liquidités et variation du rendement. bP , j allocation au secteur/segment j dans le portefeuille. R INDEX 34 - A ce sujet, consulter Brinson et Fachler (1985), Brinson, Hood et Beebower (1986), Brinson, Singer et Beebower (1991). ,j rendement moyen du secteur/ segment j. bBENCHMARK allocation du benchmark au secteur/segment j. ,j R P rendement constaté sur le portefeuille. Cette approche de décomposition doit être complétée par l’analyse des risques pour s’assurer que le portefeuille a un niveau de risque comparable au benchmark ou effectuer des ajustements34. L’application de l’analyse de performance à des portefeuilles d’immobilier coté et non coté a été étudiée par Young et Annis (2002) qui ont conclu que l’exercice était non seulement dénué d’utilité prospective – puisque les procédures d’investissement et la nature des marchés immobiliers empêchaient l’exécution des décisions dans des délais acceptables – mais également 52 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre En complément de cette approche ou lorsque l’investisseur ne dispose pas de la transparence au niveau des positions, peut être menée une analyse de style basée sur les rendements sous réserve que ceux-ci soient disponibles avec une fréquence acceptable. Cette approche a le mérite de décomposer la performance en une partie expliquée par l’exposition à des risques divers ou styles et une partie non expliquée liée à la sélection, à une allocation dynamique ou à des facteurs oubliés ; en revanche, elle neutralise l’effet de création/ destruction de valeur lié à une position active vis-à-vis du benchmark puis qu’elle constitue un benchmark ad hoc réellement représentatif des risques courus et extrait la performance anormale vis-à-vis de ceux-ci. Schématiquement, l’approche est une simple régression multiple du type : RP ,t = âP + ∑ b̂P , j RI N D E X , j ,t + εP ,t j sous contrainte de ∑ bˆ j P, j = 1 et bˆP , j ≥ 0 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 2. Gestion des investissements immobiliers L’application de l’analyse de style à l’immobilier est limitée par la disponibilité restreinte de données de fréquence suffisante mais également d’indices de style reconnus spécifiques à l’investissement immobilier35. 35 - Marcato (2004) utilise les caractéristiques de rendement des immeubles pour les classer en style croissance (growth) et style rendement (value) d’une manière robuste – malheureusement, ces indices n’ont pas (encore) été utilisés pour l’analyse de performance. 36 - Sur l’impact de l'autocorrélation sur les ratios de Sharpe et les corrections possibles, voir Lo (2002) et Getmansky, Lo, et Makarov (2004). Webb et Myer (1996) font l’analyse de style de 26 fonds communs immobiliers américains (CREFs) entre 1989 et 1995 à l’aide de 7 indices correspondant à des secteurs immobiliers et parviennent à expliquer presqu’un tiers de la volatilité des fonds (R2=32%). Lee (1999) arrive à un R2 de 64% sur des fonds immobiliers non cotés en utilisant 10 indices immobiliers et un indice monétaire. Ces chiffres sont plus bas que dans le domaine des fonds actions ce que nous pouvons lier à (i) l’hétérogénéité importante de l’immobilier et la nécessité d’utiliser un historique plus long en raison de la faible fréquence des données (mais il faut reconnaître qu’étant donnée la durée de détention des actifs immobiliers, le bruit statistique est inférieur), (ii) la représentativité moyenne des indices de styles utilisés. Lee trouve néanmoins que l’utilisation de benchmark ad hoc permet de mieux détecter les bons et les mauvais fonds (au global moins de fonds battent leur référence.) D’autres auteurs ont utilisé les styles habituels de l’analyse des actions pour l’étude de l’immobilier coté : Liang et McIntosh (1998) se sont intéressés aux REITs, Stevenson (2001) a analysé 34 foncières britanniques à l’aide de 19 facteurs et trouvé un R2 variant de plus de 40% à près de 90% au cours du temps et une sous-performance des foncières par rapport à leurs benchmarks ad hoc. Myer et Webb (2000) ont étudié 10 gérants de REITs et 9 fonds spécialisés dans l’immobilier entre 1994 et 1996 et trouvé un R2 au dessus de 80% pour une analyse de style utilisant des facteurs immobiliers. 2.2.3. Mesures ajustées du risque L’analyse de performance permet de distinguer les décisions d’allocation, de sélection ou de gestion opérationnelle des actifs immobiliers qui créent ou détruisent de la valeur en référence à un benchmark prédéfini. L’analyse de style permet de mesurer la performance du portefeuille relativement à un benchmark ad -hoc représentatif des risques effectivement encourus. Des obstacles pratiques mais aussi l’expertise limitée d’une partie des utilisateurs justifient l’utilisation d’indicateurs plus simples comme les ratios de Sharpe et de Sortino. La fiabilité de ces ratios dépend des propriétés des séries de rendements ; l’autocorrélation – courante pour les investissements illiquides – fausse les indicateurs de risque à la baisse et amène à la surestimation des performances ajustées36. Encadré 7 : Mesures de performance ajustée rudimentaires Ratio de Sharpe De manière intuitive, le ratio de Sharpe mesure la performance ajustée du risque d’un actif. Il est calculé en divisant le rendement d’un portefeuille au-delà du rendement sans risque (sa prime de risque) par le risque total de ce portefeuille mesuré par sa volatilité. Sharpe = E ( RP ) − RF P σ ( RP ) où E(Rp) est le rendement attendu du portefeuille, RF le rendement de l’actif sans risque et σ(Rp) l’écart type des rendements du portefeuille. Sa principale faiblesse est qu’il fait l’hypothèse que la performance ajustée peut se réduire à la moyenne et la variance des rendements d’un portefeuille, ce qui n’est vérifié que lorsque les rendements sont normaux. Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 53 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 2. Gestion des investissements immobiliers Ratio de Sortino Le ratio de Sortino traite ce problème et, de fait, est plus pertinent pour évaluer la performance de portefeuilles dont les rendements sont asymétriques. Sa présentation est proche de celle du ratio de Sharpe, mais il est défini comme le ratio de la prime de risque du portefeuille par rapport à un niveau de rendement minimal acceptable (RMA) au seul risque situé sous ce RMA. SortinoP = SE TSOR M A = E ( RP ) − RMA SE TSOR M A 2 1 N ∑ ⎡ Max(0,( RMA − RP ,i )) ⎦⎤ N i=1 ⎣ où N est le nombre d’observations. Le ratio de Sortino capture l’asymétrie des rendements mais ne pénalise pas particulièrement les risques de pertes extrêmes pour lesquels les investisseurs peuvent avoir une aversion particulière. 37 - Bien entendu, la cession d’un immeuble peut se traduire par une plus ou moins value imposée ou non, imputable ou non sur des sources de profits immobiliers ou non immobiliers, et à un taux pouvant varier en fonction de la durée de détention de l’immeuble. Ce délai est affecté par la liquidité du segment de marché (sectoriel-géographique) et par les caractéristiques spécifiques du bien (montant, caractère exceptionnel). La liquidité est liée aux conditions locales de marché mais également à des facteurs macroéconomiques et financiers affectant les anticipations et le financement aux niveaux national et international. Ainsi la liquidité – toute relative – des immeubles varie très significativement au cours du temps. Les périodes de hausse des marchés sont accompagnées d’une multiplication des transactions alors que les périodes baissières voient les volumes baisser fortement. Les différents types et qualités de biens seront plus ou moins sensibles à ces variations et les biens échangés pendant les périodes de récession globalement différents de ceux échangés en période haussière ; pour certains biens les transactions à des niveaux acceptables pourront être quasiment impossibles pendant des périodes prolongées. 2.3. Ajustement de l’allocation L’analyse de performance et les modèles de prévision peuvent amener l’investisseur à modifier son allocation de manière stratégique (modification du benchmark), tactique (modification des choix de sur/sous pondération relativement au benchmark) ou à modifier la sélection d’actifs afin de saisir des opportunités de cession d’actifs jugés surévalués ou d’acquisition de biens jugés sousévalués. Nous évaluons ici les problèmes de mise en œuvre pratique d’ajustements théoriquement souhaitables. 2.3.1. L’ajustement sur le marché direct Délais Une fois prise la décision de céder un immeuble détenu directement, la recherche d’un acquéreur, la négociation d’un prix acceptable pour les deux parties, les audits retardent de plusieurs mois 54 l’exécution. L’acquisition, de manière symétrique, est tout aussi longue et la construction beaucoup plus encore. Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre Coûts de transaction élevés Le coût d’un aller-retour dans l‘immobilier est bien supérieur à celui observé sur les marchés financiers de par l’organisation du marché et les formalités spécifiques aux immeubles. Aux frais dus aux agents et autres intervenants dans la transaction s’ajoutent des droits et frais divers dont traditionnellement un droit de timbre ou d’enregistrement d’un montant élevé assis sur la valeur de la transaction et non plafonné37. Interdictions Certains investisseurs bénéficiant de dispositions fiscales particulières peuvent voir leur droit à céder des immeubles limité s’ils désirent conserver leurs avantages – par exemple, les opérations de court-moyen terme ou de promotion immobilière sont limitées pour les REITs. Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 2. Gestion des investissements immobiliers Manque de stock Une partie importante des immeubles de qualité institutionnelle se trouve dans les mains de propriétaires-occupants et la quantité d’investissement disponible sur le marché de l’investissement varie considérablement selon les pays et secteurs (annexe 2). Sur certains secteurs ou segments, le stock investissable peut être extrêmement limité. Dans la mesure où il existe un déficit réel de surfaces locatives, la construction ou l’acquisition d’un immeuble à construire peuvent être des solutions. Enfin, eu égard à la localisation des marchés immobiliers, l’investissement institutionnel peut avoir tendance à se concentrer sur des segments particuliers. Le déséquilibre entre les montants disponibles pour l'investissement et le stock peuvent rendre très difficiles l’acquisition et conduire à des excès et des cycles réels. Poids de marché, capacité et profondeur Lorsque l’investisseur a une taille importante, une modification d’allocation peut se heurter à des limitations de capacité et de liquidité du marché qui doivent être intégrées dans la décision et ses modalités d’exécution. La disponibilité de ressources humaines en quantité et qualité suffisantes à l’interne doit également être vérifiée. Cession d’un intérêt fractionnaire Lorsque les immeubles sont détenus en commun avec d’autres investisseurs, la cession des intérêts exige négociation avec ceux-ci. Un intérêt fractionnaire dans un immeuble sera en généralement moins liquide que l’immeuble luimême. La décision d’allocation doit donc être prise en pleine connaissance des coûts directs et indirects et des délais liés à sa mise œuvre ; la disponibilité et la qualité limitées des informations conduira par ailleurs à prendre en compte des marges d’erreur importantes – au final, des signaux particulièrement nets seront nécessaires pour justifier des modifications du portefeuille. 2.3.2. L’ajustement à travers des véhicules collectifs non cotés Liquidité variable En 2001, une étude d’OPC révélait que les conseillers, investisseurs et gestionnaires considéraient les véhicules collectifs non cotés au global moins liquides que les immeubles euxmêmes. Si cette perception est moins tranchée aujourd’hui, il reste que l‘investissement dans les fonds fermés se fait essentiellement sur le marché primaire et que leur marché secondaire est très peu liquide. Une partie des fonds ouverts procure plus de flexibilité à l’allocation mais la transformation de maturité est une activité risquée qui incite le gestionnaire à détenir des actifs liquides qui peuvent diluer les caractéristiques immobilières de l’investissement, et à encadrer les rachats par des obligations de préavis et des délais voire à les suspendre en cas de crise de liquidité. La liquidité des véhicules non cotés est elle aussi soumise à des variations inter-temporelles et se réduit en période de marché baissier. Coûts de transaction potentiellement élevés Les coûts de transaction sont variables mais globalement comparables à ceux constatés sur le marché du sous-jacent : les cessions de parts dans des véhicules non cotés peuvent être soumises à des taxes comparables aux cessions d’immeubles et sont en outre à prendre en compte les frais d’entrée et de sortie sur les fonds, la fourchette offre/demande ou l’écart avec la VNA pour les fonds échangés sur un marché secondaire. L’allocation à un fonds peut enfin exiger des audits à deux niveaux visant à établir la qualité et les risques du portefeuille d’une part, et du gérant d’autre part. Manque de stock et de pureté Le marché des véhicules non coté n’est pas complet et il peut être difficile de trouver un produit qui correspond à un segment précis. Historiquement l’essentiel des véhicules était de type « cœur » et Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 55 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 2. Gestion des investissements immobiliers diversifiés mais de plus en plus souvent des fonds spécialisés et/ou plus agressifs sont disponibles sans toutefois couvrir l’ensemble des segments et styles. Au-delà de l’absence de consensus sur la notion de style au sein de la profession, soulignons qu’avec la perte du contrôle sur les actifs existe pour l’investisseur institutionnel le risque de voir le gérant dériver par rapport aux objectifs d’allocation annoncés par le fonds (exemple : ajout d’immeubles risqués à un fonds « cœur » pour augmenter la performance apparente). 38 - Seiler, Webb et Myer (2001) étudient la substituabilité de positions longues d’immobilier coté et non coté et la possibilité de remplacer la vente d’immobilier direct par une vente à découvert d’indice sectoriel de foncières. Les auteurs construisent des frontières efficientes ex ante sur base d’un modèle calibré sur 5 ans et comparent les frontières bâties uniquement avec des indices sectoriels d’immobilier direct et celles où un indice indirect sectoriel a été substitué – les frontières sont très différentes et celles construites uniquement avec l’immobilier direct sont dominantes. Les résultats sur le portefeuille multi classes sont plus encourageants : si les parts sectorielles varient, l’allocation à l’immobilier reste stable. Les résultats sur la vente à découvert sont décevants : les poids ne sont pas stables et les portefeuilles rééquilibrés synthétiquement ont un risque bien supérieur à ceux rééquilibrés de manière physique. Ces résultats sont probablement en partie dus à l’utilisation d’indices directs non délissés et d’indices indirects non désendettés et vaudraient d’être répliqués après ces contrôles et avec une perspective de long terme. 56 S’ils sont pour la plupart imparfaitement diversifiés du fait d’une taille insuffisante, les véhicules non cotés facilitent la diversification, permettent la délégation à des spécialistes ainsi que l’accès à des segments impraticables. A ce titre, ils sont des outils d’allocation stratégique intéressants pour les investisseurs institutionnels petits et moyens comme pour les plus importants, quoique l’imprécision et la dérive possible de style compliquent la tâche. En revanche leur liquidité est fort variable et les coûts de transaction sont conséquents – ils ne constituent pas une solution satisfaisante pour l’allocation tactique. 2.3.3. L’ajustement à travers les véhicules cotés Des avantages liquidité et coûts indéniables mais un marché incomplet Du point de vue de l’allocation, l’immobilier coté offre la promesse de transactions rapides à très faible coûts et taxes. Néanmoins il reste sous développé dans la plupart des pays ce qui se traduit par une capitalisation d’ensemble limitée, un marché incomplet (segments absents ou non proposés de manière pure), des capitalisations et liquidités unitaires variables – peu de foncières auront les caractéristiques des grandes valeurs des marchés d’actions. Dans ces limites, il est néanmoins possible d’envisager des stratégies d’allocation dynamique. Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre Substituabilité limitée Utiliser l’immobilier coté pour modifier synthétiquement l’exposition d’un portefeuille investi dans des actifs immobiliers illiquides est séduisant. Néanmoins, l’immobilier coté est évalué de manière absolument distincte de l’investissement direct ou des véhicules non cotés. A court terme ses propriétés statistiques sont radicalement différentes et, si les études académiques démontrent en majorité l’intérêt de l’immobilier coté dans un portefeuille diversifié ou immobilier, il apparaît malheureusement fort complexe de gérer l’exposition à l’immobilier direct à travers les supports cotés38. 2.4. Mesure et gestion du risque Rappelons que le risque doit s’entendre par rapport au portefeuille dans son ensemble, ce qui implique la prise en compte de l’interaction avec les autres actifs et avec les passifs. En pratique cette prise en compte se fait dans le cadre de l’allocation stratégique et le risque est par la suite généralement géré au niveau de chaque classe sans référence aux autres classes ou aux passifs. 2.4.1. Mesures de risque Nous passons ici en revue les principaux indicateurs de risque utilisés par les études ou les praticiens pour approcher le risque d’un investissement immobilier. Nous n’avons pas jugé utile de présenter les modèles d’évaluation des actifs financiers à l’équilibre ni de développer leurs extensions conditionnelles ou basées sur les moments partiels inférieurs. Notons que les problèmes liés de données (disponibilité, qualité, transparence limitées) et d’illiquidité des marchés de l’immobilier direct peuvent rendre difficile le calcul de ces indicateurs et limiter leur intérêt pratique pour une gestion du risque dynamique. Moments centraux et normalité L’analyse de la distribution ne devrait jamais se Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 2. Gestion des investissements immobiliers Autocorrélation Etant donnés l’illiquidité du sous-jacent et le conservatisme du processus d’expertise, les rendements immobiliers sont susceptibles d’autocorrélation. Dans cette hypothèse, il devient difficile de mesurer l’exposition réelle du portefeuille aux divers facteurs de risque. Nous recommandons donc de tester la présence d’autocorrélation et si nécessaire de mettre en œuvre des procédures de correction avant de calculer les divers indicateurs de performance et de risque (encadré 9). limiter aux seuls moments de premier (moyenne) et second (écart type) ordres, particulièrement lorsque l’investissement appartient à une classe dont les rendements ne sont généralement pas normaux. La normalité doit être testée, et si elle ne peut être confirmée, une attention particulière devrait être portée aux moments centraux de troisième (asymétrie) et quatrième (aplatissement) ordres (encadré 8). Cheng (2005) qui s’est intéressé à la validation des mesures de risque asymétrique systématique dans l’immobilier a constaté l’existence d’une prime associée au coefficient d’asymétrie quelque soit le secteur. Encadré 8 : Ecart-type, coefficients d’asymétrie et d’aplatissement et test de normalité Ecart type La variance des rendements d’un portefeuille est définie de la manière suivante: 2 σ P2 = E ⎣⎡ RP ,i − E ( RP ,i ) ⎦⎤ = ∑ (R P ,i − E ( RP ,i ) ) 2 N i où RP,i est le i-ème rendement d’une série en comptant N. Comme les différences sont portées au carré, l’unité de variance diffère de l’unité de rendement ; aussi est-il habituel de travailler avec la racine carrée de la variance, appelée écart-type ou volatilité des rendements. Asymétrie Le coefficient d’asymétrie caractérise le degré d'asymétrie d'une distribution par rapport à sa moyenne, il 3 est obtenu comme suit : SP = ∑ (R P ,i − E ( RP ,i ) ) N.σ P3 i où RP,i est le i-ème rendement d’une série en comptant N, et σP l’écart-type. Le coefficient d’asymétrie d’une distribution normale est de 0. A une asymétrie négative (positive) correspond une queue vers la gauche (droite), c'est-à-dire vers les valeurs négatives (positives). Les investisseurs devraient préférer l’asymétrie positive puisqu’il lui correspond une probabilité de rendements supérieurs à la moyenne plus importante que celle de rendements inférieurs à la moyenne. Aplatissement Le coefficient d’aplatissement mesure si la distribution est resserrée autour de la moyenne ou au contraire étalée ; il permet d’évaluer l’épaisseur des queues de distribution. A un aplatissement élevé correspondent des rendements extrêmes. Il est calculé de la façon suivante : 4 R − E ( R ) P ,i P ,i KP = N.σ P4 i ∑ ( ) où RP,i est le i-ème rendement d’une série en comptant N, et σP l’écart-type. Le coefficient d’aplatissement d’une distribution normale est de 3, aussi est-il courant d’utiliser l’excès d’aplatissement par rapport à la distribution normale (K-3). A un excès d’aplatissement positif (négatif) correspond une distribution leptocurtique ou sur-gaussienne (platycurtique ou sous-gaussienne) ; la distribution normale est mesocurtique. Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 57 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 2. Gestion des investissements immobiliers Détecter la non normalité L’indicateur de Bera Jarque sert à tester la normalité d’une distribution. Il a comme avantage d’analyser simultanément les troisième et quatrième moments. ⎡ S 2 ( K − 3) 2 ⎤ BJ P = N ⎢ P + P 24 ⎦⎥ ⎣6 où N est le nombre d’observations Sous l’hypothèse de normalité, la statistique BJ suit une loi du Chi-carré avec 2 degrés de liberté. Pour un échantillon large, la valeur critique au delà de laquelle la normalité est rejetée est de 6 pour une significativité au seuil de 5%. Mesures de risque asymétriques Deux raisons plaident pour l’utilisation de mesures de risque asymétrique : la non-neutralité des investisseurs face à la direction du risque – les mauvaises surprises sont ressenties de manière plus négative que les bonnes surprises ne sont appréciées – et l’asymétrie des rendements d’un actif – qui rend impropre l’utilisation d’une distribution symétrique comme la loi normale caractérisée par le couple moyenne-variance. Les comoments partiels inférieurs peuvent être utilisés pour générer des modèles plus réalistes (encadré10). Encadré 9 : Mesure et correction de l’autocorrélation Le test de Ljung-Box (1978) sert à apprécier le niveau d’autocorrélation39 : 39 - Alternativement, l’indice d’Herfindahl peut être utilise comme présenté dans EDHEC (2005). 40 - Blundell et Ward (1987), Ross et Zisler (1991), Geltner (1993), Barkham et Geltner (1994), Fisher, Geltner et Webb. (1994), Brown et Matysiak (1998), Cho, Kawaguchi et Shilling (2001). m QP = N ( N + 2)∑ k=1 où N est le nombre d’observations, et θk le coefficient d’autocorrélation d’ordre κ. Sous l’hypothèse que les coefficients d’autocorrélation d’ordre 1 à m sont nuls, Q suit une loi du Chi-carré avec m degrés de liberté. De nombreuses méthodes40 ont été proposées pour résoudre le problème d’autocorrélation des rendements immobiliers, dans l’annexe 9, nous utilisons le modèle de Geltner (1993) pour délisser l’indice trimestriel américain NPI entre 1978 et 2006 et constatons une révision de 56% à la hausse de la volatilité. Mesures de risque extrême Les pertes extrêmes peuvent avoir des conséquences catastrophiques pour les investisseurs (risque de réputation, incapacité temporaire à assumer ses responsabilités, faillite). Il est pour cette raison important non seulement 58 θk2 N−k Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre de considérer les tendances courantes reflétées par les moments centraux des distributions mais également de s’intéresser aux événements extrêmes localisés dans leurs queues. Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 2. Gestion des investissements immobiliers Encadré 10 : Mesures de risque baissier Un rapport IPF de 2002 consacré à la mesure et la gestion du risque dans l’immobilier conclut que si un indicateur unique devait être retenu, il s’agirait du semi-écart-type. Cette mesure tient compte de la non-normalité et produit des classements qui sont les moins éloignés de ceux produits à partir d’autres indicateurs. Le semi-écart-type (sous la moyenne) mesure la volatilité des rendements inférieurs au rendement moyen alors que le semi-écart-type sous l’objectif capture la variabilité des rendements sous une référence qui peut être flottante comme le taux monétaire ou le rendement de l’indice de marché. Semi − écart − type = MPI 2 ( E ( RP ), RP ) = SE TSOR * = MPI 2 ( R * , RP ) = 2 1 N ⎡ Max(0,( E ( RP ) − RP ,i )) ⎦⎤ ∑ ⎣ N i=1 2 1 N ⎡ Max(0,( Ri * − RP ,i )) ⎦⎤ ∑ ⎣ N i=1 où R* est la référence, possiblement variable. Ces formulations dérivent de la définition des comoments partiels inférieurs : CMPI n ( R * , RX , RY ) = n−1 1 N ⎡ Max(0,( Ri * − RX ,i )) ⎦⎤ ( Ri * − RY ,i ) ∑ ⎣ N i=1 Avec n=2, nous générons des mesures de semi-variance et semi-covariance qui peuvent être utilisées dans un cadre à la Markowitz pour déterminer une frontière efficiente rendement-risque baissier qui prend mieux en compte les préférences des investisseurs (à l’instar du modèle de Coleman et Mansour (2005)). Perte maximale La mesure de risque extrême la plus simple consiste à calculer la perte la plus élevée enregistrée par le portefeuille au cours de la période analysée ou la perte maximale historique, c'est-à-dire la perte la plus importante en comparaison du niveau le plus élevé atteint au cours de la période. Valeur à Risque (VaR) La perte maximale ne permet pas de mesurer les risques extrêmes moyens d’un fonds. Pour mesurer plus précisément les risques extrêmes, il est essentiel d’avoir recours à des instruments comme la Valeur à Risque (VaR) (encadré 11). ⎤ ⎡ VNA t Perte Maximale = min ⎢ − 1⎥ 0 ≤t≤T max(VNAi ) ⎦⎥ ⎣⎢ 0 ≤ i ≤ t Cet indicateur est généralement accompagné du nombre de mois qui ont été nécessaires pour accumuler la perte et de celui de ceux nécessaires pour la compenser. Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 59 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 2. Gestion des investissements immobiliers Encadré 11: Modes de calcul de la VaR L’approche dite paramétrique du calcul de la VaR fait l’hypothèse que les rendements suivent une loi connue. Une telle hypothèse introduit un risque de modèle plus ou moins préoccupant. L’hypothèse de normalité des rendements, courante, n’est pas appropriée dans l’univers alternatif. Dans ce cadre gaussien, le calcul de la VaR peut se faire directement à l’aide de la formule suivante : P ( dW ≤ −VaR ) = 1 − α VaR = nσWdt 1 / 2 où n est le nombre d’écart-types au niveau (1-α), σ l’écart type, W la valeur du portefeuille, dt l’intervalle de temps en années et dW la variation de la valeur du portefeuille. La VaR mesure les pertes potentielles enregistrées régulièrement, elle ne s’intéresse pas aux conséquences des événements exceptionnels. La prise en compte de tels événements exacerbe les problèmes d’estimation statistique. Pour calculer la VaR à partir des rendements passés, approche de VaR historique, il est nécessaire de disposer d’un nombre d’observations très important pour obtenir un échantillon représentatif. Ce problème de risque d’échantillon, déjà présent en matière d’investissement traditionnel, est exacerbé dans le monde de l’immobilier en raison de la faible fréquence des données. Favre et Galeano (2002) ont suggéré l’utilisation d’une VaR de Cornish-Fisher comme solution pragmatique au calcul de la VaR en présence de queues épaisses. Cette méthode est un compromis qui recherche un équilibre entre risque de modèle et risque d’échantillon. Il s’agit de calculer une VaR gaussienne dans un premier temps puis d’utiliser un développement de Cornish-Fisher pour prendre en compte l’asymétrie et l’aplatissement : z = Zc + 1 2 1 1 ( Zc − 1)S + ( Zc3 − 3Zc )K − ( 2Zc3 − 5Zc )S 2 6 24 36 où Zc est la valeur critique de la loi normale à une probabilité (1-α), S le coefficient d’asymétrie et K l’excès d’aplatissement. La VaR ajustée est égale à : VaR = −W ( μ + zσ ) où μ est la moyenne. Si la distribution est normale, S et K sont égaux à zéro et de fait , z=Zc, nous revenons à une VaR gaussienne. Des extensions supplémentaires de la VaR telles que la VaR marginale sont présentées dans EDHEC (2005). 2.4.2. Décomposition du risque Les mesures précédentes sont des résultantes de risques pris – identifier ces risques est utile et peut être fait à l’aide d’une décomposition factorielle. Si l’analyse ex post du risque est intéressante, une bonne gestion du risque implique son contrôle et donc une analyse du portefeuille tel quel, une analyse de l’impact des modifications envisagées, 60 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre et l’utilisation d’approches diverses pour réduire le risque ou le transférer. Risque des actifs Blundell (2003) affirme que les approches statistiques d’analyse de la variance ont été jugées peu utiles par Jones Lang LaSalle pour la gestion du Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 2. Gestion des investissements immobiliers portefeuille immobilier parce que la mesure de volatilité historique (i) est en partie générée par des immeubles qui ne sont plus en portefeuille, (ii) se base sur des données d’expertise lissées, (iii) n’a pas de valeur de diagnostic ; et enfin parce que l’approche traditionnelle de gestion de portefeuille par réallocation est beaucoup plus coûteuse que d’autres moyens de gérer le risque. Blundell propose un modèle de décomposition de la volatilité autour de 12 indicateurs de risque affectant la valeur vénale et les loyers (illustration 14). Illustration 14 : Décomposition de la volatilité d’un portefeuille immobilier par Blundell (2003) Facteurs affectant la valeur vénale • Taille • Concentration sectorielle • Concentration de segment • Concentration géographique • Poids du centre de Londres • Prévision de croissance du revenu • Exposition à la promotion Une présentation des scores en toile d’araignée permet d’identifier les zones de danger par comparaison avec un objectif absolu ou une moyenne des pairs – zones qui vont donner lieu à analyses complémentaires et valider des directions pour un rééquilibrage éventuel à travers des décisions d’acquisition et cession mais également de gestion opérationnelle. Quatre des indicateurs précédents ont été évalués au regard de leur corrélation avec des mesures de rendement et de risque absolu et relatif ex post pour 130 portefeuilles entre 1993 et 2002. L’exposition à la promotion ne semble corrélée ni avec le risque ni avec le rendement, la taille était positivement significativement corrélée au risque mais pas au rendement, sans surprise les déviations vis-à-vis des poids sectoriels étaient positivement significativement corrélés avec le risque et le rendement, le rendement courant était négativement corrélé avec le risque absolu. Un indicateur supplémentaire, le bêta moyen sectoriel est apparu comme plus corrélé au rendement et à la tracking error. Pour les autres indicateurs, l‘évaluation s’est faite à l’aide d’une mesure des prises de risque unique à 2002, ce test plus faible indique que la concentration géographique et des preneurs est positivement corrélée à la tracking error sans indication de compensation pour le risque. Blundell, Fairchild, et Goodchild (2005) tentent de Facteurs affectant les loyers • Note de crédit moyenne des preneurs de bail (pondérée par les valeurs) • Taux de vacance • Baux à échéance (moyenne pondérée par les valeurs) • Concentration des baux • Rendement courant prédire la tracking error sur trois ans à partir des caractéristiques initiales du portefeuille et obtiennent les meilleurs résultats (R2 de 0,45) avec un modèle à 5 facteurs parmi les précédents. Il s’agit du bêta moyen (fort lien positif avec le risque, lien positif plus faible avec le rendement), des déviations visà-vis des poids sectoriels (mêmes liens que pour la variable précédente), du rendement courant (lorsqu’il est élevé, il réduit la tracking error et a un impact positif sur le rendement), de l’exposition à la promotion (liée positivement au risque sans impact compensatoire sur le rendement), et de la taille (mêmes liens que pour la variable précédente). Risque de levier Source de multiplication de la performance, le levier est un facteur de risque significatif qui avec la volatilité de l’actif sous-jacent générant les liquidités nécessaires au service de la dette, est l’un des deux facteurs principaux de défaillance. Gordon et Tse (2003) recommandent de le mesurer à l’aide de la VaR. Risque de change La volatilité des devises est nettement supérieure à celle des rendements immobilier ; aussi l’investissement international hors de la zone monétaire de référence de l’investisseur verra ses rendements considérablement affectés par les fluctuations des monnaies. Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 61 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 2. Gestion des investissements immobiliers 2.4.3. Gestion du risque Diversification L’objectif des techniques de gestion du risque est d’assurer que les risques du portefeuille sont minimisés à rendement et autres contraintes donnés – ou du moins qu‘ils restent sous les niveaux critiques. La diversification est généralement la mesure la plus importante. Au sens strict elle vise à réduire le risque idiosyncrasique du portefeuille. Au sens large, elle fait référence à une répartition des investissements dans divers secteurs qui génère une exposition moyenne aux risques systématiques. Allocation dynamique L’allocation dynamique consiste à modifier la structure du portefeuille en réaction aux évolutions de marché. Son application dans l’immobilier non coté se heurte aux importants délais, coûts et risques d’exécution. Il est envisageable de l’appliquer aux instruments les plus liquides, mais il est nécessaire de garder en mémoire la possibilité que se réservent les fonds ouverts de suspendre les rachats et la possibilité de variations de liquidité significatives sur les valeurs moyennes. Produits garantis Une possibilité de limitation draconienne du risque est le renoncement à tout investissement autre que dans des produits structurés à capital garanti. Ces produits existent dans certains pays comme le Royaume-Uni, mais sont plutôt destinés aux investisseurs individuels. La garantie en capital est procurée au prix d’une limitation du rendement possible à travers un plafond absolu ou d’un niveau de participation minoré, de la confiscation du rendement courant ou de son décalage temporel. Ces solutions passives exigent une détention jusqu’à échéance et n’ont pas de marché secondaire développé. Utilisation de dérivés Le risque de taux lié à l’endettement peut être géré à l’aide de dérivés standards. Les contrats à terme ferme et les swaps garantissent un niveau 62 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre prédéterminé pour les transactions alors que les options peuvent servir à protéger le portefeuille contre les seules évolutions défavorables. Il est également envisageable d’utiliser des dérivés de crédit pour assurer le portefeuille contre la défaillance au niveau d’un investissement indirect. La couverture du risque de change, partielle ou totale, peut se faire à l’aide de l’endettement en devise (couverture « naturelle ») ou de dérivés. Si les flux liés aux loyers sont éminemment prévisibles, il existe une incertitude marquée autour de la valeur de revente finale d’un investissement immobilier détenu pour plusieurs années. Les loyers se prêtent donc mieux à la couverture que la valeur vénale. En outre, les produits dérivés ont généralement des échéances courtes qui rendent difficile la couverture d’investissements à long terme. Les ouvrages de finance d’entreprise traitent des techniques de couverture d’actifs détenus pour le long terme. Les dérivés immobiliers sont prometteurs pour l’investissement et la gestion du risque immobiliers puisqu’ils pourraient permettre aux investisseurs d’augmenter, réduire ou couvrir une exposition au marché ou secteur sous-jacent d’une manière efficace en termes de coûts et de délais. D’un point de vue de gestion du risque, ils permettraient de couvrir la composante systématique du risque des investissements immobiliers, protégeant les portefeuilles des mouvements de marché. Ils pourraient également être utilisés pour mettre en œuvre de manière synthétique des stratégies d’allocation dynamique. Soulignons néanmoins que ces utilisations ne pourront se déployer efficacement que dans le cadre de portefeuille hautement diversifiés. Gestion des actifs et des preneurs de bail Le contrôle direct sur les actifs permet à l’investisseur de mettre en œuvre des mesures préventives et/ou correctives pour limiter le risque. Eviter la concentration des baux sur quelques signatures et Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 2. Gestion des investissements immobiliers diversifier les preneurs de baux par secteur réduit le risque économique du portefeuille sans exiger de modification de l’allocation d’actifs. Au niveau de chaque immeuble, les audits initiaux et le contrôle en continu de la solvabilité des locataires et/ou des garanties contractuelles peuvent réduire le risque de défaillance et/ou son impact. De la même façon les audits préalables à l’acquisition et une bonne gestion immobilière doivent permettre d’identifier les risques à éviter, contrôler ou transférer. Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 63 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 64 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 3. Dérivés immobiliers Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 65 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 3. Dérivés immobiliers 3.1. Le marché des dérivés immobiliers Chacun des quadrants de l’investissement immobilier est susceptible de fournir des sous- jacents pour des contrats dérivés (illustration 15) échangés soit de gré à gré soit en bourse. Illustration 15 : Exemples de dérivés immobiliers Marché Privé Fonds Propres Dettes 41 - Si la majorité du volume se fait sur des contrats types, leurs conditions – ne serait-ce que les montants et échéances – restent flexibles. • Swap de rendement total sur indice d’immobilier d’entreprise direct • Dérivés sur indices des prix du logement • Swap de rendement total sur prêts immobiliers en direct • Dérivés sur indices de foncières cotées • Dérivés sur indices de titres adossés à des créances hypothécaires Encadré 12 : Marchés de gré à gré et bourses de produits dérivés • Les marchés de gré à gré de produits dérivés sont auto-réglementés et peu surveillés par les autorités de marché, offrent une grande flexibilité dans l’adaptation des contrats aux besoins de leurs utilisateurs41, et s’organisent autour de courtiers et contrepartistes qui proposent des prix à l’achat et à la vente. En l’absence d’une contrepartie centrale du type chambre de compensation, les contrats lient deux contreparties finales et le risque de défaillance (ici appelé risque de contrepartie) doit être apprécié. Sur ce marché les contrats sont généralement détenus jusqu’à expiration ; le dénouement anticipé exige un accord des parties. • Les bourses de produits dérivés sont réglementées et surveillées par les autorités de marché, offrent des contrats standardisés (montant, échéance, pas de cotation, etc.), et utilisent généralement des systèmes d’enchères transparentes pour déterminer les prix. La liquidité est fournie par le carnet d’ordres et complétée par les teneurs de marché. Les opérations se font de manière anonyme à travers des membres compensateurs de grande solidité financière et ont toutes pour contrepartie la chambre de compensation. Le risque de défaillance est encore réduit par des systèmes de dépôt de garantie initial, de valorisation quotidienne des positions aux prix du marché, et d’appels de marge complémentaires en cas d’évolution défavorable des cours. Le dénouement d’une position peut se faire à tout moment par le passage d’un ordre inverse. Les bourses sont bien adaptées à des produits liquides et peuvent offrir des coûts de transaction inférieurs. Nous nous intéresserons ci-après aux produits dérivés sur fonds propres immobiliers qui jusqu’à présent ont été basés sur des indices d’immobilier direct ou de foncières. 3.1.1. L’émergence d’un marché des swaps sur indices d’immobilier d’entreprise Antécédents et développement du marché des swaps sur indices IPD Les échecs du FOX et du REIM Le marché des dérivés immobiliers connut un faux-départ au Royaume-Uni avec le London FOX (Futures and Options eXchange), marché organisé 66 Libre Négociation Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre des contrats à terme immobiliers londoniens qui vécut entre mai et octobre 1991. Le volume de transactions resta modeste tout au long de la courte vie du marché qui fut fermé suite à la découverte que l’essentiel de l’activité était simulé. La seconde moitié des années 1990s vit l’échec, faute d’une autorisation gouvernementale, d’un projet de marché de gré à gré des contrats à terme soutenu par une dizaine d’investisseurs institutionnel et connu sous le nom de Real Estate Index Market. Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 3. Dérivés immobiliers Les expériences de Barclays Un modeste marché renaquît lorsque Barclays chargea sa banque d’affaire de l’aider à réduire son exposition à l’immobilier d’entreprise. En 1994 commença l’émission de produits de taux à moyen terme payant le rendement total de l’indice IPD – les Property Index Certificates (PICs). Fin 1996, la banque émit deux contrats à terme ferme sur la composante capital de l’indice – les Property Index Forwards (PIFs) – et en 1999 elle fit coter les Property Index Notes (PINs), des produits de taux qui payaient le rendement courant de l’indice annuel IPD et étaient remboursés à une valeur liée à l’évolution de la composante capital de l’indice depuis l’émission. La naissance du marché moderne des dérivés immobiliers A l’initiative de PruPIM, gestionnaire immobilier du groupe d’assurance Prudential, fut créé à la fin des années 1990 l’association des utilisateurs de dérivés immobiliers (PDUA) qui réalisa un important travail de pédagogie auprès des utilisateurs potentiels de ces produits et de leurs associations professionnelles pour gagner leur soutien afin de viabiliser le marché et de faire poids sur les autorités pour qu’elles lèvent les obstacles réglementaires à son décollage. Une nouvelle ère pour les dérivés immobiliers s’ouvrit au Royaume-Uni fin 2002 grâce à la décision de la FSA de permettre aux compagnies d’assurance vie – qui détiennent une part très importante du patrimoine immobilier d’investissement – de comptabiliser les swaps et contrats à terme ferme (forwards) immobiliers dans le calcul de leurs ratios de solvabilité. La normalisation du traitement fiscal des dérivés immobiliers en 2004 leva un obstacle supplémentaire. Depuis juin 2004, vingt et une banques d’investissement ont acquis la licence d’utilisation des indices IPD pour proposer des dérivés immobiliers et un marché de gré à gré significatif s’est développé au Royaume-Uni autour des swaps de rendement total. L’accélération et l’internationalisation du marché 2006 a été l’année de l’accélération du marché au Royaume-Uni (illustration 16) ; elle a également été celle de son export vers la France. Le premier trimestre 2007 a vu le volume de transactions au Royaume-Uni atteindre près de 3 milliards de livres et l’Allemagne effectuer ses premières transactions ; la Suisse a rejoint le club des nations se dotant d’un marché de dérivés liés aux indices IPD à la fin du troisième trimestre. L’Asie a enregistré ses premières opérations aux deuxième (Australie) et troisième (Japon) trimestres 2007. Illustration 16 : Valeur notionnelle des dérivés IPD UK Nouvelles transactions pour le trimestre de référence (GBPm) Source : IPD, novembre 2007, www.ipd.com (somme des achats et des ventes). Taille et liquidité A la fin du troisième trimestre 2007, le volume cumulé de transactions sur indices IPD britanniques depuis l’origine avait dépassé les 10,5 milliards de livres. Si ce chiffre est modeste au regard de la valeur de l’immobilier commercial investissable, estimée par IPD autour de 350 milliards de livres fin 2006, il faut rappeler que la durée de détention des immeubles est importante. Les 5,8 milliards d’euros de notionnel échangés en 2006 représentent au plus 7,25% des transactions sur le marché sous-jacent (estimées à 80 milliards d’euros par Jones Lang Lasalle (2007)). En 2007, la liquidité sur le marché britannique des swaps IPD restait néanmoins limitée et marquée par la saisonnalité. L’illustration 17 présente les volumes observés sur les marchés naissants d’Europe continentale. Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 67 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 3. Dérivés immobiliers Illustration 17 : Notionnel des swaps initiés pour le trimestre en millions de livres (nombre d’opérations) sur les indices IPD France et Allemagne Montant T1-2007 T2-2007 T3-2007 France 400 (11) 186 (17) 108 (19) Allemagne - 158 (20) 109 (20) Source : IPD, novembre 2007, www.ipd.com (somme des achats et des ventes) Il est souhaitable qu’un indice utilisé pour un dérivé immobilier soit à la fois représentatif (couverture, composition sectorielle) et fiable (évaluations des immeubles régulièrement effectuées par des experts indépendants plutôt qu’à l’interne, diversification des contributeurs), et qu’il dispose d’un historique suffisamment long. De ce point de vue, les indices IPD Europe hors Royaume-Uni les plus mûrs pour une utilisation comme sous-jacent sont ceux de l’Irlande, des Pays-Bas, de la Finlande et de la France. 42 - Credit Suisse, Merrill Lynch, Goldman Sachs et Bank of America ont d’abord obtenu chacune une licence de trois années pour proposer des swaps sur les indices NCREIF. En avril 2007, le NCREIF a rendu publics les accords avec Deutsche Bank, Lehman Brothers et Morgan Stanley. 68 Le retard des Etats-Unis Le deux départs des swaps sur NPI Marchant dans les pas d’IPD, CSFB et la NCREIF s’étaient alliés mi-2005 pour créer un marché de gré à gré des swaps immobiliers autour de l’indice trimestriel d’expertises NPI, CSFB obtenant l’exclusivité jusque fin avril 2007. A six mois de cette échéance seules deux modestes transactions avaient été rapportées. S’il est possible de défendre l’idée selon laquelle cet échec est lié au fait que le NPI ne peut être considéré comme un indice représentatif de l’investissement direct immobilier aux Etats-Unis puisqu’il (i) n’a qu’un seul type d’investisseurs comme contributeurs, les institutions exemptées d’impôts, (ii) a une couverture limitée de l’univers puisqu’il suit des immeubles d’une valeur collective de 247 milliards de dollars soit environ 10% du stock investissable d’immobilier de première qualité, (iii) a une composition sectorielle curieuse en comparaison de l’univers investissable et est concentré dans des immeubles « cœur » de portefeuille de toute première catégorie. Néanmoins, que le NPI soit ou non représentatif de l’univers d’investissement de l’immobilier d’entreprise, il est l’indice disposant du plus long Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre historique et est reconnu comme référence pour la mesure de performance des investissements directs. Une explication bien plus plausible du manque de transactions s’intéresse au modèle d’affaire retenu par le NCREIF, qui en accordant un monopole à CSFB, n’a pas favorisé la bienveillance chez les autres banques d’investissement qui auraient pu aider au développement du marché à travers l’information des utilisateurs potentiels et fourniture de la liquidité comme contreparties. Les réticences de ses concurrents auraient contraint CSFB à renoncer à son exclusivité à l’automne 2006, décision qui a permis à NCREIF d’annoncer de nouveaux accords de licence de son indice en Mars et Avril 200742. Le volume d’affaires s’est développé avec l’arrivée de ces nouveaux acteurs mais le marché en est encore à ses premiers pas puisque les transactions se seraient élevées à 300 millions de dollars au cours du semestre suivant le second départ du marché. Au-delà du NPI : des offres concurrentes sur le sous-jacent non coté L’annexe 10 présente les nouveaux indices d’immobilier d’entreprise américains développés pour soutenir des marchés de dérivés. Leur ambition commune est d’offrir une image plus fidèle et plus contemporaine des évolutions sur le marché de l’immobilier que ne le fait le NPI qui souffre de retard, de lissage et de saisonnalité. Elles diffèrent par les méthodes mises en œuvre (ou non) pour traiter les variations de qualité et de liquidité observables sur le marché. S&P/GRA propose des indices de transactions basés sur des moyennes mobiles des prix par surface, MIT/RCA (Moody’s/ REAL) utilise la méthode des ventes répétées Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 3. Dérivés immobiliers pour produire des indices à qualité constante, et REXX génère des indicateurs pour le marché des bureaux à partir de données de marché au niveau des villes et d’une analyse macroéconomique – il se positionne en spécialiste du local. En septembre 2006, le Chicago Mercantile Exchange (CME) et Global Real Analytics (GRA) ont annoncé un lancement au premier trimestre 2007 de futures et d’options sur les indices d’immobilier d’entreprise de GRA. L’ambition du CME était de créer un marché organisé des dérivés d’immobilier d’entreprise après avoir lancé un tel marché pour les dérivés d’indices de logement. En novembre 2006, Standard & Poor’s et GRA se sont associés pour publier ces indices sous étiquette commune et en janvier 2007, Charles Schwab a fait l’acquisition de GRA. S&P/GRA ont organisé un second lancement de leurs indices en août 2007. CME a attribué les délais à la fusion entre Charles Schwab et GRA et lancé son marché à la fin octobre 2007. 43 - De tels arbitrages ont lieu au Royaume-Uni entre indices FTSE/MSS et IPD. MIT/RCA avait annoncé qu’un consortium travaillait au développement d’un marché à terme ferme de gré à gré sur leurs indices et espéré un lancement au 1er trimestre 2007. Fin septembre 2007, Real Estate Analytics – un des trois partenaires à l’origine des indices MIT/RCA – a annoncé un accord avec Moody’s. L’agence de notation remplace le MIT pour le calcul des indices et fournira des services d’analyse tandis que Real Estate Analytics, propriétaire de la méthode de calcul et des droits d’utilisation de la base RCA, est chargée de développer et structurer des transactions de dérivés autour des indices – rebaptisés Moody’s/REAL Commercial Property Price Indices – en lien avec les intermédiaires. REXX veut être présent à la fois sur les marchés de gré à gré où il courtise les intermédiaires et sur les marches organisés puisque l’International Securities Exchange a annoncé fin avril 2007 lancer des dérivés liés aux indices REXX. Une tentative de pronostic Avoir plusieurs indices en compétition pour devenir des sous-jacents de dérivés immobiliers pose des problèmes et créé des opportunités. Le travail d’information des utilisateurs potentiels sera probablement plus difficile ; le nombre et l’hétérogénéité des indices pourraient désorienter les investisseurs et renforcer l’attentisme. Le marché américain risque ainsi la fragmentation et pourrait être mort-né si les transactions se répartissaient entre les indices d’une manière empêchant l’émergence d’un bassin de liquidité suffisamment profond pour auto-entretenir un marché. Si en revanche comme le note Clayton (2007), de multiples marchés concurrents pouvaient atteindre la taille critique, les investisseurs bénéficieraient d’une palette de choix et d’opportunités d’arbitrage entre indices43 qui favoriseraient le développement du marché. Nous considérons que cette foule d’indices est préjudiciable au développement du marché. Confrontés à une alliance de banques d’investissement travaillant au développement de dérivés sur NPI et ne disposant pas du statut de référence sur un marché encombré, les divers indices de transactions non liés au NPI auront probablement du mal à trouver leur place. Alors que le marché américain des dérivés sur immobilier d’entreprise fait ses premiers pas, nous estimons le jeu plus ouvert pour les acteurs de niche que pour ceux qui ont choisi la confrontation directe avec le NPI. 3.1.2. Les dérivés sur le logement Dérivés sur indice Halifax L’immobilier résidentiel n’est pas un secteur « cœur » de l’investissement institutionnel au Royaume-Uni et est pour cette raison absent des indices IPD. Parallèlement au marché des swaps sur indices IPD s’est développé un marché de gré à gré de contrats à terme (ferme ou optionnel) sur l’indice hédonique des prix du logement d’Halifax (groupe HBOS) qui d’après Reuters Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 69 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 3. Dérivés immobiliers pourrait avoir enregistré un volume notionnel cumulé de 3 milliards d’euros à la mi-2007. Dérivés sur indices S&P/Case-Shiller Les indices S&P/Case-Shiller sont des indices étatsuniens de prix des maisons individuelles calculés avec la méthode des ventes répétées. En septembre 2007, les vingt indices de régions métropolitaines étaient complétés par deux indices de régions composites (10 et 20 zones) et un indice national. 44 - Les avantages mis en avant par le CME sont : exposition au marché sans détention physique du sousjacent, coûts de transaction inférieurs à ceux du marché sous-jacent, possibilité de couverture, diversification de portefeuille, accès à une classe d’investissement particulière, amélioration de la liquidité et réduction de l’horizon temporel de l’investissement immobilier, possibilité d’établir une exposition négative au marché. 45 - Les transactions servent à estimer les paramètres de lois de puissance (power laws) caractéristiques de la distribution des prix, les indices sont extraits selon une formule propriétaire. 46 - Le CBOT permettra un dénouement hors bourse basé sur des titres « raisonnablement » corrélés avec l’indice comme des portefeuilles de titres ou les ETFs sur l’indice de référence comme iShares Dow Jones U.S. Real Estate Sector Index Fund et streetTRACKS® DJ Wilshire REIT ETF. 70 En mai 2006, le CME a lancé des contrats à terme ferme et optionnel sur les prix des logements44 basés sur une version des indices S&P/CaseShiller calculés mensuellement sur un échantillon de deux mois glissants. Les contrats – sur 10 villes et le composite – ont été initialement offerts avec une échéance d’un an et avec un pas trimestriel. Le volume d’échange est resté très modeste : autour de quelques dizaines de transactions par jour et au global un volume de notionnel cumulé d’environ 350 millions de dollars à la mi-2007 d’après le CME. Ayant accédé aux demandes des investisseurs plus intéressés par les échéances long terme, le CME propose depuis septembre 2007 des contrats jusqu’à 18 mois avec pas trimestriel, jusqu'à 3 ans avec pas semestriel et jusqu’à 5 ans avec pas annuel. Dérivés sur indices RPX Les indices Residential Property Indexes (RPX) créés par Radar Logic Inc. cherchent à mesurer à partir des transactions l’évolution quotidienne45 du prix au pied carré de l’immobilier résidentiel pour 25 zones métropolitaines américaines et un composite. Un marché de gré à gré des dérivés sur indices RPX a été lancé en septembre 2007 autour de six courtiers-contrepartistes et trois courtiers inter contrepartistes ; la première transaction a été un swap de rendement total. Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 3.1.3. Les dérivés sur indices de foncières Futures sur Dow Jones US Real Estate Index Le Chicago Board of Trade (CBOT) a lancé en février 2007 un contrat à terme sur l’indice Dow JonesSM U.S. Real Estate Index. Le DJ REI est un indice de foncières cotées qui comprend presque exclusivement des REITs. Le contrat a une échéance trimestrielle, un multiple de 100 dollars et un échelon de cotation de 10 dollars ; il est normalement dénoué en espèces46. Il est négocié sur la plateforme électronique du CBOT et bénéficie d’un teneur de marché et d’un programme de fourniture de liquidité. Ce contrat n’a à ce jour pas généré beaucoup d’intérêt de la part des investisseurs ce qui a incité le CBOT à allonger la période d’exemption de frais de bourse pour tenter d’attirer du volume – au début du dernier trimestre 2007, les positions ouvertes comme le volume stagnaient toujours à des niveaux extrêmement faibles. Dérivés sur Indices FTSE EPRA/NAREIT Depuis plusieurs années des banques d’investissement proposent des certificats optionnels sur indice EPRA Zone Euro. En octobre 2007, le Liffe a lancé sur le marché Parisien deux contrats à terme sur indices FTSE EPRA/NAREIT Europe (EPRA) et FTSE EPRA/ NAREIT Zone Euro (EPEU). Le premier couvre une centaine de foncières de 15 pays et le second une cinquantaine de sociétés de 9 pays. Ces contrats ont un multiple de 10 euros et un pas de cotation de 5 euros. Les contrats sont offerts avec une maturité trimestrielle et portent sur les trois trimestres les plus proches, ils sont dénoués en espèces. Ils bénéficient de contrats de teneur de marché. Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 3. Dérivés immobiliers 3.2. Contrats et transactions types L’essentiel des dérivés immobiliers échangés en Europe – et donc au monde – est constitué de swaps de rendement total (SRT) et d'obligations structurées liés aux indices IPD du Royaume-Uni ainsi que de dérivés sur l’indice Halifax des prix du logement. Pour les swaps sur indices IPD, les paiements sur la partie immobilière du contrat se font typiquement annuellement alors que les versements liés au marché interbancaire respectent une périodicité trimestrielle (illustration 19) ; ce décalage est un facteur limitant qui justifie le développement en cours47 de l’utilisation d’indices trimestriels. 3.2.1. Les swaps de rendement total Swaps indice global immobilier contre LIBOR (ou EURIBOR) + prime Le swap le plus courant voit un acheteur (vendeur) d’exposition à l’immobilier payer (recevoir) périodiquement LIBOR (ou EURIBOR)+prime et recevoir (payer) le rendement global annuel de l’indice IPD Ensemble des Actifs (illustration 18). Tous les versements sont calculés et effectués sur une base notionnelle définie entre les parties. Ce notionnel ne change jamais de mains ce qui limite fortement l’impact d’une défaillance. Le recours à un intermédiaire disposant d’une excellente note de crédit comme contrepartie à toute transaction réduit encore le risque de crédit (illustrations 18 et 19). Illustration 18 : Swap sur rendement total indice ensemble du marché immobilier contre LIBOR + marge PARTIE DETTE LIBOR+marge (Taux vendeur) LIBOR+marge (Taux acheteur) Acheteur d’exposition à l’immobilier 47 - Un indice trimestriel de qualité suppose une fréquence élevée pour les expertises indépendantes des valeurs vénales. Vendeur d’exposition à l’immobilier Intermédiaire financier Rendement global de l’indice Ensemble des Actifs Rendement global de l’indice Ensemble des Actifs PARTIE IMMOBILIERE Illustration 19 : Flux d’un swap de rendement total (pour l’acheteur) Swap à 2 ans (19 mois) Ensemble des Actifs contre LIBOR, marge -50 points de base (taux vendeur) Date d’opération: 15 juin 2007 Date de début du swap : 1er juin 2007, date de fin : 31 décembre 2008. IPD Royaume-Uni Ensemble des Actifs 2007 rendement global entre mai et décembre (l’estimation de mai de l’indice annuel 2007 a été utilisée comme référence initiale) 1er juillet LIBOR 1m moins 50 pb IPD Royaume-Uni Ensemble des Actifs 2008 1er octobre 1er janvier 1er avril 1er juillet 1er octobre 1er janvier LIBOR 3m – 50 pb LIBOR 3m – 50 pb LIBOR 3m – 50 pb LIBOR 3m – 50 pb LIBOR 3m – 50 pb LIBOR 3m – 50 pb 1er avril Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 71 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 3. Dérivés immobiliers Pour l’acheteur, cette opération est économiquement équivalente à l’emprunt du notionnel au taux variable du marché interbancaire + prime et à son investissement dans les actifs sous-jacents à l’indice. Les promoteurs des dérivés soulignent cette similarité avec le marché sous-jacent et insistent sur leurs avantages par rapport aux transactions sur la pierre : évitement des droits de timbre ou d’enregistrement et des frais d’agence, rapidité avec laquelle une opération peut être bouclée ou débouclée, travail sur un notionnel qui n’exige pas d’échange de capital ou de débours initial, l’acheteur n’a pas à se préoccuper des questions de gestion des actifs sous-jacents et le vendeur qui détient un patrimoine peut en garder la propriété et la gestion opérationnelle. Autres swaps sur indices IPD Au troisième trimestre 2005 sont apparus des swaps secteur contre ensemble du marché qui répondent à des demandes de réajustement au sein des portefeuilles immobiliers. Au troisième trimestre 2006 sont apparus des swaps soussecteur contre marché. A la mi-2007, les swaps sur les secteurs ou sous-secteurs restaient très marginaux. De la même façon, certains acteurs se sont dits intéressés par des swaps sur l’une ou l’autre composante du rendement total, mais aucune transaction n’était connue à la mi 2007. Swaps sur NPI Les produits proposés par CSFB étaient comparables à ceux trouvés sur le marché du Royaume-Uni, mais initialement le swap sur l’indice global ne portait que sur la valeur vénale (dont le rendement est plus volatil ce qui en fait un sous-jacent plus intéressant pour un produit dérivé), et les swaps sectoriels n’étaient proposés qu’en version intersectorielle ; un swap sur le rendement global de l’indice composite a été offert depuis. 72 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 3.2.2. Obligations structurées Une obligation structurée immobilière (Property Linked Note ou Property Investment Certificate) est un titre de dette dont les coupons et/ou le principal sont liés à la performance d’un indice immobilier. Contrairement aux swaps sur rendement total, ces obligations donnent lieu au décaissement de liquidités par l’acheteur au moment de leur émission. Pour l’acheteur, l’opération est économiquement équivalente à l’investissement en liquidités de la valeur d’émission dans les actifs sous-jacents à l’indice immobilier de référence ; si elle n’offre pas le levier des swaps, l’opération a les mêmes avantages en termes de coûts, vitesse d’exécution et fiscalité. Leur statut d’instrument de dette peut en outre être un avantage sur les swaps pour les investisseurs qui ne sont pas autorisés à investir dans des produits dérivés. Une obligation structurée immobilière classique (illustration 20) voit l’établissement financier promoteur (Barclays-Protego) vendre des titres (durée de vie de 3, 5, ou 7 ans généralement) dont le risque est géré par un accord avec un vendeur de risque immobilier qui reçoit LIBORmarge le temps de la vie du titre (ce vendeur a souvent été Barclays elle-même). L’acheteur du PIC est exposé au risque immobilier le temps de la vie du titre et reçoit trimestriellement la part loyers du rendement de l’indice de référence et le gain (ou la perte) en capital à l’échéance. La référence utilisée est l’indice IPD Ensemble des Actifs ; Barclays prélève une commission de 280 points de base (bp). Barclays et Protego animent un marché secondaire d’une liquidité limitée Depuis leur renaissance en 2004, Barclays a émis près de 900 millions de livres de ces obligations. Par ailleurs, Abbey a émis deux tranches de produits garantis assis sur l’indice concurrent FTSE/MSS. Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 3. Dérivés immobiliers Illustration 20 : Obligation structure immobilière classique Valeur d’émission Acheteur du risque Loyers de l’indice IPD LIBOR-marge Emetteur du certificat (Barclays) Rendement en capital de l’indice (à l’échéance) 3.2.3. Les dérivés sur le logement Les dérivés sur indices Halifax sont des contrats à terme – ferme et optionnel – traditionnels. Dans le cadre du contrat à terme ferme, les deux parties conviennent d’un niveau de progression de l’indice et à l’échéance l’acheteur (le vendeur) de l’exposition reçoit (règle) la différence entre le niveau réel du marché et le niveau du contrat, que celle-ci soit positive ou négative. Ainsi acheteur et vendeur s’assurent d’un niveau auquel la transaction aura lieu. Avec un contrat à terme optionnel, l’acheteur a à l’échéance le droit mais pas l’obligation d’acheter (option d’achat) ou de vendre (option de vente) au niveau défini ; l’acheteur de l’option n’utilisera ce droit que si les conditions du contrat sont plus avantageuses que celles du marché ; la position asymétrique du vendeur est compensée par le versement d’une prime. Les options et contrats à terme ferme sur indices S&P/Case Shiller sont similaires mais ces produits sont échangés sur un marché organisé qui réduit le risque de crédit grâce à l’intermédiation d’une contrepartie centrale et un mécanisme d’appel de marge. Au Royaume-Uni des intermédiaires financiers comme Abbey, Newcastle Building Society ou Skipton Building Society ont commercialisé à destination des particuliers des produits structurés à moyen terme en partie ou totalement indexés à l’indice Halifax ; ces sociétés sont donc susceptibles d’utiliser les contrats à terme sur l’indice pour gérer leur exposition. Loyers de l’indice IPD Vendeur du risque Rendement en capital de l’indice (à l’échéance) 3.3. Utilisations et limites des produits dérivés 3.3.1. Utilisations théoriques Les produits dérivés permettent d’établir ou de modifier une exposition au risque immobilier de manière potentiellement plus efficace en termes de liquidité, de coût, de granularité, de rapidité ou de flexibilité que ce qui est possible sur le marché du sous-jacent (lorsqu’un sous-jacent investissable est disponible). Ils peuvent être utilisés dans une optique d’investissement/diversification, de couverture ou d’arbitrage (illustration 21). Les avantages en matière d’investissement sont particulièrement nets pour les dérivés d’immobilier direct (encadré 13). Si le sous-jacent des dérivés sur foncières cotées est investissable ou aisément réplicable, liquide et peu granuleux, les transactions sur dérivés peuvent néanmoins offrir des avantages en termes de coûts de transaction comme de flexibilité et de coûts pour les positions vendeuses (évitement des règles limitant le recours aux ventes à découvert sur le marché action, économies sur les emprunts de titres, levier plus important). Les utilisateurs actuels des dérivés d’immobilier d’entreprise sont principalement des compagnies d’assurance, des fonds de pension et des banques d’investissement mais également d'autres gestionnaires d’actifs, des hedge funds, et des spécialistes de l’immobilier. Sur le marché des dérivés sur indices des prix du logement participent des hedge funds, des banques d’investissement qui ont commercialisé des structurés liés au logement et des prêteurs hypothécaires. Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 73 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 3. Dérivés immobiliers Dans une perspective d’investissement et de diversification, les produits dérivés peuvent servir à établir une position diversifiée à l’immobilier, à diversifier l’exposition globale du portefeuille immobilier sans intervention sur les marchés sous-jacents, à investir dans des segments jusque-là inaccessibles en raison de contraintes réglementaires ou de limitations de Illustration 21 : Avantages et utilisations théoriques des dérivés immobiliers Avantages • Exposition diversifiée sans détention physique du sous-jacent • Possibilité d’une exposition négative • Coûts de transaction • Vitesse d’exécution • Montant d’investissement • Liquidité • Levier financier Utilisations • Couverture • Exposition acheteuse ou vendeuse à un sous-jacent impraticable ou difficilement accessible • Diversification • Gestion synthétique Encadré 13 : Réduction des coûts d’exposition à l’immobilier direct Pour le Royaume-Uni et un horizon de 10 ans, Goldman Sachs (2006) a estimé les coûts annuels de détention à 248pb pour l’immobilier direct, 295pb pour les fonds non cotés. A ces niveaux, les dérivés immobiliers, selon les marges en vigueur, pourraient offrir des avantages en termes de coûts directs, avantages qui sont bien entendu plus importants encore à moyen et court termes. La situation est comparable dans le reste de l’Europe mais moins aux Etats-Unis où les coûts de transactions sur le marché physique sont inférieurs. Notons en outre que le « coût » d’un swap (la marge vis-à-vis du taux interbancaire) est réparti (avec les versements) au cours du temps alors que d’importants frais d’acquisition ou d’entrée sont prélevés initialement avec l’investissement en direct ou dans les véhicules non cotés. Dans la même veine, l’investisseur en swap de rendement total bénéficie (ou souffre) de l’évolution de la valeur vénale tout au long de la vie du contrat (illustration 19) et non seulement au moment de la revente ou de la liquidation. moyens financiers ou humains. Dans une optique de gestion de l’allocation, les transactions sur produits dérivés facilitent les modifications stratégiques et tactiques et réduisent l’horizon temporel de l’investissement immobilier. Dans une optique de couverture, ils peuvent être utilisés pour immuniser un portefeuille contre le risque au niveau du marché ou d’un secteur et permettre aux gestionnaires de se concentrer sur la génération de surperformance par la sélection ou la gestion des actifs. Dans une optique d’arbitrage, ils autorisent la mise en œuvre de stratégies qui cherchent à tirer partie d’une imparfaite intégration entre marchés directs et indirects ou entre marchés indirects. 74 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre Ils permettent aussi de prendre des positions vendeuses nettes, c'est-à-dire de vendre le marché ou un segment pour bénéficier d’une baisse anticipée. Ils autorisent également les stratégies relatives visant à profiter de la divergence ou de la convergence anticipée de divers segments de marché. Enfin ces produits permettent de profiter d’un effet de levier ou d’accéder à un taux potentiellement plus intéressant que dans le cadre d’un investissement en direct ; le levier synthétique peut en outre bénéficier d’un traitement fiscal plus favorable que l’endettement traditionnel. Notons qu’une meilleure gestion des risques en général et du risque immobilier en particulier doit avoir un impact socialement positif sur Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 3. Dérivés immobiliers l’économie. L’information prix générée par le fonctionnement d’un marché dérivé peut en outre bénéficier au marché comptant en améliorant son efficience – le marché immobilier étant peu transparent et relativement peu efficient, le gain pourrait être net et l’économie pourrait profiter d’une réduction des chocs liés au cycle de l’immobilier comme le notent Case, Shiller et Weiss (1993). Les illustrations 22 et 23 présentent diverses utilisations possibles des produits dérivés immobiliers et lient les principaux investisseurs à des stratégies. Des limites pratiques viennent relativiser l’intérêt de ces produits : historiques limités pour la plupart des indices sous-jacents, liquidité très modeste, évaluation difficile, volatilité importante, échéances courtes et risque de contrepartie. Peuvent également se poser Illustration 22 : Diverses utilisations possibles des produits dérivés immobiliers Stratégie Motivation Exemple • L’investisseur prend la position acheteuse et paie EURIBOR+prime pour recevoir le rendement de l’indice choisi. Investissement synthétique • Etablir une exposition diversifiée à une zone ou un secteur qui peut ne pas être accessible. • Réduire la tracking error d’un portefeuille existant. • Protéger les conditions d’une future acquisition. Couverture d’un portefeuille existant et extraction d’alpha • Neutraliser le risque du marché du portefeuille pour permettre à l’investisseur de se consacrer pleinement à la génération d’alpha. • Cristalliser tactiquement une situation de marché sans céder le portefeuille – stratégie de cycle. • Protéger les conditions d’une future cession. • Un détenteur d’immobilier (ou promoteur) prend la position vendeuse du swap : il paie le rendement de l’indice et reçoit EURIBOR+marge. • Pour une couverture à 100%, le rendement total du portefeuille est EURIBOR+marge+(rendement total des actifs immobiliers détenus-rendement total de l’indice)=EURIBOR+marge+alpha des actifs immobiliers détenus. Gestion synthétique de l’allocation ou du risque • Modification tactique de l’exposition existante en niveau, profil sectoriel ou profil géographique. • Un investisseur augmente/diminue son exposition à l’immobilier allemand en prenant une position acheteuse/vendeuse sur un swap Ensemble des Actifs Allemagne vs EURIBOR+marge. • Etablir une exposition nette négative au risque de marché pour bénéficier d’une baisse anticipée. • Un investisseur prend la position vendeuse du swap : il paie le rendement de l’indice et reçoit EURIBOR+marge. Si l’indice tombe sous zéro, l’investisseur reçoit des fonds supplémentaires de la personne qui a la position vendeuse. • Extraire un différentiel de rémunération entre les marchés direct et indirect, entre indices de différents Arbitrage et spéculation promoteurs, entre indices du même promoteur, etc. (stratégies de valeur relative, stratégies long/short)). • Un investisseur vend l’indice IPD Royaume-Uni et achète l’indice FTSE/MSS. Il extrait le différentiel. • Un investisseur vend l’indice bureaux et achète l’indice commerces : il reçoit l’écart variable entre les loyers des commerces et des bureaux plus la différence (positive ou négative) initiale entre la marge sur les deux swaps. Il profite d’un élargissement de l’écart. Vente du marché Levier • Etablir une exposition notionnelle supérieure à sa capacité en direct. • L’investisseur prend la position acheteuse et paie EURIBOR+prime pour recevoir le rendement de l’indice choisi. Le notionnel n’est pas échangé mais tous les flux induits, positifs ou négatifs, sont calculés en proportion de celui-ci. • Investir synthétiquement en profitant d’un coût de financement inférieur. • L’investisseur prend la position acheteuse et paie EURIBOR+prime pour recevoir le rendement de l’indice choisi – le coût de financement peut être inférieur sur le marché des swaps à celui proposé sur le marché physique. • Crédit-bail synthétique du patrimoine immobilier (suivi de rachat). • Un investisseur émet un PIC – il reçoit un capital, verse la composante loyer de l’indice jusqu’à remboursement du PIC à la valeur d’émission augmentée/diminuée de l’évolution positive/ négative de la composante capital de l’indice. Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 75 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 3. Dérivés immobiliers Illustration 23 : Utilisateurs probables des dérivés immobiliers et leurs stratégies Compagnies d’assurance et fonds de pension • Allocation tactique • Gestion de portefeuille synthétique • Allocation stratégique • Couverture du risque prix Banques d’investissement • Tenue de marché (fourniture de liquidité) • Couverture du risque prix Entreprises et fonds immobiliers • Couverture du risque prix • Allocation tactique • Gestion de portefeuille synthétique • Extraction d’alpha Hedge Funds • Stratégies de valeur relative • Stratégies long/short Marché des prêts hypothécaires : prêteurs, investisseurs, assureurs • Couverture du risque de défaillance des questions de qualité, représentativité, et transparence comme de fréquence des indices de référence. A ces problèmes au niveau des produits, s’ajoutent des contraintes de politique d’investissement et des besoins de formation chez les investisseurs, et pour certains des limites légales, fiscales ou comptables. 3.3.2. Le mirage de la couverture à l’aide des dérivés En l’absence de dérivés, la nature et les coûts de transactions liés aux investissements immobiliers directs ou non cotés rendent très difficiles et imparfaites les opérations de couverture comme elles détruisent la plupart des opportunités d’arbitrage. Couvrir le risque d’un portefeuille direct avec un dérivé d’indice direct Les promoteurs des dérivés sur immobilier direct affirment souvent que les dérivés sur indice peuvent être utilisés pour neutraliser l’exposition d’un portefeuille au risque du marché immobilier (son bêta) afin qu’il ne génère que de la performance spécifique (de l’alpha). Les brochures qualifient rarement l’importance de ce risque de marché dans le portefeuille immobilier typique de leurs prospects institutionnels. Les stratégies de couverture y sont soit mentionnées rapidement soit illustrées de manière très simplifiée. Une note de recherche récente d’une grande 76 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre banque présente par exemple une illustration « d’une couverture efficace » du rendement d’un portefeuille à l’aide d’un dérivé indiciel qui voit un gérant à la tête d’un portefeuille de 10 millions d’euros observer une corrélation de 85% entre celui-ci et son indice pays et utiliser un SRT pour le protéger contre une baisse de marché. La note évalue l’impact d’un swap du rendement de l’indice contre un taux fixe, avec une couverture de 1 pour 1, en considérant les versements du SRT et les rendements globaux des portefeuilles couvert et non couvert au long de la vie du swap. Elle étudie deux états de la nature : un scénario de base dans lequel le rendement du portefeuille couvert est un peu plus faible que celui du portefeuille non couvert et un scénario pessimiste dans lequel la couverture apparaît bien plus intéressante. En équipondérant les deux scénarios, la banque conclut à une « réduction marquée du risque » qui est « un effet d’importance majeure, particulièrement pour les investisseurs institutionnels qui ont présenté la perspective d’un rendement minimum à leurs clients ». Lorsque l’actif dont les fluctuations de prix doivent être couvertes n’est pas exactement le même que le sous-jacent du dérivé ou lorsque la date d’échéance du contrat ne coïncide pas avec la date de la transaction sur le marché au comptant qui doit être couverte, existe un Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 3. Dérivés immobiliers risque de base – de couverture croisé ou lié au décalage temporel – qui réduit l’efficacité de la couverture. L’analyse de la corrélation entre les valeurs de la position à couvrir et les prix des dérivés disponibles aidera à déterminer quel(s) contrat(s) utiliser pour la couverture. S’il existe une incertitude sur la date de la transaction, le risque de base peut être réduit en utilisant une combinaison de contrats avec des échéances entourant la date prévue de transaction. covariance) entre les rendements du portefeuille et de l’indice, σP (σM) l’écart type des rendements du portefeuille (de l’indice), R2 le coefficient de détermination de la régression des rendements du portefeuille contre ceux de l’indice, et βP la pente de la droite de régression. Le nombre de contrats à détenir pour annuler le risque de marché du portefeuille est h ou βP fois le ratio de la valeur du portefeuille à la valeur nominale du contrat. Notons que la couverture naïve 1 pour 1 n’est optimale que lorsque la corrélation entre portefeuille et indice est égale à σM / σP soit quand la pente de la droite de régression est égale à 1. Au niveau d’un actif individuel, la concordance avec le sous-jacent du dérivé peut être parfaite pour les grandes monnaies et les grandes valeurs sur lesquelles des contrats existent ou presque parfaite pour les principales matières premières. Néanmoins, les marchés de dérivés sont loin d’être complets et il sera souvent nécessaire de mettre en œuvre des couvertures croisées à l’aide de substituts plus ou moins proches afin de gérer le risque prix d’un actif pour lequel n'existe pas de (contrat) dérivé spécifique. Une voie alternative à la recherche d’un substitut hautement corrélé, est l’identification des facteurs de risque fondamentaux qui déterminent les rendements de l’actif et la gestion du risque de prix de celuici grâce à des dérivés liés à ces facteurs. Le risque non expliqué par les facteurs fondamentaux – s’il n’est pas dû à des facteurs oubliés ou à une mauvaise spécification du modèle – est spécifique à l’actif et ne peut être couvert ; dans un contexte de portefeuille, il est théoriquement diversifiable. Le ratio de couverture est directement et positivement lié à l’importance du facteur de marché comme variable explicative de la volatilité du portefeuille ou de manière équivalente à la corrélation entre l’indice utilisé pour caractériser le marché et le portefeuille. Une étude d’IPF (2007) s’est intéressée à la possibilité de répliquer l’indice IPD RoyaumeUni par des investissements directs dans 1 700 immeubles de l’univers IPD. Comme elle se base sur des immeubles dont les valeurs entrent dans l’indice, l’étude biaise à la hausse la corrélation entre l’indice et les portefeuilles qu’elle bâtit. De fait, l’importance du facteur de marché est surestimée et la tracking error sous-estimée ; répliquer l’indice avec des immeubles n’en faisant pas partie devrait être plus difficile. Pour couvrir le risque de marché d’un portefeuille à l'aide de futures – dont nous poserons qu’ils sont parfaitement positivement corrélés à l’indice sous-jacent – il est aisé de démontrer que la position optimale minimisant la volatilité du portefeuille couvert est : h = ρR P , R M σ P / σ M = R 2σ P / σ M h = ρR P , R M σ P / σ M = R 2σ P / σ M = σ P , M / σ M2 = βP avec ρR P ,RM . (σP,M) le coefficient de corrélation (la L’illustration 24 suggère que la plupart des portefeuilles seront faiblement corrélés avec l’indice – si nous prenons la valeur vénale moyenne d’un immeuble d’entreprise au sein de la base IPD Royaume-Uni (23 millions d’euros fin 2006) et posons la possibilité de l’équipondération, alors il faut 1,15 milliards d’euros d’immeubles de la base =pour σ P , Métablir, / σ M2en=moyenne, βP un portefeuille qui peut être efficacement couvert avec un dérivé d’indice IPD (un R2 de 80% est généralement considéré comme le seuil pour une couverture efficace). A ce Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 77 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 3. Dérivés immobiliers Illustration 24 : Diversification et tracking error – échantillon de 1 700 immeubles base IPD, 1994-2004 1 5 10 20 50 100 200 500 R2 0,17 0,45 0,57 0,69 0,82 0,89 0,94 0,97 Tracking error moyenne (annuelle en %) n.a. 5,35 4,06 3,06 2,09 1,54 1,14 0,78 Taille du portefeuille (nombre d’immeubles) Source : IPF (2007) Probabilité de larges écarts sous hypothèse de normalité de la tracking error 48 - Grant (2002) note que « L’exigence de haute efficacité doit être entendue comme ayant le même sens que l’exigence de « haute corrélation » de la norme SFAS 80 (SFAS 133, paragraphe 389), qui a été interprétée comme signifiant soit que les variations cumulées du dérivé de couverture doivent contrebalancer entre 80% et 125% des variations cumulées de la juste valeur ou des flux du poste couvert (Swad (1995)), soit que la régression des variations du poste couvert sur celles du dérivé doit avoir un R2 ajusté supérieur ou égal à 80% (Lipe (1996)). » 78 85,2% 80,5% 74,4% 63,2% 51,6% 38,0% 20,0% n.a. 70,9% 62,2% 51,3% 33,9% 19,4% 7,9% 1,0% n.a. 35,0% 21,8% 10,2% 1,7% 0,1% 0,0% 0,0% Probabilité d’un écart supérieur à >100 pb n.a. Probabilité d’un écart supérieur à >200 pb Probabilité d’un écart supérieur à >500 pb niveau et sous hypothèse de normalité de l’erreur de réplication, un écart de 2% avec l’indice serait constaté tous les trois ans et un écart de 1% près de deux années sur trois. Si nous relâchons nos audacieuses hypothèses d’équipondération, de détention du portefeuille moyen, et de normalité de l’erreur de réplication, les exigences en capital seront bien plus importantes. Il s’en suit que les dérivés sur indices d’immobilier direct ne seront de bons outils de couverture que pour les portefeuilles immobiliers les plus importants. Il sera probablement plus aisé à un chameau de passer par un trou d'aiguille, qu’à un investisseur de bâtir pour 10 millions d’euros un portefeuille d’immeubles corrélé à 85% avec l’indice. En ce qui concerne les investisseurs actifs sur le marché sous-jacent, la demande de produits dérivés liée à un besoin de couverture pourrait se limiter aux plus importants gestionnaires spécialisés et entreprises foncières. Le fait que les dérivés sur indices immobiliers sont de mauvais outils de couverture pour les portefeuilles a un impact direct sur leur traitement comptable. Pour avoir le droit d’utiliser la comptabilité de couverture, une entreprise doit démontrer l’efficacité de la couverture. Par exemple en standards étatsuniens, la norme FASB 133 prévoit : « une entité qui choisit d’utiliser la comptabilité de couverture doit obligatoirement établir au moment de la mise en place de la couverture, la méthode qu’elle utilisera pour mesurer l’efficacité du dérivé de couverture et l’approche de mesure permettant de déterminer l’aspect inefficace de la couverture. Ces méthodes Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre doivent être cohérentes avec l’approche de la gestion du risque qu’a cette entité ». L’annexe A de cette norme exige, sauf cas d’exception, l’utilisation de tests statistiques ou quantitatifs de l’efficacité de couverture48. Dans le contexte des normes de comptabilité internationale IAS / IFRS, le même problème se pose avec le standard IAS 39. De l’incapacité à justifier l’utilisation de la comptabilité de couverture résulterait une augmentation de la volatilité des résultats comptables en raison de l’utilisation même des dérivés ; un résultat bien fâcheux pour une couverture économique quand bien même imparfaite. Si les justifications de gestion du risque ont souvent été placées au centre des argumentaires commerciaux en faveur des dérivés immobiliers, les spécificités de la classe rendent la couverture à base de dérivés sur indices inefficace pour la très grande majorité des investisseurs. Nous pensons que les promoteurs des dérivés devraient mettre plus en avant les bénéfices de diversification qu’apportent les investissements indiciels aux investisseurs qui détiennent des immeubles en direct. Pour les investisseurs à la recherche de bêtas alternatifs et de nouveaux outils de génération d’alpha, les dérivés immobiliers offrent une exposition synthétique relativement liquide au marché de l’immobilier d’entreprise ; exposition qui leur permet de déployer une série familière de stratégies d’investissement et d’arbitrage indisponibles sur le marché du sousjacent physique. Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 3. Dérivés immobiliers Couvrir de manière croisée le risque d’un portefeuille direct avec un dérivé d’indice de foncières Le CBOT (2007) et le Liffe (2007) suggèrent que leurs dérivés sur indices de foncières peuvent être utilisés pour gérer le risque d’un portefeuille d’immobilier en direct. Pour le CBOT, un indice de foncière est un « indicateur indirect fiable du marché sous-jacent de l’immobilier commercial » car les fondamentaux économiques49 « se reflètent dans les cours ». Les contraintes de distribution pesant sur les REITs et leur statut fiscal sont pour le CBOT des causes d’un lien « direct et clair » entre le marché sous-jacent et le prix de ces actions. De la même façon, le Liffe écrit que les indices de foncières « sont un bon proxy pour des investissements directs sur l’immobilier ». 49 - Conditions des baux, niveau d’occupation, coûts de construction et valeurs vénales pour le CBOT. 50 - D’après les calculs du CISDM (2006), entre 1990 et 2005, les corrélations entre le TBI du MIT/CRE et le FTSE NAREIT (foncières), le S&P500 (actions) et le Lehman Aggregate Bond Index (obligations) sont de 0,06, 0,06 et -0,07. Du point de vue de la couverture d’un portefeuille immobilier direct, l’intérêt d’un dérivé sur indice de foncières n’est pas clair puisqu’existent des dérivés sur actions ou obligations tout aussi inefficaces et plus liquides. Le CBOT omet de préciser que les REITs ne sont pas limités aux seules activités défiscalisées et que, si des contraintes de distribution pèsent sur le résultat net, l’importance des amortissements dans l’industrie immobilière donne des marges de manœuvre très significatives qui peuvent obscurcir ledit lien. Rappelons en outre que l’endettement du REIT et sa cotation sont des éléments fondamentaux qui vont bruiter le signal du sous-jacent. Le CBOT ne cite pas d’études scientifiques qui valideraient sa position qui peut apparaître de bon sens à un nouveau venu dans l’immobilier mais qui est anathème pour les acteurs plus expérimentés. Les chapitres précédents ont documenté la faible corrélation contemporaine entre indices de foncières et indices d’immobilier direct, ses raisons, et les axes de travail pour les futures recherches consacrées à la substituabilité entre ces deux voies d’accès à l’immobilier. En l’absence de dérivés sur indice direct, les dérivés sur indices de foncières pourraient servir de couverture croisée au même titre que les dérivés de taux50 à court terme et pourraient être plus intéressants à long terme ; ces sujets restent à ce jour à explorer. Couvrir le risque d’un portefeuille de foncières avec un dérivé d’indice de foncières La constitution d’un portefeuille de foncières fortement diversifié est à la portée de tout investisseur institutionnel ; il s’en suit qu’un dérivé d’indice de foncières – s’il ne comble pas un vide en matière d’accès au marché – peut servir d’instrument de couverture à un portefeuille d’actions de foncières. 3.3.3. Le défi de la couverture des dérivés immobiliers La couverture de dérivés d’indices directs Le développement du marché des swaps sur indices IPD ou NPI est gêné par le fait que ces indices, comme indicateurs basés sur les valeurs d'expertise de milliers d'immeubles, ne sont pas investissables. Il s’en suit que pour leurs émetteurs, ces instruments de couverture sont eux-mêmes difficiles à couvrir d’une manière fiable, aisée, rapide et peu coûteuse. Pour cette raison, les intermédiaires pourraient préférer éviter de fournir de la liquidité et être tentés d’endosser les habits de simples agents ou courtiers se contentant d’apparier acheteurs et vendeurs ; tout décalage dans l’appariement créé un risque de position qui doit être géré par l’intermédiaire et rémunéré à travers le renchérissement du dérivé pour l’investisseur. En raison de l’indisponibilité du sous-jacent pour des stratégies de réplication dynamique, l’évaluation et la couverture des dérivés d’immobilier direct sont des défis. Des avancées dans le domaine de la couverture de ces dérivés seront nécessaires pour convaincre les institutions d’offrir plus de liquidité aux investisseurs. De ce point de vue, les questions à traiter sont les avantages, la faisabilité, et les méthodes de mise en œuvre de la couverture au comptant ou de la couverture synthétique. La couverture au comptant de dérivés sur indices non investissables Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 79 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 3. Dérivés immobiliers s’appuierait sur des transactions sur immeubles et fonds immobiliers tandis que la couverture synthétique emprunterait la voie de la réplication des facteurs de risque pour créer des portefeuilles d’actifs hautement corrélés avec l’immobilier. Quelle que soit l’option choisie, la réduction du risque de couverture croisée de l’émetteur de dérivés est l’objectif ultime. Il est tout à fait possible d’établir des résultats généraux sur la nature de la stratégie optimale de couverture à l’aide du proxy de couverture comme d’obtenir une estimation de l’erreur de réplication générée par l’utilisation d’un substitut imparfait du sousjacent – la question rappelle celle de l’erreur de réplication liée à la couverture discrète de sousjacents investissables. ce produit hybride est suffisamment représentatif et transparent pour constituer un concurrent sérieux des indices IPD. Théoriquement, des investissements dans les fonds peuvent servir à la couverture au comptant des dérivés sur les indices dont ils déterminent les niveaux. Cette couverture au comptant est séduisante dans la mesure où elle minimise l’erreur de réplication et le risque de base ; néanmoins, elle n’écarte pas le besoin d’autres techniques de couverture à moins qu’un marché actif du prêt-emprunt de titre et de la vente à découvert de ces fonds n’émerge. En pratique, il sera également intéressant d’étudier comment un fonds immobilier créé avec une base de 150 millions d’euros gérera des souscriptions et rachats massifs. La difficulté de réplication d’un indice non investissable comme l’indice IPD Ensemble des Actifs – Royaume-Uni, que nous avons mise en lumière en calculant la probabilité de larges écarts à divers niveaux de taille du portefeuille, ne rend pas seulement la couverture au comptant difficile, mais jette également un doute sur la validité des prix auxquels les dérivés s’échangent. En effet, si l’arbitrage entre le marché du sousjacent physique et celui des dérivés est un défi, alors l’évaluation par arbitrage est irréaliste. La couverture de dérivés d’indices de foncières Le sous-jacent des dérivés d’indices de foncières est investissable directement (ETFs, fonds indiciels) ou indirectement (les composantes des indices sont connues et ont été choisies sur des critères de flottant et de liquidité). En outre, la vente à découvert du sous-jacent est possible. Dans ces conditions, la couverture des dérivés par leur émetteur ne pose pas de problème. Notons également que dans le cas de dérivés cotés, une partie de la liquidité provient du marché et n’exige pas de prise de risque par les institutions teneurs de marché et également que la standardisation des contrats doit permettre au teneur de marché d’annuler rapidement une exposition en étant la contrepartie d’une exposition contraire. L’offre au deuxième semestre 2006 par FTSE et MSS d’un indice et de sous indices présentés comme représentatifs du marché direct tout en étant investissables à travers un fonds et ses compartiments sur base de VNAs quotidiennes, a peut être ouvert une nouvelle voie. Ces acteurs cherchent à attirer les investisseurs intéressés par une exposition (largement) passive à l’immobilier d’entreprise du Royaume-Uni, mais de manière plus importante, tentent de se positionner comme la plateforme de choix pour les banques d’investissement qui désirent proposer des dérivés et des produits structurés immobiliers. Il s’agit d’un développement récent et des études seront nécessaires pour déterminer dans quelle mesure 80 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 3. Dérivés immobiliers Encadré 14 : Valorisation des dérivés sur immobilier. La littérature qui traite de la valorisation des dérivés sur immobilier est très limitée et s’intéresse surtout à la valorisation des swaps sur rendements totaux comme le notent Lim et Zhang (2006). Buttimer, Kau et Slawson (1997) développent un modèle à deux états permettant de valoriser des dérivés sur un indice immobilier et le taux d’intérêt. Ils utilisent un modèle binomial et valorisent un swap sur indice immobilier commercial. Le modèle en question suppose que l’indice suive un mouvement brownien. Björk et Clapham (2002) généralisent le modèle précédent à des semi-martingales et montrent que le prix de non-arbitrage est zéro. Patel et Pereira (2007) montrent que ce résultat ne tient plus en présence de risque de contrepartie. Lim et Zhang (2006) s’intéressent à la valorisation par arbitrage et la valorisation à l’équilibre ; nous présentons et commentons leurs réflexions ci-après. L’approche la plus simple consiste à valoriser le swap en recourant au théorème de parité entre cours comptant et cours à terme ; elle implique cependant de poser la réplication de l’indice immobilier comme possible et d’accepter qu’il n’y a ni risque de contrepartie, ni coûts de transaction. Si nous savons que penser de ces prémisses, l’analyse par arbitrage reste un exercice intéressant. S’il est possible de créer un portefeuille qui a les mêmes caractéristiques de rendement que l’indice, alors il est possible de construire une position sans risque en combinant ce portefeuille avec le swap. Dans le cas d’un swap sur rendement total, l’acheteur reçoit le rendement de l’indice immobilier contre le paiement d’une marge fixe F au-delà du taux interbancaire. La valeur du swap est mesurée par cette marge pour laquelle il est possible de montrer aisément que : ⎡ 1 ⎤ n 1 F = ⎢1 − n ⎥ ⎣⎢ (1 + rn ) ⎦⎥ ∑( 1 + r ) i=1 i i où rn désigne le rendement sur une obligation zéro-coupon d’une maturité de n années Il s’agit de la même marge que pour un swap de taux interbancaire variable contre un taux fixe. En combinant un swap sur rendement total immobilier avec un swap sur taux, les parties fixes s’éliminant, nous trouvons que le prix du swap sur indice immobilier est le taux interbancaire. Il s’agit bien entendu du prix théorique supposant qu’un arbitrage parfait est possible. Puisque l’arbitrage n’est pas facile à mettre en œuvre, le raisonnement par l’équilibre peut être plus réaliste. Il part du principe que le prix du risque devrait être le même à travers les marchés. En faisant l’hypothèse que les intervenants utilisent des swaps pour ajuster leurs positions sur l’immobilier, alors pour l’investisseur qui vend l’indice en couverture d’un portefeuille immobilier dont il attend un rendement E[r], la marge F doit vérifier la condition suivante : E ( r ) + F + E A ( rindice ) ≥ rf où EA(rindice) est son estimation du rendement total de l’indice et rf le taux sans risque. Pour l’acheteur du risque immobilier dont les fonds étaient jusqu’alors rémunérés au taux sans risque, la relation est : B E ( rindice ) − F + rf ≥ rf + E (π indice ) où EB(rindice) est son estimation du rendement total de l’indice et E(πindice), l’estimation de la prime de risque sur l’indice. En notant que E(r)=E(πportfolio)+rf où πportfolio est la prime de risque, il suit que : E A ( rindice ) − E (π por tefeuille ) ≤ F ≤ E B ( rindice ) − E (π indice ) En acceptant que la prime de risque sur le portefeuille est la même que celle de l’indice, la marge augmentée de la prime de risque est encadrée par les estimations du rendement total de l’indice du vendeur et de l’acheteur du risque. S’il y a consensus de prévision alors F=E(rindice)-E(πindice). A l’équilibre E(rindice)=rf+E(πindice) d’où F=rf. Les conditions irréalistes ici tiennent à l’identité de la prime de risque et à l’existence d’un consensus, mais il est intéressant de noter que nous retrouvons le résultat qui identifie le prix du swap au taux interbancaire. Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 81 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 82 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 4. Résultats d'enquête Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 83 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 4. Résultats d'enquête 4.1. Présentation de l’échantillon 4.1.1. Une grande diversité d’investisseurs institutionnels Les questionnaires de l’étude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers ont été adressés aux principaux investisseurs institutionnels européens entre novembre 2006 et mai 2007. Trois types d’acteurs étaient ciblés en particulier : les investisseurs finaux – compagnies d’assurance, fonds de pension et fondations, les gestionnaires d’actifs diversifiés, et les spécialistes de l’immobilier – gestionnaires d’investissements immobiliers et sociétés foncières. L’enquête s’est faite à partir d’un questionnaire structuré autour d’une série de thèmes cohérents : perception et expérience de l’investissement immobilier, véhicules et programmes d’investissement, risques et performance des investissements de fonds propres, et dérivés immobiliers. 51 - Totaux basés sur 118 et 112 réponses fournies respectivement. L’enquête a généré 143 réponses d’investisseurs institutionnels européens représentant un volume total de 3000 milliards d’euros d’actifs sous gestion et plus de 400 milliards d’actifs immobiliers51. Les groupes d’investisseurs clefs ciblés représentent plus de 90% de l’échantillon. Comme le montre l’illustration 25, les fonds de pension, compagnies d’assurance et fondations représentent 35% des répondants, les gestionnaires d’actifs diversifiés 31,5%, et les spécialistes de l’immobilier 26,6%. 4,2% des répondants sont des banquiers privés ou des bureaux familiaux de gestion de patrimoine (family offices) et 2,8% des conseils Illustration 25 : Répartition des répondants par catégorie 7% 10% Gestionnaires d'actifs diversifiés Gestionnaires immobiliers et foncières Fonds de pension et fondations Compagnies d'assurance Autres : Banques privées, family offices, conseils 31% 25% 27% 84 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre L'illustration 26 présente la composition géographique des réponses – 80,4% des répondants ont leur siège dans un pays de l’UE15 et 2,1% dans un autre pays de l’Union Européenne, la Suisse fournit 14,7% des réponses. Si nous comparons ces chiffres aux marchés immobiliers sous-jacents (annexe 3), les principaux biais géographiques présents dans notre échantillon sont la surreprésentation de la Suisse et de la France et la sous-représentation de l’Allemagne et du Royaume-Uni. Les études de sensibilité des résultats à la composition géographique de l’échantillon n’ont pas identifié de problème particulier en pratique. Illustration 26 : Répartition des répondants par pays Allemagne 7,0% Autriche 0,7% Belgique 4,2% Danemark 3,5% Espagne 2,1% Finlande 1,4% France 28,0% Italie 3,5% Lituanie 0,7% Luxembourg 0,7% Norvège 1,4% Pays Bas 8,4% Pologne 0,7% Portugal 0,7% Royaume-Uni 18,2% Russie 0,7% Slovénie 0,7% Suède 2,8% Suisse 14,7% L'illustration 27 détaille la répartition des répondants par importance des actifs totaux sous gestion ; en raison de la présence de leaders de la gestion d’actifs, le portefeuille moyen s’élève à €23,4 milliards. La médiane des actifs sous gestion, à €2,45 milliards donne une meilleure indication de la taille de l’investisseur moyen au sein de notre échantillon. Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 4. Résultats d'enquête l’échantillon est bien diversifié au niveau de la taille puisque 32% des allocations sont sous les 100 millions d’euros, 28% entre 100 millions et un milliard, 30% entre 1 et 10 milliards, et 10% au-delà de 10 milliards. Les actifs immobiliers moyens sont de 3,7 milliards d’euros (4 milliards après exclusion des répondants qui n’ont pas d’investissements en place) tandis que le portefeuille médian a une taille de 500 (600) millions d’euros, taille comparable à celle du fonds immobilier non coté moyen en Europe. Enfin, il est intéressant de noter que l’investisseur institutionnel médian pour notre échantillon a une équipe, relativement modeste, de 3 personnes travaillant sur l’immobilier. Illustration 27 : Répartition des répondants par actifs sous gestion Non disponible ou pertinent 17,5% Moins de 100 millions d’euros 8,4% 100-500 millions d’euros 9,1% 500-1 000 millions d’euros 8,4% 1 000-2 500 millions d’euros 16,1% 2 500-5 000 millions d’euros 11,2% 5 000-10 000 millions d’euros 9,1% 10 000-25 000 millions d’euros 9,1% 25 000-100 000 millions d’euros 6,3% plus de 100 000 millions d’euros 4,9% 4.1.2. Des acteurs expérimentés investissant significativement dans l’immobilier L'illustration 28 indique que 86% des répondants sont actuellement investis dans l’immobilier. Leur expérience moyenne (médiane) de l’investissement dans la classe est de 24,5 (15) années. Pour l’interprétation des résultats par type d’investisseur, il est important de noter et de garder à l’esprit les différences marquées de taille moyenne présentes dans les sous-groupes de notre échantillon : le gestionnaire immobilier moyen (médian) a 8 (3) milliards d’euros d’actifs immobiliers alors que le portefeuille immobilier moyen (médian) est de 2,4 milliards (210 millions) pour les fonds de pension, fondations et compagnies d’assurance et de 1,8 milliards (100 millions) chez les gestionnaires diversifiés. 3,5% des entreprises interrogées mettent en œuvre leur première décision d’investissement immobilier et 5,6% de l’échantillon étudie la possibilité d’investir dans la classe. Au global, un maigre 4,9% de l’échantillon ne s’intéresse pas à l’immobilier. L'illustration 28 nous apprend que les fonds de pension, les compagnies d’assurance et les spécialistes de l’immobilier sont les investisseurs les plus expérimentés ; néanmoins 84,5% des gestionnaires d’actifs diversifiés de notre échantillon ont des investissements immobiliers en place ou en cours. Puisque le montant des investissements détermine la capacité d’accès aux diverses voies d’exposition à l’immobilier comme l’efficacité de la diversification sur le marché du sous-jacent, tous les résultats ont fait l’objet d’une étude de sensibilité à la taille ; nous présentons les relations mises en lumière chaque fois qu’elles sont notables. L'illustration 29 présente la répartition des répondants par montant d’actifs immobiliers ; Illustration 28 : Expérience de l’investissement immobilier par type d’investisseur Investissement en place Investissement en cours Investissement à l’étude Aucun projet d’investissement Expérience moyenne en année (médiane) Fonds de pension et compagnies d’assurance (50) 90,0% 0,0% 4,0% 6,0% 30,3 (20) Gestionnaires généralistes (45) 77,8% 6,7% 8,9% 6,7% 20,5 (7) Gestionnaires immobiliers (38) 97,4% 2,6% 0,0% 0,0% 22,7 (20) Autres (10) 60,0% 10,0% 20,0% 10,0% 15,3 (8) Ensemble 86% 3,5% 5,6% 4,9% 24,5 (15) Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 85 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 4. Résultats d'enquête Illustration 29 : Répartition des répondants par montant des actifs immobiliers détenus Non disponible ou pertinent 22,4% Zéro 7,0% Moins de 50 millions d’euros 9,8% 50-100 million euros 8,4% 100-250 million euros 11,2% 250-500 million euros 4,9% 500-1 000 million euros 5,6% 1 000-2 500 million euros 10,5% 2 500-5 000 million euros 7,7% 5 000-10 000 million euros 4,9% 10 000-20 000 million euros 5,6% plus de 20 000 million euros 2,1% 4.1.3. Des répondants décisionnaires L'illustration 30 démontre que les participants à notre enquête sont principalement des cadres supérieurs et dirigeants qui déterminent les politiques d’investissement et prennent les décisions d’allocation. Illustration 30 : Répartition des répondants par titre ou fonction 52 - Un gestionnaire généraliste avec 10 millions d’euros d’actifs immobiliers. 86 Président, Directeur Général 14,0% Directeur Général Adjoint 3,5% Directeur du fonds de pension 2,8% Administrateur 0,7% Mandant / Associé 1,4% Directeur Financier 7,7% Directeur des Investissements 14,7% Directeur des Investissements Adjoint 0,7% Directeur des Investissements Alternatifs/Immobiliers 7,0% Gestionnaire de Fonds / Portefeuille 14,7% Directeur de la Recherche / Directeur de la Stratégie d’Investissement 6,3% Responsable / Membre de l’équipe d’investissement 4,9% Analyste / Vice Président 9,1% Consultant / Conseil 4,2% Responsable du risque / de l’exploitation 2,8% Diverses fonctions du Marketing et des Relations Clients 2,8% Marketing / Relations Investisseurs 2,8% Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 4.2. Perception de l’immobilier comme classe d'actifs Notre enquête s’est tout d’abord intéressée à l’existence de la classe immobilière et à ses frontières en termes de supports à sous-jacent immobilier dans la perspective du modèle des quadrants présenté dans notre première partie (illustration 31). Illustration 31 : Classification des supports liés à l’immobilier dans le modèle des quadrants Marché Privé Fonds Propres • Investissements en direct • Foncières ne faisant pas appel public à l’épargne • Véhicules collectifs privés Dettes • Prêts immobiliers en direct • Véhicules collectifs privés investis dans des créances hypothécaires Libre Négociation • Foncières faisant appel public à l’épargne • Véhicules collectifs librement négociés • Titres adossés à des créances hypothécaires librement négociés A une exception près52, tous les répondants reconnaissent l’immobilier en tant que classe d’actifs distincte ; classe dont l’illustration 32 esquisse les contours. Les principaux enseignements de cette question sont la très grande ouverture vis-à-vis des investissements indirects d’exposition au risque des investissements de fonds propres dans l’immobilier, et une attitude contrastée vis-à-vis des dettes immobilières. 4.2.1. Produits de fonds propres : une vision moderne de la classe immobilière Si l’illustration 32 montre que plus le véhicule d’exposition au risque des investissements de fonds propres est traditionnel et plus il est reconnu comme membre à part entière de la classe immobilière. Les scores réalisés par les véhicules indirects non cotés comme cotés sont élevés. Les défenseurs d’une vision restrictive de l’investissement immobilier sont minoritaires : 4,2% des répondants identifient la classe immobilière aux seuls immeubles acquis en direct et 14,7% estiment que seuls les investissements non cotés (en direct ou à travers des fonds) sont réellement de nature immobilière. Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 4. Résultats d'enquête 72% des répondants reconnaissent simultanément les trois voies d’exposition aux investissements de fonds propres : acquisition directe d’immeubles, achat de parts d’un fonds non coté, investissement dans des foncières cotées. l’immobilier sont également les plus ouverts aux voies indirectes53 ; ces résultats sont cohérents avec l’hypothèse selon laquelle l’ouverture est renforcée par l’expérience de la classe. L'illustration 33 montre de faibles différences de taux d’acceptation entre types d’exposition fonds propres pour les gestionnaires généralistes ; une analyse complémentaire montre que celles-ci sont principalement liées à la taille du portefeuille immobilier : une fois exclus les investisseurs avec moins de 100 millions d’euros alloués à l’immobilier, les taux d’acceptation de l’immobilier direct et des fonds non cotés s’alignent sur ceux des fonds de pension et compagnies d’assurance. Illustration 32 : Quels investissements appartiennent à la classe immobilière ? 100 90,2% 88,8% 80 82,5% 67,8% 60 38,5% 40 20 Les produits structurés immobiliers, indices investissables et dérivés immobiliers reçoivent un accueil favorable puisque 67,8% des investisseurs de notre échantillon acceptent ces innovations au sein de la classe. L'illustration 33 nous apprend que les gestionnaires diversifiés sont les plus enclins à considérer ces produits comme faisant partie de la classe immobilière. Cet attrait est confirmé après contrôle de la taille du portefeuille : il semble donc qu’une meilleure connaissance de ces produits – et non pas des difficultés d’accès aux investissements immobiliers traditionnels du fait d’une faible taille – constitue la première explication de ce résultat. 0 Immobilier direct Fonds non cotés Immobilier coté Dettes Structurés, indices, dérivés 53 - Le résultat est conservé après contrôle de la taille. Les illustrations 33 et 34 présentent les réponses triées par type d’investisseur et taille du portefeuille immobilier. De manière contra-intuitive, alors que les contraintes d’accès à l’immobilier direct se relâchent avec la taille du portefeuille, l’ouverture vis-à-vis des supports d’exposition indirecte augmente ; de la même façon, les spécialistes de Illustration 33 : Contours de la classe immobilière – par type d’investisseur Tous instruments de fonds propres Tous instruments de fonds propres et dettes Immobilier Direct Fonds non cotés Immobilier coté Dettes Structurés, indices, dérivés Fonds de pension et compagnies d’assurance (50) 94,0% 92,0% 86,0% 18,0% 66,0% 76,0% 16,0% Gestionnaires généralistes (45) 82,2% 80,0% 82,2% 46,7% 80,0% 66,7% 31,1% Gestionnaires immobiliers (38) 97,4% 92,1% 86,8% 63,2% 65,8% 81,6% 52,6% Autres (10) 80,0% 100,0% 50,0% 10,0% 30,0% 40,0% 0,0% Ensemble 90,2% 88,8% 82,5% 38,5% 67,8% 72,0% 29,4% Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 87 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 4. Résultats d'enquête 4.2.2. Produits de dettes : une approche très contrastée Au global, 38,5% des répondants acceptent les dettes immobilières54 au sein de la classe mais ce chiffre dissimule de fortes divergences entre spécialistes et non spécialistes de l’immobilier. Les gestionnaires spécialisés considèrent à 63,2% que les dettes appartiennent à la classe immobilière alors que ce taux n’est que de 29,5% dans le reste de l’échantillon. L'illustration 33 montre que les fonds de pension et compagnies d’assurance rejettent nettement les dettes hors de la classe alors que les gestionnaires diversifiés font preuve de plus d’ouverture. Si l'illustration 34 suggère un lien fort entre taille du portefeuille et attitude vis-à-vis des dettes immobilières, des études complémentaires révèlent qu’il s’agit essentiellement d’une illusion due à la présence des gestionnaires spécialisés, ce qui valide les conclusions précédentes55. Illustration 34 : Contours de la classe immobilière – par taille du portefeuille immobilier 54 - L’enquête a été menée avant l’accélération de la crise des crédits à haut risque de l’été 2007. 55 - Ces résultats pourraient être liés à la flexibilité des politiques d’investissement : les gestionnaires spécialisés se doivent d’investir principalement dans l’immobilier et les dettes viennent en complément des investissements de fonds propres, les généralistes ont des mandats assez flexibles, les fonds de pension sont contraints par des politiques d’allocation strictes par grande classe et rangent les dettes immobilières avec les autres instruments de dette. 56 - Par ailleurs, la question de l’allocation à la classe immobilière ne se pose qu’au plus de manière marginale aux gestionnaires immobiliers. 57 - Cette conception qui suppose une mauvaise intégration du marché immobilier au sein des marchés de capitaux est courante ; elle est probablement liée en partie à l’utilisation d’indicateurs de risque courants et de données non corrigées des biais. 88 Dettes Structurés, indices, dérivés Tous instruments de fonds propres Tous instruments de fonds propres et dettes 81,3% 37,5% 65,6% 62,5% 25% 88,9% 80,6% 25,0% 69,4% 63,9% 16,7% 87,1% 77,4% 35,5% 61,3% 74,2% 25,8% 97,0% 93,9% 87,9% 51,5% 75,8% 81,8% 45,5% 90,9% 100,0% 90,9% 54,5% 63,6% 90,9% 45,5% Immobilier Direct Fonds non cotés Immobilier coté Non disponible ou pertinent (32) 84,4% 81,3% De 0 à 100 millions (36) 80,6% De 100 millions à 1 milliard (31) 100,0% De 1 à 10 milliards (33) Plus de 10 milliards (11) Du point de vue du modèle des quadrants, 72% des répondants ont une approche compatible avec une allocation à travers l’ensemble des produits actions – les quadrants nord-ouest et nord-est – mais seuls 29,4% des investisseurs interrogés fournissent des réponses validant une démarche à quatre quadrants, donc incluant les dettes. L'illustration 33 montre les distinctions d’approche par type d’investisseur et confirme que seuls les gestionnaires spécialisés ont majoritairement une vision de la classe immobilière compatible avec le modèle des quadrants. Rappelons que l’acceptation du modèle des quadrants n’implique pas que l’allocation à la classe immobilière se fasse à partir d’un indice composite dettes/actions coté/non-coté56. 4.3. Objectifs de la politique d’investissement dans l’immobilier La deuxième partie de notre enquête a recherché les raisons, les niveaux et les supports de l’allocation à l’immobilier. Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 4.3.1. Diversification, performance, et couverture comme justifications L’illustration 35 montre que pour les investisseurs non spécialisés dans l’immobilier, les trois principales raisons justifiant l’allocation à l’immobilier sont la diversification du portefeuille global, une performance ajustée attrayante, et la protection contre l’inflation (ou la déflation). Parmi les justifications retenues par les investisseurs, la diversification dispose d’une nette avance puisqu’elle est citée en premier lieu comme 1ère et 2ème motivation avec 44,6% et 24,8% des suffrages et est également la plus fréquente des trois principales justifications avec une intensité de 27,2%. La conception selon laquelle la classe offre une performance ajustée du risque attrayante57 se dégage aussi clairement puisqu’elle est citée en second lieu comme 1ère et 2ème motivation de l’investissement avec 26,7% et 23,8% des suffrages et obtient au global la 2ème place avec une intensité de 20,5%. Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 4. Résultats d'enquête La protection contre l’inflation obtient la 3ème place avec une intensité de 11,3%. Les autres justifications avec un score global au dessus des 5% mettent en valeur l’importance de la part de rendement liée aux loyers (8,6%) – une caractéristique utile pour la protection du portefeuille, l’exposition à des bêtas alternatifs (7%) – un argument de diversification, et le potentiel de plus value – une raison liée à la performance. Si nous groupons les justifications liées à la diversification (E et J) dans l'illustration 35, à la performance (A, B, C, H, K), et à la protection du portefeuille (D, F, G, I), les arguments de diversification restent la 1ère motivation pour les investisseurs58. L’importance relative limitée des motivations de pur alpha (A et C) semble indiquer un intérêt secondaire pour la recherche de surperformance59. S’il est possible de lire dans ces résultats une confirmation de la maturité des investisseurs ainsi qu’une modestie vis-à-vis d’une classe d’active particulière, les excellentes performances de l’immobilier dans la période récente peuvent expliquer pourquoi les motivations qui renvoient tant à l’alpha qu’au bêta (B, H, K), ou au bêta seul (D, E, F, G, I, J) obtiennent de meilleurs scores ; dans une conjoncture moins favorable, les investisseurs pourraient ne plus se satisfaire de la performance du marché et adopter une approche plus discriminante. Illustration 35 : Trois raisons principales motivant l’investissement immobilier – gestionnaires immobiliers exclus A. Capture d'alpha 58 - Les arguments liés à la performance prennent la 1ère place parmi les trois premières raisons mais avec 2 choix sur 11, la diversification est mécaniquement désavantagée alors qu’avec 5 choix sur 11, la performance est avantagée. 59 - L’étude des souspopulations montre que les fonds de pension et compagnies d’assurance accordent une importance très faible à la recherche d’alpha dans l’immobilier (score global de 2,8%) alors qu’elle constitue une motivation secondaire pour les gestionnaires diversifiés (score global de 11,5%). 3% 1% 10% 4,6% B. Rendement ajusté du risque attrayant 26,7% 23,8% 11% 20,5% C. Avantages du contrôle direct 0% 4% 2% 2% D. Préservation du capital 4% 0% 9% 4,3% E. Exposition à un/des bêta/s alternatif/s 5,9% 7,9% 7% 7% F. Protection contre l'inflation / la déflation 3% 15,8% 15% 11,3% G. Distributions élevées et stables 6,9% 8,9% 10% 8,6% H. Rendement total élevé (non ajusté) 1% 3% 9% 4,3% I. Risque faible 2% 6,9% 4% 4,3% J. Diversification du portefeuille global 44,6% 24,8% 12% 27,2% K. Potentiel de plus-values 3% 4% 11% 6% Top 1 Top 2 Top 3 Top 1-3 0 10 L’illustration 36 montre que les gestionnaires immobiliers ont pour principales motivations la performance ajustée, le niveau élevé et la stabilité des revenus, ainsi que la performance brute. Les gestionnaires immobiliers étant contraints à se limiter essentiellement à la classe, il est naturel de constater que les motivations de diversification du portefeuille 20 30 40 50 global sont pour eux fort secondaires. Leurs justifications principales reflètent les attentes de leurs clients : performance globale de l’investissement et distributions régulières. Le plus fort intérêt pour la recherche d’alpha pur (A et C) est cohérent avec la spécialisation de ces acteurs et la primauté de la performance. Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 89 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 4. Résultats d'enquête Illustration 36 : Trois raisons principales motivant l’investissement immobilier – gestionnaires immobiliers A. Capture d'alpha 11,1% 2,8% 8,8% 7,5% B. Rendement ajusté du risque attrayant 33% 25% 8,8% 22,6% C. Avantages du contrôle direct 5,6% 8,3% 11,8% 8,5% D. Préservation du capital 2,8% 0% 0% 0,9% E. Exposition à un/des bêta/s alternatif/s 0% 0% 0% 0% F. Protection contre l'inflation / la déflation 0% 5,6% 14,7% 6,6% G. Distributions élevées et stables 27,8% 13,9% 11,8% 17,9% H. Rendement total élevé (non ajusté) 11,1% 16,7% 8,8% 12,3% I. Risque faible 0% 0% 8,8% 2,8% J. Diversification du portefeuille global 8,3% 11,1% 11,8% 10,4% K. Potentiel de plus-values 0% 16,7% 14,7% 10,4% Top 1 Top 2 Top 3 Top 1-3 0 60 - L’étude des données révèle que les investissements opportunistes sont le fait de petits acteurs. Pour ces opportunistes, l’investissement moyen (médian) dans l’immobilier est de 94 (100) millions d’euros ; l’allocation la plus importante est de 300 millions d’euros. 5 10 4.3.2. Politique d’allocation à l’immobilier 74,5% des répondants (hors spécialistes de l’immobilier) approchent leurs investissements immobiliers dans le cadre d’une classe distincte, 1% les rangent dans une classe alternative, 1% se satisfont des immeubles dont ils sont propriétaires-occupants et 23,5% investissent de manière opportuniste. L'illustration 37 suggère que l’insertion des investissements immobiliers dans une approche d’allocation d’actifs est liée à la taille du portefeuille60. 15 20 25 30 35 Pour les investisseurs ayant défini l’immobilier comme classe d’allocation, l’allocation cible s’étale de 2% à 25% avec une moyenne (médiane) de 9,9% (10%). La fourchette d’allocation moyenne (médiane) est 5,7%-13,5% (5%-13%). L'illustration 37 suggère un lien positif entre la taille du portefeuille immobilier et l’allocation cible. L'illustration 38 montre une remarquable stabilité des allocations moyenne et médiane pour les différents types d’investisseurs autour de 10%. Elle montre également que les gestionnaires diversifiés ont défini des fourchettes d’allocation plus larges, constatation qui pourrait être liée à un horizon de placement plus court et une approche plus dynamique de la classe. Illustration 37 : Traitement de l’immobilier comme classe d’actifs et allocation cible – par taille du portefeuille immobilier 90 Allocation cible moyenne (médiane) Bas de fourchette moyen (median) Haut de fourchette moyen (median) Investissements Opportunistes Non disponible ou pertinent (25) 9% (10%) 5,6% (5%) 13,1% (15%) 37,5% De 0 à 100 millions (34) 8,9% (8%) 5,3% (4%) 13,1% (11%) 30% De 100 millions à 1 milliard (26) 10,1% (10%) 4,3% (5%) 13,4% (14%) 20% De 1 à 10 milliards (14) 11,7 (12,5%) 8% (9,5%) 14,7% (15%) 0% Plus de 10 milliards (6) 9,8% (10%) 6% (5%) 12,3% (13,5%) 0% Ensemble 9,9% (10%) 5,7% (5%) 13,5% (13%) 23,5% Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 4. Résultats d'enquête Illustration 38 : Traitement de l’immobilier comme classe d’actifs et allocation cible – par type d’investisseur Allocation cible moyenne (médiane) Bas de fourchette moyen (median) Haut de fourchette moyen (median) Investissements opportunistes Fonds de pension et compagnies d’assurance (50) 9,8% (10%) 6,8% (7%) 12,9% (13%) 10,9% dont Fonds de pension (36) 10,2% (10%) 7,8% (7,5%) 13,4% (15%) 14,3% 8,5% (9%) 4,5% (3%) 11,9% (12%) 0% dont Compagnies d’assurance (14) Gestionnaires généralistes (45) 9,9% (10%) 4,1% (4,5%) 14,1% (15%) 33,3% Autres (10) 12,5% (12,5%) 5% (5%) 15% (15%) 40% Ensemble 9,9% (10%) 5,7% (5%) 13,5% (13%) 23,5% 4.3.3. Supports d’allocation à l’immobilier L’illustration 39 présente l’allocation aux divers supports d’exposition à l’immobilier des institutions interrogées. Les principaux enseignements sont la place extrêmement marginale des purs produits de dette, le respect de la hiérarchie traditionnelle au sein des supports d’exposition au risque de fonds propres, et l’importance encore limitée des offres récentes de produits structurés, indiciels et dérivés. IIlustration 39 : Allocation aux divers supports immobiliers – ensemble des répondants 2% 3% 61 - Des études complémentaires montrent que cette préférence n’est pas expliquée par la différence de taille. 62 - En revanche, il n’est pas possible de distinguer l’importance de l’effet taille dans ce résultat puisque la plupart des gestionnaires d’actifs qui ont indiqué un intérêt fort pour ces produits n’ont pas renseigné la taille de leur portefeuille. 1% 3% 17% 50% 24% Direct Fonds non cotés Immobilier coté Dettes Structurés Indiciels Dérivés Alors que la capitalisation des dettes hypothécaires est extrêmement importante, ces produits ne représentent que 3% des fonds alloués à l’immobilier par les investisseurs de notre échantillon. Nous en concluons que la dette immobilière est presque exclusivement rangée par les investisseurs au sein de la classe des produits de taux, et que le modèle des quadrants n’est pas utilisé pour l’allocation à l’immobilier. Sur les données globales, nous constatons l’équilibre entre investissement direct et investissement intermédié. Les illustrations 40 et 41 montrent que cet équilibre n’est que de façade puisque les spécialistes de l’immobilier investissent en direct 75% de leurs fonds, soit deux fois plus que les autres investisseurs. Les illustrations 42 et 43 montrent que les fonds de pension et compagnies d’assurance respectent la hiérarchie traditionnelle dans leurs allocations de fonds propres en allouant tout d’abord en direct, puis dans des véhicules non cotés et enfin dans des foncières cotées alors que les gestionnaires diversifiés préfèrent l’immobilier coté aux fonds non cotés61. Cette préférence est cohérente avec un horizon de placement plus court et des besoins de liquidité supérieurs chez ces investisseurs. L’illustration 43 indique également qu’au global les gestionnaires d’actif sont plus ouverts aux nouveaux supports d’exposition, ce qui correspond à l’intuition et est cohérent avec nos précédentes remarques62. Illustration 40 : Allocation aux divers supports immobiliers – gestionnaires immobiliers 6% 0% 1% 2% 7% 9% 75% Direct Fonds non cotés Immobilier coté Dettes Structurés Indiciels Dérivés Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 91 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 4. Résultats d'enquête Illustration 41 : Allocation aux divers supports immobiliers – gestionnaires immobiliers exclus 3% 5% 0% 3% 37% 21% 31% Direct Fonds non cotés Immobilier coté Dettes Structurés Indiciels Dérivés Illustration 42 : Allocation aux divers supports immobiliers – fonds de pension, fondations, compagnies d’assurance 1% 2% 3% 0% 42% 35% Structurés Indiciels Dérivés Direct Fonds non cotés Immobilier coté Dettes Illustration 43 : Allocation aux divers supports immobiliers – gestionnaires d’actifs diversifiés 8% 1% 4% 5% 34% 26% 22% Direct Fonds non cotés Immobilier coté Dettes 92 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre Au sein de notre échantillon, la classe immobilière est vécue essentiellement sur le mode de l’exposition au risque d’un investissement de fonds propres ; la partie suivante de notre enquête s’est intéressée aux mesures de performance utilisées et à la perception des risques de ces investissements. 4.4. Investissements immobiliers de fonds propres 17% 63 - Trois de ces composites embrassent à la fois l’immobilier direct et l’immobilier indirect et le quatrième est un composite 100% immobilier coté. Les illustrations 44 et 45 montrent une relation positive entre taille du portefeuille et allocation à l’immobilier direct qui illustre les problèmes de granularité et de difficulté de diversification du portefeuille immobilier soulignés dans notre première partie. La relation est inverse pour les fonds non cotés qui apparaissent pour les investisseurs comme le plus proche substitut à l’investissement en direct conformément aux travaux de corrélation présentés au chapitre 1. Structurés Indiciels Dérivés 4.4.1. Mesure de performance En contraignant les institutions interrogées à fournir une seule réponse sur la référence utilisée pour la mesure de performance, la première question de cette partie a cherché à déterminer si la classe immobilière était d’abord approchée comme une classe de rendement absolu ou relatif. L'illustration 46 montre que l’optique rendement absolu est majoritaire. 80,6% des spécialistes et 52,1% des autres investisseurs indiquent se fixer d’abord un objectif de rendement absolu nominal ou réel. Parmi les divers types d’investisseurs interrogés, seuls les fonds de pension ont une première optique majoritairement relative (56%). Les spécialistes qui utilisent un rendement relatif choisissent comme référence quasi-unique un indice d’immobilier direct, ce qui est en ligne avec les véhicules d’exposition qu’ils ont sélectionnés (illustration 40). Pour les autres investisseurs, les indices direct et indirect font jeu égal et prennent la part du lion devant les indices composites63, les indices des pairs et les autres références. Il est à noter que seuls les fonds de pension manient toute la palette de références et déclarent utiliser des composites et des indices des pairs. Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 4. Résultats d'enquête Illustration 44 : Allocation aux divers supports immobiliers – par taille du portefeuille immobilier Immobilier direct Fonds non cotés Immobilier coté Dettes Structurés Indices Dérivés Non disponible ou pertinent (32) 42,91% 19,60% 11,77% 5,68% 9,20% 8,44% 2,40% De 0 à 100 millions (36) 29,41% 41,99% 23,06% 0,61% 0,71% 3,68% 0,54% De 100 millions à 1 milliard (31) 46,51% 23,48% 22,04% 3,04% 0,80% 4,13% 0,00% De 1 à 10 milliards (33) 71,10% 12,54% 13,89% 1,35% 1,05% 0,03% 0,03% Plus de 10 milliards (11) 54,55% 25,18% 5,27% 13,64% 0,00% 0,00% 1,36% Ensemble 49,16% 24,08% 16,68% 3,50% 2,41% 3,46% 0,71% Illustration 45 : Allocation aux divers supports immobiliers – par taille du portefeuille immobilier, gestionnaires immobiliers exclus Immobilier Fonds non Immobilier Dettes Structurés Indices Dérivés direct cotés coté Non disponible ou pertinent (25) 28,49% 25,00% 13,56% 7,89% 12,78% 11,72% 0,56% De 0 à 100 millions (34) 24,83% 44,64% 24,64% 0,58% 0,77% 3,96% 0,58% De 100 millions à 1 milliard (26) 38,53% 27,91% 26,37% 1,33% 0,95% 4,91% 0,00% De 1 à 10 milliards (14) 60,67% 18,60% 19,66% 0,71% 0,35% 0,00% 0,00% Plus de 10 milliards (6) 63,00% 25,40% 5,60% 5,00% 0,00% 0,00% 1,00% Ensemble 37,41% 30,60% 21,02% 2,54% 3,14% 4,96% 0,34% Illustration 46 : Référence utilisée pour la mesure de performance des investissements immobiliers de fonds propres Ensemble Gestionnaires immobiliers Autres investisseurs Gestionnaires diversifiés Fonds de pension Compagnies d’assurance Rendement absolu nominal 39,2% 66,7% 29,3% 35,9% 17,6% 40,0% Rendement absolu réel 20,0% 13,9% 22,8% 25,6% 17,6% 20,0% Indice direct 17,7% 16,7% 18,5% 17,9% 20,6% 30,0% Indice indirect 13,1% 2,8% 17,4% 17,9% 20,6% 10,0% Rendement d'un composite 3,1% 0,0% 4,3% 0,0% 5,9% 0,0% Indice de performance des pairs 3,1% 0,0% 4,3% 0,0% 2,9% 0,0% Autre référence 0,8% 0,0% 1,1% 0,0% 5,9% 0,0% Aucune 1,5% 0,0% 2,2% 2,6% 8,8% 0,0% L’analyse des indices cités dans le cadre de cette question par les investisseurs qui adoptent une approche relative révèle que les indices IPD ont un monopole absolu sur les références de performance de l’immobilier direct en Europe alors que le jeu est plus ouvert pour les références indirectes. Pour l’immobilier coté européen, les indices EPRA devancent nettement ceux de GPR et les indices de l’IEIF ne sont utilisées qu’exceptionnellement ; sont également cités des indices nationaux. Reflet de la pénurie d’offre mentionnée à la partie précédente, peu de références ont été fournies pour l’immobilier indirect non coté ; sont cités les indices de l’INREV en matière internationale, les indices HSBC/AREF/IPD PPF pour le Royaume-Uni et les valeurs des fondsouverts allemands. Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 93 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 4. Résultats d'enquête 64 - 130 investisseurs ont répondu à la 1ère question sur la référence et 81 à la 2nde. Parmi les 77 investisseurs qui ont indiqué une optique rendement absolu, 35 ne répondent pas à la 2nde question, 6 y présentent des références absolues (TRI, valeur ajoutée, niveau de rendement réel ou nominal défini, rendement courant), et 36 des références relatives (et marginalement des composites entre références relatives et absolues). Parmi les 53 investisseurs qui ont indiqué une référence relative à la 1ère question, 39 répondent à la 2nde question et précisent les références relatives utilisées. Au global donc, 68,5% des répondants à la 1ère question utilisent de manière principale ou secondaire des références relatives dans le cadre de l’évaluation de la performance de leurs investissements immobiliers. 65 - Région géographique (dans un continent donné) ou économique (pays, région administrative ou économique d’un pays). 66 - Ce qui est cohérent avec les justifications de l’investissement immobilier comme couverture contre l’inflation. 67 - Les trois premières corrélations sont cohérentes avec les résultats de Ling et Naranjo (1997). 68 - Les professionnels de l’immobilier voient plutôt une corrélation légèrement positive avec la prime de risque de crédit et une corrélation légèrement négative pour la prime de risque du marché actions mais c’est la situation inverse qui prévaut pour les autres investisseurs. 94 La seconde question de cette partie a porté sur les cinq références les plus utiles pour l’évaluation de la performance. Elle nous apprend que 46,7% des investisseurs d’orientation principale rendement absolu utilisent également des références relatives. Au global 68,5% des répondants utilisent de manière principale ou secondaire des références relatives pour la mesure de la performance de leurs investissements immobiliers64. L’analyse détaillée des réponses montre une grande pertinence des pratiques : correspondance entre les modes d’investissements (en direct, dans des fonds non cotés, dans des foncières) et les types d’indices utilisés, choix sectoriels et géographiques, etc. En matière d’immobilier direct, les indices IPD et NCREIF sont en situation de monopole dans les régions qu’ils couvrent. Les indices de la famille EPRA sont de loin les plus utilisés pour l’évaluation des investissements dans l’immobilier coté et seuls les indices fournis par GPR – qui sont près de trois fois moins cités – apparaissent comme des challengers sérieux ; les références IEIF, S&P/Citigroup ou Dow Jones Wilshire ne recueillent que quelques suffrages. 4.4.2. Sources de risque et de performance dans l’immobilier Notre enquête s’est ensuite intéressée aux principales sources de risque déterminant les rendements des investissements immobiliers, aux liens entre variables macroéconomiques et performances de la classe et à l’utilisation de cellesci pour la gestion du portefeuille. Les illustrations 47 et 48 montrent que les investisseurs interrogés perçoivent les risques idiosyncrasiques comme les principaux facteurs explicatifs de la performance des investissements immobiliers. Tant pour les spécialistes que pour les non spécialistes, le facteur cité en premier et le plus cité parmi les trois facteurs de risque principaux est celui qui fait une référence explicite aux caractéristiques spécifiques des immeubles (emplacement, utilisation, taille, âge, architecture, etc.). Ces résultats sont conformes aux réalités Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre mises en lumière par les analyses statistiques présentées au chapitre 1 qui identifiaient les risques spécifiques comme dominants au niveau de l’immeuble et expliquaient les difficultés de les diversifier. Pour les spécialistes de l’immobilier l’autre facteur clef se dégageant est également spécifique puisqu’il s’agit des conditions des baux et de la qualité des preneurs de bail. Ces réponses traduisent une approche traditionnelle de l’investissement immobilier dans le cadre de laquelle les spécialistes voient les leviers de création de valeur essentiellement au niveau de chaque immeuble ; celle-ci tient à la proximité avec le sous-jacent (illustration 40) et à la difficulté à créer de la valeur par l’allocation dans le cadre de l’exposition en direct à l’immobilier. Les autres investisseurs identifient le risque sectoriel (cité à 24,3% parmi les trois facteurs principaux) et le risque géographique au niveau subcontinental65 (cité à 18,3%), résultats également conformes aux conclusions du chapitre 2. L'illustration 49 présente la corrélation perçue entre diverses variables macroéconomiques et les rendements des investissements immobiliers de fonds propres en l’absence de levier financier. Les investisseurs jugent qu’il existe une corrélation positive très marquée entre les rendements immobiliers et la croissance du produit national brut, une corrélation positive avec l’emploi et l’inflation66, et – de manière moins tranchée – une corrélation négative avec les taux des emprunts d’état67. Un quart des investisseurs interrogés préfère ne pas s’exprimer sur les relations entre les rendements immobiliers et les primes de risque crédit et actions et les avis sont très partagés chez ceux qui répondent à ces questions68. Les convictions affichées par les investisseurs justifient des stratégies de diversification ou d’allocation internationale sur bases économiques. Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 4. Résultats d'enquête Illustration 47 : Trois principales sources de risque déterminant la performance des investissements immobiliers – gestionnaires immobiliers Facteur de risque du marché immobilier au niveau du continent 26,3% 8,1% 4,2% 14,1% Caractéristiques spécifiques des investissements 36,8% 27% 25% 30,3% Condition des baux, qualité des locataires 15,8% 18,9% 33,3% 21,2% Gestion opérationnelle des actifs 0% 13,5% 16,7% 9,1% Secteur (bureaux, commerces, etc.) 7,9% 21,6% 8,3% 13,1% Risque au niveau du pays ou de la région du pays 13,2% 10,8% 12,5% 12,1% Top 1 Top 2 Top 3 Top 1-3 0 5 10 15 20 25 30 35 40 Illustration 48 : Trois principales sources de risque déterminant la performance des investissements immobiliers – gestionnaires immobiliers exclus 69 - La différence s’estompe après contrôle de la taille du portefeuille immobilier. Facteur de risque du marché immobilier au niveau du continent 14,7% 8,4% 6,8% 10,3% Caractéristiques spécifiques des investissements 38,9% 20% 20,5% 27% Condition des baux, qualité des locataires 5,3% 15,8% 17,8% 12,5% Gestion opérationnelle des actifs 1,1% 8,4% 15,1% 7,6% Secteur (bureaux, commerces, etc.) 20% 32,6% 19,2% 24,3% Risque au niveau du pays ou de la région du pays 20% 14,7% 20,5% 18,3% Top 1 Top 2 Top 3 Top 1-3 0 5 10 15 20 25 30 35 40 Illustration 49 : Signe et force estimés de la corrélation entre la performance des investissements de fonds propres dans l’immobilier et diverses variables économiques Croissance du PNB Emploi Inflation Taux des emprunts d’état Prime de risque de crédit Prime de risque du marché actions Forte corrélation negative (-2) 1 0,8% 3 2,5% 4 3,2% 29 24,6% 12 11,5% 5 4,9% Faible corrélation negative (-1) 4 3,2% 7 5,7% 10 8,1% 43 36,4% 39 37,5% 29 28,2% Absence de correlation (0) 1 0,8% 8 6,6% 8 6,5% 5 4,2% 17 16,3% 28 27,2% Faible corrélation positive (+1) 46 36,8% 64 52,5% 51 41,1% 26 22,0% 26 25,0% 31 30,1% Forte corrélation positive (+2) 73 58,4% 40 32,8% 51 41,1% 15 12,7% 10 9,6% 10 9,7% Non réponse 18 Moyenne 21 1,49 19 1,07 L'illustration 50 identifie les variables auxquelles les investisseurs accordent de l’attention dans le cadre de leurs investissements immobiliers ; elle montre que les spécialistes de l’immobilier utilisent 25 1,09 39 -0,38 38 -0,17 0,12 fortement les données macroéconomiques dans leur décision d’investissement et plus que les autres investisseurs69. Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 95 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 4. Résultats d'enquête Illustration 50 : Variables économiques suivies dans le cadre des investissements immobiliers Croissance du PNB Emploi Taux des emprunts d’état Inflation Prime de risque de crédit Prime de risque du marché actions Gestionnaires immobiliers 32 86,5% 30 81,1% 34 91,9% 32 86,5% 20 54,1% 10 27% Autres investisseurs 61 75,3% 42 51,9% 57 70,4% 61 75,3% 23 28,4% 23 28,4% L'illustration 51 montre les niveaux géographiques auxquels sont analysées les données économiques dans le cadre de la décision d’investissement. Elle nous apprend que les spécialistes de l’immobilier ont une approche beaucoup locale des décisions d’investissement que les autres investisseurs. Ainsi, les niveaux géographiques les plus pertinents pour les spécialistes sont les pays (83,3%), les métropoles (69,4%), et les régions (66,6%) alors que les autres investisseurs s’intéressent avant tout aux pays (55,8%) et aux continents (53,5%). Ces résultats sont cohérents d’une part avec la plus grande proximité avec le sous-jacent qu’ont les spécialistes et d’autre part avec une approche d’allocation descendante et un recours à l’investissement intermédié chez les autres investisseurs. Illustration 51 : Niveaux géographiques de prise en compte des variables économiques dans le cadre des ajustements du portefeuille immobilier 70 - La limitation d’allocation est une approche fruste que nous pouvons rationnaliser comme une règle de bon sens en présence d’incertitude liée à des données dont la qualité est douteuse ou la quantité insuffisante, caractéristiques présentes sur certains des marchés immobiliers sur lesquels interviennent les investisseurs interrogés. Monde Continent Pays Régions administratives Régions économiques Métropoles Non utilisées Gestionnaires immobiliers 22,2% 50,0% 83,3% 22,2% 44,4% 69,4% 11,1% Autres investisseurs 19,8% 53,5% 55,8% 8,1% 19,8% 29,1% 15,1% 4.4.2. Gestion du risque Après avoir identifié les sources de risque affectant la performance de l’immobilier, notre enquête s’est attachée à déterminer les pratiques de gestion du risque mises en œuvre par les investisseurs. Les illustrations 52 et 53 montrent l’utilité qu’attribuent les investisseurs à diverses approches de gestion du risque. La diversification apparaît comme la seule approche pertinente pour les spécialistes de l’immobilier et la plus utile pour les autres investisseurs. Parmi les autres propositions, seule la limitation de l’allocation relative à l’immobilier trouve grâce auprès des investisseurs non spécialisés ; les produits structurés immobiliers à capital garanti sont jugés peu utiles et les dérivés reçoivent un accueil prudent70. Les spécialistes immobiliers, qui n’ont pas l’opportunité de limiter la part de l’immobilier dans leurs portefeuilles, montrent encore moins d’intérêt pour les dérivés et structurés dans une perspective de gestion du risque. Illustration 52 : Utilité de diverses approches de gestion du risque des investissements immobiliers – gestionnaires immobiliers 96 Inutile (-2) Pas très utile (-1) Plutôt utile (+1) Très utile (+2) Score moyen pondéré Imposer une limite à la part des investissements immobiliers 50,0% 11,8% 20,6% 17,6% -0,56 Diversifier le portefeuille immobilier 5,7% 5,7% 25,7% 62,9% 1,34 Investir dans des produits à capital garanti 54,8% 29,0% 12,9% 3,2% -1,19 Utiliser des dérivés immobiliers 43,3% 23,3% 33,3% 0,0% -0,77 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 4. Résultats d'enquête Illustration 53 : Utilité de diverses approches de gestion du risque des investissements immobiliers – gestionnaires immobiliers exclus Inutile (-2) Pas très utile (-1) Plutôt utile (+1) Très utile (+2) Score moyen pondéré 2,2% 11% 33% 53,8% 1,25 Diversifier le portefeuille immobilier 0% 2,2% 23,3% 74,4% 1,70 Investir dans des produits à capital garanti 43,2% 36,4% 15,9% 4,5% -0,98 Utiliser des dérivés immobiliers 28,7% 33,3% 29,9% 8% -0,45 Imposer une limite à la part des investissements immobiliers Les illustrations 54 et 55 présentent les axes de diversification jugés les plus pertinents par les investisseurs. En ligne avec les enseignements du chapitre 2 et en totale cohérence avec les facteurs de risque identifiés précédemment, les investisseurs identifient les deux principales dimensions de la diversification comme étant sectorielle et géographique. Pour les investisseurs spécialisés, la troisième dimension est basée sur l’analyse financière et les considérations de style (croissance vs rendement, « cœur » vs « valeurajoutée » ou « opportuniste ») importent également. Pour les autres investisseurs, la troisième dimension de diversification pertinente est selon le type d’instrument ou le gestionnaire, préoccupations particulières à des investisseurs intervenant indirectement dans l’immobilier. Il est informatif de constater que la distinction entre instruments cotés et non cotés n’est pas relevée comme pertinente par les investisseurs. Illustration 54 : Utilité de diverses approches de la diversification – gestionnaires immobiliers Sectorielle 36,1% 20% 20% 25,5% Géographique 25% 42,9% 8,6% 25,5% Par montant d'investissement 2.8% 2,9% 5,7% 3,8% Selon la distinction cœur / non-cœur 8,3% 5,7% 8,6% 7,5% Entre instruments cotés et non cotés 0% 2,9% 2,9% 1,9% Selon l'orientation croissance / rendement 5,6% 5,7% 17,1% 9,4% Par type d'instrument ou gestionnaire 0% 2,9% 2,9% 1,9% Basé sur une analyse fondamentale financière 19,4% 11,4% 17,1% 16% Basée sur une analyse physique 2,8% 2,9% 11,4% 5,7% Autres 0% 2,9% 5,7% 2,8% Top 1 Top 2 Top 3 Top 1-3 0 10 20 30 40 50 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 97 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 4. Résultats d'enquête Illustration 55 : Utilité de diverses approches de la diversification – gestionnaires immobiliers exclus Sectorielle 43% 30,2% 13,6% 29,2% Géographique 34,9% 40,7% 9,9% 28,9% Par montant d'investissement 2,3% 3,5% 9,9% 5,1% Selon la distinction « cœur » / « non-cœur » 2,3% 7% 9,9% 6,3% Entre instruments cotés et non cotés 3,5% 1,2% 7,4% 4% Selon l'orientation croissance / rendement 3,5% 2,3% 8,6% 4,7% Par type d'instrument ou gestionnaire 1,2% 10,5% 23,5% 11,5% Basé sur une analyse fondamentale financière 8,1% 2,3% 9,9% 6,7% Basée sur une analyse physique 0% 2,3% 4,9% 2,4% Autres 1,2% 0% 2,5% 1,2% Top 1 Top 2 Top 3 Top 1-3 0 10 20 30 40 50 4.5. Dérivés immobiliers 4.5.1. Expérience et perception des marchés de dérivés immobiliers La dernière partie de notre enquête s’est intéressée aux produits dérivés immobiliers. Dans un premier temps, nous avons interrogé les investisseurs sur leur expérience et leur perception des marchés de dérivés immobiliers. Illustration 56 : Utilisez-vous des dérivés immobiliers ? 5% L’illustration 56 montre que 81% des investisseurs interrogés ne prévoient pas d’utiliser les dérivés immobiliers dans un futur proche alors que 5% sont déjà utilisateurs et 16% envisagent de les adopter à court terme. L'illustration 57 indique un intérêt moindre chez les spécialistes de l’immobilier et l’analyse par taille montre que l’attrait pour les dérivés grandit avec l’importance du portefeuille. 14% 81% Non Non, mais nous prévoyons de le faire avant fin 2007 Oui Illustration 57 : Utilisation actuelle ou prévue des dérivés immobiliers Utilisateurs 98 Utilisation prévue avant fin 2007 Aucun plan à court terme Gestionnaires immobiliers (38) 2,6% 10,5% 86,8% Autres investisseurs (100) 6,0% 15,0% 79,0% Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 4. Résultats d'enquête L’illustration 58 présente les raisons fondant ce rejet des produits dérivés immobiliers71. Pour la moitié des spécialistes immobiliers, les produits existants sont mal adaptés aux besoins. La difficulté de couverture avec les produits dérivés indiciels existants en raison de l’importance du risque spécifique dans les portefeuilles d’immobilier direct, difficulté que nous avons détaillée au chapitre 3, peut être avancée comme interprétation. Une autre explication pourrait être la couverture géographique limitée de l’offre puisqu’au moment de l’enquête seul le RoyaumeUni disposait d’un marché développé des dérivés ; l’analyse géographique des données – de fiabilité limitée puisque nous sommes en présence d’un échantillon de petite taille – indique au contraire que les gestionnaires spécialisés basés au RoyaumeUni jugent à deux-tiers ces produits inadaptés : le rejet semble plus massif chez les spécialistes qui sont susceptibles de mieux connaître ces produits. Les autres raisons limitant le recours aux produits dérivés chez les gestionnaires spécialisés sont les règles d’investissement actuellement en vigueur au sein des structures (pour 42,9% des répondants), et de manière plus modeste (32,1%), un manque de familiarité avec les produits. Pour les fonds de pension et les assureurs, le manque de familiarité avec les produits est le premier obstacle à l’utilisation des dérivés immobiliers72 (55,3% des 38 répondants), puis sont cités la mauvaise adaptation des produits aux besoins (34,2%) et les contraintes réglementaires (31,6%). Chez les gestionnaires diversifiés, le principal obstacle est la politique d’investissement en vigueur (42,9%) puis sont cités le manque de familiarité avec les produits (35,7%) et leur mauvaise adaptation aux besoins (28,6%)73. Illustration 58 : Raisons fondant le rejet des dérivés immobiliers 60 71 - Jusqu’à cinq réponses étaient possibles, en moyenne les répondants en ont fourni 1,5. 72 - La familiarité avec les produits dérivés est positivement liée à la taille du portefeuille immobilier. 73 - Un effet taille est présent : pour les gestionnaires disposant d’un portefeuille immobilier jusqu’à 100 millions d’euros, le manque de familiarité est le principal problème, puis vient la politique d’investissement. Pour les autres, la politique d’investissement et la mauvaise adaptation des produits aux besoins sont les deux limites majeures et les questions réglementaires posent également problème. 50 Contraintes réglementaires Politique d'investissement 40 Manque de familiarilité 30 Produits mal adaptés Autres raisons 20 10 0 24,3% 43,7% 10,7% 33% 36,9% Ensemble 21,43% 35,71% 3,57% 42,86% 28,57% Gestionnaires diversifiés 25% 32,14% 7,14% 42,86% 50% Gestionnaires immobiliers 31,58% 55,26% 15,79% 23,68% 34,21% Fonds de pension et assureurs Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 99 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 4. Résultats d'enquête 4.5.2. Connaissance des produits Dans la perception des investisseurs, le marché des dérivés est presque synonyme de marché sur indices IPD : parmi la moitié des investisseurs qui s’expriment, 61,1% ne connaissent que les dérivés liés aux indices IPD et seuls 5,6% de ceux connaissant un produit dérivé immobilier74 ignorent l’existence du marché des dérivés sur indices IPD. L'illustration 59 nous montre que les dérivés immobiliers les plus connus sont sans conteste les swaps de rendement total sur indices IPD (86,1%). Bénéficiant probablement d’un effet de halo, les deuxièmes produits les plus cités (33,3%) sont les warrants sur indices IPD Royaume-Uni. Au troisième rang arrivent les swaps sur rendement total sur l’indice étatsunien NPI. Les dérivés sur indices des prix du logement ferment la marche et sont très peu connus. L’analyse par type d’investisseur montre que les spécialistes de l’immobilier connaissent beaucoup moins les dérivés d’immobilier d’entreprise américains et presque pas les dérivés liés aux marchés du logement. Illustration 59 : Connaissance de différents dérivés immobiliers SRT IPD Warrants IPD SRT NPI Warrants HHPI Forwards HHPI Futures CSW Aucun Autre Ensemble (72) 86,1% 33,3% 23,6% 11,1% 13,9% 13,9% 5,6% 1,4% Gestionnaires immobiliers (22) 86,4% 36,4% 13,6% 4,5% 9,1% 4,5% 4,5% 0,0% Autres investisseurs (50) 86,0% 32,0% 28,0% 14,0% 16,0% 18,0% 6,0% 2,0% L’illustration 60 montre que les investisseurs envisagent trois utilisations principales pour les dérivés immobiliers : couverture du risque, investissement synthétique, et gestion synthétique 74 - Ils sont 94,4% des investisseurs qui s’expriment. du portefeuille. Les activités plus « spéculatives » comme l’utilisation du levier ou la vente du marché apparaissent comme accessoires. Illustration 60 : Utilisations envisageables des dérivés immobiliers 80 Levier 70 Conception de structurés 60 Couverture 50 Vente du marché 40 Investissement synthétique Facilitation des changements d'allocation 30 20 10 0 27% 68% 16% 52% 30% 54% Echantillon 100 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 24,1% 79,3% 62,1% 20,7% 34,5% 55,2% Gestionnaires diversifiés 31% 75,9% 44,8% 24,1% 31% 41,4% Gestionnaires immobiliers 22,2% 58,3% 52,8% 8,3% 22,2% 63,9% Fonds de pension et assureurs Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 4. Résultats d'enquête La couverture est citée comme première utilisation par les gestionnaires diversifiés (79,3%) et les gestionnaires spécialisés (75,9%) et devance nettement l’investissement (62,1% et 44,8%) et la gestion (55,2% et 41,4%) synthétiques. Les fonds de pension et compagnies d’assurance citent la gestion synthétique (63,9%) avant la couverture (58,3%) et l’investissement synthétique (52,8%). Etant donnée la difficulté de la couverture et de la gestion synthétique de portefeuille à travers des dérivés d’indices d’immobilier direct, ces attentes risquent fort d’être déçues et les promoteurs des indices devraient, à l’instar des groupes d’intérêt qui ont œuvré à la levée des obstacles réglementaires à l’utilisation des dérivés immobiliers au Royaume-Uni, reconnaître le potentiel limité de ces produits en ces matières et insister sur leurs autres avantages. L'illustration 61 montre que les résultats présentés ci-dessus sont peu liés à la taille. La stabilité de la couverture comme utilisation possible des dérivés est surprenante puisque la qualité de celle-ci progresse avec la taille du portefeuille comme nous l’avons noté au chapitre 3. La conception selon laquelle les dérivés peuvent servir de véhicule d’investissement synthétique apparait liée négativement à la taille du portefeuille immobilier, ce qui est cohérent avec les difficultés d’accès à la classe que rencontrent les petits investisseurs ; cette liaison se renforce après neutralisation de l’influence des gestionnaires diversifiés, qui sont les investisseurs les plus sensibles à l’investissement synthétique. Illustration 61 : Utilisations envisageables des dérivés immobiliers – par taille du portefeuille immobilier Couverture Vente du marché Investissement synthétique Facilitation des changements d'allocation 15,0% 75,0% 40,0% 40,0% 50,0% 21,1% 21,1% 68,4% 36,8% 73,7% 52,6% De 100 millions à 1 milliard (24) 25,0% 8,3% 70,8% 20,8% 41,7% 41,7% De 1 à 10 milliards (26) 26,9% 15,4% 65,4% 30,8% 53,8% 57,7% Levier Conception de structurés Non disponible ou pertinent (20) 35,0% De 0 à 100 millions (19) Plus de 10 milliards (11) 27,3% 27,3% 54,5% 18,2% 54,5% 81,8% Ensemble (100) 27,0% 16,0% 68,0% 30,0% 52,0% 54,0% Cette idée d’investissement synthétique a été approfondie par une question testant l’acceptabilité d’un indice comme outil de diversification en lieu et place des véhicules traditionnels. L’illustration 62 montre que 65,6% des investisseurs ont jugé qu’un indice immobilier européen investissable ou un dérivé sur cet indice était la meilleure solution pour diversifier le portefeuille immobilier d’un investisseur institutionnel fortement concentré sur son pays d’origine. Illustration 62 : Un indice européen serait-il un outil de diversification approprié d'un portefeuille manqué par un fort biais domestique ? 9% 13% 13% 65% Oui Non, fonds non cotés préférables Non, instruments cotés préférables Non, investissement en direct préférable Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 101 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 4. Résultats d'enquête L'illustration 63 montre que si la solution indicielle est considérée comme la meilleure par tous les types d’investisseurs, les gestionnaires diversifiés sont les plus séduits par cette approche. Ces résultats montrent également que les non-spécialistes placent l’immobilier coté en seconde position des outils de diversification alors que les gestionnaires immobiliers jugent qu’il s’agit de la moins bonne solution et élisent les fonds non cotés comme meilleure approche de diversification après la solution indicielle75. L’intérêt pour l’immobilier coté comme diversificateur diminue avec la taille du portefeuille immobilier alors que l’intérêt pour la solution indicielle augmente avec celle-ci. Ces résultats sont cohérents avec la place relative progressivement plus importante de l’immobilier direct dans les portefeuilles (comme suggéré par l'illustration 45) et avec la difficulté de diversifier des investissements directs avec de l’immobilier coté que nous avons exposée au chapitre 2. Illustration 63 : Pertinence d’un indice immobilier Européen comme outil de diversification – par type d’investisseur 75 - Une étude de l’INREV (2007) auprès des investisseurs dans les fonds non cotés a trouvé que les trois principales motivations de l’investissement dans ces produits étaient : l’accès à une gestion professionnelle (style, présence locale), la diversification internationale du portefeuille immobilier, et la diversification du portefeuille global. Ensemble (128) Gestionnaires diversifies (42) Gestionnaires immobiliers (35) Fonds de pension et assureurs (42) Autres (9) Un indice investissable ou un dérivé de celui-ci est un outil approprié 65,6% 76,2% 60,0% 64,3% 44,4% Les fonds non cotés sont préférables 12,5% 4,8% 20,0% 9,5% 33,3% L’immobilier coté est préférable 13,3% 11,9% 8,6% 21,4% 0,0% Les investissements en direct sont préférables 8,6% 7,1% 11,4% 4,8% 22,2% Encadré 15 : De l’intérêt des indices immobiliers comme véhicules d’investissement et de diversification L’accès aux indices immobiliers rend réalisable une diversification pratiquement impossible en direct. Les indices permettent aux investisseurs d’établir une exposition passive et représentative à un pays ou un secteur qui peut par ailleurs ne pas être accessible en direct. Si ces indices peuvent être utilisés de manière dynamique pour générer de l’alpha, ils sont intrinsèquement de purs produits de bêta. y répondre ; elle montre que les indices ont un potentiel certain en tant que véhicules d’investissement passif dans l’immobilier. Illustration 64 : Pertinence d’un support indiciel d’investissement immobilier en relation avec les motivations des investisseurs – gestionnaires immobiliers exclus Motivation d’investissement Diversification L'illustration 64 rappelle les principales motivations d’investissement dans l’immobilier identifiées par notre enquête et mesure la pertinence d’une offre indicielle pour 102 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre Performance ajustée du risque élevée Protection contre l’inflation Demande Pertinence des indices Bêta Totale Alpha + Bêta Importante Bêta Totale Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 4. Résultats d'enquête L'illustration 65 montre l’intérêt des véhicules indiciels dans le cadre de la gestion du risque des portefeuilles immobiliers à travers leur mise en regard avec les principales sources de risque identifiées par les investisseurs. Elle indique que les solutions indicielles peuvent servir d’excellents outils de diversification du portefeuille immobilier pour tous les types d’investisseurs. Illustration 65 : Pertinence d’un support indiciel d’investissement immobilier en relation avec les principales sources de risque identifiées Besoin Pertinence des indices Diversification Totale • Risque « géographique » - Au niveau du pays ou d’une région - Au niveau du continent Diversification Totale • Risque sectoriel Diversification Totale Source de risque • Risque spécifique - Caractéristiques spécifiques des actifs - Baux et qualité des locataires - Gestion opérationnelle des actifs 76 - Les études sur données américaines et européennes montrent que la corrélation avec l’ensemble du marché des actions a eu tendance à diminuer au cours du temps, mais elle reste importante. Nous ne nions nullement ici l’intérêt du secteur des foncières cotées pour diversifier un portefeuille actions mais soulignons que le potentiel de diversification de l’immobilier direct est bien supérieur et qu’il ne peut être réalisé à travers des indices de foncières cotées. Les indices auxquels peuvent s’exposer les investisseurs sont de deux types: indices de foncières cotées, et indices d’immobilier direct. Les indices de foncières sont aisément réplicables à partir de leurs composantes et sont également investissables à travers des fonds indiciels, des ETFs et désormais des dérivés ; ils sont liquides, transparents et relativement peu coûteux. Comme indiqué au chapitre 1, le compartiment de l’immobilier coté reste encore assez étroit et incomplet dans la plupart des pays européens, ce qui pose des problèmes de diversification de l’indice et de représentativité par rapport au marché sous-jacent. Ce compartiment se développe rapidement avec la généralisation du statut de REIT et il est devenu possible de constituer un indice européen de concentration acceptable. Les indices commerciaux actuels sont néanmoins construits sur une base de capitalisation boursière pour être représentatifs du marché européen des foncières cotées ; ils ne cherchent pas à donner une image fidèle (et ne sont pas représentatifs) du marché sousjacent dans ses dimensions géographique ou sectorielle. Le développement de l’immobilier coté en Europe pourrait à terme autoriser la construction d’indices de foncières alternatifs qui viseraient à la représentativité de la composition par rapport au stock d’immobilier d’entreprise. La forte corrélation au marché des actions et le faible lien à court terme avec le marché du sous-jacent est en revanche une caractéristique qui n’est pas susceptible de disparaître76 avec la croissance du marché puisqu’elle est intrinsèque à l’immobilier coté. A court terme, l’investissement dans l’immobilier coté ne génère pas les risques et rendements représentatifs de l’investissement direct. Pour cette raison, il est difficile d’utiliser un indice de foncières pour diversifier ou gérer synthétiquement un portefeuille direct. Basés sur des expertises d’un très grand nombre d’immeubles déjà détenus par des investisseurs ou sur des transactions, les indices d’immobilier direct sont par nature non investissables et il est nécessaire de recourir aux dérivés pour établir une exposition synthétique à ces indices. Une voie hybride a été ouverte en juin 2006 par FTSE et MSS qui ont lancé le premier « indice » investissable d’immobilier direct. La valeur de cet indice est déterminée par la valorisation journalière d’un fonds investi dans d’autres fonds et dans des immeubles en direct – l’indice devient donc investissable directement à travers le fonds. Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 103 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 4. Résultats d'enquête En plus d’offrir liquidité et investissabilité, l’indice FTSE/MSS de l’immobilier d’entreprise du Royaume-Uni prétend à la représentativité77 à travers son exposition indirecte à un patrimoine important dont la composition sectorielle est contrôlée pour correspondre à celle du marché sous-jacent. Comme ce produit est également bâti selon des considérations de sélection visant à la surperformance ; il n’est pas un support de pur bêta. 77 - Le fonds sous-jacent avait à son lancement et d’après ses promoteurs une exposition à plus de 2500 immeubles qui représentaient plus de €10 milliards d’immobilier commercial de première catégorie – à titre de comparaison, l’indice IPD du Royaume-Uni comptait à la même époque 11010 immeubles évalués collectivement à €220 milliards. Les indices directs sont les garants d’une diversification maximale puisque leur large base permet la diversification du risque spécifique des immeubles et qu’ils ne sont pas directement exposés au risque du marché des actions. Purs produits de bêta, ils produisent le rendement du secteur ou de la zone choisie et protègent contre le risque de sélection (alpha stable à zéro). Ils limitent (indices composites) ou annulent (indices sectoriels) les dérives de style et réduisent fortement le risque opérationnel (ou son impact). Les supports indiciels d’immobilier direct fluidifient considérablement l’accès au sousjacent et permettent de s’abstraire des limites traditionnelles de celui-ci (coûts d’information et coûts de transaction élevés, importants délais de mise en œuvre et liquidité minimale, risque spécifique dominant, nécessité d’un suivi opérationnel lourd). Leurs limites sont celles des indices qu’ils se choisissent (transparence, représentativité, fréquence, investissabilité en direct et liquidité) et leur caractère synthétique ou hybride. L’illustration 66 compare l’allocation actuelle aux solutions indicielles à la limite haute de leur potentiel de marché à moyen terme, évaluée par la proportion d’investisseurs qui indiquent utiliser en premier lieu une approche relative de la 104 An EDHEC Risk an d Ass et Ma na g ement R es ea rch C ent re P u b l i c a ti o n mesure de performance. Etant donnée l’ouverture montrée par les investisseurs visà-vis de l’utilisation d’un véhicule indiciel comme diversificateur international, cette comparaison suggère le potentiel important de propositions centrées sur l’exposition passive à l’immobilier. Puisque 81% des investisseurs n’envisagent pas d’investir dans des produits dérivés dans un futur proche, la voie la plus prometteuse à court-moyen terme semble celle des fonds indiciels et fonds de fonds. Illustration 66 : Part de marché actuelle et potentielle des solutions indicielles d’investissement immobilier Part des supports indiciels dans l'allocation : 4-6% 1% 2% 3% 3% 17% 50% 24% Direct Fonds non cotés Immobilier coté Dettes Structurés Indiciels Dérivés Potentiel des supports indiciels : 31-37% 2% 3% 1% 3% 40% 13% 18% 20% Rendement absolu nominal Rendement absolu réel Indice direct Indice indirect Rendement d'un composite Indice de performance des pairs Autre référence Aucune Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 4. Résultats d'enquête 4.5.3. Facteurs clefs de succès des marchés et produits dérivés immobiliers La dernière partie de notre enquête étudie les facteurs clefs de succès des marchés des dérivés immobiliers et les caractéristiques idéales des contrats du point de vue des investisseurs. L’illustration 67 montre que les investisseurs jugent importants78 pour la réussite d’un marché de dérivés immobiliers l’ensemble des critères proposés tant au niveau de l’indice que des contrats. 78 - Chaque facteur a été noté sur une échelle à quatre gradations : très important (+2), plutôt important (+1), secondaire (-1), sans importance (-2). De 102 à 110 réponses ont été obtenues pour chaque notation. La transparence de l’indice utilisé comme sousjacent des contrats apparaît comme l’exigence centrale. Les investisseurs jugent également très importante sa représentativité et importante sa couverture. La liquidité / investissabilité de l’indice apparaît aussi comme une considération très notable, particulièrement chez les non-spécialistes. En revanche, la haute fréquence de l’indice et sa volatilité – qui rendent les produits dérivés plus attrayants en renforçant la demande liée à la couverture et à la spéculation – sont jugées moins importantes. Au niveau du marché, l’exigence principale est la liquidité des contrats, loin devant la capacité à mettre en œuvre une couverture efficace, la réduction des coûts et la présence d’une contrepartie centrale pour réduire le risque. Nous observons que la réduction des coûts est un argument relativement plus important pour les non-spécialistes et trouvons sans surprise que l’importance de la qualité de la couverture est liée positivement à la taille du portefeuille. L’importance prédominante de la liquidité et le rôle plus modeste de la couverture sont cohérents avec une approche des dérivés comme supports d’investissement et de gestion de portefeuille synthétiques, deux utilisations des dérivés identifiées parmi les trois principales par les investisseurs (illustration 35). Ce résultat peut être interprété positivement pour les promoteurs de dérivés immobiliers puisque la qualité de ces outils comme instruments de couverture du risque des portefeuilles d’immobilier direct est un point faible de leurs offres. Il peut également être vu sous un jour négatif si nous faisons l’hypothèse que la liquidité n’est importante pour les investisseurs que parce qu’elle manque Illustration 67 : Facteurs clefs de succès d’un marché de dérivés immobiliers liés au sous-jacent, aux spécifications du contrat et aux caractéristiques du marché Volatilité 0,75 0,47 0,92 0,75 Transparence 1,85 1,77 1,93 1,91 Couverture 1,34 1,27 1,44 1,39 Liquidité 1,56 1,51 1,64 1,62 Investissabilité 1,04 1,23 0,61 1,00 Representativité 1,62 1,63 1,65 1,59 Haute fréquence 0,91 0,97 1,11 0,88 Contrepartie centrale 0,85 0,89 0,67 0,88 Liquidité des dérivés 1,54 1,68 1,48 1,56 Réduction des coûts 0,91 1,03 0,59 1,00 Capacité à couvrir les risques 0,96 1,00 1,07 0,85 0,0 Ensemble Gestionnaires diversifiés Gestionnaires immobiliers Fonds de pension et assureurs 0,5 1,0 1,5 2,0 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 105 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 4. Résultats d'enquête actuellement au marché ! Nous retrouverions ici la situation classique de difficulté d’amorçage d’un cercle vertueux de liquidité : une partie des investisseurs reste à l’écart d’un marché en raison de son insuffisante liquidité mais leur absence prévient l’amélioration de celle-ci. immobiliers, rejet qui s’explique aisément au regard des préoccupations clefs de transparence, liquidité/ investissabilité et représentativité/couverture exprimées à la question précédente. Les autres indications sont la préférence chez les nonspécialistes pour des indices de transactions à qualité constante (et notamment hédoniques) sur des indices d’expertises80, des perceptions négatives chez tous les investisseurs vis-à-vis des indices de transactions bruts, et des avis divergents sur les solutions basées sur la valeur des actifs d’un fonds ou fonds de fonds ou les foncières cotées81. L’illustration 68 présente le niveau de confort79 visà-vis de diverses méthodes de construction d’indice dans la perspective de transactions sur dérivés. L’enseignement principal est le rejet unanime et massif des indices basés sur des consensus d’agents Illustration 68 : Niveau de confort vis-à-vis de différentes méthodes de construction d’indices 0,22 0,24 -0,17 -0,17 Moyenne de valeurs d'expertise Moyenne des prix de transactions (brute) -0,10 -0,24 -0,17 0,07 Moyenne des prix de transactions (indice hédonique) Moyenne des prix de transactions (ventes répétées) Concensus d'agents -0,82 -0,62 -0,95 -0,90 Indices de foncières -1,0 -0,8 -0,6 -0,4 0 0,36 0,04 -0,26 0,05 -0,15 0,87 -0,30 -0,2 Les dernières questions de l’enquête ont porté sur les préférences des investisseurs sur le type et les caractéristiques des dérivés pour leurs besoins d’investissement et de gestion du risque. Comme le montre l’illustration 69, les investisseurs ont au global une préférence pour les contrats à terme ferme alors que la quasi-totalité du volume de marché actuel se concentre sur des contrats 0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 d’échange. Les investisseurs spécialisés dans l’immobilier jugent au global les dérivés peu utiles mais marquent une préférence pour les options qui peut traduire un intérêt pour la couverture contre les risques de mauvaise performance. Les options sont au contraire moins appréciées des non-spécialistes, ce qui peut s’expliquer par leur moindre intérêt comme outils d’exposition et leur « coût » supérieur. Illustration 69 : Utilité de divers types de dérivés pour les besoins d’investissement et de gestion du risque Futures 1 1,32 0,20 1,24 Options 0,60 0,75 0,43 0,65 Swaps 0,61 1,03 0,14 0,63 0,0 0,3 Ensemble Gestionnaires diversifiés 106 Ensemble Gestionnaires diversifiés Gestionnaires immobiliers Fonds de pension et assureurs 0,13 0,35 -0,48 0,32 VNA d'un fonds ou fonds de fonds 79 - Une fois encore le score reporté est la moyenne des scores fournis par les investisseurs sur l’échelle à quatre gradations déjà présentée. Entre 82 et 89 suffrages se sont exprimés sur ces questions plus techniques. 80 - Elle s’explique par la méfiance vis-à-vis des indices d’expertises par les types d’investisseurs mêmes qui y contribuent ! 81 - De manière intéressante, ces deux dernières solutions sont les seules à trouver grâce auprès des spécialistes immobiliers qui indiquent un degré de confort faible pour toutes les méthodes utilisées pour le calcul d’indices sur les marchés de l’immobilier direct… les esprits chagrins pourraient en conclure que plus un investisseur est familier avec un type d’indice et moins il lui accorde de confiance. 0,23 0,44 -0,09 0,14 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 0,6 0,9 1,2 Gestionnaires immobiliers Fonds de pension et assureurs 1,5 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 4. Résultats d'enquête L’illustration 70 nous apprend que les investisseurs se satisfont des dérivés sur le rendement total et que la demande de déségrégation entre les composantes loyers et valeur vénale est peu importante. La composante loyers étant un élément stabilisateur de la performance totale, un dérivé sur la composante capital (loyers) d’un indice immobilier a une volatilité plus importante (faible), donc un attrait plus grand (moindre) dans une optique de spéculation. Ces résultats indiquent qu’il n’est pas urgent de proposer des contrats spécifiques sur la composante valeur vénale des indices puisque les contrats actuels traitent les principaux besoins. Illustration 70 : Utilité de divers dérivés sur les composantes du rendement pour les besoins d’investissement et de gestion du risque 1,33 1,83 0,88 1,29 Dérivés sur rendement total 0,30 0,61 0,54 -0,07 Dérivés sur loyers 0,42 0,81 0,50 0,19 Dérivés sur appréciation en capital -0,5 0.0 0,5 1,0 2,0 Gestionnaires immobiliers Fonds de pension et assureurs Ensemble Gestionnaires diversifiés L’illustration 71 détaille les attentes en termes sectoriels. Les gestionnaires immobiliers sont neutres vis-à-vis des indices ensemble des actifs sous réserve que le secteur résidentiel ait été exclu, estiment les indices sectoriels et soussectoriels plutôt utiles et ne montrent aucun intérêt pour les dérivés liés aux indices de logement. Ces résultats sont cohérents avec des besoins de gestion synthétique fine et de couverture de portefeuille. Les fonds de pension et compagnies d’assurance concentrent leur attention sur les indices sectoriels de l’immobilier d’entreprise et s’intéressent également aux indices ensemble des actifs ; ces résultats sont 1,5 cohérents avec une demande de gestion synthétique et de couverture. Les gestionnaires diversifiés ayant plus de €100 millions investis dans l’immobilier ont un comportement globalement comparable aux fonds de pension et assureurs mais un intérêt plus marqué pour les indices ensemble des actifs. Les gestionnaires diversifiés de plus petite taille expriment un très fort attrait pour les dérivés liés aux indices ensemble du marché, un intérêt faible à moyen pour les dérivés sectoriels et un désintérêt marqué pour les dérivés sous-sectoriels. Ces résultats sont en ligne avec une approche des dérivés en tant que supports d’exposition à l’immobilier. Illustration 71 : Utilité de divers dérivés sectoriels pour les besoins d’investissement et de gestion du risque Composite immobilier d'investissement 0,50 1,29 -0,52 0,52 Composite résidentiel exclus 0,69 1,14 0,09 0,68 Bureaux 0,90 0,93 0,95 0,79 Commerces 0,90 0,77 1,19 0,86 Industrie 0,78 0,48 1,14 0,71 Résidentiel 0,55 0,79 0,41 0,44 Résidentiel (prix des logements) 0,06 0,55 -0,29 -0,26 Sous-secteur -0,6 -0,3 0,22 0,23 0,86 -0,04 0,0 0,3 Ensemble Gestionnaires diversifiés 0,6 0,9 1,2 1,5 Gestionnaires immobiliers Fonds de pension et assureurs Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 107 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 4. Résultats d'enquête L’illustration 72 présente l’intérêt porté par les différents types d’investisseurs à divers niveaux géographiques pour le choix du sousjacent. L’essentiel de la demande de dérivés pour l’exposition et la couverture se place à un niveau national, mais il existe également un fort intérêt pour une offre pan-régionale, intérêt qui s’accentue avec la taille du portefeuille immobilier82. Les résultats sont cohérents avec les facteurs de risque et les axes de diversification identifiés par les investisseurs (illustrations 47-48 et 54-55). Les spécialistes rejettent l’idée d’un dérivé sur immobilier global, sont neutres vis-à-vis des indices internationaux, plutôt intéressés par des dérivés d’indices au niveau pays et dans une moindre mesure par des dérivés d’indices couvrant une région au sein d’un pays. Les autres investisseurs ne trouvent pas d’intérêt à un dérivé global, mais sont plutôt attirés par des dérivés sur des indices pays ou pan-régionaux. Illustration 72 : Utilité de divers dérivés géographiques pour les besoins d’investissement et de gestion du risque Monde -0,28 -0,07 -0,83 -0,08 Région internationale 0.76 1,13 0 0,96 Pays 1,06 1,27 0,91 0,96 Région d'un pays -0,9 -0,6 0,03 0 0,42 -0,26 -0,3 0,0 0,3 82 - Les résultats sont bases sur 80 à 87 réponses fournies. Les scores présentés sont les scores moyens sur l’échelle à quatre gradations déjà présentée. 0,9 1,2 1,5 Gestionnaires immobiliers Fonds de pension et assureurs Ensemble Gestionnaires diversifiés L’illustration 73 précise les trois niveaux de liquidité les plus fréquemment cités comme nécessaires par les investisseurs. Naturellement, ce sont les gestionnaires diversifiés qui expriment les besoins de liquidité les plus importants. Eu égard à leurs mode et horizon d'investissement, les gestionnaires immobiliers, fonds 0,6 de pension et compagnies d’assurance montrent une exigence de liquidité surprenante. L’analyse par la taille montre également une relation positive contra-intuitive entre l’exigence de liquidité et le montant des investissements immobiliers. Illustration 73 : Liquidité exigée des dérivés immobiliers (trois choix possibles) Intrajournalière 11% 23,33% 4% 5,4% Journalière 39% 53,33% 48% 29,7% Hebdomadaire 39% 56,67% 28% 32,4% Mensuelle 47% 53,33% 40% 48,6% Trimestrielle 19% 13,33% 24% 21,6% Annuelle 6% 6,67% 4% 5,4% Ne sais pas 13% 3,33% 20% 16,2% 0 10 20 Ensemble Gestionnaires diversifiés 108 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 30 40 50 Gestionnaires immobiliers Fonds de pension et assureurs 60 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 4. Résultats d'enquête L’illustration 74 présente les maturités de prédilection pour des dérivés servant les besoins d’investissement et de gestion du risque des différents types d’investisseurs. Illustration 74 : Echéances requises des dérivés immobiliers (trois choix possibles) 3 mois 24,2% 46,67% 8% 22,2% 6 mois 27,3% 46,67% 12% 22,2% 1 an 57,6% 66,67% 52% 52,8% 2 ans 22,2% 16,67% 20% 27,8% 3 ans 25,3% 20% 24% 27,8% 5 ans 25,3% 26,67% 32% 22,2% Ne sais pas 22,2% 6,67% 32% 27,8% Autre 6,1% 10% 8% 2,8% 0 10 20 30 40 Ensemble Gestionnaires diversifiés 83 - Pour les répondants ayant proposé une autre échéance, mode et moyenne des propositions sont à 10 ans (tous types d’investisseurs confondus). C’est l’échéance un an qui recueille le plus de suffrages pour chaque type d’investisseurs – puisque peu de pays disposent d’indices d’immobilier direct avec des fréquences plus élevées, ceci ne constitue pas une surprise. Pour les gestionnaires spécialisés, les deux échéances les plus citées ensuite sont 5 ans et 3 ans. Pour les fonds de pension et les compagnies d’assurance, il s’agit des échéances 2 et 3 ans. Les gestionnaires diversifiés sont orientés court terme puisque leurs trois échéances de prédilection sont 50 60 70 80 Gestionnaires immobiliers Fonds de pension et assureurs à un an au plus83. Ces résultats sont cohérents avec des utilisations différenciées des produits qui verraient les spécialistes se servir des dérivés pour la gestion du risque et la gestion synthétique d’un portefeuille de long terme détenu en direct, les gestionnaires diversifiés mettre en œuvre des stratégies d’exposition dynamique, et les fonds de pension et compagnies d’assurance emprunter aux deux approches. Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 109 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 110 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre Conclusion Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 111 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 Conclusion Les investissements de fonds propres dans l’immobilier constituent une classe d’actifs et les investisseurs sont ouverts à l’innovation produit L’immobilier est considéré comme une classe d’actifs distincte tant par les chercheurs que par les investisseurs. Pour la plupart d’entre eux, la classe immobilière s’identifie aux seuls supports d’exposition au risque de fonds propres : investissements en direct dans l’actif sous-jacent, intérêts dans des véhicules non cotés, actions de sociétés immobilières cotées. Moins d’un répondant sur cinq exclut l’immobilier coté de la classe et plus de deux-tiers y accueillent produits structurés, indiciels et dérivés. Plus de 60% des gestionnaires immobiliers interrogés considèrent que les produits de dette liés au sous-jacent immobilier font partie de la classe contre moins de 30% des autres investisseurs. Diversification, performance et couverture justifient l’allocation à l’immobilier Les arguments généralement avancés en faveur de l’immobilier sont sa faible volatilité, son haut rendement ajusté, sa supériorité comme couverture contre l’inflation, sa composante revenus élevée et stable et ses excellentes qualités de décorrélation ; seuls les deux derniers sont bien étayés par les recherches académiques tandis que les qualités de couverture apparaissent confirmées par les études de long terme et celles consacrées à l’immobilier résidentiel. Pour les investisseurs interrogés, la diversification du portefeuille global est très nettement la principale motivation de l’allocation à la classe. En second lieu, l’attrait d’une haute performance ajustée émerge également comme une motivation importante de l’investissement. Troisième motivation mais en net retrait, la protection contre l’inflation apparaît comme une préoccupation secondaire. Au global, les investisseurs non spécialisés montrent un intérêt accessoire pour la surperformance mais il est probable que dans une conjoncture de marché 112 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre moins favorable, ils pourraient s’y intéresser beaucoup plus. A 10%, l’allocation stratégique des investisseurs est significative mais en retrait des recommandations académiques Trois-quarts des répondants (hors spécialistes de l’immobilier) approchent leurs investissements immobiliers dans le cadre d’une classe d’allocation distincte ; pour eux, l’allocation stratégique est de 9,9% des actifs globaux. Les modèles de gestion d’actifs en moyenne-variance suggèrent une allocation de 15% à 25%. La réduction de l’écart entre pratiques et recommandations passera par une meilleure modélisation des particularités de la classe et des contraintes des investisseurs, mais aussi par le développement de véhicules autorisant une exposition diversifiée, liquide et de faible granularité. La hiérarchie traditionnelle des supports d’exposition est respectée et les véhicules indirects cotés et non cotés sont fort utilisés L’analyse des supports d’allocation à l’immobilier confirme la place extrêmement marginale des produits de dette, le respect de la hiérarchie traditionnelle – investissement en direct, participation à travers des véhicules non cotés, détention d’actions d’entreprises immobilières cotées – au sein des supports d’exposition, et l’importance encore limitée des offres récentes de produits structurés, indiciels et dérivés. Les spécialistes de l’immobilier investissent trois-quarts de leurs fonds directement dans le sous-jacent physique, soit deux-fois plus que les autres investisseurs. Les fonds de pension et compagnies d’assurance respectent la hiérarchie traditionnelle dans leurs allocations de fonds propres en allouant tout d’abord en direct, puis dans des véhicules non cotés et enfin dans des sociétés immobilières cotées. L’allocation directe est liée positivement à la taille du portefeuille Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 Conclusion du fait des problèmes de granularité et de diversification affectant le sous-jacent ; la relation est inverse pour les fonds non cotés qui sont leur plus proche substitut. Les gestionnaires diversifiés investissent plus en immobilier coté et nouveaux supports qu’en direct ou à travers des fonds non cotés ; ces préférences sont cohérentes avec une gestion dynamique de l’exposition à l’immobilier sur base de supports liquides, flexibles et à faibles coûts de transaction. Les investisseurs approchent l’immobilier d’abord dans une optique de performance absolue mais utilisent largement l’évaluation relative En matière d’évaluation de la performance des investissements immobiliers, quatre gestionnaires spécialisés sur cinq et la moitié des autres investisseurs indiquent utiliser d’abord un objectif de rendement absolu nominal ou réel. Néanmoins, plus de deux-tiers des répondants utilisent de manière principale ou secondaire des références relatives pour la mesure de la performance de leurs investissements immobiliers. Les facteurs spécifiques sont les principales sources de risque et de performance dans l’immobilier mais importent également les dimensions sectorielle et géographique La performance d’un investissement immobilier est liée à des facteurs spécifiques à l’immeuble et à ses conditions de location mais également à des facteurs systématiques qui affectent les rendements des biens avec une vitesse et une intensité qui varient avec le secteur et les conditions locales. Les sources de risque systématique identifiées dans la littérature sont la croissance réelle, l’emploi, les taux d’intérêt et l’inflation. Les investisseurs interrogés jugent qu’il existe une corrélation positive très marquée entre les rendements immobiliers et la croissance du produit national, une corrélation positive avec l’emploi et l’inflation, et – de manière moins tranchée – une corrélation négative avec les taux des emprunts d’état. En comparaison avec les autres classes, les études académiques relèvent l’importance supérieure du risque spécifique dans l’immobilier. Les investisseurs interrogés considèrent les risques idiosyncrasiques comme les principaux facteurs explicatifs de la performance des investissements immobiliers. Les investisseurs non spécialisés identifient en outre les expositions sectorielles et géographiques comme autres dimensions importantes du risque. La diversification est jugée comme la meilleure approche de gestion du risque ; elle implique le recours à l’intermédiation La diversification apparaît comme la seule approche de gestion du risque adéquate pour les spécialistes de l’immobilier ; pour les autres investisseurs, elle est la plus utile devant la limitation de l’allocation à l’immobilier. La gestion du risque à l’aide de produits structurés ou dérivés est jugée peu pertinente. Les investisseurs comme les chercheurs identifient les deux principales dimensions de la diversification comme étant sectorielle et géographique. La diversification du risque spécifique au niveau de 95% apparaît impossible en direct puisqu’elle exige en moyenne d’investir dans plusieurs centaines d’immeubles. Ce résultat soutient une vision active de l’investissement direct centrée sur la sélection et la gestion physique d’un portefeuille d’immeubles concentré ou un fort recours à l’intermédiation pour les stratégies supposant la diversification. Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 113 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 Conclusion Les solutions indicielles ont un réel potentiel comme véhicules d’investissement et de diversification Les motivations majeures de l’investissement dans l’immobilier traduisent essentiellement une demande de bêta à laquelle une offre de produits indiciels répondrait parfaitement. De la même façon, les risques identifiés se prêtent à un traitement à travers la diversification que les solutions indicielles livreraient dans des conditions optimales. En matière d’immobilier direct notamment, l’accès aux indices rendrait aisée une diversification pratiquement impossible sur le marché physique. Comme supports passifs et représentatifs de risques sectoriels et géographiques, les solutions indicielles seraient de formidables véhicules d’allocation stratégique ; si ces purs produits de bêtas étaient en outre liquides et à faibles coûts de transaction, ils permettraient de déployer des stratégies d’allocation tactique et d’arbitrage génératrices d’alpha. Le potentiel de marché de ces solutions est attesté par l’orientation de performance relative des investissements immobiliers, principale chez un tiers et secondaire chez deux-tiers des investisseurs, et par le fait que deux-tiers des investisseurs jugent qu’un indice immobilier européen investissable (ou un dérivé sur cet indice) est le meilleur outil pour diversifier le portefeuille d’un investisseur institutionnel fortement concentré sur son pays d’origine. Les investisseurs connaissent les utilisations possibles des dérivés immobiliers, mais seul un sur cinq prévoit d’y recourir à court terme Les dérivés d’indices immobiliers permettent d’établir ou de modifier une exposition au risque du marché de manière potentiellement plus efficace en terme de liquidité, de coût, de granularité, de rapidité ou de flexibilité que ce qui est possible sur le marché du sous-jacent ; ils sont donc particulièrement intéressants en 114 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre matière d’immobilier direct où les indices de référence ne sont ni investissables ni aisément réplicables. Les dérivés immobiliers peuvent être utilisés dans une optique d’investissement et de diversification, d’arbitrage entre marchés et segments, de spéculation à la baisse et de levier, et possiblement pour la couverture et la gestion synthétique des portefeuilles. Trois utilisations potentielles sont reconnues par les investisseurs : la couverture, la gestion synthétique et l’investissement synthétique. Malheureusement l’efficacité des deux premières n’est que partielle en matière d’immobilier direct puisque les portefeuilles sont faiblement corrélés aux indices par manque de diversification. 81% des investisseurs interrogés ne prévoient pas d’utiliser les dérivés immobiliers dans un futur proche. L’intérêt est moindre chez les spécialistes de l’immobilier mais grandit avec l’importance du portefeuille. Les principaux freins à l’utilisation des dérivés immobiliers sont le manque de familiarité avec les produits, la mauvaise adaptation des produits aux besoins et les règles d’investissement actuellement en vigueur au sein des structures. Les facteurs clefs de succès des dérivés immobiliers sont la qualité de l’indice et la liquidité des contrats La transparence de l’indice utilisé comme sousjacent des contrats apparaît comme l’exigence centrale pour les investisseurs qui jugent également très importante sa représentativité et importante sa couverture. Les investisseurs rejettent unanimement et massivement les indices basés sur des consensus d’agents immobiliers et expriment au global une préférence pour des indices de transactions à qualité constante. Au niveau du marché, l’exigence principale est la liquidité des contrats, loin devant la capacité à mettre en œuvre une couverture efficace, la réduction des coûts et la présence d’une contrepartie centrale pour réduire le risque. Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 Conclusion Le dérivé immobilier idéal est un contrat à terme ferme de moyen terme et très liquide sur le rendement total d’un indice d’immobilier d’entreprise ensemble du marché ou sectoriel, au niveau national ou international. Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 115 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 116 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre Annexes Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 117 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 Annexes Annexe 1 : Valeurs des immeubles des indices IPD/KTI – Europe Pays Nombre d'actifs Valeur vénale million d'euros Valeur vénale unitaire Couverture estimée de l'univers Allemagne 2 938 53 847 18 21% Autriche 908 7 798 9 36% Belgique (indicatif) 257 5 342 21 18% Danemark 1 222 12 056 10 40% Espagne 549 15 569 28 53% Finlande (KTI) 2 830 17 116 6 61% France 7 518 99 558 13 62% Irlande 331 5 820 18 82% Italie 840 13 763 16 24% Norvège 497 10 817 22 44% Pays-Bas 5 369 45 174 8 62% Portugal 587 7 795 13 53% Royaume-Uni 12 137 284 622 23 55% Suède 1 027 21 880 21 34% 38% Suisse 3 478 29 350 8 Total 40 488 630 507 16 IPD Eurozone 21 870 266 440 12 IPD Europe 40 231 625 165 16 46% Les données belges ne sont pas reprises dans les indices internationaux. Chiffres à fin 2006, source : IPD (2007a, 2007b) Annexe 2 : Composition sectorielle des indices IPD/KTI – Europe Autre primaire Utilisation mixte Utilisation mixte bureaux commerces Autre 54,5% 8,3% 0,0% 5,8% 4,5% 11,1% 1,3% Pays Commerces Bureaux Allemagne 0,0% 14,5% Autriche 0,0% 30,3% 39,1% 10,1% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 20,5% Belgique 3,0% 19,1% 71,5% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 6,4% Danemark 0,0% 14,6% 58,6% 22,9% 3,9% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% Espagne 5,6% 42,1% 40,9% 8,5% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 2,9% Finlande (KTI) 6,5% 17,6% 44,8% 14,9% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 16,3% France 7,2% 19,1% 54,1% 15,9% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 3,7% Irlande 8,8% 42,0% 49,2% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% Italie 9,0% 26,4% 54,2% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 10,4% Norvège 0,0% 28,1% 55,8% 1,1% 15,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% Pays-Bas 2,5% 27,9% 23,8% 43,3% 0,0% 0,0% 2,5% 0,0% 0,0% Portugal 9,4% 51,3% 24,6% 0,0% 0,0% 0,0% 14,7% 0,0% 0,0% RoyaumeUni 14,8% 47,2% 34,6% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 3,4% Suède 1,6% 14,6% 70,1% 9,8% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 3,9% Suisse 0,0% 12,4% 22,6% 42,5% 0,0% 0,0% 18,3% 0,0% 4,2% Chiffres à fin 2006, source : IPD (2007a) 118 Habitations Autre commercial Industriel logistique Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 Annexes Annexe 3 : Taille estimée du marché de l'investissement institutionnel dans les pays suivis par IPD/KTI – Europe Pays milliards d'euros Part Allemagne 251 18,1% Autriche 22 1,6% Belgique 30 2,1% Danemark 30 2,1% Espagne 29 2,1% Finlande 28 2,0% France 160 11,5% Irlande 7 0,5% Italie 58 4,2% Norvège 24 1,8% Pays-Bas 73 5,2% Portugal 15 1,1% Royaume-Uni 521 37,5% Suède 64 4,6% Suisse 78 5,6% 1 389 Estimations à fin 2006, source : IPD (2007a, 2007b) Annexe 4 : Typologie et caractéristiques des véhicules non cotés d’investissement dans l’immobilier en Europe Ouvert/ fermé Cotation Clientèle Exemples Société de capitaux Variable Variable Institutionnelle et particulière Sociétés d’investissement : SICAF/SICAV luxembourgeoises. Sociétés commerciales : BV et NV des Pays-Bas. Société de personnes Fermé Non Institutionnelle Société en commandite : LP (Royaume-Uni), SC (France), CV (Pays-Bas). Fonds contractuel Variable Variable Institutionnelle et particulière Fiducie Variable Non Institutionnelle et particulière Fonds communs : FCP luxembourgeois, FGR néerlandais, Managed Funds britanniques, fonds ouverts allemands Property Unit Trusts britanniques D’après OPC (2004) Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 119 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 Annexes Annexe 5 : Distribution et taille moyenne des véhicules immobiliers non cotés en Europe Pays Nombre de fonds Part Actifs immobiliers gérés (valeur brute) Part Taille moyenne (millions d'euros) Allemagne 81 16,7% 114,2 34,8% 1410 Autriche 6 1,2% 1,6 0,5% 267 Danemark 4 0,8% 1,3 0,4% 325 Espagne 2 0,4% 2,9 0,9% 1450 Finlande 4 0,8% 0,4 0,1% 100 France 21 4,3% 4,5 1,4% 214 Irlande 5 1,0% 3,2 1,0% 640 Italie 25 5,1% 8,1 2,5% 324 Luxembourg 35 7,2% 13,1 4,0% 374 Pays Bas 42 8,6% 23,9 7,3% 569 Portugal 24 4,9% 5 1,5% 208 Royaume-Uni 174 35,8% 109,5 33,3% 629 Suède 2 0,4% 0,1 0,0% 50 Suisse 27 5,6% 16,5 5,0% 611 Autre 34 7,0% 24,4 7,4% 718 486 328,5 676 Source : Base INREV citée par Brounen, Op't Veld, Raitio (2007) Annexe 6 : La Crise des Fonds ouverts allemands 1 - Bundesanstalt für Finanzdienstleistungsaufsicht. La trentaine de fonds ouverts immobiliers allemands représentent un segment très important des fonds non cotés en Europe avec des actifs bruts supérieurs à 105 milliards d’euros comme une part très significative de l’ensemble de l’industrie des fonds ouverts allemands (environ 20% en 2006 d’après BVI). Les fonds publics (Publikumsfonds) sont ouverts sans limite de nombre aux investisseurs (personnes physiques et morales) particuliers comme institutionnels alors que les fonds spéciaux (Spezialfonds) sont réservés aux personnes morales et légalement limités à 30 investisseurs. Ces fonds sont contractuels - ils ne disposent pas de la personnalité morale – les actifs et passifs du fonds sont strictement séparés de ceux du gestionnaire et des autres fonds – un dépositaire conserve les actifs du fonds et gère les souscriptions et rachats. Ils sont de taille importante. Ils doivent être gérés par une société de gestion d’actifs agréée par la BaFIN1 120 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre (Kapitalanlegegesellschaft ou KaG) qui doit être une société par actions ou à responsabilité limitée et qui est généralement constituée par une banque. Les fonds spéciaux immobiliers allemands ont connu un développement rapide depuis 1995, développement accéléré par l’introduction de l’euro, la chute des marchés actions et des modifications réglementaires qui les ont autorisés à investir hors de l’Espace Economique Européen (ainsi que dans l’immobilier indirect). Ils sont les premiers véhicules d’investissement collectif pour les investisseurs institutionnels. Réservés à ces derniers, ils bénéficient d’une réglementation légère du point de vue de leur création, de leur publicité, de leurs règles de gestion (qui n’ont pas à être soumises à la BaFIN). Ils offrent un degré de flexibilité important ainsi qu’un certain droit de contrôle et de participation pour les investisseurs au travers de leur comité d’investissement. Les fonds spéciaux n’ont pas obligation de publier une VNA quotidienne ou d’offrir de liquidité, aussi peuvent-ils être investis totalement en Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 Annexes immobilier et utiliser le levier. Les compagnies d’assurance sont de loin les premiers investisseurs dans ces fonds. Les fonds publics sont strictement réglementés dans le cadre de la loi sur l’investissement (InvG), ils doivent respecter des critères de diversification (15% maximum dans un immeuble) et investir au moins 51% des actifs dans l’immobilier. Leur particularité remarquable est d’offrir une liquidité journalière à la VNA, système qui a tenu de 1959 à fin 2005 sans connaître de crise de liquidité majeure2 malgré le caractère éminemment peu liquide du sous-jacent3. Afin de prévenir les crises, la loi prévoit en effet que les fonds publics conservent au moins 5% de liquidité et limitent le levier à 50% de la valeur des immeubles. En pratique les fonds ouverts détiennent d’importantes liquidités qui se sont élevées selon les années d’un peu plus de 20% à près de 50%. La loi prévoit en outre la possibilité de suspendre les rachats pour une période allant jusqu’à 24 mois en cas de crise de liquidité. 2 - En 1993, le fonds AGI n°1 avait dû être clos puis fusionné avec un autre fonds suite à des demandes de rachat trop importantes. 3 - La proposition avait précédemment montré ses limites aux Pays-Bas avec la crise de Rodamco en 1990 (la banque fut forcée de fermer le fonds puis de l’introduire en bourse), en Australie la même année (où le gouvernement impose une suspension de 12 mois des rachats à toute l’industrie puis la cotation en bourse des fonds), en Suisse en 1991 (modification des règles qui donne au fonds 12 mois pour liquider. Source : Bannier, Fecht et Tyrell (2006). les institutionnels avaient obtenu l’exemption des frais. Cette évolution rendait également plus faciles les arbitrages avec le marché du sousjacent. Ces comportements ont réduit la durée de détention moyenne des parts, consommé les matelas de sécurité des fonds, compliqué leur tâche de transformation de liquidité et donc augmenté le risque de crise. Les frais de souscription peuvent jouer un rôle modérateur sur les opérations d’arbitrage. Un autre élément de stabilité est l’obligation d’une expertise indépendante de chaque immeuble à la date anniversaire de l’acquisition plutôt qu’à une date fixe : l’impact des variations de valeur du sous-jacent est donc étalé au cours de l’année, ce qui réduit les « à-coups » – qui lorsqu’ils sont anticipés comme négatifs peuvent déclencher une ruée vers la sortie – sans toutefois empêcher tous les arbitrages. Notons qu’une simple anticipation de rachats importants peut déclencher une crise par les questions qu’elle fait peser sur la capacité du fonds à assurer la liquidité. La faiblesse des rendements immobiliers allemands en 2004/2005 a causé des sorties de capitaux qui ont forcé des banques liées aux sociétés de gestion à intervenir pour fournir de la liquidité (DekaBank, HvB et Commerzbank). La crise est déclenchée par Deutsche Bank qui annonce en décembre 2005 une réévaluation exceptionnelle de son fonds Grundbesitz Invest avec implications négatives probables. Des demandes de rachat consomment rapidement l’essentiel des liquidités du fonds et forcent la banque – qui ne souhaite pas fournir de liquidité – à suspendre les transactions jusqu’à nouvel ordre. Cette annonce cause une crise de confiance sans précédent qui va se traduire par le rachat de 10% des actifs sous gestion dans l'industrie entre décembre 2005 et février 2006. Diverses banques choisirent contrairement à Deutsche Bank d’annoncer qu’elles fourniraient de la liquidité. L’indépendant KanAM ne disposait pas de tels parrains et dut suspendre ses deux fonds suite à des demandes de rachat très importantes causées par la publication d’une note de recherche négative (et par ailleurs litigieuse) sur l’un d’eux. Le fonds de Deutsche Bank rouvrit le 1er mars 2006 à seulement 2,4% sous sa dernière valeur, le principal fonds de KanAM rouvrit au 31 mars… pour être suspendu a l’émission en mai du fait d’une demande trop importante ! Bannier, Fecht et Tyrell (2006) notent que les fonds publics ont attiré les investisseurs institutionnels en masse après la chute des marchés actions au début de la décennie et que – dans un environnement de taux courts faibles – ces fonds étaient utilisés comme alternative aux supports monétaires puisque Les problèmes posés par les fonds ouverts immobiliers ne se limitent pas aux seuls rachats : des volumes de souscription élevés causent des problèmes de capacité – si les réserves de liquidités peuvent servir de matelas, les contraintes d’investissement peuvent Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 121 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 Annexes 4 - Les prêts à long terme étaient financés par de l’endettement à court terme bon marché… jusqu’au choc pétrolier. 5 - D’après Nossiter (1982) cité par Chan, Erickson, et Wang (2002), le nombre total de FPI fut diminué par deux entre 1972 et 1982. 6 - Source : NAREIT sur http://www.nareit.com/library/ industry/marketcap.cfm 7 - L’étude de Wang, Chan, et Gau (1992) documente la performance négative des introductions en bourse de FPI dans les années 1970 et 1980. Ling et Ryngaert (1997) en revanche montrent que les introductions du début des années 1990 générèrent des rendements positifs à court terme. Ces résultats sont conformes à ceux de Buttimer, Hyland et Sanders (2004) qui étudient trois vagues d’introduction en bourse dans les années 1980s et les années 1990s : 1985, 19931994, 1997-1998. Dans les années 1980s ou en 1985, le rendement à l’introduction est négatif mais non significatif. Pour les 2 vagues des années 1990, les rendements sont positifs et significatifs – les résultats annuels de la décennie sont généralement positifs mais non significatifs hormis pour les années 1993, 1994 et 1997. 122 forcer les gérants à acquérir des actifs à potentiel de création de valeur limité – une partie des problèmes observés en Allemagne est probablement due aux excès causés par des afflux massifs de capitaux à partir de 2001 ; de ce point de vue la décision prise par KanAM en mai 2006 est sage. Annexe 7 : Historique des REITs aux Etats-Unis Les devanciers des REITs La fiducie du Massachusetts, première forme de société de placement immobilier américaine naquît au XIXe siècle. Dotée de titres transférables et à responsabilité limitée, permettant un investissement passif dans l’immobilier, elle était exonérée d’impôt sur les sociétés au niveau de la structure si elle distribuait ses profits et les revenus des loyers étaient exonérés au niveau des investisseurs. Ces exonérations perdurèrent jusqu’en 1935. Par la suite, les fiducies immobilières furent doublement taxées jusqu’en 1960, date à laquelle la loi qui créa les fiducies de placement immobilier (ci-après REITs pour Real Estate Investment Trusts) établit leur transparence fiscale. Le premier boom des REITs et leur premier krach A la fin des années 1960 et au début des années 1970, sous l’impulsion des institutions financières, les REITs se développèrent à une vitesse explosive en prêtant4 jusqu’à l’excès aux entreprises de construction et promotion immobilière – le boom des constructions amena à des défaillances massives sur les prêts après le premier choc pétrolier. En deux ans (1973-1974), la capitalisation des REITs fondit de 62% ; de nombreuses REITs de prêts disparurent5 mais les REITs d’actions survécurent. La capitalisation de la fin de 1972 ne fut égalée à nouveau qu’au cours de 1980 et les REITs de prêts ne retrouvèrent jamais leur importance. Le rétablissement fut lent et au début des années 19806 les actifs détenus par les REITs représentaient seulement un tiers de leur pic historique. Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre La réforme fiscale de 1986 et son impact Pendant longtemps les REITs ont fait du surplace aux États-Unis – la réforme fiscale de 1986 autorisa les REITs à gérer leurs immeubles directement alors qu’elles étaient jusqu’alors cantonnées dans un rôle passif et devaient utiliser les services de fournisseurs indépendants pour les conseiller et gérer leurs biens, ce qui augmentait les coûts et les conflits d’intérêt). Cette modification permit le développement de la REIT autogérée et contribua à attirer sur le marché les promoteurs et gestionnaires immobiliers qui y devinrent rapidement les principaux investisseurs. La perte des avantages fiscaux des sociétés en commandite rendit le statut de REIT plus concurrentiel ; les besoins de refinancement des sociétés en commandite étaient importants (beaucoup des prêts de la deuxième moitié des années 1980 étaient de moyen terme et certaines sociétés étaient confrontées à une alternative simple : l’introduction en bourse ou la faillite), et les prix des actifs étaient souvent inférieurs aux coûts de remplacement (entre 1989 et 1991, le pays connaît sa plus grande crise immobilière depuis la grande dépression). L’institutionnalisation du marché des REITs dans les années 1990s – « l’ère moderne des REITs » A la fin 1991 les REITs commencent leur retour en bourse avec l’introduction réussie de Kimco Realty Corporation (qui attire quelques institutionnels et dont le cours – événement exceptionnel pour un REIT – ne chute pas sous le prix d’introduction) et l’atteinte par New Plan du milliard de dollars de capitalisation (NAREIT (2005)). D’après Rosen (1995) s’ouvre « l’ère moderne des REITs » et les sociétés introduites en bourse au cours de la première grande vague des années 1990 (19931994) ont des caractéristiques radicalement différentes des anciennes REITs car elles détiennent des portefeuilles de qualité institutionnelle et ont de grosses capitalisations (Rosen, Torres, Anderson (2002))7. Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 Annexes 8 - La structure d’Umbrella Partnership REIT comporte deux entités : la FPI d’une part et la société de gestion en commandite de l’autre. Les propriétaires de biens immobiliers apportent leurs actifs contre des parts de la société en commandite – cet échange n’est pas soumis à l’impôt en vertu des dispositions sur l’imposition différée (imposition différée des échanges - règle 731). La FPI vend ses actions et utilise les fonds levés pour acquérir le contrôle de la société en commandite – elle est alors appelée UPREIT. Alors que pour un UPREIT toutes les activités ont lieu au niveau de la société en commandite, un DOWNREIT est une coentreprise entre la FPI et des propriétaires apporteurs et peut posséder les parts de plusieurs sociétés en commandite. Le nombre d’UPREITs croit rapidement et à la fin 1999, plus de la moitié des FPI cotées sont des UPREITs. 9 - La règle interdisait la concentration d’une majorité de titres (50%) dans les mains de moins de 5 investisseurs. Plutôt que de considérer le fonds de pension comme un investisseur dans le cadre de la règle des 5-50, c’est le nombre d’investisseurs dans le fonds de pension qui est utilisé – cette importante modification fait partie de l’Omnibus Budget Reconciliation Act. 10 - Ling et Ryngaert (1997) ainsi que Wang, Erickson, Gau et Chan (1995) montrent une corrélation entre participation des institutionnels et performance court terme des introductions en bourse de FPI. Downs (1998) montre que la modification de la règle des 5-50 a créé de la valeur pour l’industrie et que les FPI qui voient l’actionnariat institutionnel progresser ont un meilleur parcours boursier. Crain, Cudd et Brown (2000) notent que la part de risque non systématique des FPI cotées s’est réduite avec la hausse des investissements institutionnels. 11 - 189 FPI à la fin 2000 contre 183 à la fin 2006 avec un point bas à 171 à la fin de 2003 et un point haut à 197 fin 2005 – source : NAREIT, http://www.nareit.com/library/ industry/marketcap.cfm Le nouvel essor des REITs bénéficie largement de l’invention de la structure UPREIT par The Taubman Centers, Inc. en 1992. Les structures UPREIT et DOWNREIT permettent aux propriétaires de biens immobiliers d’échanger leurs immeubles contre des parts d’une société en commandite contrôlée par la REIT en différant leur imposition sur les plus-values jusqu’à la transformation de ces parts en actions de la REIT ou à la revente des actifs8. En 1993, une modification de la règle de comptage des investisseurs (« règle des 5-50 ») supprime un important obstacle à l’investissement des fonds de pension dans les REITs9. La participation des institutionnels aux introductions en bourse des REITs se développe au cours des années 199010. Chan, Erickson et Wang (2002) notent qu’une autre évolution significative du début des années 1990s est la hausse du nombre de REITs spécialisées dans un type donné d’immobilier ; ils estiment que la spécialisation devrait permettre une meilleure efficacité de la gestion et une rentabilité plus grande. La loi de simplification des REITs de 1997 (REITSA) les autorise à fournir, de manière limitée, des services accessoires aux locataires sans risque de requalification des loyers, et supprime la limite sur la part des profits qui peut être générée par des plus values de court terme (auparavant 30%). Sont également autorisées les REITs forestières. La même année, le Trésor modifie sa position sur les conventions fiscales et permet à la plupart des investisseurs non-résidents d’être taxés au taux réduit de 15% sur les dividendes ordinaires des REITs – en 2003, des accords bilatéraux auront supprimé ces retenues. Une nouvelle vague d’introductions en bourse de REITs déferle en 1997-1998, les investisseurs institutionnels y sont très présents. Les évolutions récentes du marché des REITs La loi de modernisation des REITs de 1999 (RMA) les autorise à créer des filiales taxables (Taxable REIT Subsidiaries ou TRS) qui peuvent fournir des services aux locataires sans faire perdre aux loyers reçus par la REIT leur statut fiscal privilégié – si la loi prévoit des seuils pour garantir que les REITs restent centrées sur la détention et la gestion de biens immobiliers, le dispositif permet une extension considérable de l’offre de services par rapport aux avancées de 1997. La loi d’amélioration des REITs de 2003 (RIA) élimine le traitement discriminatoire des investisseurs étrangers en REITs cotées et sécurise le statut en autorisant les sociétés ayant contrevenu à des dispositions légales à corriger leurs erreurs et régler des amendes plutôt que de risquer la remise en cause de leur statut. Ces réformes autorisent les REITs à une petite partie d’actifs et de revenus non qualifiants à travers des filiales taxables (services aux locataires, activités de développement, etc.). Ces évolutions donnent plus de flexibilité aux REITs et leur permettent d’internaliser certains de leurs besoins. En 2003, d’importants promoteurs de plans d’épargne retraite individuels (401(k) et 403(b)) annoncent qu’ils vont offrir la possibilité d’investir en REITs – l’option immobilière au sein des plans d’épargne se développe désormais très rapidement. Depuis le début de la décennie, le nombre de REITs faisant appel public à l’épargne est relativement stable11, les nouvelles introductions compensant les fusions acquisitions. Par le jeu des opérations de concentration et grâce à la hausse du marché, la taille moyenne des REITs a nettement progressé, ce qui représente des avantages en termes d’économies d’échelle donc de rendement, de liquidité, et de visibilité auprès de la communauté des analystes – ces facteurs contribuent à l’institutionnalisation continue du Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 123 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 Annexes marché. A la mi 2007, 14 REITs appartenaient au S&P500 (grandes capitalisations), 14 au S&P400 (valeurs moyennes), et 16 au S&P600 (petites capitalisations). Dans la période récente, les opérations de rachat de REITs faisant appel public à l’épargne par des entreprises privées ont dominé les opérations entre REITs cotées sur le marché des fusions acquisitions – ces opérations de retrait sont motivées par les mêmes arguments que dans les autres industries mais la perception qu’aux EtatsUnis, les REITs s’échangent avec une décote par rapport à la valeur de leurs actifs a joué un rôle clef – l’activité d’arbitrage a naturellement mené à une hausse des cours des REITs et une réduction de la décote. L’activité de fusion-acquisition et de retrait de la cote s’est accélérée en 2006 faisant chuter le nombre de REITs cotés de près de 10%. Annexe 8 : Principales caractéristiques des régimes de REITs en Europe Allemagne G-REIT France SIIC Forme juridique Société par actions (Aktiengesellschaft) ayant son siège et sa direction en Allemagne, obligatoirement cotée dans l’UE ou l’EEE. Toute entreprise dont le capital est divisé en actions. Restrictions supplémentaires (ne s’appliquant pas aux filiales de SIIC) : i) cotation en France, et ii) capital social minimum de €15 millions. Actionnariat et gouvernance Aucun investisseur ne peut détenir plus de 10% des droits de vote. Au moins 15% des actions doivent être détenues par des investisseurs détenant moins de 3% des droits de vote. Aucun actionnaire ou groupe d’investisseurs agissant de concert ne peut détenir plus de 60% des droits. A la création, au moins 15 % des droits doivent être dans les mains d’actionnaires détenant au plus 2%. Règles d’investissement Au moins 75% des actifs seront des biens ou droits immobiliers qualifiants et au moins 75% du revenu brut devra provenir de loyers de biens qualifiants. Interdiction du commerce immobilier (détention de plus de la moitié des actifs moyens pour moins de 5 ans). 55% de la valeur des actifs immobiliers. Limites d’endettement 124 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre Pays-Bas FBI Royaume-Uni UK REIT Italie SIIQ Entreprise à capital fixe cotée sur une bourse reconnue. Société par Actions cotée sur une bourse italienne. Le nom de l’entreprise doit inclure les mots “Società d’Investimento Immobiliare Quotata”. Le capital social minimum est de €40 millions. Diverses restrictions sur l’actionnariat s’appliquent en matière fiscale. Elles sont allégées pour les FBIs cotées. Interdiction des sociétés fermées. Aucun actionnaire ne peut détenir plus de 51% des droits de vote. Au moins 35 % des droits doivent être dans les mains d’actionnaires détenant au plus 1%. Immobilier (français pour l’exemption) ; les activités non qualifiantes sont autorisées jusqu’à un certain niveau mais sujettes à l’IS au taux normal. Activité d’investissement uniquement ; la promotion pour compte propre doit être logée dans une filiale taxable. Au moins 75% des revenus et des actifs dans des activités de location à but lucratif (PRB). La promotion pour compte propre est autorisée. Les actifs occupés par leurs propriétaires sont exclus du périmètre de calcul des PRB. Au moins 80% des revenus et des actifs doivent être immobiliers. Pas de restriction spécifique sur l’endettement (mais les restrictions communes sur la structure financière de l’entreprise ont un impact sur le niveau des distributions). 60% de la valeur comptable fiscale des immeubles ; 20% des autres actifs. Pas de restriction, mais une ponction fiscale si le taux de couverture est inférieur à 1,25. Pas encore de restriction particulière (des limites peuvent être introduites par des dispositions légales). NV/BV (sociétés à responsabilité limitée), FGR (fonds commun de placement) et entités comparables au sein de l’UE. Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 Annexes 100% des profits mais les plus-values peuvent être logées dans des réserves non fiscalisées. 90% des profits des PRB (après déduction des frais financiers, amortissements et provisions). Pas d’obligation de distribution des plus-values. Au moins 85% des revenus immobiliers. Exemption des plus values non (encore) en œuvre. Exoneration de l’IS pour les revenus tirés des activités de location. IS normal pour les plus-values. Au moins 90% du revenu annuel net. 50% des plus values incluses. 85% du revenu locatif net, 50% des plus-values et 100% des autres revenus. Traitement fiscal de la structure Exemption totale de l’IS et de la taxe professionnelle locale. Exemption de l’IS sur les activités qualifiantes, taux normal sur les autres. Prélèvement de 20% sur les distributions aux investisseurs institutionnels détenant plus de 10% lorsqu’ils bénéficient d’une fiscalité réduite sur les dividendes distribués par la SIIC. IS au taux de 0%. Les plus-values peuvent être logées dans des réserves de réinvestissement non fiscalisées. Les revenus des PRB (au RU ou indirects) sont exonérés. Un prélèvement s’applique à la promotion si les biens sont cédés avant trois ans. Les autres activités sont taxées normalement. La REIT subit un prélèvement sur les versements à des actionnaires détenant 10% et plus du capital. Application des traités et conventions La structure étant sujette à l’IS (quoiqu’au taux de 0%), elle peut en général faire usage des conventions fiscales bilatérales. En général, une SIIC peut utiliser les conventions fiscales bilatérales. La structure étant sujette à l’IS (quoiqu’au taux de 0%), elle peut en général faire usage des conventions fiscales bilatérales. Les conventions devraient s’appliquer normalement puisque la REIT est taxable. L’applicabilité des conventions fiscales et de la directive mère-filiales n’est pas claire. Retenue à la source Les dividendes sont soumis à une RAS de 25% (réduite à 15% ou 10% dans le cadre de conventions fiscales). RAS de 25% sur les actionnaires non-résidents et 0% pour les résidents (cf. charge supplémentaire ci-dessus). RAS de 15% sur les dividendes. Les distributions à partir des réserves non fiscalisées se font en exemption de RAS sur les dividendes. RAS de 22%, possibilité de réduction dans le cadre des conventions. RAS de 20% sur les revenus exonérés pouvant être réduite à 15% pour les revenus locatifs résidentiels. Avoir fiscal pour les entreprises et investisseurs professionnels. Régime de la conversion et des apports d’actifs Jusqu’au 31 décembre 2009 et avec des restrictions, seule la moitié des plus-values réalisées à l’occasion de la conversion ou du transfert est taxable. Plus-values latentes taxées au taux de 16,5% à la création. Jusque décembre 2008, les entreprises cédant leurs biens aux SIICs bénéficient du même taux (sous réserve de détention pendant 5 ans). Taxe de 2% sur la valeur de marché (à l’occasion de la revalorisation de la base). Plus-values latentes taxées au taux de 20% à la création. Les entreprises cédant leurs biens aux SIIQs bénéficient du même taux (sous réserve de détention pendant 3 ans). Obligation de distribution Pas de régime d’exception. Source: Loyens & Loeff (2007) Annexe 9 : Délissage des indices d’expertise Les procedures de délissage sont basées sur l’hypothèse que les expertises sont des moyennes mobiles d’information contemporaine et passée. Le degré auquel les expertises reflètent l’information contemporaine et le degré de saisonnalité sont soit posés soit estimés de manière empirique ; il devient ensuite possible d’extraire la composante contemporaine non lissée des données brutes. Fisher (2003) présente le modèle de Geltner (1993) comme suit. La valeur d’expertise est modélisée comme une moyenne mobile d’informations contemporaine et passées : Vt * = αVt + α(1 − α )Vt − 1 + α(1 − α ) 2Vt − 2 ... où Vt* est la valeur d’expertise pour la période t et Vt la véritable valeur vénale pour la période t. L’expression se simplifie en : Vt * = αVt + (1 − α )Vt −* 1 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 125 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 Annexes ou de manière équivalente, si l’objectif est d’extraire la série sous-jacente délissée : Vt = Vt * / α − (1 − α ) / αVt −* 1 Avec α = 0.4, comme suggéré par Geltner, l’expression devient : Vt = 2,5Vt * − 1,5Vt −* 1 Le modèle de Geltner lie de manière élégante les pratiques d’expertise au niveau de chaque immeuble et l’impact sur l’indice ; les formules ci-avant sont des simplifications excessives dont l’objectif est de montrer comment extraire l’information de données lissées. L’illustration ci-dessous illustre les différences entre le rendement annualisé de l’indice immobilier du NCREIF (NPI) et une série délissée à l’aide du modèle ci-dessus. L’indice délissé et désaisonnalisé apparaît comme indicateur avancé du NPI et a une volatilité supérieure. Sur la période 1979-2006, le rendement annuel est 10,1% ; le délissage fait augmenter la volatilité annuelle de 6,4% à 10%. Annexe 10 : Indices de transactions concurrents sur le marché des sous-jacents de dérivés d’immobilier commercial étatsunien S&P/GRA SPCREX™ CME Moody’s/REAL (formerly MIT/RCA) Marchés de gré à gré 1. Composite national 2. Quatre indices sectoriels 3. Cinq indices régionaux 1-3. Mensuels Rendement en capital Jan. 1994 1. Composite national 2. Quatre indices sectoriels au niveau national 3. Quatre indices sectoriels pour le groupe des 10 villes les plus actives 4. Douze indices sectoriels régionaux 5. Huit composites au niveau des métropoles 1. Mensuel 2. Trimestriels 3. Trimestriels 4. Annuels 5. Annuels Jan. 2001 Moyenne trimestrielle mobile des prix de transactions au pied carré (un prix équipondéré est calculé sur chaque marché ; les indices sont calculés grâce à des pondérations définies à l’aide des stocks de l’année de référence). GRA enregistre plus de 2 500 transactions/mois. Les indices sont publiés mensuellement pour les trois mois précédents (fenêtre mobile) – le délai entre la transaction et son enregistrement est estimé à trois mois. Régression des ventes répétées : l’indice est extrait des évolutions en capital relevées sur les immeubles pour lesquels au moins deux transactions sont disponibles. RCA a pour ambition de suivre toutes les transactions supérieures à $2,5 millions. Une première estimation est donnée deux mois après la fin de la période et les chiffres définitifs sont annoncés deux mois plus tard (pour tenir compte du délai entre la transaction et son enregistrement). Rendement en capital REXX Marchés de gré à gré et ISE 126 1. Indice bureaux national 2. Quinze indices bureaux au niveau des métropoles Rendement total, rendement locative, rendement en capital Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 1-2. Trimestriels T1-1994 Modèle privé basé sur l’observation de variables macroéconomiques (dont les taux d’intérêt et l’inflation) et microéconomiques (dont les loyers, les taux d’inoccupation et l’activité de location). Rexx utilise des données de CBRE/Torto Wheaton Research et des informations privées de ses actionnaires minoritaires Cushman & Wakefield et Newmark Knight Frank. Les indices sont publiés au cours du deuxième suivant la fin de chaque trimestre Références Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 127 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 Références • Andrew, M., S. Devaney et S. Lee. 2003. Another look at the relative importance of sectors and regions in determining property returns.. Document de travail. University of Reading Business School. • Bailey, J.V. 1992. Evaluating benchmark quality. Financial Analysts Journal 48 (3) : 33-39. • Bannier, C.E., F. Fecht et M. Tyrell. 2006. 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Son laboratoire de finance EDHEC Risk and Asset Management Research Centre a pour objectif de mener des travaux aux plus hauts standards académiques mondiaux et de faciliter leur mise en œuvre par l’industrie. En partenariat avec de grandes institutions financières, le centre de recherche rassemble 35 chercheurs et conduit d’importants programmes centrés sur l’allocation d’actifs et la gestion des risques dans les univers traditionnel et alternatif. Le choix de l’allocation d’actifs Le Centre de Recherche « Risk and Asset Management » de l’Edhec articule l’ensemble de ses travaux autour de l’allocation d’actifs. Cette problématique correspond à une réelle attente du marché. D’une part, la conjoncture boursière de ces dernières années a montré les limites des gestions actives fondées sur la seule sélection de titres comme source de performance. Déterminants de la dispersion de la performance de la population des fonds 3.5% Commissions 11% Sélection de titres 40% Allocation d'actifs stratégique 45.5% Allocation d'actifs tactique Source : EDHEC (2002) et Ibbotson, Kaplan (2000) D’autre part, l’apparition de nouvelles classes d’actifs (hedge funds, private equity) aux profils de risques très différents de ceux de l’univers d’investissement traditionnel, offre de nouvelles opportunités conceptuelles et opérationnelles. Ce choix politique se décline dans l’ensemble des programmes de recherche du Centre, qu’il s’agisse de proposer de nouvelles méthodes d’allocation stratégique intégrant la classe alternative, de mesurer la performance des fonds en prenant en compte la dimension tactique des alphas, de prendre en compte les risques extrêmes dans l’allocation ou d’étudier l’intérêt des dérivés dans la construction du portefeuille. Une démarche de recherche appliquée Soucieuse de garantir une réelle applicabilité des recherches qu’elle effectue, l’Edhec a mis en place un double dispositif de validation des travaux du Centre de Recherche « Risk and Asset Management ». Chacune des recherches doit se situer dans un programme de recherche dont les objectifs et la pertinence sont validés à la fois sur un plan académique et industriel par le conseil d’orientation du Centre. Ce conseil associe des chercheurs reconnus internationalement et les partenaires industriels du Centre. La gestion des programmes de recherche respecte un processus de validation rigoureux qui en garantit tant la qualité scientifique que l’intérêt opérationnel. A ce jour, les programmes de recherche conduits par le Centre sont au nombre de six : Allocation multi-styles – multi-classes Ce programme de recherche a reçu le soutien de Misys Asset Management Systems, de SG Asset Management et de NewEdge. Les recherches conduites se focalisent sur les bénéfices, les risques et les méthodes de prise en compte de la classe alternative dans l’allocation d’actifs. Dans cette perspective, l’Edhec apporte une contribution significative aux recherches conduites en matière de construction de portefeuille multi-styles – multi-classes. Analyse de style et de performance L’objectif scientifique des recherches menées est d’adapter les méthodes et modèles d’analyse du style et de la performance du portefeuille à l’allocation tactique. Ainsi, les résultats des recherches conduites par l’Edhec permettent de mesurer les alphas des portefeuilles non seulement dus à la sélection de titres mais également au style timing. Ce programme fait l’objet d’un partenariat industriel avec la société EuroPerformance (Groupe Fininfo). Indices et benchmarking L’Edhec propose une méthodologie originale de construction d’indices de style tant dans les univers traditionnels qu’alternatifs. Ces indices visent à répondre aux critiques liées à l’hétérogénéité et au manque de représentativité des indices de style disponibles sur le marché. L’Edhec a lancé les premiers indices de style composites dès 2003. Ce programme a reçu le soutien de l'Af2i, de NYSE Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 135 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 A propos de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre Euronext, de BGI, de BNP Paribas Asset Management et d’UBS Global Asset Management. Meilleure exécution et performance opérationnelle Ce nouveau programme de recherche traite de la meilleure exécution et, plus globalement, des risques opérationnels. Il vise à élaborer un cadre de mesure des coûts de transaction, mais également à appliquer le cadre existant à des situations spécifiques. La recherche s'interessera également à la mesure de la performance ajustée des risques des stratégies d'exécution, à l'impact sur le marché et aux coûts d'opportunité sur les carnets d'ordres des instruments dérivés cotés, à l'impact des coûts de transaction explicites et implicites sur la performance du portefeuille, et enfin à l'impact de la fragmentation du marché suite à la directive MiFID. Ce programme est soutenu par CACEIS, NYSE Euronext, Sungard. Allocation d’actifs et produits dérivés Ce programme de recherche se concentre sur l’intérêt de l’utilisation des produits dérivés en matière de construction de portefeuille, qu’il s’agisse de mettre en place une allocation active du portefeuille ou de répliquer des indices. La réplication « passive » d’indices « actifs » de hedge funds par des portefeuilles de produits dérivés est un axe clé des recherches conduites par l’Edhec. Ce programme est soutenu par Eurex et Lyxor. Gestion actif/passif et gestion d’actifs Ce programme de recherche se concentre sur les applications des dernières recherches dans le domaine de la gestion actif/passif pour les fonds de pension et les compagnies d’assurance. Il s’intéresse notamment aux bénéfices qu’offre la gestion alternative dans le cadre d’une gestion de portefeuille long terme. Les différentes recherches menées par le centre sur ce thème sont motivées par l’idée que l’amélioration des techniques de gestion et particulièrement des techniques d’allocation stratégique a un impact positif sur 136 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre la performance des programmes de gestion actif/ passif. Une attention toute particulière est accordée à l’évolution du cadre réglementaire (e.g. normes IFRS) et son impact sur les pratiques en matières de gestion actif/passif. Ce programme est soutenu par AXA IM. La recherche au service de l’industrie Afin de faciliter le dialogue entre les mondes académiques et industriels, le centre de recherche a récemment entrepris trois grandes initiatives : Ouverture d’un site web entièrement dédié à l’activité de recherche internationale en gestion d’actifs. www.edhec-risk.com vise un public de professionnels qui souhaitent bénéficier des analyses et de l’expertise de l’Edhec en matière de recherche appliquée en gestion de portefeuille. Il présente des synthèses d’un point de vue industriel des dernières recherches scientifiques en gestion des risques et allocation d’actifs et des analyses de l’actualité récente de l’industrie à la lumière des résultats des programmes de recherche de l’Edhec. www.edhec-risk.com est également le site officiel des indices Edhec. Lancement d'une activité de conseil, Edhec Investment Research, et de Edhec Asset Management Education, structure de formation continue qui aide les cadres supérieurs et les dirigeants à maintenir leurs compétences au meilleur niveau en gestion traditionnelle et alternative. Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 137 Etude EDHEC sur l’Investissement et la Gestion du Risque Immobiliers en Europe - décembre 2007 Groupe UFG Un asset manager multi-spécialiste, multi-cible Groupe d’Asset Management multi-spécialiste, multi-cible, regroupant 370 collaborateurs, le Groupe UFG, filiale du Crédit Mutuel Nord Europe, dispose de 4 domaines d'expertise : • le placement immobilier (UFG Real Estate Managers), • la multigestion alternative (UFG Alteram), • le capital investissement (UFG Private Equity), • la gestion d'actifs financiers (UFG Investment Managers). Par la complémentarité de ces différents métiers, le Groupe UFG propose à ses clients (investisseurs institutionnels, prescripteurs et particuliers) des solutions d’investissements sur l’ensemble des classes d’actifs traditionnelles ainsi qu’une gamme complète de placements dits alternatifs. Dirigé par Xavier Lépine, Le Groupe UFG gère à ce jour plus de 20 milliards d’euros d’actifs. Groupe UFG UFG Real Estate Managers 173, boulevard Haussmann 75008 Paris - France Tél. : +33 1 44 56 10 00 Fax : +33 1 44 56 11 00 e-mail : [email protected] web : www.groupe-ufg.com 138 Publication de l'EDHEC Risk and Asset Management Research Centre EDHEC Risk and Asset Management Research Centre 393-400 promenade des Anglais BP 3116 06202 Nice Cedex 3 - France Tél. : +33 (0)4 93 18 78 24 Fax : +33 (0)4 93 18 78 41 e-mail : [email protected] web : www.edhec-risk.com Groupe UFG UFG Real Estate Managers 173, boulevard Haussmann 75008 Paris - France Tél. : +33 1 44 56 10 00 Fax : +33 1 44 56 11 00 e-mail : [email protected] web : www.groupe-ufg.com