et de Médecine d’Urgence VERITE DANS LA SCIENCE, MORALITE S o m m a i r e - n ° 3 1 - Vo l V I I I Avril 2001 51 LES EXAMENS COMPLEMENTAIRES PREOPERATOIRES CHEZ L'ENFANT O Kaabachi et Coll. INTÉRÊT DE L’ÉLECTROCARDIOGRAMME SYSTÉMATIQUE EN PRÉOPÉRATOIRE : A PROPOS DE 3267 CAS. M. Marmech et Coll. EVALUATION DE L’ASSOCIATION SUFENTANIL-MORPHINE EN INTRATHECALE POUR LA CHIRURGIE DE LONGUE DUREE M Ferjani et Coll. 52 MISE AU LES PRODUITS DE REMPLISSAGE VASCULAIRE AU COURS DES ETATS D’HYPOVOLÉMIE (SANG ET PLASMA EXCLUS) B. Bouhaja et Coll. M. Ben Miled 62 A. Balma L. Barrou Dh. Beltaïfa M. Ben Ameur A. Ben Souda B. Bouhajja 66 Editeur 56 A. Chérif M. Daghfous M. Ferjani M. Houissa H. Maghrebi Publipresse : 9,rue de Bizerte - Bloc A Appt. 1/4 - 1 0 0 2 - Tu n i s - B é l v é d è r e Tél/Fax : 789 805 E-Mail : [email protected] 72 Abonnement POINT CLONIDINE EN EPIDURAL ET ANALGESIE POSTOPERATOIRE : LE POINT EN 2001 Ben Letaifa D et Coll. M.S. Ben Ammar Membres CAS CLINIQUE REMISSION SPONTANEE DES SYMPTOMES DE PHEOCHROMOCYTOME SUITE A UNE NECROSE TUMORALE A.El Hijri et Coll. Comité de r é d a c t i o n Rédacteurs en chef Adjoint ARTICLES INTERET DE LA PRESCRIPTION DES EXAMENS COMPLEMENTAIRES EN CHIRURGIE LAPAROSCOPIQUE GYNECOLOGIQUE A YAOUNDE R. Atangana et Coll. L’ART Rédacteurs en chef EDITORIAL L’ANESTHÉSIE-RÉANIMATION AUJOURD’HUI : UNE SPÉCIALITÉ MÉDICALE PÉRI-OPÉRATOIRE ! Mouadh Ben Miled DANS 75 79 BP 40 Carthage 2016 - Tél/Fax 19-2161 764 845 virement CCP : 2965-35 21 Carthage. Inscription au prés de : ● Algérie : SAARSIUM ● Maroc : SMAR ● Mauritanie : SARUM ● Tunisie : STAAR Inscription à l’étranger : 80 dollars US/an La Revue Tunisienne d’AnesthésieRéanimation - ISSN n° 0330-6690 P RESSE M ÉDICALE 83 PROTOCOLE PANCRÉATITE AIGUË Dépot légal n° 2744 du 07 Septembre 1995 La lettre de l’anesthésiologiste, revue trimestrielle,fondée en novembre 1993 à Tunis. 90 Responsable de la publication Le Président de la STAAR, Abdelmajid Daoud Conférence de consensus Société Nationale Française de Gastro-Entérologie RÉSUMÉS JANVIER 2001 100 J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 4 49 9 EDITORIAL EDITORIAL EDITORIAL L’anesthésie-réanimation aujourd’hui : une spécialité médicale péri-opératoire ! V oici donc le 31ème numéro de votre revue d’Anesthésie-Réanimation, qui est aussi le 2ème numéro à paraître sous le titre de Journal Maghrébin d’Anesthésie-Réanimation. Bien que ce titre ait été adopté par la Fédération des Sociétés Maghrébines d’Anesthésie-Réanimation, il ne remet pas en question notre dimension et notre vocation africaines (-nous sommes tous africains ! -). Nous publions ainsi dans ce numéro un travail de l’équipe d’anesthésie-réanimation du Dr Atangana (Yaoundé) qui montre la similitude des préoccupations et de l’approche clinique de nos confrères d’Afrique sub-sahararienne avec les nôtres. Ce numéro met essentiellement l’accent sur la sécurité anesthésique notamment à l’étape pré-opératoire, et tous les auteurs insistent sur le caractère obligatoire d’une consultation pré-anesthésique bien menée, et, de ce fait souscrivent implicitement à la conclusion du Dr Atangana, sur l’inutilité d’accumuler des bilans biologiques (dont le coût bien connu est particulièrement dommageable à nos budgets hospitaliers toujours serrés !). La prescription d’un grand nombre de bilans, avant tout examen clinique, voire tout interrogatoire continue d’être trop souvent la règle dans nos hôpitaux, et pourrait être qualifiée du «triomphe de la technique sur le bon sens» (1) Imaginerait-on un gastro-entérologiste ne voir son patient en consultation que si celui ci se présente avec une échographie abdominale, un abdomen sans préparation, une fibroscopie et un bilan hépatique systématique ? Par ailleurs, s’il est indispensable que les consultations pré-anesthésiques soient instaurées, encore faut-il aussi qu’elles soient bien exploitées, et que les données recueillies soient bien interprétées et conduisent à l’attitude adéquate : Ainsi nos confrères marocains nous incitent à la plus grande vigilance en soulignant avec beaucoup d’honnêteté et d’esprit critique les risques d’une découverte per-opératoire de phéochromocytomes, qui auraient pu être soupçonnés chez des patients pourtant hypertendus et vus en consultation pré-anesthésique. Enfin, la consultation pré-anesthésique sert également à préparer le malade et à diminuer par exemples les risques péri-opératoires par la réalisation d’une transfusion autologue différée ainsi que l’expose le Dr Kaabachi (Tunis) La qualité et la fiabilité de nos consultations pré-anesthésiques est une condition nécessaire pour faire de notre pratique, non pas simplement un adjuvant (certes indispensable) au traitement chirurgical, mais la véritable «médecine péri-opératoire», que nous ambitionnons de mettre en place dorénavant, et qui doit se développer en tant que discipline médicale en dehors des limites du bloc opératoire (2). Nous en possédons les ressources intellectuelles et techniques du fait de la polyvalence de notre formation d’Anesthésistes-Réanimateurs. Enfin, et c’est là un point essentiel, cette perception qui est la nôtre est partagée par notre ministère de tutelle, ainsi que l’atteste la circulaire ministérielle 78/90 du 2 octobre 1990. Cette circulaire insistait déjà sur la nouvelle conception des rapports de notre spécialité avec les autres (particulièrement la chirurgie) et recommandait la création d’un service autonome d’anesthésie-réanimation chaque fois que possible au sein des hôpitaux. Elle insistait notamment sur l’omniprésence de l’anesthésiste-réanimateur avant, pendant et après l’acte chirurgical. Enfin, un paragraphe de cette circulaire était consacré à l’organisation d’une consultation pré-anesthésique devant évaluer le risque anesthésique même chez les patients devant subir un acte endoscopique ou radiologique. En fait, cette circulaire d’avant garde recommandait la création de départements d’anesthésie-réanimation dans les hôpitaux, et elle reste de toute actualité près de 10 ans plus tard (3). La réalisation de cet ambitieux programme national est amorcée, et sa réussite sera notre «challenge» pour les prochaines années ! Mouadh Ben Miled [email protected] 1) Trinkle J.K., Richardson J.D., Franz J.L et al. : Management of flail chest without mechanical ventilation. Ann. Thorac. Surg 1975 ; 19 : 355-362 2) Euro’anesthesie (Journal Européen d’Anesthésie-Réanimation: publication du laboratoire Roche) N°12. Septembre 1999 Editorial (l’anesthésie sort du bloc), entretien avec le Dr R.A. Thieme Groen, Président de la NVA (Nederlandse Vereniging voor Anesthesiologie), et commentaire dU Pr Ph. Scherpereel (CHU Lille). 3) Circulaire n° 78/90 du 2 octobre 1990 : organisation des activités d’anesthésie-réanimation dans les hôpitaux. (M. Dali Jazi). J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 5511 INTERET DE LA PRESCRIPTION DES EXAMENS COMPLEMENTAIRES EN CHIRURGIE LAPAROSCOPIQUE GYNECOLOGIQUE A YAOUNDE THE RELEVANCE OF PRESCRIBING COMPLEMENTARY TESTS IN GYNAECOLOGICAL LAPAROSCOPIC SURGERY IN YAOUNDE R. Atangana*, J. Ze Minkande*, Et Mboudou **,V. Eyenga***, A. Essomba *** *Service d'Anesthésie-Réanimation - Hôpital Général de Yaoundé - Cameroun **Service de Gynécologie - Hôpital Général de Yaoundé ***Service de Chirurgie - Hôpital Général de Yaoundé Résumé But de l’étude : Le but de cette étude descriptive est d'évaluer en fonction des examens complémentaires prescrits la fréquence des anomalies pré-opératoires, leur répercussion sur la conduite de l'anesthésie et leur incidence sur la morbidité post-opératoire chez les patientes devant subir une chirurgie laparoscopique gynécologique. Matériel et méthode : Pendant 18 mois, à l'Hopital Général de Yaoundé, toutes les patientes devant être opéres d'une grossesse extra-utérine non rompue, infertilité, laparoscopie suivant une myomectomie ont été selectionnées. Ces patientes ont eu une consultation pré-anesthésique et des bilans complémentaires, numération formule sanguine, bilan d'hémostase(TP, TCK) ont été réalisés. En fonction des examens complémentaires, des anomalies ont été recherchées. Résultats : 411 patientes ont été selectionnées, âgées de 17 à 49 ans. Chez trois patientes, il a été retrouvé une anémie avec un taux d'hémoglobine inférieur à 10 g/dl. Chez deux d'entre elles, I'intervention chirurgicale a été reportée, le taux d'hémoglobine étant inférieur à 7,5g/dl. Deux patientes ont présenté un trouble de l'hémostase avec un taux de thrombocytes inférieur à 100.000/ ml et un allongement du TCK. Chez ces malades, I'intervention chirurgicale a été reportée et un complément d'exploration a été demandé. Dans quatre cas au total, I'intervention chirurgicale a été reportée, soit moins de 31% des interventions programmées Conclusion : Ces données rejoignent celles de la littérature [1, 2] qui stipulent que la prescription systématique des examens complémentaires n'a pas d'intérêt, car les anomalies sont rares et souvent sans grande influence sur la conduite anesthésique. Mots clés: chirurgie laparoscopique, examens complémentaires, anomalies pré- opératoires J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 5522 Summary The goal of this descriptive study is to evaluate with regard to prescribed complementary tests, the frequency of pre-operative abnormalities, their incidence on pre-operative morbidity in patients who have to undergo lapor~copy sugery. Within eighteen months, four hundred and eleven patients were operated upon for unbroken extra uterine pregnancy, infertility and laparoscopy following a myomectomy. All these patients underwent preanaesthetic consultation and the complementary tests (full blood count, results of hemostasis test) were prescribed. In three cases, anemia was discovered with a haemoglobin rate of less than 10g/dl. Two patients manifested symptoms of hemostasis disturbancies with a thrombocyte rate lower than 100 000/ml and an extension of the TCK. In these patients, surgery was postponed and some other complementary explorations were required. In a total of 4 cases, surgery was postponed; that is less thanp 31 % of programmed operations. This data is similar to that of litterature which stipulates that systematic prescription of complementaty test is unnecessary because such abnormalities are scare and often without a major influence on anestetic behaviour. Key words: Laparoscopic surgery; complementary test; pre-operative abnormalities. J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 5522 Toutes les correspondances seront adressées à: DR. ATANGANA René Hôpital Général de Yaoundé B.P 5408 Yaoundé Fax n° (237) 21 31 81 J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 5522 INTERET DE LA PRESCRIPTION DES EXAMENS COMPLEMENTAIRES EN CHIRURGIE LAPAROSCOPIQUE GYNECOLOGIQUE A YAOUNDE INTRODUCTION La prescription des examens complémentaires reste une réalisation systématique malgré l'avis contraire de plusieurs études [1, 2, 4, 6], qui stipulent que les examens complémentaires pour l'évaluation du risque péri opératoire doivent être justifiés par les données de l'interrogatoire, de l'examen clinique, de l'acte opératoire et de la technique anesthésique. Cette étude est descriptive et prospective, menée à l'hôpital général de Yaoundé pendant 18 mois, dans le service Anesthésie-Réanimation. Elle a pour but d'évaluer en fonction des examens complémentaires prescrits, la fréquence des anomalies pré opératoires, leur répercussion sur la conduite de l'anesthésie, leur incidence sur la morbidité post opératoire en chirurgie laparoscopique gynécologique. MATERIEL ET METHODE Il s'agit d' une étude prospective descriptive réalisée dans le service d'Anesthésie-Réanimation de l'Hôpital Général de Yaoundé, au cours d'une période allant de février 1999 à juillet 2000 . Les patientes devant subir une laparoscopie pour grossesse extra utérine non rompue, infertilité, et laparoscopie post myomectomie, sous anesthésie générale ont été sélectionnéss. Chez toutes ces malades, une consultation anesthésique à distance de l'intervention chirurgicale a été réalisée et les examens complémentaires ont été faites, notamment la numération Formule Sanguine (NFS), Taux de Prothrombine (TP), Taux de Céphaline Kaolin (TCK). En fonction de ces examens complémentaires, les anomalies ont été recherchées. Ces anomalies ont été définies par rapport aux limites de normalités des différents laboratoires. Il a été également recherché la répercussion de ces anomalies sur la conduite de l'anesthésie et sur la morbidité post opératoire. Les différentes informations ont été interprétées ( à l'aide des tests statistiques) à travers le calcul des moyennes et des pourcentages. RESULTATS: 411 patientes âgées de17 à 49 ans ont été sélectionnées au total, avec un âge moyen de 34 +/- 8 ans . Ces patientes ont été classées selon la classification ASA: 383(92%) patientes étaient ASA I et 28 (08%) étaient ASA Il. Les patientes ont été opérées pour: • Infertilité: 366 • Grossesse extra-utérine non rompue: 16 • Laparoscopie suivant une myomectomie : 29 Toutes ces patientes ont été vues en consultation pré anesthésique à distance de l'acte opératoire. Les examens complémentaires suivants ont été demandés : (NFS), (TP), (TCK) . Les perturbations de ces examens complémentaires ont été relevées (tableau 1). Trois patientes ont présenté une anémie avec un taux d'hémoglobine inférieur à 1Og/dl . L'intervention chirurgicale chez 02 patientes qui ont présenté un taux d'hémoglobine à 7,5g/dl a été reportée. Deux patientes ont également présenté un trouble de l'hémostase avec un taux de Thrombocytes inférieur à 100.000/ml et un allongement du TCK et diminution du taux de prothrombine. Chez ces deux patientes l'intervention a été reportée et un complément d'exploration demandé. Chez toutes ces patientes, les complications hémodyna- R. Atangana miques respiratoires habituelles en ctoeliochirurgie à type de collapsus cardiovasculaire, embolie gazeuse, intubation sélective, inhalation bronchique... 0, 9, 13, n'ont pas été notées. La morbidité et la mortalité postopératoires étaient nulles, les 411 patientes n'ayant présenté aucun problème. DISCUSSION Chez nos malades, nous n'avons réalisé qu'une numération formule sanguine et un bilan de l'hémostase. Ceci constitue un bilan minimum, sortant ainsi des habitudes communément observés. En effet, dans cette étude et en fonction de l'anamnèse de l'examen clinique des patients, nous avons exclu le groupe sanguin, le bilan rénal (urée sanguine et créatinine) I'électrocardiogramme, la radiographie pulmonaire. En aucun cas cette exclusion n'a été préjudiciable pour les malades, aucune patiente n'ayant eu recours à la transfusion per opératoire et aucune patiente n'ayant eu une morbidité relative à une anomalie de l'un des examens exclus. La numération formule sanguine a révélé une anémie chez trois patientes (0,72%). Chez deux de ces patientes, I'intervention chirurgicale a été reportée car non urgente. Brouh et collaborateurs qui ont travaillé chez l'enfant en milieu africain recommandent que cet examen soit demandé systématiquement car il permet de dépister des anémies encore asymptomatique 13]. Cependant, la chirurgie laparoscopique étant peu hémorragique, cet examen devrait être prescrit en fonction du malade. Deux patientes ont présenté un trouble de l'hémostase avec un taux de thrombocytes inférieur à 100.000/ml et un TCK allongé. Ces résultats ont été de découverte fortuite, la coagulopathie étant restée jusque là asymptomatique. Safi et collaborateurs stipulent que chez la femme, la prévalence des anomalies de l'hémostase est évaluée à 5/100.000 et ces anomalies restent asymptomatiques dans 10% de cas seulement un complément d'exploration a été demandé chez ces patientes [7]. Compte tenu du taux faible des coagulopaties asymptomatiques ,les tests de l'hémostase devait être demandé chez les patientes ayant une tendance anormale au saignement . En limitant les examens complémentaires à la numération formule sanguine et le bilan de l'hémostase (TP et TCK), un économie significative sur le coût de l'intervention chirurgicale a été réalisée. Celle ci serait encore plus importante en adoptant la prescription des examens complémentaires à chaque patiente 11]. CONCLUSION: Il découle de cette étude que les examens complémentaires demandés de façon systématique en chirurgie laparoscopique gynécologique ne présentent aucun intérêt. Les examens devraient être adaptés à chaque patiente en fonction de l'anamnèse et l'examen clinique permettant de baisser de façon significative le coût des interventions chirurgicales. J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 5533 INTERET DE LA PRESCRIPTION DES EXAMENS COMPLEMENTAIRES EN CHIRURGIE LAPAROSCOPIQUE GYNECOLOGIQUE A YAOUNDE TABLEAU l: Différents examens complémentaires et leurs resultats. EXAMENS HB Hte Plaquette TP TCK Nombre total d'examens 411 411 411 411 411 Nombre d’examens anormaux 03 % des examens anormaux 0,72 03 0,72 Hb: taux d'hémoglobine Hte: hématocrite TP : taux de protrombine TCK : taux de céphaline kaolin 03 03 0,48 0,48 03 0,48 R. Atangana BIBLIOGRAPHIE 1 Abdellaoui M, Ghedira, Moussa M et al.:Evaluation des examens complémentaires systématiques, étude de 1000 dossiers. Revue Tunisienne d'anesthésie réanimation 1999, 24 (6): 207. 2 Bel I ladJ N,Nefaa MN, Boussofara M : Prescription systématique des examens compléments en préanesthésie est-elle justifiée ? Revue Tunisienne d'anesthésie réanimation 1999, 24 (6): 208 3 Brouh Y, sorol, Yeo TLP et al: réflexion sur les examens complémentaires préopératoires chez l'enfant en milieu africain. Rev Afr Anesth Med urgence 1999,4 (1~: 3-7 4 Charpak Y, Nicolet J, Blery C: Pratiques et attitudes actuelles des médecins anesthésistes en matière de prescription d'examens paracliniques pré- opératoires. Ann Fr Anesth-réanim 1992,11: 576-583 5 Catheline J M, Gaillard J L, Rizk N, Barrat C, Champault G: Facteurs de risque et prévention du risque thrombo embolique en laparoscopie. Ann Chir 1998, 52: 890 - 895. 6 Chobli M, Adnet P, Murat I et Al: Pratique de l'anesthésie en Afrique subSaharienne. Anales françaises d'anesthésie-réanimation. 39eme congrès de la SFAR Vol 16 N° 6R068 1997. (abstract) 7 Dziri S, Mestiri T, Daouadi M, et Al: Examens complémentaires préanesthésique: Les recommandations sont elles venues à bout des habitudes? Revue tunisienne d'anesthésie-réanimation 1999,24 (6): 208 8 Godwin AT, Swift RL, Smart P, Chawick SJD: Effects of pneumoperitoneum and position of patient of femoral vein hemodynamics during laparoscopic surgery. Minimal invasive therapy 1994, 3: 337 339. 9 Paul Zetlaoui, Bruno Dartayet: protocoles d'anesthésie réanimation. Mapar édition 1994, 8: 191192. 10 Safi L, Ibat D, Azendour H, et al: La consultation pré anesthésique (CPA): ses objectifs et sa conduite. Rev Afr Anesth med urgence 1999, 4(1): 73-76. La Société Tunisienne d’Analgésie et d’Anesthésie-Réanimation Organise le 19 mai 2001 à L’Hôtal Abou Nawas de Gammarth à partir de 15h Aspects médico-légaux et responsabilité en Anesthésie Avec le Pr. J.M DESMONTS Doyen de la Faculté de médecine Xavier Bichat- Paris Expert auprès de la cour de cassation Thèmes ● ● ● ● Aspects medico-légaux de la responsabilté médicale L’expertise médicale Le partage des responsabilités Etudes de dossiers. Renseignements : 764 845 J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 554 4 J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 5555 LES EXAMENS COMPLEMENTAIRES PREOPERATOIRES CHEZ L'ENFANT PREOPERATIVE TESTS IN CHILDREN O Kaabachi, R Ghrairi, S Dekhil, MN Nessib, Ch Ammar, M Ben Ghachem. Service d'Orthopédie Infantile - Hôpital d'Enfants de Tunis - 1007 Tunis - Tunisie. Résumé C'est une revue rétrospective de la pratique des examens complémentaires pré anesthésiques tels que pratiqués dans le service d'Orthopédie de l'hôpital d'Enfants de Tunis. Le but étant d'évaluer la fréquence des anomalies rencontrées, leur répercussion sur la conduite anesthésique et leur impact économique. Nous avons inclus 501 enfants opérés en dehors de l'urgence au cours de l'année 1998. L'âge varie entre 1 mois et 17 ans. La majorité des enfants (69 %) ont eu une consultation d'anesthésie à distance et 91 % des patients sont classés à ASA I. Seulement 46,7 % des enfants ont eu un bilan paraclinique préopératoire : une NFS (45,5 %), un bilan d'hémostase (37 % ), un groupe sanguin (46,7 %), une radiographie du thorax (2%). La principale anomalie notée était une anémie chez 33 enfants (14,4 %). L'intervention n'a été retardée que chez 4 d'entre eux (0,8 %). Sur un total de 1107 tests paracliniques, seuls 14 % ont été jugés utiles. La pratique protocolaire du bilan paraclinique préopératoire nous a permis de réaliser une économie globale de 11.000 dinars. Nous rejoignons ainsi les conclusions de la littérature confirmant l'inutilité des examens complémentaires préopératoires systématiques. Mots clés : Anesthésie, Pédiatrie, Evaluation Préopératoire, Examens Complémentaires 6 J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 556 Summary We conduct a prospective study including 501 children operated during 1998 in the Orthopaedic Unit of the Children's Hospital of Tunis. The aim of this study was to evaluate the utility of a selective indication of preoperative tests. Children were aged between one month and 17 years. They were classified ASA I in 91 % of cases. Only 46,7 % of children had preoperative tests : haemoglobin level (45,5 %), coagulation function (37 % ) and chest radiograph (2 %). Anaemia was the most frequent abnormalities, observed in 33 children (14,4 %). But delay of surgery was decided in only four cases (0,8 %). However 11.000 TD had been saved with this selective screening of preoperative tests. Routine preoperative tests are not recommended in healthy children. Keys words : Anaesthesia, children, preoperative screening, preoperative tests. J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 556 6 I - INTRODUCTION II - MATÉRIELS ET MÉTHODES Les examens complémentaires préopératoires sont souvent réalisés de façon systématique. Cette pratique routinière est remise en question depuis quelques années chez l’enfant comme chez l’adulte (1, 2, 3). De nombreuses études ont montré qu’en l’absence d’indication clinique, la probabilité de trouver des anomalies significatives par les tests biologiques, l'électrocardiogramme et la radiographie du thorax est très faible (2, 4, 5, 6). Les anomalies non mises en évidence et non suspectées par la clinique n’ont pas généralement d’influence sur la procédure chirurgicale et le déroulement de l’anesthésie (4). Par ailleurs, ces examens ne sont pas dénués de risques et d’inconvénients: l’irradiation, l’impact psychologique et le coût (4). Ils constituent effectivement un facteur très important dans l’augmentation des dépenses hospitalières (2, 7, 8, 9). Le but de ce travail étant d'une part d'évaluer le protocole de prescription des examens complémentaires dans notre service, la fréquence des anomalies rencontrées, leurs conséquences décisionnelles sur la conduite anesthésique et/ou chirurgicale et d'autre part de calculer leur impact économique. Nous avons inclus dans cette étude, tous les enfants devant subir une anesthésie générale et/ou loco-régionale pour une chirurgie orthopédique réglée durant l’année 1998. Nous avons recueilli les informations suivantes : L’opéré: l'âge, le sexe, les antécédents médico-chirurgicaux et anesthésiques, les traitements en cours, les éléments de l’examen clinique et particulièrement ceux pouvant influencer les soins péri opératoires et enfin la classe ASA. L’intervention: le type d’intervention, le type d’anesthésie, la présence ou non d’un risque hémorragique pendant l’intervention (saignement per opératoire > 20 % de la masse sanguine totale ) et les éventuelles complications anesthésiques et chirurgicales. Les examens paracliniques préopératoires, tels qu'ils sont pratiqués dans le service (Tableau I): La numération formule sanguine (NFS), la numération des plaquettes (Plq), le temps de cephaline activé (TCK), le taux de prothrombine (TP), le groupe sanguin (GS), la recherche d’agglutinines irrégulières (RAI), l’électrocardiogramme (ECG), la radiographie pulmonaire (RX). Les résultats des examens complémentaires sont jugés en terme : J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 556 6 Toutes les correspondances serons adressées à : Dr Olfa Kaabachi Service d'orthopédie Infantile - Hôpital d'Enfants de Tunis - 1007 Tunis - Tunisie Tel : 570 200 - Fax : 562 664 - E mail: [email protected] LES EXAMENS COMPLEMENTAIRES PREOPERATOIRES CHEZ L'ENFANT 1. d’anomalies 2. de conséquences décisionnelles sur l’anesthésie et la chirurgie 3. de regret en cas d’examen non fait : Un examen est dit regretté lorsque, n’ayant pas été prescrit lors de la consultation pré anesthésique, il a fait défaut à un moment ou à un autre de la période péri opératoire (10) 4. d’utilité de ces examens : dans l’analyse des résultats des examens para cliniques préopératoires, la mention utile a été attribuée à un examen lorsque celui ci a permis (10) : d’améliorer la santé du sujet et les soins en particulier dans la période péri opératoire, ou bien de dépister une affection au stade asymptomatique. III - Résultats Notre étude a porté sur 501 dossiers anesthésiques exploitables. L’âge moyen des enfants est de treize ans et six mois avec des extrêmes de 1 mois et 17 ans, 12 % sont âgés de moins de 1 an et 39 % entre 1 et 5 ans. Le sexe ratio est de 0,7. Une consultation pré anesthésique (1à 2 semaines avant l’intervention) est réalisée chez 69 % des malades; les 31% enfants restant étaient vu le matin même de l’intervention. La majorité des enfants (91%) étaient classés ASA I. Un syndrome malformatif, une maladie congénitale et/ou une infirmité motrice d’origine cérébrale (IMC) sont notés chez 12,7 % des enfants. Une expérience anesthésique préalable est notée chez 244 patients (44.7 %). Seulement 19 % des enfants ont subi une chirurgie majeure. L'anesthésie générale est de règle dans 90 % des cas. Une anesthésie loco-régionle est réalisée dans 10 % des cas. Sur un total de 501 malades opérés, seuls 228 enfants ont eu un bilan paraclinique préopératoire (46,7 % ) ; chez qui nous avons réalisé 1107 examens complémentaires, soit une moyenne de 5 examens par enfant (Tableau II). Une NFS est réalisée chez 228 enfants (45.5%). Une anémie est notée chez 33 malades (14.4%) (Tableau II). La numération des plaquettes est réalisée dans 228 cas (45.5 %). Deux anomalies seulement sont trouvées (0.9 %) (nombre des plaquettes < 120000/mm3). Ces deux enfants ont un âge supérieur à 5 ans, proposés pour une chirurgie mineure avec une histoire et un examen clinique normaux. Sur un total de 187 résultats de TP et TCK (37 %), un seul résultat de TCK est anormal (supérieur à 10 s par rapport au témoin) (0.5 %). C’est un enfant âgé de 6 ans sans antécédents pathologiques notables et avec un examen normal ; proposé pour une chirurgie mineure. Un groupe sanguin est déterminé chez 234 enfants (46,7%). Une RAI est faite chez seulement trois malades. La radiographie du thorax est pratiquée dans 27 cas, soit dans le cadre d'une scoliose (17 enfants) ou encore dans le cadre d'un bilan d'extension d'une tumeur maligne (10 enfants). Aucune demande d'électrocardiogramme n’était faite dans le cadre d’un bilan préopératoire dans notre série. Par contre, une échographie cardiaque est réalisée chez 5 enfants (une fille présentant une cardiopathie congénitale mal prècisée et 4 enfants présentant un syndrome polymalformatif pouvant associer une cardiopathie). Seuls quatre examens complémentaires, soit 0,03 % des bilans ont un impact décisionnel. Il s’agit d’un report de l’intervention de deux mois chez 4 enfants âgés de moins de deux ans avec un taux d’hémoglobine inférieur à 8 g/dl O Kaabachi et qui sont proposés pour une chirurgie potentiellement hémorragique. Ces enfants etaient opérés secondairement après un traitement martial. Chez les 29 autres enfants anémiques (Hb > 8 g/dl), la chirurgie s'est déroulée sans complications. Les trois enfants présentant des troubles de l'hémostase et programmés pour une chirurgie périphérique mineure sous garrot, sont également opérés sans incidents majeurs sous anesthésie générale. Les complications péri opératoires sont recensées dans 11.4% des cas (essentiellement respiratoires) sans rapport avec la réalisation ou non d’un examen complémentaire ou l’existence d’un examen paraclinique anormal. Aucune situation de regret des examens complémentaires n’est rapportée. En effet aucune demande d’un examen para clinique non-fait n’est réalisé en pré ou en post opératoire de façon urgente chez les enfants n’ayant pas bénéficié d’une exploration para clinique préopératoire. Seuls, 154 examens para cliniques (14 %) sont jugés utiles, soit pour la conduite d'une transfusion peropératoire (17 taux d’hémoglobine, 17 groupes sanguins et 3 RAI), soit pour juger de l'inutilité d'une transfusion peropératoire chez 94 enfants. Par ailleurs, chez 23 enfants la NFS a permis de dépister une anémie asymptomatique modérée et d’instaurer un traitement martial. Chez les 10 autres enfants, la NFS a confirmé une anémie suspectée cliniquement. Aucune de ces anémies ne rentre dans le cadre d’une affection chronique. Le coût global des examens complémentaires dans notre étude est de 4616,100 DT. Le coût global de ces examens s'ils étaient pratiqués de façon systématique à tous les enfants de notre série serait de 15 480,900 DT. Ainsi, une politique raisonnée de la pratique du bilan para clinique préopératoire nous a permis une économie globale de 10 864,800 DT. IV - DISCUSSION Depuis de nombreuses années, une batterie d’examens complémentaires continue à être prescrite lors de l’évaluation pré anesthésie, la routine étant dans la majorité des cas l’élément dominant de ce mode de prescription. La tendance actuelle est la remise en question de cette pratique systématique. Lors la consultation pré anesthésique, un interrogatoire minutieux bien orienté et un examen clinique rigoureux peuvent anticiper la grande majorité des problèmes capables d’altérer la qualité de l’anesthésie et le déroulement de la chirurgie. Au terme de cette consultation, d’éventuels examens paracliniques orientés peuvent être demandés afin d’adapter au mieux les soins péri opératoires. Les examens complémentaires à demander avant un acte chirurgical ou anesthésique ne posent véritablement de problème qu’en raison de leur caractère systématique. Si leur orientation est facile chez les sujets présentant un facteur de risque particulier, leur choix devient difficile chez les sujets sains. Léonard et al (3) ont montré, sur un collectif de 2816 enfants, que la valeur dépistage des examens complémentaires préopératoires est nulle. Un bilan para clinique systématique pratiqué chez 486 enfants a révèle une anémie dans 17 % des cas et un ECBU anormal dans 15 % des cas. L’intervention était récusée chez 5 enfants seulement (11). L’hémogramme est l’examen biologique le plus prescrit. La composante essentielle de l’hémogramme pré opéraJ. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 5577 LES EXAMENS COMPLEMENTAIRES PREOPERATOIRES CHEZ L'ENFANT toire est le taux d’hémoglobine qui reste pour de nombreux auteurs le bilan minimal à pratiquer avant tout acte chirurgical. Dans notre étude, l’hémogramme préopératoire était réalisé dans 45,5% des cas, dans le cadre d’une chirurgie hémorragique, chez les enfants d’âge inférieur à 2 ans non déambulant ou en cas d’anémie suspectée cliniquement. Une anémie est signalée dans 14,4 % des cas. La découverte de l'anémie est fortuite dans la majorité des cas (23 enfants, 69 %). Chez les enfants anémiques, l’intervention n'est retardée que dans quatre cas seulement (12 % ) pour anémie profonde. Chez les enfants asymptomatiques de classe ASA I ou II la découverte d’un taux d’hémoglobine inférieur à 9 g/dl est exceptionnel (12). En 1991, Roy et coll. (13), ont réalisé une étude dont le but était le dépistage préopératoire systématique de l’anémie asymptômatique chez des enfants en bonne santé apparente. Deux mille enfants âgés de 1 mois à 18 ans programmés pour une chirurgie mineure sont inclus dans l’étude et divisés en trois groupes d'âge : inférieur à 1 an, entre 1 et 5 ans et supérieur à 5 ans. Onze enfants, tous âgés moins de 5 ans (0,5%), ont une hémoglobine inférieure à 10 g/dl. Seuls trois enfants ont vu leur chirurgie retardée, alors que les 8 autres ont subi la chirurgie sans incidents (13). Desmonts et coll (10), dans une étude réalisée sur 4579 enfants, ASA I, chez qui 1701 ont eu une NFS en préopératoire, des anomalies ont été trouvées dans 0,9% des cas et aucune de ces anomalies n’a eu de conséquences décisionnelles. Une NFS faite chez 400 enfants retrouvait une anémie chez 60 malades (15 %), motivant une transfusion préopératoire dans seulement trois cas. Certes, une anémie minime peut passer inaperçue cliniquement et être diagnostiquée uniquement sur l'hémogramme (14). Toutefois, cette situation est peu probable en cas d'anémie majeure. Par ailleurs, l'anémie modérée n’augmente pas le risque associé à une anesthésie générale et n’influence pas le choix des techniques anesthésiques (15). La faible incidence d’anémie chez les enfants ASA I - II âgés de plus de 1 an nous fait douter de la valeur de la détermination routinière de la concentration d’hémoglobine préopératoire. Le bilan d'hémostase est demandé chez 187 enfants (37,3 %). Tous les enfants de moins de 2 ans ont eu un bilan d'hémostase. Les anomalies constatées sont exceptionnelles (0, 5 % ), chez 3 enfants enfants sans aucun antécédents. Perez et coll. (16), ont signalé des anomalies hémostatiques dans 2,9 % des cas. Elles n’ont influencé leur conduite que dans 0,26% des cas uniquement. Le TP et le TCK ne permettent pas de prédire le risque hémorragique après une adénoïdectomie et/ou amygdalectomie. Le risque de saignement est plutot lié à des problèmes anatomiques et/ou chirurgicaux. Une hémorragie grave est peu probable chez l’enfant asymptomatique (17). Ces données sont confirmées par d’autres auteurs qui montrent qu’en l’absence d’histoire clinique évocatrice, l’allongement du TP ou du TCK est rare et a rarement une incidence sur la stratégie thérapeutique. Le dépistage systématique d‘une anomalie asymptomatique de l’hémostase ne se justifie pas chez les sujets considérés comme sains au terme d’un interrogatoire et d’un examen clinique minutieux (16, 18, 19). Il paraît en pratique beaucoup plus intéressant d’éliminer à l’interrogatoire une prise d’Aspirine, responsable d’une dysfonction plaquéttaire (10 jours), et de reporter une intervention hémorraJ. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 558 8 O Kaabachi gique non urgente dans un délai de 10 jours après l’ingestion d’Aspirine chez l’enfant (20). Watson Williams (21) propose une série de dix questions portant sur les antécédents chirurgicaux et les soins dentaires de l’enfant ou de sa famille (Tableau III). Une exploration de l’hémostase est nécessaire en cas d’une seule réponse positive aux quatre premières questions ou au moins de deux aux six dernières. Dans notre série, une détermination du groupe sanguin est faite dans 46,7% des cas accompagnée d'une RAI dans 3 cas. Le groupe sanguin avait servi pour la transfusion de produits sanguins dans 17 cas seulement (7,2%). Il s’agit toujours d’interventions chirurgicales hémorragiques. Dans l’étude de Granny et coll. (22), la détermination du groupe sanguin est faite dans 353 cas (35%) : chirurgie potentiellement hémorragique, deuxième détermination légale obligatoire. Six enfants sont transfusés en peropératoire. Une détermination a du être faite en urgence en raison d’un saignement massif dans un cas. La détermination du groupe sanguin n’est accompagnée d’une recherche d ‘agglutinines irrégulières que dans 55 cas. La détermination du groupe sanguin ne nous semble pas justifiée dans le cadre des interventions non hémorragiques pour plusieurs raisons : - dans ce type d’intervention, les accidents hémorragiques justifiant une transfusion per ou post opératoire sont extrêmement rares ; - de plus, la détermination du groupe sanguin en urgence est possible ; - enfin, dans les rares cas de malades ingroupables (nouveaux-nés), l’alternative d’une transfusion de sang compatible O négatif est envisageable. L’absence de prescription de la radiographie pulmonaire dans notre étude n’était pas associée à une morbidité cardio-respiratoire péri opératoire particulière. Toutes les études pédiatriques indiquent clairement que la radiographie du thorax pré opératoire ne révèle que bien peu d’anomalies qui ne soient suggérées par l’interrogatoire et l’examen clinique et concluent que sa réalisation systématique n’est pas justifiée chez l’enfant, surtout de classe ASA I (22, 23, 24, 25). Sur 749 radiographies pulmonaires systématiques, 35 anomalies (4,7%) sont détectées, mais seulement 9 sont considérées significatives et dans trois cas seulement, l’intervention chirurgicale est retardée (25). Desmonts et coll. (23), avaient insisté sur la rareté de découverte d’anomalies par des examens complémentaires non orientés. Ainsi, 1715 radiographies pulmonaires sont pratiquées chez des enfants ASA I, seulement 21 clichés (1,2%) sont jugés pathologiques. Un seul cas a motivé l’institution d’une antibiothérapie (23). Quand la radiographie du thorax est réalisée devant un contexte évoquant une pneumopathie, chez un enfant porteur d’une cardiopathie ou dans le cadre d’un bilan d’extension tumorale, une anomalie du paremchyme pulmonaire n’est individualisée que dans 25 cas soit chez 11,3% (25). D’ailleurs, dés 1983, à la suite d’une série d’études pédiatriques, l’Académie américaine de pédiatrie s’est prononcée sur le caractère non obligatoire de la radiographie pulmonaire en routine (1). En pédiatrie, l’annulation de la chirurgie est beaucoup plus fréquemment liée à l’existence d’une fièvre et/ou à une infection des voies aériennes supérieures qu’à la découverte d’une anomalie radiologique (25). LES EXAMENS COMPLEMENTAIRES PREOPERATOIRES CHEZ L'ENFANT L’ECG est un examen de dépistage médiocre ; sa sensibilité est faible par rapport à l’interrogatoire (14). En l’absence de cardiopathie clinique, l’âge est le seul facteur discriminant pour la découverte d'anomalies électriques. l’ECG ne révèle que 8 à 10% d’anomalies cliniquement non suspectées et ceci quelle que soit la classe d’âge (10). Von Walter J. et coll. (26), soulignent l’inutilité de la pratique de l’ECG préopératoire de routine chez les enfants en l’absence de symptomatologie cardio-vasculaire clinique ou de cardiopathie congénitale préexistante. Dans cette étude, sur 3030 actes anesthésiques, 93 complications anesthésiques étaient rapportées dont 26 sont d’origine cardiaque. Mais, seulement quatre anomalies ont nécessité un traitement spécifique (bloc auriculo-ventriculaire de deuxième degré, hypotension). L'ECG préopératoire n'était pratiqué que chez 180 enfants : 152 étaient normaux, 8 avaient montré une déviation de l’axe du cœur par rapport à la normale et 16 avaient montré des anomalies électriques chez des enfants connus porteurs de cardiopathies. Jane et coll. (27) dans une étude prospective portant sur 280 enfants, ont montré que la valeur dépistage de l’ECG, de la radiographie du thorax et de l’échographie cardiaque était nulle. Dans cette étude, l’examen clinique a permis de classer ces enfants en trois groupes : - le premier groupe sans cardiopathie, 142 enfants (51 %) ; - le deuxième groupe ou l'atteinte cardiaque est possible : 34 cas (12%) ; - le troisième groupe présentant une cardiopathie : 104 cas (37%). L’exploration cardio-vasculaire de chaque enfant a confirmé l’indemnité de 96,5% des enfants du premier groupe et l’atteinte de 95% de ceux du troisième groupe (26). L’ECG préopératoire n’est pas justifié chez l’enfant en dehors d’une pathologie cardio-vasculaire préexistante. L’interrogatoire et l’examen clinique sont les meilleurs moyens de dépistage d’une cardiopathie congénitale ou acquise. En cas de doute, une consultation cardiologique pédiatrique s’impose. Dans notre étude, le coût global des examens complémentaires préopératoires était de 4 616,100 DT. La pratique protocolaire de ce bilan para clinique préopératoire nous a permis d’économiser un somme de 10 864,800 DT. Aux Etats Unis d'Amérique (28), 30 millions de dol- O Kaabachi lars sont dépensés chaque année pour les examens complémentaires préopératoires systématiques. En 1990, l'American health care system a dépensé 2,9 à 4,3 billions de dollars pour les tests préopératoires. Ceux-ci n’ont eu aucune influence sur les soins péri opératoires (7). Dans l’étude de Houston et coll. (29), le coût de ces examens complémentaires est de 92 dollars par personne soit une somme de 113 millions de dollars par an, ont dépensés sans bénéfice évident. Kaplan et coll. (2), stipulent que 9000 examens paracliniques pouvaient être éliminés chaque année sans nuire à la qualité des soins péri opératoires. Dans cette étude, la prescription protocolaire du bilan paraclinique préopératoire leur a permis d’économiser 147 milles dollars par an. Nous rejoignons dans notre étude, les conclusions des multiples travaux de la littérature confirmant l’inutilité des examens complémentaires préopératoires systématiques ; les anomalies de découverte fortuite sont rares, souvent sans répercussion sur la conduite anesthésique et le déroulement de la chirurgie. L’abandon de la prescription de routine des examens para cliniques préopératoires chez les enfants ASA I est possible sans altérer la qualité des soins périopératoires. Cette attitude permet de cibler les tests para cliniques afin d’optimiser leur utilisation. Il n’y à pas actuellement de consensus génèral sur la définition précise des indications pour chaque examen et chaque situation, mais les recommandations existantes peuvent constituer une base sur laquelle chacun peut construire sa grille de prescription en sachant qu’elle ne sera pas figée dans le temps. La pratique systématique des tests para-cliniques préopératoires majore les dépenses sanitaires sans bénéfice évident. Leur réalisation raisonnée permet une économie non négligeable ; celle-ci peut être utilisée dans l’amélioration des soins fournis aux malades. Le corollaire de cette conclusion est que la consultation pré anesthésique reste la pierre angulaire de l’évaluation du risque anesthésique. L’interrogatoire et l’examen clinique sont les principales sources d’information et que certains tests peuvent être utiles dans les situations où ils sont indiqués du fait des antécédents médicaux, de l’examen clinique ou de l’intervention envisagée ou lorsque l’étape clinique montre ses limites. Enseignement Post Universitaire STAFF du Service d’Anesthésie Réanimation - CHU Charles Nicolle Lundi 15 h Salle de Réunion Lundi 2 Avril 2001 La Tomodensitométrie du traumatisme cranien Lundi Lundi Lundi Lundi Lundi Lundi Lundi Lundi Lundi Lundi 16 Avril 2001 23 Avril 2001 30 Avril 2001 07 Mai 2001 14 Mai 2001 21 Mai 2001 28 Mi 2001 1 1 Juin 2001 18 Juin 2001 25 Juin 2001 Les études de coût en antesthésie Les Lactates en réanimation La réaniamtion des pancréatites graves Les gags de la machine d’anesthésie Dépistage des germes multirésistants en réanimation Les morphiniques en milieu obstétrical Les Complications respiratoires des oesophagectomies Analgésie post opératoire pour bloc périphérique des membres L’Embolie pulmonaire. Données actuelles Cas Cliniques Dr. A. Daoud Dr. F.Tenazakhti Dr. M. Daghfous Dr. Ben Miled Dr. M. Othmani Dr. M. Houissa Dr. A. Jbali Dr. H. Maghrebi Dr. M. Othmani Dr. M. Mermeche Dr. A. Cherif J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 559 9 LES EXAMENS COMPLEMENTAIRES PREOPERATOIRES CHEZ L'ENFANT O Kaabachi Tableau I : Protocole de prescription du bilan para clinique préopératoire - Chir. Majeure - Chir. Mineure (1) Age (2) - < 2ans - > 2ans Pathologie : Sd. malforamatif non etiqueté Scoliose +atteinte respiratoire Cardiopathie Diabète Asthme Epilepsie 1 x Plaque -ttes 1 x TPTCK 1 X x x X GS Hb 1 x x Glycé -mie Rx thorax Echo coeur ECG X EFR GDS X X X X X x x x (1) : Nous avons considéré comme chirurgie majeure, la chirurgie à haut risque hémorragique telle que la chirurgie du Rachis, la chirurgie tumorale (Prothèse), la chirurgie du bassin, et la chirurgie fémorale. (2) : Le choix de la limite d’âge de 2 ans, correspond habituellement à l’âge moyen de la marche de l’enfant porteur de malformation type pied bot varus équin, luxation congénitale de la hanche, … ( l’âge de marche d’un enfant normal est de 1 an). Tableau II : Examens complémentaires et leur impact Nb patients (%) GS RAI NFS Plaquettes TP - TCK Rx Thorax Echocardiographie 234 (46,7) 3 228 (45,5) 228 (45,5) 187 (37) 27 (0,05) 5 (0,01) 0 3 (14,4) 2 (0,9) 1 (0,5) 0 0 4 (0,03) 0 0 0 0 Nb anomalies (%) % impact décisionnel Tableau III : DIX QUESTIONS UTILES POUR EVALUER UN TROUBLE DE L'HEMOSTASE (21) 1 Saignement supérieur à 24 heures ou nécessitant une transfusion après traumatisme ou chirurgie mineure (circoncision, amygdalectomie, suture) ? 6 Ecchymoses fréquentes sans cause apparente ? 7 Epistaxis nécessitant un traitement chirurgical ? 8 Extraction dentaire nécessitant une suture ? 2 Saignement supérieur à 12 heures après section du cordon ombilical ? 3 Saignement après une extraction dentaire dans la nuit ou après 24 heures ? 4 Hématurie ? 5 Même questions pour la fratrie et les parents. J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 6 60 0 9 Saignement 15 minutes après une ponction veineuse ? 10 Tendance au saignement connue ? Organise le 19 ma i _2001 _ à L’H ôta l Abou Nawas de G am marth à pa rtir d LES EXAMENS COMPLEMENTAIRES PREOPERATOIRES CHEZ L'ENFANT R E F E R AspectsO Kaabachi médico-légaux E N C E et responsabilité en Anesthési S 1 American Academy of pediatrics. Preoperative chest radiographs. preoperative coagulation screening for tensillectomy and adenoidecPediatrics 1983 ; 71 : 858-863. tomy. Int J Pediatr Otorhinolaryngol 1987 ; 13 : 237-244. 2 Kaplan EB, Sheiner LB, Boeckman AJ et al. The usefulness of preo18 Erban SB, Kinman Jl, Sandfond Schwartz J. Routine use of the prothrombin and partial thromboplastin times. JAMA 1989 ; 262 : perative laboratory sceening. JAMA 1985 ; 253 : 3576-3581. 2428 - 2432. 3 Leonard JV, Clayton BE, Colley Jr. Use of biochemical profile in children's hospital : Results of two controlled trials. Br Med J 1975 ; 19 John M, Eisenberg MD, John R. Prothrombin and partial throm2 : 662-665. boplastin times as preoperative screening tests. 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Mayo Clin Proc 1991 ; 66 : 155-159. prospective. Ann Fr Anesth Reanim 1989 ; 8 : 64. L’H ôtal Abou Nawas de Gam marth à partir de 15h 23 Desmonts JM, Chastany C, Barrier G, Otteni Jc, Scherpereel P, 8 Roizen MF. Preoperative patient evaluation. Can J Anesth 1989 ; 36 : Rouet ? 23) Desmonts JM, Chastany C, Barrier G, Otteni Jc, 513-519. 9 Robins JA, Rose SD. Partial thomoboplastin time as a screening test. Scherpereel P, Rouet ? Clein JP. Quels sont les examens complémenAnn Intern Mes 1979 ; 90 : 796-797. taires préopératoires à pratiquer chez les enfants classe ASA I ? Ann 10 Blery C, Charpak Y, BEN Kemmoun R, Pharm J, Brage D, Zindel G Fr Anesth Réanim 1989 ; 8 : 65. Or ganise e n collabora n ave c Filippo JA. The value of 24 Farn sworth PB, Steiner E, KleintioRm, San et al. Evaluation d'un protocole de prescription sélective des examens routine preoperatoire chest roentgenograms in infants and children. paracliniques préopératoires chez des sujets sains. 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An assessment of Salle Selmia – Hôtel El M ectel La Société Tunisienne d’Analgésie et d’Anesthésie-Réanimation La Société Tunisienne d’Analgésie et d’Anesthésie Réanimation Aspects médico-légaux et responsabilité en Anesthésie La Société Tunisienne d’Ophtalmologie L’anesthésie en ophtal mologi e Sou La Soci d’ Le Servi l’Inst L’Unité de Int de Ma Un Ense La Société Tunisienne d’Analgésie et d’Anesthésie Réanimation Sous l’égide de Or ganise e n collabora tion ave c La Société Tunisienne d’Analgésie et d’Anesthésie-Réanimation La Société Tunisienne d’Ophtalmologie Une jo urnée de Fo rm ation anim ée p ar Le Servie d’Anesthésie-Réanimation de l’Institut National de Neurologie Dr Jacques Ripart-CHU d e Nîmes-France En collaboration av ec Sur le thème de L’Unité de Neurotraumatologie et de Soins Intensifs Neurochirugicaux de l’Hôpital de La Timone Marseille: Pr. N. BRUDER L’anesthésie en ophtalmologi e Le 2 de L’I N 12- Salle Selmia – Hôtel El M ectel Or ganisent Un Enseignement Post- Universitaire Renseignements : 764 845 3456- Le 24 mai 2001 de 14h à 18h J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 6 61 1 Les di f et im p Retent Cons éq Retent Com pl La pos pré ven Pos tur Intérêt de l’électrocardiogramme systématique en préopératoire : A propos de 3267 cas. Usefulness of routine preoperative ECG : a study of 3267 cases. M. Marmech , M. Abdellaoui , S. Ghédira. ,M. Othmani , M. Houissa, A. Daoud . Service d’Anesthésie-Réanimation , CHU Charles Nicolle ,Tunis - Tunisie Résumé : L’objectif de cette étude rétrospective est d’évaluer l’intérêt de l’ECG pré-opératoire systématique en chirurgie programmée. Patients et méthodes : Nous avons inclus les patients ayant bénéficié d’une consultation d’anesthésie durant l’année 1998. Les patients ayant eu une fiche de consultation incomplète n’ont pas été inclus. Les éventuelles anomalies de l’ECG ainsi que leurs conséquences décisionnelles ont été relevées. Résultats : Parmi les 4037 patients inclus, 3267 (81p.100) ont bénéficié d’un ECG. L’âge moyen des patients était de 54 ± 17 ans. L’ECG était anormal chez 13 p.100 des patients. Le taux d’anomalies était statistiquement plus élevé chez les patients de sexe masculin, ceux dont l’âge était supérieur ou égal à 40 ans et ceux classés ASA III ou IV. L’ECG systématique a permis de détecter des anomalies chez les patients sans antécédents cardiaques connus dans 8,5 p.100 des cas. Ces anomalies ont motivé la demande d’un avis de cardiologie ou d’une échocardiographie dans respectivement 0,7 et 0,35 p.100 des cas. Conclusion : Les anomalies détectées par l’ECG pré-opératoire systématique sont rares chez les patients ASA I asymptomatiques de moins de 40 ans. Leur impact sur la prise en charge pré-opératoire est faible. La prescription de cet examen doit être sélective chez les patients âgés de moins de 40 ans. Mots clés : ECG pré-opératoire systématique, consultation d’anesthésie. J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 6 62 2 Summary The aim of this retrospective study is to evaluate routine preoperative ECG in elective surgery. We included all patients assessed preoperatively during 1998. We noted all abnormalities on ECG and their effects on anaesthetic management. Only 3267 patients (81 p.100 of patients) examined in 1998 had an ECG. The mean age was 54 ± 17 years. ECG was abnormal in 13 p.100 of patients. Abnormalities were more frequently observed in males, aged more than 40 years and ASA class III or IV patients. Abnormalities on ECG were observed in 8.5 p.100 of patients without history of a cardiac disease . Cardiac ultrasonography was done in 0.35 p.100 of patients with an abnormal ECG. We also referred 0.7 p.100 of such patients to heart specialist. Abnormalities on routine preoperative ECG in ASA class I, asymptomatic adults before 40 years are not frequent and they rarely affect anaesthetic management. However, ECG remains useful in selected populations aged less than 40 years . Key words : Preoperative assessment , routine ECG . J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - P.. 6 62 2 P INTRODUCTION : Parce que la maladie coronarienne est un facteur de risque cardiaque périopératoire, l’électrocardiogramme (ECG) appartient depuis des décennies à l’évaluation préopératoire. Pourtant sa prescription systématique à l’admission apporte seulement dans 1 % des cas une information complémentaire de l’examen clinique pour un patient non cardiaque [ 1 ] Depuis les années 80, plusieurs recommandations ont été publiées, limitant la prescription systématique de l’ECG [2 - 5 ]. Malgré ces recommandations, l’ECG continue à être pratiqué d'une manière quasi-systématique dans le cadre du bilan préopératoire "standard". Ceci est à l’origine d’un surcoût et d’une augmentation de la charge de travail du personnel médical et paramédical. L’objectif de cette étude rétrospective réalisée au service d’Anesthésie Réanimation du CHU Charles Nicolle est J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 6 62 2 d’évaluer la situation actuelle en terme de prescription préopératoire systématique de l’ECG, de déterminer la fréquence des anomalies électrocardiographiques chez les patients asymptomatiques et de préciser l’intérêt de l’ECG systématique en matière de conséquences décisionnelles. PATIENTS ET MÉTHODES : Nous avons inclus de façon rétrospective les patients ayant bénéficié, durant l’année 1998, d’une consultation d’anesthésie, en vue d’une intervention chirurgicale ou d’une procédure d’exploration non chirurgicale programmées. Les examens complémentaires sont demandés par le chirurgien, car le service d’Anesthésie Réanimation ne dispose ni de locaux ni de personnel para-médical en nombre suffisant pour pouvoir gérer la demande et la Toutes les correspondances serons adressées à : Dr Mounir Marmech e-mail : [email protected] Intérêt de l’électrocardiogramme systématique en préopératoire : A propos de 3267 cas. récupération des examens paracliniques. Pour les services qui ne disposent pas d’un appareil d’ECG, les patients sont adressés à la consultation de cardiologie. Les données de l'interrogatoire, de l'examen clinique et les résultats des examens complémentaires sont notés sur une fiche dont une copie est gardée au service d'Anesthésie-Réanimation. Les patients ayant une fiche de consultation incomplète n’ont pas été inclus. Chez tout patient ayant eu un ECG, nous avons relevé l’âge, le sexe, les antécédents (ATCD) cardio-vasculaires, la classe physique ASA, le type de chirurgie ou de procédure proposé, les éventuelles anomalies éléctrocardiographiques détectées ainsi que leurs conséquences décisionnelles (demande d’un avis de cardiologie ou d’une échocardiographie). Pour l’analyse statistique nous avons eu recours au test de Chi2 avec un seuil de signification de 5 % . RÉSULTATS : Durant la période de l’étude 4037 patients ont été inclus dont 81 p.100 (3267) ont bénéficié d’un ECG. L’âge moyen des patients était de 54 ± 17 ans avec un sexe ratio égal à 1,04 Les patients âgés de plus de 60 ans constituaient la classe d’âge prédominante. La quasi totalité des patients (96 %) étaient classés ASA I ou II. La chirurgie urologique occupe le premier rang (26,96 %).La chirurgie ophtalmologique et la chirurgie digestive viennent respectivement en deuxième et troisième position (figure 1). Le taux des patients ayant des antécédents cardio-vasculaires était de 20,4 %. L’hypertension artérielle vient en première position, suivie par l’insuffisance coronaire (tableau I).Dans ce groupe de patients, 7 p.100 avaient au moins deux ATCD cardio-vasculaires. L'ECG était anormal chez 13 p.100 des patients. Les troubles de la conduction viennent en première position, suivis par les troubles de la repolarisation. (Tableau II ). Le taux d’anomalies était statistiquement plus élevé chez les patients de sexe masculin et chez ceux dont l’âge était supérieur ou égal à 40 ans (p < 0,001). De même les anomalies électrocardiographiques étaient significativement plus fréquentes chez les patients classés ASA III ou IV et chez ceux ayant des ATCD cardio-vasculaires (p < 0,001) . L’ECG systématique a permis de détecter des anomalies chez des patients non cardiaques connus dans 8,5 p.100 des cas. Ces anomalies ont motivé la demande d’un avis de cardiologie ou d’une échocardiographie dans respectivement 0,7 p.100 et 0,35 p.100 des cas. DISCUSSION : Dans notre étude, 81 p.100 des patients ont bénéficié d’un ECG préopératoire qui a permis de détecter des anomalies dans 13 p.100 des cas. Chez les patients non cardiaques, le taux d’anomalies était de p.100 Pour ces patients, un avis de cardiologie a été demandé dans 0,7 p.100 des cas et une échocardiographie dans 0,35 p.100 des cas. Dans la littérature Le taux d’anomalies détectées par l’ECG systématique varie selon les études de 4,6 p.100 à 31,7 p.100 . Ces anomalies ont eu des conséquences décisionnelles dans 0 à 2,2 p.100 des cas [6-14] . L’étude de Tait et coll [1] portant sur 1000 patients ASA M. Marmech I et II a montré que 5,1 p.100 de ceux qui avaient une anomalie à l’ECG ont eu des examens complémentaires et il y a eu gain d’information seulement pour un patient (valvulopathie mitrale). Dans notre étude, 35,12 p.100 des anomalies détectées étaient des troubles de la conduction, suivis par les troubles de la repolarisation (17,91 p.100). L’onde Q de nécrose a été détectée dans seulement 8,38 p.100 des cas . Pour les troubles de la conduction, l’ECG de base n’apporte pas forcément des renseignements escomptés en raison du caractère paroxystique de ces anomalies. Dans l' étude du Centre Hospitalier de Lagny [15]et celle de Fisch [16] ( patients indemnes de maladies cardiovasculaires), les troubles de la conduction étaient les anomalies les plus fréquemment détectées, respectivement dans 46,5 p.100 et 1 p.100 des cas. En terme de conséquences décisionnelles les blocs auriculo-ventriculaires du 1er degré et les blocs bifasciculaires évoluent rarement vers le bloc complet sans symptômes prémonitoires et ne justifient pas la mise en place d’un stimulateur. Chez les sujets asymptomatiques, la découverte d’une extrasystolie ventriculaire n’incite généralement pas à prescrire un traitement anti-arythmique. L’hypertrophie ventriculaire gauche, rarement détectée par l’ECG (2,3 p.100 des anomalies dans l'étude de Lagny [15] ) n’a pas de conséquences thérapeutiques validées en l’absence d’HTA, de signes fonctionnels ou d’anomalies . Le rôle le plus important de l’ECG préopératoire chez les patients asymptomatiques est la détection d’un infarctus du myocarde (IDM) méconnu .En effet un antécédent d’IDM récent ( moins de six mois) constitue un facteur de risque majeur de complications cardiaques postopératoires [17] : 37 p.100 de risque si la nécrose est survenue moins de 3 mois avant l’intervention et 16 p.100 entre le 3ème et le 6ème mois avec un risque élevé de mortalité post-opératoire (60 p.100) . Le diagnostic d’infarctus récent par l’ECG est important à faire, mais l’onde Q ne donne pas d’indication sur la date de l’infarctus et n’en est pas pathognomonique. Maggio et coll [18] n’ont pas observé à partir de 990 patients de relation entre la présence d’onde Q et la survenue de complications cardiaques . L’étude de Framingham [19] a rapporté une incidence de 5,64 infarctus du myocarde silencieux pour 1000. Pour un homme de 60 ans, la valeur prédictive positive de découvrir un infarctus à partir d’une onde Q pathologique était de 2,9 p.100. Cette valeur était de 5,3 p.100 pour un homme de 65 ans et de 1,9 p.100 pour une femme du même âge . De plus, chez les patients dont le risque d’atteinte coronarienne est élevée (âge >75ans), l’incidence de l’apparition d’une onde Q d’un infarctus asymptomatique dans les 6 mois précédant l’intervention est très faible (< 0,5p.100) [3]. Les troubles de la repolarisation sont des signes plus sensibles mais moins spécifiques des coronaropathies .Dans l'étude de Sox , leur prévalence était de 4,3 p.100 chez des hommes adultes asymptomatiques [20] . Dans notre étude, le taux d’anomalies était statistiquement plus élevé chez les patients de sexe masculin, chez ceux dont l’âge était supérieur ou égal à 40 ans et chez les J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 6 63 3 Intérêt de l’électrocardiogramme systématique en préopératoire : A propos de 3267 cas. patients classés ASA III ou IV. A partir d’une synthèse de 4 études , Goldberger et coll ont montré que la prévalence de ces anomalies électriques augmentait exponentiellement avec l’âge. La prévalence passe de 10 p.100 à 35 ans à 25 p.100 à 57 ans et elle est supérieure à 50 p.100 après l’âge de 70 ans [3]. Chez les sujets de moins de 40 ans, la prévalence des anomalies de l’ECG est de 3 à 4 p.100 et la majorité d’entre elles sont mineures [6]. De même dans l'étude de Velanovich [21] un âge supérieur à 40 ans et les classes ASA III et IV étaient des facteurs prédictifs d'anomalies de l'ECG . Mc Cleane et coll ont montré que la prévalence des anomalies électriques augmente avec la classe ASA [22] . D’après l'étude de Velanovich [21] comme dans notre travail, la prévalence des anomalies de l’ECG augmente chez les patients qui soufrent d'une pathologie cardiaque. L’évolution des recommandations montre une limitation de plus en plus stricte des ECG systématiques préopératoires, l’American College of Physicians [3] et la SFAR (2) recommandent la prescription d'un ECG avant un geste chirurgical chez : ● Les hommes âgés de plus de 40 ans ou les femmes de plus de 55 ans. ● Les patients ayant une maladie systémique ou des conditions pouvant être associées à des anomalies cardiaques importantes ( HTA, maladie vasculaire périphérique, diabète). ● Les patients prenant des thérapeutiques à toxicité cardiaque ou pouvant être associées à des anomalies de l’ECG (antidépresseurs tricycliques). ● Les patients à risque d'anomalies électrolytiques majeures . Deux sociétés savantes américaines de cardiologie (the American College of Cardiology, the American Heart Association) ont proposé en 1991 un consensus qui concluait que l’ECG avant un geste chirurgical était utile chez un patient de plus de 40 ans et inutile chez un patient de moins de 30 ans sans risque cardio-vasculaire [5]. En France, les Références Médicales Opposables de 1993 précisent qu’il n’y a pas lieu de faire un ECG avant l’age de 40 ans chez l’homme, avant 50 ans chez la femme dans le cadre de la chirurgie courante, hors urgence, en l’absence d’ATCD pathologiques précis, de facteurs de risque, de prise de médicaments pouvant interférer avec l’anesthésie et/ou l’acte chirurgical, d’anomalies de l’examen clinique. CONCLUSION : Il n’existe aucune justification scientifique pour réaliser un ECG systématique chez les sujets de moins de 40 ans, asymptomatiques, sans facteurs de risque, de classe ASA I ou II. Au contraire, la faible valeur prédictive positive de cet examen rend plus difficile l’affirmation d’un risque périopératoire en cas d’anomalie. La prescription de l’ECG en préopératoire ne devrait plus être systématique avant 40 ans . Une stratégie adaptée de prescription sélective se basant sur des éléments cliniques (données de l'interrogatoire et de l'examen physique) doit être adoptée dans le cadre d’une consultation d’anesthésie. J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 6 64 4 M. Marmech Figure 1 : Répartition des malades selon le type de chirurgie Tableau I- Antécédents cardiovasculaires ATCD Cardiovasculaires Fréquence relative (%) Hypertension artérielle 79.60 Insuffisance coronaire 08.10 Valvulopathie (s) 04.50 Arythmie complète par fibrillation auriculaire 02.45 Insuffisance cardiaque 02.45 Autres 02.90 Tableau II- Anomalies électrocardiographiques Anomalies de l’ECG Troubles de la conduction Troubles de la repolarisation Fréquence relative (%) 35.12 17.91 ESV 14.18 HVG 13.95 AC/FA 10.46 Onde Q de nécrose 08.38 ESV : extra-systolie ventriculaire, HVG : hypertrophie ventriculaire gauche, AC/FA : arythmie complète par fibrillation auriculaire Intérêt de l’électrocardiogramme systématique en préopératoire : A propos de 3267 cas. M. Marmech REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1 Tait AR, Parr HG, Tremper KK. Evaluation of the efficacy of routine preoperative electrocardiograms. J Cardiothorac Vasc Anesth 1997 ; 11 : 752 - 5 11 Sommerville TE, Murray WB. Information yield from routine preoperative chest radiography and electrocardiography. S Afr Med J 1992 ; 81 :190-6. 2 Haberer JP. Quels examens pré-anesthésiques prescrire chez l’adulte ? In :SFAR ; Conférences d’actualisation.Congrès national d’anesthésie et de réanimation. Paris ; Masson,1994 : 149 - 60. 12 Callaghan LC , Edwards ND, Reilly CS. Utilisation of the preoperative ECG. Anesthesia 1995 ; 50 : 488-90. 3 Goldberger AL, O’Konski M. Utility of the routine electrocardiogram before surgery and on general hospital admission.Critical review and new guidelines. Ann Intern Med 1986 ;105 :552-7. 4 Marty J. Quelles sont les références médicales opposables (RMO) applicables à la consultation d’anesthésie ? In : La consultation d’anesthésie et la préparation du malade à l’intervention .Paris ; arnette,1997 : 19-20. 5 Schlant RC ,Adolph RJ ,Dimarco JP ,et al. Guidelines for electocardiography. A report of theAmerican College of Cardiology /American Heart Association Task Force on assessment of diagnostic and therapeutic cardiovascular procedures (commitee on electrocardiography). J Am Coll Cardiol 1992 ;19 :473-81. 13 Perez A ,Planell J , Bacardaz C. Value of routine preoperative tests : a multicenter study in four general hospitals. Br J Anaesth 1995 ;74 : 250-6. 14 Escolano F ,Gomar C, Alonso J ,Sierra P. Usefulness of the preoperative electrocardiogram in elective surgery. Rev Esp Anestesiol Reanim 1996 ;43 (9) :305-9. 15 Charles Jeleff. Etude rétrospective sur 1485 patients anesthésiés au centre hospitalier de Lagny-Sur-Marne. Thèse de doctorat en médecine. Paris ;1989. 16 Fisch C. Anomalies de l’ECG chez des sujets cliniquement normaux JAMA 1983 ; 8 :506-10 17 Tarhan S ,Moffltt E ,Taylor WF et al. Myocardial infarction after general anesthesia. JAMA 1972 ; 220: 1451- 4. 6 Paterson KR , Caskie JP,Galloway DJ. The preoperative electocardiogram : an assessment. Scott Med J 1983; 28 :116-8. 7 Turnbull JM , Buck C. The value of preoperative screening investigations in otherwise healthy individuals. Arch Intern Med 1987 ;147 : 1101-5. 8 Yipintsoi T ,Vasinanukorn P ,Sanguanchua P. Is routine preoperative electocardiogram necessary ? J Med Assoc Thai 1989 ;72 :16 - 20. 19 Kannel WB, Abbott RD Incidence and prognosis of myocardial infarction .An update on the Framingham study. N Eng J Med 1984; 311: 1144-7 9 Adams JG.Jr, Weigelt JA ,Poulos E. Usefulness of preoperative laboratory of patients undergoing elective herniorrhaphy. Arch Surg 1992 ; 127 : 801- 4. 20 Sox HC, Garber AM, Littenberg B. The resting electrocardiogram as a sreening test. A clinical analysis. Ann Intern Med 1989 ; 111 : 489-502 10 Bhuripanyo K ,Prasertchuang C. The impact of routine preoperative electrocardiogram in patients age > or = 40 years in Srinagarind Hospital. JMed Assoc Thai 1992 ;75 :399-406. 18 Maggio C., Bonzano A., Conte E. et al. Preoperative evaluation in noncardiac surgery : cardiac risk assessment. Qual Assur Health Care 1992; 4: 217-24 21 Velanovich V. Preoperative laboratory screening based on age, gender and concomitant medical diseases. Surgery 1994; 115 (1) : 56-61 22 Mc Cleane GJ, McCoy E. Routine preoperative electrocardiography. Br J Clin Pract 1990 ; 44 : 92-5. Sous l’égide de La Société Tunisienne d’Analgésie et d’Anesthésie-Réanimation Le Servie d’Anesthésie-Réanimation de l’Institut National de Neurologie En collaboration avec L’Unité de Neurotraumatologie et de Soins Intensifs Neurochirugicaux de l’Hôpital de La Timone Marseille : Pr. N. BRUDER Organisent Un Enseignement Post- Universitaire Le 24 mai 2001 de 14h à 18h à L’Institut National de Neurologie Thème : La Posture en Neurochirurgie 1- Les différentes postures en neurochirurgie : installation et impératifs chirurgicaux. 2- Retentissement hémodynamique de la posture. Conséquences pratiques pour l’anesthésie. 3- Retentissement respiratoire de la posture. 4- Complications neurologiques de la posture. 5- La position assise-l’embolie gazeuse : monitoring, prévention, traitement. 6- Posture et rachis instable : risques et attitude pratique. Pour toute information contactez : Dr. Chokri KADDOUR - Tél : 560 411 - e.mail : chokri.kaddour @ rns.tn J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 6 65 5 EVALUATION DE L’ASSOCIATION SUFENTANILMORPHINE EN INTRATHECALE POUR LA CHIRURGIE DE LONGUE DUREE. ASSESSMENT OF SPINAL SUFENTANIL-MORPHINE FOR LONG SURGERY. M Ferjani , I Labbene , A Jebali, M Belhaj Amor , K Lamine , MA Dhahri Département d’anesthésie réanimation Hôpital militaire de Tunis - Tunisie e-mail : [email protected] Résumé Objectifs : Comparer l'efficacité analgésique et les effets secondaires de deux doses de sufentanil (0,5µg.Kg-1 et 1µg.Kg-1) associées à 300µg de morphine administrées par voie intrarachidienne en complément d’une anesthésie générale durant la période per opératoire et les premières 24 heures des interventions de durée prévisible supérieure à 150 minutes. Type d’étude : Etude clinique prospective randomisée. Patients : cinquante deux patients répartis en deux groupes par tirage au sort. Méthodes : Une péri rachi analgésie combinée est pratiquée avant une anesthésie générale balancée. L’efficacité de l’analgésie peropératoire est jugée sur l’absence de réponse hémodynamique aux stimuli nociceptifs. La surveillance post opératoire concerne les paramètres hémodynamiques et respiratoires, la gazométrie artérielle et le score EVA toutes les heures pendant quatre heures puis toutes les trois heures jusqu'à la 24ème heure postopératoire. L’analyse statistique a utilisé le test de chi2 et l’ ANOVA. Résultats : Il n'y a pas de différence significative entre les deux groupes concernant l'analgésie peropératoire. La dose de 0,5 µg.Kg-1 de sufentanil en intrathécal autorise une extubation rapide pour la majorité des patients (81%). La dose de 1 µg.Kg-1 de sufentanil nécessite une ventilation postopératoire significativement plus prolongée (133+186 versus 34+41 min avec p = 0,002). L'association sufentanil-morphine est suffisante pour assurer une analgésie efficace pendant les 24 premières heures chez 77% des patients. L'incidence des effets secondaires classiques des morphiniques est comparable dans les deux groupes. Conclusions: L'association de 0,5 µg.Kg-1 de sufentanil et de 300µg de morphine en intrathécal peut être recommandée pour couvrir les besoins analgésiques en peropératoire et pendant les 24 premières heures des interventions de durée prévisible supérieure à 150 minutes. Mots clés: Analgésie; sufentanil; rachianesthésie; anesthésie générale. 66 6 J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 6 Objectives : to Compare the efficiency and the secondary effects of two doses of spinal sufentanil (0,5µg.Kg-1 and 1µg.Kg-1) associated to 300µg of morphine supplemented with general anesthesia during more than 150 minutes estimated length surgery. Study design : randomized prospective clinical trial. Patients : fifty two patients randomized in two groups . Methods : A spinal epidural combined analgesia is done before a balanced general anesthesia. The efficiency of intraoperative analgesia is judged on the heamodynamic criteria. The postoperative assessment concerns hemodynamics and respiratory parameters, the arterial blood gas and the EVA score hourly during four hours then every three hours until the 24 post-operative hour. The statistical study used the chi2 test and the analysis of ANOVA variance. Results : there is no statistical difference between the two groups about intraoperative analgesia . The dose of 0,5 µg.Kg-1 of sufentanil in spinal allows the extubation on table for the majority of patients (81%). The dose of 1 µg/Kg of sufentanil requires a post-operative ventilation more prolonged (133+186 versus 34+41 minutes). Association sufentanil-morphine is enough to assure an efficient analgesia during the first 24 hours at 77% of patients. The impact of the classic secondary effects of opioid is comparable in the two groups. conclusion: The intrathecal association of 0,5 µg.Kg-1 of sufentanil and 300µg of morphine can be recommended to cover intra and postoperative (first 24 hours) pain for interventions of estimated length more than 150 minutes. Key words: Analgesia; sufentanil; spinal anesthesia; general anesthesia. J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 6 66 6 L’administration d’une faible dose de morphine par voie sous arachnoïdienne pour l’analgésie postopératoire présente l’avantage d’être simple, fiable et prolongée(1). L'adjonction de sufentanil à la morphine intrathécale permet de réduire le délai d'action et de limiter les besoins en morphiniques en peropératoire. La dose de sufentanil J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 6 66 6 intrathécale associée à la morphine n’est pas connue. Dans ce travail, nous avons comparé l'efficacité analgésique et les effets secondaires de deux doses de sufentanil administrées par voie intrarachidienne ( 0,5µg.Kg-1 et 1µg.Kg-1) associées à 300µg de morphine pour la période peropératoire et pendant les 24 premières heures postCorrespondance: M Ferjani Département d’Anesthésie Réanimation Hôpital Militaire de Tunis. Mont Fleury ,1008 Tunis. e-mail : [email protected] EVALUATION DE L’ASSOCIATION SUFENTANIL-MORPHINE EN INTRATHECALE POUR LA CHIRURGIE DE LONGUE DUREE opératoires en complément d'une anesthésie générale balancée. PATIENTS ET METHODES C'est une étude prospective, randomisée, réalisée pendant une période d'une année allant du mois de juin 1998 au mois de juin 1999. Après accord du comité d’éthique et consentement éclairé des patients, nous avons inclus tous les patients de classe ASA I ou II proposés pour une chirurgie réglée, réputée douloureuse, de durée prévisible supérieure ou égale à 150 min. Les critères de non-inclusion sont : les patients présentant une contre-indication à la ponction sous- arachnoïdienne, les patients opérés en urgence et ceux présentant des critères prédictifs d'intubation difficile ainsi que la ventilation artificielle postopératoire programmée. Au bloc opératoire les patients sont randomisés dans l'un des deux groupes (0,5µg.Kg-1) ou (1µg.Kg-1) par un tirage au sort. Les patients du groupe (1µg.Kg-1) ont reçu 1µg.Kg-1 de sufentanil et 300µg de morphine en intrathécal, ceux du groupe (0,5µg.Kg-1 ) ont reçu 0,5µg.Kg-1 de sufentanil et 300µg de morphine en intrathécal, dans un même volume de 10mL de sérum physiologique. Un remplissage par 10 mL.Kg-1 de cristalloïdes a précédé la rachianalgésie qui est réalisée avant l'induction de l'anesthésie générale en position assise. L'espace péridural lombaire est repéré par la technique du mandrin liquide au moyen d'une aiguille de Tuohy de 18G. Une aiguille de rachianesthésie à pointe de crayon type Whitacre de 25 à 29G de calibre et de 120 mm de longueur est introduite à travers l'aiguille de Tuohy. Après avoir franchi la dure mère, un reflux de LCR est obtenu, le mélange sufentanil -morphine est injecté lentement. L'aiguille de rachianesthésie est ensuite retirée et un cathéter de calibre 20G est introduit par l'aiguille de Tuohy dans l'espace péridural sur une longueur de 3 cm. Ce cathéter ne sera utilisé qu'en postopératoire pour relayer l'analgésie de la morphine intrathécale. Le patient est remis en décubitus dorsal, sa fréquence respiratoire ainsi que ses paramètres hémodynamiques ( pression artérielle et fréquence cardiaque ) et le score de Ramsay sont relevés. Un éventuel bloc moteur ou sensitif est systématiquement recherché. L'induction de l'anesthésie générale a été faite par 2mg.Kg-1 de propofol et 0,6 mg.Kg-1 de rocuronium sans injection de morphinique. L'entretien de l'anesthésie a été assuré par un mélange N20/02 (FIO2= 50%), de l'isoflurane à une fraction inspirée de 1 à 1,5% et des réinjections de 0,15 mg.Kg-1de rocuronium selon la réponse au train de quatre. La fréquence cardiaque, la pression artérielle, la saturation artérielle en oxygène sont monitorées au moment de la réalisation de la rachianalgésie, puis en association à la pression partielle de CO2 en fin d'expiration (PETCO2) à 2,5,10,15,20,30,60,90,120,180 et 240 min. Un supplément de sufentanil est administré par voie intraveineuse si l'anesthésiste juge sur des critères cliniques (fréquence cardiaque et pression artérielle ) que l'analgésie est insuffisante après avoir éliminé une narcose peu profonde (augmentation de plus que 20% de la pression artérielle systolique et /ou de la fréquence cardiaque préopératoire), une hypovolémie (après une épreuve de remplissage par 500 mL de cristalloïdes) et/ou une anémie ( taux d’hémoglobine < 8 g/dl dans les interventions hémorragiques). M. Ferjani A la fin de l’intervention si les conditions d'extubation ne sont pas réunies la ventilation artificielle est poursuivie. Tous les patients sont surveillés dans le service de réanimation pendant une période d'au moins 24 heures. La gazométrie artérielle, la PA, la FC, l'intensité de la douleur post-opératoire évaluée par l'échelle visuelle analogique (EVA), la fréquence respiratoire, ont été relevées après l'extubation toutes les heures pendant 4 heures puis toutes les trois heures jusqu'à la 24ème heure postopératoire. L’analgésie est considérée suffisante lorsque le score EVA de repos est inférieur à 30 mm. L'échec de l'analgésie est défini par un score EVA de repos supérieur ou égal à 30 mm. Le complément d'analgésie est alors assuré par le cathéter péridural. Les effets indésirables des morphiniques administrés par voie péri médullaire ont été recherchés : la dépression respiratoire et la bradypnée ( fréquence respiratoire < 8 cycles/min), la somnolence, le prurit, la rétention urinaire, les nausées et les vomissements. Pour la comparaison des pourcentages, nous avons utilisé le test de Chi2 ou le test d’exactitude de Fisher dans le cas où les effectifs attendus sont inférieurs à 3. La comparaison des moyennes a été réalisée à l'aide de l'analyse de variance (ANOVA) dans le cas où les variances sont homogènes, dans le cas contraire, nous nous sommes basés sur le test non paramétrique de Kruskal-Wallis. Le seuil de signification adopté est de 5%. RESULTATS Cinquante deux patients ont été inclus dans l'étude. Vingt cinq patients ont reçu 1µg.Kg-1 de sufentanil et 300µg de morphine en intrathécal et ont constitué le groupe (1µg.Kg-1), 27 patients ont reçus 0,5µg.Kg-1 de sufentanil et 300µg de morphine en intrathécal et ont constitué le groupe (0,5µg.Kg-1). Les deux groupes étaient comparables du point de vue âge, sexe, poids, taille, body mass index, classe ASA et durée d'intervention (tableau I). Les interventions de chirurgie digestive pratiquées ont comporté 6 résections hépatiques pour carcinome hépatocellulaire (n=3) ou kyste hydatique du foie (n=3), 12 résections coliques, 10 gastrectomies pour tumeur gastrique, 4 cures d'énormes éventrations sus-ombilicales et 6 duodénopancréatectomies céphaliques pour tumeur pancréatique. Les interventions de chirurgie urologique pratiquées ont comporté 3 cystectomies pour tumeur vésicale et 5 néphrectomies pour cancer du rein avec curage ganglionnaire. Les interventions de gynécologie pratiquées ont comporté 4 hystérectomies avec annexectomie et 2 cures de prolapsus. Le délai moyen entre l'injection intrathécale et l'induction de l'anesthésie générale a été de 11+6 min dans le groupe (1µg.Kg-1) et de 10+7 min dans le groupe (0,5µg.Kg-1). Après la réalisation de la rachianalgésie et avant l'induction de l'anesthésie générale, 4 patients ont signalé un prurit ( 2 dans chaque groupe), trois patients ont présenté une bradypnée : un dans le groupe (1µg.Kg-1) et 2 dans le groupe (0,5µg.Kg-1). Le niveau de sédation apprécié par le score de Ramsay a été compris entre 2 et 3 pour tous les patients. Douze patients ont présenté un score de Ramsay =3. Une élévation significative de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle systolique lors de l'intubation trachéale a été notée chez un patient du groupe (1µg.Kg-1) et deux patients du groupe (0,5µg.Kg-1). Il n'existe pas de difféJ. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 6 67 7 EVALUATION DE L’ASSOCIATION SUFENTANIL-MORPHINE EN INTRATHECALE POUR LA CHIRURGIE DE LONGUE DUREE rence significative entre les deux groupes concernant l’évolution des paramètres hémodynamiques peropératoires (tableaux II et figures 1 et 2 ). Les doses de produits anesthésiques utilisées en peropératoire sont comparables dans les deux groupes ( tableau III). Le tableau IV résume les suites immédiates. Le nombre de malades extubés dans les 30 minutes après la fin de l'intervention est significativement plus élevé dans le groupe (0,5µg.Kg-1) par rapport au groupe (1µg.Kg-1). La durée moyenne de la ventilation postopératoire est significativement plus prolongée dans le groupe (1µg.Kg-1) par rapport au groupe (0,5µg.Kg-1). L'analgésie procurée par l'association sufentanil-morphine a été suffisante pendant les 24 premières heures postopératoires chez 18 patients du groupe (1µg.Kg-1) et 22 patients du groupe (0,5µg.Kg-1), la différence n’est pas significative. Le reste des patients soit 7 du groupe (1µg.Kg-1) et 5 du groupe (0,5µg.Kg-1) ont nécessité un complément d'analgésie par le cathéter péridural qui a permis de ramener le niveau du score EVA de repos à des valeurs <30 mm dans tous les cas. Le tableau V résume l'évolution des scores EVA au repos en postopératoire, il n'y a pas de différence significative entre les deux groupes. La fréquence des effets indésirables a été comparable pour les deux groupes. Concernant la dépression respiratoire, aucun des patients n'a nécessité la réintubation ou l'antagonisation des morphiniques. La saturation artérielle en oxygène a été maintenue à des valeurs supérieures à 95% pour tous les patients moyennant une oxygénothérapie par sonde nasale. La fréquence du prurit a été de 24% dans le groupe (1µg.Kg-1) et de 29% dans le groupe (0,5µg.Kg-1) avec une fréquence globale de 27%. Quarante pour cent des patients du groupe (1µg.Kg-1) et 25% des patients du groupe (0,5µg.Kg-1) ont présenté des nausées et/ou des vomissements. Aucun patient n'a présenté de sédation excessive, le score de Ramsay a été inférieur ou égal à 3 chez tous les patients. Parmi les patients n'ayant pas eu de sondage vésical en peropératoire pour une nécessité chirurgicale (10 dans le groupe (1µg.Kg-1) et 7 dans le groupe (0,5µg.Kg-1)), 40% des patients du groupe (1µg.Kg-1) et 55% des patients du groupe ont nécessité un sondage vésical évacuateur en postopératoire. DISCUSSION Nos résultats nous permettent d'affirmer qu'il n'y a pas de bénéfice de la dose de 1µg.Kg-1 de sufentanil intrathécal par rapport à la dose de 0,5µg.Kg-1. L'analyse des courbes de fréquence cardiaque et de pression artérielle a montré une stabilité satisfaisante avec l'absence aussi bien de pic hypertensif que de tachycardie significative. Aucun parmi les patients des deux groupes n'a nécessité de complément d'analgésie par voie intraveineuse. Se basant sur des critères hémodynamiques, les deux doses de sufentanil intrathécal utilisées dans notre étude ont été suffisantes et ont donné une analgésie peropératoire équivalente et intense pour des interventions de durée moyenne proche de 180 minutes. La dose moyenne de sufentanil intrathécal utilisée dans notre série a été de 70 µg dans le groupe (1µg.Kg-1) et de 35 µg dans le groupe (0,5µg.Kg-1). Les doses utilisées dans la littérature sont variables comme le montre le tableau VI qui résume les principaux travaux de la littérature utilisant le sufentanil J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 6 68 8 M. Ferjani par voie intrathécale associé à une anesthésie générale(25). Dans notre série l'augmentation de la dose de sufentanil est associée à une prolongation significative de la durée de ventilation postopératoire immédiate et de la proportion des patients nécessitant une ventilation postopératoire (tableau IV). La même dose de morphine étant utilisée pour les deux groupes, cette prolongation de la durée de ventilation pourrait être expliquée par la dose de sufentanil. La durée de ventilation dans le groupe (1µg.Kg-1) a été proche de celle rapportée par Ionescu et al. [5] pour 150 µg de sufentanil (135 minutes pour une intervention de 200 minutes). Dans l'étude de Swenson et al. [3] qui ont utilisé 50 µg de sufentanil intrathécal en chirurgie cardiaque, 8 parmi les 10 patients ont été extubés avant la 8ème heure, les deux autres opérés ont été maintenus ventilés pour des raisons qui ne sont pas en rapport avec la technique anesthésique. Dans l'étude de G Kuhlmann [6] combinant 50µg de sufentanil et 0,5 mg de morphine pour la chirurgie thoracique, 20% des patients ont nécessité une ventilation postopératoire de 1 à 3 heures. Le sufentanil administré par voie intrathécale a été suffisant pour bloquer les réponses hémodynamiques à l'intubation trachéale pour la majorité des patients. Dans les études utilisant le sufentanil par voie intrathécale combiné à l'anesthésie générale, aucun auteur n'a injecté des morphiniques par voie intraveineuse pour couvrir les stimuli nociceptifs de la laryngoscopie et de l'intubation [1,3,4,7]. Dans l'étude de Hansdottir et al. [2], 15 µg de sufentanil dilué dans 3 ml de sérum physiologique sont administrés en intrathécal avant l'induction de l'anesthésie générale chez 8 patients proposés pour thoracotomie, le fentanyl est utilisé par voie intraveineuse en peropératoire mais pas à l'induction. Ionescu et al. [7] ont utilisé 150 µg de sufentanil non dilué chez 10 patients proposés pour une chirurgie majeure, dans cette étude aucun morphinique n'est injecté à l'induction de l'anesthésie générale. Dans ces deux études les paramètres hémodynamiques au moment de l'intubation n’ont pas été étudiés. En chirurgie cardiaque, Swenson et al.[3] ont injecté 50 µg de sufentanil en intrathécal, l'induction de l'anesthésie générale a été faite sans injection de morphiniques. Les auteurs ont fait recours à des bolus d'esmolol pour traiter des cas de tachycardie à l'induction. Dans l'étude de Houweling et al. [4] portant sur des malades de chirurgie vasculaire proposés pour pontage aorto-fémoral , l'analgésie peropératoire est étudiée sur des critères hémodynamiques, les auteurs concluent que la dose de sufentanil intrathécal qu'ils ont utilisé (150 µg non dilués) est suffisante pour l'analgésie durant toute l'intervention y compris durant l'intubation trachéale. Plusieurs mécanismes peuvent être évoqués pour expliquer l'efficacité et la précocité de l'analgésie procurée par le sufentanil administré par voie intrathécale pour couvrir la douleur de l'intubation: les opioïdes même les plus lipophiles ont une diffusion rostrale rapide et précoce lorsqu'ils sont injectés au niveau lombaire, que la voie d'administration soit intrathécale ou péridurale [8,9] ; les opioïdes dilués dans du sérum physiologique sont hypobares [5] ce qui explique leur diffusion rostrale. Le volume injecté en intrathécal peut influencer le niveau sensitif [10]. Dans notre étude nous avons utilisé un volume de 10 mL ce qui favorise la diffusion rostrale du produit. L'absorption systémique du sufentanil intrathécal est rapide permettant sa détection EVALUATION DE L’ASSOCIATION SUFENTANIL-MORPHINE EN INTRATHECALE POUR LA CHIRURGIE DE LONGUE DUREE dans la circulation générale dès la deuxième minute après une dose de 150 µg [7], ce qui permet d'associer une action supra spinale à l'action spinale du sufentanil intrathécal. Cette association analgésie spinale-analgésie supra spinale n'est pas simplement additive mais synergique [11]. Aucun des patients des deux groupes n'a présenté de réponse hémodynamique significative à l'incision chirurgicale dans notre étude. La meilleure qualité de l'analgésie comparée à celle de l'intubation peut être expliquée par deux raisons: le délai plus long pour l'incision permettrait aussi bien une meilleure diffusion rostrocaudale qu'une meilleure fixation du sufentanil sur les récepteurs médullaires ; la stimulation nociceptive de l'intubation trachéale est supérieure à celle de l'incision chirurgicale. Dans notre étude nous avons utilisé le sufentanil pour assurer une analgésie peropératoire. La démonstration d'un bénéfice de l’association intrathécale de sufentanil-morphine pour l'analgésie postopératoire par rapport à la morphine seule nécessite un troisième groupe contrôle. L'efficacité de l'administration conjointe de 20 µg de sufentanil et de 200 µg de morphine a été évaluée par Mason et al. [12] dans une étude prospective randomisée en double aveugle comportant 34 patients proposés pour thoracotomie. Les patients sont répartis au hasard en deux groupes selon qu'ils recevaient ou non une injection intrathécale de sufentanil et de morphine. Le groupe analgésie intrathécale présente des scores EVA au repos et à la toux, et une consommation de morphine IV par PCA significativement inférieurs par rapport au groupe contrôle jusqu’a la 24 ème heure. Les auteurs concluent que l'administration conjointe de sufentanil et de morphine procure une meilleure analgésie que la morphine intraveineuse seule, notamment à la toux. Nous avons utilisé dans cette étude une dose de 300µg de morphine intrathécale, elle est suffisante pendant les 24 premières heures chez 77% des patients. Nous avons choisi de compléter l'analgésie par un cathéter péridural. Il est à signaler que cette analgésie péridurale n'est pas toujours réalisable: la ponction peut être techniquement impossible et l'échec de l'analgésie a été décrit [13]. La dépression respiratoire constitue l'effet indésirable le plus redoutable des morphiniques. Quelle que soit la voie d'administration choisie, ce risque est constant. Dans notre étude, 32% des patients ont développé au moins un épisode d'hypercapnie (PaCO2 > 45 mmHg) en postopératoire, cette hypercapnie n'a pas nécessité l'antagonisation et ne s'est accompagnée d'aucun signe clinique de dépression respiratoire. Le prurit a constitué l'effet indésirable le plus fréquent des morphiniques administrés par voie intrathécale. Dans notre étude sa fréquence globale a été de 27%. Il peut être généralisé mais il est fréquemment localisé à la face, au cou et à la partie supérieure du thorax [1,14]. L'incidence du prurit ne paraît pas être corrélée à la dose administrée [10], l'absence de différence significative entre les deux groupes (1µg.Kg-1) et (0,5µg.Kg-1) concernant la fréquence du prurit conforte cette hypothèse. L'association sufentanil-morphine comparée au sufentanil seul semble augmenter la fréquence du prurit [15]. Les nausées et les vomissements compliquent fréquemment l'injection intrathécale de morphine. L'incidence est corrélée à la dose administrée [16], elle est plus élevée quand la morphine intrathécale est utilisée [1,14]. Dans notre étude l'augmentation de la dose de sufentanil intrathécal paraît être responsable d'une aug- M. Ferjani mentation de la fréquence des nausées et des vomissements avec 40% dans le groupe (1µg.Kg-1) et 25% dans le groupe (0,5µg.Kg-1). L'incidence de la rétention urinaire après administration péri médullaire des morphiniques est très variable (estimée entre O et 80%) et survient plus fréquemment chez les adultes jeunes de sexe masculin [1]. CONCLUSION L'association de 0,5 µg.Kg-1 de sufentanil et de 300µg de morphine en intrathécal est une technique efficace qui permet d'assurer une analgésie intense per et postopératoire et une stabilité hémodynamique pour les interventions de durée supérieure ou égale à 150 minutes. Le réveil est calme grâce à une analgésie postopératoire intense, I'extubation se fait sur table (< 30 min) pour la majorité des patients. Cependant, une validation de la supériorité de l'association sufentanil-morphine versus morphine seule intrathécale concernant la qualité de l'analgésie postopératoire et l'incidence des effets secondaires est nécessaire. Tableau I : Caractéristiques démographiques des patients et durées des interventions dans les deux groupes (1µg.Kg-1) et (0,5µg.Kg-1). Groupe Groupe (1µg.Kg-1) (0,5µg.Kg-1) (n=25) (n=27) P= Age (ans) 52+17 54+ 13 0,62 Homme/Femme 12/13 11/16 0,59 Poids (Kg) 71+12 70+13 0,58 Taille (cm) 161+9 163+9 0,45 BMI 27 + 6 25 + 4 0,34 9 / 16 10 / 17 0,93 185 + 78 166 + 82 0,31 ASAI / ASAII Durée moyenne des interventions (min) BMI : body mass index, ASA : american society of anesthesiologists Tableau II : Paramètres hémodynamiques à l’intubation et à l’incision. Groupe (1µg.Kg-1) n=25 Groupe (0,5µg.Kg-1) n=27 Intubation FC intubation ( battements/min) PAS intubation (mm Hg) PAD intubation (mm Hg) 76 + 15 77 + 14 133 + 24 128 + 22 70 + 13 69 + 10 Incision FC incision ( battements/min) PAS incision (mm Hg) PAD incision (mm Hg) 67 + 8 69 + 9 117 + 24 118 + 20 67 + 13 63 + 9 FC : fréquence cardiaque, PAS : pression artérielle systolique, PAD : pression artérielle diastolique J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 6 69 9 EVALUATION DE L’ASSOCIATION SUFENTANIL-MORPHINE EN INTRATHECALE POUR LA CHIRURGIE DE LONGUE DUREE Tableau III : Comparaison des doses totales des produits anesthésiques utilisées à l’induction et en peropératoire Produits anesthésiques Propofol en mg Rocuronium en mg N2O en % Isoflurane en % Tableau VI : Etudes combinant le sufentanil intrathécal à l’anesthésie générale. Auteur Type de chirurgie Dose de sufentanil utilisée Morphinique par voie intraveineuse en peropératoire Swenson [3] Cardiaque 50µg Non Howeling [4] Vasculaire 150µg Non Abdominale 150µg Non 15µg Oui 0,5 et 1µg.Kg-1 Non Doses utilisées Groupe (1µg.Kg-1) Groupe (0,5µg.Kg-1) 158 ±23 102 ± 30 50±5 1,2±0,3 161±26 97 ± 33 51± 6 1,3±0,3 Tableau IV : Les suites opératoires immédiates : comparaison des deux groupes. Groupe Groupe (1µg.Kg-1) (0,5µg.Kg-1) n = 25 n = 27 VA postopératoire (n) 15 Durée moyenne de VA postopératoire (min) 133 ± 186 Durée moyenne de l’analgésie 19 ± 7 postopératoire (h) Complément d’analgésie par 7 le KtPD (n) PaCO2 moyenne 39 ± 6 (mmHg) M. Ferjani Ionescu [5] Hansdottir [2] thoracique Notre étude Générale 5* Fr é quence 34 ± 81* 100 cardiaque ( batt / min ) Gr . ( 0 ,5 g /kg ) Fr é quence 22 ± 3 90 100 cardiaque Gr . ( 1 ( batt / min ) Gr . ( 0 ,5 Gr . ( 1 8090 g /kg ) g /kg ) g /kg ) 5 80 70 39 ± 6 70 60 T 0 KtPD : cathéter péridural, VA : ventilation assistée, * : p = 0,002 T 2 T 5 T 10 T 15 T 20 T 30 T 60 T 90 T 120 T 180 T 240 temps ( min ) 60 T 0 T 2 T 10 T 15 T 30 T 60 T 90 T 120 T 180 T 240 Figure n ° 1T :5 Evolution de la Tfr20équence cardiaque perop ératoire temps Tableau V :Valeurs moyennes, en mm, des scores EVA au repos en postopératoire. Intervalle de mesure de l’EVA en heures ( min ) Figure n ° 1 : Evolution de la fr équence cardiaque perop ératoire Valeurs de l’EVA en mm Pression art é rielle ( mmHg Groupe (1µg.Kg-1) Groupe (0,5µg.Kg-1) H0 10±24 6±11 H1 13±30 6±9 Pression art 150 ( mmHg ) é rielle ) 150 140 140 130 130 120 120 110 H2 13±27 7±10 H3 6±13 79±10 H4 6±12 8±11 H7 13±25 6±9 H10 10±17 5±8 H13 13±28 8±14 H16 10±19 13±19 H19 8±15 9±13 H24 10±14 12±16 EVA : Echelle Visuelle Analogique J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 770 0 110 100 Gr . ( 0 ,5 100 Gr . ( 0 ,5 90 Gr . ( 1 g /kg ) Gr . ( 1 g /kg ) g /kg ) g /kg ) 90 80 80 7070 6060 5050 TT 00 T T 22 Figure n ° 2 : Evolution de la pression art Figure n TT5 5 T T1010 T 15 T 90 T 15 T 20T 20 T 30 T 30T 60 T 60 ° 2 : Evolution de la pression art perop 180 T T90120 T T120 é rielle systolique et diastolique é rielle systolique et diastolique 240 TT 180 temps T 240 ( min temps é ratoires perop é ratoires Les deux courbes supérieures correspondent à la pression artérielle systolique et les deux courbes inférieures correspondent à la pression artérielle diastolique ) ( min ) EVALUATION DE L’ASSOCIATION SUFENTANIL-MORPHINE EN INTRATHECALE POUR LA CHIRURGIE DE LONGUE DUREE M. Ferjani R É F É R E N C E S 1 2 3 4 5 6 7 8 Morgan M. The rational use of intrathecal and epidural opioids. Br J Anaesth. 1989 Aug;63(2):165-88. Hansdottir V, Hedner T, Woestenborghs R, Nordberg G. The CSF and plasma Pharmaco-kinetics of sufentanil after intrathecal administration. Anesthesiology. 1991 Feb;74(2):264-9. 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A.El Hijri, M.Harandou, N.Kanjaa, A.Azzouzi, H.Benerradi, A.Slaoui Service de réanimation chirurgicale-bloc opératoire central Hôpital AVICENNE CHU Ibn Sina de Rabat - Maroc Résumé La nécrose tumorale est une complication rare, mais grave du phéochromocytome. Elle peut être responsable de manifestations suraiguës secondaires à un relargage massif de catécholamines. Exceptionnellement, cette nécrose tumorale peut aboutir à une régression spontanée des signes cliniques du phéochromocytome. Nous rapportons un cas de phéochromocytome déclaré initialement par un tableau abdominal aigu d’évolution spontanément favorable. Le scanner abdominal et l’examen histologique de la pièce opératoire étaient en faveur d’un phéochromocytome nécrosé. Mots-Clés : nécrose tumorale – phéochromocytome - rémission. J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 7722 Summary : Tumoral necrosis is a rare, but serious complication of pheochromocytoma, and may present as an acute emergency with perplexing variety of symptoms and multiple organe dysfunction. Exceptionnally, the tumoral necrosis may result in spontaneous remission of clinical symptoms. We report a case of necrosed pheochromocytoma presenting as an abdominal emergency and followed by spontaneous remission. CT scan and histology confirmed tumoral necrosis. Key-Words : tumoral necrosis – pheochromocytoma - remission. J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 7722 INTRODUCTION : Le phéochromocytome se manifeste habituellement par une hypertension artérielle paroxystique ou permanente, et une triade hautement évocatrice associant : céphalées, sueurs et palpitations. Si le pronostic est bon quand on établit un diagnostic précoce et un traitement chirurgical à temps, il existe par contre des formes graves, secondaires le plus souvent à une nécrose tumorale, pouvant se manifester par des dysfonctions multiviscérales menaçant le pronostic vital [1-5]. Exceptionnellement, la nécrose tumorale peut induire une guérison et une régression de la symptomatologie. L’observation suivante concerne une forme de phéochromocytome nécrosé déclarée sur un mode grave et évoluant spontanément vers la guérison. OBSERVATION : Mme D.M, âgée de 53 ans, était admise dans le service de réanimation chirurgicale dans les suites d’une surrénalectomie droite pour phéochromocytome. La maladie avait débuté deux ans auparavant par une hypertension artérielle irrégulièrement traitée, accompagnée de façon intermittente de céphalées et de palpitations. Un mois avant son admission, la patiente avait présenté un tableau aigu associant des douleurs abdominales intenses, des vomisseJ. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 7722 ments, une oppression thoracique, des palpitations et un syndrome fébrile ; motif de son hospitalisation dans un service de médecine. L’examen clinique trouvait une patiente fébrile à 39°C, couverte de sueurs avec une cyanose des extrémités et polypnéique à 35 c.mn-1. La pression artérielle était à 230 / 140 mmHg et la fréquence cardiaque à 140 b. mn-1. L’auscultation pulmonaire était normale. La radiographie thoracique était sans anomalie. L’examen de l’abdomen révélait une défense franche au niveau de l’hypocondre droit, un météorisme diffus et un transit inaudible. Une urgence chirurgicale abdominale était suspectée. La radiographie de l’abdomen sans préparation était normale en dehors d’une distension intestinale sans niveaux hydroaériques. L’examen échographique de l’abdomen, gêné par les gaz, n’était pas concluant. Le scanner abdominal ne montrait pas d’épanchement intra-abdominal mais objectivait une tumeur surrénalienne droite de 6 cm de diamètre avec présence en son centre d’une hypodensité entourée de zones hyperdenses ; aspect compatible avec une tumeur nécrosée (figure 1). L’électrocardiogramme montrait une tachycardie sinusale et des troubles de repolarisation diffus à type d’ondes T négatives. Le bilan biologique montrait une hyperleucocytose à 14 000 éléments.m-3, une hypoglycéTirés à part : N.Kanjaa Service de réanimation chirurgicale-bloc opératoire central (PR. A.SLAOUI) Hôpital AVICENNE CHU Ibn Sina de Rabat- Maroc Tel : 00 212 61 22 90 37 REMISSION SPONTANEE DES SYMPTOMES DE PHEOCHROMOCYTOME SUITE A UNE NECROSE TUMORALE mie à 3,5 mmol.L-1 et un taux normal de CPK et de CPK MB. Les transaminases hépatiques étaient élevées (ALAT= 800 UI. L-1 ; VN=5-40 UI. L-1 et ASAT=1000 UI. L-1 ; VN=5-35 UI. L-1) et la bilirubinémie était à 60 µmol. L-1 (VN=2-20µmol. L-1). Le diagnostic de phéochromocytome était évoqué et confirmé par un dosage urinaire d’acide vanylmandélique qui était de 105 µmol. 24h-1(VN=5-30µmol. 24h-1). L’intervention chirurgicale était momentanément récusée dans l’attente d’une amélioration de l’état clinique. La prise en charge initiale a consisté en une perfusion de sérum glucosé et l’administration de nicardipine en intraveineux relayée par la prescription de nicardipine retard per os. L’évolution était marquée par une amélioration globale de l’état clinique au bout de 48 heures. La patiente était devenue apyrétique, avec régression des douleurs et de la défense abdominale. La pression artérielle s’était stabilisée autour de 120 / 70 mmHg et la fréquence cardiaque autour de 70 b. mn-1. La nicardipine per os a été progressivement arrêtée. La patiente était adressée dix jours après dans un service de chirurgie pour une surrénalectomie droite programmée. Celle-ci était réalisée deux semaines après son transfert du service de réanimation. L’examen pré-anesthésique trouvait, la veille de l’intervention, une patiente bien portante, autonome, ne rapportant aucun signe fonctionnel particulier, apyrétique et eupnéique. La pression artérielle était de 130 / 70 mmHg et la fréquence cardiaque de 70 b. mn-1 . Le reste de l’examen clinique ne notait pas de particularités. La radiographie pulmonaire était normale et l’électrocardiogramme montrait la persistance d’ondes T négatives . Les examens biologiques étaient normaux, en particulier la glycémie, les transaminases plasmatiques et la bilirubinémie. Une prémédication à base d’hydroxyzine per os était prescrite à la patiente. Le jour de l’intervention, une voie veineuse périphérique et un cathéter artériel radial pour monitorage continu de la pression artérielle sanglante étaient mis en place. L’induction anesthésique était réalisée avec 10 mg de midazolam, 250 mg de thiopental, 300 µg de fentanyl et 8 mg de vécuronium. L’entretien de l’anesthésie était assuré par un mélange de 40% d’oxygène, de 60% de protoxyde d’azote et de 0,5% d’halothane, ainsi que par des réinjections de fentanyl et de vécuronium. Le monitorage peropératoire comprenait en plus de la mesure invasive de la pression artérielle, un électrocardioscope, une oxymétrie de pouls et un capnographe. Une seringue auto pulsée de nicardipine était placée en « stand by ». Il a été noté quelques minutes après l’intubation oro-trachéale, une chute de la pression artérielle systolique de 130 mmHg à 90 mmHg ayant répondu au remplissage par du sérum salé à 0 ,9%. L’intervention a duré 75 minutes et s’est résumée en une exérèse simple de la surrénale droite. Pendant la manipulation de la tumeur et après son exérèse, aucune modification significative de la pression artérielle ni de la fréquence cardiaque n’ont été observées. La glycémie était de 9 mmol.L-1. La patiente était admise en réanimation et extubée une heure après. Les suites opératoires étaient simples, la pression artérielle restait stable. L’examen histologique de la pièce opératoire a confirmé le diagnostic de phéochromocytome avec présence de foyers diffus de nécrose hémorragique. La patiente était adressée dans le service de chirurgie 48 heures après l’intervention et a quitté l’hôpital six jours après. A.El Hijri COMMENTAIRES : La nécrose tumorale est une complication rare, mais grave de phéochromocytome. Moins de quarante cas sont décrits dans la littérature sous forme d’observations sporadiques[1,6]. Elle est le plus souvent de découverte autopsique, rarement tomodensitométrique, peropératoire ou histologique [1,7]. Elle peut parfois révéler un phéochromocytome jusque là silencieux cliniquement [7]. Cette nécrose tumorale généralement hémorragique, réalise volontiers un tableau d’urgence abdominale ( cas rapporté) [2,5]. Le saignement peut s’extérioriser et s’étendre au rétro-péritoine, au péritoine voire au thorax [7,8]. Par ailleurs, la nécrose tumorale peut être responsable d’un relargage massif de catécholamines pouvant être à l’origine de véritables nécroses d’organes par vasospasme et menacer à tout moment le pronostic vital [1,5,8-10]. A ce titre, tous les organes peuvent être touchés avec notamment : - atteinte cardiaque et cardiomyopathie adrénergique réalisant un tableau d’insuffisance cardiaque, d’insuffisance coronaire pouvant aboutir à un véritable infarctus du myocarde[1,11,12], ou un œdème aigu du poumon de type lésionnel[13]. - état de choc, décrit le plus souvent dans un cadre de grande sévérité, est d’origine multifactorielle. Il peut être en rapport avec une dysfonction myocardique, une rupture hémorragique de la tumeur ou un sevrage brutal en catécholamines des récepteurs inondés au préalable par la sécrétion tumorale[1,2,13]. L’état de choc peut être entrecoupé d’accès hypertensifs hautement évocateurs d’un phéochromocytome nécrosé[10]. - autres atteintes décrites dans la littérature à type : d’ischémie des membres[1,9], d’infarctus mésentérique[14], d’accident vasculaire cérébral [1,3], d’atteinte pancréatique[15] ou d’infarctus hémorragique splénique[16]. Dans le cas rapporté, l’augmentation du taux des transaminases plasmatiques et de la bilirubinémie observée initialement, peut être rattachée à une ischémie hépatique transitoire rentrant dans le même cadre pathologique que les différentes atteintes viscérales. La nécrose tumorale peut se manifester également par une hypoglycémie sévère s’expliquant par le phénomène de sevrage brutal en catécholamines chez un malade en hyperinsulinémie[1]. Si ces formes nécrosées, inhabituelles, font la gravité du phéochromocytome, il est des cas exceptionnellement rapportés dans la littérature, où cette nécrose peut conduire à une rémission spontanée des symptômes cliniques. Les atteintes associées telles que les dysfonctions d’organes et le diabète peuvent également régresser. Ce phénomène est bien mis en exergue par le cas rapporté. Dans ces formes de rémission spontanée, la nécrose tumorale réalise en quelque sorte une tumorectomie fonctionnelle par destruction du parenchyme tumoral secrétant[1,10,17]. CONCLUSION : La nécrose tumorale d’un phéochromocytome s’accompagne exceptionnellement d’une rémission spontanée des symptômes cliniques. Elle demeure une forme grave de phéochromocytome et doit être considérée comme une urgence chirurgicale. En effet, seule une sanction chirurgicale précoce, même périlleuse, permet de supprimer au plus vite la sécrétion tumorale J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 7733 REMISSION SPONTANEE DES SYMPTOMES DE PHEOCHROMOCYTOME SUITE A UNE NECROSE TUMORALE A.El Hijri ICONOGRAPHIE Figure 1: Scannographie abdominale. Tumeur surrénalienne droite de 6 cm de diamètre avec excavation hypodense entourée d’une zone hyperdense correspondant à un phéochromocytome nécrosé. Figure 1: Abdominal CT Scan. Right adrenal tumor with 6 cm of diameter . See the excavation with a decreased density surrounded of a zone with increased density corresponding to a necrosed pheochromocytoma . R 1 2 3 4 5 6 7 8 9 E F E R Kanjaa N, Khatouf M, El Hijri A, Harandou M, Azzouzi A, Benerradi H et al. Phéochromocytomes. Formes graves et inhabituelles. Ann Fr Anesth Réanim 1999 ;17:458-64. Akito T, Toshiro T, Shuzo Y, kasushig A. Pheochromocytoma presenting as shock and followed by spontaneous remission. Urol Int 1989;44:58-60. Fox JM, Manninen PH. The anesthetic management of a patient with a phaeochromocytoma and acute stroke. Can J Anaesth 1991;38:775-9. 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La Société Tunisienne d'Analgésie et d'Anesthésie Réanimation Une réflexion sur la responsabilité médicale Avec le Pr J.M DESMONTS La Société Tunisienne d'Analgésie et d'Anesthésie Réanimation Organi se le 19 Mai 2001 Doye n de la Faculté de médecine Xavier Bichat- Paris Thèmes - Aspects médico-légaux de la responsabilité médicale à l’hôtel Abou Nawas de Gam marth à partir de15H Une réflexion sur la responsabilité médicale - L’expertise médicale - Le partage des responsabilités - Etudes de dossiers Avec le Renseigneme nts au 7 64 84 5 Pr J.M DESMONTS Doye n de la Faculté de médecine Xavier Bichat- Paris Thèmes J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 774 4 - Aspects médico-légaux de la responsabilité médicale MISE AU Point MISE AU CLONIDINE EN EPIDURAL ET ANALGESIE POSTOPERATOIRE : LE POINT EN 2001. EPIDURAL USE OF CLONIDINE IN POSTOPERATIVE PAIN : A CLINICAL REVIEW. Ben Letaifa D, Ben Jazia K, Slama A, Jegham H. Service Anesthésie-Réanimation - C.H.U. Farhat Hached de Sousse - Tunisie Résumé Le but de cette revue est une analyse des publications les plus importantes sur l’utilisation clinique de la clonidine par voie épidurale dans le traitement de la douleur postopératoire. La clonidine produit une analgésie efficace lorsqu’elle est utilisée seule. Elle permet de réduire la consommation des autres agents analgésiques en association multimodale et de diminuer les effets secondaires de chacun des produits analgésiques. Les effets secondaires de la clonidine : hypotension artérielle, bradycardie et sédation justifient leur monitorage qui doit se prolonger pendant au moins deux heures après le dernier bolus injecté. L’administration de doses élevées de clonidine (>300mcg) doit faire surveiller la SpO2 même si la clonidine n’entraine pas de dépression respiratoire comme les opiacés. L’utilisation de la clonidine en pratique clinique routinière n’est pas à l’heure actuelle clairement définie. Mots clés : Clonidine – Epidural – douleur post opératoire J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 7755 Summary The goal of this review is to provide a clinically useful synthesis of published experience with clonidine for epidural use in postoperative pain, focusing on efficacy when administred alone and in combination with other analgesics. Clinical experience with epidural clonidine suggests that its combination with local anesthetics or opiates for epidural analgesia offers the advantage of reduced dose of each component with correspondingly fewer side effects. Clonidine also produces side effects, primarily hypotension, bradycardia, and sedation. Blood pressure and heart rate should be monitored for at least two hours after bolus clonidine injection and intravenous access maintained for fluid or drug administration. Sedation from clonidine is dose dependent, and wheares clonidine does not produce respiratory depression like opioids, pulse oximetry should be considered if large boluses (>300 mcg) are to be administred. Although not revolutionnary, clinical use of clonidine for epidural analgesia have to be defined. Key words : Clonidine – Epidural – Post operative pain J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - P.. 7755 P INTRODUCTION L’utilisation des agonistes a2 adrénergiques pour le traitement de la douleur aiguë postopératoire s’est développée en raison des limites des thérapeutiques classiques notamment les opiacés et les anesthésiques locaux. la dépression respiratoire due aux morphiniques reste la hantise de leur utilisation. D’autres effets secondaires moins graves mais toujours inconfortables tel que les nausées et les vomissements posent toujours problème. Les anesthésiques locaux, utilisés seuls ne procurent une analgésie satisfaisante que lorsque des doses importantes sont administrées. Ces hautes doses sont accompagnées de blocs moteurs importants susceptibles de compromettre la mobilisation précoce des patients. Tous ces inconvénients ont conduit à l’utilisation des agonistes a2 adrénergiques. La clonidine est actuellement le seul agoniste a2 adrénergique utilisé en clinique pour le traitement de la douleur postopératoire. Elle a été l’objet d’un Toutes les correspondances serons adressées à : Dr Dhafer Ben Letaifa e-mail : dhafer_benletaï[email protected] nombre important d’études dont la plupart ont montré l’effet bénéfique de son utilisation [1-10]. Cependant, cet intérêt considérable pour la clonidine et l’enthousiasme qu’elle a provoquée semble aujourd’hui régresser probablement en raison de l’amélioration constante des protocoles d’analgésie. Nous nous proposons dans cet exposé de revoir la place de la clonidine dans le traitement de la douleur postopératoire par voie épidurale et de discuter son intérêt à travers les dernières données de la littérature. MECANISME D’ACTION DE LA CLONIDINE L’utilisation de la clonidine est basée sur la présence au niveau de la moelle de récepteurs a-2- adrénergiques. Ces récepteurs participent à la modulation des influx nerveux nociceptifs au niveau de la corne postérieure. La clonidine déprime l’activité des neurones nociceptifs stimulés par les fibres périphériques A, delta et C. Les récepteurs a-2- adrénergiques existent aussi au niveau du J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 7755 CLONIDINE EN EPIDURAL ET ANALGESIE POSTOPERATOIRE LE POINT EN 2001 tronc cérébral : dans le noyau du tractus solitaire où ils favorisent l’action inhibitrice de ce noyau cellulaire sur le tonus sympathique et dans le locus coeruleus dont ils inhibent l’activité provoquant ainsi une sédation. Au niveau de la moelle dorsale, les récepteurs a-2- adrénergiques inhibent l’activité des neurones sympathiques préganglionnaires [1,11]. PHARMACOLOGIE La clonidine est une substance modérément liposoluble, qui diffuse facilement à travers la barrière hémato-encéphalique. Après administration épidurale, elle est facilement absorbée dans la circulation générale, mais sa concentration dans le LCR est prés de 100 fois supérieures à sa concentration plasmatique. L’effet analgésique de la clonidine est corrélé à la concentration dans le LCR. Par voie épidurale, la clonidine a un délai d’action de 15 à 20 minutes. Son pic de concentration plasmatique apparaît en 60-90 minutes. Sa biodisponibilité est de l’ordre de 70 à 80%. Sa décroissance plasmatique est lente et sa demi-vie d’élimination est lente située entre 12 et 24 heures. Il n’y a pas de relation entre la durée des principaux effets pharmacologiques de la clonidine et sa demie-vie d’élimination. la clonidine ne présente pas de toxicité médullaire, ce qui autorise son administration par voie épidurale ou intrathécale [1,12,13]. AVANTAGES DE LA CLONIDINE Les agonistes a2 adrénergiques ont une activité analgésique intrinsèque et renforcent l’analgésie procurée par d’autres produits tels que les opiacés ou les anesthésiques locaux. En plus de l’effet analgésique, ces produits ont un effet particulièrement intéressant en postopératoire qu’est la diminution de la réponse au stress induit par le système orthosympathique. La clonidine freine la libération massive de noradrénaline par les terminaisons nerveuses, contrôle l’augmentation importante de la consommation d’oxygène dans le postopératoire immédiat et diminue les variations hémodynamiques péri-opératoire[1,11,14]. Elle est aussi capable de diminuer significativement le catabolisme protéique dans le cadre d’une chirurgie majeure[16]. La clonidine interfère avec la thermorégulation et de ce fait atténue le frisson au froid. Une dose de 30 mcg permet de corriger le frisson après anesthésie épidurale. De surcroît, la clonidine possède des propriétés anxiolytiques qui sont d’un grand intérêt en postopératoire [14]. EFFETS SECONDAIRES : L’administration de clonidine par voie péridurale s’accompagne d’une sédation et d’une chute de la pression artérielle. L’importance de la chute de tension provoquée dépend, non seulement de la dose mais aussi du site d’administration. c’est ainsi qu’une même dose, injectée au niveau thoracique produira une hypotension plus importante que si elle était injectée au niveau lombaire ou cervical. Cela peut s’expliquer par une action directe de la clonidine sur les neurones préganglionnaires sympathiques plus abondants et importants au niveau thoracique. L’hypotension est manifeste aux doses moyennes de 300-600 mcg par voie péridurale et 150 mcg par voie intrathécale. Parallèlement, la fréquence cardiaque diminue d’environ 15 à 20 % voire même plus J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 776 6 Ben Letaifa Dh. [1,3,18-20 ]. La clonidine en périmédullaire favorise en postopératoire la diminution de la réponse ventilatoire au CO2 et les accès de désaturation sans affecter ni la fréquence respiratoire, ni le volume courant, ni la PaCO2. En cas d’association à la morphine, la clonidine par voie péridurale prolonge la durée sans toutefois augmenter l’intensité de la dépression respiratoire induite par la morphine. Cependant, bien que la dépression respiratoire induite par la clonidine soit probablement de faible intensité, le monitorage de la sédation et de la SpO2 après utilisation de doses de clonidine supérieures à 300mcg est indispensable quelque soit la voie d’administration [1,15,21]. EFFETS DE L’INJECTION PERIMEDULLAIRE DE CLONIDINE SEULE La clonidine peut être considérée comme un analgésique à part entière puisqu’elle permet à elle seule de soulager une douleur aiguë postopératoire. Cependant son action est limitée dans le temps ce qui oblige à utiliser une perfusion continue et surtout des doses importantes de l'ordre de 1 à 2 mcg/kg/h. Une administration continue semble nécessaire pour un effet prolongé malgré la longue demie vie de la clonidine de 6 à 8 heures. L’utilisation par voie péridurale de 8 mcg/kg de clonidine en 30 minutes suivis d’une analgésie épidurale autocontrôlée permet une réduction de 50% du score initial de douleur [1,3,19-21]. Après thoracotomie, une analgésie efficace ne peut être obtenue qu’avec des doses de 600 mcg en bolus ou avec une infusion de 20 à 50 mcg/h faisant suite à un bolus de 400 mcg. L’analgésie débute environ 15 minutes après l’injection et dure en moyenne, selon la posologie administrée, de trois à 10 heures maximum. Ces posologies élevées s’accompagnent systématiquement d’effets secondaires. Aucun cas de complication hémodynamique sévère ou de dépression respiratoire n’était rapporté. La durée de l’analgésie après un bolus de clonidine par voie péridurale est équivalente à celle des morphiniques liposolubles, plus courte que celle de la morphine. Sur le plan analgésique, une perfusion péridurale de 25 mcg/h de clonidine est supérieure à une perfusion de 0,1 mg/h de morphine après un bolus de 1 mg par la même voie [1,3,21-25]. ASSOCIATION CLONIDINE ET OPIACES Les opiacés et la clonidine agissent sur différents récepteurs des neurones. Sur le plan clinique, la clonidine potentialise l’effet analgésique des opiacés. Cet effet additif entre les deux classes d’agonistes est un avantage majeur puisque des doses significativement moins élevées sont nécessaires et des effets secondaires moins importants et moins fréquents sont observés pour un même effet analgésique [1,5,24,27,29]. La clonidine a été associée par voie épidurale avec le fentanyl, le sufentanil et la morphine pour l’analgésie postopératoire. 150 mcg de clonidine double la durée d’action analgésique de 100 mcg de fentanyl après chirurgie de l’aorte abdominale, et 21mcg/h de clonidine en perfusion continue réduisent les besoins de fentanyl épidural de 45% après chirurgie colorectale. L’addition de 70 mcg de clonidine à 25 mcg de sufentanil permet une analgésie plus longue que 50 mcg de sufentanil seuls. L’association de clonidine à de la morphine induit une analgésie plus profonde et plus durable en postopératoire qu’en cas d’utilisation seule de la morphine. Des doses de 150 à 300mcg améliorent CLONIDINE EN EPIDURAL ET ANALGESIE POSTOPERATOIRE LE POINT EN 2001 l’analgésie induite respectivement par 1mg de morphine après prothèse de hanche et 2 mg de morphine après chirurgie pancréatique. Le délai d’installation de l’analgésie est atteint plus rapidement. Il est raccourci de plus de la moitié (<30min) en cas d’association clonidine-morphine qu’en cas d’utilisation seule de la morphine (>60min). En perfusion continue et en association avec les opiacés, la dose de clonidine efficace semble être de l’ordre de 0,5 mcg/kg/h [1,23-29,34]. ASSOCIATION CLONIDINE ET ANESTHESIQUES LOCAUX (AL) La clonidine améliore la qualité du bloc sensitif et augmente la qualité de l’analgésie des anesthésiques locaux par voie péridurale. Elle ne semble toutefois pas modifier le temps d’installation de l’analgésie, de l’anesthésie et du bloc moteur. L’effet dépend de la dose, les doses administrées variant dans une fourchette de 0,5 à 2 mcg/kg. L’administration épidurale de clonidine associée à la lidocaïne entraîne une élévation des concentrations plasmatiques de lidocaïne. Cet effet ne semble pas augmenter le risque d’atteindre des concentrations toxiques d’anesthésiques locaux. Plusieurs études expérimentales ont démontré que la clonidine diminue le seuil de toxicité cardiaque de la bupivacaïne, ou corrige les anomalies électrophysiologiques observées lorsque les concentrations toxiques sont atteintes [1,12,26]. En chirurgie orthopédique, l’administration d’un bolus de 150mcg de clonidine associée à de la ropivacaïne prolonge l’effet de l’analgésie péridurale postopératoire par rapport à une administration de ropivacaïne seule. les variations hémodynamiques semble être significative à partir de 75 mcg de clonidine [9]. Un bolus de 150 mcg de clonidine associé à la bupivacaïne possède une action analgésique supérieure à celle de la bupivacaïne seule et double la durée d’analgésie[12,24,28-30]. La clonidine a été associée à la levobupivacaïne et à la bupivacaïne par voie épidurale pour le traitement de la douleur postopératoire après prothèse totale de hanche. L’association levopubivacaïne 0,125% (6ml/h) + clonidine 8,3 mcg/ml en perfusion continue améliore la qualité de l’analgésie postopératoire par rapport à l’utilisation seule de chacun des deux produits sans en augmenter les effets secondaires [30]. La clonidine en perfusion continue 25 mcg/h en association avec la bupivacaïne permet un renforcement de l’analgésie postopératoire médiée par l’un ou l’autre des antalgiques pris isolément. La durée d’analgésie postopératoire après l’injection est double chez les patients recevant l’association et la consommation de morphine additionnelle est significativement diminuée durant les premières 24 heures postopératoires. En analgésie obstétricale, l’adjonction de la clonidine à la bupivacaïne n’entraîne une augmentation de la durée de l’analgésie qu’à partir d’une dose supérieure à 0,5 mcg/kg. Pour les plus fortes doses de l’ordre de 150 mcg, on observe une hypotension maternelle plus prolongée et une plus grande incidence de bradycardie fœtale [24,29-33]. Ainsi, la combinaison AL- agoniste a2 adrénergique impose une surveillance particulière et rapprochée de la pression artérielle, de la fréquence cardiaque et une adaptation du remplissage vasculaire pendant la durée de l’analgésie. la survenue d’une bradycardie et d’une chute tensionnelle est assez souvent retardée. Ben Letaifa Dh. LA TRIPLE ASSOCIATION : CLONIDINE + OPIACE + AL Dans le cadre de l’analgésie multimodale, l’adjonction de clonidine en perfusion continue à la dose de 20mcg/h à une perfusion postopératoire de 5mg/h de bupivacaïne associée à 0,1mg/h de morphine ou 10mcg/h de fentanyl après chirurgie abdominale ou gynécologique semble réduire de façon plus efficace la douleur à la mobilisation et à la toux que l’association bupivacaïne-morphine [1,2,12,27]. Cependant cette triple association s’accompagne d’une chute significative de la pression artérielle tout au long de la perfusion et le recours aux vasopresseurs est nécessaire. Des doses moins importantes de clonidine (< 15 mcg) n’ont pas d’effet sur l’amélioration de la qualité de l’analgésie. De même, l’effet de l’addition de la clonidine à un mélange de bupivacaïne 0.0625% et de fentanyl 2 mcg/ml pour une PCEA a été étudié au cours du travail obstétrical. La clonidine diminue la consommation de bupivacaïne et de fentanyl, réduit le nombre de bolus supplémentaire, diminue l’intensité des frissons, augmente la sédation et diminue la pression artérielle moyenne[1,2,24,25,27-30]. Dans une étude récente [34], la recherche d’une combinaison optimale de bupivacaïne, fentanyl et clonidine administrés en épidural pour le traitement des douleurs aiguës postopératoires après chirurgie abdominale majeure a été étudiée. Les auteurs ont appliqué une technique originale, basée sur l’analyse des résultats obtenus avec une première série de combinaisons qui permettrait de modifier les combinaisons ultérieures. Chaque combinaison était définie par une dose de chacun des analgésiques et un débit de perfusion continue. Des adaptations sous forme de bolus de 5 ml de la solution utilisée toutes les 15 minutes étaient possibles. Dans chaque protocole, la dose maximum administrable était de 25 mg/h pour la bupivacaïne, 40mcg/h pour le fentanyl et 60 mcg/h pour la clonidine. Le débit de perfusion continue était fixé au minimum à 5 ml/h et au maximum à 15 ml/h. après analyse des résultats, il est apparu que deux régimes d’administration provoquaient hypotension et sédation excessive du fait de doses trop élevées de clonidine et que deux autres avaient une incidence trop élevée d’hypotension et de bloc moteur en raison d’une dose trop importante de bupivacaïne. Ainsi, des protocoles de réajustement des posologies des différents produits a été effectué dans une deuxième phase de l’étude. les ajustements se faisaient avec une variation de doses d’au moins 2,5 mg/h et d’au plus 10 mg/h pour la bupivacaïne, d’au moins 5 mcg/h et d’au plus 15 mcg/h pour le fentanyl et d’au plus 5mcg/h pour la clonidine. Après l’évaluation d’une vingtaine de combinaison, les meilleurs résultats étaient obtenus avec les associations bupivacaïne 8 mg/h + fentanyl 30mcg/h, bupivacaïne 13mg/h + fentanyl 25mcg/h ainsi qu’avec la triple association bupivacaïne 9mg/h + fentanyl 21mcg/h + clonidine 5mcg/h. ces résultats montrent que la place de la clonidine par voie épidurale est réduite puisque les doses élevées permettant une analgésie efficace sont responsables d’effets secondaires majeurs alors que les plus faibles doses qui ne s’accompagnent pas d’effets secondaires significatifs ne permettent pas une réduction significative des doses de bupivacaïne et de fentanyl. J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 7777 CLONIDINE EN EPIDURAL ET ANALGESIE POSTOPERATOIRE LE POINT EN 2001 CONCLUSION La clonidine administrée seule par voie épidurale et en perfusion continue est capable de traiter la douleur postopératoire à condition d’utiliser de fortes doses faisant apparaître des effets secondaires gênants. Son utilisation optimale réside dans son association soit aux opiacés, soit R E F E R 1. Eisenach JC, De Kock M, Klimscha W. a2-adrenergic agonists for regional anesthesia. A clinical review of clonidine (1984-1995). Anesthesiology 1996;85:655-74 2. Armand S, Langlade A, Boutros A, Lobjoit K, Monrigal C, Ramboatiana R. Rauss A, Bonnet F. Meta-analysis of the efficacy of extradural clonidine to relieve postoperative pain. an impossible task. Br J Anaesth. 1998;81(2):126-34 3. De Kock M, Wiederkher P, Laghmiche A, Scholtes JL. Epidrual clonidine used as the sole analgesic agent during and after abdominal surgery. A dose-response study. 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La triple association clonidineopiacé-AL expose à une hypotension artérielle prolongée nécessitant l’administration fréquente de vasopresseurs. L’utilisation de la clonidine en pratique clinique routinière n’est pas à l’heure actuelle clairement définie E N C E infusion . Eur J Anaesthesiol 1996;13(6):571-6 19. Klimscha W, Chiari A, Krafft P, Plattner O, Tasmili R, Mayer N, Weinstabl C, Schneider B, Zimpfer M. Hemodynamic and analgesic effects of clonidine added repetitively to continous epidural and spinal blocks. Anesth Analg 1995;80:322-327 20. Filos KS, Goudas LC, Patroni O, Polysou V. Intrathecal clonidine as a sole analgesic for pain relief after cesarean section. Anesthesiology 1992;77:264-274 21. Branchu P, Ecoffey C. Effets des agonistes a2-adrénergiques sur le contrôle de la ventilation. In : Agonistes alpha2-adrénergiques et anesthésie. XIX Réunion Internationale d’Anesthésiologie et de Réanimation :2326 ;. JEPU 1997 : Ed Arnette. Paris 22. 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CHU Mongi Slim-La Marsa Résumé: Les produits de remplissage vasculaire entraînent une expansion volémique qui dépend de leur volume de distribution, de leur osmolarité (cas des cristalloïdes) et de leur pouvoir oncotique (cas des colloïdes). Pour obtenir le même degré d’expansion volémique, il faut administrer, en volume, trois à quatre fois plus de cristalloïdes que de colloïdes. Certains colloïdes entraînent même une expansion volémique supérieure au volume administré ( albumine à 20%, dextrans, hydroxyéthylamidons). Tenant compte des produits disponibles en Tunisie, la durée la plus longue d’expansion volémique est obtenue avec les hydroxyéthylamidons 200 à 6% (Elohès : 12 à l8 h; Hestéril : 4 à 8 h). L’apport massif de cristalloïdes expose au risque d’hémodilution, d’acidose métabolique hyperchlorémique et de rétention hydrosodée importante avec risque d’aedème pulmonaire et périphérique notamment en cas de sepsis et d’hyperperméabilté capillaire. Les dextrans sont les colloïdes qui interfèrent le plus avec l’hémostase. Les gélatines comportent un risque d’accident allergique dont l’incidence peut atteindre un pour mille malades. Dextrans et gélatines peuvent être responsables d’accidents allergiques graves en milieu obstétrical et sont de ce fait contre-indiqués chez la femme enceinte. Les hydroxyéthylamidons perturbent peu l’hémostase et exposent très peu aux accidents allergiques. En terme de coût, l’albumine est le produit de remplissage le plus coûteux, viennent ensuite les colloïdes. Les cristalloïdes sont les solutés de remplissage les moins chers. Les critères de choix des produits de remplissage tiennent compte, en plus de leurs propriétés biologiques et de leurs coûts, du contexte clinique et de la sévérité de l’hypovolémie. Mots clés : Hypovolémie, remplissage vasculaire. 9 J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 779 Summary: Intravascular fluids get intravascular volume expansion which depends on ther distribution, their osmolarity (case of the crystalloïd fluids) and their colloid osmotic pressure (case of the colloid fluids). To obtain the same degree of volume expansion, it is necessary to administer three at fourfold more of cristalloyd fluids than of colloid. Some colloids are plasma expanders (albumin 20%, dextran, hydroxyethylstarch). Taking into account the available products in Tunisia, the longest length of volume expansion is obtained with the hydroxyethylstarch 200 6% (Elohes : 12 -18 hr; Hesteril : 4 - 8 hr). Massive infusion of normal saline exposes to the risk of hemodilution, hyperchloremic metabolic acidosis, pulmonary and peripheral edema particularly in case of sepsis and increased of vascular permeability. Of all artifıcial colloids, dextrans most adversely affect coagulation. Gelatins contain a risk of allergic accident; incidence of wich can reach one for one thousand patients. Dextrans and gelatins can be responsible for serious allergic accidents in obstetrical setting. The anticoagulant effects of hydroxyethyl starch are minor. In term of cost, among intra vascular fluids, the albumin is the most expensive, come then colloids. Crystalloid are the least expensive. To provide volume expansion, criterias of choice of intravascular fluids take account of their biologic properties and their costs and of the clinical context including severity of hypovolemia. Key words : Hypovolemia, fluid resuscitation J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 779 9 RAPPEL PHYSIOPATHOLOGIQUE Le transport artériel d’oxygène (TaO2) aux tissus dépend de l’index cardiaque (IC) et du contenu artériel en oxygène (CaO2): Équation (1): TaO2 = IC x CaO2 xl0 [N= 450 à 600 ml/min/m2] Équation (2): Ca02 = ( Hb x SaO2 x 1,34) + (PaO2 x 0,003) [N= 18 à 20 ml d’O2/100 ml de sang artériel] Où: Hb = hémoglobine en g /100 ml; SaO2 = saturation en oxygène du sang artériel (N: 95 à 98%); 1,34 : pouvoir oxyphorique de l’hémoglobine faisant qu’un gramme ● d’hémoglobine normale saturée à 100% peut se combiner avec 1,34 ml d’O2; 0,003: coefficient de solubilité de l’oxygène dans le sang et qui s’exprime en ml d’O2/100 ml de sang / mmHg. ● Le TaO2 diminue au cours des états d’hypovolémie du fait de la baisse du retour veineux qui entrîme une baisse de l’index cardiaque. Au cours du choc hémorragique, il existe en plus une baisse de l’Hb responsable d’une baisse du CaO2; l’hypoxie tissulaire est alors à son extrême. ● L’hypovolémie peut être: - absolue [hémorragie extériorisée ou non, déperdition J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 779 9 LES PRODUITS DE REMPLISSAGE VASCULAIRE AU COURS DES ETATS D’HYPOVOLÉMIE plasmatique (brûlures graves), ou hydrosodée (origine rénale, digestive ou cutanée), fuite transcapillaire de liquide vers l’interstitium (hypoprotidémie ou hyperperméabilité capillaire)]; - ou relative marquée par une disproportion entre le contenant ( le système artériel mais surtout veineux) qui augmente et le contenu (le volume sanguin) qui reste inchangé. ● En cas d’hémorragie aiguë, I’hypovolémie est moins bien supportée que l’anémie Rappel de certaines particularités cliniques: ● A côté du choc hémorragique qui représente le type même du choc hypovolémique, d’autres états de choc comme le choc septique ou le choc anaphylactique comportent constamment une composante hypovolémique. ● En cas d’hémorragie, I’hypotension artérielle ne survient que pour des pertes sanguines égales ou supérieures à 30 p. 100 du volume sanguin (1500 ml). D’un autre côté, la tachycardie peut céder la place à une bradycardie paradoxale au cours des hémorragies graves. ● La correction de l’hypovolémie peut démasquer une incompétence myocardique notamment dans un contexte de choc hémorragique pérennisé, de choc septique ou lors de certaines intoxications aiguës (méprobamate, antidépresseurs tricycliques... ) Propriétés physico-chimiques, biologiques, les effets secondaires et le coût des produits de remplissage vasculaire (tableaux 1,2,3 et 4) Les cristalloïdes: (tableau 1) ● Le sérum glucosé à 5% (SG 5%) est un soluté iso osmotique par rapport au plasma (osmolarité égale à 278 mosm/l pour une osmolarité plasmatique normale entre 280 et 300 mosm/l), mais hypotonique puisqu’ayant comme volume de distribution l’eau totale. Pour ces raisons, le SG 5% n’est pas un soluté de remplissage vasculaire, car moins du dixième du volume perfusé reste dans le secteur vasculaire. ● Le sérum salé isotonique (SSI) à 0,9% est un soluté Tableau 1 : Solutés cristalloïdes Na+ K+ Cl- Ca++ mmol.l-1 mmol.l-1 mmol.l-1 mmol.l-1 S. Glucosé 5% NaCl ) 0.9% 154 Ringer’s Lactate 130 NaCI à 7,5% 1283 Glucose mmol.l-1 Lactate Osmolarité mmol.l-1 278 4 154 110 1283 3 27 mosm.l-1 278 308 275 2566 qui a pour volume de distribution l’eau extracellulaire et qui est en fait légèrement hypertonique par rapport au plasma. L’expansion volémique engendrée par la perfusion d’un litre de SSI équivaut à 180 à 200 ml. D’importants volumes seront donc requis pour restaurer le volume circulant en cas d’hypovolémie sévère. Ceci peut conduire à une dilution des protéines plasmatiques avec diminution de la pression oncotique endovasculaire. D’un autre côté, les apports importants en SSI peuvent entrainer une acidose métabolique hyperchlorémique par augmentation de la réabsorption rénale de chlore et d’ions H+. ● Le Ringer’s lactate a une teneur en chlore et une osmolarité moins élevées que celles du SSI. Il apporte J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 8 80 0 B. Bouhaja, aussi du potassium et du lactate qui sera transformé en bicarbonate par le foie en l’absence d’insuffisance hépatocellulaire. Etant donné ses propriétés biologiques et physico-chimiques, le Ringers lactate est à éviter en cas de traumatisme crânien ou d’œdème cérébral, d’insuffisance hépatocellulaire, d’hyperkaliémie ainsi que lors des déshydratations compliquant les déperditions digestives hautes (vomissements, aspiration gastrique) compliquées d’alcalose métabolique. Le sérum salé hypertonique (SSH) à 7,5%: le recours à ce produit comme soluté de remplissage n’est pas encore bien établi en dépit du fait que des études expérimentales et cliniques aient pu démontrer son efficacité au cours du choc hémorragique. L’administration de SSH s’accompagne d’un transfert de liquides du milieu intracellulaire vers le milieu extracellulaire à la faveur de l’installation d’un gradient osmotique entre ces deux secteurs. Les autres effets cardiovasculaires du SSH sont une augmentation de l’inotropisme cardiaque, une vasodilatation artériolaire et une veinoconstriction. De nombreux effets favorables sur la microcirculation ont été attribués au SSH ( amélioration des conditions rhéologiques, résorption d’œdème à partir des cellules endothéliales capillaires, inhibition de l’adhésion des leucocyte à l’endothélium capillaire). L’expansion vasculaire provoquée par le SSH est de courte durée n’excédant pas une heure. Pour pallier cet inconvénient, le SSH a été utilisé en association avec des solutions colloïdales comme le dextran 70 à 6% donnant ainsi une solution hyperoncotique hyperosmotique. Pour plusieurs auteurs, le SSH doit être évalué davantage afin de démontrer son utilité et son innocuité par rapport aux autres solutés de remplissage, avant qu’il ne soit proposé en pratique clinique courante. ● Les colloïdes naturels Albumine : deux formes sont disponibles en Tunisie, albumine hyperoncotique à 20 % (flacon à 50 ml contenant 10 g d’albumine) et albumine isooncotique à 5% ( flacon à 250 ml apportant 12,5 g d’albumine). En raison de son coût, le recours à l’albumine comme produit de remplissage ne se conçoit qu’en cas de contre-indication aux autres colloïdes (cas de la femme enceinte à titre d’exemple) ou d’hypoprotidémie sévère ( protidémie inférieure à 35 g/l). ● Les solutions colloïdales : (tableau 2) Tableau 2 : Solutions colloïdales. Propriétés biologiques. Osmolarité PM P.Oncotique Dose Réactions Troubles mOsm/l (daltons) maximale maximale anaphylactoïdes de coagulation (mm Hg) ml/kg/j Albumine 5% 250 à 300 69 000 50g/1 Gélatines fluides 300 à 350* 35 000 30 - 40 g/1 Dextrans 40 000 280 40 à 3,5% Hydroxy-EthylAmidons 200 à 6% 304 à 308 200 000 20 Rares - 26-30 20 Moins rares - 27 20 Rares ++ 25 33** Très rares + * Osmolarité (mOsm/1) : Haemaccel (300) ; Plasmion (320) ; Plasmagel (350) ; Gelafundin® (240) ; Gelofusine® (279). PM : Poids Moléculaire. P Oncotique : Pression Oncotique. **33 ml/kg le premier jour, puis 20 à 33 ml/kg/j les jours suivants. LES PRODUITS DE REMPLISSAGE VASCULAIRE AU COURS DES ETATS D’HYPOVOLÉMIE Tableau 3 : Pouvoir de remplissage des cristalloïdes et des colloïdes Expansion volémique En % du volume perfusé Durée (heures) 20-30 0,5 NaCI à 7,5% 700 0,5 Albumine à 5% 70 6à8 Albumine à 20% 350 6à8 Gélatines fluides 80 à 100 4à5 Dextrans 40 à 3,5% 100 à 120 4à5 Elohès® 100 à 140 12 à 18 Hestéril® 100 à 140 4à8 NaCl à 0.9% Ringer’s Lactate Hydroxy-EthylAmidons 200 à 6% Les colloïdes artificiels : ● Les gélatines fluides qui existent sous deux formes : gélatines à pont d’urée (Haemaccel®) et gélatines fluides modifiées (Plasmagel®, Plasmion®). L’excipient est le sérum salé isotonique pour les deux premiers produits et le Ringer’s lactate pour le Plasmion®. Etant donné leur faible poids moléculaire et leur courte demivie plasmatique, de multiples administrations sont nécessaires pour maintenir une volémie stable. Les gélatines fluides sont préparées à partir de fibres collagènes d’origine végétale mais aussi animale, ce qui soulève certaines interrogations quant à leur capacité de pouvoir véhiculer certains agents transmissibles inhabituels (maladie de Creutzfeldt-Jakob). Deux présentations de gélatine fluide modifiée sont actuellement disponibles en Tunisie : la Gelafundin® qui renferme 30 grammes de gélatine fluide modifiée par litre et qui a une osmolarité d’environ 240 mosm/1. Il s’agît donc d’un soluté hypo-osmotique, son utilisation doit être évitée en cas de traumatisme crânien ou d’œdème cérébral lié à une autre étiologie. La Gélofusine® à 4%, renferme, elle, 40 grammes de gélatine fluide modifiée par litre et a une osmolarité de 279 mosm/1 et est donc isoosmotique par rapport au plasma. Lorsqu’on les compare aux autres colloïdes, les gélatines n’interfèrent pas avec la coagulation. Néanmoins, elles entraînent plus de réactions anaphylactoïdes par libération non spécifique d’histamine. Ce risque est très important en milieu obstétrical où les gélatines peuvent être à l’origine de réactions allergiques graves, plus prononcées chez la mère que chez le fœtus (bronchospasme, défaillance hémodynamique, troubles du rythme ventriculaire). La protection relative du fœtus provient du fait que l’histamine libérée chez la mère est largement détruite par le placenta. Le fœtus reste cependant exposé au risque engendré par les perturbations hémodynamiques maternelles. ● Les Dextrans sont : des molécules polysaccharidiques de haut poids moléculaire d’origine bactérienne. Tous les dextrans interfèrent sur la coagulation, à la fois sur la fonction plaquettaire B. Bouhaja, (allongement du temps de saignement) que sur la fibrinoformation (fragilisation du caillot). De ce fait, les dextrans sont contre-indiqués en cas d’anomalies de l’hémostase et la dose totale en dextrans ne doit pas dépasser 1,5 g/kg/j. C’est le dextran 40 à 3,5% qui a pour excipient le Ringer acétate qui est disponible en Tunisie (Plasmacair®). ● Les solutions d’amidon : sont des polymères synthétiques dérivés de l’amylopectine. Elles existent sous différentes concentrations, 3, 6 et 10% et sous différents poids moléculaires, 40, 200, 270 et 450 kD. La forme actuellement disponible en Tunisie est l’hydroxyéthylamidon (HEA) 200 à 6% (Hestéril® , Elohès®). Les molécules d’HEA sont en partie éliminées dans les urines, alors qu’une autre partie est captée par les cellules du système réticuloendothélial pour être secondairement hydrolysée par l’amylase pancréatique. Une hyperamylasémie peut se voir après perfusion d’HEA ce qui peut poser un problème diagnostique avec une pancréatite aiguë. Les hydroxyéthylamidons qui sont d’origine végétale ont moins d’effets secondaires que les colloïdes notamment en terme d’accidents allergiques et de propagation de maladies transmissibles. Tableau 4 : Coût des principaux solutés utilisés pour le remplissage vasculaire Soluté NacI 0,9% Unité Flacon à 1 litre Flacon à 0,5 litre Coût (Dinars) 1D289 0D922 (fIacon) 0D864 (poche) Ringer’s Lactate Flacon 0,5 litre 0D897 Albumine à 5% Flacon à 250 ml 60D290 Albumine à 20% Flacon à 50 ml 35D910 Gelafundin Flacon à 0,5 litre 3D122 Flacon à 0,5 litre 3D167 Flacon 0,5 l 5D497 ® Gélafusine® 4% Dextrans 40 à 3,5% (Plasmacair) Hydroxy-Ethyl- 5D924 Amidons 200 à 6% Elohès Flacon à 0,5 litre Hesteril® Flacon à 0,5 litre ® Quel(s) soluté(s) de remplissage choisir ? Le choix des produits de remplissage doit tenir compte, en plus des propriétés biologiques et du coût de ces derniers, de l’étiologie de l’hypovolémie et de sa sévérité. (tableau 5) RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1 - IVème conférence de consensus en réanimation et médecine d’urgence Choix des produits de remplissage vasculaire pour le traitement des hypovolémies chez I’adulte. Réan. Soins intens. Med. 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Contextes cliniques Produits de remplissage Hémorragie - Cristalloïdes - Pertes sanguines < 1500 ml (<30% du volume sanguin) - Colloïdes - Pertes sanguines > 1500 ml (> 30% du volume sanguin) - Concentré globulaire (CG) - Plasma frais congelé (PFC) - Plaquettes -1 CG entraine une augmentation du taux d’Hémoglobine d’1 gramme - Apporter 1 unité de PFC après les 8 premiers concentrés globulaires puis 1 PFC par 4 CG - Plaquette si taux < à 50,000/mm3 Etat septique - Cristalloïdes - Colloïdes - HEA à 6% et sérum salé à 0,9% Choc anaphylactique - Cristalloïdes Déshydratations aiguës - Cristalloïdes - Colloïdes Hypovolémie chez la femme enceinte - Cristalloïdes - Albumine à 5% - Sérum salé isotonique - Colloïdes artificiels - Concentré globulaire - Cristalloïdes - HEA et albumine - Traitement premier = adrénaline - Eviter les gélatines - Colloïdes en cas de choc - Cristalloïdes adaptés à la nature des pertes - Les colloïdes articiels sont contreindiqués avant l’évacuation du foetus - Ringer’s lactate et Gelafundin®: à éviter Traumatisme crânien Brûlures Remarques - Règle de 3 : 1 (3 volumes de cristalloïdes pour 1 volume de sang) - Colloïdes d’emblée si pertes > à 20% (1000 ml) du volume sanguin et/ou PA moyenne < à 80 mmHg - Maintenir l’Hb > à 10 g/dl - Volume à administrer : * Adulte : volume (ml)/24 1ères heures = 4 x Surface Brûlée (%) x Poids {50% du volume calculé/8h, puis 25% toutes les 8 h sous forme de cristalloïdes isotoniques}. HEA et Albumine à partir du 2ème jour *Enfant: Ringer’s lactate 5000 ml/m2 de surface brûlée + 2000 ml/m2 de surface corporelle {Administrer 50% du volume au cours des 8 premières heures} La Société Tunisienne d’Analgésie et d’Anesthésie-Réanimation Organise le 19 mai 2001 à L’Hôtal Abou Nawas de Gammarth à partir de 15h Aspects médico-légaux et responsabilité en Anesthésie Avec le Pr. J.M DESMONTS Doyen de la Faculté de médecine Xavier Bichat- Paris Expert auprès de la cour de cassation ● ● ● ● Thèmes Aspects medico-légaux de la responsabilté médicale L’expertise médicale Le partage des responsabilités Etudes de dossiers. J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 8 82 2 Renseignements : 764 845 LA PRESSE Dans Médicale LA PRESSE WHY ARE DOCTORS SO UNHAPPY? Richard Smith editor, BMJ Saturday 5 May 2001 BMJ There are probably many causes, some of them deep Doctors are unhappy. They are not all unhappy all the time, but when doctors gather, their conversation turns to misery and talk of early retirement. The unhappiness has been illustrated in a plethora of surveys and manifests itself in talk of a mass resignation by general practitioners from the NHS. The British government is rattled by the unhappiness of doctors, recognising that a health service staffed by demoralised doctors cannot flourish. It has responded by trying to hand more control of the service to front_ line staff. But is this the right treatment? Treatment must, of course, follow diagnosis, and the causes of doctors' unhappiness may be many and deep. The most obvious cause of doctors' unhappiness is that they feel overworked and undersupported. They hear politicians make extravagant promises but then must explain to patients why the health service cannot deliver what is promised. Endless initiatives are announced, but on the ground doctors find that operat_ ing lists are cancelled, they cannot admit or discharge patients, and community services are disappearing. They struggle to respond, but they feel as though they are battling the system rather than being supported by it. Those in the NHS are the last survivors of a social_ ist inspired system. In a society that pays a businessman £500 000 a year and many public servants £10 000, they try to patch up the social and health damage that accompanies such divisions. It's difficult, if not impossi_ ble, work. And, worse, it is undertaken against a backcloth of negative media coverage. Dr Kildare has been replaced by Dr Shipman, and stories of errors outnumber tales of triumph. Government ministers look down on the health service and don't quite understand. Resources are being increased in real terms. General practitioners have more time with patients than they had 20 years ago. Doctors are more and more involved in running the service—as czars, medical or clinical directors, or members of primary care groups. Dozens of initiatives—national service frameworks and health action zones—are being developed to counter problems that doctors have been highlighting for years. And the ministers work harder than anybody—criss crossing the country, chairing task forces, doing their ministerial work in the morning, answering parliamentary questions in the afternoon, and conducting surgeries on Saturday mornings. Ministers are thus likely to diagnose doctors' unhappiness in terms of diminished control, more change, and increased accountability. It's impossible to reverse the increasing accountability. This is a worldwide phenomenon that affects not only doctors. Similarly, ministers cannot imagine slowing the pace of change. They live in a world where escalation of prom_ ises is routine. Ministers thus fall back on “sweeping away bureaucracy and giving more control to frontline staff,” not least because nobody wants more bureau_ cracy. Health workers might, however, want better management of the service, and they themselves might not be the best people to do this. And here we come to something deeper—the mis_ match between what doctors were trained for and what they are required to do. Julian Tudor Hart, a general practitioner who retired recently, observed that what he learnt at medical school didn't serve him well for hospital medicine, which in turn didn't serve him well for general practice. In other words, he started three times as a doctor. But maybe now it's more extreme. Trained in pathophysiology, diagnosis, and treatment, doctors find themselves spending more time thinking about issues like management, improvement, finance, law, ethics, and communication. Luke Filde's 19th cen_ tury painting of a contemplative doctor alone with a sick child might now be replaced by a harassed doctor trying to park his car to get to a meeting on time. The gratification that comes from curing a sick child is dif_ ferent from that which comes from being part of the meeting that agrees to take an abused child into care. Christian Koeck—a doctor, professor of health policy, and member of the BMJ editorial board—thinks the problem goes deeper. He thinks the intellectual model of medicine is wrong and that instead of being trained simply to apply the natural sciences to peoples' health problems doctors should also be trained as change managers. That way they can help people adjust to the sickness, pain, and death that are central to being human. Another way to think about doctors' unhappiness is to think of the change in the contract between doctors and patients. We hear much about doctors changing from being authorities to being partners with patients, and some find this transition unsettling. But perhaps the change is deeper still. Maybe we are changing from what has become a bogus contract between doctors and patients to something more real. Doctors are often acutely aware of the limitations of what they can do, whereas patients—partly through the exaggera_ tion of doctors—have inflated ideas of the power of medicine. Negative media coverage might represent the world's waking up to the limitations of doctors and medicine, and—though it's uncomfortable now—it may lead to a much more honest, adult, and comfortable, relationship. Richard Smith J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 8 83 3 PRESSE MEDICAL Lack of effect of induction of hypothermia after acute brain injury. Clifton GL, Miller ER, Choi SC, et al. N Engl J Med 2001 ; 344 : 556-63. COMMENTAIRES : Bechir Bouhaja services d’anesthésie réanimation C.H.U. Mongi Slim - La Marsa. e- mail : [email protected] ABSTRACT : Des études cliniques de faible puissance (effectif réduit) ont laissé suggérer que l’induction d’une hypothermie était à l’origine d’une amélioration du pronostic des traumatisés crâniens ; ces résultats n’étaient cependant pas définitifs. Afin d’étudier cet aspect, les auteurs ont mené un essai multicentrique comparant les effets de l’hypothermie à ceux de la normothermie chez les patients admis à la phase aiguë d’un traumatisme crânien. MÉTHODES : Le collectif étudié était constitué de 392 patients, âgés de 16 à 65 ans, et présentant un coma après traumatisme crânien fermé. Après randomisation, les patients étaient inclus soit dans le groupe hypothermie [ température corporelle à 33°C, l’hypothermie était initiée dans les 6 h qui suivaient l’accident et maintenue pendant 48 h par refroidissement externe], soit dans le groupe normothermie. Tous les malades recevaient par ailleurs le même traitement. L’objectif primaire à évaluer était le statut fonctionnel du malade à 6 mois du traumatisme. Résultats : l’âge moyen des patients ainsi que le type et la sévérité du traumatisme étaient similaires dans les deux groupes. Le temps moyen qui séparait le traumatisme de la randomisation était de 4,3 ± 1,1 h dans le groupe hypothermie et de 4,1 ± 1,2 h dans le groupe normothermie et de 8,4 ±3 heures pour atteindre l’objectif d’une température à 33°C dans le groupe hypothermie. L’issue était péjorative ( impotence fonctionnelle sévère, état végétatif ou décès) chez 57% des patients dans les deux groupes. Le taux de mortalité était de 28% dans le groupe hypothermie et de 27% dans le groupe normothermie (p=0,79). Les patients du groupe hypothermie avaient totalisé un nombre de jours avec complications plus important que ceux du groupe normothermie. Moins de patients dans le groupe hypothermie avaient une hypertension intra crânienne par rapport au groupe normothermie. CONCLUSION : L’induction d’une hypothermie, avec abaissement de la température corporelle jusqu’à 33°C dans les 8 heures qui suivaient le traumatisme, n’a pas permis d’améliorer le pronostic des traumatisés crâniens graves. COMMENTAIRES : Des études expérimentales datant d’une quarantaine d’années ont déjà démontré les effets bénéfiques de l’hypothermie chez l’animal porteur d’un traumatisme céré- bral en terme de réduction de l’œdème cérébral et de la mortalité [1,2]. Des études cliniques ont confirmé ces résultats chez l’homme avec une amélioration de l’issue à 6 mois, atteignant respectivement 15% [3] et 38% [4] chez les traumatisés crâniens graves maintenus en hypothermie à 32°C pendant 48 heures. Néanmoins, les résultats de l’étude actuelle [5], n’ont pas confirmé l’effet favorable de l’hypothermie sur l’issue à 6 mois des traumatisés crâniens graves. La morbidité était même plus importante avec plus de complications hémodynamiques (hypotension grave, bradycardie) parmi les patients du groupe hypothermie. Ainsi, la première conclusion qu’on peut déduire de cette étude est que l’hypothermie n’améliore pas le pronostic des traumatisés crâniens graves et qu’elle entraîne, de plus, une morbidité accrue. La deuxième conclusion qui apparaît importante à souligner concerne l’attitude vis à vis de l’hypothermie qui peut exister chez certains traumatisés à l’admission et qui paraît corrélée avec une issue défavorable. En fait, dans ce contexte, l’hypothermie paraît reflétée la gravité de l’atteinte neurologique dont elle est la conséquence immédiate. Le réchauffement rapide de tels traumatisés est un facteur aggravant et s’accompagne d’une mortalité élevée. Ceci a été bien démontré dans une étude précédente [ ] où l’issue était défavorable dans 66 % des cas parmi les traumatisés graves (GCS entre 5 et 7), initialement hypothermes et ayant fait l’objet d’un réchauffement rapide pour les ramener en normothermie. A l’inverse, un réchauffement lent réalisé sur 24 heures chez le même type de malades s’est accompagné d’une issue défavorable dans 52% des cas [4]. En résumé, et concernant l’attitude vis à vis de l’hypothermie comme alternative thérapeutique chez le traumatisé crânien grave on peut retenir ce qui suit : i) l’induction d’une hypothermie pour atteindre un objectif prédéfini comme une température corporelle à 32°C ou à 33°C paraît inutile et ne permet pas d’améliorer le pronostic des traumatisés crâniens sévères tout en en aggravant la morbidité. ii) d’un autre côté, les patients hypothermes à l’admission, sont généralement plus graves, et ne doivent pas être réchauffés de façon agressive et rapide. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1 - Laskowski EJ, Klatzo I, Baldwin M. experimental study of the effects of hypothermia on local brain injury. Neurology 1960; 10:499-505. 2 - Clasen RA, Pandolfi S, Russel J, Stuart D, Hass GM. Hypothermia and hypotension in experimental cerebral edema. Arch Neurol 1968; 19:472-486. 3 - Clifton GL, Allen S, Barrodale P, et al. A phase II study of moderate hypothermia in severe brain injury. J Neurotrauma 1993;10:263-71. 4 - Marion DW, Penrod LE, Kelsey SF, et al. Treatment of traumatic brain injury with moderate hypothermia. N Engl J Med 1997;336:540-6. 5 - Clifton GL, Miller ER, Choi SC, et al. Lack of effect of induction of hypothermia after acute brain injury. N Engl J Med 2001 ; 344 : 556-63. Abonnez vous au : Journal Maghrébin d’Anesthésie-Réanimation BP 40 - Carthage 2016 - Tunisie - J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 8 84 4 PRESSE MEDICAL EVALUATION OF PRE-EMPTIVE INTRAMUSCULAR PHENYLEPHRINE AND EPHEDRINE FOR REDUCTION OF SPINAL ANAESTHESIA- INDUCED HYPOTENSION DURING CAESAREAN SECTION Les comparaisons des différents groupes ont fait appel aux différents tests non paramétriques (ANOVA, kruskalwallis). Le test Chi2 a été utilisé pour comparer l’incidence des épisodes hypotensifs et l’incidence des bolus supplémentaires en éphédrine. Les tests ont été considérés comme significatifs si p<0,05. Ayorinde BT, Buczkowski P, Brown J, Shah J, Buggy J, Br J Anaesth 2001, 86: 372-6 RÉSULTATS : B. J. of Anaesthe 2000, 85 (6) , 865-8 COMMENTAIRES : M. Boussofara1, C. Kaddour2 1 : Institut Salah Azaeiz- Tunis - Tunisie e-mail : [email protected] 2 : Service d’anesthésie réanimation, Institut national de neurologie –Tunis - Tunisie e-mail : [email protected] INTRODUCTION : L’hypotension artérielle secondaire à la rachianesthésie pour césarienne est pratiquement constante, malgré les différentes mesures préventives (pré-remplissage aux macromolécules, position latérale gauche, administration des vasopresseurs) (1,2,3) . L’hypotension artérielle peut se manifester chez la parturiente par des vertiges , des nausées et des vomissements et peut être de conséquences graves sur le pronostic fœtal. L’idée de ce travail est de comparer la stabilité hémodynamique, la demande supplémentaire en vasoconstricteurs intraveineux pour le maintien d’une pression artérielle (pa) dans les limites de la normale et le pH fœtal, après administration intramusculaire (IM) de la phényléphrine par rapport à l’éphédrine PATIENTS ET MÉTHODES : Après accord du comité d’éthique et consentement éclairé des parturientes , il a été inclus dans cette étude prospective , randomisée , réalisée en double aveugle 108 femmes , âgées de 18 à 41 ans, ASA 1 et 2 . Elles ont bénéficié d’une césarienne programmée sous anesthésie combinée rachi-péri, après avoir assuré un pré-remplissage vasculaire par 500 ml de Ringer Lactate . La rachianesthésie a été assurée par 2,2 ml de bupivacaine hyperbare à 0.5 % et du fentanyl à la dose de 20 µg. Le volume total administré a été de 2,6 ml. Ont été exclus de l’étude les femmes hypertendues connues ou ayant présenté une pression artérielle au repos dépassant les 160 / 90 mmHg. Les parturientes ont été réparties en 4 groupes de 27 parturientes chacun , ayant reçu en IM juste après rachianesthésie: une dose de 4 mg de phényléphrine (P4) , 2 mg de phényléphrine (P2), 45 mg d’éphédrine (E45) et enfin du sérum physiologique à 0,9% pour le groupe contrôle (C ). Un bolus intraveineux de 6 mg d’éphédrine est administré en cas d’hypotension artérielle ; elle est définie comme une baisse d’au moins 25% par rapport à la valeur de la pa moyenne mesurée 10 min en prérachianesthésie. Ce bolus de vasoconstricteturs a été aussi administré en cas de nausées , de vomissements ou de vertiges. Par ailleurs, ont été relevés le score Apgar à 1 et à 5 min et le pH du sang veineux fœtal. La voie péridurale n’a été utilisée pour l’analgésie qu’après avoir relevé les différents paramètres recherchés par l’étude. Il n’a pas été relevé de différences quant aux caractéristiques démographiques , les valeurs des pressions artérielles mesurées en pré-rachianesthésie et le niveau d’extension du bloc anesthésique. L’incidence des épisodes hypotensifs a été successivement de 33% pour P4, de 45% pour E45, de 70% pour P2 et le groupe C. Une baisse significative de l’incidence des épisodes hypotensifs a été observé dans le groupe P4 comparé au groupe contrôle (P4 : 9/27 (33%), P2 :18/27(70%), E45 : 13/27(48%), C :18/27(70%) , (p=0,03)). Ce travail n’a pas fait ressortir, dans aucun groupe, la survenue de pics hypertensifs, définis comme étant une augmentation de + de 25% de pa moyenne par rapport aux valeurs de base. La dose totale d’éphédrine intraveineux nécessaires au maintien de la pression artérielle post–rachianesthésie dans les limites des valeurs normales a été singficativement réduites dans les groupes P4 et E45 comparé au groupe P2 et contrôle (P4 : 15,7mg, P2 :17,9mg, E45 : 15,8mg, C :28,8mg ; (p=0.02)). Alors que le nombre de patients ayant bénéficié d’un bolus intraveineux d’éphédrine a été élevé dans les quatre groupes ( 77-85%). Le moment où l’administration du bolus intraveineux d’éphédrine a été nécessaire pour la correction de la chute tensionnelle a été identique pour les quatre groupes. Il n’a pas été relevé de différence pour le pH veineux fœtal ni pour les scores Apgar entre les groupes. Par ailleurs , il n’a pas été relevé de différences quant aux variations de la fréquence cardiaque entre les groupes. COMMENTAIRES : L’intérêt de ce travail est de souligner la nécessité d’administrer un traitement préventif afin de contrebalancer les effets hémodynamiques à type d’hypotension souvent mal tolérés par les parturientes ainsi que le fœtus après rachianesthésie pour césarienne . Il a été en effet observé une réduction de la sévérité des épisodes hypotensifs ainsi que des doses totales d’éphédrine administrées en IM après induction de la rachianesthésie pour les groupes P4 et E 45 comparé aux groupes P2 mg et contrôle. Cependant, les différents travaux ont défini de manière arbitraire l’hypotension artérielle (1,4,5) . Pour certains il s’agit d’une baisse de la pression artérielle systolique allant de 20 à 30 %par rapport à la valeur de base ; pour d’autres, elle est définie comme une valeur absolue < 90-100 mmHg . Par conséquent les bolus d’éphédrine intraveineux nécessaires à la correction de la chute tensionnelle après induction de la rachianesthésie va dépendre de la définition que s’est fixée chacun des auteurs. Dans ce travail les bolus intraveineux d’éphédrine n’ont pas été uniquement préconisées suite à une chute de 25% de la pa moyenne par rapport aux valeurs de base de préinduction, mais aussi à la suite de nausées, de vomissements et de vertiges ce qui peut à notre avis expliquer le nombre élevé de parturientes ayant bénéficié d’un bolus intraveineux d’éphédrine. Selon l’auteur, la J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 8 85 5 PRESSE MEDICAL consommation significativement élevée d’éphédrine observée dans le groupe P 2 et C serait le témoin de la sévérité des épisodes hypotensifs. Par ailleurs, d’autres travaux ont relevé une incidence élevé de bradycardie (58%) , définie par une fréquence cardiaque < 60 c/min) secondaire à l’injection d’un bolus intraveineux de phényléphrine (6). La phényléphrine, permet de contrebalancer la baisse des résistances vasculaires induite par la rachianesthésie et de restaurer ainsi les pressions artérielles systoliques , diastoliques et moyennes. Cet agent a1 adrénergique induit, par ailleurs, une baisse de la fréquence et du débit cardiaque (7). Cependant, dans ce travail, aucun épisode de bradycardie n’a été enregistré après injection intramusculaire de phényléphrine. Selon l’auteur ce résultat serait secondaire à l’administration intraveineuse des bolus d’éphédrine qui a un effet mixte a et b adrénergique . De part son action b1adrénergique prédominante, l’éphédrine permet de maintenir la pression artérielle par augmentation du débit cardiaque et accélération de la fréquence cardiaque. En effet , l’auteur a relevé une accélération de la fréquence cardiaque nettement plus marquée dans le groupe de parturientes ayant bénéficié d’éphédrine à la dose de 45 mg en IM. L’absence d’épisodes de bradycardie pourrait éventuellement s’expliquer par la tachycardie réflexe secondaire à la réduction des résistances vasculaires systémiques observée après rachianesthésie. Si la place des vasopresseurs dans le traitement de l’hypotension après césarienne sous rachianesthésie est bien établie , le moment d’injection du vasopresseur reste néanmoins , un point de controverse . Administré avant l’anesthésie rachidienne, le vasopresseur peut induire une hypertension dont les conséquences peuvent être délétère sur la perfusion utérine surtout en cas d’échec du bloc anesthésique (8) justifiant sa prescription après induction de la rachianesthésie. L’étude pharmacocinétique permet de suggérer que l’effet pic est retrouvé 10 à 15 min après administration intramusculaire de l’éphédrine ou de la phényléphrine, coïncidant ainsi avec la chute de pam observée dans les quelques minutes qui suivent l’installation du bloc anesthésique. Cet effet secondaire indésirable n’a pas été retrouvé dans ce travail. Selon l’auteur, l’injection intramusculaire des vasoconstricteurs juste après l’induction de la rachianesthésie semble être intéressante car elle permet de couvrir toute la période du bloc anesthésique . En effet , l’injection intramusculaire de vasoconstricteurs en post rachianesthésie a permis de réduire la sévérité des épisodes hypotensifs mais sans pour autant éliminer le risque de survenue de ces chutes tensionnelles . Par ailleurs, ce travail n’a pas mis en évidence de pics hypertensifs maternels , ni d’incidents ou accidents sur le foetus, suite à l’administration des vasopresseurs par voie IM. En conclusion , la présente étude a permis de souligner l’intérêt d’administrer par voie intramusculaire de la phényléphrine à la dose de 4 mg ou de l’éphédrine à la dose de 45 mg après rachianesthésie pour césarienne programmée. Ces vasoconstricteurs ont permis de réduire la sévérité de l’hypotension fréquemment observée après rachianesthésie et par conséquent la dose totale d’éphédrine administrée par voie intraveineuse afin de corriger l’hypotension induite par l’installation du bloc anesthésique. Cependant d’autres travaux doivent être réalisés afin de J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 8 86 6 déterminer la dose optimum de vasoconstricteurs ainsi que le moment d’injection par voie intramusculaire (pré versus postrachianesthésie), pour garantir un maximum d’efficacité thérapeutique et de sécurité maternelle et fœtale. R É F É R E N C E S 1 2 3 4 5 6 7 8 Rout CC, Rocke DA, Levin J, Gouws E, Reddy D. Re-evaluation of the role of cristalloid preload in the prevention of hypotension associated with spinal anesthesia for elective cesarean section . Anesthesiology 1993, 79:262-9 Siddik SM, Aouad MT, Kai GE, Sfeir MM, Baraka AS. Hydroxyethylstratch 10% is superior to Ringer’s solution for preload before spinal anesthesia for cesarean section. Can J Anaesth 2000, 47: 607-10 Kee WD, Khaw KS, Lee B, Lau TK, Gin T. A dose –response study of prophylactic intravenous ephedrine for the prevention of hypotension during spinal anesthesia for cesarean delivery . Anesth Analg 2000, 90: 1390-5 Jackson R, Reid JA, Thorburn J. Volume preloading is not essential to prevent spinal-induced hypotension at cesarean section. Br J Anaesth 1995, 75: 262-5 Webb AA, Sipton EA. Re-evaluation of i.m ephedrine as prophylaxis against hypotension associated with spinal anaesthesia for cesareansection. Can J anaesth 1998, 45: 367-9 Thomas DJ, Robson SC, Redfern N, Hughes D, Boys RJ. Randomised trial of bolus phenylephrine or ephedrine for maintenance of arterial pressure infusion during spinal anaesthesia for cesarean section. Br J Anaesth 1996, 76 :61-5 Brooker RF, Butterworth GF, Kitzman DW, Berman JM, Kashtan HI and al. Treatement of hypotension after hyperbaric tetracaïne spinal anaesthesia. A randomised, double blind cross- over comparison of phenylephrine and epinephrine. Anesthesiology 1997, 86:797-805 Root CC, Rocke DA, Brijball R, Koovarjee RV. Prophylactic intramuscular ephedrine prior to cesarean section. Anaesth Intens Care 1992, 20: 377-8 INTRATHECAL MIDAZOLAM INCREASES THE ANALGESIC EFFECTS OF SPINAL BLOCKADE WITH BUPIVACAINE IN PATIENTS UNDERGOING HAEMORRHOIDECTOMY Kim MH, Lee YM Br J Anaesth 2001, 86: 77-9 COMMENTAIRES : M. Boussofara1, C. Kaddour2 1 : Institut Salah Azaeiz- Tunis - Tunisie - e-mail : [email protected] 2 : Service d’anesthésie réanimation, Institut national de neurologie–[email protected] BUT : Evaluer l’effet analgésique postopératoire du midazolam administré par voie intrathécale PATIENTS ET MÉTHODES : Après accord du comité d’éthique et consentement éclairé des patients, ont été inclus dans cette étude prospective , randomisée, réalisée en double aveugle, 45 malades , ASA 1, 2. Ils ont bénéficié d’une chirurgie hémorroïdaire programmée réalisée sous rachianesthésie. Les malades n’ont pas bénéficié d’une prémédication . Il a été préconisé , en intrathécale pour le groupe contrôle (n=15) : 1 ml de bupivacaine hyperbare à 0,5% associé à 0,2 ml de sérum physiologique à 0,9 %, pour le groupe BM1 : 1 ml de bupivacaine hyperbare à 0,5% associé à 1 mg de midazolam dans 0,2 ml (5 mg/ml) et enfin pour le groupe BM2 : 1 ml de bupivacaine hyperbare à 0,5% PRESSE MEDICAL associé à 2 mg de midazolam dans 0,4 ml (5 mg/ml). Ont été exclus de l’étude les patients ayant une contreindication à l’anesthésie régionale ou opioide-dépendants. Les patients ont bénéficié d’un monitorage électrocardioscopique , non invasif de la pression artérielle et de la Sp02. Tous les malades sont hospitalisés durant 24 h en postopératoire. En cas de douleur post-chirurgicale, il sera uniquement prescrit du paracétamol associé à de la codéine. Trois paramètres ont été évalués , la durée de l’analgésie efficace , le score sur l’échelle visuelle analogique à la première prise d’antalgiques et enfin la consommation totale d’analgésiques sur 24 h post rachianesthésie. Tous les effets adverses ont été relevés. Les comparaisons des différents groupes ont fait appels à différents tests non paramétriques ANOVA et kruskal-wallis. Les tests ont été considérés comme significatifs si p< 0,05 RÉSULTAT : Il n’a pas été relevé de différences quant aux caractéristiques démographiques ou la durée de la chirurgie. La durée d’analgésie a été significativement prolongée dans les groupes BM1 et BM2 comparée au groupe contrôle (3 ,99 ± 0,78 h groupe contrôle versus 6,03 ± 1,49h pour le groupe BM1 et 8,37 ± 2,51h pour le groupe BM2 avec p<0,05). Elle a été significativement plus longue dans le groupe BM1 comparé au groupe BM2 (p<0,05). quant aux scores visuels analogiques (VAS) à la première prise d’antalgiques , Il n’a pas été observé de différence significative entre les groupes. La consommation totale d’antalgiques par 24 heures est significativement moindre dans les groupes BM1 et BM2 comparé au groupe contrôle (p<0,01). Alors que cette différence n’est pas significative entre BM1 et BM2. L’auteur a par ailleurs objectivé trois cas de rétention urinaire dans chacun des trois groupes. COMMENTAIRES : Ce travail a permis d’objectiver un effet de potentialisation de l’analgésie postopératoire suite à l’adjonction de l’hypnovel par voie intrathécale . Il est néanmoins important de relever dans le texte une confusion entre la durée d’analgésie et le délai d’analgésie (time to first analgesia versus time to first pain medication). Cette confusion ne nous permet pas de confirmer les suppositions de l’auteur concernant l’effet antalgique dose réponse du midazolam intrathécale. En effet, l’auteur a supposé que l’adjonction de 1 mg d’hypnovel permet de prolonger l’analgésie postopératoire de 2h alors que 2 mg d’hypnovel en intrathécale permet de prolonger cette durée à 4,5h. Cette modulation de l’analgésie semble être en rapport avec les récepteurs de benzodiazépines (GABA-A) dont la densité est élevée au niveau de la lamina II de corne dorsale de la moelle épinière. L’injection intrathécale de midazolam favoriserait la libération des endorphines qui vont agir au niveau des récepteurs d spinaux. Quant à la méthodologie de ce travail, l’auteur n’a pas précisé s’il y a eu un monitorage discontinu du VAS durant les 24 heures en postopératoire et n’a pas comparé l’évolution du VAS sur toute la période du postopératoire . Il s’est en effet contenté uniquement de la valeur à partir de laquelle il a été nécessaire d’administrer par voie orale un supplément d’antalgique. Il n’est donc pas possible de comparer la qualité de l’analgésie postopératoire. Ce travail n’a par ailleurs pas cherché à déterminer l’effet du midazolam intrathécale sur la durée du bloc moteur. L’auteur s’est en effet , juste référé au travail de Van Zundert (1) pour affirmer l’absence du retentissement sur la durée du bloc moteur . Cet effet secondaire nous paraît important à évaluer surtout que l’objectif de l’étude est de prolonger uniquement la durée d’analgésie et de réduire la consommation d’antalgiques. L’originalité du travail est d’avoir évaluer l’effet analgésique de l’hypnovel par voie intrathécale et d’avoir confirmer les résultats expérimentaux concernant l’absence de neurotoxicité du midazolam par voie intrathécale (2). Il est à notre avis important de confirmer ces constatations par d’autres travaux ayant attrait à la chirurgie lourde et douloureuse surtout que l’effet de potentialisation de l’analgésie postopératoire ne semble pas s’associer à une altération du tonus sympathique. Cependant, il nous semble fondamental d’améliorer la méthodologie afin de garantir l’efficacité et la sécurité de cette technique analgésique . R É F É R E N C E S 1 Van Zundert AAJ, Grouls RJE, Korsten HHM, Lambert DH. Spinal anesthesia volume or concentration – what matters ? Reg Anesth 1996, 21: 112-8 2 Serrao JM, Mackenzie JM, Goodchild CS, Gent JP. Intrathecal midazolam in the rat : an investigation of possible neurotoxic effects. Eur J Anaesthesiol 1990; 7:115-22 INTRATHECAL SUFENTANIL AND MORPHINE FOR POST THORACOTOMY PAIN RELIEF Mason N, Gondret R, Junca A, Bonnet F Br J Anaesth 2001, 86: 236-40 COMMENTAIRES : M. Boussofara1, C. Kaddour2 1 : Institut Salah Azaeiz- Tunis - Tunisie e-mail : [email protected] 2 : Service d’anesthésie réanimation, Institut national de neurologie, Tunis.Tunisie.e-mail :[email protected] INTRODUCTION : Le but de cette étude est d’évaluer la qualité d’analgésie en post opératoire après thoracotomie pour cancer du poumon par l’injection intrathécale de deux morphiniques à liposolubilité différente (morphine + sufentanil). MATERIEL ET METHODE : Etude prospective randomisée en double aveugle incluant 30 patients ASA I- III programmés pour une résection pulmonaire par une thoracotomie postérolatérale. Les patients ont été répartis en deux groupes : ● un groupe témoin ● un groupe intrathécal morphine + sufentanil (groupe MS) Le protocole d’anesthésie générale a été idnetique dans les deux groupes (Propofol – sufentanil – atrocurium). L’anesthésie a été entretenue avec de l’isoflurane. Dans le groupe MS l’administration d’opioïdes en intraJ. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 8 87 7 PRESSE MEDICAL thécale est faite avant l’incision chirurgicale à travers une aiguille de 24 G au niveau L3-L4 ou L4-L5. Les patients ont reçu 4 ml d’une solution contenant : 20 µg Sufentanil + 200 µg Morphine. Dans le groupe témoin, les patients ont eu une désinfection cutanée au niveau lombaire identique à celle du groupe MS. En salle de réveil, tous les patients ont reçu une titration de morphine ( 2mg en bolus à intervalles de 5 minutes), jusqu’à EVA < 30 puis un relais avec une PCA. La dilution de la Morphine est de 1 mg/ml additionnée au Dropéridol à 5 mg/50 ml. La PCA a été maintenue pendant 72 heures. Les paramètres relevés au repos et à la toux sont : EVA, EVS à 1, 2, 4, 6, 12, 18, 24, 36, 48 et 72 heures après sortie de la salle de réveil. Des effets secondaires ont été enregistrés aux mêmes intervalles. RESULTATS : Les caractéristiques des patients, la durée de l’intervention et le retard d’extubation étaient semblables dans les deux groupes. La dose moyenne administrée de Sufentanil en intraveineux au bloc opératoire pendant la chirurgie était significativement plus grande dans le groupe témoin. La dose moyenne de morphine administrée en salle de réveil était beaucoup plus grande dans le groupe témoin. Le temps mis à la première administration de PCA était identique dans les deux groupes. Au cours des 24 premières heures postopératoire, la consommation de morphine était significativement plus basse dans le groupe MS, mais semblable dans les deux groupes entre 24 et 72 heures. Six patients dans le groupe MS et quatre dans le groupe témoin ont eu une rétention urinaire (non significative). Aucun patient n'a reçu de la naloxone et trois patients dans chaque groupe se sont plaints de nausées et de vomissements. COMMENTAIRES : Les auteurs ont conclu que : L'administration intrathécale de morphine + sufentanil au niveau lombaire après thoracotomie aboutie à la diminution de 50 % des besoins morphiniques intraveineux au cours des premières 24 heures postopératoires. Au delà des 24 heures, la différence devient non significative entre le groupe témoin (PCA morphine seule) et le groupe MS + PCA morphine. Dans cette étude, un troisième groupe (morphine seule en intrathécale) aurait pu nous démontrer l'importance éventuelle de l'association morphine + sufentanil en intrathécale sur la douleur précoce en postopératoire. La comparaison du groupe témoin avec le groupe MS a pu également nous démontrer que la combinaison morphine + sufentanil est immédiatement efficace dans la période postopératoire. CONCLUSION : La douleur post-thoracotomie est une des douleurs les plus sévères en postopératoire et sa gestion est un défi considérable pour le médecin anesthésiste. Plusieurs techniques d'analgésies ont été utilisées, mais l'injection intrathécale d'opoïdes au niveau lombaire procure une bonne qualité d'analgésie avec des effets secondaires semblables aux autres techniques avec une simplicité des gestes et moins de charge de travail pour l'équipe soignante. J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 8 88 8 Traitement du sepsis sévère et du choc septique :’ “adjuntive therapy”, s’ouvre sur la voie des antagonistes de la coagulation après celle des antagonistes de l’inflammation. Efficacy and safety of recombinant human activated protein C for severe sepsis. Bernard GR, JL Vincent, PF Laterre, et al. N Engl J Med 2001; 344:699-709. COMMENTAIRES : Bechir Bouhaja services d’anesthésie réanimation C.H.U. Mongi Slim - La Marsa. e- mail : [email protected] Le Drotrecogin alfa (activé), ou protéine C recombinée, activée, d’origine humaine, a des propriétés antithrombotiques, anti-inflammatoires et fibrinolytiques. Dans une précédente étude, le Drotrecogin alfa activé a entraîné une réduction dose-dépendante des concentrations sériques en médiateurs de la coagulation et de l’inflammation chez les patients présentant un sepsis sévère. Dans cette étude de phase 3, les auteurs ont cherché à vérifier si un traitement par le Drotrecogin alfa activé permet de diminuer le taux de mortalité des patients présentant un sepsis sévère. Méthodes : il s’agit d’un essai randomisé, contrôlé, mené en double aveugle, groupe contrôle versus placebo. Les patients présentant une réponse inflammatoire systémique et une défaillance d’organes consécutives à une infection aiguë, étaient enrôlés dans l’étude et assignés à recevoir en perfusion IV soit le placebo, soit le Drotrecogin alfa activé à la dose de 24 µg/kg/h pour une durée totale de 96 heures. L’objectif primaire à évaluer ( primary end point) a été défini de façon prospective comme étant la mortalité à 28 jours après l’inclusion, et ce quelle qu’en était la cause. Les patients ont été surveillés afin de détecter : les effets adverses du médicament testé, les changements qui peuvent affecter les paramètres vitaux, les variables biologiques, les résultats des cultures microbiologiques ainsi qu’une éventuelle immunisation vis à vis de la protéine C activée. Résultats : la randomisation a concerné au total 1690 patients : 860 dans le groupe placebo et 850 dans le groupe Drotrecogin alfa activé. Le taux de mortalité était de 30,8% dans le groupe placebo et de 24,7% dans le groupe Drotrecogin alfa activé. S’agissant de l’évaluation de l’objectif primaire préalablement défini, le traitement au Drotrecogin alfa activé s’est associé à une réduction du risque relatif de décès de 19,4% ( IC 95%, 6,6 à 30,5) et du risque absolu de décès de 6,1% ( p = 0,005). L’incidence des accidents hémorragiques graves était plus élevée dans le groupe Drotrecogin alfa activé par rapport au groupe placebo (3,5% vs 2%, p = 0,06). Conclusions : le Drotrecogin alfa activé entraîne une réduction significative du taux de mortalité des patients présentant un sepsis sévère et peut être associé à une augmentation du risque hémorragique. COMMENTAIRES : L’approche thérapeutique conventionnelle du choc septique consiste en l’éradication du foyer infectieux par PRESSE MEDICAL l’antibiothérapie et/ou la chirurgie et la mise en œuvre d’un traitement supportif, de réanimation, pour pallier les défaillances vitales engendrées par le sepsis. Malgré les progrès de la réanimation, et l’avènement de nouveaux antibiotiques, tout particulièrement durant les années 80 et 90, la mortalité occasionnée par le choc septique est restée élevée et avoisine dans les études récentes 35 à 45% (1,2). Le concept d’«adjunctive therapy » est né il y a une quinzaine d’années et a progressé parallèlement aux progrès accomplis dans la compréhension de la physiopathologie du sepsis (3,4). Il fait référence aux thérapeutiques destinées à agir sur les étapes physiopathologiques intermédiaires qui sont déclenchées par l’invasion bactérienne et qui mènent au syndrome de défaillance multiviscérale. Plusieurs essais cliniques ont été menés ces dernières années afin de tester l’efficacité de l’ « adjuntive therapy » encore appelée «investigational therapy ». Les essais les plus importants ont évalué les anticorps anti-endotoxine, anti-TNF, anti IL-1, l’interleukin-1 receptor antagonists, les inhibiteurs de la cyclooxygénase, les antagonistes du thromboxane, du monoxyde d’azote, du platelet activating factor et les inhibiteurs des leukocyte-adhesion molécules (2). Malgré la pertinence des hypothèses physiopathologiques qui soutiennent l’intérêt de ces nouvelles thérapeutiques dans le traitement du sepsis sévère, leur efficacité n’a pu être démontrée par les études actuelles. L’étude de Bernard et al (5), est une étude multicentrique, internationale, de niveau I, qui a eu pour objectif de tester l’efficacité de la protéine C activée (Drotrecogin alpha) dans le traitement du sepsis sévère. La protéine C est un constituant naturel du système anticoagulant, dotée en plus de ses propriétés antithrombotiques de propriétés anti-inflammatoires indéniables. Les bases physiopathologiques de cette voie thérapeutique reposent sur le fait que l’endotoxine et les cytokines, une fois libérées, créent un environnement humoral qui favorise la coagulation notamment à travers l’activation de la voie extrinsèque après expression d’un facteur tissulaire (6). Systèmes proinflammatoire et procoagulant sont ainsi intriqués et rendent compte des lésions microvasculaires, endothéliales, qui compromettent la perfusion régionale et prédisposent au syndrome de défaillance multiviscérale. L’activité procoagulante excessive se traduit, chez les patients décédés suite à un sepsis sévère, par des concentrations sériques très basses en antithrombine III et en protéine C (substances anticoagulantes naturelles) contrastant avec une élévation des taux plasmatiques du plasminogen activator inhibitor type 1 qui est un inhibiteur de la fibrinolyse normale (7). Dans l’étude de Bernard et al (5), un déficit en protéine C était présent chez 87,6% des patients, les taux plasmatiques des D-dimères et d’interleukin-6 étaient élevés, au moment de la randomisation, chez 99,7 et 98,5 des patients, respectivement. Après traitement, les patients du groupe Drotrecogin alpha avaient des taux plasmatiques de D-dimères et d’interleukin-6 significativement plus bas que ceux des patients du groupe placebo. L’inhibition des systèmes proinflammatoire et procoagulant, a entraîné une réduction du taux de mortalité à 28 jours de 6,1% (30,8 dans le groupe placebo versus 24,7 dans le groupe traité) ; les effets adverses à type d’accidents hémorragiques sévères étaient cependant plus fréquents dans le groupe traité par Drotrecogin (3,5% vs 2% ; p = 0,06). Cette différence n’était manifeste que le temps de la perfusion du médicament. Cette constatation est d’autant plus frappante que les patients à haut risque hémorra- gique avaient été exclus initialement de l’étude comme les insuffisants rénaux chroniques dialysés, les post opérés récents, les transplantés, les patients présentant une thrombopénie inférieure à 30, 000/mm3 ou traités par l’aspirine. Malgré ces résultats favorables à l’utilisation du drotrecogin alpha dans le sepsis sévère, on ne peut guère s’empêcher de formuler les questions et remarques suivantes : - L’étude a été délibérément interrompue après la deuxième analyse intérimaire devant la constatation d’une réduction significative du taux de mortalité dans le groupe traité par Drotrecogin alpha. Ce résultat positif a été annoncé de façon spectaculaire prenant la forme d’un scoop avec un early release de l’article de Bernard et al (5) par le New England Journal of Medicine dès la mi-février 2001 alors que sa parution officielle était prévue pour le 8 Mars. Cependant, la question qui reste posée est la suivante : l’interruption de l’étude, qui a été justifiée par les effets favorables du Drotrecogin sur le taux de survie, n’a-t-elle pas empêcher l’évaluation exacte de l’incidence des accidents hémorragiques sévères liés à l’emploi de ce médicament. D’ailleurs, au stade atteint par l’étude, les accidents hémorragiques sévères étaient plus fréquents parmi les malades du groupe Drotrecogin par rapport au groupe placebo et la différence entre les deux groupes a frôlé le seuil de signification statistique (p = 0,06). Ces accidents hémorragiques n’étaient pas des moindres : 9 hémorragies gastro-intestinales, 6 intra-thoraciques, 4 rétro péritonéales, 2 intracrâniennes… la poursuite de l’étude aurait pu mettre en évidence une différence significative concernant l’incidence des hémorragies sévères dans le groupe Drotrecogin. L’interruption de l’étude a empêché une telle démonstration qui aurait pu faire considérer le Drotrecogin comme un médicament, certes efficace, mais doté d’effets secondaires potentiellement ou effectivement menaçants. - Le Drotrecogin alfa a été fabriqué par les laboratoires Eli Lilly (Indianapolis). Or plusieurs parmi les principaux responsables de cette étude étaient ou employés ou actionnaires ou conseillers près Eli Lilly. Cette implication indiscutable des laboratoires Lilly a-t-elle influencé quelque part la méthodologie de l’étude, comme, par exemple, son interruption avant terme? D’autres études, du même niveau de preuve que celle de Bernard et al, devraient pouvoir préciser la place du Dretrocogin dans le traitement du sepsis sévère et fournir une meilleure idée sur l’ampleur des effets secondaires qu’il pourrait occasionner. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1 - Rangel-Frausto MS, Pittet D, Costigan M, Hwang T, Davis CS, Wenzel RP. The naturel history of the systemic inflammatory response syndrome (SIRS): a prospective study. JAMA 1995; 273: 117-23. 2 - Wheeler AP, Bernard GR. Treating patient with severe sepsis. N Engl J Med 1999; 340: 207-214. 3 - Lynn WA, Cohen J. Adjuntive therapy for septic shock: a review of experimental approaches. Clin Inf Dis 1995; 20: 143- 158. 4 - Natanson C, Hoffman WD, Suffredini AF, Eichacker PQ, Danner RL. Selected treatment strategies for septic shock basede on proposed mechanisms of pathogenesis. Ann Intern Med 1994; 120: 771- 783. 5 - Bernard GR, Vincent JL, Laterrre PF, et al. Efficacy and safety of recombinant human activated protein C for severe sepsis. N Engl J Med 2001; 344:699-709. 6 - Van der Poll T, Buller HR, Ten Cate H, et al. Activation of coagulation after administration of tumor necrosis factor to normal subjects. N Engl J Med 1990; 322:1622-7. 7 - Matthay MA. Severe sepsis. A new treatment with both anticoagulant and antiinflammatory properties. N Engl J Med 2001; 344:759-762. J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 8 89 9 Protocole Protocole PANCRÉATITE AIGUË Conférence de consensus 25 et 26 janvier 2001 PARIS Promoteur Société Nationale Française de Gastro-Entérologie INTRODUCTION La pancréatite aiguë (PA) est une affection parfois grave, nécessitant une prise en charge multidisciplinaire impliquant gastro-entérologues, chirurgiens, réanimateurs, anesthésistes, radiologues, urgentistes et biologistes. Chaque étape de sa prise en charge (diagnostic positif, choix des examens d'imagerie, diagnostic étiologique, appréciation de la gravité, place de l'antibiothérapie prophylactique, conduite à tenir devant la nécrose stérile ou infectée) est l'objet de controverses. Sur de nombreux points de litige, des études, souvent randomisées, sont maintenant disponibles. Il paraissait opportun d'essayer de dégager un consensus sur les pratiques recommandables en matière de prise en charge de la PA. Deux enquêtes récentes françaises ont donné un éclairage sur l'épidémiologie et les pratiques professionnelles dans notre pays. L'ensemble de ces résultats concernant l'incidence, les formes étiologiques, la gravité, rejoint la plupart des statistiques internationales les plus récentes. Une grande disparité dans la prise en charge de ces malades a été trouvée : grande variété de pratiques concernant les méthodes diagnostiques employées, l'utilisation des scores de gravité, les différentes techniques d'imagerie pour le diagnostic d'origine biliaire de la PA, les critères de transfert en réanimation, ainsi que les principales options thérapeutiques. Elles soulignent surtout la différence de comportement entre les représentants des différentes spécialités dans la prise en charge de cette affection quel que soit leur établissement d'exercice. Cette disparité de pratiques professionnelles souligne l'intérêt de la tenue de cette Conférence de Consensus. Le Jury a eu à répondre aux six questions suivantes : 1. Comment faire le diagnostic positif et étiologique ? 2. Comment et à quel moment établir la gravité d'une pancréatite aiguë ? 3. Comment prendre en charge les formes non compliquées ? 4. Comment prendre en charge les formes compliquées ? 5. Comment traiter une pancréatite aiguë biliaire ? 6. Peut-on prévoir et prévenir la pancréatite aiguë post-CPRE ? Question 1 Comment faire le diagnostic positif et étiologique ? Diagnostic positif de la pancréatite aiguë Les douleurs abdominales sont présentes dans près de 100 % des cas. Le début des douleurs représente le début de l'histoire de la maladie. Les autres signes cliniques (non spécifiques ou rares) n'ont pas d'intérêt pratique. Le dosage de la lipasémie a une valeur diagnostique supérieure à celle de l'amylasémie et de l'isoamylase panJ. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 9 90 0 créatique. L'élévation de la lipasémie est plus prolongée que celle de l'amylasémie. Un taux de 3N est considéré comme valeur seuil significative pour ces enzymes. Le dosage de la lipasémie doit pouvoir être obtenu en urgence. L'intérêt de l'association du dosage de l'amylasémie et de la lipasémie par rapport au dosage isolé de la lipasémie n'est pas démontré. La mesure du trypsinogène de type 2 sur bandelette urinaire pourrait être proposée dans les services d'urgence pour éliminer l'hypothèse d'une PA, en raison de sa forte valeur prédictive négative (VPN : 99 %). Aucun autre test n'a prouvé son intérêt. Toute douleur abdominale aiguë évocatrice associée à une élévation de la lipasémie supérieure à 3 N dans les 48 premières heures suivant le début des symptômes fait porter le diagnostic de PA. Lorsque le diagnostic de PA est porté sur des signes cliniques et biologiques, il n'y a pas lieu de réaliser un examen d'imagerie pour le confirmer. En cas de doute diagnostique, l'examen de référence est la tomodensitométrie (TDM). Elle peut établir à elle seule le diagnostic de PA. Elle permet le diagnostic différentiel. Pour le diagnostic de PA, la TDM nécessite une injection de produit de contraste iodé. Dans l'impossibilité d'un recours en urgence à la TDM, l'échographie abdominale peut aider au diagnostic. Elle est cependant toujours d'interprétation difficile, et ne permet pas d'explorer la région pancréatique dans près de 40 % des cas. L'imagerie par résonance magnétique (IRM) est supérieure à la TDM dans l'analyse des signes morphologiques pancréatiques et extra-pancréatiques. Sous réserve d'une plus grande accessibilité des appareils et d'une standardisation des protocoles, l'IRM pourrait être proposée en remplacement de la TDM. Ceci est particulièrement vrai pour les malades avec ou à risque d'insuffisance rénale car elle utilise un produit de contraste de très faible toxicité (chélates de gadolinium) pour apprécier le rehaussement vasculaire. DIAGNOSTIC ÉTIOLOGIQUE En France, les deux causes les plus fréquentes de PA sont l'alcoolisme et la lithiase biliaire qui représentent chacune environ 40 % des cas. Recherche de l'origine biliaire L'origine biliaire de la PA est à rechercher en priorité en raison de sa fréquence et de l'existence d'un traitement spécifique. Les arguments cliniques en faveur d'une cause lithiasique sont l'âge supérieur à 50 ans et le sexe féminin (deux fois plus fréquent). Le meilleur marqueur biologique de PA biliaire est l'élévation des ALAT, qui doivent être dosées précocement. Au seuil de 3N, leur valeur prédictive positive est de 95 %. L'élévation de la bilirubine témoigne plus d'un obstacle cholédocien per- PANCRÉATITE AIGUË sistant que de l'origine biliaire d'une PA. La recherche de l'origine biliaire d'une PA doit être systématiquement effectuée, même en l'absence de critères clinico-biologiques évocateurs. Elle peut s'envisager dans deux circonstances : en urgence, uniquement si l'on envisage de traiter une éventuelle lithiase cholédocienne ; à distance, pour chercher une lithiase vésiculaire et poser l'indication d'une cholécystectomie. La TDM peut objectiver une lithiase vésiculaire ou cholédocienne, mais sa VPN est faible. La sensibilité (Se) de l'échographie pour le diagnostic de lithiase cholédocienne est faible (30 %). Elle plus élevée pour le diagnostic de lithiase vésiculaire (90 %), sauf à la phase initiale (67 %) en raison de l'iléus. Il est donc recommandé de répéter l'échographie avant de pratiquer des explorations plus complexes. La présence d'un "sludge" vésiculaire est d'interprétation délicate chez les malades à jeun depuis plusieurs jours. Une échographie vésiculaire normale n'exclut pas l'origine biliaire de la PA. En cas de négativité de l'échographie éventuellement répétée et de la TDM, l'examen le plus performant est l'échoendoscopie (EE), aussi bien pour le diagnostic de lithiase cholédocienne que vésiculaire. La cholangioIRM est une méthode non invasive dont la place reste à préciser. En cas de négativité des examens précédents et en l'absence d'autre cause de PA, la recherche de microcristaux dans la bile duodénale ou cholédocienne peut permettre de déterminer l'origine biliaire. Cette technique difficile, dont la réalisation doit être rigoureuse, est réservée aux PA récidivantes. Diagnostic d'une pancréatite non alcoolique non biliaire Environ 20 % des PA ne sont ni d'origine biliaire ni d'origine alcoolique. L'exhaustivité et la répétition de l'enquête étiologique, en particulier en cas de PA récidivante, sont susceptibles de diminuer le pourcentage de PA dites idiopathiques. Il faut insister sur la difficulté d'éliminer, d'une part, l'origine biliaire d'une PA en raison de l'existence de calculs inframillimétriques, d'autre part, une pancréatite chronique alcoolique débutante. Parfois seule l'évolution permettra de rattacher un épisode de PA à une pancréatite chronique vue précocement. L'interrogatoire et le contexte clinique permettent d'emblée d'évoquer une PA iatrogène (CPRE, postopératoire ou médicamenteuse). L'imputabilité intrinsèque d'un médicament repose sur des critères chronologiques cohérents et sur l'élimination des autres causes de PA. L'imputabilité extrinsèque repose sur des données bibliographiques ou informatisées (Pancréatox") [Gastroenterol Clin Biol 2001;25:1S22-7]. Lorsqu'une origine médicamenteuse a été suspectée, le cas doit être signalé au Centre Régional de Pharmacovigilance. Les PA infectieuses peuvent être bactériennes, virales Score de Ranson (1 point par item) A l'admission ou au moment du diagnostic - Age > 55 ans - Globules blancs > 16 G·L-1 - Glycémie > 11 mmol·L-1 (sauf diabète) - LDH > 350 U·L-1 (1,5 N) - ASAT > 250 U·L-1 (6N) Durant les 48 premières heures - Baisse hématocrite > 10% - Ascension urée sanguine > 1,8 mmol·L-1 - Calcémie < 2 mmol·L-1 - PaO2 < 60 mmHg - Déficit en bases > 4 mmol·L-1 - Séquestration liquidienne estimée > 6 L (VIH) ou parasitaires. Les examens biologiques initiaux devront chercher une cause métabolique (hypertriglycéridémie ou hypercalcémie) ; ces examens devront de nouveau être réalisés à distance de l'épisode aigu. Les PA d'origine génétique doivent être cherchées chez un sujet jeune présentant un contexte clinique évocateur. Les PA associées aux entérocolites inflammatoires (maladie de Crohn) ou aux maladies systémiques (lupus, vascularite) seront cherchées par un interrogatoire ciblé. Une cause obstructive, en particulier néoplasique, devra être cherchée au mieux par EE (ou IRM ?) réalisée à distance de l'épisode de PA. En cas de PA récidivante sans cause déterminée au terme de ces explorations, une CPRE sera réalisée à la recherche d'anomalies canalaires. Au terme de ces investigations qu'il faudra au besoin répéter, surtout dans les formes récidivantes, un certain nombre de PA demeurent "idiopathiques". Question 2 Comment et à quel moment établir la gravité d'une pancréatite aiguë ? La PA grave est définie par l'existence d'une défaillance d'organes et/ou par la survenue d'une complication locale à type de nécrose, d'abcès ou de pseudokyste. Elle est associée à une mortalité de 30 %. Les éléments d'appréciation de la gravité du pronostic doivent permettre de sélectionner et d'orienter les malades graves vers un service de réanimation, d'identifier ceux dont l'aggravation nécessitera une prise en charge différente et de définir des cohortes de malades homogènes statistiquement comparables. Les éléments d'appréciation retenus sont a) le terrain (âge > 80 ans, obésité : BMI > 30, insuffisances organiques préexistantes) b) les scores biocliniques spécifiques (Ranson, Imrie) avec 3 pour valeur seuil c) les éléments d'évaluation et de gradation de la défaillance d'organes qui comportent des critères hémodynamiques (fréquence cardiaque, tension artérielle < 90 mmHg malgré un remplissage, perfusion cutanée), respiratoires (fréquence respiratoire, PaO2 sous air < 60 mmHg (8 kPa), SpO2), neurologiques (agitation, confusion, somnolence, score de Glasgow neurologique < 13), rénaux (diurèse, créatininémie > 170 mmol·L-1) et hématologiques (plaquettes < 80 G·L-1). Ils peuvent être regroupés sous forme de scores. Ils permettent de réaliser une évaluation continue du malade. Ils ne sont pas spécifiques de la PA ; d) la C reactive protein (CRP) : malgré l'absence de validation, un taux > 150 mg·L-1 à la 48e heure est retenu. Score d'Imrie (1 point par item) - Age > 55 ans - Globules blancs > 15 G·L-1 - Glycémie > 10 mmol·L-1 (sauf diabète) - LDH > 600 U·L-1 (3,5 N) - Urée sanguine > 16 mmol·L-1 - Calcémie < 2 mmol·L-1 - PaO2 < 60 mmHg - Albuminémie < 32 g·L-1 - ASAT > 100 U·L-1 (2N) J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 9 91 1 PANCRÉATITE AIGUË Son augmentation au cours de l'évolution doit faire rechercher une aggravation locale ; e) la TDM : l'index de sévérité TDM (tableau), décrit par Balthazar, présente une bonne corrélation avec la morbidité et la mortalité. Il est évalué au mieux à j3. Il est recommandé de le mentionner dans les compte-rendus. L'analyse TDM tiendra également compte d'éléments pronostiques non intégrés dans l'index de gravité : ascite, épanchement pleural, siège céphalique de la nécrose, complications des coulées (infection, fistule, pseudo-anévrysme, thrombose veineuse). Inflammation pancréatique et péripancréatique Nécrose pancréatique Grade A : pancréas normal (0pt) Grade B : élargissement focal ou diffus du pancréas (1pt) Grade C : Pancréas hétérogène associé à une densification de la graisse péri-pancréatique (2 pts) Grade D : Coulée péri pancréatique unique (3pts) Grade E : Coulées multiples ou présence de bulles de gaz au sein d'une coulée (4pts) Pas de nécrose* (0pt) Nécrose < 30 % (2pts) Nécrose 30-50 % (4pts) Nécrose > 50 % (6pts) * Défaut de rehaussement du parenchyme pancréatique Total (maximum 10 points Index de sévérité Morbidité % Mortalité % <3 4 -6 7 - 10 8 35 92 3 6 17 Les performances du score APACHE II sont comparables à celles des scores spécifiques de gravité. Ce score est peu utilisé en France, même en réanimation. Le SAPS II, utilisé en France, n'a pas été étudié dans la PA. Le dosage du peptide activateur de la trypsine (TAP) est prometteur mais encore en cours de validation. L'IRM, bien que supérieure à la TDM dans l'appréciation des lésions pancréatiques et péripancréatiques, est difficilement utilisable pour les malades de réanimation et mal adaptée aux gestes interventionnels. Le nombre restreint d'appareils est une contrainte majeure. L'étude du liquide péritonéal, trop invasive pour un rendement diagnostique faible, doit être abandonnée. La survenue d'une défaillance viscérale justifie à elle seule et à tout moment le passage en réanimation. Sa recherche est effectuée de façon pluri-quotidienne dans les 48 premières heures. Après 48 h, on définit des malades à risques sur la base d'un score de Ranson ou d'Imrie > 3, d'une CRP > 150mg·L-1, d'un index de sévérité TDM > 4, ou d'un terrain particulier. Ces malades justifient une surveillance renforcée clinique, biologique (créatininémie, SpO2 ou gaz du sang, hémogramme quotidiens et CRP bihebdomadaire) et radiologique (TDM tous les 10 à 15 jours ou en cas de suspicion de complications). J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 9 92 2 Question 3 Comment prendre en charge les formes non compliquées ? Tout malade porteur d'une PA doit être hospitalisé. Compte tenu de l'évolution possible vers une forme compliquée, cette hospitalisation doit se faire dans des services spécialisés en pathologie digestive ayant accès à une endoscopie bilio-pancréatique, à proximité d'un service de réanimation et d'un service de radiologie équipé d'un scanner et de moyens de radiologie interventionnelle. Les malades doivent être évalués cliniquement plusieurs fois par jour pour détecter rapidement toute aggravation. Le dosage itératif des enzymes pancréatiques n'a pas d'intérêt. En l'absence d'aggravation, il n'y a pas d'indication à renouveler la TDM si elle a été réalisée initialement. Du fait de l'iléus réflexe et des vomissements, les malades ont tendance à présenter une déshydratation extracellulaire justifiant des apports hydro-électrolytiques importants. Seuls les vomissements répétés justifient la mise en place d'une sonde nasogastrique d'aspiration. Le jeûne s'impose souvent en raison des douleurs et de l'intolérance digestive. Il ne doit pas être prolongé et une réalimentation orale progressive est possible après 48 heures sans douleur. La mise en route d'une nutrition artificielle est inutile si la reprise de l'alimentation se fait avant le septième jour. La douleur doit être évaluée et traitée. Les dérivés salicylés et les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont contreindiqués en raison de leurs effets secondaires. Le paracétamol peut être suffisant mais doit être utilisé avec prudence chez les malades alcooliques. La morphine est l'antalgique de choix pour les douleurs importantes. L'analgésie contrôlée par le malade est une modalité bien adaptée. L'antibiothérapie préventive, les antisécrétoires gastriques, la somatostatine, l'octréotide, les extraits pancréatiques n'ont pas d'indication. Question 4 Comment prendre en charge les formes compliquées ? Complications générales Traitements spécifiques Les traitements spécifiques ont pour objectif de s'opposer à l'auto-digestion enzymatique du pancréas (aprotinine, gabexate, camostat), de contrôler la sécrétion pancréatique (atropine, glucagon, somatostatine, octréotide) ou de neutraliser les médiateurs de l'inflammation (antagonistes des cytokines, y compris le lexipafant). Aucun n'a fait la preuve de son efficacité sur l'incidence des complications et sur la mortalité. Défaillances viscérales La PA peut se compliquer de défaillances viscérales qui font la gravité de la maladie, et dont le traitement n'est pas spécifique. L'atteinte respiratoire peut être secondaire à des épanchements pleuraux, à une altération de la cinétique diaphragmatique responsable d'atélectasies des bases. La PA grave est une cause fréquente de syndrome de détresse respiratoire de l'adulte. Les défaillances circulatoires comportent le plus souvent une hypovolémie notamment en rapport avec l'iléus intestinal et les épanchements. L'insuffisance hépatique survient généralement après une défaillance circulatoire PANCRÉATITE AIGUË sévère. L'insuffisance rénale est souvent fonctionnelle. La nécessité d'une épuration extra-rénale est de pronostic péjoratif. Modalités de la nutrition artificielle La PA compliquée est une agression sévère responsable d'un état hypercatabolique dans 60 % des cas et justifiant un support nutritionnel. Les besoins énergétiques varient selon la gravité. Les principes généraux sont ceux appliqués à la nutrition des malades agressés. Les lipides ne sont pas contre-indiqués sauf en cas d'hypertriglycéridémie importante. Les besoins azotés sont élevés. Une supplémentation en micronutriments, en particulier à visée anti-oxydante et en zinc, est indiquée. L'efficacité d'une supplémentation en glutamine, des solutions de nutrition entérale à visée immunomodulatrice et des nouvelles émulsions lipidiques à base d'huile d'olive ou de poisson, mériterait d'être confirmée dans cette indication. Le support nutritionnel se fait par voie entérale, le plus précocement possible, en site jéjunal, à l'aide d'une sonde naso-jéjunale. La mise en place d'une jéjunostomie ne doit pas être par elle-même une indication chirurgicale. La nutrition parentérale est indiquée en complément de la nutrition entérale si les objectifs d'apports ne sont pas atteints ou en remplacement de celle-ci, si elle n'est pas tolérée. Complications locales : la nécrose pancréatique La nécrose pancréatique est l'un des déterminants essentiels de l'évolution locale et du pronostic de la PA. Sa définition anatomique est celle de la Conférence de Consensus d'Atlanta de 1992 : la nécrose glandulaire est définie comme une (des) zone(s) de parenchyme pancréatique non viable focalisée(s) ou diffuse(s), éventuellement localisée(s) en périphérie glandulaire, et éventuellement associée(s) à une nécrose graisseuse péri-pancréatique. Cette définition anatomique est actuellement supplantée par une définition d'imagerie TDM et IRM : la nécrose pancréatique est évoquée devant la présence de zones qui ne se rehaussent pas après injection de produit de contraste. L'évolution de la nécrose pancréatique est dominée par le risque d'infection secondaire. C'est la plus grave des complications locales et l'on estime que plus de 80 % des décès par PA sont dus aux complications septiques locorégionales. La contamination de la nécrose se fait par translocation d'origine colique, par contiguïté ou par voie sanguine. L'apparition de l'infection peut survenir dès la première semaine. Le risque d'infection augmente progressivement jusqu'à la troisième semaine d'évolution puis décroît. La probabilité de survenue de l'infection semble proportionnelle à l'étendue de la nécrose. En l'absence de surinfection au-delà de la quatrième semaine, la nécrose évolue vers la résorption dans plus de 50 % des cas. Elle peut évoluer vers la constitution de pseudokystes ou d'abcès pancréatiques. Antibiothérapie préventive L'infection de la nécrose pancréatique est plurimicrobienne. Ce constat a conduit à proposer une antibiothérapie systématique, précoce et prolongée, administrée par voie systémique et/ou digestive. Si des études animales pouvaient justifier quelques espoirs, les résultats des études cliniques actuellement disponibles prêtent à discussion sur de nombreux points méthodologiques et incitent à une réserve prudente. Les risques en matière d'écologie liés à des prescriptions s'écartant des bonnes pratiques de l'antibiothérapie doivent être pris en considération. Pour toutes ces raisons, dans l'état actuel des connaissances, une antibiothérapie précoce préventive systématique ne peut être recommandée. Ponction guidée de la nécrose et des collections liquidiennes La démonstration de l'infection de la nécrose est indispensable à la prise en charge thérapeutique de la PA. Si les arguments cliniques, TDM et biologiques ont une valeur d'orientation, seule l'étude microbiologique des prélèvements obtenus par ponction percutanée guidée par imagerie permet d'affirmer le diagnostic d'infection et d'identifier le germe. La ponction n'est indiquée que chez les malades présentant un faisceau d'arguments cliniques, TDM et biologiques faisant suspecter l'infection de la nécrose. La ponction systématique n'est pas justifiée. La ponction est le plus souvent réalisée à l'aiguille fine (18 à 22 G), sous guidage TDM. Il faut ponctionner, sous réserve de leur accessibilité, les lésions dont le remaniement TDM est le plus évocateur d'infection. Il ne faut pas ponctionner le tissu pancréatique sain. L'infection pouvant survenir dès la première semaine, la ponction doit être réalisée précocement. Il est licite de répéter la ponction chez les malades dont les troubles persistent ou se majorent après une première ponction négative. Le prélèvement doit être immédiatement traité pour identification du germe et antibiogramme. Parfois, les caractéristiques macroscopiques du prélèvement permettent de transformer immédiatement le geste diagnostique en geste thérapeutique de drainage. Traitement de la nécrose La nécrose stérile n'a pas à faire l'objet de résection ou de drainage. Seules la nécrose et les collections infectées, confirmées par ponction diagnostique, doivent être traitées par voie chirurgicale, percutanée ou mixte. Les buts du traitement sont l'évacuation des débris nécrotiques et le drainage des collections infectées, en respectant le pancréas restant. Le drainage chirurgical reste la technique la plus classique. Les avantages respectifs des diverses techniques chirurgicales n'ont pas été démontrés. Aucun argument scientifique ne justifie les résections pancréatiques réglées précoces. La technique doit être adaptée aux lésions anatomiques ; la nécrosectomie associée au lavage continu, après fermeture de la laparotomie, semble devoir être privilégiée. L'évolution oblige souvent à des interventions itératives. Les résultats du drainage percutané sont améliorés par l'emploi de drains de gros calibre. Le drainage percutané a une durée longue, et une gestion délicate. La place respective des méthodes chirurgicales et percutanées n'est pas encore établie, mais la tendance actuelle est à une association dans le temps des deux méthodes, selon des modalités à affiner dans une démarche multidisciplinaire. Question 5 Comment traiter une pancréatite aiguë biliaire ? Traitement d'urgence L'évolution de la majorité des PA biliaires est spontanéJ. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 9 93 3 PANCRÉATITE AIGUË ment favorable en quelques jours et seul le problème de la prévention de la récidive se pose. La chirurgie biliaire n'a pas de place en urgence. Seule la sphinctérotomie endoscopique (SE) peut avoir un intérêt. Deux situations font l'objet d'un consensus : a) en cas d'angiocholite et/ou d'ictère obstructif, la SE est indiquée quels que soient la durée d'évolution et le degré de gravité ; b) dans les PA bénignes d'évolution favorable, il n'y a pas d'indication à réaliser une SE en urgence. Deux situations ne font pas l'objet d'un consensus : a) dans les PA graves, la SE peut être réalisée en urgence par une équipe disposant d'un plateau technique adapté. Elle n'est indiquée qu'au cours des 72 premières heures d'évolution ; b) dans les PA vues à un stade précoce (12 premières heures), il est difficile de prédire la gravité de l'évolution et aucune recommandation ne peut être faite. Traitement différé Dans les formes de PA non compliquées, le pronostic est dominé par le risque de récidive . Une cholécystectomie doit être réalisée, et la voie laparoscopique, au cours de la même hospitalisation, est le traitement de référence de la lithiase vésiculaire. En fonction de l'équipement et du degré d'expertise de chaque centre, la recherche et le traitement de la lithiase cholédocienne peuvent se faire, soit dans le même temps que la cholécystectomie laparoscopique, soit avant celle-ci à l'aide d'un examen de haute performance diagnostique (EE ou IRM) en vue d'une SE préopératoire. Dans les PA graves, le pronostic est dominé par les complications générales et locorégionales. La cholécystectomie laparoscopique peut être réalisée à distance des phénomènes aigus mais s'accompagne d'un taux de conversion élevé. Chez les malades à très haut risque opératoire, une SE sans cholécystectomie associée est préconisée. Question 6 Peut-on prévoir et prévenir la pancréatite post-CPRE ? La PA post-CPRE est à distinguer de l'hyperamylasémie ou de l'hyperlipasémie isolées fréquemment observées au décours de cet examen. Les facteurs de risque sont multiples liés au malade, à la technique et à l'opérateur. Même en l'absence de tout facteur de risque, la pancréatite post CPRE peut survenir de façon imprévisible. La meilleure prévention consiste à limiter les indications diagnostiques de CPRE. La prévention médicamenteuse reste décevante. Le drainage pancréatique prophylactique par endoprothèse reste à valider. Conclusion Séquelles et qualité de vie Le diabète, insulinodépendant ou non, survient avec une fréquence variable, favorisé par une nécrose étendue et la pancréatectomie gauche. Il est toujours définitif et peut s'aggraver. L'insuffisance pancréatique exocrine, avec ou sans manifestation clinique, constante au décours immédiat de la PA, s'améliore souvent spontanément. Les explorations fonctionnelles ne seront faites qu'en cas de signes cliniques persistants. Les anomalies canalaires, fréquentes, semblent favorisées par le caractère nécrosant de la pancréatite et l'origine alcoolique. Elles sont cherchées en cas de PA récidivante non expliquée. Les pseudokystes compliquent 10 à 25 % des PA nécrosantes et régressent parfois spontanément au cours des deux premiers mois. Une régression tardive est d'autant plus probable que le pseudokyste est asymptomatique ou de petite taille. Les pseudokystes symptomatiques doivent être traités. Le traitement peut être endoscopique, radiologique ou chirurgical. Les fistules pancréatiques internes et externes ont un traitement de première intention médical ou endoscopique ; la chirurgie est réservée aux échecs. Au total, la qualité de vie après PA est globalement bonne. Ces résultats à long terme justifient une prise en charge de niveau élevé. P R O G R A M M E D E S E N T R E T I E N S D U D É PA R T E M E N T D’anesthésie Réanimation Année 2001 Casablanca - Maroc VIème Entretiens du DAR : Février 2001 VIIème entretiens du DAR : Juin 2001 Sepsis abdominal post opératoire Méningites graves de l’adulte Méningite graves communautaires Méningites nosocomiales ● Rôle du laboratoire dans le diagnostic des méningites graves ● ● Point du vue du Réanimateur ● Point du vue du Dhirurgien ● Point du vue du Radiologue Atelier d’hémodynamique : Mai 2001 J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 9 94 4 ● VIIIème Entretiens du DAR : Octobre 2001 ● Traumatismes crânio faciaux ● Réanimation des TCF graves ● Traitement chirurgical des TCF. J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 9 95 5 19ème CONGRES NATIONAL D’ANESTHESIE REANIMATION Vendredi 26 octobre 2001 : Première séance : Communications orales 10h00 à 10h30 : Pause café Vendredi 26 octobre 2001 : 2 ème ● séance : Thème : Situations à risque au bloc opératoire 10h30 à 10h50 : Cf1 :Gestion des situation à risque au bloc opératoire F Clergue (Genéve) 10h50 à 11h00 : Discussion 11h00 à 11h20 : Cf2 :Intubation difficile au bloc :stratégie et nouvelles techniques : O. Langeron (Paris) 11h20 à 11h30 : Discussion 11h30 à 11h50 : Cf3 :Mortalité maternelle au bloc opératoire : H. Maghrebi (Tunis) 11h50 à 12h00 : Discussion 12h00 à 12h20 : Cf4 :Incidents et accidents spécifiques en anesthésie pédiatrique : S.B. Khalifa (Tunis) 12h20 à 12h30 : Discussion 12h30 à 12h50 : Cf5 :Accident d’Anesthésie : comment je dois constituer mon dossier ? : A. Lienhardt (Paris) 12h50 à 13h00 : Discussion 13h00 à 14h30 : Déjeuner Vendredi 26 octobre 2001: 3 ème ● séance : Thème : Echo-doppler en anesthésie- réanimation 10h30 à 10h50 : Cf1 : Gestion des situation à risque au bloc opératoire 14h30 à 14h50 : Cf6 : L’échographie pulmonaire en Réanimation J. J. Rouby (Paris) 14h50 à 15h00 : Discussion 15h00 à 15h20 : Cf7 : L’echo trans œsophagienne en Réanimation M. Ferjani (Tunis) 15h20 à 15h30 : Discussion 15h30 à 15h50 : Cf 8 :Evaluation TDM du recrutement alvéolaire J. J. Rouby (Paris) 15h50 à 16h00 : Discussion 16h00 à 16h30 : Pause café Vendredi 26 octobre 2001: 4 ème séance : 16h30 à 17h30 : Débat « Pro- con » II - Faut-il maintenir une pression artérielle normale dans le choc septique ? Non : S.Belloucif (Paris) Oui : C.Martin (Marseille) Vendredi 26 octobre 2001 : Cinquième séance 17h30 à 18h00 : Atelier I Monitorage de la Curarisation en Anesthésie : A. Lienhardt (Paris) J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 9 96 6 Samedi 27 octobre 2001 : 1 ère séance : Communications orales 10h00 à 10h30 : Pause café Samedi 27 octobre 2001 : 2 ème ● séance : Thème : Situations à risque au bloc opératoire 10h30 à 10h50 : Cf9 :Evaluation de la volémie au bloc opératoire S. Belloucif (Paris) 10h50 à 11h00 : Discussion 11h00 à 11h20 : Cf10 : Lésions orthopédiques chez le traumatisé du crane : traitement précoce ou tardif ? Point de vue de l’Anesthésiste : C. Kaddour (Tunis) Point de vue de l’Orthopédiste : M. Mbarek (Tunis) 11h20 à 11h30 : Discussion 11h30 à 11h50 : Cf11 : Arrêt cardiaque au bloc opératoire Conférencier Marocain 11h50 à 12h00 : Discussion 12h00 à 12h20 : Cf12 : Anticoagulants, Antiagrégants. Nouvelle approche du risque au bloc opératoire : C. M. Sammama (Paris) 12h20 à 12h30 : Discussion 12h30 à 12h50 : Cf13 : Conduite à tenir devant un déficit neurologique après ALR : P. Hinault (Rennes) 12h50 à 13h00 : Discussion 13h00 à 14h30 : Déjeuner Samedi 27 octobre 2001 : 2 ème ● séance : Thème : Echo-doppler en anesthésie- réanimation 14h30 à 14h50 : Cf14 : L’ETO dans les traumatismes de l’aorte thoracique : J. P. Goarin (Paris) 14h50 à 15h00 : Discussion 15h00 à 15h20 : Cf15 : Doppler Transcranien en Réanimation : N. Bruder (Marseille) 15h20 à 15h30 : Discussion 15h30 à 15h50 : Cf16 : Débit cardiaque par Doppler oesophagien au bloc opératoire : Choley (H. Lariboisiére) 15h50 à 16h00 : Discussion 16h00 à 16h30 : Pause café Samedi 27 octobre 2001 : 3 ème séance : 16h30 à 17h15 : Débat « Pro- con » I La mono thérapie améliore-t-elle la morbidité et la mortalité dans le traitement de l’infection grave en réanimation. Oui : C.Martin (Marseille) Non : B. Bouhaja (Tunis) 17h15 à 18h : Débat - Gestion péri opératoire du coronarien ayant bénéficié d’une angioplastie coronaire. Le point de vu du cardiologue : R. Kasri (Tunis) Le point de vu de l’Anesthésiste : S. Belloucif (Paris) J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 9 97 7 L a R R e v u e É S Tu n i s i e n n e U M E d ’ A n e s t h é s i e - R é a n i m a t i o n J A N V I E R - Vo l . V I I I - 2 0 N ° 0 3 1 1 INTUBATION DIFFICILE EN ANESTHÉSIE QUELLE INCIDENCE AU CHU IBN ROCHD ? MA. BOUDERKA, A. BOUAGGAD, H. TOUNSI, DL. ZEROUKI, N. MOUGHANIM, R. AZIZI, O. ABASSI -J.MAGH. A.REA-VOL VIII P. 5 But: A la lumière de la conférence d’experts établie récemment par la Société Française d’Anesthésie Réanimation, nous avons évalué l’incidence de l’intubation difficile (ID) en anesthésie, I’apport de la consultation préanesthésique pour son dépistage et les modalités de sa prise en charge dans notre pratique. Type d’étude : étude prospective ouverte sur une période de 4 mois. Patients: 4263 patients ayant subi une anesthésie générale. Méthodes: Les critères classiques d’lD ont été recherchés lors de la visite pré-anesthésique particulièrement : ouverture de la bouche (ODB<35 mm), distance thyromentonnière (DTM<65 mm), et les critères de Mallampati (Mall III ou IV). Les données étaient consignées sur une fiche et confrontées aux résultats après intubation (difficile ou pas). Un test de Fisher a été utilisé sur séries appariées (p<0,05 significatif). Résultats: Soixante dix patients ont eu une ID ( incidence = 1,63%). Cette incidence est plus élevée en ORL (5,7%) et au service des brûlés (5,2%). La visite pré-anesthésique n’a pas dépistée 38.5% des ID, essentiellement au bloc d’ophtalmologie (50%) et de chirurgie viscérale (46,5%). Lorsque l’intubation est prévue difficile, le taux de réussite aux 2 premières tentatives (laryagoscopie directe) est de 89,2 p.l00 VS 10,7 p.l00 en cas d’lD non prévue (P = 0,0002). L’association de tests Mall-DTM reste la plus performante pour le dépistage (sensibilité=81%, spécificité=95%, VPP=45%). L’intubation aidée par un guide (n=48) et l’intubation nasotrachéale à l’aveugle (n=16) sont les deux techniques les plus utilisées. Quatre échecs d’intubation ont nécessité une trachéotomie (n=2) ou le report de l’intervention (n=2). Les complications étaient surtout traumatiques (n=18). Conclusion: L’incidence de l’lD dans notre CHU est de 1,63p.100. Elle est plus faible en ORL que celle rapportée dans la littérature. Malgré une recherche de signes prédictifs systématique, 38,5 p. 100 des ID restent imprévues et dans ce cas le nombre de tentatives voire d’échec de l’intubation est plus élevé. L’association des test Mall - DTM permet d’augmenter la sensibilité du dépistage de l’lD. Mots clés: Trachée, Intubation difficiles, Incidence, Complications. INTUBATION TRACHÉALE TRACHÉALE SOUS DOSES RÉDUITES DE MIVACURIUM A.EL HIJRI, M.HARANDOU, A.CAIDI, J.BENTALEB, N.KANJAA, A.AZZOUZI, H.BENRERRADI, A.SLAOUI-J.MAGH. A.REA-VOL VIII P. 8 Les auteurs se sont proposés d’étudier les conditions d’intubation trachéale et les signes cliniques d’histaminolibération après administration de doses réduites de chlorure de mivacurium (0,15 mg/Kg) associées à une anesthésie profonde. 40 patients ont été inclus dans une étude prospective ouverte randomisée en simple insu, 20 pour recevoir le mivacurium à la dose de 0,15mg/Kg et 20 à la dose de 0,20mg/Kg. Dans les deux groupes, on a associé une anesthésie comprenant lidocaine (1mgiKg),sufentanyl(1µg/Kg) et propofol (2,5mg/Kg). Le délai d’installation de la curarisation complète, monitorée par l’application d’un train de quatre au niveau de l’orbiculaire de l’œil, a été relativement court et les conditions d’intubation trachéale, évaluées selon la cotation de Krieg, ont été bonnes à excellentes chez tous les patients, sans différence significative entre les 2 groupes d’étude. Les signes cliniques d’histaminolibération ont été notés chez 2 patients dans le premier groupe (0,15mg/Kg) et chez 8 patients dans le deuxième groupe (0,20mg/Kg) avec une différence statistiquement signifcative entre les 2 groupes. Associée à une anesthésie profonde, la réduction de la dose de mivacurium de 0,20 à 0,15mg/Kg permet de réduire de façon significative le risque d’histaminolibération tout en offrant des conditions optimales d’intubation trachéale. Mots clés: Histaminolibération. Intubation trachéale. Mivacurium INTUBATION TRACHÉALE DIFFCILE EN CHIRURGIE ORL ET MAXILLO-FACIALE N. EL HARRAR, S. YOUNOUS, A. CHLILEK, L. BARROU -J.MAGH. A.REA-VOL VIII P. 13 L’intubation difficile (ID) est fréquente en chirurgie ORL et maxilo-faciale elle constitue une préoccupation majeure pour l’anesthésiste-réanimateur. Son dépistage est basé sur des tests cliniques prédictifs de valeur variable. A partir d’une étude prospective réalisée au service ORL et maxilo-faciale du CHU de Casablanca portant sur 152 patients pendant 4 mois. Nous avons tenté d’analyser l’incidence et d’étudier la qualité des tests prédictifs d’lD utilisés lors de la consultation d’anesthésie. Sur les 152 patients colligés dans notre étude, 14 ont été jugés présentant une ID, soit une incidence de 9,2%. Le test ouverture de la bouche Mallampati et l’existence d’une déformation ou d’une malformation étaient les plus performants avec successivement Se: 71%, 50%, 71,4% et Sp 96%, 99% et 83,3%. L’association ouverture de la bouche-malformation ou déformation est la plus performante avec une Se 71% et Sp 89%. Mots clés: Intabation diffcile - Chirurgie ORL et maxillo-faciale- Score multifactoriel - Tests cliniques prédictifs. LE CONTROLE DES VOIES AERIENNES AU COURS DE LA CHIRURGIE DE L’ANHYLOSE TEMPORO-MANDIBULAIRE A. CHLILEK, D. HAMOUDI, M.A. SAMKAOUI, N. EL HARRAR -J.MAGH. A.REA-VOL VIII P. 16 L’ankylose temporo-mandibulaire (ATM) constitue une cause fréquente d’intubation trachéale difficile en chirurgie maxillofaciale. Elle est responsable d’une limitation extrême de l’ouverture de la bouche avec impossibilité de laryngoscopie directe. Le but du présent travail est d’évaluer les modalités du contrôle des voies aériennes lors de cette chirurgie, à travers une étude prospective étalée sur 3 années (1997-1999) incluant 33 patients opérés pour ATM. L’induction anesthésique est réalisée par injection de propofol à la dose de 3 mg/Kg. L’intubation trachéale a été réalisée à l’aveugle dans 33% des cas, à l’aide d’une fibroscopie bronchique dans 60% des cas et par trachéotomie suite à un échec de l’intubation conventionnelle dans 7% des cas. Aucun échec d’intubation par fibroscopie n’a été noté. La fibroscopie bronchique résout d’une façon efficace le contrôle des voies aériennes lors de la chirurgie de l’ATM; il faut en avoir recours en première intention. Une formation dans ce sens est cependant nécessaire pour tous les médecins anesthésistes. Mots clés: Ankylose temporo-mandibulaire, Intubation trachéale, fibroscopie. LÉSION TRACHÉALE APRÈS INTUBATION NON TRAUMATIQUE. A PROPOS D’UN CAS M. OTHMANI, S. GHEDIRA, M. OUESLATI, Y. SAÏDI, A. ABDELLAOUI, M. HOUISSA, D. DAOUD - J.MAGH. A.REA - VOL VIII P. 18 Nous rapportons le cas d’une patiente agée de 29 ans ayant présenté un emphysème sous-cutané et un pneumomediastin au décours d’une ceolioscopie sous anesthésie générale avec intutation atraumatique. Une rupture trachéale est suspectée au cours de la fibroscopie bronchique, et confirmée par le scanner cervico-thoracique. La lésion cicatrice sans recours à la chirurgie. Nous concluons qu’un traitement chirurgical agréssif d’une rupture trachéale n’est pas toujours nécessaire. Mots Clés: Anesthésie - Intubation - rupture trachéale iatrgène HERNIE DIAPHRAGMATIQUE TRAUMATIQUE : PROBLÈMES DIAGNOSTIQUES ET EFFETS DE LA VENTILATION EN PRESSION POSITIVE A. ED-DLIMI, Z. SOUABNY, M. KAFIH, M. RIDAI - J.MAGH. A.REA - VOL VIII P. 20 Les auteurs rapportent le cas d’une rupture diaphragmatique droite avec hernie du foie, de la vésicule biliaire et de l’angle colique droit, révélée un mois après un polytraumatisme chez une patiente agée de 38 ans. La hernie diaphragmatique a été dans un premier temps réduite sous l’effet de la ventilation en pression positive, puis décompensée suite à une modification successive du régime ventilatoire. Le diagnostic a été confirmé par le scanner thoracique en acquisition hélicoïdale alors que la radiographie standard, I’échographie thoracoabdominale et le scanner thoracique avec coupes simples n’ont pas visualisé la brèche diaphragmatique. L’évolution après intervention chirurgicale a été satisfaisante. Les raptures diaphragmatiques traumatiques de révélation retardée sont rares (10 à 15% des cas). Les facteurs ventilatoires déclenchants de la hernie sont discutés. Le scanner hélicoïdal est la méthode la plus appropriée pour le diagnostic positif de la hernie diaphragmatique. Mots clés: Diaphragme - Traumatisme - Hernie diaphragmatique ASTHME SURAIGU OU «SUDDEN ASPHYSIC ASTHMA» FORME PARTICULIÈRE D’ASTHME AIGU GRAVE B. BOUHAJA, B. KAABI, T. MESTIRI, T. HADDAD, MS. BEN AMMAR - J.MAGH. A.REA-VOL VIII P. 23 La mortalité imputée à l’asthme aigu grave paraît en augmentation dans plusieurs pays (1,2). De nombreux décès surviennent en extra hospitalier et sont le reflet d’une évolution extrêmement rapide de la crise d ‘asthme qui surprend le malade et l’empêche de consulter en urgence (3,4,5). L’asthme suraigu encore appelé “Sudden Asphyxic Asthma (SAA)’’ est une forme particulière d’asthme aigu grave. Il est marqué par une évolution rapidement progressive, pouvant être responsable d’une détresse respiratoire extrême voire d’un arrêt respiratoire brutal (6,7). Le SM présente cependant comme particularité d’être assez rapidement réversible sous traitement approprié pour peu que le malade soit examiné et traité à temps. Nous rapportons ici un cas de SAA avant d’en résumer les principales caractéristiques cliniques et évolutives. Mots clés : Mortalité, Asthme aigu, Sudden Asphyxic Asthma (SAA) EVALUATION DU RISQUE D’INTUBATION DIFFICILE M.H. ISMAILI, H. ABOUDAD, W . MAAZOUZI - J.MAGH. A.REA-VOL VIII P. 26 Les difficultés d’intubation sont responsables du tiers des accidents imputables à l’anesthésie. Ils représentent chez l’adulte la première cause de mortalité et de morbidité anesthésique (2 à 4 décès per-opératoires pour 100 000 anesthésies). De ce fait, la détection de cas difficiles à intuber devient une préoccupation majeure de l’anesthésiste et constitue donc une étape fondamentale de la consultation d’anesthésie. Les tests cliniques prédictifs à la base de l’évaluation pré-opératoire d’une intubation difficile sont nombreux mais leurs performances très variables. Nous appuyant sur diverses données de la litterature et sur notre expérience personnelle, nous nous proposons de réaliser une évaluation des différents tests prédictifs et proposons un score multifactoriel personnel dont la performance est satisfaisante mais nécessitera certes d’être validée de façon prospective. Mots clés: intubation, mortaldé, morbidité, Tests prédictifs, Forecast tests LA VENTILATION EN BIPAP H .BALHHI,R . HSSAIDA, A.EL HASSOUNI , K. JABRANI, D. IBAT, A. MAHMOUDI, C. HAIMEUR,M. DIMOU, N.DRISSI, M. ATMANI - J.MAGH. A.REA-VOL VIII P. 30 De nombreuses pathologies médicales GU chirurgicales se manifestent ou s’accompagnent d’une détresse respiratoire qui représente un motif d’hospitalisation fréquent en réanimation. Certains modes ventilatoires mis en application ces dernières années ont permis d’améliorer le pronostic. Parmi ces modes on retrouve la B.l.P.A.P (Bilevel-Positiv-Air-Way-Pressure) Principe La BIPAP est un mode ventilatoire en pression contrôlée qui permet de respecter la ventilation spontanée du patient tout en réalisant une pression positive dans les voies aériennes aux différents temps du cycle respiratoire. Interét En plus du respect de la ventilation spontanée du patient la BIPAP permet de limiter les effets délétères de la ventilation artificielle en réalisant un compromis intéressant entre l’amélioration des échanges gazeux et la réduction du baro et du volo-traumatisme. Mots clés : B.l.P.A.P, Ventilation spontanée, Baro, Echanges gazeux, Volo-traumatisme ANESTHÉSIE ET ESTOMAC PLEIN A. BOUAGGAD, D . HAMOUDI, M. A. BOUDERH, O. ABASSI - J.MAGH. A.REA-VOL VIII P. 32 L’inhalation du liquide gastrique constitue encore l’une des grandes complications de l’anesthésie générale et s’accompagne d’une morbidité et d’une mortalité diversement appréciées. L’incidence réelle des inhalations pendant la période périopératoire est difficile à déterminer à cause du nombre important de cas non diagnostiqués ou diagnostiqués mais non rapportés. Celle-ci varie entre 1,4 et 6 pour 10 000 anesthésies. Les connaissances actuelles sur l’évacuation gastrique ont permis de redéfinir les règles du jeûne préopératoire. Une préparation de l’estomac par aspiration et antiacides ne peuvent que diminuer les conséquences de l’inhalation. La technique d’induction intubation rapide avec manoeuvre de sellick reste la méthode préférée. L’anesthésie locorégionale constitue une technique de choix si le type de chirurgie le permet. En somme la prise en charge d’un patient à l’estomac plein est beaucoup plus un problème de stratégie que de moyens où l’expérience de l’opérateur joue un rôle prépondérant. Mots clés : Anesthésie Inhalation bronchique Induction en séquence rapide, pression cricoïdienne. J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 9 98 8 J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 9 99 9 R E C O M M A N D A T I O N S A U X A U T E U R S Le Journal Maghrébin d’Anesthésie-Réanimation.(Fédération Maghrébine des sociétés d’Anesthésie-Réanimation) FMSAR publie des mémoires originaux, des revues générales, des mises au point, des notes techniques, des faits cliniques, deslettres, des éditoriaux concernant l’anesthésie, la réanimation et la médecine d’urgence. Ces travaux doivent être conformes aux instructions ci-dessous. Elles sont dénvées des nommes de présentation des manuscnts proposées par le comité international des rédacteurs de joumaux médicaux, connu sous le nom de groupe de Vancouver(Internationa Committee of Medical Journal Editors.Uniform requirements for manuscripts submitted to biomedical journals.N E ngl J MED 1997; 336: 309-316. Les travaux soumis sont conformes aux recommandations éthiques de la déclaration d’Helsinki et doivent avoir été soumis, s’ils le requièrent, à un comité d’éthique. Quand un travail a été soumis à cette institution, il doit en étre fait mention dans le texte. S’il s`agit d’accidents en relation avec un médicament, ils doivent avoir été signalés, avant publication, au centre régional de pharmacovigilance dont dépendent l’(les) auteurs(s), conformément aux bonnes pratiques de pharmacovigilance. S’il s’agit d’accidents en relation avec un dispositif médical, ils doivent avoir été signalés, avant publication, au ministère de la Santé (Direction des Hôpitaux, équipements médicaux). ENVOI DES TEXTES Les manuscrits sont adressés au rédacteur en chef en quatre exemplaires (un original et trois photocopies). Les auteurs doivent joindre à leur manuscit une version sur MAC ou PC (saisie sous Word de préférence) en précisant le logiciel utilisé. Le manuscrit est accompagné d’une lettre comportant le nom, le prénom, I’adresse, le numéro de télépnone, le numéro de télécopieur, I’E.mail de l`auteur avec lequel communiquera la redaction. Dans cette lettre, I’auteur précise que le texte n’est pas simultanément soumis à un autre journal scientifique en vue de publication.Il declare en outre qu’il cède à la STAAR les droits de l’article dans tous les pays et dans toutes les langues pour la durée de La propriété littéraire telle que protégée en vigueur. L’auteur principal signe pour le compte de tous les auteurs après avoir obtenu leur accord. PRÉSENTATION DU MANUSCRIT Le texte est dactylographié en corps 12, en double interligne, sur le recto de feuilles A4 (210 x 297 mm), avec une marge de 35 mm, sans ratures ni additions. Les pages sont numérotées dans le coin superieur droit. Le manuscrit est rédigé en français en anglais ou en arabe. Le texte comporte dans l’ordre et sur des feuilles séparées:[1] la page de titre, [2] le résumé français avec les mots clés en ordre alphabétique,[3] le résumé anglais et arabe (non obligatoire) avec les mots clés en ordre alphabétique,[4] le texte proprement dit, [5] les référence-graphiques, [6] les tableaux (un par feuille) avec leurs légendes en français et anglais,[7] les figures (une par feuille),[8] les légendes des figures en français et en anglais groupées sur une feuille separée). ■ Page de titre La page de titre (page 1) comporte les mentions suivantes: • Le titre, concis, indique de manière précise le sujet du travail : il ne comporte pas d’abréviations. • La traduction du titre en langue anglaise et/ou en arabe. • L ‘(les) initiale du ou des prénoms et le nom du ou des auteurs; un nom est donné en lettres minuscules avec une majuscule à l’initiale; quand les auteurs appartiennent à des services différents leurs noms comportent des astérisques en exposant pour préciser le service d’origine. • Les intitulés et adresses des services ou organismes d’origine des auteurs. • Le nom et l’adresse complète de l’auteur auquel doivent être envoyés la correspondance concernant l’article. Le bon à tirer et la demande de tirés-à-part. • Le cas échéant, la date et le lieu de la réunion où le travail a été présenté, la mention de l’origine des sources de financement ou du contrat de recherche, les remerciements pour L’aide technique à la réalisation et à la dactylographie du travail. • Le titre courant (40 caractères au maximum, lettres et espaces compris), destiné à figurer en haut de chaque page de l’article imprimé. ■ Résumé et mots clés Le résumé constitue la page 2. Le résumé anglais et /ou arahe (summary) la page 3. Pour les mémoires originaux, il est demandé un résumé structuré {Instructions for preparing structured abstracts JAMA 1993: 270: 34-36 ). Il comporte huit paragraphes avec un titre pour chacun: [1] But de l’étude (objectifs):[2] Protocole, méthodes d’étude (design); [3] Lieu de l’étude (setting): [4] Sélection des participants (patients or other participants); [5] Méthodes thérapeutiques (intervention (s)); [6] critère(s) de jugement principal (main outcome measure(s)): [7] Résultats-results-; [8] Conclusions (conclusions). Le résumé ne comporte pas plus de 250 mots (une page dactylographiée, double interligne). Il s’écrit au passé composé ou à l’imparfait. Il ne comporte que des mots indispensables, aucune référence. aucune abréviation sauf si le mot apparait au moins quatre fois.La première apparition est notée en touts lettres et l’abréviation est donnée entre parent héses. les conclusions répendent clairement aux questions posées au début de l’étude. Les mots clés pertenents ou descripteurs. tirés ou traduits de l’index médicus: medical subject headings (MesH) renouvelés chaque année. figurent au bas des résumés au nombre de cinq au maximum. ■ Texte Il débute à la page 4, Le titre du travail. sans indication d’auteur (s) ni d’origine est répeté en haut de la première page. Le texte est rédigé dans un style clair, concis et précis, sans verbiage ni jargon. Il doit être compréhensible pour un lecteur qui n’appartient pas à la spécialite ou dont le français n’est pas la langue maternelle. La première personne n’est pas licite dans un document scientifique. On doit éviter les retours à la ligne trop fréquents. Les evénements passés sont rapportés à l’imparfait ou. plus souvent. au passé composé. Tel est le cas des rubriques patients et méthodes, résultats, présentation d’une observation, discussion au commentaires (présentation de l’experience rapportée par d’autres auteurs). Pour ne pas surcharger le texte, il est préférable de ne pas citer le nom des auteurs. Cette restriction ne s’applique pas aux auteurs de publications princeps portant sur un médicament, un appareil ou une technique. En cas de mention de noms d’auteurs dans le texte, s’ils ne sont que deux, les deux sont cités. s’ils sont plus de deux, le nom du première auteur est suivi de la mention: et collaborateurs. On ne doit employer que des abreviations courantes. Le terme en entier doit précéder l’abréviation, entre parenthèses, lors de sa première apparition dans le texte, sauf s’il s’agit d’une unité de mesure internationale. L’emploi des abréviations est proscrit dans le titre et, si possible. évité dans les résumés. les médicaments sont identifiés par leur dénominaton commune internationale (sans majuscule à l’initiale), éventuellement suivie, entre parenthèses, du nom de specialité (majuscule à l’initiale) avec le sigle ® et le nom de la firme pharmaceutique, si le médicament est peu connu. Le nom de vente d’un appareil porte le sigleTM et. entre parenthèses le nom du fabricant ou du distributeur. Dans une phrase les chiffres de zéro à dix s’écrivent en toutes lettres, sauf s’ils sont suivis d’une unité de mesure abregée. Au debut d’une phrase, tous les chiffres s’écrivent en toutes lettres. Le pourcentage est indiqué par p. 100 dans une phrase, par % dans un tableau, une figure ou une parenthèse. Les noms latins taxinomiques s’écrivent en italique, le nom de genre avec une majuscule, le nom d’espèce avec une minuscule (Staphylococcus aureus). Les isotopes sont notés avec la masse atomique en exposant à gauche du symbole. J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 11 0 00 0 ■ Références bibliographiques Les références figurent sur une (des) page (s) séparée (s) et numérotée (s). Les réferences sont numérotées dans l’ordre d’apparition dans le texte. Elles sont identifiées dans le texte, les tableaux et les légendes par des chiffres arabes entre crochets. Les références citées uniquement dans les légendes les tableaux ou les figures sont numérotées de telle façon qu’elles succèdent à la dernière référence citée dans le texte avant l’appel du tableau. Les numéros sont séparés par des virgules quand il s’agit de deux chiffres consécutifs ou non et par un trait d’union quand il s’agit de deux chiffres consécutifs ou non et par un trait d’union quand il y a plus de deux chiffres consécutifs. Seuls les chiffres extrêmes sont alors cités:[5,7], [9-11], [5,7,9,11,13]. L’article ne comporte que les références à des textes qui ont été consultes pour la rédaction du travail. Les références citées doivent être accessibles aux lecteurs. Les références de travaux publiés dans des revues non indexées dans l’index Medicus ne sont pas acceptées. sauf pour des documents historiques ou des articles princeps. Toutes, les références citées dans le texte figurent dans la liste des références et vice versa. Seuls les résumés publiés depuis moins de cinq ans révolus sont acceptés et la mention (résumé) ou [Abstract] figure après le titre selon que la référence est en langue francaise ou anglaise. Les lettres à la rédaction comportent la mention [lettre] ou [letter] après le titre. Des articles acceptés mais non encore publiés peuvent être référencés. On cite le journal, I’année et le tome avec la mention (sous presse). Les références à des communications personnelles. des thèses, des mémoires, des manuscrits en préparation ou soumis à des revues, ne sont acceptées qu’en citation bas de page et appel dans le texte par un numéro en exposant (numérotation continue). Les références sont vérifiées par les auteurs avec les documents originaux. La présentation des références est conforme aux règles suivantes: • référence d’un article de revue périodique Lister tous les auteurs. Si leur nombre est superieur à six, citer les six premiers suivi de al. Si une revue est publiée en pagination continue, on omet le mois et le numéro. Nom(s) et initiale(s) du(des) prénom(s) de l’(des) auteur(s), titre complet de l’article en langue originale (en anglais s’il s’agit d’une langue à alphabet non latin). abréviation du titre de la revue conforme à celle de l’lndex Medicus, année de parution. volume, première et dernière pages. Il n’y a pas d’epaces avant ou après les signes de ponctuation du groupe numérique de la référence. Un point termine la référence. Safar P. Ventilatory efficacy of mouth-to-mouth artificial respiration. Airway obstruction during manual and mouth-to mouth artificial respiration.JAMA 1958;167:335-341. • référence d’un article de revue périodique publié en deux ou plusieurs parties Depaul J. Mémoire sur l’insufflation de l’air dans les voies aériennes chez les enfants qui naissent dans un état mort apparente. J Chir(Paris) 1845:3:135-145:164-178. • réFérence d’un article du supplément d’une revue périodique Homadahi. MH. Two early swedish contributions to the understanding of lung ventilation during anaesthesia. Acta Anaesthesiol Scand 1990; 34 (Suppl 94): 82 85. • référence d’un livre Nom(s)et initiale(s) du (des) prénom(s) de l’(des) auteur(s), titre du livre, numéro d’édition (à partir de la seconde), ville d’édition, maison d’édition, année de parution, première et dernière pages à consulter. Perret C, Tagan D, Feihl F, Marini JJ. Le cathétérisme cardiaque droit en soins intensifs. 2e éd. Paris: Amette Blackwell. 1997: 211-215. • référence du chapitre d’un livre ou du volume d’une collection, le ou les auteurs n’étant pas les éditeurs Nom (s) et initiale(s) du (des) prénom(s) de l’(des) auteur (s) du chapitre, titre du chapitre éditeur (s) du livre. titre du livre, numéro d’édition. ville d’édition, maison d’édition, année de panution, première et dernière pages à consulter Morch ET. History of mechanical ventilation. In: Kirby RR. Downs JB. Clinical applications of ventilatory support, New-York;: Churchill Livingstone, 1990: 1-61. ■ Tableaux Chaque tableau est présenté sur une feuille séparée et dactylographique en double interligne. Chacun comporte en haut le numéro d’appel (en chiffres romains) et le titre (pas plus de 50 caractères), en bas les notes explicatives éventuelles (abréviations, sigles) Les unités sont données en tête de ligne ou de colonne. Les tableaux ne font pas double emploi ave les figures. Le titre et la légende sont donnés en français et en anglais. ■ Illustrations Les figures, en noir sur fond blanc doivent être d’excellente qualité, car elles seront éditées sans retouches (mais réduites). Les auteurs fournissent l’original ou des photographies sur papier brillant. non plié. Les schémas sont présentés sur une feuille A,logiciel graphique et imprimante laser). Si la figure est dans le sens vertical, aucun caractère n’est plus petit que 4 mm. Si la figure est dans le sens horizontal. aucun caractère n’est plus petit que 6 mm. Les traits des schémas ont au moins 0.4 mm de large. Les symboles sont normalisés (● ❍, ■ ❏, ▲). Les signes + et x sont réservés aux operations mathématiques. Les figures portent au dos, sur une étiquette autocollante, le numéro d’appel dans le texte (en chiffres arabes) le nom de l’auteur principal, les premiers mots du titre de l’article. Le haut de la figure est indiqué par une flèche. Les radiographies sont présentées sous forme de photographies, bien constrastées. Les figures empruntées à un autre travail ne peuvent être reproduites qu’avec l’accord écrit de leur(s) auteur(s) et de l’éditeur. Les légendes des figures sont regroupées sur une feuille à part et sont données en français et en anglais. Une figure et sa légende forment un tout qui doit être compris sans recours au texte. REVUE DES MANUSCRITS Les manuscrits sont analysés par deux lecteurs appartenant de préférence mais non obligatoirement à la discipline et par le redacteur en chef. Les lecteurs ne connaissent pas les auteurs. Les analyses sont réalisées habituellement dans un délai d’un mois. Si des modifications sont demandées, la nouvelle version doit être envoyée dans un délai de trois semaines accompagnée de sa disquette mise à jour. Un délai plus long peut être donné après accord avec le rédacteur en chef. Les corrections des épreuves envoyées par l’éditeur (bon à tirer) ne portent que sur des erreurs de typographie. Le comité de rédaction se réserve le droit de renvoyer aux auteurs, avant toute soumission à l’avis des lecteurs, les manuscrits qui ne seraient pas conformes aux recommandations. Les auteurs doivent conserver un exemplaire du manuscrit, des tableaux, des figures et de la disquette.