J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - P. 53
INTERET DE LA PRESCRIPTION DES EXAMENS COMPLEMENTAIRES EN CHIRURGIE LAPAROSCOPIQUE GYNECOLOGIQUE A YAOUNDE R. Atangana
INTRODUCTION
La prescription des examens complémentaires reste une
réalisation systématique malgré l'avis contraire de plu-
sieurs études [1, 2, 4, 6], qui stipulent que les examens
complémentaires pour l'évaluation du risque péri opéra-
toire doivent être justifiés par les données de l'interroga-
toire, de l'examen clinique, de l'acte opératoire et de la
technique anesthésique. Cette étude est descriptive et
prospective, menée à l'hôpital général de Yaoundé pen-
dant 18 mois, dans le service Anesthésie-Réanimation.
Elle a pour but d'évaluer en fonction des examens com-
plémentaires prescrits, la fréquence des anomalies pré
opératoires, leur répercussion sur la conduite de l'anes-
thésie, leur incidence sur la morbidité post opératoire en
chirurgie laparoscopique gynécologique.
MATERIEL ET METHODE
Il s'agit d' une étude prospective descriptive réalisée dans
le service d'Anesthésie-Réanimation de l'Hôpital Général
de Yaoundé, au cours d'une période allant de février 1999
à juillet 2000 . Les patientes devant subir une laparosco-
pie pour grossesse extra utérine non rompue, infertilité, et
laparoscopie post myomectomie, sous anesthésie généra-
le ont été sélectionnéss. Chez toutes ces malades, une
consultation anesthésique à distance de l'intervention chi-
rurgicale a été réalisée et les examens complémentaires
ont été faites, notamment la numération Formule
Sanguine (NFS), Taux de Prothrombine (TP), Taux de
Céphaline Kaolin (TCK). En fonction de ces examens
complémentaires, les anomalies ont été recherchées. Ces
anomalies ont été définies par rapport aux limites de nor-
malités des différents laboratoires. Il a été également
recherché la répercussion de ces anomalies sur la condui-
te de l'anesthésie et sur la morbidité post opératoire.
Les différentes informations ont été interprétées ( à l'aide
des tests statistiques) à travers le calcul des moyennes et
des pourcentages.
RESULTATS:
411 patientes âgées de17 à 49 ans ont été sélectionnées au
total, avec un âge moyen de 34 +/- 8 ans . Ces patientes
ont été classées selon la classification ASA: 383(92%)
patientes étaient ASA I et 28 (08%) étaient ASA Il. Les
patientes ont été opérées pour:
• Infertilité: 366
• Grossesse extra-utérine non rompue: 16
• Laparoscopie suivant une myomectomie : 29
Toutes ces patientes ont été vues en consultation pré anes-
thésique à distance de l'acte opératoire. Les examens
complémentaires suivants ont été demandés : (NFS), (TP),
(TCK) . Les perturbations de ces examens complémen-
taires ont été relevées (tableau 1).
Trois patientes ont présenté une anémie avec un taux
d'hémoglobine inférieur à 1Og/dl . L'intervention chirur-
gicale chez 02 patientes qui ont présenté un taux d'hémo-
globine à 7,5g/dl a été reportée.
Deux patientes ont également présenté un trouble de l'hé-
mostase avec un taux de Thrombocytes inférieur à
100.000/ml et un allongement du
TCK et diminution du taux de prothrombine. Chez ces
deux patientes l'intervention a été reportée et un complé-
ment d'exploration demandé.
Chez toutes ces patientes, les complications hémodyna-
miques respiratoires habituelles en ctoeliochirurgie à
type de collapsus cardiovasculaire, embolie gazeuse,
intubation sélective, inhalation bronchique... 0, 9, 13,
n'ont pas été notées. La morbidité et la mortalité post-
opératoires étaient nulles, les 411 patientes n'ayant pré-
senté aucun problème.
DISCUSSION
Chez nos malades, nous n'avons réalisé qu'une numéra-
tion formule sanguine et un bilan de l'hémostase. Ceci
constitue un bilan minimum, sortant ainsi des habitudes
communément observés. En effet, dans cette étude et en
fonction de l'anamnèse de l'examen clinique des patients,
nous avons exclu le groupe sanguin, le bilan rénal (urée
sanguine et créatinine) I'électrocardiogramme, la radio-
graphie pulmonaire. En aucun cas cette exclusion n'a été
préjudiciable pour les malades, aucune patiente n'ayant
eu recours à la transfusion per opératoire et aucune
patiente n'ayant eu une morbidité relative à une anomalie
de l'un des examens exclus.
La numération formule sanguine a révélé une anémie
chez trois patientes (0,72%). Chez deux de ces patientes,
I'intervention chirurgicale a été reportée car non urgente.
Brouh et collaborateurs qui ont travaillé chez l'enfant en
milieu africain recommandent que cet examen soit
demandé systématiquement car il permet de dépister des
anémies encore asymptomatique 13]. Cependant, la chi-
rurgie laparoscopique étant peu hémorragique, cet exa-
men devrait être prescrit en fonction du malade.
Deux patientes ont présenté un trouble de l'hémostase
avec un taux de thrombocytes inférieur à 100.000/ml et
un TCK allongé. Ces résultats ont été de découverte for-
tuite, la coagulopathie étant restée jusque là asymptoma-
tique. Safi et collaborateurs stipulent que chez la femme,
la prévalence des anomalies de l'hémostase est évaluée à
5/100.000 et ces anomalies restent asymptomatiques
dans 10% de cas seulement un complément d'exploration
a été demandé chez ces patientes [7]. Compte tenu du
taux faible des coagulopaties asymptomatiques ,les tests
de l'hémostase devait être demandé chez les patientes
ayant une tendance anormale au saignement .
En limitant les examens complémentaires à la numéra-
tion formule sanguine et le bilan de l'hémostase (TP et
TCK), un économie significative sur le coût de l'inter-
vention chirurgicale a été réalisée. Celle ci serait encore
plus importante en adoptant la prescription des examens
complémentaires à chaque patiente 11].
CONCLUSION:
Il découle de cette étude que les examens complémen-
taires demandés de façon systématique en chirurgie lapa-
roscopique gynécologique ne présentent aucun intérêt.
Les examens devraient être adaptés à chaque patiente en
fonction de l'anamnèse et l'examen clinique permettant
de baisser de façon significative le coût des interventions
chirurgicales.