Intégrisme Juif
Le Livre constitutif, la Torah, Bible ou Ancien Testament, n'est pas simplement une Loi. C'est
une vision du monde. Le judaïsme est un mode de vie, la rencontre d'une parole, d'un acte de
création et d'un peuple qui accepte l'Alliance.
Ce peuple défini comme élu – plus exactement choisi -, ne l'est pas en droits mais en devoirs
exceptionnels. Devoirs envers les siens, mais en toute égalité envers l'Autre, à la fois
identique et différent. « Ve ahavta ré’éha camo’ha : Et tu aimeras celui qui est ton semblable
et ton différent comme toi-même ».
C’est une philosophie ouverte, fondée sur l'action par rapport à soi-même et jamais contre
autrui «ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas que l'on te fît », sur l'étude et sur la
connaissance.
Étude ininterrompue même aux pires moments de l'histoire, d'un texte plusieurs fois
millénaire, mais toujours contemporain. Chaîne des générations où les enfants boivent à la
même source que leurs ancêtres et que leurs descendants.
L'histoire juive n'a pas connu d'intégrisme conquérant, la population juive mondiale de 13
millions d'individus en atteste. Il y eut des combats au sein de ce peuple « à la nuque raide »,
des luttes intestines et des rivalités politiques.
Mais d'actions violentes, pas ou peu : le peuple juif garde un souvenir cuisant de l'une des
rares de son histoire : en 586 avant J-C, Guedalia, chargé par l'occupant de maintenir l'ordre
parmi les Judéens, fut assassiné par un Zélote, membre d'une secte dont on sait la fidélité
extrême et irrédentiste. Un assassinat provoqué par la volonté de maintenir la pureté du culte
ou de la terre est à ce point éloigné des valeurs juives privilégiant l'humain que, 2600 ans
après les faits, le jeûne de Guedalia est encore inscrit au calendrier juif comme souvenir amer.
L'histoire juive contemporaine comptabilise les actes criminels de Baruch Goldstein à Hébron
et l'assassinat de Itshak Rabin par le sinistre Yigal Amir.
Ces crimes, dont les auteurs ont été sanctionnés, sont-ils des actes intégristes ? Oui dans la
forme, car tous deux sont le fait d’hommes religieux, non dans le fond : ils se situent dans un
contexte de contestation politique précis.
Le judaïsme n'étant pas prosélyte, la conversion est un véritable parcours du combattant qui
demande un apprentissage pouvant prendre plusieurs années. La conséquence est,
objectivement, que le judaïsme est aujourd'hui la seule religion monothéiste dont le nombre
de pratiquants diminue.
Les auteurs du livre « Tirs croisés » font référence à l'intégrisme juif dans le domaine du droit
des femmes et de l'intolérance culturelle. L'intolérance culturelle dont parlent Caroline
Fourest et Fiammetta Venner n'est, en tout cas, pas liée à l'intégration sociale, car les textes
juifs sont clairs : «La loi de ton pays est ta loi », ils impliquent l'obligation d'obéir aux règles
du lieu de résidence.
Ce qui fait du respect de la démocratie une règle absolue, attestée par la « bénédiction du
Président et du peuple qui nous accueille » en ouverture de chaque office religieux.
Cette intolérance culturelle n'est pas non plus liée à l'histoire : la célébration de la sortie
d'Égypte lors de la Pâque juive inclut une minute de silence pour les souffrances endurées par
les Égyptiens qui payèrent cher la libération de leurs esclaves.
Cette intolérance culturelle n'est pas non plus d'ordre du social, le premier des préceptes
religieux juifs demeurant « Aime l'étranger car tu as été étranger ».
Le judaïsme pose le postulat que l'ère messianique sera le résultat de l'œuvre sur terre des
hommes, de tous les hommes, Juifs ou non. Il s'appuie sur la responsabilité et la dignité
humaines.
Mais cette intolérance culturelle se réfère probablement aux puristes dont l'étude est l'unique
occupation et qui appliquent à la lettre les textes originels. Leur quête absolue de pureté est
avant tout un acte tourné vers l'intérieur et non vers le monde extérieur, un parcours