LA RÉVOLTE
D’Auguste de Villiers de L’Isle-Adam
Mise en scène Marc Paquien
Avec Anouk Grinberg et Hervé Briaux
CRÉATION
©Akatre
THÉÂTRE DES BOUFFES DU NORD
37 (bis), boulevard de la Chapelle 75010 Paris / Métro 2 La Chapelle
DU JEUDI 2 AU SAMEDI 25 AVRIL 2015
DU MARDI AU SAMEDI À 21H
réservation 01 46 07 34 50 (du lundi au vendredi de 17h à 19h, le samedi de 14h à 19h) ou
www.bouffesdunord.com
tarif plein 18 à 30 / tarif réduit 14 à 26 / tarif plein abonné 14 à 24 / tarif réduit abonné 11 à 21
CONTACTS PRESSE
MYRA / Rémi Fort et Valentine Arnaud
01 40 33 79 13 / myra@myra.fr / www.myra.fr
LA RÉVOLTE
D’Auguste de Villiers de L’Isle-Adam
Mise en scène Marc Paquien
Collaboration artistique Blandine Masson
Scénographie Gérard Didier
Costumes Isabelle Deffin
Lumières Dominique Bruguière
Son Xavier Jacquot
Perruque et Maquillage Cécile Kretschmar
Avec
Anouk Grinberg Elisabeth
Hervé Briaux Félix
Durée : 1h20
TOURNÉE
Le 22 octobre 2015 Théâtre Princesse Grâce de Monaco
Les 27 et 28 novembre 2015 Les Théâtres de la Ville de Luxembourg
Du 26 au 28 novembre 2015 Théâtre du Jeu de Paume / Aix-en-Provence
Production C.I.C.T. - Théâtre des Bouffes du Nord
Coproduction Les Théâtres de la Ville de Luxembourg ; Théâtre Liberté / Toulon
NOTE D’INTENTION
«
Je n’écris que pour les personnes atteintes d’âme.
» Voilà ce qu’affirme le jeune auteur
de trente ans qui se lance, en 1870, dans un véritable manifeste poétique. Avec
La
Révolte
, Villiers de l’Isle-Adam écrit une pièce d’avant-garde. Il ouvre la porte à un
théâtre nouveau, dans lequel des héroïnes affirment leurs exigences de liberté et
d’affranchissement.
La Révolte
dépasse les limites du simple drame ou de la pièce féministe. Il s’agit d’un
brasier incandescent. Dans cette histoire scandaleuse, sidérante, une femme décide à
minuit de quitter son mari, pour revenir quatre heures plus tard, quand elle comprend
qu’elle n’aura pas la force de réaliser son rêve : vivre.
Faire entendre, aujourd’hui, la voix de Villiers de l’Isle-Adam, c’est tendre un miroir vers
notre propre captivité. C’est s’adresser à tous ceux qui cherchent à vivre leur monde
intérieur, à quitter le monde des apparences pour celui de l’être.
Marc Paquien
Il y a plusieurs mystères dans cette pièce.
Tout d’abord, celui d’un homme qui choisit de donner la parole à une femme. Puis,
comment cette femme exaltée se met à incarner à elle seule l’aspiration à un monde
poétique contre celui des billets de banque. Un être humain doué de vie intérieure serait
donc forcément de sexe féminin en cette fin du 19ème siècle ? Au point qu’un poète
comme Villiers de l’Isle-Adam trouve en elle son meilleur porte-parole, et pourquoi pas
son double...
Le long fil de parole dévidé par Elisabeth est un plaidoyer pour la vie de l’esprit contre la
vie matérielle et même contre la vie sociale. Félix est un capitaliste, concret, qui fait des
affaires. Il n’aime pas l’originalité, il n’aime ni les montagnes trop hautes ni les vallées
trop creuses. Sa vie est moyenne, sans aspérités et il est heureux ainsi. Il n’a pas d’état
d’âme, n’est pas sentimental. Toute son intelligence il l’applique à son organisation de la
vie : il travaille, travaille.
Face à lui, une femme plus jeune, qui est née poète, sensible. Mariée à un banquier par
ses parents qui ne la comprennent pas non plus, elle aurait aimé employer ses forces à
aimer et être aimée de son mari. Mais elle ne reçoit qu’abandon et condescendance. Cette
Elisabeth est une petite sœur de la Molly Bloom de Joyce (interprétée par Anouk
Grinberg ici même aux Bouffes du Nord). Molly parlait sans interruption à côté d’un
homme endormi, noyé dans l’alcool. Elisabeth parle elle aussi presque sans arrêt à un
homme taiseux, hébété, qui répond par ruades, effaré par ce qu’il entend. L’une et l’autre
de ces femmes ont placé trop d’espoir dans l’amour et avaient une idée beaucoup trop
romantique du mariage : « Je ne vous souhaite pas de vous douter jamais de ce que vous
avez perdu ! », lance froidement Elisabeth à Félix.
L’amour des femmes est-il donc toujours trop grand pour les hommes ?
Ayant payé « sa dette sociale » comme elle le dit, Elisabeth aurait voulu partir sans
explication. Lorsque Félix incapable d’imagination tente de réduire son départ à un
simple adultère, elle entreprend alors de parler et comme dans un phénomène analytique,
entre en elle-même pour dire et accoucher d’une parole à voix haute. Ainsi, elle tente une
dernière fois de faire accéder Félix à son intériorité mais en vain. Il ne comprend rien,
même pas le sens du mot rêver, à quoi Elisabeth répond : « Vous n’avez que le néant à
m’offrir à la place du rêve ». Ce texte est un ravage. Il contient la violence des paroles
vraies Elisabeth ne se nomme-t-elle pas « celle qui ne veut pas mentir » ? et à la fin de
son étrange monologue, on aurait aimé en rester là : à un départ sans regrets.
C’est là qu’intervient un nouveau mystère : si Villiers de l’Isle-Adam avait été une femme,
aurait-il, aurait-elle écrit le retour d’Elisabeth ? « On n’efface pas », dit Elisabeth. Alors,
qui est cette nouvelle femme « atteinte d’un ennui éternel » qui revient s’asseoir,
quelques heures plus tard, à la table des comptes ? Lorsqu’elle frissonnait dans la nuit,
accablée par le sentiment de solitude et d’exil, on aurait aimé que cette Elisabeth
entende une voix, une seule : celle de l’écrivain Colette, qui écrira plus tard, beaucoup
plus tard, au XXème siècle : « Renaître n’a jamais été au-dessus de mes forces ». En 1870,
il était encore trop tôt pour Elisabeth... Blandine Masson
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