ANGIO MEP mars 98 22/04/04 11:39 Page 4833 A n g i o - Te c h n i q u e Technique de pose et indications d’un clip percutané endosaphène J.F. Van Cleef* ous proposons de poser, de manière percutanée, N un clip endoveineux en position pré-ostiale sur des grandes saphènes de 4 à 10 mm, mesurées à 3 cm de la jonction, afin d’améliorer les résultats de la sclérothérapie. Le clip en forme de V, aplatissant et réduisant la section de la veine variqueuse, est mis en place dans un plan parallèle à la surface de la peau. Il est introduit par cathétérisme de la saphène interne gonale vers l’aine, sous contrôle échographique. Le cathéter en Y permet non seulement la pose du clip mais aussi l’injection de produit sclérosant. * 43, rue de la Chaussée-d’Antin, 75009 Paris. La pose d’un objet endoluminal au sein d’une varice n’est pas nouvelle. Dès la fin du XIXe siècle, on mettait pendant quelques jours du fil imbibé de teinture d’iode dans des varices, puis on imagina des objets cylindriques d’implantation définitive pour obstruer les reflux liquidiens dans les veines variqueuses (ballonnets, valves mécaniques, ressorts de toutes sortes, doubles cônes...). Ces objets cylindriques présentent l’inconvénient d’être volumineux sous la peau et d’engendrer des thromboses très inflammatoires. Le clip présenté ici est plan ; il aplatit la veine. Son poids est de 0,15 g. Il n’est pas volumineux sous la peau et le volume de la thrombo-sclérose autour du clip est faible. Le volume du clip déplié est de 0,17 cm3 dans une veine de 8 mm de diamètre. Sa forme en V et son implantation pointe en bas évitent les migrations. La pose d’un clip endoveineux est particulièrement destinée à la jonction saphénofémorale pour le traitement d’un reflux pré-ostial. En 1992, la pose sous ampli de brillance de 50 clips endoveineux sensiblement identiques sur des grandes saphènes de tous types avait montré une très bonne tolérance de ce dispositif médical. Les poses ont été réalisées dans une salle possédant un ampli de brillance. Après une légère amélioration du matériel, une expérimentation animale au CR2i (INRA) a été réalisée sur des saphènes postérieures de mouton en 1996. Aujourd’hui, nous proposons un traitement endovasculaire percutané dont la mise en place se fait sous contrôle échographique. Il s’agit d’un kit où l’ensemble des accessoires de pose sont réunis. Il comprend : – un cathéter court 16 Gauge, un introducteur Vygon® 8 F court ; – un cathéter porteur ou lanceur 7 F radio- et écho-opaque, muni d’une poignée de largage et d’un cathéter butoir ; – le clip endoveineux, métallique, en forme de V ; celui-ci est composé de deux branches soudées ensemble par quatre spots laser à l’une de leur extrémité et présentant à l’autre extrémité deux crochets de fixation. Il s’agit donc de deux tiges d’appui reliées par un écarteur formant ressort (figure 1), destiné à aplatir la lumière veineuse selon son axe physiologique ; – champs, seringues, aiguilles, compresses, scalpel, cupules. A part : – un désinfectant cutané (polyvidone iodée) ; – un agent sclérosant (tétradécyl sulfate de sodium 3 % par exemple) ; – des bandes collantes de contention de 8 cm de large ; – un collant ou un bas autofixant de classe 2. Rappel anatomo-physiologique Le geste La veine saphène a un axe préférentiel d’aplatissement parallèle à la surface de la peau et présente ainsi deux faces (wallsides) et deux bords (borders), une face interne ou aponévrotique, une face externe ou cutanée, réunies par les deux bords de la paroi veineuse. Les bords libres des bivalves sont parallèles à l’axe d’aplatissement de la lumière veineuse ; les commissures valvulaires sont situées sur les bords de la veine. Dans les veines variqueuses, la création d’un espace intercornéal sur les bords des veines favorise les ■ Le patient est demi-assis en décubitus latéral, sur la table d’échographie. ■ Repérage par la palpation-percussion de la saphène interne gonale, ou à l’aide de la sonde d’échographie. ■ Ponction de la saphène à l’aide du cathéter court 16 Gauge, vérification à l’aide de l’échographe. ■ Introduction du guide souple de l’introducteur dans la saphène et ablation du cathéter court. ■ Anesthésie locale au point de ponction et en aval pour l’introducteur : xylocaïne 4833 reflux liquidiens (pour mémoire, notons que les orifices des perforantes principales sont sur les bords de la veine). Trente-huit pour cent des incontinences de crosse de la grande saphène sont dues à une incontinence pré-ostiale primitive. Le matériel ANGIO MEP mars 98 22/04/04 11:39 Page 4834 A n g i o - Te c h n i q u e culaire si nécessaire en faisant bien attention de vidanger la lumière du lanceur après chaque injection. ■ Pose d’une contention fixe, par exemple bande collée de 8 cm de large sur deux compresses pliées en quatre en regard du clip, bande pratiquement circulaire autour du haut de la cuisse et au niveau du point de ponction. ■ Contention par bande collée ou amovible de l’ensemble du membre (collant de contention ou bas autofixant de classe 2). Quelques astuces techniques Figure 1. Clip aplatissant la lumière d’une veine saphène de mouton à 30 jours. 1 % 5 cc, attendre quelques minutes. ■ Petite incision verticale de 3 mm à la lame de scalpel. ■ Mise en place de l’introducteur. ■ Échographie de la saphène, repérage de la crosse. ■ Montée du lanceur avec le clip à 5 cm de la jonction saphéno-fémorale au niveau pré-ostial. ■ Orientation du clip pour une ouverture parallèle à la surface de la peau. ■ Largage du clip à 5 cm sous la jonction saphéno-fémorale : le butoir restant fixe, on tire doucement sur le lanceur, les branches du clip s’appliquent sur la ligne des commissures, sur les bords de la saphène ; le clip aplatit la lumière veineuse parallèlement à la surface de la peau. ■ Injection, par exemple, de 2 cc de Trombovar® à 3 % puis d’une bulle d’air et de 1,5 cc de sérum physiologique par le Y du lanceur pour bien vidanger la lumière du cathéter. ■ Scléroses étagées de la saphène tron- ■ La première difficulté est le cathétérisme de la saphène. La saphène interne au genou a une topographie constante à la face latérale du condyle interne et est peu mobile devant l’aiguille. En cas de difficultés, une ponction sous échographie est bien sûr possible, la sonde étant en position longitudinale. En cas d’échec, une deuxième ponction au tiers inférieur de cuisse est toujours possible. ■ Afin d’éviter tout cathétérisme au-delà de la crosse saphène, il est prudent de mesurer, au-dessus de la peau, la distance entre l’introducteur 8F et la zone de largage avec le lanceur et de poser un Stéristip® de repérage et de buter sur le lanceur. ■ Il est impératif que le clip s’ouvre parallèlement à la surface de la peau et parallèlement à l’axe préférentiel d’aplatissement de la veine. En effet, une ouverture perpendiculaire à la peau expose à un sens d’aplatissement non physiologique de la veine. Une bonne orientation de la sonde d’échographie et du clip est indispensable. Il est possible aussi de repérer sur le cathéter porteur avant son introduction le sens du clip en fonction du sens du Stéristip® ou de la poignée de largage. Ce repère est conservé si on introduit le cathéter avec une bonne orientation sans lui imprimer de rotation circulaire. Soins postopératoires L’ablation de la bande collée se fait vers Act. Méd. Int. - Angiologie (14) n° 241, Mars 1998 4834 Figure 2. Échographie en incidence longitudinale d’un clip dans la lumière d’une grande saphène. le quatrième jour. Dès cette date, la jonction saphéno-fémorale étant obstruée, le traitement complémentaire du réseau sous-jacent incontinent est impératif. Des scléroses ou des phlébectomies ambulatoires sont indispensables pour parfaire le résultat. Le bas ou le collant de contention de classe 2 est porté pendant un mois. Des contrôles réguliers permettent de suivre cette maladie variqueuse évolutive. Indications Nous distinguons les indications de terrain des indications liées à l’analyse écho-doppler de la varicose. ■ Les indications liées au terrain sont toujours discutables. Idéalement, c’est le sujet âgé avec un ulcère de jambe que le chirurgien ne désire pas mettre sur une table d’opération pour un stripping. De même, ce peut être un patient jeune, ayant une incontinence débutante et chez qui un stripping semble un geste excessif en regard de la pathologie présente. La présence d’un clip endosaphène n’interdit nullement un éveinage ultérieur. Le patient obèse qui, éternellement au régime, ne maigrit pas posera de gros problèmes opératoires et de cicatrisation à l’aine. Le clip est une thérapeutique parfaitement complémentaire de l’échosclérose. Certains patients ne peuvent pas, ou ne veulent pas, interrompre leur activité pro- ANGIO MEP mars 98 22/04/04 11:39 Page 4836 A n g i o - Te c h n i q u e Le saviezvous ? Un syndrome des "jambes sans repos" peut s'accompagner d'une élévation modérée des CPK (de l'ordre de deux fois la normale), de par l'activité musculaire qu'il entraîne. Ce qui ne nous dispense pas, bien sûr, de s'assurer de l'absence de toute pathologie musculaire ou neurologique sous-jacente. (D'après F. Bournerias, Le Généraliste FMC, n°1835, 13 fév. 98, p. 30) sence d’un clip permet in situ une potentialisation du produit sclérosant. Pour établir un parallèle avec l’artère, nous pensons que cette question est équivalente à celle de savoir si une angioplastie par ballonnet donne de meilleurs résultats avec ou sans la pose d’un stent. Qui va pratiquer ce geste technique ? Jusqu’à présent, c’est le couple “angiophlébologue-chirurgien vasculaire” qui a la charge de la maladie variqueuse. Au sein de ce couple, une discussion s’impose. Si la pose du clip semble proche de l’échosclérose, ce nouveau geste pourra être pratiqué par l’angiologue ; si le couple considère qu’il s’agit d’une chirurgie endovasculaire, elle sera pratiquée par le chirurgien. Il s’agit aussi d’un geste de radiologie interventionnelle ; de ce fait, les radiologues et les cardiologues interventionnels ont une grande habitude de la manipulation des cathéters vasculaires, de la ponction des veines jugulaires sous échographie et pourraient donc, par ce biais, s’intéresser davantage aux varices. De même, certains plasticiens, par l’absence d’une incision de la peau supérieure à 3 mm, manifestent déjà une curiosité pour cette technique. Mais il faut le reconnaître, seul l’angio-phlé- bologue semble capable de poser les bonnes indications et de suivre a posteriori le patient porteur de cette maladie chronique et évolutive : la maladie variqueuse. Conclusion Les clips endoveineux pour le traitement des varices devraient se développer dans les années qui viennent. Le principe semble acquis, des indications restant à préciser par les études et l’expérience de chacun. Références ■ Pieri A., Vanuzzi A., Duranti A., Vin F., Bennelli L., Michelagnoli S., Caillard Ph., de Saint-Pierre G. Rôle central de la valvule pré-ostiale de la veine saphène interne dans la genèse des varices tronculaires des membres inférieurs. Phlébologie 1995 ; 48 (2) : 227-39. ■ Van Cleef J.F. Valves in varicose veins and external compression studied by angioscopy. Phlebology 1993 ; 8 : 116-9. ■ Van Cleef J.F. A vein has a preferential axis of flattening. J Derm Surg Onc 1993 ; 19 (5) : 468-70. ■ Van Cleef J.F., Lefebvre J.M. Clip percutané endosaphénien. Phlébologie 1994 ; 3 : 251-4. ■ Van Cleef J.F., Bonneau M., Wassef M. Modèle in vivo pour l’étude des dispositifs endoveineux. Utilisation dans l’évaluation d’un clip percutané endosaphène. Phlébologie 1998 ; 51 : 1. L'HTA du sujet âgé : traiter, mais pas toujours Le risque cardiovasculaire lié à l'hypertension a tendance à diminuer avec l'âge à partir de 75 ans. Au-delà de 80-85 ans il n'existe plus de bénéfice démontré du traitement d'une HTA légère. Plus que jamais dans ces âges avancés de la vie, on doit peser au cas par cas le bénéfice/risque pour le patient, et ne pas oublier que l'hypotension orthostatique se révèle parfois plus délétère. (D'après M. Salvador, Le Généraliste FMC, n°1829, 23 janv. 98, p. 24-26) Act. Méd. Int. - Angiologie (14) n° 241, Mars 1998 4836 Imprimé en France Differdange S.A. - 95110 Sannois - Dépôt légal 1er trimestre 1998. © Septembre 1984 - MédicaPress International S.A.