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La crise sévit, implacable.
L'assemblée générale du 23 mars
1933 approuve stoïquement une
réduction de 5 % sur tous les
traitements jusqu'à quinze mille
francs, de 7,5 % jusqu'à cinquante
mille et de 10 % au-dessus, à
compter du premier janvier. La crise
qui restreint les échanges avec
l'étranger et réduit les disponibilités
du public, épargne le rayonnement
intellectuel de L'Illustration. Les
présidents du Conseil, convaincus de
la valeur de la tribune offerte par le
magazine, y développent leur
pensée. Dans un même numéro
voisinent les signatures d'André
Tardieu et d'Édouard Hetriot, certains d'être lus dans plus de cent cinquante pays. Ce succès
n'évite pas l'amorce d'une mortelle glissade, perceptible
à
la lecture des chiffres d'exploitation.
Les dépenses engagées pour Bobigny s'élèveront, au total, à quarante-quatre millions de
francs, et la direction, pour s'en acquitter, augmente le capital social en créant 1350 actions
nominatives de 2 500 francs, émises avec une prime de trois mille francs, deux actions
nouvelles donnant droit
à
une nouvelle, ce qui porte le capital
à
hauteur de 10 125 000 francs.
Ces augmentations du capital permettent
à
la famille Baschet de rester majoritaire, puisqu'elle
possède désormais 87% de « l'empire ».
La mise en marche de Bobigny
Dans un contexte de malaise économique général, alors que la proportion des invendus atteint
le chiffre inusité de 30 %, les ouvriers et les employés de L'Illustration rejoignent la campagne
dans une nouvelle usine qui dresse sa tour dans le ciel, tandis que le quartier général demeure
rue Saint-Georges.
Le 17 février 1933, la direction fête
la mise en marche de de Bobigny.
A cette occasion, un déjeuner réunit
la totalité du personnel, soit 950
convives dans le vaste restaurant où
des haut-parleurs diffusent l'allocution
de René Baschet : « Un déjeuner
intime où j'aurais
à
mes côtés
l'Illustration, toute L'Illustration, rien
que L'Illustration, le rêve que
je
faisais depuis vingt-neuf ans et que
je
réalise aujourd'hui! Nous sommes
entre nous, nous sommes chez nous!
Par de larges fenêtres le soleil est
invité
à
nous faire visite, nos regards