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84 - Alternatives Economiques Pratique - juin 2008
L’économie sociale et solidaire en Ile-de-France – Chapitre ii
◗
Entreprendre
autrement
associatifs doivent être bénévoles ou ne pas percevoir une rémunération
supérieure aux trois quarts du Smic sur l’année. Si ce critère est respecté,
l’administration utilise la règle dite « des quatre P » (produit, prix, public,
publicité) pour exonérer l’association des impôts commerciaux :
– le produit est « d’utilité sociale s’il tend à satisfaire un besoin qui n’est pas
pris en compte par le marché ou qui l’est de façon peu satisfaisante faute d’être
rentable » (instruction fiscale du 15 septembre 1998) ;
– le public visé doit être doté de ressources modestes ou posséder des carac-
téristiques qui n’en font pas des clients intéressants pour les structures mar-
chandes (éloignement géographique, handicaps, etc.) ;
– le prix pratiqué doit faciliter l’accès au public. Ainsi, en cas de prestation
de nature similaire à celles du secteur privé, le prix doit être nettement
inférieur ;
– la publicité ne doit pas être confondue avec les opérations de communi-
cation, ouvertes à toute association. Elle a pour objectif spécifique de faire
connaître l’activité de l’association, et non de conquérir des parts de marché.
Au total, une association n’est pas imposée (impôt sur les sociétés, TVA et
taxe professionnelle) si sa gestion est désintéressée, si elle exerce son activité
sans concurrence directe pour le secteur lucratif ou si elle le fait dans des
conditions différentes de celles des entreprises.
Si l’association possède une activité non marchande et une activité mar-
chande, il est possible que seule cette dernière soit imposée. Pour cela, il faut
que les activités soient dissociables et que le non-marchand demeure prépon-
dérant. L’association peut également filialiser son activité marchande.
En 2001, l’association Halage, entreprise d’in-
sertion dans le domaine de l’environnement,
décide de créer un pôle d’économie sociale et
solidaire sur la communauté d’agglomération
de Plaine Commune. Elle achète un bâtiment
sur l’Ile-Saint-Denis, dont elle partage les
locaux avec sept autres structures qui lui
paient un loyer inférieur au prix du marché.
Le Phares, un hôtel d’activités solidaires, est
créé : il regroupe 150 salariés, dont la moitié
est en insertion, et autant de bénévoles. Asso-
ciations, coopératives, entreprises d’insertion
mettent en commun des salles de réunion,
une cantine d’insertion, leur communication
et des formations, ce dont elles ne pourraient
bénéficier chacune de leur côté. Au-delà,
la mutualisation fonctionne aussi pour les
réponses aux appels d’offre : Halage et Ini-
tiatives environnement, association d’éducation
à l’environnement, répondent en commun à
l’appel à projet de Plaine Commune pour
valoriser la biodiversité des berges de Seine.
« Séparément, nous ne pouvions y répondre
alors qu’aujourd’hui, Halage assure la partie
entretien et Initiatives environnement la par-
tie animation », explique Yann Geindreau,
directeur de Halage. L. V.
Contact : Le Phares, 6 rue Arnold-Géraux,
93450 l’Ile-Saint-Denis, tél. (Halage) :
01 48 13 04 31, courriel : halage@wanadoo.fr
Quand des associations mettent leurs moyens en commun
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L’Atelier / Séb ! Godefroy