80 - Alternatives Economiques Pratique - juin 2008
L’économie sociale et solidaire en Ile-de-France Chapitre ii
Entreprendre
autrement
Des conseils pratiques pour créer une association
ou une entreprise, bien choisir son statut
et bénéficier au mieux des réseaux de financement
et d’accompagnement qui soutiennent les
entrepreneurs de l’économie sociale et solidaire.
L’Atelier / Séb ! Godefroy - Entreprise Dupleks
Alternatives Economiques Pratique - juin 2008 - 81
Entreprendre
autrement
Création, mode d’emploi
S
candales  financiers,  fermetures  d’entreprises  rentables,  mais  pas  assez 
au regard des exigences des actionnaires, irresponsabilité sociale et envi-
ronnementale…, quelquechosenetourne pasrond dans lemondedel’en-
treprise capitaliste.Pourtant, le désird’entreprendre des Français est élevé : 
2007a été uneane record pour lescréations d’entreprises, au nombre de 
321 000, soit 13 % de plus qu’en 2006. En Ile-de-France, 75 000 entreprises 
(cées ou reprises) ont vu le jour en 2007, soit 23 % du total national.
Ne plus avoir depatron, faire fortune et se aliser, voilà les principales motiva-
tionsdeschefsd’entreprise,desporteurs etporteusesde projets.Maisun nombre 
croissant d’entreeux se définissentcomme des « entrepreneurs sociaux ». Leur 
volon ?Mettre leurs compétences professionnellesauservice d’unprojet en 
cohérence avec leurs valeurs. montrer que l’on peut velopperune activité 
économique à la fois rentableetutile socialement. Concilier économie,social et 
protection de l’environnement dans une logique de développementdurable.
Quand onveut entreprendre autrement,vaut-ilmieux, en fonction deson 
projet, créer une association, une entreprise d’insertion, une mutuelle ou une 
coopérative ? A-t-ondroit auxmêmes aides que lorsqu’on crée une entreprise 
traditionnelle ?Vous trouverez dans cechapitre desinformations pratiques 
pourmieux connaître les statuts, les réseaux de financement etd’accompa-
gnement et les spécificités de l’entrepreneuriat social.
Bien choisir son statut
et ses agréments
A
ssociation, entreprise d’insertion, coopérative de production, société 
coopérative  d’intérêt  collectif,  mutuelle…,  le  choix  du  statut  pour 
entreprendre est loin d’être anodin. Par ailleurs, des agréments publics sont 
parfois nécessaires pour pouvoir monter une entreprise sociale, notamment 
dans lechamp de l’insertion. Quelques conseils.
Les associations
Les associations recouvrentune réalité foisonnante, depuis les petites associa-
tions de loisirs qui peuvent réunir unedizaine de personnes, jusqu’aux grandes 
organisations dansle secteursanitaireet social comme l’Aide familialeà domi-
cile (Afad, en Essonne), qui compte plus de 200 salariésen Ile-de-France. De 
nombreusesassociationsontdéveloppé des servicesquileur fournissentdes 
ressources financres,tout en restant – c’est leur vocation –à but non lucratif. 
Elles s’engagent alors dans une ritable marche entrepreneuriale et créent 
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L’économie sociale et solidaire en Ile-de-France Chapitre ii
Entreprendre
autrement
des emplois. Elles peuvent même réaliser des bénéfices, ce qui est tout à fait 
gal, mais elles ne peuvent pas les redistribuer à leurs adhérents.
me si le statut associatif est le plus répandu dans l’économie sociale, seule 
une minoritéd’associations emploient des salariés. Selonuneétude réalisée 
en novembre 2007 par le ministère de la Santé, de la Jeunesse et des Sports, 
16 %seulement des associations fraaises ont recoursà l’emploi salarié,de 
façonrégulière ou pas. La région compte plus de 64 000 associations, qui 
regroupaientprès de 216 600 postes en 2004,soit près de6 %desemplois 
enIle-de-France.Auniveau national, cesont 1,9 million de salariésquitra-
vaillent dans le monde associatif, soit 1,05 million  enéquivalent temps plein. 
La place des associations dans l’économie nationale necesse de crtre : leur 
poids économiquea augmenté de 2,5 % par an entre 1999 et 2005,soitune 
progression plus rapide que celle duPIB. Dans un contexte où les subventions 
publiques ont tendance à diminuer, de plus en plus d’associations cherchent à 
vendre des biens ou des services sur le marché.
U Pour en savoir plus sur la vie associative en France et dans la région, voir les travaux de
la Fonda, qui regroupe des personnes impliquées à titre professionnel dans la vie associative.
Ils sont disponibles sur le site de la Fonda : www.fonda.asso.fr
Les grands principes
Le texte juridique derence sur les associations estlaloi du1er juillet 1901. 
Une association estunregroupement volontaire d’au moins deux personnes 
physiques oumorales.La loi de1901laisseaux créateurs etmembresd’une 
association la liber de s’organiser et de modifier le mode d’organisation et de 
fonctionnement de la structure (vote des statuts en assemblée générale), 
de choisir son but(à l’exception des motifs illicites bien r !), d’employer 
des salars, dela déclarerou pasàlapréfecture, etc. L’intérêt deladéclara-
tion est d’obtenir lestatutde personne morale, ce qui donne lapossibilité, 
par exemple, de recevoirdes subventions.Une association sedéfinit par son 
caractère non lucratif : elle peut fairedes bénéfices, mais ces derniers doivent 
être réinvestis dans le développement de l’activité associative.
Porteur d’un projet associatif ou res-
ponsable d’une association, vous
avez besoin de conseils sur les plans
juridiques, financiers, administratifs,
sociaux, etc. ? Les points d’appui à la
vie associative, au nombre de douze en
Ile-de-France, sont des structures d’ac-
cueil qui apportent une aide gratuite aux
associations. Réponses à des questions
ponctuelles, orientation vers des disposi-
tifs et des circuits de financement, mise
en relation avec des partenaires…, les
interventions sont réalisées par des pro-
fessionnels et sont destinées à améliorer
l’administration ainsi que la gestion des
associations et de leurs projets. En 2006,
3 500 associations et porteurs de projets
ont bénéficié de cet accompagnement.
Laure Verhaeghe
Contact : Le Soutien aux associations
en région Ile-de-France (Sarif) regroupe,
depuis 2001, les points d’appui franciliens,
site : www.sarif.fr, rubrique « Contacts »
pour retrouver les coordonnées des points
d’appui de la région.
Les points d’appui à la vie associative
Alternatives Economiques Pratique - juin 2008 - 83
Entreprendre
autrement
U Pour retrouver toutes les informations et les actualités les au statut associatif : www.
associations.gouv.fr et www.associationmodeemploi.fr
Bien rédiger ses statuts
La rédaction des statuts associatifs est libre. Mais elle peut être détermi-
nante pour l’avenir. Ainsi, il est indispensable de poser dès le départ les 
« questions qui fâchent », sur les finances ou la répartition du pouvoir. Par 
exemple, les statuts peuvent prévoir, ou non, des conditions à l’adhésion, 
la limitation des mandats… Par ailleurs, si le porteur de projets veut vivre 
de son activité associative tout en conservant une gestion désintéressée, il 
ne devra être ni président ni membre du bureau. Tout au plus pourra-t-il 
être administrateur, puisqu’un quart des membres du conseil d’adminis-
tration peuvent être salariés. Dès lors, le conseil sera obligé de nommer un 
président, un secrétaire et un trésorier qui détiendront le pouvoir. Autre 
précaution : il est important de définir dans les statuts un objet social suffi-
samment large pour permettre à l’activité de l’association d’évoluer tout en 
restant en phase avec le projet initial. Si l’association envisage de produire 
et de vendre des biens et des services, elle doit le prévoir explicitement 
dans ses statuts.
Connaître son régime fiscal
La question du régime fiscal se pose très tôt, dès la première facture émise : 
faut-il facturer la TVA ou non ? Malheureusement, il n’y a pas de réponse 
simple… et il faut y penser avant ! La non-lucrativité d’une association se 
définit tout d’abord par sa gestion désintéressée. Ainsi, pour que l’associa-
tion puisse éventuellement bénéficier d’une fiscalité allégée, les dirigeants 
Dans le 13e arrondissement, la Maison
des associations de solidarité rassemble,
sur 4 500 m2, les principales fédérations
d’associations du secteur sanitaire et
social d’Ile-de-France et propose des
espaces de services pour les associations
de la région. Six fédérations sont regrou-
pées à ce jour dans cet espace : l’union
régionale interfédérale des organismes
privés sanitaires et sociaux (Uriopss)
Ile-de-France, la Fédération nationale
des associations d’accueil et de réin-
sertion sociale (Fnars) Ile-de-France,
l’union régionale des foyers de jeunes
travailleurs (URFJT), le service social
d’aide aux émigrants, la Fédération des
réseaux de santé des soins palliatifs
d’Ile-de-France et l’association Aurore
(services d’insertion).
La maison des associations de solida-
rité propose un espace « hôtel d’as-
sociations » (postes de travail équi-
pés loués aux petites associations), un
espace de services (conseils dispensés
dans de multiples domaines par des
professionnels), cinq salles de réunion
et un espace événementiel pouvant
accueillir jusqu’à 2 500 personnes.
Objectif de cette maison inaugurée
en février 2007 : développer le monde
associatif sanitaire et social autour
d’une synergie régionale.
Contact : Maison des associations de
solidarité, 10-18 rue des Terres-au-Curé,
75013 Paris, tél. : 01 76 70 26 70, site :
www.mas-paris.fr, courriel : sevestre@mas-
paris.fr
A Paris, la Maison des associations de solidarité
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L’économie sociale et solidaire en Ile-de-France Chapitre ii
Entreprendre
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associatifs doivent être bénévoles ou ne pas percevoir une rémunération 
supérieure aux trois quarts du Smic sur l’année. Si ce critère est respecté, 
l’administration utilise la règle dite « des quatre P » (produit, prix, public, 
publicité) pour exonérer l’association des impôts commerciaux :
le produit est « d’utilité sociale s’il tend à satisfaire un besoin qui n’est pas
pris en compte par le marché ou qui l’est de façon peu satisfaisante faute d’être
rentable »(instruction fiscale du 15 septembre 1998) ;
le public vi doit être doté de ressources modestes ou posséder des carac-
ristiques qui n’en font pasdes clientsintéressantspour les structuresmar-
chandes (éloignement géographique, handicaps, etc.) ;
– le prix pratiqué doit faciliter l’accès au public. Ainsi, en cas deprestation 
de nature similaire à celles du secteur privé, le prix doit être nettement 
inférieur ;
la publicine doit pasêtre confondue avec les opérationsde communi-
cation, ouvertes à toute association. Elle a pour objectif spécifiquedefaire 
connaître l’activité de l’association, et non de conquérir des parts de marché.
Au total, uneassociation n’est pas imposée(impôt sur lessociétés, TVA et 
taxe professionnelle) si sa gestion est désintéressée, si elle exerce son activité 
sans concurrence directe pourle secteur lucratifou si elle le fait dans des 
conditions différentes de celles des entreprises.
Si l’association possède une activité non marchande et une activité mar-
chande, il est possible que seule cette dernre soit imposée. Pour cela, il faut 
que les activités soient dissociables et que le non-marchand demeure prépon-
dérant. Lassociation peut également filialiser son activité marchande.
En 2001, l’association Halage, entreprise d’in-
sertion dans le domaine de l’environnement,
décide de créer un pôle d’économie sociale et
solidaire sur la communauté d’agglomération
de Plaine Commune. Elle achète un bâtiment
sur l’Ile-Saint-Denis, dont elle partage les
locaux avec sept autres structures qui lui
paient un loyer inférieur au prix du marché.
Le Phares, un hôtel d’activités solidaires, est
créé : il regroupe 150 salariés, dont la moitié
est en insertion, et autant de bénévoles. Asso-
ciations, coopératives, entreprises d’insertion
mettent en commun des salles de réunion,
une cantine d’insertion, leur communication
et des formations, ce dont elles ne pourraient
bénéficier chacune de leur côté. Au-delà,
la mutualisation fonctionne aussi pour les
réponses aux appels d’offre : Halage et Ini-
tiatives environnement, association d’éducation
à l’environnement, répondent en commun à
l’appel à projet de Plaine Commune pour
valoriser la biodiversité des berges de Seine.
« Séparément, nous ne pouvions y répondre
alors qu’aujourd’hui, Halage assure la partie
entretien et Initiatives environnement la par-
tie animation », explique Yann Geindreau,
directeur de Halage. L. V.
Contact : Le Phares, 6 rue Arnold-Géraux,
93450 l’Ile-Saint-Denis, tél. (Halage) :
01 48 13 04 31, courriel : halage@wanadoo.fr
Quand des associations mettent leurs moyens en commun
ZOOM
L’Atelier / Séb ! Godefroy
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