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Apériodique - n° 14/02 - juillet 2014
Corée du Sud : Encore quelques défis à relever
La Corée du Sud revient peu à peu à son rythme de croissance potentiel. Grâce à une politique
économique adaptée et à une industrie exportatrice performante, elle est parvenue à surmonter la
crise de 2009 avec beaucoup moins de difficultés qu’en 1997. Soutenue ces dernières années par la
demande des pays émergents et de l’ASEAN, la Corée devrait profiter des reprises américaine et
européenne, et surtout de l’intensification de ses échanges avec la Chine.
La croissance reste toutefois freinée par divers éléments : le secteur des services est peu développé,
le marché du travail est trop segmenté, et la consommation privée (elle-même handicapée par le
niveau élevé d'endettement des ménages) n’est pas assez forte pour relayer les exportations si celles-
ci venaient à ralentir.
Le plan économique triennal de la présidente Park Geun-Hye répond à certains des besoins de
réformes. S'il est effectivement mis en œuvre, la position déjà solide de la Corée du Sud dans le
paysage économique asiatique et mondial en sera renforcée.
Des fondamentaux macroéconomiques
solides
Bien qu’elle ait évolué en dessous de ses performances
antérieures, l’économie sud-coréenne s’est montrée plutôt
résiliente face aux multiples chocs qui ont agité l’économie
mondiale depuis 2009. Après avoir ralenti à 0,3% cette
année-là, un chiffre tout de même positif, la croissance
s’est établie à 3,7% en moyenne depuis.
Le fait est que le gouvernement et la Banque centrale ont
su piloter l’économie avec beaucoup de finesse, en
desserrant la politique budgétaire et la politique monétaire
dans le bon timing et de façon coordonnée lorsque la
situation le justifiait, en soutenant les banques et les
entreprises en risque de liquidité. Et ce, sans que cela
n’affecte significativement les finances publiques ; la dette
de l’Etat est passée de 30,4% en 2008 à 35,6% du PIB
l’an passé. De plus, la Corée du Sud a continué de
dégager de confortables excédents courants. En 2013,
celui-ci s’est éleà 6,7% du PIB et il pourrait rester à ce
niveau cette année, voire augmenter légèrement.
La croissance pourrait s’accélérer à 3,6% cette année
(après 3% en 2013), grâce au raffermissement de l’activité
aux Etats-Unis et dans l’UE et à l’intensification des
relations avec la Chine.
A moyen terme, le gouvernement entend maintenir la
croissance autour de 4%. C'est un objectif assurément
atteignable. Mais il faudra pour cela préserver la
compétitivi du secteur exportateur tout en menant un
certain nombre de réformes structurelles visant à
surmonter les contraintes qui pèsent aujourd’hui sur la
croissance.
Graphique 1 Croissance, Conmmation, Investissement,
Exportations
Graphique 2 Déficits publics, balance courante et indices des
prix à la consommation
30
45
60
-10
-5
0
5
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1980 1990 2000 2010
% du PIB
%
Investissement (g.) Exportations (g.)
PIB (g.) Conso privée (d.)
Source : Datastream, Crédit Agricole S.A.
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-2
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8
1980 1990 2000 2010
%
% du PIB
Balance courante (g.)
Solde budgétaire (g.)
Indice des prix à la consommation (d.)
Source : EIU, Banque mondiale, BoK, Crédit Agricole S.A.
Thibaut FAVIER
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Une économie tournée vers l’extérieur
Le montant des échanges commerciaux de la Corée du
Sud s’élèvent à plus de 1 300 mds USD (8e rang mondial).
Les exportations de biens et services représentent environ
55% du PIB compaà 25% en France et 15% au Japon.
Les importations s’élèvent à environ 50% du PIB.
Graphique 3 Part du commerce exrieur dans le PIB, en 2011
La vitalité du secteur exportateur coréen tient
historiquement à un tissu industriel solide et performant
(qui s’est structuré autour des chaebols) et, plus
récemment, au dynamisme des marchés asiatiques.
Une industrie puissante
La force de l’économie coréenne à l’exportation repose
sur son industrie. Celle-ci génère près de 40% du PIB
(c’est plus qu’il y a 10 ans ; cf. graphique 4). Seules
l’Arabie Saoudite, la Chine et l’Indonésie ont un taux plus
élevé parmi les pays du G20. La production
manufacturière coréenne pèse ainsi 2,8% de la production
mondiale, contre 2,4% en 2010. Classée au 5e rang, la
Corée se positionne derrière les Etats-Unis, la Chine, le
Japon et l’Allemagne (6,1%) mais devant la France
(2,5%).
Graphique 4 Production industrielle
Cette industrialisation pousée est en partie la résultante
de l’audacieuse politique industrielle du dictateur Park
(père de l’actuelle présidente, au pouvoir de 1962 à 1979)
dont le but fut de concentrer une large partie de la
production nationale sur un nombre restreint de
conglomérats, les chaebols. Cela permit une plus grande
malléabilité et réactivité des structures de production aux
directives gouvernementales.
En 2012, les ventes annuelles des trente premiers chaebols
ont constitué 96,7% du PIB ; le chiffre d’affaires de
Samsung, le plus important d’entre eux, a représenté à lui
seul un quart du PIB. Ces structures permettent une
production à grande échelle suffisamment puissantes,
influentes et innovantes pour s’imposer sur des marchés
mondiaux. Leur taille imposante pose bien sûr la question
du risque systémique en cas de défaillance de l’un d’entre
eux, mais leurs activités diversifiées permettent de
l’atténuer. Samsung, par exemple, opère dans une dizaine
de secteurs : équipement téléphonique, automobile,
pétrochimie, finance… Quant au constructeur automobile
Hyundai, il a aussi des activités de raffinage de pétrole,
dans la construction, etc.
Des chaebols diversifiés donc, mais une économie
largement spécialisé dans l’industrie lourde (transport
maritime, chimie, automobile, sidérurgie, etc.), dix fois plus
importante que l’industrie légère (transformation des
produits finis, tel le textile).
Graphique 5 Evolutions des exportations de l’industrie lourde
et légère
Graphique 6 Principaux produits exportés.
Symbole de la réussite industrielle et fer de lance de
l’économie coréenne, l’électronique génère à lui seul un
quart des exportations de produits industriels. Autrefois
0
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80
100
% du PIB
Importations Exportations
Source : OCDE, Crédit Agricole S.A.
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2000 2005 2010
% du PIB
OCDE Corée
Source : Datastream, Crédit Agricole S.A.
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2009 2010 2011 2012 2013
mds USDmds USD
indutrie légère (g.) Indusrie lourde (d.)
Source : Datastream, Crédit Agricole S.A.
0
10
20
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mds USD
2012 2013
Source : Ministère du Savoir et de l'Economie, Crédit Agricole
S.A.
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compétitif grâce à la modération salariale, ce secteur a su
élargir la gamme des biens produits (progression
horizontale) et remonter les filières jusqu’au stade de la
conception de l’objet (progression verticale), lui permettant
ainsi de se placer sur des biens technologiquement plus
complexes, donc à plus forte valeur ajoutée. Les semi-
conducteurs sont parmi les biens les plus exportés de
Corée.
Une économie orientée vers les pays émergents
Deuxième exportateur mondial à destination de la Chine,
l’industrie coréenne profite de l’expansion du marc de
son voisin mais aussi de celle des pays de l’ASEAN
1
et,
plus généralement, des pays émergents. Sur les années
2009-2013, les exportations vers les pays émergents ont
progressé en moyenne de 13,1%, lorsque celles vers les
pays développés ont augmenté de 10,6%. Les
exportations vers la Chine ont crû de 14,6% et celles vers
les pays de l’ASEAN de 18,8%.
Graphique 7 Exportations entre 2009 et 2013 selon les
régions
De telle sorte que les marchés émergents absorbent
aujourd’hui presque trois cinquièmes des exportations de
biens coréennes, dont 26% est capté par la Chine et
17,2% par l’ASEAN.
1
Les données relatives à l’ASEAN ne tiennent compte que de la
Malaisie, Indonésie, Thaïlande, Viêt-Nam, Singapour, Taiwan et
les Philippines.
Graphique 8 Les 10 plus gros importateurs de biens coens
2
Mais une économie assez sensible aux chocs externes
Contrepartie presque inévitable de cette large ouverture
commerciale, la Corée du Sud est assez sensible aux
fluctuations de la conjoncture mondiale. L’effondrement de
la demande aux Etats-Unis et en Europe en 2009 et la
chute consécutive de la croissance coréenne cette même
année 0,3%, comparé à 4,2% en moyenne les cinq
années précédentes) le rappellent.
L’ouverture du bas de la balance des paiements renforce ce
phénomène, élargi même la sensibilité de l’économie sud-
coréenne à tout choc externe (susceptible d’altérer l’humeur
des investisseurs sur les marchés coréens, comme les
tensions avec le frère ennemi du Nord ou les différents
diplomatiques en Mer de Chine) et explique la volatilité
historique du won (soumis à un gime de change flexible).
Pour mémoire, la devise coréenne s’est dépréciée de 15%
face au dollar en 2009, après s’être appréciée de 36%
l’année précédente.
Dans ce contexte, trois éléments pourront retenir l’attention
à court terme, car porteurs d’un risque baissier sur la
croissance et d’un risque de change. Le ralentissement en
cours de l’économie chinoise et qui ne manque pas de
nourrir des craintes d’un atterrissage brutal (même si ce
scénario paraît très peu probable) ; à noter aussi que le
rattrapage économique de la Chine, s’il semble aujourd’hui
une aubaine, n’est pas sans risque pour la Corée du Sud
dans une perspective de plus long terme (cf. encadré 1). La
sortie progressive de la politique d’assouplissement
quantitatif de la Fed. Ce tapering est source potentielle de
tensions, éventuellement vives, sur les marchés
internationaux de capitaux ; le won n’a pas trop souffert du
mouvement qui a agité les devises émergentes l’été dernier,
mais un durcissement des conditions de financement sur
ces derniers affecterait les banques et les autres agents
économiques, assez dépendants des lignes de crédit
externe à court terme. Enfin, la politique économique du
Premier ministre japonais Abe (Abenomics) table sur la
relance et le soutient aux exportations via une dévaluation
2
Les statistiques douanières brutes surévaluent la valeur ajoutée
du commerce bilatéral avec la Chine. En écartant le phénomène
d’éclatement des processus de production (qui génèrent de
multiples échanges de mêmes biens), le solde bilatéral, mesuré en
valeur ajoutée avec la Chine et les Etats-Unis sont identiques en
2012. La conclusion que l’on peut tirer est que la Chine est un
partenaire commercial très impliqué dans la chaine de production
coréenne et les Etats-Unis sont principalement consommateurs de
biens finaux.
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2009 2010 2011 2012 2013
mds USD
BRICS + Mexique UE Etats-Unis Japon ASEAN
Source : Datastream, Crédit Agricole S.A.
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mds USD
Source : Datastream, Crédit Agricole S.A.
Thibaut FAVIER
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du yen et la prise de contrôle de la Banque du Japon.
Cette stratégie peut être une menace pour la Corée qui a
une structure industrielle relativement proche de son
voisin nippon.
3
Encadré 1 : L’ambivalence de la montée chinoise
Partenaire privilégié de la Corée, l’émergence de la Chine
peut être vue comme une formidable opportunité pour
maintenir et développer son haut niveau d’exportation
mais peut aussi être un danger, dans le sens où elle
empiète sur les secteurs clés de l’économie coréenne.
Les protestations populaires
4
sur l’importance des biens de
consommation en provenance de Chine sont peu fondées.
Ceux-ci ne représentent que 20% des importations
coréennes en provenance de Chine, alors que les biens
intermédiaires sont trois fois plus importants, soulignant
l’imbrication des processus de production.
Par contre, l’émergence de la Chine pose la question de la
concurrence sur les marchés tiers. Pour la construction
navale, par exemple, l’un des secteurs industriels coréens
les plus importants, la Chine est récemment devenue le
nouveau leader mondial avec plus de 40% de part de
marché, devant la Corée (qui a reculé de 35,5% en 2009 à
29% en 2012). Les résultats d’exploitation de Hyundai
Heavy Industries, plus gros chantier naval coréen, ont
chuté de 60% en 2013 par rapport à l’année précédente. Il
y a certes un effet conjoncturel important dans ce chiffre
mais il existe aussi un effet substitution au profit du
marché chinois.
5
Il est vrai que les nombreux investissements coréens en
Chine conduisent à des transferts de technologie et à un
renforcement de la comtitivité chinoise. D’autant que le
douzième plan chinois (2010-15) cible les mêmes
secteurs d’activité que la Corée. Cependant, l’avance
technologique des entreprises coréennes les positionne
sur un niveau de gamme encore supérieur sur nombre de
marchés. La Fédération des Industries Coréennes évalue
cette avance à 5 ans. C’est donc en partie pour la
maintenir que la Corée investit massivement dans la R&D
(objectif de 5% du PIB en 2017) et dépose 2 fois plus de
brevets aux Etats-Unis que les Chinois.
Enfin, des gociations bilatérales sur un accord de libre-
échange pourraient aboutir cette année. Selon certaines
sources, cet accord pourrait augmenter le PIB coréen de
3%
6
.
Un modèle de croissance à ajuster
Bien que la Corée ait accédé en peu de temps à un
niveau de développement proche des pays avancés, son
modèle de croissance est, de l’aveu de la présidente Park
Geun-Hye, à réinventer. Il est vrai que les indicateurs
3
Le taux de change entre le Japon et la Corée est fortement
affecté par la politique du président Abe et dégrade les termes de
l’échange bilatéraux. Par contre, cela ne change que
modérément le taux de change effectif réel coréen, composé d’un
panier de biens échangés avec tous ses partenaires et pondérés
par leurs poids relatifs dans les échanges totaux. La menace de
l’Abenomics est donc à relativiser.
4
Voir la guerre de l’ail et la guerre du kimchi.
5
A noter que sur les deux premiers mois de l’année 2014, la
Corée semble profiter de son avance technologique. En volume,
ses parts de marché dans ce secteur s’élèvent à plus de +45%.
6
: « Government prioritises FTA with China over TTP », EIU.
sociaux et démographiques témoignent d’un profond
malaise
7
.
Trois principaux freins à la croissance peuvent être
identifiés. D’une part, l’atomisation des entreprises de
services (caractérisées par une faible productivité) limite la
création d’une valeur ajoutée sectorielle plus conséquente.
D’autre part, bien que le taux de chômage soit relativement
faible, le marché du travail est précaire et inégalitaire, ce qui
limite l’utilisation des forces productives, notamment des
femmes. Enfin les ménages font face à de lourdes charges
« incompressibles », liées à leur endettement très élevé (lui-
même à la hausse des prix de limmobilier et au coût du
logement) et à l’éducation. Ces deux postes absorbent un
tiers de leur budget et handicapent la consommation.
Des services trop faibles
Le secteur des services génère un peu moins de 60% du
PIB (contre 80% en moyenne pour les pays de lOCDE),
mais emploie plus de 70% des travailleurs. Cela témoigne
d’une productivirelativement faible dans l’ensemble ; par
travailleur, elle s’élève à environ 30 000 USD/an (selon
McKinsey) lorsqu’elle atteint plus de 80 000 USD dans
l’industrie manufacturière (2e rang mondiale derrière les
Etats-Unis), et est nettement inférieure à celle des quatre
premiers pays de l’OCDE en la matière
8
.
La décomposition de la croissance du tertiaire (environ 4%
en moyenne entre 1995 et 2009) révèle que les deux tiers
reposent sur l’augmentation du nombre de salariés et le
dernier tiers sur celle de la productivité. L’accroissement de
la production est donc assupar l’emploi, à l’inverse du
secteur manufacturier.
Graphique 9 Gain de productivité entre 1995 et 2009 par
secteur, en taux de croissance annuel
Plusieurs explications à cela. D’abord, ce secteur est
constitué d’un nombre important (+34% environ)
d’entreprises de proximité (restaurants, agences
immobilières, services à la personne, etc.). Ensuite, les
faibles barrières à l’entrée créent une concurrence rude qui
tend à tirer à la baisse les profits et à altérer la capaci
d’investissement et de modernisation de ces entreprises. De
plus, les chaebols préfèrent internaliser les activités de
7
La Corée est le pays avec le plus fort taux de suicide au monde,
un taux de divorce parmi les plus importants des pays de l’OCDE et
le taux de fécondité le plus bas, avec en moyenne 1,2 enfant par
femme.
8
Etats-Unis, Japon, France, Allemagne.
8,2
1,3
-1,6
2,7
6,6
4
-4
-2
0
2
4
6
8
10
Manufacturier Service
%
croissance de la productivité
viariation du nombre d'employés
croissance de la production
Source : OCDE STAN, McKinsey, Crédit Agricole S.A.
Thibaut FAVIER
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5
services (dont ils ont besoin). Enfin, les nombreuses aides
fiscales et autres incitations financières à l’exportation de
biens manufacturés détournent le capital productif des
services.
Le gouvernement tente de corriger cette situation mais les
résultats sont jusquà présent restés limités. Pourtant le
potentiel ne manque pas, notamment dans les secteurs du
tourisme, de la finance et de la santé.
Encadré 2 : Les PME
La question des PME rejoint celle des services : 60%
d’entre elles opèrent dans cette branche d’activité. Ces
entreprises souffrent d’une carence de productivité (de un
quart à un tiers seulement de celle des chaebols) et de
compétitivité. Elles offrent des salaires deux fois moins
élevés (en moyenne et toutes fonctions confondues).
Graphique 10 Résultats d’exploitation des entreprises entre
2011 et 2013
Outre la concurrence rude des chaebols, cette réalité
semble tenir au manque « d’esprit entrepreneurial ». La
Corée a enregistré nombre de succès industriels grâce à
des « fast followers », des agents réactifs qui intègrent
rapidement les innovations mais qui n’innovent pas eux-
mêmes. Les créateurs d’entreprises le font pour la plupart
par défaut ou par nécessité, mais pas par vocation. De
plus, les PME rencontrent de grandes difficultés à attirer
des salariés hautement qualifiés. Un cercle vicieux entre
salaires peu élevés et faible productivité les emprisonnent
dans un processus de stagnation.
Un défi pour le gouvernement sera de changer les
esprits : les jeunes valorisent d’avantage la sécurité
professionnelle que l’entreprenariat. Pour courber cette
tendance, l’échec doit être moins sanctionné ; aujourd’hui,
un entrepreneur qui fait faillite n’a presque aucune chance
de pouvoir rebondir. Réaffirmer les droits de propriétés
intellectuelles constitue un deuxième objectif. La Corée
n’est que le septième pays asiatique sur 19 pour la
protection de ses données, derrière Taiwan et Hong Kong.
Cette défaillance inhibe l’innovation. Enfin, les politiques
d’aides au lancement et au financement des nouvelles
entreprises ont eu des effets inattendus. Afin de continuer
à percevoir les aides financières réservées aux
entreprises de petites tailles, certains entrepreneurs ont
volontairement limité leur développement
9
.
9
“Beyond Korean style: shaping a new growth formula”
McKinsey Global Institute; Avril 2013. “The Korean Hidden
Champion Strategy”. Ministry of Strategy and Finance , Ministry of
Le soutien aux PME a constitué l’un des piliers de la
campagne présidentielle de Mme Park et vient d’être
renouve lors de l’annonce du plan triennal en début
d’année. Toutefois, la proximidu chef de l’Etat avec les
dirigeants des chaebols pourrait être un frein à la
« démocratisation » de l’économie (concept politique de la
présidente, pour impliquer davantage chaque individu, dont
les PME, dans le processus de création et de production).
Le marché du travail
Le taux de cmage est faible, oscillant depuis plusieurs
années entre 3% et 4% ; et le sérieux coup de frein de 2009
n’y a rien changé. Cependant, ce chiffre cache le caractère
fortement inégalitaire du marché du travail pour les femmes,
les plus âgés et les jeunes.
Graphique 11 Taux de participation des femmes en âge de
travailler sur le marché du travail
Le taux de participation des femmes âgées de 15 à 54 ans
est l’un des plus faibles de l’OCDE. La plupart d’entre elles
quittent leur activité professionnelle lors de la naissance
d’un enfant. Les responsabilités familiales (qui incombent
traditionnellement aux femmes en Corée) et les journées de
travail longues rendent la conciliation entre vie
professionnelle et vie privée difficile et amènent souvent les
femmes à faire ce choix
10
.
Par ailleurs, si le taux de participation (au marché du travail)
des 45-49 ans s’élève à 80%, il tombe à 57% pour les 60-64
ans ; un chiffre relativement stable depuis 2000. Cette
réalité semble trouver une explication dans la faible
adaptabilité au changement et le bas niveau de
compétences (dans l’ensemble) de cette tranche d’âge,
mais aussi dans des particularismes culturels. Les
travailleurs coréens acceptent très difficilement d’être
encadrés/dirigés par des plus jeunes qu’eux.
Enfin, le taux de participation des 15-24 ans est passé de
37% en 1994 à 25% en 2010 ; la moyenne dans les pays de
l’OCDE est de 47%. L’enseignement dans le supérieur est
presque une obligation institutionnelle. Mais cela crée des
inadéquations entre l’offre et la demande sur le marché du
travail ; les PME proposent fréquemment des postes ne
correspondant pas aux qualifications et aux prétentions
Knowledge Economy, Financial Services Commission; March 2010
10
Aujourd’hui, seulement 44% des ménages disposent de deux
revenus contre 57% en moyenne pour les pays de l’OCDE.
35 40 46
65 60 54
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
2011 2012 2013
%
10 plus importantes entreprises Autres entreprises
Source : BoK, Crédit Agricole S.A.
0
10
20
30
40
50
60
70
80
Femmes en Corée Femmes dans
l'OCDE Hommes en Corée
%
Source : OCDE, Crédit Agricole S.A.
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