LPO Isère
Petite Université du PIAF
Formation « Chants d’oiseaux »
Livret d’aide
à la connaissance
du chant des oiseaux
de l’Isère
« Quand tous les calculs compliqués s'avèrent faux,
quand les philosophes eux-mêmes n'ont plus rien à nous dire,
il est excusable de se tourner vers le babillage fortuit des oiseaux,
ou vers le lointain contrepoids des astres. »
Marguerite Yourcenar (Mémoires d'Hadrien)
INTRODUCTION
Ce document n’invente rien …
Les oiseaux chantent depuis sans doute 50 millions d’années, voire plus, et
l’homme depuis qu’il est « sapiens », et même avant, se régale, s’étonne et parfois
sublime leur symphonie. Aristote a commencé à en parler, puis vinrent les
spécialistes, les analystes et autres « istes » pour remplir les étagères d’une
grosse bibliothèque consacrée aux chants des oiseaux et d’une belle sonothèque
du même acabit.
De J. Delamain « Pourquoi les oiseaux chantent » à M. Constantine « La voix des
oiseaux » en passant par J.Cl. Roché « Guide sonore des oiseaux d’Europe », pour
ne parler que des européens, une foultitude d’auteurs s’est penchée sur les
productions vocales de nos sympathiques boules de plumes.
Les merveilles de la technique nous permettent maintenant d’écouter toutes les
nuances et les finesses du chant, d’en analyser les composantes, de monter des
hypothèses sur leur origine, leur déterminisme et leur place dans le vaste monde
de la biodiversité en interaction.
Courrez dans les bibliothèques des muséums et des universités ou surfez sur la
toile, et vous aurez TOUT sur le chant des oiseaux !
Alors me direz-vous, pourquoi un document de plus ?
Tout d’abord il s’agit d’illustrer et d’accompagner un cours qui a ses propres
caractéristiques (contenu, pédagogie, historique).
Ensuite, il peut donner des pistes de recherches pour ceux qui sont un peu
perdus dans le foisonnement de disques, livres et documents sur le sujet.
Il apporte également quelques éléments de connaissances qu’on ne trouve pas
dans les ouvrages classiques, notamment pour ce qui concerne nos territoires
isérois.
Enfin, le lien proposé avec la ressource « xeno-canto » permet d’aller
directement aux réalités du terrain et évite ainsi de se cantonner à des
descriptions théoriques.
Et c’est aussi pour moi le désir de partager mes modestes connaissances avec
ceux qui sont gourmands de savoirs sur les oiseaux, et avec l’espoir que
l’enrichissement soit réciproque.
Pour finir, je voudrais simplement remercier Gérard Goujon d’être à l’origine de
cette formation et de ce petit document; il continue d’ailleurs à apporter sa
contribution sans fléchir … merci Gérard.
Comment lire une fiche-espèce ?
Nom de l’espèce
Nom scientifique
«
Pour commencer, une citation extraite de la littérature (ornithologique ou non) ; vous
remarquerez que Paul GEROUDET revient souvent : pour ma génération il est le pionnier,
et personne mieux que lui n’a su parler des oiseaux en alliant précision scientifique et
poésie naturaliste.
»
Description du chant
Il s’agit de décrire le chant de l’espèce en notant les traits saillants. Des enregistrements de la
ressource « xeno-canto » sont proposés.
Cycle du chant
- cycle annuel : date moyenne d’arrivée des migrateurs et premiers chanteurs
- cycle journalier : intensité du chant selon les heures du jour.
Les cris de l’espèce
Description des principaux cris de l’espèce avec conseil d’écoute sur « xeno-canto ».
Le coin de l’expert
Apporter quelques précisions supplémentaires, plus techniques sur le chant le l’espèce, à la
lumière d’études trouvées dans la bibliographie ou d’enregistrements d’origines diverses.
Où écouter l’oiseau en Isère ?
Altitude : préciser la zone d’altitude préférentielle de l’espèce avec la donnée maximale connue
et le barycentre altitudinal.
Milieu : préciser dans quel habitat on peut entendre l’espèce concernée
Localisation : donner un (ou plusieurs) secteur connu du département où l’espèce est
habituellement rencontrée.
Sonogrammes
Un ou plusieurs sonogrammes sont proposés, avec les références de l’enregistrement.
Nombre d’observations dans « faune-isère »
Les résultats chiffrés concernant l’Isère sont calculés à partir de la base de données « faune-
isere »
Quelques précisions supplémentaires
La référence (XC nombre + auteur…) renvoie à un enregistrement précis disponible à l’écoute sur
le site www.xeno-canto.org et qui illustre le texte.
La référence « Handbook » renvoie à l’ouvrage “Handbook of the Birds of Europe, the Middle
East and North Africa” 9 vol, Cramp et coll. 1977-1994
Les espèces sont présentées en suivant l’ordre de la « Liste 2011 des oiseaux du Paléarctique
occidental » élaborée par la Commission de l’Avifaune Française (encart Ornithos 18-3, 2011)
Quelques éléments de vocabulaire
propres à décrire un chant d’oiseau
Un chant peut être simple ou complexe, structuré ou non. Il peut être rapide ou lent, rythmé,
monotone ou fortement modulé, à dominante grave ou aiguë.
Pour s'y retrouver voici quelques définitions
Structure du chant :
- Elément: c’est la plus petite unité sonore ; on parle aussi de note ou de syllabe.
- Motif: il est composé de plusieurs éléments qui s’enchaînent et qui forment une
unité sonore distincte.
- Phrase (ou strophe): il s’agit d’un enchaînement de motifs (ou d’éléments)
entrecoupés de pauses identifiables ; cette succession (en principe sur une cadence
assez lente) est reproductible entre individus d'une même espèce (même s’il y a
toujours des accents régionaux ou personnels), et a fortiori pour un individu donné.
Exemples : Pinson des arbres. Troglodyte mignon, Grimpereaux …
- Séquence: ensemble de strophes enchaînées sans longues interruptions
Caractéristiques du chant
- Hauteur (ou tonalité): comme en musique, grave ou aigu, c’est la fréquence qui se
note en Hz ou kHz (Hertz ou kilohertz)
- Intensité (ou volume) : c’est l’amplitude de la vibration, le chant est soit fort soit
faible avec tous les intermédiaires possibles. On exprime cette intensité en dB
(décibels)
- Timbre : le timbre d’un chant dépend des harmoniques (vibrations secondaires) et
des organes de résonance ; c’est la différence qui existe entre deux mêmes notes
jouées par deux instruments différents.
- Durée : liée à l’écoulement du chant dans le temps. Elle s’exprime en secondes.
D’autres critères pour décrire un chant d’oiseau
- Modulation: écart entre la note la plus haute et la plus basse d'une strophe (ou
d’une séquence)
- Cadence: vitesse d'enchainement des notes, ou des modulations.
- Rythme : Variations de la cadence. Souvent déterminant, surtout lorsque, assez
lent, il est accessible facilement à l'oreille humaine. Exemple : grive musicienne
- Babil : phrase longue menée sur un rythme en général assez rapide et sans
structure très précise dans le rythme ou les modulations. Souvent quelques éléments
caractéristiques. Exemple : les fauvettes.
- Trille : succession très rapide de notes brèves dans une tonalité généralement
aiguë. Exemple : Martinet noir.
- Stridulation : le chant ressemble ici à la crécelle d’un insecte, c’est la répétition
très rapide d'une note très peu modulée ; voir les locustelles.
- Sifflement : à peu près ce que peut imiter un humain. Exemple : Merle noir. Il
peut être roulé, comme avec un sifflet à boule de gendarme. Tonalité plutôt grave.
- Improvisation : chant structuré mais variant sans cesse chez un même individu.
Exemple : Grive musicienne
- Imitation : c’est l’épouvantail du débutant … sans doute à tort, car même si
l'imitateur est très doué, il se repère assez vite à ses touches personnelles
facilement repérables, rythmiques le plus souvent. L'Etourneau sansonnet et le Geai
des chênes sont les plus « piégeants » parmi les imitateurs. D’autres, comme la
rousserolle verderolle en font un festival.
- Signature : dans certains chants c’est l’élément, ou le motif (ou une partie du
motif) qui donne la clé ; c’est un élément qui peut être subjectif, et tous les
observateurs n’entendent pas cette « signature » de la même manière.
On entre donc ici dans la part subjective de l’approche des chants d’oiseaux qui ne sont pas
réductibles à des critères également partagés : il suffit de regarder comment sont retranscrits
les chants dans les guides d’identification, pour les uns ce sera « cui-cui » et pour d’autres « crui-
crui » ou « thiu-thiu ».
Essayons de parler un langage commun pour décrire les chants des oiseaux, mais gardons
précieusement cette part personnelle qui peut aussi nous enrichir individuellement et
collectivement.
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