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mal des régimes démocratiques ». Bien évidemment, { cette époque le vocable n’existe
pas encore (il faudra attendre le début des années 2000 et la bataille pour la
présidentielle de 2002). Cependant, à cette période, le phénomène ne prend pas racine
pour deux raisons. Question d’idéologie politique tout d’abord, selon la conception de la
souveraineté nationale de la période 1870-1940, celle-ci est indivisible et ne peut
appartenir à un seul individu. Or, on le verra dans la première partie, la personnification
du pouvoir est une des bases du phénomène. La seconde tient plus à une logique
carriériste propre aux hommes politiques de l’époque : lorsque c’est le Parlement qui
gouverne, l’homme politique doit s’attacher { ne pas heurter ses confrères par un
comportement retenant trop l’attention sur sa personne, au risque de se faire évincer du
jeu politique. Mais cette période pose tout de même certains prémices dans la relation
qui commence à naître entre la presse et la sphère politique. Les deux acteurs
commencent { cette époque { se rendre compte qu’ils ont un intérêt commun { s’étaler
sur le terrain de l’intimité : séduire des électeurs et rameuter des lecteurs. Le
phénomène reste cependant marginal et concerne surtout une presse spécialisée. Très
vite, l’interview devient un format éditorial, l’image commence { faire son apparition et
petit { petit l’émotion fait son nid dans l’information. En parallèle la starisation émerge
dans les années 30. Un tournant s’opère dans les médias, une presse people se construit.
La parenthèse autoritaire de la seconde guerre mondiale flirte avec la communication
sur la vie privée. Hitler par exemple invite des journalistes dans son quotidien. Après la
guerre, la presse people s’implante dans les kiosques. Puis, sous la IVe République,
parler de la vie privée des hommes politiques n’est plus un tabou. Les hommes
politiques commencent { voir l’intérêt de communiquer sur ces sujets. Ils s’expriment
sur le thème « je suis un homme ordinaire » pour installer une sorte d’illusion de
proximité avec l’électeur. L’arrivée de De Gaulle en sauveur de la République va freiner
cette évolution. Sa stature de premier Président de la Ve République, sa légitimité
historique et son charisme d’homme d’Etat, lui évite les affres de la peopolisation.
Mais c’était { double tranchant car habiter l’Elysée en 1965 après le Général va pousser
les futurs prétendants à la Présidence à tenter de tisser un lien affectif avec les électeurs.
La machine est lancée. L’arrivée de la télévision accélère le processus et Georges
Pompidou est le premier à se servir de ce nouveau média à travers le spectre de la
peopolisation, s’inspirant de la maîtrise de Kennedy en termes de communication,
notamment la mise en avant de la famille. Car un des premiers signes de peopolisation