LA PRESSE MONTRÉAL MERCREDI 1erOCTOBRE 2003 •C3
NATHALIEPETROWSKI
npetrows@lapresse.ca
Leroi ne boiteraplus
P endantlesrépétitionsd’OEdipe àColone,
Jean-PierreRonfardafaitune chute.
Une vilaine chute. Une crissede chute
même,pour paraphraserlachanson de
Charlebois.
Une seconde,il étaitdebout sur lascène
de l’EspaceGo,laseconde suivante,il
trébuchaitetseretrouvaitdansle décor.Sur
le coup,personne n’yaportéattention.
Pourquoi en aurait-il étéautrement?
Tous ceux quionttravaillé avecRonfard
saventàquel pointil étaitunmetteur en
scène physique,quin’hésitaitpasàprendre
leschosesàbras-le-corpsetàhabiter
l’espaceetle tempsavecune énergie
violemmentphysique. Qu’il tombe,glisse,
trébuche ousemetteàdansercomme une
gazelle étaitdansl’ordredeschoses.D’autant
plus quepersonne ne l’ajamaisentenduse
plaindreniselamenterqueson corpsn’avait
plus lajeunesseetl’agilitédeson esprit.
Son corps,audemeurant,il en semblait
plutôtfier.Tellementque,le 28août dernier,
aulancementde laprogrammation du
NouveauThéâtreExpérimentaldansunlocal
de l’avenueduParc, il n’apashésitéàse
foutreàpoil devantl’assemblée etàsouffrir
lacomparaison aveclescorpsplus jeuneset
musclésde sescomplicesAlexisMartin et
Daniel Brièreaussinus quelui.
Malgréses74ansbien sonnés,Jean-Pierre
Ronfardcachaitbien son jeuetfaisaitencore
le beau,le vieux beau.Unsourirediabolique
aux lèvres,une lueur incandescenteaufond
desyeux,il taisaitobstinémentlesdouleurs
arthritiques,musculaires,vasculaires,peu
importeleur nom ;il taisaittoutesces
saloperiesde maux,de raideurs et
d’élancements qui,àuncertain âge,vous
poignardentle corpssans
même mettredegants
blancs.
La chutependantla
répétition d’OEdipe fut
doncmiseaurancart et
oubliée comme tout le
reste,ycomprislessignaux de détresseque
son corpsuséluilançaitavecde plus en plus
d’insistance. Maiscethomme de théâtreplus
grand quenatureavaitd’autreschats à
fouetterqued’écouterson corpsetd’en
commenterlalenteetinéluctable déchéance.
Ilavaitune piècedethéâtreàmonter,pardi !
Etpasn’importequelle pièce:l’OEdipe à
Colone,une oeuvrecharnièreoùil retrouvait
aux décors unvieil ami de jeunesseperdude
vuedepuisplus de 50ans,oùil retrouvait
aussiAlbert Millaire,le premieracteur de sa
premièrepiècemontée àson arrivée à
Montréalaucours desannées60,oùenfin il
retrouvaitlesfillesduThéâtreExpérimental,
desfemmesdontil s’étaitséparéquelque20
ansplus tôt.
Malheureusement,l’OEdipe àColone n’était
pasqu’une suitedejoyeuseretrouvailles.
C’étaitaussiune piècetraversée parune
succession de coïncidencesquipointaient
toutesdanslamême direction. Dernière
piècedeSophocle,son maître,dernière
adaptation pour le théâtredeMarie Cardinal,
son exetlamèredesesenfants,ultime
voyage d’unhomme quisaitsafin
prochaine,l’OEdipe àColone,puaitlamort.
Jean-PierreRonfardl’a-t-il sentioua-t-il
jouéàl’aveugle comme son héros?
Chosecertaine,ladouleur lancinante
logée danssajambedepuissachutedansle
décorrefusaitde setaireetd’êtreignorée. À
unpointtel queRonfard
s’est misàboitercomme
le roi boiteux de sapièce,
sansdoutelaplus belle
etlaplus grande oeuvre
de savie. Une pièce-
fleuvequis’était
déployée pendantplus de 10heuressur le
borddufleuveparundimanche d’été
magique.
Leroi boitaitdoncànouveau,maissans
pouvoircettefoissecacherderrièrele
costume d’unpersonnage oule pandedécor
d’unpaysage. Leroi boitaittellement
qu’aprèslapremièred’ OEdipe,il s’est
finalementrésigné àallervoirle médecin.
C’étaitil yaune semaine àpeine. Jean-
PierreRonfardaquittéson appartementsans
même le gratifierd’undernierregardtantil
étaitconvaincuqu’il seraitde retour dans
quelquesheures.Saufque,contrairementà
OEdipe,le médecin n’étaitpasaveugle. Il
n’apasdutout aimé cequ’il avu.Pasdu
tout.Etcequidevaitn’êtrequ’unbanal
examen de santés’est transformé en
hospitalisation.
Sanscomprendrecequiluiarrivaitetsans
vraiments’en inquiéter,le metteur en scène
s’est trouvédansunlitd’hôpitaletsur la
listedespontagesurgents etprioritaires.
Maismême danscetunivers froid et
clinique,siétrangeràson monde,Ronfard
ne seplaignaitpasetrefusaitde voirlavie
(oucequ’il en restait)ennoir.
ÀDaniel etAlexis,sesfilsspirituelsau
NouveauThéâtreExpérimental,il affirma, la
veille de samort,quetout allaitbien,qu’il
n’yavaitaucundanger,quelespontages,de
nosjours,étaientdesinterventions
mineures,àpeine plus difficilesàgérerque
desappendicites.Mieux encore:il leur
annonça que,dansle fond,sachuteétaitla
meilleurechosequiluisoitarrivée.
Autrement,il ne seraitjamaisallé consulter
unmédecin etil n’auraitpeut-êtrepaspu
êtreopéréàtemps.OEdipe m’asauvé,
affirma-t-il avecémotion,quelquesheures
seulementavantqueson coeur uséàlacorde
ne cessedebattresur latable d’opération.
Son départ brutaletinattendufut unchoc
pour bien desgens.Jem’inclus là-dedans.
Même sansl’avoirbeaucoupconnu,j’aimais
salibertéd’esprit,larésistancetranquille
maistenacequ’il opposaitaux conventions,
son appétitinsatiable de l’aventureetde
l’exploration etlesfleurs de doucefolie qu’il
aseméesunpeupartout dansle milieudu
théâtred’ici. J’aimaisaussison refus de
s’installer,de serépéter,de vieillir,de
ratatineretde mourirtout en continuantà
vivre.
C’est pourquoi,en yrepensant,j’ai
comprisqu’il avaitvujuste. OEdipe l’asauvé,
en quelquesorte. OEdipe luiaépargné la
maladie tristeetdébilitante,quianéantitle
corpsetronge le cerveau,lamaladie qui
vous promène en fauteuil roulantetvous
isole,en tentantde vous convaincrequevous
n’êtesplus quelamoitié de vous-même.
OEdipe apermisauroi boiteux de partir
viteeten sourianttel qu’il l’auraitsans
doutevoulu.
Quantàceux quirestent,ilssontattendus
le dimanche 5octobredemidi àminuitau
NouveauThéâtreExpérimental,rueFullum,
pour rendreundernierhommage àcediable
d’homme etformidable homme de théâtre.
TÉLÉVISION
Du
striptease
-réalitébientôtàTQS?
HUGO DUMAS
TQS SCRUTE présentementlavia-
bilitéduprojetStrip Search,une
nouvelle émission de télé-réalité
queveut adapterlamaison de pro-
duction Zone 3etquimeten ve-
dette,comme son nom l’indique,
deseffeuilleurs en apprentissage.
Rien n’est cependantsigné entre
Zone 3etTQS, maislesnégocia-
tionsprogressentbien,a-t-on ap-
pris.AuCanadaanglais,Strip Search
est entréenondesle 20 septembre
à22h30 sur lachaîne spécialisée
Bravo,justeavantSexand the City.
Lebut de l’émission :formerune
troupe de sixdanseurs exotiques,
quelesproducteurs appellentle six
pack,quipartironten tournée dans
tout le Canadafaçon Chippendales.
Etnon,aucune nuditéfrontale n’est
permise.
Pour l’instant,60 aspirants gogo
boys,dontquatreMontréalais,sont
sur lesrangs.Ilsontentre21et48
ansetontdesemploisréguliers.Ils
n’ontjamaispratiquélemétier.
Aprèslaquatrième émission,les
producteurs n’en garderontque20
quipasserontaucamp d’entraîne-
ment.Aumenu:cours de danseet
de nutrition,épilation,séancesde
bronzage,musculation,entraîne-
mentett
out le tralala.
Parmi lesMontréalaisen lice,on
retrouveCarlo Spina, 27 ans,de La-
val,quiditdanssesnotesbiogra-
phiquesavoirdéjàenregistréun
disque. Emmanuel Geronimo,28
ans,de Montréal,est aussimusi-
cien. Ilaccompagnaitson pote
Carlo àl’audition quand une des
productricesl’aconvaincude tenter
sachance. RyanLaHaye,22 ans,de
Montréalest sauveteur.QuantàPa-
trickMichaud,28ans,entrepre-
neur,il adécidé de serecyclerdans
l’effeuillage aprèsavoirvuson ami
Ryanaux auditions.Unautrecasde
mimétisme.
Strip Search,une création austra-
lienne quiafaitdespetits en Polo-
gne eten Nouvelle-Zélande,s’éche-
lonne sur 13semaines.Vous
pouvezdonnerdesnotesaux parti-
cipants auwww.stripsearch.ca.
Leclassementdespréférésest misà
jour régulièrement.
StarAcadémie
:
30 000 DVD en sixjours
Danslessixpremiers jours de sa
miseenvente,le DVD de StarAca-
démie s’est écoulé àenviron 20 500
exemplaires,selon deschiffresde la
maison Soundscanquicompile ce
type de données.Selon lesProduc-
tionsJ, laboîtedel’animatriceJu-
lie Snyder,lesventesréellestour-
neraientautour de 30 000
exemplaires,carplusieurs points de
venteduDVD, comme lespharma-
cies,ne sontpasabonnésàlatech-
nologie Soundscan,quipermet
d’obtenirdeschiffresprécisgrâce
aux codesbarresquisontscannés
aux caissesenregistreusesdescom-
merces.
Lesdonnéesde ventedisponi-
blespour StarAcadémie ne couvrent
quelapériode compriseentrele16
etle 21septembre. Côtérapidité,il
s’agiraitd’unrecorddeventespour
unDVD auCanada.Rappelonsque
le DVD québécoisle plus vendu
resteceluidesGrandesGueules,ces
humoristesquianimentune émis-
sion quotidienne sur Énergie. Ila
obtenuune certification pour
57000 exemplairesvendus.