Faculté des sciences sociales Madeleine Pastinelli
Département de sociologie madeleine.[email protected]
Automne 2015 Local DKN-5173-B, tél. 656-2131 poste 3284
SOC-2600
Théorie sociologique : l’individu
Description
L’objectif de ce cours est d’introduire les étudiants aux principaux travaux et théories portant
sur l’individu ou sur l’individualisme occidental et la manière dont cette configuration des
rapports sociaux contribue au développement d’un type particulier d’expérience subjective et
de rapport au monde social. Le cours vise en outre à introduire les étudiants aux travaux
d’auteurs qui proposent de développer une sociologie s’élaborant à partir de l’observation et
de l’étude de la singularité des expériences individuelles ou qui questionnent spécifiquement
la nature et les limites de l’individualité et de la subjectivité.
Le cours sera divisé en deux grandes parties : une première, reposant principalement sur un
enseignement magistral, permettra d’introduire les étudiants à des travaux que l’on peut
d’ores et déjà considérer comme des classiques et qui visent à circonscrire les origines et les
fondements de l’individualisme occidental puis à rendre compte de ses inflexions et de son
développement dans le contexte du passage à la modernité. Cette première partie du cours
sera en outre l’occasion d’introduire les étudiants à la pensée de Norbert Elias ainsi quaux
réflexions développées par la sociologie américaine et anglo-saxonne dès les années 1950, par
des auteurs qui ont décrit ou postulé une exacerbation de l’individualisme au XXe siècle,
pour mieux tenter ensuite de circonscrire le type particulier de « personnalité », de conscience
ou de rapport à soi et aux autres engendré par cette montée de l’individualisme.
La deuxième partie du cours, qui adoptera plutôt la forme d’un séminaire, sera l’occasion
pour les étudiants de découvrir et de discuter les réflexions, théories et analyses développées,
pour la plupart du côté francophone, par un ensemble d’auteurs contemporains, qui
s’intéressent chacun à leur façon aux transformations récentes et aux enjeux actuels de
l’individualisation des rapports sociaux, qu’ils étudient et abordent dans un ensemble varde
domaines d’étude et de terrains d’enquête, allant de la consommation culturelle, à la santé
mentale en passant par la participation citoyenne ou la vie familiale et l’expérience
amoureuse. Les uns postulent que la montée des singularités a débouché sur une profonde
transformation des modes d’appartenance, d’identification et de reconnaissance de soi, qui
commande que le sociologue révise son outillage conceptuel et renonce à utiliser certains
concepts qui seraient de moins en moins appropriés à l’étude des mondes contemporains,
alors que d’autres proposent de relativiser l’importance des transformations sociales en cause
et se demandent si ce n’est pas plutôt le regard des sociologues qui a changé, alors qu’on a
raffiné nos perspectives et nos analyses et appris à reconnaître de la singularité là où on
aurait autrefois plutôt cherché et vu les éléments permettant de dépeindre un idéal type ou
une catégorie sociale. Mais quelles que soient les postures ainsi adoptées, tous ont en
commun la pratique d’une sociologie qui prend pour objet d’observation et d’analyse
l’expérience individuelle, cherchant à saisir le social par le biais de la manière dont il travaille
au corps les individus, que ce soit à travers la réflexivité individuelle, la manière dont les
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individus se racontent et donnent sens à leurs pratiques et à leur histoire de vie, qu’à travers
les épreuves qu’ils sont amenés à traverser. En somme, tous ces auteurs participent, chacun à
leur manière, au développement de ce que certains désignent comme des « nouvelles
sociologies », qui, si elles reposent sur des approches et une compréhension du couple
individu/société qui n’est certainement pas complètement neuve, supposent un regard
résolument centré sur l’individu et sa subjectivité.
Démarche pédagogique
Pour la première partie du cours, qui s’étendra jusqu’à la semaine de lecture et s’achèvera
avec un examen, des exposés magistraux seront présentés en classe chaque semaine.
Quelques textes seront proposés en lecture obligatoire comme complément de ces exposés.
Ces textes seront mis à la disposition des étudiants via le portail ENA. Dans la deuxième
partie du cours, qui s’étendra de la 10e à la 15e semaine, les séances seront organisées autour
des lectures faites par les étudiants, des présentations orales des ouvrages à l’étude et des
discussions en classe autour de ces lectures. Les étudiants seront invités à se procurer un des
ouvrages du programme de lectures qui leur sera présenté au début de la session et devront
en présenter oralement en classe une synthèse critique. Chaque semaine (sauf celle où ils
présentent un ouvrage), les étudiants seront en outre invités à lire un extrait (qui sera mis à
leur disposition sur ENA) d’un des ouvrages au programme de la semaine et devront
formuler par écrit et poster sur ENA (au moins 24 heures avant la séance en classe) deux
commentaires ou questions (environ ½ page chacun) que leur inspire cette lecture.
Évaluation
Un examen en classe (35 %) aura lieu à la 8e semaine et portera sur l’ensemble de la matière
(exposés magistraux et lectures) présentée dans la première partie du cours. Les étudiants
seront invités à formuler par écrit et à poster sur ENA un total de 8 commentaires ou
questions (20%) inspirés par la lecture des extraits de 4 ouvrages qui seront présentés et
discutés en classe. Chaque étudiant devra en outre préparer la synthèse critique d’un ouvrage
(environ 8 pages, à remettre le 9 décembre) et en faire la présentation oralement en classe
(20% pour l’écrit et 15% pour l’oral). Enfin, la participation** des étudiants à la deuxième
partie du cours (de la 10e à la 15e semaine inclusivement) sera notée (10 % de la note finale).
Des directives et une grille d’évaluation seront distribuées en classe au début du semestre
pour la production des commentaires et questions sur les lectures de même que pour la
production des synthèses critiques. Ceux qui ne seront pas en mesure de remettre leurs
travaux à la date prévue seront pénalisés de 5% par jour de retard.
Examen 35 %
Commentaires et questions sur les lectures 20 %
Synthèse critique d’un ouvrage
Travail écrit 20 %
Présentation orale 15 %
Participation** 10 %
** La participation consiste non seulement à être présent lors des séances --il est également souhaitable
d’arriver à l’heure et de rester jusqu’à la fin-- mais également à être attentif et à faire des efforts pour
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comprendre les exposés des autres, réfléchir au contenu de ceux-ci, faire des liens avec ses propres lectures,
connaissances, réflexions et s’engager dans l’échange avec les autres participants en leur faisant part de ses
doutes, questionnements, analyses, critiques, objections, etc. Tenant compte du fait que certaines personnalités
sont moins volubiles et extraverties que d’autres, la participation ne saurait être évaluée uniquement en fonction
de la fréquence où un participant prend la parole et tiendra également compte de la qualité des interventions, de
leur pertinence, de leur dimension critique, de leur caractère constructif, etc.
L’échelle de conversion des notes utilisée est la suivante :
A+
A
A–
B+
B
B–
C+
C
C–
D+
D
E
>= 90
>= 85
>= 80
>= 76
>= 73
>= 70
>= 66
>= 63
>= 60
>= 55
>= 50
<= 49
Règles disciplinaires
Tout étudiant qui commet une infraction au Règlement disciplinaire à l’intention des
étudiants de l’Université Laval dans le cadre du présent cours, notamment en matière de
plagiat, est passible des sanctions qui sont prévues dans ce règlement. Il est très important
pour tout étudiant de prendre connaissance des articles 28 à 32 du Règlement
disciplinaire. Celui-ci peut être consulté à l’adresse suivante:
http://www.ulaval.ca/sg/reg/Reglements/Reglement_disciplinaire.pdf
Plagiat
Tout étudiant est tenu de respecter les règles relatives à la protection du droit d’auteur.
Constitue notamment du plagiat le fait de:
i) copier textuellement un ou plusieurs passages provenant d’un ouvrage sous
format papier ou électronique sans mettre ces passages entre guillemets et
sans en mentionner la source;
ii) résumer l’idée originale d’un auteur en l’exprimant dans ses propres mots
(paraphraser) sans en mentionner la source;
iii) traduire partiellement ou totalement un texte sans en mentionner la
provenance;
iv) remettre un travail copié d’un autre étudiant (avec ou sans l’accord de cet
autre étudiant);
v) remettre un travail téléchargé d’un site d’achat ou d’échange de travaux
scolaires.
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Calendrier*
2 septembre
Introduction générale : présentation du cours et des évaluations
9 septembre
Holisme et individualisme avant la modernité ? L’individu au Moyen-Âge
16 septembre
Le processus de civilisation
23 septembre
La pensée des Lumières et la société des individus
30 septembre
De l’intro à l’extro-détermination : sur la Foule solitaire de Riesman
7 octobre
Narcissisme et exposition publique de l’intime
14 octobre
Modernité avancée et réflexivité individuelle
21 octobre
Examen
28 octobre
Semaine de lecture
4 novembre
Présentations des lectures et discussions
Individualisme et transformation des rapports amoureux (Giddens, Chaumier, Illouz)
11 novembre
Présentations des lectures et discussions
Individualisme et santé mentale (Ehrenberg, Otero, Le Breton)
18 novembre
Présentations des lectures et discussions
Individu, travail et « travail de soi » (Illouz, Guilhaume, Brunel, Kirouac)
25 novembre
Présentations des lectures et discussions
Individualité et identité (Kaufmann, Lahire)
2 décembre
Présentations des lectures et discussions
La clinique du sujet : repenser la sociologie (de Gaulejac, Martuccelli)
9 décembre
Remise de la synthèse critique
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Bibliographie sélective
Bajoit, Guy, 2013, L’individu sujet de lui-même. Paris, Armand Colin.
Bauman, Zygmunt, 2001, The Individidualized Society, Malden (MA), Polity.
_____, 2007, Liquid times : living in an age of uncertainty. Cambridge, Polity Press.
Bedos-Rezak, Brigitte Miriam, et Dominique Iogna-Prat (dir.) 2005, L'individu au Moyen Age,
Paris, Aubier.
Beck, Ulrich, 2001, La société du risque. Sur la voie d’une autre modernité. Paris, Aubier.
Bellah, Robert N. (dir.), 1996, Habits of the heart : individualism and commitment in American life.
Berkeley, University of California Press.
Bony, Yves, Jean-Manuel de Queiroz et Erik Neveu (dir.), 2003, Norbert Elias et la théorie de la
civilisation. Rennes, Presses universitaires de Rennes.
Brunel, Valérie, 2008, Les managers de l’âme. Le développement personnel en entreprise, nouvelle pratique
de pouvoir ? Paris, La Découverte.
Caradec, Vincent, et Danilo Martuccelli (dir.), 2004, Matériaux pour une sociologie de l'individu :
perspectives et débats, Villeneuve, Septentrion.
Castel, Robert et Claudine Haroche, 2001, Propriété privée, propriété sociale, propriété de soi -
Entretiens sur la construction de l’individu moderne. Paris, Fayard.
Corcuff, Philippe, 2003, La question individualiste Stirner, Marx, Durkheim, Proudhon. Latresne,
Le Bord de l’Eau.
Corcuff, Philippe, Jacques Ion et François de Singly, 2005, Politique de l’individualisme- Entre
sociologie et philosophie. Paris, Textuel.
Descombes, Vincent, 2003, « Individuation et individualisation », Revue européenne des sciences
sociales, tome XLI, n°127.
_____, 2013, Les embarras de l’identité. Paris, Gallimard.
Dubar, Claude, 2000, La crise des identités. L’interprétation d’une mutation. Paris, PUF.
Dumont, Louis, 1983, Essais sur l’individualisme: une perspective anthropologique sur l’idéologie
moderne. Paris, Seuil.
Ehrenberg, Alain, 1991, Le culte de la performance. Paris, Calmann-Lévy.
_____, 1995, L’individu incertain. Paris, Calmann-Levy.
_____, 1998, La fatigue d’être soi Dépression et société. Paris, Odile Jacob.
_____, 2010, La société du malaise. Paris, Odile Jacob.
Elias, Norbert, 1973, Le processus de civilisation. Paris, Calmann-Lévy.
_____, 1985, La société de cour. Paris, Flammarion
_____, 1991 [1987], La société des individus, Paris, Fayard.
_____, 1998, La solitude des mourants. Paris, Pocket.
Flahaut, François, 2006, « Be yourself ! » - Au-delà de la conception occidentale de l’individu, Paris,
Mille et une nuits.
Gaulejac, Vincent de, 2009, Qui est « je » ? Sociologie clinique du sujet. Paris, Seuil.
Guilhaume, Geneviève, 2009, L’ère du coaching. Critique d’une violence euphémisée. Paris Syllepse
Giddens, Anthony, 1991, Modernity and Self-identity - Self and Society in the late modern age. ,
Standford, Strandord University Press.
_____, 2006 [1992], La transformation de l’intimité Amour et érotisme dans les sociétés modernes.
Hachette.
Heinich, Nathalie, 1997, La sociologie de Norbert Elias. Paris, La Découverte.
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