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Le Comité d’experts en charge de la réflexion s’y est employé avec rigueur et détermination, dans
le délai imparti, sur la base de la feuille de route élaborée pour la conduite de sa mission. C’est
ainsi qu’il a procédé d’abord à une recherche documentaire qui a abouti à la mise à la disposition
des experts d’une importante somme d’informations constituées des conclusions et
recommandations des différentes rencontres organisées sur le processus électoral et la gouvernance
démocratique au Mali, des rapports des administrations et des organisations de la société civile sur
les différentes consultations électorales organisées depuis 1992 et des travaux de recherche réalisés
par des chercheurs nationaux et étrangers. Il a échangé ensuite avec de nombreuses personnalités,
notamment des chefs et anciens chefs d’institutions de la République, des responsables de partis
politiques et d’organisations de la société civile, des représentants des confessions religieuses, des
syndicats et des légitimités traditionnelles, des hommes de presse et des personnalités considérées
comme des observateurs avisés de la vie politique de notre pays. Il a aussi entrepris une série de
missions d’information en France, au Sénégal, en Mauritanie, au Ghana et au Canada. pour
s’imprégner de l’expérience de ces pays, dans des domaines préalablement ciblés.
Le Comité d’experts n’a pas perdu de vue que la question cruciale à laquelle il se devait d’apporter
une réponse idoine est celle de savoir comment faire, tout en épousant les contours d’une modernité
universelle marquée du sceau de l’Occident, pour préserver et conserver l’âme africaine dans tous
les domaines de l’activité humaine, notamment celui de l’organisation de l’Etat. Aussi, s’est-il fait
à la conviction que la réflexion sur la consolidation de la démocratie au Mali ne peut atteindre les
résultats escomptés si l’ont fait l’impasse sur l’histoire institutionnelle de ce pays séculaire.
Une histoire qui renvoie d’abord aux empires médiévaux du Soudan occidental qui ont jeté les
bases de l’Etat précolonial. Les empires médiévaux du Ghana, du Mali et du Songhoï qui se sont
succédé du IVème au XVIème siècles ont jeté les bases endogènes de l’Etat précolonial et ont
assuré, douze siècles durant, une extraordinaire continuité historique dans l’espace soudano-
sahélien dont le cœur reste encore le Mali d’aujourd’hui. L’empire du Mali (XIII
ème
– XV
ème
siècles), qui a pris le relais de celui de Ghana (IV
ème
– XI
ème
siècles), avait déjà, sous le règne de son
fondateur, le Mansa Soundiata Keita (1235-1255) élaboré et annoncé, à travers la Déclaration de
Kurukan fuga de 1236, les fondements juridiques, sociaux, économiques et moraux de la nouvelle
entité politique. Cette Déclaration de Kurukan fuga, prononcée un an après la victoire de Krina,
continuera, jusqu’à l’intrusion européenne en Afrique et même au-delà, de régir, sur certains
aspects, les relations humaines dans ce qu’il est convenu d’appeler « l’aire culturelle mandingue »,
espace géographique qui déborde sur plusieurs Etats actuels de la sous-région Afrique de l’Ouest.