Entretien avec Naïma Kessou, présidente de l’association « Al Moustanira ». En automne 2011,
deux agents du Conseil Régional du Centre, partis dans le cadre du dispositif des congés de
solidarité, ont monté un projet de prévention santé sur la lutte contre ls addictions avec cette
association. Cinq membres sont ensuite venus en Région Centre du 12 au 24 novembre 2012
pour se former auprès de l’APLEAT et ainsi donner sens à la réciprocité des dialogues entre
société civile.
Clotilde Gennet : Pouvez-vous nous présenter votre association, « Al Moustanira » ?
Naïma Kessou : « Al Moustanira », ça veut dire ce qui « éclaire le
chemin » en arabe. Nous sommes une association féminine qui
travaille pour le développement de la femme et de l’enfant en
milieu rural dans la commune de Gourrama. Là-bas, la plupart
des femmes sont analphabètes et il y a très peu d'activités pour
les jeunes, alors certains se tournent vers la drogue. Donc, nous
essayons d’organiser des choses pour que les familles puissent
avoir un peu de revenu, se soigner, aller à l’école, que
ce soit plus facile à la maison… Ces dernières années, on essaie
de s’ouvrir à l’international pour vraiment développer la
commune et les environs.
CG : Le programme de cette visite en France était bien chargé.
Qu’en retenez-vous ?
N. K : C’était formidable, nous avons vraiment beaucoup appris. Premièrement il y a eu la
formation avec l’association APLEAT à Orléans sur les addictions. Deuxièmement, c’était de
voir toute la vie de la région de France au niveau socioéconomique. Comme ça, nous avons vu
aussi le réseau Centraider et des associations ou des personnes qui seront peut-être des futurs
partenaires, Inch’Allah. Nous avons aussi participé aux rencontres régionales de la
coopération internationale à Tours, et échangé avec des personnes très intéressantes comme
la Ministre de la famille, de la promotion de la femme et de l’enfant du Mali et la Consule
générale du Royaume du Maroc à Orléans. Et aussi, pour tout le monde, c’était la première
fois en France. On a pu voir des châteaux, l’histoire, la très grande beauté de la Loire… Cette
visite restera toujours dans nos cœurs, et nous sommes très contents de continuer cette
expérience,.
CG : Quelles sont donc les suites immédiates et moins immédiates de cet échange?
N.K : Dès notre retour, nous avons obtenu le soutien des délégués de la santé et de
l’éducation et plusieurs professionnels marocains, afin de parler de notre projet. Notre projet,
c’est une caravane de prévention santé qui circule deux fois par mois dans tous les « douars »,
c’est à dire les villages isolés autour de Gourrama. Avec cette tente mobile nous faisons des
formations pour prévenir les addictions dans les maisons des étudiants, les écoles, etc. Nous
voulons former une équipe permanente avec des médecins et des infirmières qui pourront
alterner leurs participations à ces visites. L’APLEAT viendra pour continuer la formation des
enfants et même des adultes, qui eux-mêmes pourront sensibiliser les jeunes contre la
consommation de drogues. L’APLEAT amènera aussi un de leur jeu éducatif présentant les
risques liés à la consommation de drogues, traduit en arabe.
Plus tard, on aimerait que cette caravane de la prévention fasse partie d’un projet plus grand
pour développer la région, un gîte d’écotourisme. L’objectif est d’accueillir des touristes dès
l’année prochaine. C’est très important pour donner aux veuves et aux femmes seules un
moyen d’avoir un peu de sous (avec l’artisanat, le couscous, la broderie, la cuisine…), mais
aussi pour ouvrir les mentalités petit à petit.
Tél. : (+33) (0)2 38 70 32 66
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