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théâtre en mai
du 20 au 29 mai 2016 / Théâtre Dijon Bourgogne – CDN
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édito
Papesse française
de la danse-théâtre à la
renommée internationale,
la chorégraphe Maguy
Marin devient cette année
la première femme
à parrainer Théâtre en mai.
BiT, sa dernière création,
présentée au festival, donne
avec brio le ton de cette
27e édition où les spectacles
se positionnent en regard
des questions qui agitent
la société. En offrant cette
mission à une chorégraphe,
le festival réaffirme
la valeur première de
la présence des corps sur
scène, et l’importance
de leur mise en mouvement
dans l’espace de la
représentation. Tremplin
offert à une nouvelle
génération de créateurs,
le festival – qui n’a
que faire de la triste
mathématique des quotas
et de la parité – affiche une
programmation largement
féminine. L’important étant
que cette mixité se réclame,
à l’unisson, de faire du
théâtre un média privilégié
et réactif pour s’interroger
sur notre monde actuel,
sans se priver de convoquer
l’inventivité de la fiction,
et de se revendiquer
d’une poésie si nécessaire
pour repenser l’avenir.
Les Inrockuptibles
Maguy
en mai
Une chorégraphe qui parraine
un festival de théâtre ? Rien d’étonnant
quand il s’agit de Maguy Marin,
artiste engagée, attentive au monde
qui l’entoure et curieuse de toutes
les disciplines. Entretien.
F
igure majeure de la danse contemporaine
en France dès ses débuts salués à l’orée
des années 1980, Maguy Marin reste plus
que jamais une force vive de propositions
scéniques. Après ses premiers “pas” du côté
de la danse classique, puis un compagnonnage
avec l’école Mudra et le Ballet du XXe siècle
– tout deux créés à Bruxelles par Maurice Béjart –,
elle signe des opus remarqués comme May B,
Les applaudissements ne se mangent pas ou Cendrillon,
sa relecture du célèbre conte. Engagée, Maguy Marin
a une vision bien à elle de la création. “L’art ne cesse
de travailler à la perception d’une réalité bouleversante
que la vie quotidienne nous dissimule et nous fait
oublier.” Son spectacle BiT, invité de Théâtre en mai,
est une nouvelle preuve de son acuité en tant que
femme et en tant qu’artiste.
Le festival met en avant des formes théâtrales
et leur renouvellement, dans un dialogue avec
d’autres disciplines. Toi-même, tu regardes du côté
du théâtre, de la création musicale. Te qualifies-tu
encore de chorégraphe ou est-ce trop restrictif ?
Maguy Marin – Ça me semble assez restrictif
aujourd’hui, mais ce n’est pas tant le mot que l’idée
que l’on se fait aujourd’hui de la chorégraphie.
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Renaud Monfourny
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“le jeu théâtral
fait partie intégrante
de notre démarche,
comme la musique
et le travail plastique”
Il existe un a priori, ressenti comme une forme
d’impureté, à faire se côtoyer les corps dansants
avec les autres arts vivants ; une idée que la danse,
c’est forcément quelque chose qui doit bouger
suffisamment. Mais il suffit d’aller voir dans l’histoire
des arts populaires du monde pour s’apercevoir
que c’est très récent. Si la chorégraphie est une
écriture du mouvement des corps dans le temps
et dans l’espace, oui, je suis chorégraphe.
Le théâtre est-il présent dans ta façon de travailler
en répétition, en improvisation, en studio ?
Oui, le jeu théâtral fait partie intégrante de notre
démarche. Mais aussi la musique, le travail plastique.
Tout cela contribue à nos recherches.
BiT est une pièce de mouvements, de gestes,
où chacun semble là pour l’autre. Comment est né
ce spectacle ?
Justement, BiT est né d’un travail rythmique,
musical, qui peu à peu a gagné les corps.
Dans une série de créations comme
Umwelt, Salves ou BiT, on retrouve un lien plus
ou moins visible. Est-ce dû à ta méthode de travail,
à une certaine urgence ou à des questionnements
sur la société actuelle ?
C’est l’un et c’est l’autre. D’un côté, il y a cette façon
particulière d’aborder très ouvertement et librement
les formes ; de l’autre, un questionnement partagé sur
l’époque dans laquelle on vit, nourri par des lectures,
des films, des réflexions communes. Peu à peu, se
dégage un fil que nous tirons et auquel nous essayons
de donner une forme particulière.
Qu’est-ce qui déclenche l’envie, l’idée d’une pièce ?
“Bon qu’à ça.” Une forme d’incontinence…
comme l’a dit Samuel Beckett à propos de ses écrits.
“Bon” ? En tout cas, on l’espère…
Etre une référence – mais pas un maître à penser –
pour des générations de nouveaux interprètes ou
créateurs, ce doit être une position délicate pour toi…
Oh, c’est bien bizarre tout ça. Mais non, il n’y a pas
de pression. Je m’en soucie peu.
Tu dis : “Les artistes sont là pour donner
du courage à ceux qui veulent changer le monde.”
Mais qui donne du courage aux artistes ?
Les autres, artistes ou non, qui continuent
à rester vivants en inventant des solutions alternatives,
des solidarités, des bouleversements poétiques
qui empêchent de sombrer dans l’impuissance et
la dépression. propos recueillis par Philippe Noisette
marche ou rêve
A la façon d’un songe éveillé, BiT de Maguy Marin
déroule pas à pas un mouvement perpétuel,
fascinant et hypnotique.
Q
uand le plus simple ouvre au
plus complexe. Le choc visuel,
sonore et émotionnel produit
par BiT est de cet ordre. Le titre
résume parfaitement l’axe de
recherche sur le rythme engagé
par Maguy Marin et les six danseurs
de sa compagnie : le bit, élément d’une
chaîne binaire, peut s’entendre aussi
comme “beat”, pulsation, ou mesure
en musique. Au début des répétitions,
la chorégraphe disait s’inspirer de la
définition du linguiste Emile Benveniste :
“Le rythme, c’est la forme dans l’instant
qu’elle est assumée par ce qui est
mouvant, mobile, fluide, c’est la forme
improvisée, momentanée, modifiable.”
BiT en fournit l’éclatante
démonstration. Rien de commun entre
l’image d’ouverture – plongée dans
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Didier Grappe
la pénombre du plateau encombré
de six plans inclinés, entre lesquels
surgissent des silhouettes solidaires,
mues par des mouvements identiques –,
et les sauts dans le vide qui mettent
un terme à cette longue hallucination.
Brassant les époques, la pièce s’alanguit
dans des tableaux vivants inouïs de
beauté et opère des ruptures de lignes,
de mouvements ou de situations, sans
qu’un seul instant la forme et l’énergie
initiale se dissipent.
Tel un ruban de Möbius soumis à
d’incessantes fluctuations qui n’altèrent
pas sa trajectoire, BiT se construit dans
la continuité : “C’est comme une seule
chose qui se tord mais ne s’interrompt
jamais”, précise Maguy Marin, partie de
l’observation des gens marchant dans
la rue, et du paysage chorégraphique
produit par la formation de masses,
ou de solitudes, et leurs flux incessants,
concordants ou discordants.
Bras levés, pieds tendus, genoux
pliés, alternant des pas glissés
ou croisés, les danseurs forment
une procession qui circule entre les
éléments du décor, en même temps
que la matière sonore – composée
par Charlie Aubry –, d’abord sourde et
indistincte, se fait pulsation, stridence,
et déferle par nappes qui accompagnent
les changements de rythme et
de vitesse de la marche de départ.
Farandole, sarabande, chaîne
anglaise, les mains se lâchent,
la ligne se fait courbe, cercle, quitte
l’horizontalité du plateau pour épouser
la pente des plans de bois inclinés.
Frappe des mains, coïts simultanés,
glissades au ralenti, cascade de pièces
d’or, apparat des toilettes de femmes
ou disparition des corps sous des
soutanes à capuches brunes, le visage
poudré de blanc devenu masque :
la succession des images créées à partir
du simple mouvement de la marche
d’un groupe est de l’ordre du rêve.
Imparable et fantasque. Féérique et
effrayant. Prodigieux et grotesque.
Une fois de plus, Maguy Marin nous bluffe
et nous enchante. Fabienne Arvers
BiT (Cie Maguy Marin) le 20 mai à 20 h,
le 21 à 19 h et le 22 à 18 h, Parvis Saint-Jean
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fichus politiques
Sans didactisme, Myriam Marzouki examine dans
Ce qui nous regarde les nombreuses questions que soulève
le voile dans la société française. Et convoque Badiou,
Pasolini, Despentes, saint Paul ou ses grands-mères.
D
es photos de famille que vous présentez
en début de spectacle, au texte
de Mathieu Riboulet et Patrick Boucheron
(Prendre dates) qui le clôt, quel a été
votre cheminement ?
Myriam Marzouki – Il y a le contexte français
où, depuis plusieurs années, des épisodes médiatiques
de plus en plus hystériques se déploient autour de
ce qu’on appelle “les affaires de voiles”. Je me suis
rendu compte qu’elles suscitaient des discussions
vives dans mon entourage et des désaccords entre
personnes généralement d’accord sur à peu près tout
le reste. Je pense notamment aux féministes et aux
gens qui votent à gauche. Et, au-delà des désaccords,
ces questions engagent des réactions très affectives :
de l’indignation, de la peur, du dégoût… J’avais envie
de clarifier ma position sur ce sujet, car si je ne
me sens pas directement concernée – je ne suis rien
de ce que sont les femmes voilées, ni croyante,
ni pratiquante –, ce sujet me travaille de plus en plus
par sa dimension affective. Un été par hasard,
chez ma mère, j’ai feuilleté des photos de famille.
Mes grands-mères et mes arrière-grands-mères,
que j’avais connues ou pas, portaient pour la plupart
quelque chose sur la tête. Je me suis dit alors qu’avant
que le foulard soit lié à l’islam – ou à ce qu’il est devenu
aujourd’hui, accessoire de la femme du terroriste –,
c’était d’abord ma grand-mère ukrainienne qui mettait
son foulard pour aller faire ses courses.
C’est un sujet brûlant qui génère des passions
contradictoires. Pourquoi ce choix inaugural
et délibéré de le lier à l’intime ?
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Vincent Arbelet
“quand j’ai commencé à présenter
le projet, j’ai constaté qu’il
déclenchait systématiquement
une parole personnelle”
Comme c’est un sujet brûlant et clivant, je voulais
absolument le resituer d’une manière très subjective ;
non pas pour donner une clef, mais pour l’inscrire
dans un questionnement, une histoire, les trajectoires
croisées de ma famille. Ce spectacle est le fruit de
la recherche que j’ai faite à partir de moi-même. Il me
semble que c’est une manière d’aborder la question
en l’apaisant, de dire que ce qui suit n’est pas une vérité,
qu’il n’y a pas de thèse, que c’est un questionnement
et que ce questionnement part de moi.
Plus on est proche de soi, mieux on parle du monde ?
Oui, je le crois. Quand j’ai commencé à présenter le
projet, j’ai constaté qu’il déclenchait systématiquement
une parole personnelle. Je pense qu’il faut réinscrire
cette question qui hystérise dans la problématique
de l’individu.
Pourquoi une telle hystérie ?
La question du voile est travaillée par de nombreuses
questions. Ce petit bout de tissu cache beaucoup
d’autres choses. J’aime cette phrase de Bourdieu
que cite Milo Rau dans un de ses spectacles :
“Quand on regarde n’importe quel objet de très près,
on finit par y voir la société tout entière.”
Le voile dévoile et cache de nombreux
questionnements…
Oui, je voulais les faire affleurer à partir du corps et
des images, partant du principe que, de toute manière,
on voit le voile. C’est une image sociale, médiatique.
Partant de cette image, je me suis demandé : qu’est-ce
que ça nous fait et qu’est-ce qu’on voit ? J’ai été
surprise par la photo de mon arrière-grand-mère que
je projette au début du spectacle. Elle a l’air d’une
musulmane, d’une Iranienne, alors que cette femme
est stalinienne, en pleine URSS des années 60.
Qu’est-ce qui appartient à la religion ? Qu’est-ce
qui est propre à la culture ? Je ne cherche pas à établir
un savoir docte mais à comprendre d’où vient l’image.
Ainsi, le texte de saint Paul permet de réinscrire
le discours sur le voile dans une généalogie qui n’est
pas forcement celle que l’on imagine communément.
On se rend compte que le voile a été judaïque,
chrétien, et même polythéiste…
Il est une aliénation ?
Oui, quelque chose de très obscur, qui pourrait
être de l’ordre du pulsionnel vis-à-vis du cheveu mais
là, on pénètre dans les mythologies, la psychanalyse…
Ce qui m’importe c’est qu’ici, aujourd’hui, en France,
des femmes, que personne ne contraint, décident
contre l’avis de leur mère et de leur père de porter
un voile. Qu’est-ce qui fait que l’on porte un serre-tête
ou un voile ? Que l’on se tatoue ou devienne punk ? C’est
le choix de l’image. C’est pour cela que je cite Virginie
Despentes lorsqu’elle dit que pour faire chier, dans
les années 60 on faisait du X, et aujourd’hui on porte le
voile. C’est une manière de créer un “nous” à l’intérieur
du “grand nous”, et de faire lien avec une histoire.
Même de manière contradictoire et incohérente.
Vous faites référence à Pasolini, Badiou,
Despentes…
J’ai découvert La Rage de Pasolini par hasard,
il y a deux ans. Même s’il ne parle pas du voile dans
ce film, pour moi, il parle de ce qui est dissimulé
sous le voile : la question de la normalité, de l’ordre
bourgeois, de l’histoire du colonialisme, de la lutte
des classes… Je ne suis pas allée chercher “chez”
en me disant qu’il y aurait quelque chose à prendre,
mais dans ces moments d’ouverture où l’on travaille
un sujet, les choses arrivent… Comme le livre de
Despentes : je suis très en accord avec elle, je lis avec
beaucoup de jubilation sa manière de faire résonner
la cacophonie un peu déprimée de la société française.
En tout cas, pour chacun des matériaux se pose la
question de leur adaptation dans une dramaturgie,
et la construction d’un fil qui ne soit pas celui d’une
démonstration. Dans La Rage, Pasolini dit : “J’ai fait ce
film en suivant mes raisons politiques et mon sentiment
poétique.” propos recueillis par Hervé Pons
Ce qui nous regarde (Cie du Dernier Soir), création Dijon
Bourgogne, le 21 mai à 21 h, le 22 à 20 h 30 et le 23 à 19 h,
salle Jacques Fornier
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le feu sous les
Panorama de découvertes théâtrales, Théâtre en mai poursuit son soutien
à la jeune création. Le renouvellement des formes et le dialogue constant avec
les autres disciplines articulent un programme au plus brûlant de notre monde.
Un beau ténébreux
de Matthieu Cruciani
UN ANGE DE PASOLINI PERTURBE LA LANGUEUR
D’UNE PLAGE BRETONNE.
I
l y a un certain romantisme
à explorer et enchaîner ainsi
les mises en scène d’œuvres
romanesques. Après Melville,
Goethe et Selby, le metteur
en scène stéphanois Matthieu
Cruciani plonge dans la langue
ouvragée et dense, cryptique parfois
mais prodigieusement détaillée,
de Julien Gracq.
C’est à l’hôtel des Vagues, donnant
sur une plage bretonne, que se déploie
au cœur de l’été et de l’ennui l’une
des œuvres majeures du poète :
Un beau ténébreux, paru en 1945.
Couleurs pastel et pulls en mohair,
cocktails et délicieuses baignades,
oisiveté lascive et golf trépidant,
la petite société estivante est dérangée
dans le fil de son insouciance par
l’arrivée inopinée d’un couple étrange
et sentant le soufre : Dolorès et Allan.
Qui est cet homme semblant séduire
tous ceux qu’il croise ?
On pense évidemment au héros
de Théorème de Pasolini, mais en plus
bavard… La mise en scène de Cruciani,
aux accents rohmériens, dévide cette
intrigue noire en de longs épisodes
phrasés, savourant chaque instant
de la poétique de Gracq. Manuel Vallade
excelle en figure pasolinienne, et Pierre
Maillet éclaire de son espièglerie cette
inquiétante et obsédante histoire.
Et là, sur cette plage, s’étalent toute
la vacuité et l’indécence humaine
que porte haut la petite bourgeoisie,
telle que la décrit Julien Gracq dans
son sublime roman. Hervé Pons
les 27 et 28 mai à 21 h et le 29 à 16 h,
salle Jacques Fornier
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s planches
Narcisse et
Goldmund
de Simon Pineau,
Camille Roy
et Paul Schirck
PIEUX OU JOUISSEUR :
ITINÉRAIRE D’UNE
ÉMANCIPATION.
Associer le thème
de Mutter, du groupe
allemand de heavy-metal
Rammstein, aux
ambitions spirituelles
de l’œuvre romanesque
d’Hermann Hesse
est une des réjouissantes
mises en perspective
proposées par Simon
Pineau, Camille Roy
et Paul Schirck.
Une manière d’actualiser
le débat incarné
par les héros de Narcisse
et Goldmund : l’un
consacrant son existence
de dévot à une quête
spirituelle ; l’autre
se revendiquant des
plaisirs d’un parcours
dionysiaque. L’occasion
de faire le point sur
la place à accorder
à la croyance dans la
construction de soi, en
regard de la confrontation
à l’expérience de vivre,
qui permettent à chacun
d’inventer sa propre
morale. Patrick Sourd
Jean-Louis Fernandez
les 24 et 26 mai à 14 h 30,
le 25 à 19 h, le 27 à 18 h 30 et
le 28 à 21 h, Bourse du travail
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Pierre Sautelet
Nos serments
de Julie Duclos
EUSTACHE, VARDA, SARTRE ET BEAUVOIR INSPIRENT
UNE LIBRE ENQUÊTE SUR LES AFFINITÉS ÉLECTIVES POST-1968.
D
ans Nos serments, Julie Duclos fait du théâtre
au présent à partir d’un film du passé.
Elle réussit un coup d’éclat : restituer
(en la réinventant) la trame narrative du film
de Jean Eustache, La Maman et la Putain.
Pour cette adaptation, Julie Duclos et le
scénariste Guy-Patrick Sainderichin se sont aussi
inspirés du Bonheur, d’Agnès Varda, et de l’histoire
du couple Beauvoir-Sartre.
Trois heures durant, on regarde vivre et parler
cinq personnages aux “affections désaccordées”, dans
le décor banal d’un appartement. Jamais l’un d’entre
eux ne prend la place d’un personnage principal,
reléguant les autres dans des figures secondaires.
Parce que chacun vérifie, dans le plus profond de son
être, le constat de Mark Twain cité par la metteuse en
scène : “Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors
ils l’ont fait.” En l’occurrence, l’impossible consiste à
éprouver l’utopie amoureuse qu’entraîna dans son
sillage la révolution sexuelle des années 1970, ainsi
résumée par Julie Duclos : “Pas de personnage
principal dans Nos serments : on fait le portrait de tous,
le portrait de chaque personnage, et aussi de chacun
des acteurs. François vit avec Esther, rencontre Oliwia,
en tombe amoureux. Nous le regardons vivre ça.
Mais aussi, et peut-être surtout, nous les regardons
elles. Toutes les deux. Eux tous.”
On les regarde effectivement avec un plaisir
grandissant, tant le côté naturel de leur jeu s’accorde
à une écriture impeccable, cristallisant avec précision
l’étendue de leurs doutes et de leurs désirs. Et tant
les niveaux de langage mis en jeu donnent chair à ce
qu’ils expérimentent : une vie affranchie de la norme,
mais pas du risque encouru (à son corps défendant)
à vouloir la défier. Une belle aventure théâtrale,
en accord avec son film référent, dont Julie Duclos
résume magnifiquement la démarche : “Partir du film
comme on part : pour le quitter.” Fabienne Arvers
les 24 et 26 mai à 21 h, le 25 à 20 h, Parvis Saint-Jean
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Othelo
de Gabriel Chamé Buendía
SHAKESPEARE BOUFFONNÉ
PAR UNE FIGURE DU THÉÂTRE
BURLESQUE ARGENTIN.
Primé par trois fois
en 2013 aux Premios
Teatros del Mundo
de Buenos Aires, le
spectacle de l’Argentin
Gabriel Chamé Buendía
s’amuse d’une relecture
irrévérencieuse de
l’Othello de Shakespeare,
où chaque acteur
joue à être le bouffon
de son personnage.
Puisant à la tradition
de la commedia dell’arte
et à l’art du clown – tout
en usant des ressources
qu’offre la vidéo –,
cette hallucinante
actualisation de la pièce
nous la livre écorchée
vive. Sans prendre
de pincettes, le metteur
en scène aborde les
maux de l’intime (la
jalousie et la trahison) ;
de grandes questions
sociétales (le racisme
et la violence faite aux
femmes) ; sans oublier
d’épingler au passage
l’ambition aveugle de
ceux qui nous dirigent,
quand ils désirent
accéder au pouvoir. P. S.
la dette en héritage
TROIS PIÈCES ANALYSENT LES ROUAGES DE L’ENDETTEMENT
SOUS TOUTES SES FORMES ET SES EFFETS SUR L’HOMME ACCULÉ.
L’exploitation de l’homme par l’homme
n’aurait-elle pas de limites ? A l’heure
où 10 % des plus riches disposent de plus
de 80 % de la richesse mondiale, le niveau
de vie de la multitude des humains diminue
sans cesse sur la planète. A cette farce
tragique d’un rêve du partage de la richesse
qui a fait long feu, s’ajoute la comédie
récurrente de ces crises économiques qui
font de nous les éternels débiteurs du
système capitaliste. Moutons toujours aptes
à être encore plus tondus, les plus pauvres
ne se contentent pas de devoir chaque jour
se serrer la ceinture : ce sont eux que l’on
culpabilise en les tenant pour responsables
du remboursement de cette dette publique
aux allures de tonneau des Danaïdes.
Sans qu’il soit question de lui faire l’honneur
de lui consacrer une messe, cette fameuse
dette qui colle à nos destins comme une
infamie méritait d’être questionnée par
des artistes… La voici disséquée sous toutes
ses coutures en trois spectacles.
Réunissant Titus Andronicus et Timon
d’Athènes, le collectif OS’O a demandé au
metteur en scène berlinois David Czesienski,
de convoquer Shakespeare tout autant
que les leaders du mouvement Occupy
Wall Street pour démêler les ramifications
d’une dette où le sociétal questionne toujours
le familial et l’intime. Pour Aux suivants,
Charlotte Lagrange s’amuse du tragique de
notre époque en crise en inventant l’ère de
l’Homo debitor, dont la geste est chantée par
un être venu d’ailleurs. Enfin, s’inspirant du
fameux On achève bien les chevaux de Sidney
Pollack, Pauline Laidet propose, avec
Fleisch – Marathon de danse, de nous faire
revivre la cruauté de ces concours où l’espoir
de gagner quelques sous pour sortir de
la misère poussait des couples de danseurs
à s’exhiber jusqu’à l’épuisement.
La première qualité de ce triptyque
dénonciateur est de nous laver de
tout sentiment de culpabilité. Un premier
pas à franchir pour que naisse le désir
de réagir. P. S.
Timon/Titus (collectif OS’O) le 24 mai à 20 h
et le 25 à 21 h, Grand Théâtre
Aux suivants (La Chair du monde)
le 26 mai à 19 h, le 27 à 18 h 30 et le 28
à 16 h, Théâtre des Feuillants
Fleisch – Marathon de danse
(Cie La Seconde Tigre) le 27 mai à 21 h,
le 28 à 18 h et le 29 à 16 h, atheneum
Timon/Titus
Pierre Planchenault
le 26 mai à 19 h, le 27
à 18 h 30 et l e 28 à 15 h 30,
Théâtre Mansart
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dans le blanc des urnes
MAËLLE POÉSY ET KEVIN KEISS S’EMPARENT D’UNE POLITIQUE-FICTION
INVENTÉE PAR JOSÉ SARAMAGO, POUR CRÉER UNE COMÉDIE FANTASTIQUE
SUR LA NOTION DE DÉLÉGATION DU POUVOIR EN DÉMOCRATIE.
Démons
de Lorraine de Sagazan
INVITATION À UNE SCÈNE DE MÉNAGE
PERVERSE ET GLAÇANTE.
Jérémie Papin
Amateur d’une cruauté des
rapports en amour, flirtant avec
le sadomasochisme, le couple
qui se déchire dans Démons n’existe
qu’à travers la perverse tension qui
les unit. Dans la pièce de Lars Norén, ils
invitent leurs voisins pour pimenter la
soirée… A travers le choix d’un dispositif
bifrontal – plaçant le public au plus
près de l’action –, Lorraine de Sagazan
s’inspire librement de cette situation de
départ pour faire de chaque spectateur
un invité privilégié et le témoin effaré
de ce huis clos dévastateur. P. S.
des personnes réfugiées dans
une ambassade d’Amérique
latine, après un coup d’Etat.
Du côté des pures fictions,
L’Ange exterminateur, le huis clos
fantastique de Luis Buñuel,
est une référence incontournable
pour nous ; tout autant que
la loufoquerie avec laquelle
Terry Gilliam témoigne de la mise
en place d’un système totalitaire
dans Brazil.
Est-ce une pièce politique ?
Nous avons décidé de
ne faire aucune référence aux
politiciens d’aujourd’hui. On a
éliminé l’idée d’avoir recours
à la caricature, et on se positionne
à l’opposé des pratiques
des talk-shows où l’on prétend
débattre de ces questions.
Il s’agit d’une fiction. Notre pièce
est une parabole, une comédie
politique qui se nourrit aussi
du fantastique. Nous avons
imaginé le présage énigmatique
d’un véritable déluge de pluie
qui s’abat sur le pays, dès que le
résultat des élections est connu.
L’enfermement, qui oblige nos
personnages à rester ensemble,
est lié à une crise politique,
mais aussi à la démesure de ce
dérèglement météorologique.
En convoquant l’imaginaire, on
pose ce débat dans des termes
qui se réfèrent autant au politique
qu’au poétique. propos recueillis
le 22 mai à 20 h 30, le 23 à 21 h
et le 24 à 19 h, La Minoterie
par Patrick Sourd
Ceux qui errent ne se trompent pas
(Cie Crossroad) le 21 mai à 18 h,
le 22 à 15 h et le 23 à 19 h,
Théâtre Mansart
Samuel Rubio
Comment est venue l’idée
de faire de l’usage du vote blanc
un moyen de pression
quasi révolutionnaire pour
les électeurs ?
Maëlle Poésy – Kevin Keiss et
moi avions comme premier désir
de questionner les mécanismes
de la démocratie. Le vote blanc
n’est pas l’abstention, il n’est pas
le signal d’un désintérêt pour nos
institutions. Nous nous sommes
inspirés de la situation décrite
par le romancier portugais
José Saramago dans La Lucidité.
Le Nobel de littérature 1998
y fait l’hypothèse qu’une
consultation électorale, où l’on
comptabiliserait plus de 80 %
des votes blancs, deviendrait
le prétexte à une crise politique.
C’est le point de départ de notre
pièce, mais chez nous, il ne sera
pas question de manipulation.
C’est en huis clos que les
membres d’un gouvernement, qui
vient d’être réélu, s’interrogent
sur les suites à donner à ce vote
blanc qui remet en cause la
valeur de leur mandat.
Quelles sont les autres
œuvres qui vous ont inspirés ?
Nos sources sont multiples.
Côté historique, on s’est
intéressés à l’enfermement vécu
par les insurgés de la Commune
de Paris – cernés par la troupe,
ils sont assiégés alors que le
gouvernement d’Adolphe Thiers
a trouvé refuge à Versailles.
Autre situation d’enfermement,
celle décrite en 1973 par Chris
Marker, dans son court métrage
L’Ambassade, où l’on suit la vie
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Pauline Le Goff
No World/FPLL
de Winter Family
COMMENT LE DÉLUGE D’INFORMATIONS ET DE SOLLICITATIONS
DIVERSES NOUS MENACE D’ENGOURDISSEMENT.
Saturation d’images, multiplication
des écrans, prolifération des voix et
des modes du discours, No World/FPLL
du duo Winter Family (Ruth Rosenthal et
Xavier Klaine) se veut “une ode au monde
tel que nous sommes. Des modèles, des
réponses sans question, la joie planétaire.
La beauté du monde est telle que nous
le partageons : lisse, démocratique, sucré,
multiculturel, blanc et saturé.”
Après un générique qui défile
en boucle sur fond de film d’animation
féérique (tendance Walt Disney),
Ruth Rosenthal introduit son propos
par une monumentale inversion
cognitive : avec Steve Jobs dans le rôle
de Dieu, reprenant les codes des
conférences TED, elle nous présente
un nouveau produit et ses neuf features
& apps : beauté, sociale-démocratie,
amour, jeunesse, femmes, nourriture,
capitalisme, multiculturalisme et joie.
Cela donne lieu à un pur délire visuel
et sonore, au milieu duquel les
performeurs (Johanna Allitt, Antonio
Mvuani et Ruth Rosenthal) vaquent
tranquillement à leurs occupations.
Dans un deuxième temps, place
à l’utopie pure et dure, avec l’arrivée
de Guy-Marc Hinant qui se lance,
pince-sans-rire, dans une conférence
sur le “non-monde et développe un
nouveau paradigme à travers la tentative
du Front populaire de libération de
la Lotharingie (FPLL)”. Autrement dit
de la Lorraine, si l’on en croit la carte
qui s’étale sur l’écran derrière lui.
In fine, Winter Family pose les
termes d’une équation paradoxale :
à l’impossibilité d’arrêter le cours du
temps, s’ajoute la difficulté de juguler
le flot d’images, d’applis et d’infos qui se
déversent à tout instant, se cognent aux
portes de nos perceptions et saturent
notre espace mental, tant nous sommes
devenus les jouets des machines
sur lesquelles nous surfons. F. A.
le 21 mai à 16 h, le 22 à 18 h et le 23 à 21 h 30,
atheneum
théâtre en mai les inrockuptibles 13
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“la langue
est le moteur”
Vaste épopée chaotique et transgenre, le Vivipares
(posthume) de Céline Champinot traverse le monde
et l’humanité pour en suivre la métamorphose.
L
e projet Vivipares, dont
vous êtes aussi l’auteur,
est une vaste épopée,
un road-movie théâtral ?
Céline Champinot – Vivipares
est né d’une envie de théâtre.
L’envie d’un texte qui serait écrit pour
– mais surtout par – le théâtre. J’ai écrit
comme on improvise. Donnant à voir les
remous de l’écriture comme un acteur
qui invente, à vue. Qui dit pour exister,
qui parle sans cesse, trop, ne sachant
se taire, jusqu’à l’épuisement. Par le
verbe, il se propose des identités et des
lieux de vie, de mort, de renaissance,
qui iraient avec les situations vécues,
revécues, les humiliations, les amours
violents et déçus… La langue est
le moteur : les associations de sens,
d’images verbales mais aussi de
sonorités musicales conduisent le récit
et nous entraînent dans ce road-movie
théâtral, d’un pavillon individuel de
la banlieue de Bourg-en-Bresse à la
Nouvelle-Orléans, aux rives d’un fjord
suédois, à une cerisaie en Ukraine…
Il y a des “personnages” et une fiction,
mais ce qui crée “l’histoire”, ce fameux
fil que l’on suit du début à la fin, ce sont
les rapports créés par les actrices,
entre elles et avec le public, c’est leur
partition organique et affective.
Ce qui est frappant d’emblée, c’est
l’effacement du genre… un clin d’œil
aux travaux de Paul B. Preciado ?
Il y a, d’abord, ce choix de travailler
avec une équipe unisexe (en l’occurrence
ce sont des femmes, comme moi),
pour ne pas tenir de discours sur
d’éventuels rapports de forces entre
hommes et femmes : ça ne m’intéresse
pas. Je suis obsédée par le conflit
qui existe à l’intérieur de chacun(e),
entre son masculin et son féminin,
c’est là que l’on touche à la question
de genre, séparée de celle du sexe
et aussi de la préférence sexuelle.
Nous sommes des petits mondes,
la violence est à l’intérieur. La question
de genre est exacerbée par celle de
la représentation et du langage. C’est
à cet endroit que Preciado m’intéresse :
“femme lesbienne”, “gouine trans”,
“garçon-fille”, “trans in between non
opéré”, “Paul B. Preciado” ? S’identifier
soi-même, se nommer d’après des
représentations du masculin et du
féminin : un sacré casse-tête à trouver,
à sentir. Mais ma référence féministe
sur le sujet, ce serait plutôt Donna
Haraway. Au fond, je ne crois pas effacer
le genre, ce sont les représentations
du genre que j’aimerais contrarier.
Qu’est-ce que l’anthropo(s)cène dont
vous parlez pour définir votre travail ?
C’est le garage d’un pavillon individuel
de la banlieue de Bourg-en-Bresse.
C’est cette petite scène anthropologique
contemporaine et catastrophique sur
laquelle nous venons assister aux
métamorphoses de l’humanité vivipare.
Travaillez-vous collectivement ?
Nous sommes un groupe. Nous
avons développé un langage commun
et, pour nous, faire un spectacle est
une sorte de travail archéologique et
collectif. Avant mon arrivée, il y aurait eu
un poème fantôme qui était là quelque
part, à découvrir. Mon écriture du texte
serait une archéologie de ce poème.
De même, avant l’arrivée du groupe,
dissimulés dans le texte mais invisibles,
il existait des personnes, des rapports,
des danses, des chants, des regards,
des lumières, une scénographie…
Notre écriture scénique est cette
archéologie collective. Ensemble,
nous avons retrouvé la scénographie
qui précédait l’écriture de Vivipares,
le lieu qui contenait dès l’origine
tous les indices qui auraient permis
l’invention du récit. Nous avons
retrouvé les rapports d’amour/haine,
les complicités et la chronologie
des événements, invisibles dans cette
partition à trou qu’est le texte à l’origine.
Nous avons retrouvé la lumière qui avait
inventé le cimetière, et les vêtements
de ces gens dont nous n’avions hérité
que des mots sur du papier.
Pour cette nouvelle édition de
Théâtre en mai, vous venez d’ajouter
une nouvelle partie, Posthume,
au spectacle originel créé en 2014.
Comment faites-vous évoluer
votre histoire ?
A la fin de la troisième partie du
spectacle, un personnage est mort
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Vincent Arbelet
“s’identifier soi-même, se nommer
d’après des représentations du masculin
et du féminin : un sacré casse-tête”
et trois autres s’en vont, laissant
le quatrième sur place avec le cadavre.
Si l’on part, c’est toujours pour revenir.
Il n’y a pas de porte de sortie, ce monde
est sans issue. Nous sommes revenus
car il le fallait. Pour finir le spectacle
sans doute, dire ce qui n’avait pas été
dit, ce qui avait été suffisamment couvé
de pudeur pour être enfin expulsé.
Pour apprendre à se taire et faire
advenir enfin la catastrophe espérée.
Car “il y a toujours assez de temps avant
la fin du monde pour raconter la fin du
monde”. Parce que nous sommes des
phénix et que nous renaissons de nos
cendres. Parce qu’après l’abandon des
mots, un autre vivant était à inventer,
animal, chien-posthume. Parce qu’une
autre langue était à naître pour relancer
le poème et poursuivre notre épopée :
la fin d’un monde et la création
d’un nouveau. En six jours.
C’est-à-dire que ce projet pourrait
être un projet au long cours ?
Oui, c’est une aventure prophétique,
chaque projet annonce le prochain.
Et l’on se souvient du futur. Vivipares
(posthume) s’achève sur les débris d’une
Grande-Arche-de-la Défense-de-Noé
flottant au large de Lampedusa,
au milieu des cadavres d’animaux
disparus. Dernière image d’un
spectacle et première du suivant.
Au commencement serait le verbe…
propos recueillis par Hervé Pons
Vivipares (posthume) – Brève histoire
de l’humanité (Groupe LA gALERIE)
le 27 mai à 21 h, le 28 à 18 h et le 29 à 19 h,
La Minoterie
théâtre en mai les inrockuptibles 15
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renseignements & réservations
03 80 30 12 12 // www.tdb-cdn.com
tarifs & pass
Davis Ayer
de 5,50 € à 20 € la place
Ceux qui errent ne se trompent pas
de Maëlle Poésy
Bonus 1 // conversation
Bonus 2 // rendez-vous professionnels
AVEC MAGUY MARIN
RENCONTRE
– OÙ (EN) SONT LES FEMMES ?
PRÉSENTATION DE MAQUETTE
– CHRONIQUES D’UNE RÉVOLUTION ORPHELINE
vendredi 27 mai à 14 h, ENSA Dijon
(durée 4 heures, réservé aux professionnels)
samedi 28 mai à 14 h, Parvis Saint-Jean
(durée 1 h 15 environ, réservé aux professionnels)
La question urgente de l’égalité hommefemme a pris une importance croissante
dans les milieux artistiques ces dernières
années. Qu’en est-il dans les faits ? Alors
que pour la première fois, les metteuses
en scène sont majoritaires dans une édition
du festival, nous avons souhaité débattre
autour de ces questions.
A partir de textes de l’auteur syrien
Mohammad Al Attar (Online, Tu peux regarder
la caméra ?, Youssef est passé ici), Leyla-Claire
Rabih constitue une trilogie pour raconter
les débuts de la révolution syrienne, depuis
le soulèvement jusqu’à la guerre civile.
Quels récits proposer face aux événements
de l’Histoire ? Après une résidence à Beyrouth
en février 2016, et avant la création que
l’on pourra découvrir à Théâtre en mai 2017,
elle présente ici une étape de travail.
(textes Mohammad Al Attar, traduction
Jumana Al-Yasiri et Leyla-Claire Rabih,
mise en scène Leyla-Claire Rabih)
animée par Olivier Neveux,
professeur d’histoire et d’esthétique
du théâtre (Lyon 2) et rédacteur en chef
de la revue Théâtre/Public
dimanche 22 mai à 11 h, ENSA Dijon
(durée 2 heures, entrée libre sur réservation)
Danseuse et chorégraphe, artiste révoltée
et résistante, Maguy Marin est une figure
de proue de la nouvelle danse française.
Révélée par sa pièce mythique May B,
en 1981, c’est une grande représentante
de la danse-théâtre, qui intègre dès
ses débuts des éléments théâtraux ou
non-dansés à ses chorégraphies. Elle est
aujourd’hui une source d’inspiration
puissante pour nombre de jeunes artistes,
bien au-delà du seul champ chorégraphique.
couverture Othelo de Gabriel Chamé Buendía photo Gianni Mestichelli chef de projet Benjamin Cachot coordination éditoriale Fabienne Arvers, Sophie Ciaccafava rédaction Fabienne Arvers, Philippe Noisette, Hervé Pons,
Patrick Sourd directeur artistique/maquette Pascal Arvieu édition Dominique Sacco secrétariat de rédaction Fabrice Ménaphron iconographie Aurélie Derhee fabrication Virgile Dalier, avec Gilles Courtois
impression, gravure, brochage SIEP, ZA Les Marchais, rue des Peupliers 77590 Bois-le-Roi directeur de la rédaction Pierre Siankowski directeur de la publication Frédéric Roblot dépôt légal Deuxième trimestre 2016.
Les Inrockuptibles est édité par Les Editions indépendantes, société anonyme au capital de 326 757,51 €, 24, rue Saint-Sabin, 75011 Paris, n° siret 428 787 188 000 21 © Les Inrockuptibles 2016. Tous droits de reproduction réservés
supplément au n° 1067 du 11 mai des Inrockuptibles. Ne peut être vendu. Ne pas jeter sur la voie publique
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