Cour des comptes - rapport public particulier
Les interventions publiques dans le domaine du thermalisme (janvier 1995) 5
INTRODUCTION
LES MOTIFS DE L'ENQUETE
L'utilisation des eaux thermales et de leurs dérivés1 à des fins thérapeutiques s'inscrit en
France dans une tradition particulièrement vivace, puisqu'elle remonte à l'antiquité.
Quelques données2 permettent de situer aujourd'hui l'importance des activités thermales
en France : en 1993, les organisations professionnelles qui regroupent les établissements
thermaux ont évalué à près de 640 000 le nombre de curistes accueillis dans quelque cent
stations, dont environ 520 000 pris en charge par la sécurité sociale. Cette même année, le
chiffre d'affaires des établissements thermaux et du secteur hôtellerie-restauration, lié aux
seules cures médicalisées, aurait atteint environ 6,4 milliards de francs3. Le nombre d'emplois
directs et indirects pouvait être estimé à environ 60 000, ce qui équivaut, compte tenu de
l'importance du travail saisonnier dans le secteur, à 40 000 emplois annuels à temps plein.
Enfin, toujours en 1993, les remboursements pris en charge par les organismes de sécurité
sociale au titre des prestations obligatoires ou complémentaires, se sont élevés à plus de
1,5 milliard de francs. Même si le thermalisme ne représente que 0,3 % des dépenses de
l'assurance maladie et du régime accidents de travail, une telle somme n'est pas négligeable en
valeur absolue.
Ce secteur a paru mériter une enquête particulière, et ce, pour plusieurs raisons :
- en premier lieu, les diagnostics portés depuis plusieurs années aussi bien par les
professionnels que par les diverses administrations concernées ont mis en évidence de graves
lacunes sanitaires et tarifaires ; pour autant, les projets de réforme successivement étudiés
n'ont pas, pour l'essentiel, été mis en oeuvre ;
- en second lieu, le thermalisme , plus peut-être que d'autres secteurs pris en charge par
l'assurance maladie, reflète le conflit de préoccupations également légitimes mais parfois
contradictoires.
Au niveau national, l'Etat doit définir une politique de santé qui garantisse un degré
élevé d'exigence dans la qualité des soins, tout en assurant un usage économe des moyens.
Comme les autres composantes de l'offre de soins, le thermalisme devrait être jugé selon ces
deux critères. Il est vrai que le thermalisme peut "s'analyser aussi comme un véritable outil
1 Les eaux thermales sont des eaux minérales naturelles provenant de nappes souterraines, auxquelles
sont attribuées des propriétés thérapeutiques en raison de leur composition chimique ou de leur
température. Au sens strict, une eau thermale est une eau chaude mais les expressions eau thermale et
eau minérale sont le plus souvent employées, comme dans le présent rapport, de façon indifférenciée.
A l'emploi des eaux elles-mêmes, s'ajoute, le cas échéant, celui des vapeurs d'eau minérale, des gaz
thermaux et des boues.
2 Dans un domaine où les interventions publiques sont importantes, on pourrait espérer que les
données statistiques soient à la fois précises et complètes. En réalité, du fait de lacunes dans les
statistiques des régimes de sécurité sociale et du manque de fiabilité des enregistrements effectués par
les établissements, les évaluations se révèlent difficiles. Ne sont mentionnés dans le corps du rapport
que des chiffres globaux. Les annexes nos 3 à 7 indiquent les diverses sources statistiques disponibles
avec les réserves éventuellement nécessaires.
3 Selon les données des comptes nationaux de la santé, qui incluent une évaluation forfaitaire des
dépenses d'hôtellerie et de restauration.