UNIVERSITÉ DE TOULOUSE II - LE MIRAIL CENTRE D’ÉTUDES DU TOURISME, DE L’HÔTELLERIE ET DES INDUSTRIES DE L’ALIMENTATION MASTER TOURISME - HOTELLERIE Parcours « Management des industries du Tourisme» MÉMOIRE DE PREMIÈRE ANNÉE Le tourisme sous bulle : Une nouvelle forme de tourisme Le cas de la bulle tropicale de Center Parcs les Bois-Francs Présenté par : Elisa THOMAS Année universitaire : 2011/2012 Maitre de mémoire : TORRENTE Pierre Le CÉTIA de l’Université de Toulouse II – Le Mirail n’entend donner aucune approbation, ni improbation dans les projets tutorés et mémoires de recherche. Ces opinions doivent être considérées comme propres à leur auteur(e). REMERCIEMENTS Je profite de cette page consacrée, pour remercier vivement toutes les personnes qui ont contribuée à la réalisation de mon mémoire, qui m’ont soutenu et aidé, autant par leurs connaissances que par leur disponibilité. Mes premiers remerciements vont, tout particulièrement, à Monsieur TOREENTE, qui a encadré cette étude et à su me diriger tout au long de l’année. Je remercie également l’ensemble des enseignants du CETIA pour la qualité de leur enseignement qui m'a permis de nourrir les réflexions de cette étude et pour l'aide qu'ils m'ont apportée d'une manière générale, ainsi que les professionnels du tourisme pour leurs conseils avisés et le temps qu'ils n'ont pas hésité à me consacrer. Je n’oublie pas non plus mes amis et ma famille, toujours présents par leur soutien : et particulier, ma mère qui s'est appliquée patiemment à la relecture de mon mémoire et a su me stimuler dans mes courts moments de découragements. SOMMAIRE PARTIE 1: CONCEPT DU TOURISME HORS-SOL CLIMATIQUE ............................10 CHAPITRE 1 : LE TOURISME : UN PHENOMENE COMPLEXE ........................... 12 1. Qu’est ce que le tourisme ..................................................................... 12 2. Une activité économique majeure pour les industrialisés ........................ 16 3. Les principales caractéristiques du tourisme .......................................... 20 CHAPITRE 2 : LE TOURISME HORS-SOL ....................................................... 22 1. Définition de l’expression off-shore ....................................................... 22 2. Définition et historique du tourisme hors-sol .......................................... 25 3. Les principales caractéristiques de ce tourisme ...................................... 29 CHAPITRE 3 : RELATION ENTRE CLIMAT ET TOURISME ............................... 32 1. Qu’est ce que le climat ......................................................................... 32 2. Importance du climat pour le tourisme .................................................. 33 3. Des contraintes engendrées pour le touriste .......................................... 38 CHAPITRE 4 : LE TOURISME HORS-SOL CLIMATIQUE ................................... 42 1. Qu’est que le tourisme hors-sol climatique ............................................. 42 2. Les techniques utilisées ........................................................................ 47 3. Une implantation spécifique .................................................................. 51 PARTIE 2: LE TOURISME HORS-SOL CLIMATIQUE :UNE REPONSE AUX BESOINS ACTUELS DES TOURISTES ...............................................................................55 CHAPITRE 1 : UNE REPONSE A UNE NOUVELLE FORME DE MOBILITE ........... 57 1. Un bouleversement de l’espace temps ................................................... 57 2. Le court-séjour : une nouvelle tendance ................................................ 60 3. Adaptation du court-séjour pour le tourisme hors-sol climatique ............. 64 CHAPITRE 2 : VOYAGER EN TOUTE SECURITE ............................................. 69 1. Une sécurité psychologique .................................................................. 69 2. Garantir la sécurité physique ................................................................ 73 3. Facilité le séjour du client ..................................................................... 76 CHAPITRE 3 : LA DECOUVERTE D’UN MONDE IDEAL .................................... 79 1. Importance des représentations dans l’activité touristique ...................... 79 2. Imaginaires des lieux initiaux, reproduits par le tourisme hors-sol climatique ............................................................................................... 81 3. Utilisation des représentations dans le tourisme hors-sol climatique ........ 85 CHAPITRE 4 : UNE COHERENCE AVEC LE TOURISME DURABLE ..................... 88 1. Quels sont les enjeux du développement durable pour le tourisme ? ....... 88 2. Le tourisme durable : une tendance forte .............................................. 91 3. Tourisme durable et tourisme hors sol climatique................................... 94 PARTIE III. : TERRAIN D’APPLICATION :LES BULLES TROPICALES (LE CAS DE CENTER PARCS LES BOIS-FRANCS) .............................................. 100 CHAPITRE 1 : LES BULLES TROPICALES ......................................................102 1. La bulle tropicale :Une forme spécifique de tourisme hors-sol climatique 102 2. Un produit basé sur les attraits du tourisme balnéaire ...........................106 3. Reconstitution d’un espace tropical ......................................................107 CHAPITRE 2 : CENTER PARCS LES BOIS-FRANCS.........................................111 1. L’entreprise Center Parcs .....................................................................111 2. Le concept Center Parcs ......................................................................114 3. Center Parcs Les-Bois Francs ...............................................................118 CHAPITRE 3 : METHODOLOGIE : TEST DES HYPOTHESES ..........................121 1. Méthodologie déjà réalisée...................................................................121 2. Méthodologie future : approfondir les résultats .....................................123 3. Possibilité d’une étude comparée .........................................................125 CHAPITRE 4 : PREMIERS RESULTATS : CENTER PARCS LES BOIS FRANCS....126 1. Le poids des court-séjours ...................................................................126 2. Une implication dans le tourisme durable .............................................129 3. Tendance sécuritaire représentée ........................................................135 INTRODUCTION « Si vous n’allez pas à la plage, la plage ira à vous » (Urbain, 1996, p.359) A peine deux ans après l’ouverture du dernier Center Parcs dans le département de la Moselle, le directeur de l’entreprise annonce officiellement la création d’une nouvelle structure, pour l’horizon 2015, implantée cette fois dans la Vienne. Cette démarche prouve bien que le succès de cette entreprise et de ces produits touristiques s'avère incontestable. Il y encore 40 ans, il aurait semblé largement utopique de rêver profiter des tropiques et de sa mer turquoise, aux portes de chez soi : pourtant cela devient actuellement possible. En effet, on a vu apparaître, depuis les années 1980, des structures sous bulles capables de proposer à ses touristes, grâce à des techniques d’ « artificialisations » poussées du climat, des complexes reconstituant artificiellement ces espaces tropicaux : ainsi les touristes peuvent jouir, de la mer, de la plage et d’un climat agréable proche de leur domicile, en toute période de l’année. Il s’agit ici d’une toute nouvelle façon d’appréhender l’activité touristique, en délocalisant les attraits et les espaces : pour la première fois, le tourisme n’est donc plus attaché à un territoire. Mais le cas des bulles tropicales est-il réellement isolé ? D’autres produits ne fonctionnent-ils pas à partir du même concept ? Et au fond, qu’elle est véritablement la différence entre ces bulles tropicales et les centres de ski intérieur, recréant l’espace montagnard et ses domaines skiables ? Tout comme les bulles tropicales, ces structures imitent un espace et ses conditions climatiques à travers le monde. A ce stade de la réflexion, il est donc légitime de se demander s’il n’existe pas, en réalité, une forme de tourisme à part entière consacrée à l’ « artificialisation » des climats existants : une forme qui entrerait au nombre de ses propositions, des produits faisant abstraction des conditions des lieux sur lequel ils s’implantent? Pourrait-elle avoir un autre but que celui de développer celles de nouveaux espaces, en recourant à une innovation comme le confinement sous bulle ? Ainsi, cette étude traitera de cette forme de tourisme 7 récente, que nous appellerons : « Tourisme hors-sol climatique », ou encore « Tourisme sous bulle » Face au succès grandissant de ces structures, nous nous appliquerons à tenter de comprendre quel est réellement le concept de ces types de produits, quel en est le fonctionnement et quels principes impliquent une telle réussite. Cette étude est présentée dans une réflexion articulée en trois parties. En premier lieu, différentes notions et éléments vont être définis et explicités pour clarifier ce qu’est le tourisme hors-sol climatique, et aboutir à une définition plus précise : le phénomène touristique, le tourisme hors-sol et finalement la relation entretenue entre climat et tourisme vont y être évoqués. Dans une deuxième partie, nous émettrons l’hypothèse que le succès de ces structures résulte de l'intégration, au sein de leur offre, des attentes actuelles de la demande touristique : la nouvelle mobilité touristique, le besoin sécuritaire, la recherche d’un espace idéal et l’enjeu de durabilité. Enfin dans une dernière partie, nous tenterons de vérifier ces différentes hypothèses en choisissant un terrain d’application et en ciblant une méthodologie favorable au recueil des informations nécessaires. Pour terminer, une ébauche de résultats suivra la mise en place des premiers outils. 8 Méthodologie générale de recherche : Etape 1 : Choix du sujet LES BULLES TROPICALES Exploration Lecture et entretien Etape 2 : Choix de la question de départ CONCEPT DE LA BULLE TROPICALE : QUELS FONCTIONNEMENT, DEVELOPPEMENT ET PERSPECTIVES Exploration Lecture et entretien Etape 2 Bis : Réajustement de la question de départ TOURISME HORS SOL CLIMATIQUE : QUELS FONCTIONNEMENT, DEVELOPPEMENT ET PERSPECTIVES Etape 3 : Choix de la problématique Etape 4 : Construction du modèle d’analyse Terrain d’application, modèle d’analyse Premiers résultats 9 PARTIE I. CONCEPT DU TOURISME HORSSOL CLIMATIQUE 10 Cette première partie va être destinée à la mise en contexte du sujet de ce mémoire qu’est : Le tourisme hors-sol climatique, aussi appelé tourisme sous bulle. Pour y parvenir, nous nous attacherons dans les trois premiers chapitres, à définir les concepts principaux, nécessaires à la compréhension cette notion explicitée dans le dernier chapitre. Ainsi, comprendre le phénomène touristique, la forme de tourisme hors-sol et la relation existant entre le climat et le tourisme, nous permettront d’obtenir des éléments d’analyse utiles à la compréhension du tourisme hors-sol climatique. Dans un premier temps, nous aborderons le phénomène touristique dans son ensemble, afin de mieux l’appréhender et d’en saisir toute l’envergure, comprendre ce qu’implique un déplacement touristique, ses motivations et ses principales caractéristiques. Le chapitre deux, quant à lui, traitera du « tourisme hors sol » : forme de tourisme relativement récente, qui implique une nouvelle manière d’envisager l’activité touristique elle-même. Nous tenterons de mettre en lumière ce nouveau concept, d’abord par une définition claire, puis par la description de ses principales caractéristiques et originalités. Le troisième chapitre sera consacré, à l’explicitation de la place prépondérante qu'est celle du climat dans l'activité, et de l’évolution de cette place dans les séjours touristiques. On soulignera l’existence d’un lien fort entre tourisme, en pointant l'importance du rôle climat et du contexte naturel sur les flux touristiques : ses attraits, comme ses contraintes pour les clients. Forts de la description des trois concepts précédents et de l'élaboration construite à la faveur de ces trois chapitres, nous arriverons, en dernière partie, à la qualification du tourisme hors sol climatique : nous en tenterons, dans un premier temps, une définition, avant d’en décrire les caractéristiques principales et les structures attenantes. 11 CHAPITRE 1 : LE TOURISME : UN PHENOMENE COMPLEXE Dans ce premier chapitre, nous nous efforcerons de comprendre le phénomène touristique. Pour se faire, nous nous appuierons sur les différentes définitions disponibles et nous en isolerons les principaux éléments caractéristiques d'une activité de « tourisme ». Dans une deuxième partie, nous tenterons d’expliciter le modèle économique de cette activité majeure. 1. Qu’est ce que le tourisme 1.1. Une multitude de définitions Quelques auteurs se sont appliqués à définir le phénomène touristique, nous en retiendrons donc les définitions suivantes : - « Le tourisme est une activité liée aux loisirs qui appelle des déplacements saisonniers de population, essentiellement urbaine, vers des régions favorisées par leurs aptitudes naturelles à répondre à l’attente des touristes, et faisant l’objet de spéculations diverses, quant à leurs équipements adéquats » (George et al. 1974 in Hoerner, 1997, p.6). - Le tourisme peut se définir comme étant « l’ensemble des relations et des phénomènes résultant des voyages et des séjours temporaires de personnes qui se déplacent pour se divertir ou se détendre » (Peacre, 1993, p.5). - Le tourisme est l’ « ensemble des activités humaines mises en œuvre pour réaliser ce type de voyages ; industrie coopérant à la satisfaction des besoins du touriste (…) Le tourisme se distingue du voyage en ce qu’il implique chez le voyageur, d’une part le choix délibéré du but et, d’autre part, le souci de satisfaire son agrément (Lanquar, 1989, p.9). Une des définitions officielles du tourisme est celle de l’OMT (Organisation mondiale du tourisme) parue en 2000 selon laquelle « le tourisme comprend les activités déployées par les personnes au cours de leurs voyages et séjours, dans 12 des lieux situés en dehors de leur environnement habituel pour une période consécutive qui ne dépasse pas une année, à des fins de loisirs, pour affaires et autres motifs non liés à l'exercice d'une activité rémunérée dans le lieu visité. L’utilisation de ce concept, suffisamment large, permet d’identifier aussi bien le tourisme entre les différents pays, qu’à l’intérieur d’un même pays. Le terme «tourisme» couvre toutes les activités des visiteurs incluant à la fois les « touristes » (visiteurs qui passent la nuit) et les « visiteurs de la journée » (excursionnistes). 1 Nous retiendrons qu’il existe de nombreuses définitions pour caractériser le tourisme, mais souvent trop larges et insuffisantes face à l’envergure et à la complexité du phénomène. Nombre d’entre elles ne sont pas en cohérence, notamment quant aux motifs et la durée du voyage. Néanmoins, certaines caractéristiques ressortent clairement. 1.2. Les caractéristiques pour qualifier le tourisme 1.2.1. Un déplacement obligatoire Toutes les définitions s’accordent à dire que l’élément principal pour effectuer une activité touristique réside dans la réalisation d’un déplacement. Par déplacement, il faut entendre un changement de place géographique. Les activités touristiques impliquent donc un mouvement du visiteur d’un point A vers un point B : le point A en tant que le lieu de résidence et le point B en qualité de destination de ce dernier. (Stock, 2003, p.24) Ainsi faire du tourisme, c’est nécessairement se déplacer, on ne peut pas pratiquer le tourisme chez soi, il faut la recherche d'un d' ailleurs. 1 L’INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques). Définitions et méthodes [En ligne].Disponible sur :<http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=definitions/tourisme.htm> (Consulté le 15-12-201) 13 1.2.2. Mouvement hors du quotidien « Le tourisme est un déplacement, c’est-à-dire un changement de place, un changement " d’habiter " : le tourisme quitte son lieu de vie pour un ou des lieux situés hors de la de la sphère de sa vie quotidienne » (Knafou et all, 1994 in Stock, 2003, p.24). On comprend, à travers cette citation, que le tourisme ne se cantonne pas uniquement à la stricte réalisation d’un déplacement d’un lieu vers un autre, elle introduit aussi l’idée d’une rupture avec le quotidien. Cela implique de partir vers des lieux qui se situent hors du champ de vie habituelle du quotidien. Selon la définition de l’OMT, les lieux du quotidien implique la résidence, le travail, l’environnement dans lequel on vit et nos lieux où sites de fréquentations réguliers.2 Ainsi, l’activité touristique correspond à la découverte, à travers la mobilité, de lieux non routiniers et familiers, à la découverte de leurs paysages, leurs populations, leurs cultures ou encore les autres touristes présents. (Stock, 2003, p.25). Finalement, il faut bien retenir que ce déplacement, hors du quotidien, n’est pas en rapport avec la distance parcourue : c’est surtout sa fréquentation qui instaure une relation de familiarité avec un lieu. 1.2.3. Un déplacement temporaire A travers les différentes définitions proposées pour qualifier le phénomène touristique, on retrouve le caractère temporaire du déplacement. En effet, le départ implique forcément, par la suite, le retour à la vie quotidienne. Selon l’OMT, pour les touristes, le temps passé sur le lieu d’arrivée se situe entre une nuit minimum et une année maximum, au-delà il sera considéré comme migrant. En effet, pour parler de déplacement touristique, il faut que le visiteur « habite » temporairement les lieux, c’est-à-dire qu’il aille, pour une période définie, sur un autre territoire et s’y confronte (Stock, 2003 p.26). Faire du 2 Ministère de l’économie des finances et de l’industrie. Statistiques et études économiques [En ligne]. Disponible sur : <http://www.tourisme.gouv.fr/stat_etudes/definitions.php#enq> (consulté le 07-02-2012) 14 tourisme est donc la réalisation d’un déplacement avec un rapport particulier au lieu, une manière d’être, puisqu’il implique le passage et le séjour. Néanmoins, les excursionnistes, aussi appelés visiteurs à la journée, qui ne passent pas de nuitées sur place et restent moins de 24 heures, sont cependant comptabilisés dans les activités touristiques dans le cas où la mobilité hors du quotidien pour motifs récréatifs est respectée. 1.2.4. Une mobilité à but récréatif La récréation est « un ensemble de pratiques, de normes, d’institutions et de représentations qui se caractérisent par le relâchement des contraintes et des pratiques. Ce sont des pratiques « déroutinisantes », une libération contrôlée du self-control quotidien ». (Elias, 1994 in Stock, 2003, p.286). A travers les activités récréatives, il faut voir ici une opposition avec le temps travail, qu’il s’agisse d’un travail rémunéré, ou bien des différentes tâches routinières de la vie quotidienne. La récréation est donc le temps libre consacré à l’agrément des individus, nécessaire à la reconstitution du corps et de l’esprit dans un but d’épanouissement personnel et dont le tourisme fait partie. La recréation touristique s’exprime à travers trois activités principales (Stock, 2003, p.29-30) : - Le « repos » est vu comme une nécessité remédiant à la fatigue physique et mentale engendrées par la vie quotidienne : il s’agit souvent pour les vacanciers de rechercher le calme, la tranquillité et de se ressourcer. On retrouve cet aspect de la récréation à travers de nombreuses pratiques touristiques tels que les séjours dans des hôtels où les clients sont totalement pris en charge, les séjours balnéaires ou à la campagne, ou encore la fréquentation des établissements de soins et de bien-être. - On trouve ensuite le « jeu » qui est la deuxième mobilité possible de la récréation. Celle-ci peut être caractérisée comme une activité volontaire pourvue d’une fin en soi, réalisée suivant des règles consenties, accompagnée d’un sentiment de tension et de joie, avec une conscience d’être autrement que dans la vie courante. Il existe quatre grandes catégories de jeux au sein des pratiques touristiques : la « compétition » à travers les séjours et les stages, le « hasard » avec la fréquentation des 15 casinos, le « vertige » avec la pratique de sports extrêmes, et le « simulacre » sous la forme de produits proposant de vivre le temps d’un voyage une autre vie que la sienne. - Finalement, la dernière activité récréative pratiquée à travers le tourisme est la « découverte ». Il s’agit ici de visiter des lieux inconnus, que ce soit des villes, des monuments, de sites naturels ou encore de faire la découverte de nouvelles cultures. 2. Une activité économique majeure pour les industrialisés 2.1. Une des principales activités économiques. Le tourisme est considéré comme l’un des premiers secteurs économiques et un des leaders des activités de services à échelle mondiale. En effet, en 2010, les recettes du tourisme international sont estimées à 919 milliards de dollars soit 693 milliards d’euros : ce qui représente environ 12% du PIB mondial. Le tourisme est donc une activité de très grande envergure, avec 939 millions de touristes internationaux recensés par l’OMT en 2010. Celle-ci a connu un développement très important avec une hausse de 39% par rapport à 2000 et ne comptait que 25 millions de déplacements en 19503. A ces arrivées, il faut ajouter l’ensemble des flux internes, c’est-à dire les déplacements effectués par les touristes au sein de leurs pays d’origines. 2.2. Un phénomène dominé par les pays du Nord 2.2.1. Les lieux d’émission du tourisme Les flux touristiques internationaux proviennent principalement des pays les plus riches de la planète. Les dix principaux pays d’émissions des touristes sont répartis entre l’Amérique du Nord, l’Europe de l’Ouest et du Japon : trois zones géographiques regroupées traditionnellement sous le nom de Triade. Les pays concernés sont les Etats-Unis, le Canada, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la France, les Pays-Bas, l’Italie, la Belgique, la France et finalement le Japon. Il 3 Veille info tourisme. Classement mondial des destinations et des marchés émetteurs [En ligne]. Disponible sur : <http://veilletourisme.ca/2011/06/20/classement-mondial-des-destinations-et-desmarches-emetteurs/> Consulté le 26-11-2011 16 s’agit, en effet, de pays industrialisés de l’hémisphère Nord avec les pouvoirs d’achats les plus élevés (Hoerner, 1997, p.62). Ils représentent à eux seuls près de 55% des départs internationaux pour seulement 12% de la population mondiale. Figure 1 : Parts de marché des régions émettrices de voyage internationaux en 2000 : Source : OMT, Fait saillant du tourisme, 2009 D’après le tableau ci-dessus, il faut noter le développement important de pays en émergence sur le marché du tourisme, notamment des Nouveaux Pays Industrialisés d’Asie, des pays d’Afrique et du Moyen-Orient. On voit que la variation de la part de marché de ces zones est très importante par rapport à l’Europe et à l’Amérique, ce qui peut remettre en cause, à plus long terme, cette domination des pays du Nord. De plus, il faut ajouter qu’il existe une forte disparité des départs touristiques à l’intérieur même des zones : les grandes aires urbaines sont d’importants foyers émetteurs car elles concentrent les populations, la richesse ainsi que les moyens de transports. Les habitants des grandes villes et métropoles bénéficient d’un meilleur accès au tourisme et au monde (Stock, 2003, p.124). 17 2.2.2. Les différents lieux d’accueil Très inégalement répartis dans le monde, les arrivées touristiques internationales sont principalement dominées par les pays également émetteurs. Les cinq premiers pays du classement, la France, les Etats-Unis, la Chine, l’Espagne et l’Italie regroupent plus de 30% de l’ensemble du tourisme récepteur. Une fois encore on peut observer que les pays du Nord prédominent, même si les pays de la zone d’Asie de l’Est connaissent un fort développement : on voit notamment la Chine prendre la troisième place avec une progression fulgurante 4. 4 Veille info tourisme. Classement mondial des destinations et des marchés émetteurs [En ligne].Disponible sur : <http://veilletourisme.ca/2011/06/20/classement-mondial-des-destinationset-des-marches-emetteurs/> Consulté le 26-11-2011 18 Figure 2 : Arrivées internationales dans le monde en 2000 et 2010 (en millions) Source : veille info tourisme. Il existe néanmoins trois bassins touristiques principaux (Cazes, 1992, in Stock, 2003, p.131) articulés principalement autour des grandes zones émettrices qui sont : - le bassin Euro-méditerranéen concentré autour de la mer méditerranée avec la prédominance des pays de la rive nord, - le bassin de l’Amérique du Nord-Caraïbes, - le bassin Asie orientale-pacifique Finalement il faut préciser que ces arrivées touristiques sont largement prédominées par des flux intra-zones. Les touristes voyagent principalement au sein même des différents bassins. 19 3. Les principales caractéristiques du tourisme 3.1. Une saisonnalité très marquée L’activité touristique reste très mal répartie sur l’ensemble de l’année et subit une saisonnalité importante : son activité varie largement selon les différentes périodes. « Le tourisme est né saisonnier, reste saisonnier et le restera sûrement longtemps ». (Boyer, 2005, p.57). De nombreux facteurs sont déterminants dans la saisonnalité de ces flux, dans nos sociétés modernes : les principaux sont le climat qui change selon les périodes de l’année, le calendrier des foyers émetteurs avec les congés scolaires et fêtes religieuses et commémorations ou encore la répartition du temps libre 5. Cette saisonnalité est marquée par des flux touristiques principalement localisés sur la saison d’été, avec les mois de Juillet et d’Août. Actuellement, en France les départs touristiques de ces deux mois ne représentent pas moins de 65% de l’ensemble des départs répartis sur l’ensemble de l’année (avec environ 40% pour le moi d’Août). Le cas Français n’est pas isolé et on peut citer la Belgique ou encore l’Espagne dont la saisonnalité est encore plus marquée (Lamic, 2005, p.17). L’activité touristique, au même titre que l’agriculture reste l’une des activités économiques la plus touchée par ce phénomène de saisonnalité et se répartit entre la « haute » et la « basse » saison. 3.2. Une activité qui investit tous les espaces L’activité touristique occupe actuellement tous les types d’espaces imaginables sur le globe à travers de nombreuses formes de tourisme et de pratiques. Les lieux les plus visités sont les suivant (Lozato-Giotart, 2003, p.101): - Les « littoraux », ont été investit dès les premiers flux touristiques. On y pratique actuellement le tourisme balnéaire qui se caractérise par la présence de la mer, la plage et du soleil et la recherche de l’héliotropisme. Les littoraux s’imposent comme des lieux qui attirent un grand nombre de visiteurs à travers le monde et comptabilisent plus d’un tiers des 5 Le cercle de tourisme du Québec. La saisonnalité : analyse et stratégie pour les industries du tourisme, 1998, p.2. [En ligne] Disponible sur : <http://www.chairedetourisme.uqam.ca/pdf/Saisonnalite%20-%20Sommaire.pdf> (Consulté le 21-01-2012) 20 déplacements dans le monde. Le plus fréquenté reste le littoral du sud de la France appelé Côte d’Azur. - A travers le « tourisme vert » les espaces ruraux et de campagnes sont impliqués dans l’activité touristique. Ce sont des lieux permettant la pratique d’activités sportives, la détente ou encore la découverte culturelle, à travers, notamment la possibilité d’hébergement chez l’habitant. Il s’agit d’espaces touristiques jeunes longtemps considérés sans attraits, leur développement ne date que des années 1970. - L’ « espace montagnard » quant à lui, permet aux touristes la pratique de différentes activités sportives, la découverte de paysages ou d’une culture spécifique ou encore du tourisme de santé. Néanmoins, l’activité principale du tourisme de montagne reste évidemment celle des sports d’hiver largement représentée à travers la pratique le ski. - Finalement, le « tourisme urbain » se caractérise par la « visite des villes » et se développe à travers le monde. Les activités y sont principalement culturelles avec la visite de monuments, de musées ou encore la découverte d’une autre culture, des habitants, de la gastronomie. D’après l’INSEE les touristes choisissent de plus en plus les villes, et ces espaces connaissent une hausse très importante des flux touristiques : entre 1980 et 1990 le tourisme urbain a été multiplié par deux. Il existe évidemment de nombreux autres espaces accueillant le tourisme, mais leurs flux sont moindres en comparaison de ces quatre espaces principaux. Ainsi, dans ce premier chapitre, il est mis en évidence que le phénomène reste complexe au niveau de sa définition, notamment du point de vue de sa durée et des motivations de départs. Néanmoins, malgré la difficulté à comptabiliser de façon précise les flux, il est évident que cette activité reste majeure dans l’économie des pays et qu’elle se développe très rapidement. Elle reste pourtant très inégalitaire est profite plus particulièrement aux pays développés, qui s'imposent à la fois comme zone émettrice et réceptive. Finalement, il s’agit d’une activité qui investit toutes les formes d’espaces disponibles, mais qui reste très saisonnière : ce qui est l’un de ces points faibles majeurs. 21 CHAPITRE 2 : LE TOURISME HORS-SOL Ce deuxième chapitre traite du « tourisme hors-sol » : forme de tourisme relativement récente qui implique une nouvelle manière d’envisager l’activité touristique elle-même. Grâce à ces caractéristiques très particulières, le tourisme hors-sol est un enjeu essentiel pour les différents acteurs du tourisme. Pour comprendre le concept de tourisme hors-sol, nous verrons d’abord quelles sont les définitions de l’expression « hors-sol » dans d’autres activité, puis la définition que nous pourrons en donner, et finalement les caractéristiques particulières de cette forme de tourisme. 1. Définition de l’expression off-shore 1.1. Origine et étymologie L’expression « off-shore » aussi trouvée sous la forme « off shore » ou « offshore » est d’origine anglophone et pourrait être traduite en français par l’expression « hors-sol ». Bien que celle-ci soit couramment utilisée, sa définition reste peu claire. Elle se compose du mot « off » signifiant, hors de, à l’écart de, et du mot « shore » signifiant littoral, rivage, et s’oppose au mot « onshore » signifiant « sur le rivage ». (Dictionnaire Larousse) Au sens premier, cette expression sert à évoquer une localisation, et est utilisée pour définir quelque chose ou une activité située au large des côtes, en contradiction avec ce qui se situe à l’intérieur des terres. Ce terme est apparu dans les années 1950, pour définir dans un premier temps les plates-formes pétrolières situées en pleine mer, puis s’est par la suite étendu dans une signification plus large, évoquant toute activité qui se passe à l’extérieur du territoire d’origine6. 6 Centre national de ressources textuelles et lexicales. Off-shore. Disponible sur: <http://cnrtl.fr/etymologie/off-shore> [En ligne]. (Consulté le 01-11-2012) 22 1.2. Utilisation dans différents domaines 1.2.1. Dans le domaine de l’industrie pétrolière Dans le domaine de l’industrie pétrolière, le terme off-shore évoque l’exploitation de cette huile minérale en mer, grâce à l’utilisation de plates-formes off-shore : Il s’agit d’une structure fixe ou flottante servant à l’exploitation d’un gisement pétrolier, installé au large des côtes : Le but étant d’effectuer un « forage offshore » ; c'est-à-dire à creuser le plancher océanique7. Dans ce domaine précis, l’utilisation du terme « off-shore » permet donc d’évoquer la localisation de ces constructions situées en mer et donc au large des côtes. De la même manière, l’expression s’utilise pour désigner l’exploitation d’éoliennes situées en mer, dans le but de produire de l’électricité. 1.2.2. Dans le domaine financier Dans le domaine de la finance, le terme off-shore est utilisé pour qualifier des placements de capitaux à l’étranger : Il s’agit en général de placer des ressources financières dans des paradis fiscaux à l’extérieur du pays de résidence de son titulaire. Cette pratique permet donc l’optimisation du patrimoine, tout en évitant la taxation de l’Etat8. Dans ce cas, l’expression permet de qualifier des activités bancaires extraterritoriales, en parlant notamment de comptes et de banques off-shore ou d’off-shore financiers. 1.2.3. Dans le domaine de l’économie Dans le domaine de l’économie d’entreprise, le terme « off-shore » peut être traduit en français par le mot « délocalisation ». Il s’agit d’une forme d’externalisation où une partie de l’activité non stratégique de l’entreprise est confiée à un prestataire étranger, en créant une entité dans un autre pays que 7 Off-shore développement : portail d’information et sous-traitance internationale. La délocalisation [En ligne]. Disponible sur : <http://www.offshore-developpement.com/La-delocalisation-ouoffshore-en> (Consulté le 01-11-2012) 8 ABC netmarketing. Définition marketing [En ligne]. Disponible sur : <http://www.definitionsmarketing.com/recherche.php?recherche=offshore&SubmitButton=Go> (Consulté le 15-12-2012) 23 celui où se déroule d’activité première, alors que leurs sièges sociaux se situent toujours dans le pays d’origine. Cette stratégie consiste donc pour une entité à délocaliser une partie de ses activités, c’est-à-dire à effectuer la réalisation de certaines de ces taches à l’extérieur de son territoire dans un lieu où le coût de la main d’œuvre est souvent moins élevé : Il peut s’agir de la fabrication de biens comme de prestations de services d’entreprises9. Pour citer quelques exemples concrets, on parlera notamment de « centres d’appels off-shore » ou de « services informatiques off-shore » quand ces activités seront effectuées dans un autre pays, qu’il s’agisse d’un centre intégré à l’entreprise ou des services d’un tiers. Le « off-shore » permet donc d’établir une certaine distance entre le cœur de l’entreprise et son activité : Elle est appelée ainsi, du fait de la réalisation de cette activité, hors du sol de référence de l’entreprise. 1.2.4. Dans le domaine agricole Il existe une forme d’agriculture appelée « agriculture hors-sol » aussi connue sous le nom d’agriculture hydroponique. Cette dernière consiste à cultiver des plantes, non pas de manière traditionnelle, mais dans des endroits clos, sans terre, sur des substrats neutres et inertes ou dans des récipients contenant tous les nutriments nécessaires au développement de la plante. Cette technique permet d’accélérer le processus de maturité des plantes et de pallier à la saisonnalité, en produisant plusieurs fois par an, et en envoyant les produits plus tôt sur le marché. Il existe aussi un type d’élevage qualifié de hors-sol : Il s’agit de l’élevage d’animaux (notamment des porcs et des volailles) intensive, à travers une pratique en les nourrissant avec une autre alimentation que celles traditionnellement utilisées, dans des endroits fermés sur l’extérieur par le biais de bâtiments dans le but d’engraisser l’animal dans les délais des plus courts possibles. (Dictionnaire Larousse) 9 ABC netmarketing. Définition marketing [En ligne]. Disponible sur : <http://www.definitionsmarketing.com/recherche.php?recherche=offshore&SubmitButton=Go> (Consulté le 15-12-2012) 24 2. Définition et historique du tourisme hors-sol 2.1. Qu’est-ce que le tourisme hors-sol 2.1.1. Définition du tourisme hors-sol Il est actuellement assez difficile de donner une définition exacte du « Tourisme hors-sol », elles restent peu nombreuses et relativement partielles. On trouve notamment les suivantes : - Le tourisme hors-sol exprime un sous-système du tourisme de masse diversifié, qui se fonde sur l’affranchissement des contraintes du site, par la création de conditions propres en termes de bâti et d’accessibilité 10. - Le tourisme hors-sol consiste à proposer « un produit délocalisé de son territoire d’origine et sur lequel il fonctionnait de façon privilégiée. Produit qui ne pouvait fonctionner sans ce territoire originellement et qui a trouvé un nouveau moyen de vivre sur un territoire autre, qui ne lui était pas approprié (Curt-Comte, 2002, p.132). - Le tourisme hors-sol « se définit par une fabrication totalement artificielle d’une offre touristique, libérée de la contrainte de la géographie du site, de son climat et de son substrat culturel »11. On peut, néanmoins, s’appuyer sur certaines similitudes entre le tourisme horssol et les autres domaines d’activités concernés par ce dernier, pour tenter de mettre en lumière quelques éléments pouvant le qualifier. Tout d’abord, on peut voir que le « tourisme hors-sol » induit une déconnexion de son offre12 avec le territoire d’accueil et qu’il n’utilise plus les potentialités de son environnement. Au même titre que l’agriculture hors-sol, cette forme de tourisme implique une artificialisation de l’activité qui ne répond plus à la pratique traditionnelle. Il s’agit d’une nouvelle façon d’envisager le tourisme. 10 Equipe MIT (Paris 7). Concept et terminologie [En ligne]. Disponible sur : <http://www.macrosme.net/atlas/#tourismehorssol> (Consulté le 29-12-2012) 11 Etienne PAUCHANT. Le premier sommet 1-3 décembre 1999, p.1 [En ligne]. Disponible sur :<http://www.sommets-tourisme.org/f/sommetsG/premier-sommet/actes/pauchant.html> (Consulté de 12-12-2011) 12 P. VIOLER, Les 3 T, le territoire, le touriste et le technicien, p.6 [En ligne]. Disponible sur : <eso.cnrs.fr/IMG/pdf/vp.pdf> (Consulté le 25-10-2012) 25 Le tourisme hors-sol est donc libéré des contraintes puisque qu’il crée ses propres conditions au sein du site. Cela implique donc une fermeture sur l’espace environnant. En d’autres termes, cette forme de tourisme peut choisir son lieu d’implantation pour se développer dans un milieu le plus pertinent possible13. Il est possible de faire le rapprochement avec le « off-shore financier » qui permet de déplacer les capitaux dans un lieu permettant d’obtenir les meilleurs conditions de placement en s’affranchissant des contraintes du pays de résidences des personnes. Ainsi, il s’agit de nouveaux types de lieux touristiques, qui créent leurs conditions propres sans interaction avec le territoire extérieur et ses éléments et qui gardent ainsi le libre choix de leur implantation. 2.1.2. Les différents produits hors-sol Les produits compris dans le tourisme hors-sol sont les suivants : - Les parcs de loisirs, qui se définissent comme « des espaces clos à vocation récréative, aménagés et comportant des attractions de diverses natures (manèges secs et/ou aquatiques, spectacles culturels ou de divertissement). Ces entreprises disposent d’installations fixes ou permanentes, ouvertes au public, avec un droit d’entrée et/ou paiements aux attractions et ce, tout au long de l’année et/ou d’une manière saisonnière » (Desvignes, 1998, p.10). Ils regroupent les parcs à thèmes, les parcs aquatiques, les parcs de jeux et de sports, les complexes multiloisirs urbains, les parcs animaliers et les parcs à vocations culturelles et éducatives. (Curt-Comte, 2002, p.14). - Les hôtel-clubs : « Cette forme d’hébergement est une adaptation de l’hôtellerie, avec la formule du village vacances qui consiste en l’intégration d’activités de loisirs, à la fonction d’hébergement. Ces structures associent le repos et le loisir et permettent au touriste qui le souhaite de s’abstraire de l’environnement, souvent marqué par une très forte altérité » (Stock, 2003, p.182). - Les « résidences de loisirs intégrées » sont des établissements commerciaux proposant des services comparables à ceux rendus dans les 13 P. VIOLER, Les 3 T, le territoire, le touriste et le technicien, p.6 [En ligne]. Disponible sur : <eso.cnrs.fr/IMG/pdf/vp.pdf> (Consulté le 25-10-2012) 26 villages vacances avec des loisirs, mais composés d’appartements meublés ou équipés de coins cuisine propres à faciliter l’autonomie des touristes. Ils disposent d’une unité collective avec des d’équipements et services communs. (Dreyfus-Signoles, 2002, p.197). - Les « centres de ski indoor » sont des structures fermées proposant, à titre payant, des activités sportives et plus particulièrement les sports de glisse et le ski sur piste grâce à de la neige artificielle, dans un lieu tentant de récréer l’ambiance et l’atmosphère de l’univers montagnard (Curt-Comte, 2002, p.132). - Les bulles tropicales : Il s’agit de complexes touristiques qui tentent de recréer artificiellement un monde balnéaire tropical et son climat grâce à des techniques de chauffage de l’espace permanentes et la présence d’un lieu de baignade comprenant des piscines (Urbain, 1996, p.361). 2.2. Historique 2.2.1. Prémices du tourisme hors-sol Initialement, le tourisme s’établit par rapport aux touristes et les lieux touristiques ont été pour l’essentiel créés par les touristes. C’est en constatant l’engouement pour un lieu que les acteurs du tourisme interviennent pour le développer et réaliser sa mise en tourisme. (Stock, 2003, p.41) Figure 3 : Du tourisme traditionnel au tourisme hors-sol Source : THOMAS Elisa (2012) Après la Seconde Guerre Mondiale, les lieux touristiques se multiplient, mais cela ne se fait plus à l’initiative des touristes, leur présence est anticipée et les 27 différents espaces sont choisit pour répondre à leurs pratiques. Les lieux sont imaginés, inventés, sans qu’une présence antérieure du tourisme soit nécessaire. Le tourisme hors sol, est la forme la plus poussée des offres conçues dans cette logique14. 2.2.2. Naissance du tourisme hors-sol Le tourisme hors sol est né à peu près simultanément aux Etats-Unis et en Europe, à partir des années 195015. Traditionnellement les débuts du tourisme hors-sol sont posés par la création du premier parc d’attraction Disney aux Etats-Unis en 1955. Après de longues années de conception et de développement, ce dernier ouvre enfin ses portes à Anaheim, en Californie : Il s’agit de l’un des premiers parcs de loisirs à thème au monde16. Ce projet fut un succès d’une envergure inimaginable et d’autres parcs furent ensuite construits, on en dénombre actuellement six à travers le monde, auxquels s’ajoutera une nouvelle construction à Shanghai prévu à l’horizon 2016. Quelques années plus tôt, en France, deux hommes Gérald Blitz et Gilbert Trigano, fondent la société Club Med. Leur premier village vacances voit le jour en 1950 sur la plage d’Alcudia aux Baléares, à travers un concept de vacances développant, le goût de la vie en plein-air et la pratique de l’éducation physique et des sports. C’est ainsi que l’hôtellerie commence à proposer des pratiques et des loisirs. Le succès est instantané et l’entreprise se développe rapidement, on trouve aujourd’hui plus de 80 villages à travers le monde17. Depuis les quinze dernières années, les structures de tourisme hors-sol se multiplient très rapidement et leur succès est incontestable. 14 P. VIOLER, Les 3 T, le territoire, le touriste et le technicien, p.6 [En ligne]. Disponible sur : <eso.cnrs.fr/IMG/pdf/vp.pdf> (Consulté le 25-10-2012) 15 Etienne PAUCHANT. Le premier sommet 1-3 décembre 1999, p.1 [En ligne]. Disponible sur :<http://www.sommets-tourisme.org/f/sommetsG/premier-sommet/actes/pauchant.html> (Consulté de 12-12-2011) 16 L’internaute, Histoire : jour par jour Disney [En ligne]. Disponible sur : <http://www.linternaute.com/histoire/motcle/199/a/1/1/disney.shtml> (Consulté le 24-02-2012) 17 Club Med. L’histoire de Club Med de 1950 à nos jours. [En ligne]. Disponible sur : <http://www.clubmed-corporate.com/?cat=15> (Consulté le 22-02-2012) 28 3. Les principales caractéristiques de ce tourisme 3.1. Un tourisme ex-nihilo L’une des premières caractéristiques du tourisme hors-sol est d’être une forme de tourisme dont les lieux d’accueil et les espaces sont « ex-nihilo ». Il s’agit, en fait, de produits créés dans des espaces nuls, un emplacement vierge où l’on ne trouvait rien auparavant : c’est un lieu conçu de toute pièce. Le tourisme hors-sol consiste donc à la construction d’une offre touristique à partir de rien, dans des espaces entièrement conçus et aménagés pour pouvoir accueillir par la suite les touristes et répondre à leurs besoins. (Boyer, 1999, p.139) Les lieux choisis ne réclament aucune réputation particulière, ni l’existence d’une quelconque forme de tourisme initiale pour se développer. Il existe deux grandes catégories de lieux ex-nihilo 18: - « Les stations » qui sont des espaces inventés pour les touristes, mais tout de même ouverts à la société actuelle et qui participent à la vie locale. On peut citer les stations ou les villes balnéaires comme le Cap d’Agde ou Benidorm : mais ces structures ne relèvent pas du tourisme hors-sol. - Les « espaces mono-fonctionnels » sont des lieux fermés sur le territoire environnant et maîtrisés par un seul promoteur privé. C’est le cas des hôtels-club, des iles-hôtels, des parcs d’attraction, des Center Parcs ou encore des stations de ski intégrées, qui font notamment partie du tourisme hors-sol. 3.2. Des lieux déconnectés du territoire Comme évoqué dans les différentes définitions retenues du tourisme hors-sol, ces structures sont totalement déconnectées des éléments du territoire où elles sont implantées. 18 Cours de tourisme : des espaces touristiques complexes, Première Hôtellerie, 2005, p.6 [En ligne]. Disponible sur : <http://hg.moitel.free.fr/lycee_hotellerie/1ere/geographie/th2GEO1_des_espaces_touristiques_co mplexes/I-theorie_des_lieux/1_DOSSIER_1_Les%20lieux%20touristiques.pdf> (consulté le 24-112011) 29 Habituellement, le tourisme s’appuie sur les différentes ressources existantes du territoire et exploite ses caractéristiques intrinsèques pour créer des produits touristiques19. Il peut s’agir notamment du climat, des ressources naturelles, culturelles ou de son histoire. Mais ce n’est pas le cas pour le tourisme hors-sol, qui propose des structures dans lesquelles les éléments du milieu d’accueil sont absents, ils ont été effacés voir maîtrisés (Urbain, 1996, p.359). Le tourisme hors sol n’a besoin d’aucune d’identité territoriale pour exister, puisque qu’il s’agit d’un produit créé de toute pièce. Une des caractéristiques de cette forme de tourisme reste de pouvoir s’affranchir des conditions du site, et de créer une offre totalement déconnectée du territoire réceptif où elle se trouve : Ce qui implique une fermeture sur l’extérieur, ces structures doivent être des isolats totalement étanches à l’environnement (LozatoGiotart, 2003, p.184). Ainsi le tourisme hors-sol correspond à un changement fondamental dans la façon de concevoir l’activité touristique elle-même, où le tourisme est géographiquement délocalisé et implantable n’importe où20. 3.3. Un enjeu essentiel pour les régions à faible touristicité Comme nous venons de le voir, les produits touristiques hors-sol se développent indépendamment de leur environnement. Ainsi le potentiel touristique n’importe pas dans le choix de la localisation des structures. Ce n’est pas le territoire qui intéresse en premier lieu la clientèle, puisque ces produits artificiels créent leurs conditions propres. On comprend donc que cette forme de tourisme est un réel enjeu pour les régions ne disposant pas d’attraits touristiques ou d’une notoriété spécifique : C’est ce qu’ont bien compris les acteurs du tourisme qui cherchent à développer le tourisme hors-sol pour échapper aux différentes contraintes des sites et écarter 19 P. VIOLER, Les 3 T, le territoire, le touriste et le technicien, p.6 [En ligne]. Disponible sur : <eso.cnrs.fr/IMG/pdf/vp.pdf> (Consulté le 25-10-2012) 20 P. VIOLER, Les 3 T, le territoire, le touriste et le technicien, p.6 [En ligne]. Disponible sur : <eso.cnrs.fr/IMG/pdf/vp.pdf> (Consulté le 25-10-2012) 30 les limites des territoires21. A travers une activité touristique ces régions espèrent notamment lancer ou relancer le territoire et dynamiser le développement local22. Ainsi, le tourisme hors-sol reste un concept assez récent, apparu il y a un peu plus de soixante ans, qui modifie totalement la façon d’appréhender l’activité touristique. Il se caractérise à travers des produits crées à partir de rien et totalement déconnectés du territoire sur lequel il se trouve : il s’invente ses propres conditions. Pouvant donc être implanté dans n’importe quel lieu, il apparait comme un enjeu essentiel pour le développement touristique de certaines régions. Finalement, cette forme de tourisme correspond à des produits bien spécifiques, comme les parcs de loisirs, les hôtel-club, les résidences de loisirs, les bulles tropicales ou encore les complexes de ski indoor : c’est-à-dire des structures fermées sur l’extérieur. 21 P. VIOLER, Les 3 T, le territoire, le touriste et le technicien, p.8 [En ligne]. Disponible sur : <eso.cnrs.fr/IMG/pdf/vp.pdf> (Consulté le 25-10-2012) 22 B. AUVREY, Intérêt de la sociologie pour la géographie du tourisme, Doctoriales du tourisme, 2008, p.1 [En ligne]. Disponible sur : <http://hal.archivesouvertes.fr/docs/00/48/30/18/PDF/Article_AUVRAY.pdf> (Consulté le 25-01-2012) 31 CHAPITRE 3 : RELATION ENTRE CLIMAT ET TOURISME Dans ce chapitre, nous allons aborder la relation forte qui existe entre tourisme et climat, dans le but de faire charnière entre le tourisme hors-sol et le tourisme horssol climatique abordé dans le chapitre suivant. Il est indéniable que le climat à un rôle plus qu’essentiel dans la nature des flux touristiques. Pour mieux comprendre ce phénomène, nous nous attacherons donc à définir clairement le climat dans un premier temps, puis à expliciter son rapport déterminant avec le tourisme, et finalement les contraintes qu’il induit sur l’activité. 1. Qu’est ce que le climat 1.1. Définition Le climat se caractérise comme l’ « ensemble des phénomènes météorologiques qui caractérisent l'état moyen de l'atmosphère, en un lieu donné, et pendant une période donnée. On y retrouve notamment les températures, l’humidité, l’ensoleillement, le vent, les précipitations, la nébulosité, … » (Dictionnaire Larousse). Dans la théorie, le globe est découpé en trois grandes zones climatiques, qui correspondent aux latitudes polaires, aux latitudes moyennes et finalement aux latitudes tropicales. Ces grandes catégories de climats sont elles-mêmes redécoupées en sous-ensembles correspondant à des types de spécificités (Besancenot, 1999, p.75). 1.2. Caractéristiques Le climat est une réelle ressource et richesse naturelle pour le tourisme qui comporte certaines particularités (Besancenot, 1999, p.15) : - Tout d’abord, il est « permanent et renouvelable ». En effet, le climat est un élément qui n’est pas entamé par la consommation touristique. L’homme n’a pas la possibilité d’influer sur les conditions climatiques et celles-ci ne peuvent être ni modifiées ni détruites de par leurs utilisations. En outre, le climat est une ressource inépuisable. 32 - Le climat est « inégalement réparti » : Il s’agit d’une richesse diversifiée et inégalement répartie sur l’ensemble du globe, avec la présence d’une multitude de climats différents, mais elle est aussi soumise à de grandes variations temporelles au sein même d’une zone, avec des inégalités journalières, inter-saisonnières et inter-annuelles. - Finalement le climat est « ni transportable, ni stockable ». Pour pouvoir profiter d’un climat spécifique et de ses conditions, il n’existe pas d’autre solution, pour le touriste, que de se déplacer dans le lieu concerné au moment opportun. Néanmoins, nous verrons que cette dernière particularité peut être remise en cause car le tourisme hors-sol climatique essaye justement de travailler sur l’exportation d’un climat, en dehors de son environnement habituel à travers la reproduction de ce dernier. 2. Importance du climat pour le tourisme 2.1. Une activité née pour la recherche d’un climat 2.1.1. Les premiers déplacements à motivation climatique Des la première moitié du 18e siècle, les aristocrates Anglais inventent les stations thermales et balnéaires : c’est la naissance de la saison estivale aristocratique (Boyer, 2008, p.79) et l’on voit se développer notamment les stations de Bath et Brighton au Sud de l’Angleterre. Les déplacements des visiteurs se font dans un but thérapeutique et médical avec notamment les bains océaniques. Cela marque la première approche de l’espace océanique : avant ce dernier n’avait aucun attrait et provoquait même une répulsion : l’effroi laisse place à l’attrait (Corbin, 1988, p.12). A partir de la fin du 18e siècle, cette population bourgeoise commence à venir sur les côtes Méditerranéennes Françaises, à cause de conditions climatiques trop rigoureuses apparues dans le Sud de l’Angleterre : Ils viennent donc passer la saison d’hiver sur la Côte d’Azur, de Cannes à Menton, où l’ensoleillement y est remarquable (plus de 2000 heures par an) et les températures douces (7° en moyenne en Janvier) (Lozato-Giotart, 2003, p.61). Ce sont les premiers déplacements pouvant être caractérisés de flux touristiques liés au climat, dans un 33 but hédoniste. Très vite de nombreuses stations mondaines sont créées sur d’autres littoraux tels que les côtes du Sud Ouest de la France, la Riviera italienne ou en Espagne, et accueillent des aristocrates de plus en plus nombreux. Puis, dès que le printemps et les températures un peu élevées arrivent, ces villégiateurs quittent le littoral pour se réfugier dans les stations de moyennes ou hautes montagnes (Chamonix, Saint Gervais les Bains, Saint Moritz,…). L’attrait pour la montagne se développe en parallèle des littoraux, mais apparaît à la même époque. (Besancenot, 1999, p.12) : Le système de migration saisonnière est mise en place. Ainsi dès les premiers débuts du tourisme, le facteur climatique influence et rythme les mouvements et les destinations. 2.1.2. Le soleil : un attrait majeur A partir de 1918, après la Première Guerre Mondiale, l’attrait pour le soleil commence à apparaître. Alors que depuis deux siècles, les villégiateurs se cachent soigneusement du soleil, cela est remis en cause grâce aux peintres et écrivains de l’époque qui valorisent dans leur art le soleil et les corps bronzés. La plage trouve donc son utilisation, l’activité de bronzage se développe et la haute société commence à rester au bord de la Méditerranée même en été. En effet, c’est la naissance de la villégiature élitiste du soleil (Hoerner, 1997, p.23). Dans les années 1950, on voit apparaître une explosion de la villégiature du soleil qui coïncide avec le début du tourisme de masse. En réponse à une envolée de l’économie pendant la période des Trente Glorieuses et le développement des transports, les pratiques touristiques se démocratisent et les rythmes saisonniers du tourisme élitiste sont submergés de touristes : C’est le début du tourisme de masse (Boyer, 2005, p.276) avec le concept des 3S (Sea, Sand ans Sun) qui évoque la diffusion de l’attrait du soleil. 2.2. Elément d’importance majeure 2.2.1. Une motivation principale pour les touristes « Le climat et toutes ses composantes n’ont jamais cessé d’exercer un rôle direct et souvent déterminant sur la vie et les activités touristiques » (Lozato-Giotart, 2003, p.61) et l’activité touristique ne fait pas exception. Le climat est un facteur 34 qui peut expliquer une grande partie de la répartition des flux et des bassins touristiques. Le climat est un attrait de premier ordre, surtout pour les activités touristiques qui ne se basent que sur ses conditions comme les sports d’hiver ou le tourisme balnéaire. Mais même pour les formes de tourisme ne nécessitant pas d’un climat spécifique, un bon climat est toujours apprécié et est considéré comme un bonus par le visiteur (Lozato-Giotart, 2003, p. 64). La réussite ou l’échec des vacances des individus reste souvent dû aux bonnes ou aux mauvaises conditions climatiques. Le climat pèse dans le choix de la destination, mais aussi sur la décision de partir en vacances ou non, et sur les activités touristiques réalisées sur place23. Dans nos sociétés actuelles, les conditions climatiques recherchées sont souvent l’ensoleillement et la chaleur. Depuis la deuxième moitié du 20 e siècle, la course vers le soleil sur les littoraux, initialement engagée par l’aristocratie européenne n’a pas disparue. D’après l’INSEE, actuellement, près de la moitié des touristes français passent toutes leurs vacances d’été à la mer ou au moins dans une région littorale : L’héliotropisme joue un rôle majeur dans la fréquentation touristique. 23 TEC-CREDOC. Climat météorologie et fréquentation touristiques, 2009, p.45 [En ligne]. Disponible sur l’adresse : <http://www.tourisme.gouv.fr/stat_etudes/etudes/demande/climattourisme.pdf> (Consulté le 04-01-2012) 35 Figure 4 : Critères déterminants pour le choix de la destination : Sources : CREDOC-TEC24 Le climat n’apparaît donc qu’en quatrième position des motivations touristiques, précédé par le coût du voyage, les paysages et la découverte d’un nouveau lieu. Néanmoins 43% des personnes interrogées sont sensibles au climat quant au choix de la destination. Ainsi le climat et la situation géographique sont des facteurs prédominants dans la répartition spatiale du tourisme mondial, même s’ils ne peuvent pas forcément être un facteur d’attrait suffisant pour certaines activités ou formes de tourisme. 24 TEC-CREDOC. Climat météorologie et fréquentation touristiques, 2009, p.67. [En ligne]. Disponible sur l’adresse : <http://www.tourisme.gouv.fr/stat_etudes/etudes/demande/climattourisme.pdf> (Consulté le 04-01-2012) (Selon enquête avec échantillon de 1643 internautes, trois choix possibles) 36 2.2.2 Recherche d’un climat idéal Selon les types de tourisme pratiqués et les personnes, la recherche de l’ « idéal climatique » (Besancenot, 1999, p.26) diffère, mais il existe néanmoins certaines exigences communes : - L’ « agrément » est l’une des composantes essentielles d’un climat idéal. L’ensoleillement est l’élément principal de la sensation de contentement qui : il est déterminant pour l’humeur. Les rayons du soleil ont des bienfaits sur l’humeur, la vitalité et sont dynamisant : ils participent au bien-être du visiteur. De plus, l’absence de précipitations participe, elle aussi, largement à l’agrément : il s’agit ici, non pas de la quantité de pluie tombée mais plutôt de la fréquence et la durée des précipitations. C’est un des éléments du climat qui perturbe le plus l’activité touristique et donne une sensation de vacances ratées. - La « sécurité » est indispensable à l’idéal climatique. Il n’est pas difficile de comprendre que l’activité touristique ne peut pas être compatible avec le risque élevé de catastrophes naturelles, susceptibles de compromettre les biens et la vie des visiteurs. En effet, certains espaces trop sujets aux catastrophes (cyclones, tremblements de terre, …) de ce type se trouvent être écartés des principales destinations touristiques. 25 - Finalement, « le confort et la santé » sont les derniers éléments à composer l’idéal climatique. Il s’agit ici, du repos du corps dans de bonnes conditions sans lui infliger d’agressions extérieurs et de trop gros efforts pour sa stabilité. L’individu doit pouvoir bénéficier d’un confort thermique, c’est-à-dire d’une température extérieure qui n’éprouve pas le corps et certain, d’un confort hydrique, c’est-à-dire de la présence suffisante d’oxygène, ce qui peut parfois être problématique en haute altitude. 2.2.3. L’imaginaire climatique La recherche d’un climat pour le touriste est largement impulsée par la représentation qu’il s’en fait. « Le climat prend sa pleine valeur de produit 25 Jean-Paul CERON (CIRED). Tourisme et changement climatique : Impacts potentiels du changement climatique en France au 21e siècle. 2000, p.2 [En ligne]. Disponible sur : <http://www.clean-auto.com/IMG/article_PDF/article_449.pdf> (Consulté le 16-12-2012) 37 touristique qu’une fois investi d’une forte dimension symbolique » (Besancenot, 1999, p.17). Le touriste ne va pas vers les choses mais plutôt vers l’image qu’il s’en procure à travers les différents moyens de communication utilisés par les acteurs du tourisme et en fonction des stéréotypes collectifs acquis. Le climat est souvent idéalisé à travers des préjugés favorables : il s’agit d’une vision idéalisée. (Lozato-Giotart, 2003, p.185). C’est davantage l’image du climat qui attire les touristes plutôt que sa réalité, ce qui peut provoquer des déceptions lors du voyage : Les différentes représentations de climat évoquent des destinations de rêves et idylliques. L’un des meilleurs exemples, tient dans la représentation du climat en milieux tropicaux, lieux représentés comme étant paradisiaques, où le climat s’attend idéal et propice à bénéficier toute l’année de chaleur et de soleil. Pourtant dans la réalité, il n’en va pas de même : en effet, l’humidité, les couvertures nuageuses y sont très importantes ainsi que des précipitations violentes à une certaine période, même s’il ne faut pas écarter les atouts incontestables du climat de ces destinations (Bachimon, in Amirou et Bachimon, 2000, p.128). 3. Des contraintes engendrées pour le touriste 3.1. Les risques physique Le climat implique parfois des risques physiques pour le visiteur. Tout d’abord, les catastrophes naturelles peuvent remettre en cause la sécurité de ce dernier et les tempêtes, inondations, cyclones ne sont pas forcément prévisibles et touchent les lieux touristiques. Le caractère même de la localisation des lieux touristiques a tendance à majorer les risques liées aux conditions climatiques (Besancenot, 1999, p.27). En effet, les touristes s’installent le plus souvent dans des endroits particulièrement sujets aux aléas naturels, notamment à proximité des littoraux, des lacs ou des rivières, et s’exposent, de par cette localisation, à devenir les premières victimes en cas de catastrophes. De plus, ils utilisent parfois des structures d’hébergement peu résistantes, c’est par exemple le cas pour les campings et le caravaning. Ainsi, on comprend que l’implantation de l’activité touristique est un élément essentiel à prendre en compte lors de la mise en tourisme et de l’aménagement d’un espace. 38 De plus, les risques physiques des touristes liés aux climats peuvent être aussi dus à des risques climato-pathologiques majeurs. La transplantation trop brutale d’un climat à un autre peut mettre en danger les individus en provoquant un choc important (Lozato-Giotart, 2003, p.62). En présence de différences climatiques importantes et de temps excessifs, le déplacement touristique peut provoquer un effort trop important pour l’individu et mettre sa condition physique en danger 26. 3.2. Une forte saisonnalité « Le tourisme est né saisonnier, c’est en quelque sorte sont péché originel » (Boyer, 2005, p.57). A travers cette phrase, l’auteur évoque le fait que, jusqu’au 19e siècle, les flux touristiques étaient rythmés par la saisonnalité, et qu’il n’était pas envisageable, pour les aristocrates de pratiquer le tourisme en contre-saison et de partir passer l’été dans le sud par exemple, justement pour des questions climatiques. On a vu que cette tendance s’est progressivement modifiée voir inversée, mais pourtant le climat continue à conditionner le rythme de fréquentation des flux et crée une saisonnalité des activités touristiques : le tourisme est donc né saisonnier et conserve ce caractère. Le climat est vu comme le principal responsable de la saisonnalité de l’activité touristique (Besancenot, 1999, p.18). En effet, à certaine période de l’année le climat rend les lieux d’accueils impraticables aux touristes. C’est par exemple le cas du certains pays qui doivent subir les contraintes des moussons aux mois de Mai et Juin : ce phénomène climatique met fin à la période touristique. De plus, pour les espaces destinés à une forme de tourisme spécifique comme les espaces balnéaires ou les espaces destinés aux sports d’hiver, le climat n’y est souvent pas propice toute l’année et les lieux subissent une saisonnalité. Ainsi, le climat n’étant le plus souvent pas linéaire et uniforme sur l’année au sein même d’un espace, certaines périodes deviennent défavorables à l’accueil des clients sur certaines destinations. 26 Jean-Paul CERON (CIRED). Tourisme et changement climatique : Impacts potentiels du changement climatique en France au 21e siècle. 2000, p.2 [En ligne]. Disponible sur : <http://www.clean-auto.com/IMG/article_PDF/article_449.pdf> (Consulté le 16-12-2012) 39 3.3. Un facteur imprévisible L’un des caractères majeur du climat est d’être imprévisible et changeant. Il existe une variabilité du temps suivant les années et il reste impossible de garantir aux visiteurs la présence d’un climat idéal, même durant la saison la plus propice. Il n’est pas exclut, par exemple, de trouver des hivers sans enneigement ou des étés maussades ou au contraire caniculaires en Europe. Le climat constitue donc un risque important pour l’activité touristique, lorsque le climat n’est pas favorable, on constate une répercussion évidente sur les taux de fréquentations qui sont en chute, et cela se retrouve évidemment sur le revenu de l’activité pour la saison (Besancenot, 1990, p.19). Ce risque est d’autant plus important pour les régions qui ont misés sur des formes de tourisme nécessitant des conditions climatiques spécifiques et essentielles 27: Les formes de tourisme les plus touchées sont forcément celles proposant des activités de plein air, notamment les espaces balnéaires ou montagnards contrairement aux formes de tourisme culturelles. Figure 5 : Les principaux facteurs imprévisibles pouvant nuire à la réussite des vacances : Sources : CREDOC-TEC28 27 TEC-CREDOC. Climat météorologie et fréquentation touristiques, 2009, p.46. [En ligne]. Disponible sur l’adresse :<http://www.tourisme.gouv.fr/stat_etudes/etudes/demande/climattourisme.pdf> (Consulté le 04-01-2012). 28 TEC-CREDOC. Climat météorologie et fréquentation touristiques, 2009, p.64 [En ligne]. Disponible sur l’adresse :<http://www.tourisme.gouv.fr/stat_etudes/etudes/demande/climattourisme.pdf> (Consulté le 04-01-2012). 40 Ainsi, on comprend que le climat demeure un élément essentiel dans l’activité touristique. En effet, à lui seul, il peut expliquer en grande partie l’organisation des flux touristiques à travers le monde. De plus, il est la motivation principale des premiers départs et de la naissance du tourisme. Actuellement encore, le climat garde une place très importante dans le choix de la destination et reste un facteur majeur de réussite ou d’échec des vacances des touristes. Néanmoins, il implique, en même temps, de fortes contraintes sur l’activité, notamment à travers une saisonnalité qu’il engendre, ainsi qu’un risque physique pour les touristes et finalement une forte incertitude due à son imprévisibilité. Selon enquête échantillon de 1643 internautes, trois choix possibles. 41 CHAPITRE 4 : LE TOURISME HORS-SOL CLIMATIQUE Après la réflexion déroulée à travers les trois chapitres précédents, nous arrivons en dernière partie à la qualification de la forme de tourisme qui nous intéresse initialement. Nous allons chercher, ici à trouver une définition pouvant s’appliquer aux structures hors-sol dont l’offre principale repose sur de la possibilité, pour les visiteurs, de jouir d’un climat qui n’est pas celui du lieu d’implantation et qui a été artificiellement reconstitué. Après avoir proposé une définition de ce type de tourisme et recensé les types de structures correspondantes, nous avons explicité les techniques très spécifiques nécessaires à sa mise en œuvre et les lieux propices à de telles implantations. 1. Qu’est que le tourisme hors-sol climatique 1.1. Des produits bien spécifiques 1.1.1. Proposition d’une définition Le « tourisme hors-sol climatique » est l’expression que nous avons choisie ici pour définir les produits hors-sol qui utilisent le climat comme attraits et thèmes principaux : On pourrait aussi le qualifier de « Tourisme sous bulle ». Il s’agit donc d’un sous ensemble du tourisme hors-sol, comprenant des structures touristiques construites à partir de rien, totalement déconnectées de leurs lieux d’implantation et qui s’attachent à proposer à ses clients une offre principalement basée sur un climat autre que celui de la région artificiellement reconstitué. On comprend donc qu’en plus d’être déconnecté du territoire d’accueil, ce type de produit a su maîtriser et même trouver le contre pied des contraintes, notamment climatiques, du site d’accueil en recréant au sein d’un endroit clos les conditions d’un autre site. Les structures correspondantes sont conçues grâce à « la transplantation dans la zone d’émission touristique, hors de leur environnement naturel, d’objets ou de pratiques évoquant le paysage et plus généralement l’ambiance du territoire » (Bachimon, in Amirou et Bachimon, 2000, p.56). 42 1.1.2. Les premières structures La première structure de tourisme hors-sol s’appuyant principalement sur l’importation et l’implantation d’un climat spécifique est ouverte en 1980 à proximité d’Amsterdam aux Pays-Bas. Il s’agit du premier village de l’entreprise néerlandaise « Center Parcs » créé 12 ans plus tôt. Ce complexe hôtelier comprend au centre du domaine un espace couvert consacré à la baignade qui tend à recréer l’ambiance de l’univers balnéaire des pays tropicaux. Un an plus tard, un nouveau village du même type sera inauguré en Belgique29. En 1985, le Club Med développe le même concept à Vienne en Autriche avec son hôtel-club « City Club ». En plus des activités habituellement attendues se trouve une pyramide en verre chauffée occupant plus de 4000m² au sol, à laquelle s’associent un jardin tropical et plusieurs piscines. D’après la publicité réalisée lors de l’ouverture de la structure, sa promotion repose largement sur ce concept, en le comparant la structure à un lieu tropical : « Climat des mers du Sud sous une pyramide de verre, hôtel 5 étoiles et complexe sportif, les tropiques dans la capitale de la musique, c’est le City Club de Vienne »30 Il faudra attendre une dizaine années après l’invention de ces « bulles tropicales » pour voir les acteurs du tourisme mettre les climats montagnards sous bulles. 1.2. Typologie 1.2.1. Bulle tropicale La bulle tropicale est une structure fermée, qui s’attache à proposer à ses clients une offre reconstituant artificiellement un climat subtropical grâce à des techniques telles que le chauffage des lieux à 29° en permanence et préconise comme activité principale l’accès à un monde aquatique consacré à la baignade et à la plage (Urbain, 1996, p.359). Il s’agit le plus souvent de complexes hôteliers ou de résidences proposant le logement des visiteurs sur les lieux et apportant différents services annexes 29 Groupe Pierre et Vacances Center Parcs. Historique[En ligne]. Disponible sur : <http://groupe.pierreetvacances.com/historique.php> (Consulté le 20-10-2012) 30 Club méditerranée. Vidéo publicité promotionnelle Club Med City Club : Club de vacances, 1985. Disponible sur : http://www.ina.fr/economie-et-societe/vieeconomique/video/PUB3784090044/club-med-mediterranee-city-club-vienna-club-devacances.fr.html (Consulté le 27-02-2012) 43 comme la présence possible de restaurants, de bars, de magasins, d’activités secondaires ou encore d’animations. Figure 6 : Bulle tropicale : Tropic Island (Allemagne) Source : 31 On retrouve ces complexes dans les pays suivants (Annexe 2): - la France32 - la Belgique - les Pays-Bas - l’Allemagne - l’Angleterre - Autriche33 1.2.2. Centres de ski indoor Le centre de ski indoor est une structure qui propose, à titre payant, des activités sportives axées sur les sports d’hiver : On y retrouve des pistes de ski intérieures avec de la neige générée à l’aide de canons. Ce sont des lieux artificiels, fermés, 31 Tropic Island Resort. Descriptif. [En ligne]. Disponible sur : <http://www.tropicalislands.de/en/visitors/shows.html> (Consulté le 03-12-2011) 32 Center Parcs. Nos domaines [En ligne]. Disponible sur : <http://www.centerparcs.fr/FR/FR/domaines> (Consulté le 06-10-2011) 33 Club méditerranée. Vidéo publicité promotionnelle Club Med City Club : Club de vacances, 1985. Disponible sur : http://www.ina.fr/economie-et-societe/vieeconomique/video/PUB3784090044/club-med-mediterranee-city-club-vienna-club-devacances.fr.html (Consulté le 27-02-2012) 44 qui tendent à recréer une ambiance propice à suggérer aux mieux l’univers de la montagne. On y retrouve aussi d’autres prestations annexes comme la restauration, des magasins ou parfois l’hébergement. (Curt-Comte, 2002, p.37) La première de ces structures a vu le jour en Australie en 1987 sous le nom de « Snow Dome » mais a été fermée en 2005 à cause des coûts d’exploitation très élevés34. Figure 7 : Centre de ski Indoor (Dubaï) Source 35: Ces centres de ski indoor se retrouvent actuellement dans différents pays du monde entier, même si la moitié d’entre eux se trouvent implantés en Europe. Les pays concernés sont (Curt-Comte, 2002, p.37) (Annexe 1) : - la France - les Pays-Bas - la Thaïlande - le Royaume-Uni - l’Allemagne - la Malaise - la Belgique - l’Espagne - Singapour - le Luxembourg - les Etats-Unis - l’Inde - la Finlande - le Japon - la Chine - Danemark - l’Indonésie - l’Afrique du Sud - Ecosse - Dubaï - Nouvelle-Zélande - Corée du sud - Lituanie 34 Dictionnaire du tourisme en ligne. Ski intérieur. [En ligne] Disponible sur : <http://dictionnaire.sensagent.com/PISTE%20DE%20SKI%20INTERIEURE/fr-fr/> (Consulté le 2301-2012) 35 Ski Dubaï. Centre de Ski Dubaï, Emirats. [En ligne] Disponible sur : <http://www.skidubai.com/ski-dubai/ski-a-dubai/> (Consulté le 24-01-2012) 45 1.3. Une forme de tourisme ou de loisir ? Il est possible de se demander si ces différentes structures s’intègrent plus dans la pratique de loisirs ou de tourisme. Après avoir défini, dans le premier chapitre, le phénomène touristique, nous allons voir en quoi il se différencie du loisir. Les loisirs sont l’ensemble des « pratiques développées pendant le temps hors travail, dédiées à la seule recréation, une fois accomplies les activités contraignantes. Elles peuvent se développer dans l’espace quotidien (maison, quartier, environnement proche), à la différence du tourisme qui se déploie dans un espace temps hors du quotidien » (Stock, 2003, p.286). A travers cette définition, on comprend que l’élément principal de différenciation entre le tourisme et le loisir est : la quotidienneté ou non des lieux visités. En effet, les loisirs sont pratiqués de façon habituelle ou routinière dans le temps: c’est la fréquence régulière des visites en un même lieu qui permet de distinguer les pratiques de loisirs. On pratique du loisir lorsque l’on va dans un lieu que l’on peut qualifier de familier. En ce qui concerne le tourisme hors-sol climatique, la rupture avec le quotidien semble respectée. En effet, lors de la réalisation de l’ambiance intérieure des structures, tout est mis en œuvre pour pouvoir créer une rupture avec le quotidien des visiteurs afin que ces derniers puissent, même s’ils viennent d’un endroit proche, se sentir ailleurs et pouvoir être dépaysés. La fréquentation de ces structures est engendrée par un déplacement choisi, hors-du quotidien, dans un but récréatif et pour une période déterminée, qu’il s’agisse d’un séjour ou d’une après midi : On comprend donc que ces structures impliquent donc des activités touristiques. Néanmoins, dans certains cas bien précis, la fréquentation de ces dernières peut être qualifiée de pratique de loisirs. En effet, qu’il s’agisse des bulles tropicales ou des centres de ski indoor, les visiteurs ont la possibilité de venir seulement à la journée, et dans le cas où une clientèle de proximité y instaure des visites répétées et habituelles, au même titre que la piscine ou le bowling, on peut considérer ces structures comme des complexes proposant la pratiques de loisirs. Ainsi les différentes structures de hors-sol climatiques sont des espaces mixtes s’intégrant à la fois dans l’activité touristique pour les séjours et les excursionnistes, et dans les pratiques de loisirs même, pour les habitants de 46 proximité utilisant ces structures à intervalles rapprochés. Néanmoins, l’activité touristique de ces complexes reste prédominante. 2. Les techniques utilisées 2.1. Processus d’artificialisme 2.1.1. Un lieu artificiel Le tourisme hors-sol climatique fait partie de lieux touristiques fondés sur la représentation d’un monde et d’une atmosphère. Ce concept consiste en la mise en scène d’un climat grâce à un processus d’artificialisation (Furt et Michel, 2006, p.19) : le but étant de recréer une image d’un autre lieu grâce à l’imaginaire que les touristes s’en font36. Contrairement à d’autres formes de tourisme hors-sol, celle-ci à bien besoin d’une identité pour fonctionner, mais il s’agit de celle d’un autre territoire : l’identité du territoire d’implantation est effacée. Des efforts sont donc nécessaires pour arriver à transformer un lieu vide et aseptisé en un lieu en un lieu porteur d’une identité : il faut mettre à profit les images et stéréotypes touristiques pour que les visiteurs puissent appréhender et comprendre les lieux dans lesquels ils se trouvent. La destination créée pour le visiteur doit présenter des caractéristiques clairement identifiables, d’autant plus dans ce cas précis où l’identité du lieu reste à reconstruire37. 2.1.2. Imitation d’un climat et réduction des risques L’un des principaux éléments de la mise en scène de l’espace repose sur l’imitation d’un climat spécifique. Il peut s’agir de climat tropical ou méditerranéen pour les bulles tropicales avec pour principaux éléments la température qui sera maintenue à 29° en permanence et la reconstitution d’un espace de baignade à l’aide d’un complexe aquatique 36 B. AUVREY, Intérêt de la sociologie pour la géographie du tourisme, Doctoriales du tourisme, 2008, p.1 [En ligne]. Disponible sur : <http://hal.archivesouvertes.fr/docs/00/48/30/18/PDF/Article_AUVRAY.pdf> (Consulté le 25-01-2012) 37 Etienne PAUCHANT. Le premier sommet 1-3 décembre 1999, p.1 [En ligne]. Disponible sur :<http://www.sommets-tourisme.org/f/sommetsG/premier-sommet/actes/pauchant.html> (Consulté de 12-12-2011) 47 avec une eau relativement chaude et parfois même la présence d’une plage de sable artificielle (Augé, in Dreyfus-Signoles, 2002, p.212). Pour les centres de ski indoor, on trouvera la reproduction d’un climat montagnard principalement axé sur la présence de neige crée à l’aide de canon et maintenue grâce des températures toujours inférieur à 4° (Curt- Comte, 2002, p.38). Mais ces structures ne se contentent pas d’imiter un climat, elles permettent aussi de réduire les risques liés à ce dernier, développés dans le chapitre précédent, par rapport à leur endroit d’origine. Tout d’abord, elles assurent aux visiteurs les conditions climatiques idéales quelque soit la période de l’année (avec la présence de neige ou la possibilité de baignade) et remédient au caractère imprévisible du climat. Ces formes de structures se nourrissent même des mauvaises conditions climatiques du pays d’accueil car quand des imprévus empêchent ces pratiques, elles connaissent une fréquentation d’autant plus importante. (Curt-Compte, 2002, p.76). De plus, le tourisme sous bulle garantit une sécurité optimum, en effaçant les risques liés aux catastrophes naturelles comme les tempêtes ou avalanches en montagnes ou les vents violents, inondations ou cyclones sur les côtes (Urbain, 1996, p.360). Ces structures de tourisme hors-sol climatique peuvent être considérées comme la création d’un microclimat (Urbain, 1996, 360) dans le sens où intervient une notion de confinement et que l’on se trouve en présence d’un isolement assez poussé et d’une subordination moindre aux conditions qui règnent alentours. Les éléments du climat ont été maîtrisés (Besancenot, 1990, p.181). Néanmoins, l’imitation de ce climat ne peut être totale. En effet, seul l’ensoleillement ne peut pas être reproduit et reste un attrait capital pour les départs (Lozato-Giotart, 2003, p.61). Avec des techniques de lumière il sera possible de recréer un ensoleillement, mais les effets sur le corps ne seront pas reproduits et il ne sera pas possible de bronzer durant son séjour. C’est un élément qui pourra faire défaut à ces types de structures, car le bronzage est l’un des facteurs majeurs qui conditionnent les flux touristiques. Cela reste vrai pour n’importe quelles formes de tourisme, mais l’est encore plus lors des départs balnéaires ou pour le ski représentés par le tourisme hors-sol climatique. Le 48 bronzage permet de valoriser ses vacances, de montrer que l’on est parti, c’est une forme de reconnaissance sociale38. 2.1.3. L’importance d’un décor Le décor est un des éléments essentiels de ces structures qui permet la valorisation, la mise en scène, la qualification et la thématisation du lieu 39 : en d’autre terme, le décor devient un outil pour donner l’identité souhaitée au lieu. Il s’agit d’utiliser des marqueurs spatiaux (Rieucau et Lageiste, 2006, p. 12) pour faire ressortir des évidences à partir d’objets évoquant un lieu géographique. Le but est ici de fournir des informations sur la spécificité du lieu imité, en mettant en évidence des signes distinctifs pour celui qui l’aborde. Le décor permet de modeler les lieux pour leur donner une spécificité que le touriste doit pouvoir identifier, il faut qu’il puisse comprendre le lieu dans lequel il trouve. L’un des éléments du décor les plus importants se trouve être la végétation, car sa présence est inséparable de l’image que se fait le touriste d’une destination (Lozato-Giotart, 2003, p.53). La végétation reste chargée de symboles liés au lieu d’accueil touristique. Les idéaux et stéréotypes auxquelles les touristes associent les lieux touristes sont principalement dus au paysage : c’est un élément essentiel dans la représentation qui permet de se faire une image mentale de la destination (Bachimon, in Amirou et Bachimon, 2000, p.51). Ainsi, pour les bulles tropicales, tout sera mis en œuvre pour que le touriste s’imagine être au bord d’une plage sous les tropiques, d’abord avec la présence de végétation, de palmiers et cocotiers, mais aussi souvent à travers la faune avec la présence de poissons exotiques, perroquets (Dreyfus-Signoles, 2002, 197). Pour les centres de ski indoor, on trouvera évidemment la neige (Curt-Comte, 2002, p.76) qui est essentielle pour l’activité mais aussi l’implantation d’arbres et de sapins et surtout la reproduction de chalets typiques en guise de restaurants et de magasins. 38 TORRENTE Pierre. Stratégie du développement touristique. Cours de Master 1 MIT, département CETIA Université de Toulouse 2, 2012. 39 Etienne PAUCHANT. Le premier sommet 1-3 décembre 1999, p.3 [En ligne]. Disponible sur :<http://www.sommets-tourisme.org/f/sommetsG/premier-sommet/actes/pauchant.html> (Consulté de 12-12-2011) 49 2.2. Un produit sous dôme 2.2.1. Utilisation d’un espace clos Pour permettre la reconstitution d’un climat, l’espace doit obligatoirement être fermé sur l’extérieur et des techniques sont misent en œuvre pour assurer l’étanchéité du lieu (Lozato-Giotart, p.183). Le technique la plus souvent utilisée reste l’utilisation d’une architecture en verre, le plus souvent sous la forme de cloche, d’où le nom de tourisme sous bulle. Mais on peut aussi retrouver ces offres dans des endroits tels que des hangars ou des bâtiments, notamment pour les centres de ski indoor. Selon les cas, le dôme peut ne renfermer que certains services (avec obligatoirement la piscine ou les pistes) ou l’ensemble de la structure. La structure bénéficiant du dôme le plus vaste est la bulle tropicale Tropic Island Resort situé à coté de Berlin. L’ensemble de ses services se situe à l’intérieur d’un grand hangar mesurant plus de 66 000 m² et récréant une ambiance tropicale40. La réalisation de telles structures reste possible grâce à des connaissances toujours plus poussées en architecture, de nouvelles techniques permettent des ossatures de grandes portées, avec une possibilité d’obtenir de grandes ouvertures sur l’extérieur. Certains de ces dômes sont construits tout en verre et d’autres peuvent intégralement s’ouvrir pour profiter du soleil lorsqu’il est présent41. 40 Tropic Island Resort. Descriptif. [En ligne]. Disponible sur : <http://www.tropicalislands.de/en/visitors/shows.html> (Consulté le 03-12-2011) 41 Etienne PAUCHANT. Le premier sommet 1-3 décembre 1999, p.3 [En ligne]. Disponible sur :<http://www.sommets-tourisme.org/f/sommetsG/premier-sommet/actes/pauchant.html> (Consulté de 12-12-2011) 50 Figure 8 : Dôme de Tropic Island (Allemagne) Source : 42 2.2.2. Un produit innovant et moderne Ce concept de tourisme sous bulle peut être vu comme une réelle innovation au sein de l’offre touristique. En effet, on peut voir cela comme « un processus qui consiste à intégrer dans un produit, un service, un procédé, des éléments nouveaux dans le but d’établir des contributions économiques nouvelles » (Kalfon, 2009, p.27). Ici le fait d’imiter un climat et de proposer des activités, qui ne peuvent normalement pas l’être sur le territoire initial, par l’intermédiaire d’une structure spécifique est une réelle innovation de nature technologique, qui permet de répondre aux besoins du marché tout en bénéficiant d’avantages compétitifs. 3. Une implantation spécifique 3.1. Une localisation basée sur le potentiel de clientèle 3.1.1. Implantation dans les pays industrialisés. Comme on peut le voir d’après la typologie des structures hors-sol climatiques, elles sont principalement implantées dans les trois principales zones les plus impliquées dans les flux touristiques : qui sont comme nous l’avons vu dans le 42 Tropic Island Resort. Descriptif. [En ligne]. Disponible sur : <http://www.tropicalislands.de/en/visitors/shows.html> (Consulté le 03-12-2011) 51 premier chapitre les bassins d’Europe de l’Ouest, d’Amérique du Nord et d’Asie Orientale et Pacifique. Les acteurs ont bien compris l’enjeu du choix de l’implantation et ces espaces stratégiques leur permettent de bénéficier d’une clientèle nationale importante avec des revenus relativement élevés, tout en attirant en même temps les nombreux touristes, venus séjourner sur la zone puisqu’il s’agit en même temps des principales régions d’accueil. 3.1.2. Au sein des grands foyers urbains Totalement déconnectées des les territoires sur lesquels elles se trouvent, ces structures de tourisme hors-sol climatiques ont donc toutes libertés pour choisir le lieu dans lequel elles vont s’installer. Dans ce cas, c’est moins l’environnement du lieu d’implantation que la proximité des clientèles qui prime. L’implantation doit donc être mûrement réfléchie (Michel, 1998, p.350) En effet, un bon concept ne suffit pas, il faut aussi s’assurer que les clients potentiels soient assez nombreux. D’après Daniel Mougeotte, ancien directeur délégué de Center Parcs France, « Un potentiel de 5 millions d’habitants à moins de trois heures de voiture est indispensable »43. Ainsi, on comprend qu’il est nécessaire pour ses structures, de se trouver à proximité de grands foyers urbains, où une clientèle est présente avec un pouvoir d’achat assez élevé, comme nous l’avons vu dans le premier chapitre. Ces équipements fonctionnent grâce à une localisation en périphérie d’une forte concentration de population44. Pour ces formes de structures, le choix de l’implantation se fait donc plus par rapport à la proximité de la clientèle que par rapport à l’intérêt touristique su site. 43 Center Parcs des implantations murement réfléchies. [En ligne]. Disponible sur : <http://www.journaldunet.com/economie/services/center-parcs/implantations.shtml> (Consulté le 23-09-2011) 44 P. VIOLER, Les 3 T, le territoire, le touriste et le technicien, p.8 [En ligne]. Disponible sur : <eso.cnrs.fr/IMG/pdf/vp.pdf> (Consulté le 25-10-2012) 52 3.2. Dans des lieux climatiquement opposés Pour fonctionner et avoir un intérêt pour les visiteurs, l’offre de tourisme hors-sol climatique doit se situer dans un espace où le climat n’est pas représenté. Le but est d’inciter les individus à venir profiter de quelque chose qu’ils n’ont pas à proximité, il s’agit de pallier au manque de certains attraits naturels des régions (Boyer, 2005, p.317). Ainsi on retrouve les bulles tropicales principalement dans le Nord, où le climat reste peu propice aux séjours balnéaires : La bulle tropicale située le plus au sud du globe est Center Parcs Les Hauts de Bruyères implanté en Sologne au sud d’Orléans45. En ce qui concerne les centres de ski indoor plusieurs d’entre eux se trouvent dans des pays de l’hémisphère sud, où le climat n’est pas propice aux fortes les chutes de neiges. En ce qui concerne les centres ouverts en Europe, leurs implantations a été faite dans des lieux où l’altitude ne permet pas la présence de station de ski dans des pays où la clientèle des skieurs reste importante et expérimentée (Curt-Compte, 2002, p76). Même si en hiver certains d’entre eux préférons effectuer un trajet plus important pour trouver de vrais pistes de ski, en été ces centres ne trouveront plus de concurrence. Ainsi le tourisme hors-sol climatique, est l’appellation que nous avons choisi pour qualifier des structures appartenant à la catégorie du hors-sol mais, dont le concept principal est de pouvoir proposer à ses clients l’imitation d’un climat importé d’un autre espace du globe. Actuellement, on recence deux types de structures différentes de hors-climatique : les bulles tropicales tentant de reconstituer un climat tropical, et les complexes de ski indoor reconstituant l’espaces montagnard enneigé. Pour fonctionner ces sites passent par une « artificialisation » totale grâce à l’utilisation d’éléments de décor, la reconstitution des espaces et des éléments climatiques : l’ensemble est tenu confiné sous une large bulle qui assure son isolement d'avec avec le monde extérieur. 45 Center Parcs. Nos domaines [En ligne]. Disponible sur : <http://www.centerparcs.fr/FR/FR/domaines> (Consulté le 06-10-2011) 53 Cette première partie a donc été consacrée à la définition de concepts précis, nécessaires à la compréhension et à la qualification du tourisme hors-sol climatique. En effet, on comprend que ce dernier réunit les différents critères pour pouvoir être défini comme produit touristique. Il ressort que le tourisme sous bulle est une composante du tourisme hors-sol, offre totalement déconnectée du territoire, créée de toute pièce à partir de rien et pouvant donc être implanté dans n’importe quel lieu. Néanmoins, il possède la spécificité, d’avoir un concept principalement basé autour du climat, avec la reconstitution des conditions d’un autre milieu que le lieu d’accueil. Ces structures ont donc la possibilité de proposer à ces clients de bénéficier des espaces tropicaux ou montagnard à n’importe quel endroit sur la planète. Cela est rendu possible grâce à une technique d « ’artificialisation » dans le but de recréer fictivement des espaces à fort attraits touristiques, sous une immense bulle. Ainsi, il semble maintenant pertinent de se demander : En quoi le tourisme horssol climatique peut-il être envisagé comme une nouvelle forme de tourisme ? Il conviendra alors de savoir si les bulles tropicales et les complexes de ski indoor, à premier vue, de nature très différente, ne peuvent être assimilés à une même forme de tourisme, de par le concept principal et des techniques communes. De plus, nous tenterons de prouver que le tourisme hors-sol climatique peut être appréhendé comme une nouvelle forme de tourisme, dans le sens où il répond réellement aux attentes actuelles et précises du touriste d’aujourd’hui. 54 PARTIE II. LE TOURISME HORS-SOL CLIMATIQUE : UNE REPONSE AUX BESOINS ACTUELS DES TOURISTES 55 Dans cette deuxième partie, nous allons essayer de faire ressortir le caractère novateur du tourisme hors-sol climatique, en tentant de démontrer qu’il à été conçu de façon à répondre avec précision aux différentes attentes émergentes des touristes. En effet, nous émettrons l’hypothèse selon laquelle les produits sous bulles peuvent répondre à des besoins de plus en plus explicités par la demande touristique : en réaction à une nouvelle mobilité, aux besoins accrus de sécurité, à la nécessité d’un lieu en concordance avec l’imaginaire et finalement à la prise en compte de l’aspect de durabilité dans ce type l’activité. Ainsi, dans un premier chapitre, nous traiterons de la concordance des structures de hors-sol climatique, avec l’évolution de la mobilité des touristes qui a eu lieu ces dernières année, avec notamment l' émergence de la consommation de court-séjours, les trajets modérés, les périodes de villégiature minorées et fractionnées qu'elle implique à différents moments de l’année. Le deuxième chapitre, quant à lui, abordera les besoins sécuritaires toujours plus importants et presque omniprésents des clients lors de leurs départs en vacances dans cette forme de tourisme. En effet, nous émettrons l’hypothèse que ces structures ont élaborées de manière à procurer un maximum de sécurité à la fois physique, physiologique et morale aux touristes qui les fréquentent. Au troisième chapitre, notre réflexion nous conduira à débattre dans quelle mesure cette forme de tourisme joue sur la création d’un monde idéal pour le touriste : A travers une « artificialisation » plus axée sur les représentations que se font les clients des différents espaces imités que sur l’espace lui-même, la concordance entre le produit attendu et le produit consommé, et cela même si cette création de monde idéal fictif doit entraîner une remise en cause de l’exotisme du lieu. Finalement, dans le dernier chapitre nous soulignerons comment la notion de durable s'intègre dans l’offre de tourisme hors sol-climatique. En effet, même si, à première vue, ces structures ne semblent pas en concordance avec une activité touristique durable, nous émettons l’hypothèse qu'elles y répondent tout de même, notamment par, de nombreuses actions effectuées en faveur de l’environnement, un impact limité sur les populations résultat d'un fort isolement, et finalement, une baisse de l’utilisation des moyens de transport les plus polluants. 56 CHAPITRE 1 : UNE REPONSE A UNE NOUVELLE FORME DE MOBILITE On assiste, depuis le début du siècle, à un relâchement des contraintes du temps de travail dans la plupart des sociétés industrialisées. En effet, le temps mobilisé par le travail occupe de moins en moins de place dans la vie des individus. Cette nouvelle organisation se fait d’une manière spécifique et favorise le tourisme de court-séjours : une tendance que les acteurs du tourisme ont largement saisie. Nous verrons que le tourisme hors-sol climatique propose des produits en total concordance avec cette nouvelle mobilité, en répondant aux besoins de « partir plus près, moins loin, et sur l’ensemble de l’année ». 1. Un bouleversement de l’espace temps 1.1. Un nouveau découpage du temps Une diminution du temps travaillé Depuis un demi-siècle, le découpage entre le temps travaillé et le temps libre a connu des mutations importantes. En effet, le temps de travail a largement diminué au profit du temps non travaillé et notamment d’un temps disponible pour les individus pour partir en vacances. En effet, en 50 ans, on a pu assister à une accélération importante de la réduction de ce temps de travail qui a diminué d’environ 45%46. Même si l’augmentation du temps libre n’induira pas nécessairement une hausse du temps consacré au tourisme pour l’ensemble des individus, pour cause d’un manque de budget par exemple, une partie y sera quand même sensible. Cette diminution du temps de travail va modifier la façon de consommer les produits touristiques. Ainsi, la vie sociale, avant dominée par le rythme du travail, est aujourd’hui structurée par le temps libre, des loisirs et des vacances (Curvelier, 1998, p.55). 46 BESSIERE Jacinthe. Sociologie du tourisme : Le phénomène touristique Cours de Master 1 MIIT, département CETIA, Université de Toulouse 2, 2011. 57 1.1.2. Nouveau découpage de la journée Tout d’abord, l’organisation de la journée se modifie et connaît une baisse du temps du temps travaillé. C’est une tendance que l’on retrouve notamment à travers le passage aux 35 heures de travail par semaines depuis 2000 : cela donne aux travailleurs, le plus souvent, la possibilité d’obtenir certains après-midis de libres (Kalfon, 2009, p.64). Ce cas reste spécifique à la France, néanmoins la diminution du temps de travail journalier reste commune à l’ensemble des pays industrialisés. Cette évolution n’est pas réellement propice au développement du tourisme à proprement parler, mais donne la possibilité aux individus de partir sur une journée ou une demi-journée, dans le but de visiter des lieux relativement proches de leurs domiciles (Spindler, 2003, p.48). Ainsi, cette modification du temps de la journée développe les excursions. Les individus utilisent donc davantage les « ressources touristiques » des espaces de proximité. 1.1.3. Le temps de la semaine On assiste aussi, ces dernières années, à une évolution du temps sur l’ensemble de la semaine, avec un nouveau découpage entre le temps travaillé et non travaillé. Tout d’abord, on voit apparaître l’acquisition des week-ends (Spindler, 2003, p.49). Le dimanche fut accordé aux travailleurs en 1936, mais actuellement la plupart des Français disposent d’un week-end composé du samedi et du dimanche. Ce dégagement de temps, en fin de semaine, peut permettre aux individus d’effectuer des déplacements allant jusqu’à deux jours (Curvelier, 1998, p.55). Il s’agit là de séjours d’une durée relativement courte, avec une destination souvent plus proche du domicile. S’ajoute à ces fins de semaines, la possibilité d’obtenir quelques jours supplémentaires grâce aux RTT (réduction du temps de travail). Cela donne l’opportunité aux travailleurs d’effectuer des séjours légèrement plus longs qu’un week-end, pouvant aller jusqu’à 4 jours et 3 nuits sur la destination (Kalfon, 2009, p.44). 58 Ainsi, ce développement du temps libre axé sur la fin de semaine, engendre l’augmentation de déplacements touristiques de courtes durées, pouvant aller de deux à quatre jours, sur des destinations relativement proches et pouvant être pratiqués sur l’ensemble de l’année. La demande touristique devient plus flexible, avec des départs qui ne se concentrent plus uniquement sur les vacances mais peuvent être mieux répartis sur l’année. (Kalfon, 2009, p.64) 1.2. Allongement du temps de vacances 1.2.1. Une hausse des congés Début du siècle, on remarque que le travail prend une place de moins en moins importante dans nos société, et ce, notamment grâce la conquête du droit aux vacances dans la plupart des sociétés développées. En effet, les congés payés furent la première forme de temps libre accordé aux travailleurs : ils sont à l’origine de la démocratisation des vacances avec 12 jours ouvrables par an accordés en 1936 grâce à la victoire du Front Populaire (Michel, 1998, p. 337). A partir de cette période, le nombre de jours dégagés n’a fait qu’augmenter très rapidement: On passe de trois semaines de congés payés en 1956, à quatre semaines en 1969, pour arriver finalement à la situation actuelle de cinq semaines de congés payés accordés en 1981. (Curvelier, 1998, p.55). L’allongement du temps de vacances sur l’année, permet de développer l’activité touristique, tout en modifiant la façon dont les produits vont être consommés (Spindler, 2003, p.51). Il va permettre aux individus de bénéficier d’une plage de temps libre plus importante pour organiser les départs en vacances et donc d’alléger les contraintes quant au choix du moment pour partir. 1.2.2. Morcellement de la période de vacances Simultanément à l’allongement du temps de vacances, on assiste aussi à un fractionnement de cette période. En effet, ces différentes mutations sociales ont directement induits des modifications de comportement dans la façon de consommer les produits touristiques. Tout d’abord, l’apparition de la quatrième semaine de congés payés par an, a permis la naissance de vacances d’hiver, en plus des vacances d’été : C’est donc 59 à ce moment que l’on voit apparaître la première forme de segmentation du temps de loisirs pouvant être consacré aux vacances (Spindler, 2003, p.49). De plus, l’acquisition de la cinquième semaine de congés payés renforce ce phénomène de fractionnement des vacances, puisque la loi impose qu’elle soit prise séparément des quatre autres (Michel, 1998, p.337). Ainsi, on assiste à un morcellement de la période des vacances sur l’année qui va totalement modifier la fréquentation de l’activité touristique, à travers une répartition différente sur l’année et des départs plus étalés. (Kalfon, 2009, p.65). 2. Le court-séjour : une nouvelle tendance 2.1. Partir moins longtemps 2.1.1. Le développement des court-séjours. Suite aux mutations sociales abordées précédemment, les séjours de plus courtes durées se développent. Les individus profitent de leur temps de fin de semaine disponible pour partir et faire une coupure avec leur quotidien, le temps d’un week-end : c’est ce que l’on appelle les court-séjours (Spindler, 2003, p.50). La définition universelle proposée par l’OMT pour le court-séjour est : « un déplacement pour toutes raisons autres que celle d’exercer une profession rémunérée incluant une nuit minimum, trois nuits maximums hors de son domicile principal. Au delà de cette période, le court-séjour deviendra un temps de vacances » (Potier, 1993, p.20). Ces dernières années, le marché des court-séjours a connu un développement très rapide, avec une hausse de 13% entre 1997 et 2006 en France (Desvignes, 2009, p.41). 60 Figure 9 : Volumes des courts et longs séjours en France : Sources : Desvignes, 2009, p.42 Ainsi, on assiste, dans l’ensemble, à une réduction du temps des séjours, les court-séjours sont en forte expansion. 2.1.2. Les différents types de court-séjours Comme nous l’avons vu dans la définition ci-dessus, le phénomène du courtséjour englobe l’ensemble des départs dont la durée se situe entre une et trois nuits. On y trouvera donc les différents de séjours suivants (Kalfon, 2009, p.64) : - Le week-end, qui se déroule sur la période de fin de semaine, le samedi et le dimanche, avec deux jours et une nuit passés sur place. - Le week-end prolongé qui correspond au week-end classique auquel viennent s’ajouter un ou deux jours de RTT, permettant de profiter d’un séjour de trois jours et deux nuits, voir même de quatre jours et trois nuits (Spindler, 2003, 50). - Le mid-week, séjour qui se déroule en milieu de semaine, allant donc du lundi au vendredi, pour une durée de cinq jours et quatre nuits sur la destination. Nous noterons qu’il s’agit d’un concept assez récent, invité par l’entreprise Center Parcs elle-même, l’une des plus représentatives au sein de l’offre des bulles tropicales47. 47 Center Parcs. Des cottages réservés en non stop. [En ligne]. Disponible sur : <http://www.journaldunet.com/economie/services/center-parcs/implantations.shtml> (Consulté le 23-09-2011) 61 - Finalement, nous évoquerons les excursions à la journée, qui attirent les visiteurs pour moins de 24h dans les lieux touristiques. Même si celle-ci ne sont pas comptabilisées dans les court-séjours du fait qu’aucune nuit n’est passée sur place, ces dernières sont pour autant comptabilisés dans l’activité touristique (Potier, 1999, p.15). 2.2. Partir plus près Compte tenu de la réduction du temps passé sur la destination, il est évident que les séjours vont être effectués dans des lieux plus proches du domicile des touristes (0 et Bachimon, 200, p.11). Le temps de trajet ne permet pas de partir aussi loin que lors de vacances traditionnelles. En effet, le rapport entre distance à parcourir et le temps passé sur la destination est un élément essentiel pour les touristes, dans le choix de la destination (Kalfon, 2009, p.66). Un trajet de trop longue durée ne permettrait pas de réellement profiter de ses vacances. On comprend donc que le tourisme de court-séjour reste principalement un tourisme de proximité. Traditionnellement, les séjours de proximité sont définis comme se situant au maximum à 260 kilomètres du domicile du touriste, avec une distance totale parcourue pour le séjour de 540 kilomètres (Potier, 1999, p.15). Même si actuellement, avec l’efficacité des moyens de transports (avion, train à grande vitesse, voiture) c’est davantage le temps du trajet que les kilomètres parcourus qui jouera sur la décision (Lozato-Giotart, 2003, p.79). Ainsi, on comprendra que la plupart des court-séjours ont pour destination des espaces situés à l’intérieur même des pays d’origines : En effet, 80% d’entre eux se passent à l’échelle locale ou régionale. Néanmoins, ils n’excluent pas la possibilité des départs à l’étranger, essentiellement pour les touristes habitants à proximité de pays limitrophes (Desvignes, 2009, p.45). On notera finalement que le court-séjour reste principalement localisé autour des espaces urbains et plus périurbains, situés non loin des foyers d’origines des touristes. 62 2.3. La dessaisonnalisation 2.3.1. Des départs plus fréquents Traditionnellement, le tourisme s’est installé dans nos sociétés comme un phénomène saisonnier, dans les années 1970, on ne partait la plupart du temps qu’une fois, pour une durée de séjours pouvant aller jusqu'à un mois, exclusivement pendant le mois de Juillet ou Août (Boyer, 2005, p.276). Depuis peu, on assiste à un changement des pratiques dans les périodes de départs. En effet, les individus ont tendance à partir davantage dans l’année mais chaque fois moins longtemps (Spindler, 2003, p.55). Ceci est dû, comme nous l’avons vu précédemment, au développement des séjours sur les périodes de week-ends ainsi qu’au morcellement des vacances qui peuvent alors être prises à n’importe quelle époque de l’année. Ainsi les individus ont la possibilité de partir plusieurs fois et ils en profitent, cela leur permet notamment de faire de multiples pauses dans leur vie quotidienne. Actuellement, les « mono-vacanciers » qui ne partent donc qu’une fois par an en vacances représentent 45% de l’ensemble des touristes, les « bi-vacanciers » : 32% et finalement les polyvacanciers qui partent au moins trois fois par ans en vacances : 22% des touristes. Ainsi, on comprend que plus de la moitié des partants préfère fractionner ses vacances, et partir plusieurs fois par an : On part donc en vacances plus fréquemment, actuellement, un tiers des français quittent plus de cinq fois par an son domicile. (Boyer, 1999, p.139). 2.3.2. Des départs mieux répartis sur l’année Actuellement, on voit se mettre en place un phénomène de dessaisonnalisation de l’activité touristique ; et ce, notamment avec le développement des court-séjours qui sont mieux répartis, sur l’ensemble de l’année, que les départs en vacances traditionnels. Seulement un tiers des départs se font sur les périodes de vacances scolaires (Potier, 1999, p.45) : en effet, trois quarts de ces départs sont effectués sur des périodes de week-ends, même si le printemps et l’été restent des saisons prédominantes pour pratiquer le court-séjour. 63 Figure 10 : Taux de départs des Français selon la durée du séjour Sources : Tourisme de court séjour. Potier. p.45 Ainsi, les court-séjours ont un poids important dans le phénomène de dessaisonnalisation des départs. En effet, de courtes durées, ils peuvent être effectués à n’importe quel moment notamment hors vacances scolaires. Il s’agit d’un atout essentiel pour l’activité touristique qui permet de mieux répartir l’activité sur l’ensemble de l’année en désemplissant les lieux touristiques pendant la haute saison et, en outre, d’obtenir des ressources financières supplémentaires (Spindler, 2003, p. 55). 3. Adaptation du court-séjour pour le tourisme hors-sol climatique 3.1. Des produits destinés à une clientèle de proximité 3.1.1. Recherche d’une clientèle de proximité prédominante Le tourisme hors-sol climatique s’inscrit en grande partie dans un tourisme de proximité48. En effet, comme nous l’avons précisé dans la partie précédente, le choix de son implantation reste motivé par la proximité des grands foyers urbains où la concentration de clientèle potentielle s’avère forte. 48 Center Parcs des implantations murement réfléchies. [En ligne]. Disponible sur : <http://www.journaldunet.com/economie/services/center-parcs/implantations.shtml> (Consulté le 23-09-2011) 64 Par ce choix, on comprend que la clientèle relativement proche demeure particulièrement recherchée49. En touchant ces populations de proximité, ces structures espèrent pouvoir les attirer pendant les vacances scolaires, comme en dehors de ces périodes, grâce à des séjours de courtes durées lors des weekends ou des ponts. Ainsi, ces structures ont une clientèle de proximité prédominante. Selon une étude réalisée par The boarder en Juin 2001, 70% de la clientèle des centres de ski indoor serait située à moins de 2h de route de la structure (Curt-Comte, 2002, p.77), c’est-à-dire environ 200 kilomètres en voiture. En ce qui concerne maintenant, l’entreprise Center Parcs, 92% de la clientèle reste nationale et leur vente correspond à 77% à des courts séjours50. 3.1.2. Proposer un produit traditionnellement éloigné Comme pour toutes les structures accueillant une clientèle de proximité, l’enjeu est de pouvoir proposer un espace proche géographiquement mais qui pourra provoquer chez le touriste un éloignement psychologique (Lazzarotti, 1995, p.59). On peut voir que cet élément a été totalement assimilé par les structures de tourisme hors-sol climatique. En effet, leur concept repose sur le fait de pouvoir proposer, à la portée des clientèles, un produit dont les attraits sont traditionnellement géographiquement éloignés. Les centres de ski indoor ou encore les bulles tropicales permettent aux touristes de bénéficier, relativement près de chez eux, d’espaces et d’activités qui n’auraient pas pu leur être accessibles en seulement un week-end (Boyer, 2005, p.317). En effet, à seulement quelques heures de chez lui, le touriste peut avoir l’impression de se baigner sous les tropiques ou encore de skier en pleine montagne. 49 P. VIOLER, Les 3 T, le territoire, le touriste et le technicien, p.8 [En ligne]. Disponible sur : <eso.cnrs.fr/IMG/pdf/vp.pdf> (Consulté le 25-10-2012) 50 Dossier de presse entreprise Center Parcs, Février 2011, p.32 65 Figure 11 : Zonation de la fréquentation touristique à partir des foyers émetteurs urbains dans les pays riches Source : Lozato-Giotart, 2003 On comprend que c’est en cela que réside l’un des vrais atouts du tourisme horssol climatique : il permet aux touristes de bénéficier, même sur une période de vacances restreintes, d’attraits qu’il aurait fallus aller chercher parfois à plusieurs milliers de kilomètres. Ainsi, on amène les activités touristiques à la « porte » des clientèles (Michel, 1998, p.350). 3.2. Le tourisme sous bulle : un remède à la saisonnalité 3.2.1. Pallier la saisonnalité du climat Le tourisme hors-sol climatique, de par son concept, permet une dessaisonnalisation de son activité. En effet, son but est de pouvoir proposer 365 jours sur 365 jours la pratique d’activités habituellement temporaires à cause du climat (Lozato-Giotart, p.185). On comprend que les acteurs ont travaillé sur les caractéristiques même du climat en s’affranchissant de ses contraintes. Normalement, le climat est un élément qui ne peut pas être stocké et doit être consommé à un moment précis, et dans un lieu précis. Ici, des climats spécifiques ont été importés en d’autres lieux, pour pouvoir proposer aux touristes de skier ou se baigner toute l’année (Augé, in Dreyfus-Signoles, 2002, p.210): Cela est rendu possible grâce différentes techniques permettant le chauffage de l’espace et de l’eau, ou encore, la création de neige et le refroidissement de l’air dans ces endroits clos. 66 Ainsi le client n’a plus la contrainte de saisons et peut bénéficier à tout moment de ce climat. Le fait d’imiter un climat a permis de résoudre le problème de saisonnalité engendré par ce dernier, qui se trouve être homogène sur l’ensemble de l’année dans ces structures. Même, au contraire, ces types de structures tirent avantage de la saisonnalité climatique car lorsque le climat extérieur n’est pas opportun aux pratiques recherchées (le ski en été ou les activités balnéaire en hiver) ces structures voient leur fréquentation augmenter (Curt-Comte, 2002, p.76). En effet, les touristes apprécient de pouvoir pratiquer des activités qui ne leur sont pas accessibles à une certaine période. 3.2.2.. Une fréquentation répartie sur l’année. Ces structures ont su comprendre l’enjeu d’une activité répartie sur l’ensemble de l’année, et ce sont des structures qui sont peu touchées par la saisonnalité. En effet, grâce au développement des court-séjours sur les périodes de weekends, elles connaissent une activité répartie sur l’ensemble de l’année. C’est ce que l’on peut voir à travers le discours d’une des responsables du service réception de « Center Parcs les Bois-Francs », qui nous explique lors d’un entretien : «Dans les différents Center Parcs, nous ne connaissons pas de différence de fréquentation entre les saisons. Bien sûr, en ce qui concerne les séjours en semaine les parcs sont plus remplis pendant les vacances scolaires, mais les week-ends et les vacances ne connaissent pas de différence de fréquentation sur l’ensemble de l’année et se trouvent être presque toujours complets. »51. On comprend donc que le concept du tourisme hors-sol climatique a su s’affranchir de la difficulté de la traditionnelle saisonnalité de l’activité touristique grâce, notamment, à une offre basée sur les court-séjours et à la capacité de pouvoir proposer des activités liées au climat toute l’année. Ainsi, on comprend que le tourisme hors-sol climatique propose des produits répondant au mieux à la nouvelle façon de se déplacer par les touristes : 51 Entretien exploratoire. Responsable de service réception Center Parcs les Bois-Francs. Févier 2012 67 apparue depuis quelques années avec l’augmentation du temps libre disponible et du morcellement des départs. Actuellement, le court-séjour connait une croissance très importante et se développe : c’est un élément que les structures sous bulle, notamment en s’implantant en périphérie des grandes zones urbaines et en proposant des activités traditionnellement indisponibles sur une courte période et sur l’année de l’année. Le concept même de la bulle tropicale ou encore du contexte de ski indoor, à tenté de s’adapter au mieux à cette nouvelle façon de consommer les produits touristiques. 68 CHAPITRE 2 : VOYAGER EN TOUTE SECURITE On a vu apparaître, depuis quelques années, une demande de sécurité de plus en plus accrue de la part des touristes. En effet, ces derniers veulent pouvoir voyager et découvrir de nouveaux espaces mais toujours d’une manière apte à garantir leur sécurité. On voit donc apparaître là un certain paradoxe, avec une envie d’aventure et une recherche de sécurité. Nous verrons donc que les structures de tourisme hors-sol climatiques ont véritablement su s’adapter à cette nouvelle tendance, en proposant des produits exotiques et dépaysants, tout en garantissant la sécurité physique, psychologique et morale de ses clients. 1. Une sécurité psychologique 1.1. Volonté de découverte… 1.1.1. Une recherche de l’exotique En décidant de partir dans des structures telles que des complexes de tourisme hors-sol climatique, le touriste recherche d’abord de l’exotisme (Furt et Michel, 2006, p.19) : Ceci à travers la découverte d’un ailleurs, d’un espace inconnu, engendrée par un déplacement permettant de quitter son quotidien vers un lieu étranger, mystérieux, et différent : Il s’agit pour lui de se confronter à l’altérité et au dépaysement52. Ainsi le touriste à besoin de ressentir une différence entre son environnement habituel et celui du lieu dans lequel il vient séjourner. 1.1.2. Une rupture avec le quotidien. Le caractère artificiel et l’ambiance décalée de ces structures entraînent forcément une rupture avec le quotidien des individus. Ces espaces leur permettent, d’autant plus de se sentir ailleurs, du fait de l’imitation d’une destination souvent lointaine et 52 Anne-Marie D’HAUTESERRE. L’altérité et le tourisme : construction du soi et d’une identité sociale. Espace population société. 2009. p.1 [En ligne]. Disponible sur : <http://eps.revues.org/index3693.html> Consulté le 25-11-2011) 69 de conditions climatiques très différentes de leur lieu du domicile (Rieucau et Lageiste, 2006, p.15). Comme tous les types d’enclaves touristiques, les structures de tourisme hors-sol climatique impliquent une rupture avec l’environnement habituel, un lâcher-prise avec le quotidien53, même si ces espaces peuvent être implantés relativement près des lieux de vie quotidien des visiteurs : « Ce n’est pas la distance physique qui fait le dépaysement, le loisir, la recréation même si elle les rend plus faciles, mais la distance vis-à-vis des pratiques quotidiennes »54. Cette rupture avec la vie quotidienne, est possible, notamment, grâce à la fermeture de ces structures sur l’environnement alentour, matérialisée à l’aide de clôtures ou de bâtiments : Cet isolat permet de créer et d’inventer une altérité (Lageiste et Rieucau, 2006, p. 16). Ainsi, le tourisme hors-sol climatique a l’avantage de créer une rupture avec le quotidien, en proposant une ambiance et des pratiques qui nécessitent habituellement un déplacement assez long (Boyer, 2005, p.317), dans des espaces plus facilement accessibles. 1.2. … mais sans pour autant une rupture totale 1.2.1. Une part du quotidien toujours présent L’activité touristique est motivée par la recherche d’un ailleurs, à travers une séparation spatiale qui lui permet de trouver une alternative à la vie quotidienne. Mais en faisant le choix de séjourner dans ces structures hors-sol climatique, le visiteur montre l’impossibilité qu’il a de se détacher totalement de la société à laquelle il appartient. En effet, ces structures représentent « un ailleurs qui est l’envers du décor, sans être vide social » (Remy, in Amirou et Bachimon, 2000, p.29). Elles permettent de proposer une ambiance différente grâce à son architecture qui la coupe complètement du monde extérieur et à ses techniques de mise en scène, tout en gardant un mode de fonctionnement et des façons de vivre similaires à 53 Anne-Marie D’HAUTESERRE. L’altérité et le tourisme : construction du soi et d’une identité sociale. Espace population société. 2009. p.1 [En ligne]. Disponible sur : <http://eps.revues.org/index3693.html> Consulté le 25-11-2011) 54 B. AUVREY, Intérêt de la sociologie pour la géographie du tourisme, Doctoriales du tourisme, 2008, p.4 [En ligne]. Disponible sur : <http://hal.archivesouvertes.fr/docs/00/48/30/18/PDF/Article_AUVRAY.pdf> (Consulté le 25-01-2012) 70 ceux de son lieu d’implantation (Rieucau et Lageiste, 2006, p.304) : Ces structures comprennent, en effet, des signes distinctifs du lieu où elles sont réellement, notamment à travers la nourriture proposée, les types d’hébergements, les activités disponibles, les bars ou encore les discothèques. Beaucoup d’éléments sont empruntés à la société émettrice55. Ainsi le tourisme hors-sol climatique propose des lieux permettant la mise à l’ écart de l’environnement habituel, mais on comprend que cette rupture n’est pas totale, de par la présence des repères stables et collectivement partagés : Ces structures sont à mi-chemin entre les deux mondes. Ainsi, actuellement « offrir du hors-quotidien qui reste dans le champ du familier est la clef du succès » (Rieucau et Lageiste, 2006, p.305). 1.2.2. Un espace transitionnel Initialement le tourisme induit le passage, pour le visiteur, d’un lieu connu à un lieu inconnu. Mais cette action dépend des compétences de chacun, certains ne se sentent pas forcément capables de l’accomplir. Ces structures ont la possibilité de proposer aux touristes une immersion à la fois vers quelque chose de différent mais avec des repères stables. Ainsi, les structures de hors-sol climatique peuvent être considérées comme « des espace-temps transitionnels ayant pour fonction de permettre le contact avec un ailleurs, inconnu, éloigné en atténuant l’anxiété qu’il peut engendrer» (Remy, in Amirou et Bachimon, 2000, p.42). Cette forme de tourisme permet donc de répondre à la recherche incessante de sécurité du tourisme, en créant des espaces d’expérience intermédiaire où l’individu est à la fois chez lui et ailleurs (Augé, in Dreyfus-Signoles, 2002, p.210). On peut alors envisager que ce type de séjours soit une étape à l’accommodation et l’apprivoisement, afin de mieux appréhender par la suite la découverte de l’ailleurs grâce a une prise de confiance (Remy, in Amirou et Bachimon, 2000, p.40). Il s’agit ici d’une approche de territoires étrangers dans un cadre plus sécurisé et rassurant pour l’usager. 55 Anne-Marie D’HAUTESERRE. L’altérité et le tourisme : construction du soi et d’une identité sociale. Espace population société. 2009. p.2 [En ligne]. Disponible sur : <http://eps.revues.org/index3693.html> Consulté le 25-11-2011) 71 Cette forme de tourisme ne s’avère peut-être pas adaptée aux personnes disposant d’une capacité de mobilité importante, n’ayant donc pas besoin de cette forme de médiation, contrairement à certains individus qui y trouvent la possibilité d’être dépaysés à travers ces lieux sécurisés. 1.2.3. Le touriste conscient de jouer un rôle On a vu dans la première partie que l’une des motivations du déplacement touristique était le « jeu ». Elle apparaît dans tourisme hors-sol climatique à travers le « simulacre » (Stock, 2003, p.30). En effet, le touriste vient vivre, le temps de vacances, une vie qui n’est pas réelle. Comme dans la plupart des endroits enclavés, le touriste se retrouve à jouer un rôle dans un espace conçu de toute pièce et artificiel. Néanmoins, il est bien conscient du décalage qui existe avec la réalité (Remy, in Amirou et Bachimon, 2000, p.42): Il s’agit pour le visiteur d’un jeu de rôle, où il serait « comme un véritable acteur en représentation »56 : On voit bien qu’il y a une distance au rôle. Le tourisme hors-sol climatique a donc un caractère fictif, et c’est justement le décalage entre le quotidien et le séjour qui permet au touriste de se distraire et de se récréer. Ce type de tourisme occupe un temps libre qui lui permet d’être ailleurs et un peu autrement. « Le plaisir réel, incontestable, qu’éprouvaient sous mes yeux étonnés des centaines de vacanciers heureux, tenait pour une part, me semblait-il au bout d’un moment, à la conscience qu’ils avaient de jouer » écrit M. Augé, dans son article Un ethnologue à Center Parcs (in Dreyfus-Signoles, 2002, p.211). Ainsi le touriste s’applique à agir comme s’il s’agissait de lieux authentiques et de la réalité, mais il reste bien conscient de la situation et du caractère artificiel du lieu dans lequel il se trouve. Le touriste a donc besoin de faire des efforts pour rendre le séjour dépaysant, il ne l’est pas par nature. 56 B. AUVREY, Intérêt de la sociologie pour la géographie du tourisme, Doctoriales du tourisme, 2008, p.1 [En ligne]. Disponible sur : <http://hal.archivesouvertes.fr/docs/00/48/30/18/PDF/Article_AUVRAY.pdf> (Consulté le 25-01-2012) 72 2. Garantir la sécurité physique 2.1. Un élément essentiel pour le touriste 2.1.1. Une exigence de sécurité Actuellement, il existe une demande de plus en plus accrue de sécurité de la part des touristes : C’est une tendance forte qui ne peut pas être négligée. En effet, la pratique d’activités touristiques comporte de nombreux risques lors du séjour, pouvant remettre en cause la sécurité physique des individus et ils en sont parfaitement conscients. Une exigence toute particulière est donc requise à ce niveau et les touristes veulent vivre une évasion sans risques, dans une situation où ils ne seront exposés à aucun danger, sans risque d’agressions physiques ou d’accidents (Kalfon, 2009, p.75). L’un des enjeux majeurs des acteurs du tourisme et donc de pouvoir proposer des produits les plus sécurisés possible, et même si le risque zéro semble inaccessible, il est nécessaire d’essayer de réduire au maximum les risques et de communiquer autour de cette tendance. 2.1.2. Des risques importants pour le touriste Le tourisme est source d’insécurité de par les activités pratiquées ou les destinations visitées. Les accidents peuvent être de plusieurs ordres (Spindler, 2003, 355) : - L’insécurité provient d’abord du trajet effectué pour aller sur la destination, et cela, quel que soit le moyen de transport utilisé : voies aériennes, ferroviaires, maritimes, fluviales ou routières. - Les hébergements sont trop peu équipés et sont sujets à divers sources d’accidents : incendies ou encore faible résistance aux catastrophes climatiques. - Les destinations peuvent elles-mêmes comporter des risques, notamment à cause d’un climat politique instable : guerres, terrorismes, criminalité. De nombreuses destinations restent dangereuses pour la présence des touristes. - On trouve des risques liés au climat, évoqués dans la partie précédente, à travers les catastrophes naturelles et les risques pour la santé (Lozato73 Giotart, 2003, p.61). On notera que 20 à 30% des rapatriements sanitaires effectués depuis les destinations de séjours sont dus à des maladies, suite à une agression du climat dans lequel le touriste a été implanté. - Finalement, la sécurité physique des touristes peut être menacée par les activités sportives pratiquées (Spindler, 2003, 360). En effet, celles-ci sont la source de nombreux accidents, on peut notamment citer les sports de glisse, ou encore l’alpinisme. 2.2. Les risques physiques dans les milieux imités par les bulles 2.2.1. Les risque du tourisme en milieux tropicaux L’exigence de sécurité pénalise beaucoup les départs en milieux tropicaux car la sécurité physique des touristes reste menacée par différents éléments. Tout d’abord, certains espaces sont soumis à la présence de cyclones, qui s’accompagnent de fortes précipitations et de vents très violents (Besancenot, 1990, p.125). Même si leur saison de prédilections reste le moment des plus fortes chaleurs, en fin d’été ou d’automne, ils peuvent se déclencher tout au long de l’année. Les cyclones s’avèrent être très destructeurs au niveau des aménagements et rendent la circulation, notamment aérienne, relativement dangereuse. On comprend donc que ces perturbations puissent être un facteur majeur de dissuasion, pour les touristes, de partir des ces régions tropicales57. De plus, la santé des touristes peut être menacée par le climat spécifique de ces espaces : on y trouve des chaleurs constantes, avec une verticalité des rayons du soleil et une humidité importante à laquelle l’organisme n’est pas habitué (LozatoGiotart). Il existe, en effet, des risques relatifs à la transplantation trop brutale dans ces zones et les symptômes peuvent être multiples : accidents vasculaires cérébraux associés à de très fortes chaleurs humides, déshydratations aigues dues à une atmosphère très chaude ou encore coups de chaleurs et insolations (Besancenot, 1990, p.127). Finalement, les activités balnéaires dans ces zones peuvent aussi comporter des risques au niveau de la sécurité des touristes. Les conditions du climat sur la mer 57 Jean-Paul CERON (CIRED). Tourisme et changement climatique : Impacts potentiels du changement climatique en France au 21e siècle. 2000, p.2 [En ligne]. Disponible sur : <http://www.clean-auto.com/IMG/article_PDF/article_449.pdf> (Consulté le 16-12-2012) 74 rendent son utilisation difficile et dangereuse : Les vents violents notamment, rendent la mer agitée. 2.2.2. Les risques du tourisme de montagne L’espace montagnard est lui aussi facteur de risque important pour les touristes qui le fréquente. En effet, la montagne est principalement recherchée pour les pratiques de sports d’hiver et notamment du ski. On comprend que la présence de neige est l’élément indispensable à la réussite du séjour, néanmoins, elle conditionne aussi l’insécurité des visiteurs à travers les risques d’avalanches. En effet, une quantité de neige abondante et riche en eau rend le sol instable. C’est une des catastrophes naturelles les plus meurtrières pour les touristes en espaces montagnards, et même si ces avalanches sont contrôlées et parfois déclenchées artificiellement par l’homme, le risque reste tout de même très élevé (Besancenot, 1990, p.169). Il existe aussi des risques pour la santé des individus, liés à l’altitude montagnarde, qui peut créer des pathologies sur le corps humain (Lozato-Giotart, 2003, p.62). Les efforts provoqués par les pratiques physiques créent parfois des problèmes, au niveau respiratoire, non négligeables pour le touriste du fait de la raréfaction de l’air. Les accidents les plus fréquents sont les infarctus dus à un air particulièrement froid ou à des vents violents (Besancenot, 1990, p. 176). Ainsi, on comprend que les contraintes et les risques nombreux de tels espaces puissent dissuader les touristes pour qui la sécurité reste un critère de premier ordre. 2.2.3. Tourisme hors-sol climatique : réduction de ces risques Les structures de tourisme hors-sol climatique ont largement compris l’importance pour les clients de se sentir en sécurité sur les destinations où ils partent, et nous verrons qu’elles exploitent largement ce créneau. Cette forme de tourisme propose des produits et des espaces sécurisés au maximum. Tout d’abord, les touristes peuvent bénéficier de structures où les risques dus aux climats sont totalement effacés. Elles peuvent proposer des espaces où le climat des zones tropicales ou montagnardes est représenté, tout en garantissant, autant 75 que faire se peut, la sécurité physique des touristes (Augé, in Dreyfus-Signoles, 2002, p.210). En effet, dans un premier temps, elles préservent les touristes des catastrophes naturelles liées au climat qui auraient pu se produire dans le pays initial : cela grâce à leur caractère artificiel. Les éléments du climat sont reproduits mais en faisant abstraction de ses contraintes : cyclones ou avalanches ne seront pas présents dans ce type de structures (Urbain, 1996, p.359). De plus, ces lieux évitent aussi le choc de transplantation dans un climat inconnu. En effet, ce n’est pas l’ensemble du climat qui est imité, mais plutôt l’aspect des températures. Les bulles tropicales sont chauffées en permanence à environ 28° mais l’humidité n’y est pas présente. De la même manière, pour les centres de ski indoor, le froid et la neige seront présents mais les touristes ne subiront pas les vents ou encore les contraintes physiques dues à l’altitude des stations traditionnelles. Finalement, au niveau des activités touristiques, la sécurité est là aussi plus importante : que ce soit pour la baignade ou le ski, les pratiques touristiques sont contrôlées et surveillées par du personnel spécialisé, ce qui rassure le client (Augé, in Dreyfus, 2002, p.210). Ainsi, on comprend que de nombreux touristes optent pour ce type de tourisme. Les pratiques et les séjours se déroulent dans un endroit beaucoup plus sécurisé en comparaison aux espaces initiaux. Ces structures n’ont donc su imiter que les bons cotés des climats, tout en s’affranchissant de leurs contraintes : le fait de recréer ces lieux touristes sous des bulles, permet de proposer les mêmes conditions de séjours et activités aux touristes tout en enlevant les différents problèmes liés aux milieux des régions imitées. 3. Facilité le séjour du client 3.1. Eviter l’imprévisibilité du climat : La sécurité morale Le tourisme hors-sol climatique permet d’éviter l’imprévisibilité du climat pour le touriste. Ce dernier a la certitude de trouver sur place les températures idéales. Il a donc l’assurance de trouver ce qu’il vient chercher et la réalisation des promesses faites par la promotion du produit. C’est ce que l’on appellera la sécurité morale (Spindler, 2003, p.353). 76 En effet, grâce aux nombreuses techniques mises en œuvre, cette forme de tourisme garantit de pouvoir bénéficier des conditions climatiques idéales pour le bon déroulement de son séjour : Ces structures font abstraction de toutes les influences extérieures et créent leurs propres conditions : On trouvera donc, au sein des bulles tropicales, une température égalant les 28° en permanence, avec une température de l’eau idéale assurant aux visiteurs la possibilité de baignade58. De la même manière, la neige est présente toute l’année dans les complexes de ski indoor et les conditions pour skier y sont optimums (Curt-Compte, 2002, p.37). Ainsi, ces structures ont trouvé la solution pour ne plus être dépendantes du climat et de son caractère imprévisible. Ce dernier aspect est un atout essentiel, étant donné la place importante qu’occupent les vacances dans notre société actuelle : les vacances sont devenues pour beaucoup l’élément structurant de l’année, attendu par tous avec impatience59. On comprend donc que les individus recherchent un maximum de sécurité lors de l’organisation du séjour (Urbain, 1996, p.359). Certains touristes préféreront des établissements garantissant les meilleures conditions, notamment climatique, même s’il ne s’agit que d’une imitation du lieu et de l’environnement recherché. Ces structures garantissent au maximum la réussite des vacances. 3.2. La déresponsabilisation du touriste Un des points forts du tourisme hors sol-climatique tient aussi au fait qu’il procure une réelle sécurité aux clients, notamment à travers une prise en charge importante. (Rieucau et Lageiste, 2006, p.305). Ces produits encadrent au maximum les clients qui n’ont plus à se préoccuper de l’organisation et des difficultés d’un séjour. Les touristes qui vont dans ces formes de structures ne veulent plus se compliquer la vie. En effet, que ce soit la montagne ou les littoraux, ces espaces apparaissent comme des lieux peu commodes : avec une certaine difficulté d’accès où les bouchons sont nombreux (Spindelr, 2003, p.397), et une sur-fréquentation qui 58 Center Parcs. Nos domaines. [En ligne]. Disponible sur : <http://www.journaldunet.com/economie/services/center-parcs/implantations.shtml> (Consulté le 23-09-2011) 59 BESSIERE Jacinthe. Sociologie du tourisme : Le phénomène touristique Cours de Master 1 MIIT, département CETIA, Université de Toulouse 2, 2011. 77 rend les déplacements compliqués ou la pratique des activités souhaitées difficile. Dans les structures de tourisme hors sol, l’accès est rendu plus simple et un contrôle de la fréquentation est possible : S’agissant de lieux fermés, il est possible de limiter le nombre d’entrées pour bénéficier de conditions de séjour plus agréables60. De plus, comme ces structures sont des complexes, toutes les prestations se trouvent concentrées sur place : le client dispose de l’hébergement, de la restauration, des activités, des animations et même parfois des magasins en un même lieu (Augé, in Dreyfus-Signoles, 2002, p.210). Ils n’ont pas besoin de sortir de la bulle, tout est à disposition. Les touristes n’ont pas non plus la contrainte de la recherche d’un appartement, comme il est nécessaire, pour partir à la montagne par exemple. Finalement, tout au long de leurs séjours les touristes sont encadrés, accompagnés, ce qui peut paraître réellement rassurant. Ainsi ces structures de tourisme hors-sol climatique permettent de faciliter l’organisation des vacances aux touristes, avec un aspect moins contraignant et plus sécurisant. Ainsi, dans ce deuxième chapitre, nous comprenons que les structures hors-sol répondent avant tout aux besoins sécuritaires des clientèles de plus en plus présents. En effet, cette sécurité est tout d’abord d’ordre physique, en évitant notamment les risques liés aux climats des zones représentée sous les bulles, mais pas seulement. L’attrait sécuritaire, pour les touristes est aussi représenté au niveau psychologique. En effet, ces structures permettent une certaine rupture avec le quotidien, tout en gardant des repères stables et un encadrement important : c'est la possibilité, pour certains individus qui ne s'en sentiraient pas capables, de partir dans un lieu totalement inconnu. Finalement, le tourisme horssol climatique donne aux touristes l'assurance de ce qu’il qu’ils vont trouver sur place : au moins au niveau climatique. 60 P. VIOLER, Les 3 T, le territoire, le touriste et le technicien, p.8 [En ligne]. Disponible sur : <eso.cnrs.fr/IMG/pdf/vp.pdf> (Consulté le 25-10-2012) 78 CHAPITRE 3 : LA DECOUVERTE D’UN MONDE IDEAL Les touristes possèdent des représentations mentales pour l’ensemble des destinations touristiques. En effet, il existe un imaginaire des espaces souvent partagé collectivement par l’ensemble d’une société. Actuellement, elles sont largement utilisées et influencées par les acteurs dans un but d’une communication et d’une commercialisation. Mais nous verrons que le tourisme hors-sol climatique va plus loin dans l’utilisation de ces représentations, en créant un monde artificiel directement constitué de celles-ci. 1. Importance des représentations dans l’activité touristique 1.1. Imaginaire et tourisme 1.1.1. Un rôle important des représentations Le tourisme et les destinations subissent la représentation que s’en font les individus. En effet, ils ont une manière de s’imaginer les lieux à travers un imaginaire positif ou négatif (Spindler, 2003, p.177). Il s’agit, le plus souvent, de représentations collectives partagées par un nombre important d’individus : ils ont une représentation mentale du lieu, composée de croyances, d’opinions, d’images subjectives, de préjugés ou encore de mythes communs61. Ce système de représentations dicte donc la façon dont un territoire est perçu, imaginé ou rêvé, lorsqu’il n’a jamais été pratiqué et reste encore inconnu (Remy, Amirou et Bachimon, 2000, p.39). C’est un imaginaire spatial qui traite souvent des aspects climatiques, naturels, culturels ou des populations de cette destination : à chaque type d’espace, est associée une image. Néanmoins, ces représentations que se font les touristes de certaines destinations restent souvent très réductrices. En effet, il réduit la destination à quelques une des ses principales caractéristiques, en occultant le reste de l’ensemble de ses spécificités. Il s’agit souvent de simples clichés qui ne correspondent pas forcément à la réalité de l’espace. 61 Mme THIBERT. Sociologie du tourisme. Cours de Licence 3 Management et Ingénierie des Industries du tourisme. Département CETIA, Université Toulouse 2, 2011. 79 1.1.2. Facteur sur le choix des destinations On remarque que ces représentations peuvent toucher une population importante et qu’elles se trouvent être durables et bien ancrées dans les sociétés : elles sont tenaces et restent dans l’esprit du consommateur. Il est difficile pour les différents types d’espaces et destinations de se détacher de ces représentations : ils subissent directement les différentes images qui leurs ont été attribuées. Ces images ont un rôle relativement important sur la popularité des espaces et, en conséquence, la fréquentation touristique. Elles ont un fort impact sur le choix des destinations des clientèles et guident donc les déplacements et les flux. Ainsi l’imaginaire que se font les individus des différentes destinations est un facteur non négligeable sur le choix des destinations de séjours. 1.2. Utilisation dans la commercialisation 1.2.1. Une communication qui utilise ces représentations Pour commercialiser leurs produits, les acteurs touristiques jouent largement avec les représentations et l’imaginaire des différentes destinations reconnues par un grands nombre d’individus. En effet, ils ne retiennent que les représentations positives, dans le but de rendre attrayant au maximum le lieu d’accueil et de l’idéaliser aux yeux des clients. Ainsi, cet imaginaire est largement diffusé à travers les moyens de communication et de promotion, que ce soit à travers les médias ou dans les brochures touristiques, les prospectus et les affiches. Les destinations deviennent de véritables « site-images » présentées comme des lieux totalement idylliques aux marchés émetteurs des pays riches (Lozato-Giotart, 2003, p.150). Travailler sur les représentations des individus en ne gardant que le coté positif, dans le but de promouvoir les différents espaces, est devenu une véritable stratégie des acteurs du tourisme. 80 1.2.2. Des représentations parfois en désaccord avec la réalité Néanmoins cette stratégie comporte quelques risques. En effet, les lieux touristiques bénéficient de deux images distinctes : l’image symbolique, mythifiée construite à travers les représentations et de celle l’espace réel, appréhendée par le touriste lors de son séjour sur les lieux, c’est ce qu’il est vraiment. La différence qu’il peut y avoir entre ces deux images peut s’avérer relativement importante si les stéréotypes et les représentations sont trop éloignés de la réalité : Il y aura donc un décalage entre l’espace imaginé, attendu, et l’espace consommé lors du séjour (Spindler, 2003, p.157). Cette situation risque de provoquer une certaine déception chez le touriste, qui sera forcément contrarié de ce qu’il va trouver sur place. Ainsi, s’il n’y a pas de concordance assez forte entre l’imaginaire de la destination et l’espace tel qu’il est en réalité, le touriste pourra avoir un sentiment de frustration et ses vacances ne seront pas un succès. 2. Imaginaires des lieux initiaux, reproduits par le tourisme hors-sol climatique 2.1. L’imaginaire des espaces tropicaux 2.1.1. Une forte attraction des espaces tropicaux Les destinations balnéaires tropicales ne se développent réellement qu’à la fin du 20e siècle et se sont ouvertes progressivement : En effet, pour accéder tout particulièrement aux îles, il a fallu attendre la révolution des transports et l’arrivée du réseau aérien (Boyer, 2008, p.205). Les premières destinations furent celles d’Amérique du Nord, avec la Floride ou encore les Caraïbes, puis on voit s’étendre le phénomène à l’ensemble des Antilles, au Mexique, à l’Amérique Centrale, aux DOM Français et même jusque dans l’Océan Pacifique, avec une prédilection pour l’archipel d’Hawaï (LozatoGiotart, 2003, 50). Ces îles ou ces rivages tropicaux sont appelés les « Pleasure Perifery » et, à partir de cette période, l’engouement pour ces destinations n’a cessé de se développer : certains de ces espaces ont même été rattrapés par le tourisme de masse. L’attrait pour ces destinations est dû notamment à un imaginaire fort qui fascine. 81 2.1.2. Des stéréotypes forts… L’image que se font les touristes de ces zones est fondée sur des stéréotypes et des préjugés favorables largement partagés à l’ensemble des sociétés. La représentation du monde tropical est l’une des plus marquée dans l’esprit des vacanciers, et se cantonne principalement à son paysage et son climat : la mer, les plages de sable blanc, les cocotiers, les barrières de corail, des températures agréables toute l’année et le soleil qui brille en permanence. (Bachimon, in Amirou et Bachimon, 2000, p.128). Les activités en milieux tropicaux sont apparentées à des activités de repos, de détentes, ou la vie reste facile, simple, plaisante et où l’on prend soin de soi dans un cadre privilégié. Cet espace est perçu comme un lieu de ressourcement et d’accomplissement des plaisirs « où tout est permis » (Lozato-Giotart, 2003, p.47). Pourtant, ce jugement idyllique reste réducteur et ne correspond pas toujours à la réalité de l’environnement. En effet, les touristes oublient trop souvent que ce climat est caractérisé par l’humidité et la chaleur et qui rendent les lieux peu confortables pour le touriste, ou encore que le soleil n’est pas toujours présent, masqué parfois par d’épaisses couches nuageuses. 2.1.3. … dominés par les espaces insulaires L’imaginaire de ces milieux est largement dominé par la représentation des îles : elles sont l’image de marque des tropiques62. Elles sont vues comme de véritables lieux paradisiaques et l’ensemble des touristes ont en tête l’image de Bali, de Tahiti, ou encore d’Hawaii. L’île a connu un véritable processus de mythification : Elle apparaît comme un lieu utopique, véritable havre de paix. Les touristes ont l’illusion d’un retour à la nature, à la pureté, à travers une végétation abondante et luxuriante. L’île a véritablement un pouvoir d’attraction, qui connaît une permanence dans les sociétés occidentales. Cette image est utilisée dans la commercialisation des différents acteurs du tourisme, pour attirer les touristes sur les destinations. 62 B. AUVREY, Intérêt de la sociologie pour la géographie du tourisme, Doctoriales du tourisme, 2008, p.1 [En ligne]. Disponible sur : <http://hal.archivesouvertes.fr/docs/00/48/30/18/PDF/Article_AUVRAY.pdf> (Consulté le 25-01-2012) 82 Figure 12 : L’ile tropicale emblématique : Source : Lozato-Giotart, 2003, p 47 2.2. L’imaginaire d’un monde montagnard 2.2.1. L’espace naturel montagnard L’imaginaire de l’espace montagnard a beaucoup évolué durant ces derniers siècles : Ce n’est qu’à partir 18e siècle qu’un certain attrait pour ces espaces s’est développé, notamment à travers l’esthétique de la montagne et une curiosité de plus en plus présente de la nature (Lozato-Giotart, p. 43). Ainsi, très vite l’espace montagnard est vu comme un lieu de pureté, de nature originelle et source de bienfaits (Curt-Compte, 2002, p.66): cette perception n’a pas changé. En effet, selon une enquête de l’Association Nationale des Elus et de la Montagne réalisée en 1992, lorsque l’on demande aux français ce qu’évoque le mot « montagne », 54% répondent « pureté de l’air et oxygène », 33% « neige » et 29% « nature et forêts ». Les touristes se représentent l’espace montagnard comme un espace immense, ouvert, avec la présence d’une végétation abondante. Il est envisagé comme propice au ressourcement du corps et à la détente63. De plus, ces espaces sont considérés comme des lieux qui ont su rester rustiques et traditionnels, en conservant leurs caractères authentiques, notamment dans la façon de vivre des habitants, du respect des traditions ou encore des 63 B. DEBARBIEUX, Les montagnes représentations et constructions culturels. Université de Genève 2001, p.4 [En ligne]. Disponible sur : <http://archiveouverte.unige.ch/downloader/pdf/tmp/eigilvnoisfb83u7uiiglivmb0/out.pdf> (Consulté le 13-032012) 83 aménagements comme les habitations sous forme de chalets (Curt-Comte, 2002, p.69). Finalement, la montagne est un lieu qui a été sacralisé à travers divers récits mythiques, qui la présente comme un axe reliant le monde divin et le monde souterrain. On y accorde donc un caractère sacré et symbolique, et à ce titre elle fascine mais elle effraie aussi, au moins dans certaines sociétés64. 2.2.2. Imaginaire des sports d’hiver Il existe, de plus, un imaginaire concernant la pratique des sports d’hiver, et notamment du ski. En effet, les sports alpins sont vus comme relativement dangereux par les touristes : des activités qui permettent la régénération physique et mentale mais qui comportent des risques et un aspect périlleux de la pratique (Curt-Compte, 2002, p.75). D’un coté, ces lieux séduisent avec leurs paysages magnifiques, propices à la régénérescence, de l’exaltation, mais d’un autre, ils sont représentés comme des lieux synonymes de dangers, avec des risques de blessures, voir de mort. L’imaginaire collectif se représente les individus pratiquant les sports de glisse, ou encore l’alpinisme, comme des sortes de héros qui auraient su revenir indemnes de la montagne : la montagne est ainsi vue comme un lieu d’initiation65. Nous noterons que l’utilisation de la montagne pour les sports d’hiver est relativement récente, et la première station de ski a été crée en 1935 à l’Alpe d’Huez en France (Lozato-Giotart, 2002, p.43). 64 B. DEBARBIEUX, Les montagnes représentations et constructions culturels. Université de Genève 2001, p.4 [En ligne]. Disponible sur : <http://archiveouverte.unige.ch/downloader/pdf/tmp/eigilvnoisfb83u7uiiglivmb0/out.pdf> (Consulté le 13-032012) 65 Le figaro, Pourquoi aller aux sports d’hiver, 13/ Janvier 2012. [En ligne]. Disponible sur : <http://www.lefigaro.fr/lefigaromagazine/2012/01/13/01006-20120113ARTFIG00790-pourquoialler-aux-sports-d-hiver.php> (Consulté le 05-01-2012) 84 3. Utilisation des représentations dans le tourisme hors-sol climatique 3.1. Le tourisme sous bulle: création d’un monde idéal 3.1.1. Un lieu basé sur les représentations touristiques Les structures de hors-sol climatique recréent des espaces spécifiques, mais elles s’appuient plus sur les représentations que s’en font les touristes que sur les caractéristiques réelles des lieux. Cela en prenant en compte surtout l’imaginaire des destinations au niveau naturel, climatique et de l’ambiance (Urbain, 1996, p.359). Ces lieux touristiques sont fondés sur la représentation d’un espace, dans le but de recréer une structure comportant les éléments de l’imaginaire collectif, basé sur des stéréotypes et des images fantasmées: Une telle mise en scène est une des seuls techniques permettant de pouvoir proposer aux touristes un espace correspondant parfaitement à leur idéal et à l’idée qu’il se font des destinations 66 . Les acteurs s’attachent donc à matérialiser une image plutôt qu’un espace luimême : Il s’agit de créer un lieu idéal à partir d’espaces initiaux rêvés (Remy, in Amirou et Bachimon, 2000, p.35). Ainsi on comprend que dans ce type de structures, c’est le touriste qui est le moteur de la construction du lieu, car il y a une mise en conformité a partir de l’idée qu’il se fait des différentes destinations. Les lieux sont conçus à partir des exigences des touristes, de ce qu’ils s’attendent à y trouver. Les acteurs jouent sur les représentations des individus pour répondre aux mieux à leurs attentes 67. En effet, l’image peut acquérir une telle force collective symbolique qu’elle en devient la référence majeure du site. 66 Anne-Marie D’HAUTESERRE. L’altérité et le tourisme : construction du soi et d’une identité sociale. Espace population société. 2009. p.3 [En ligne]. Disponible sur : <http://eps.revues.org/index3693.html> Consulté le 25-11-2011) 67 B. AUVREY, Intérêt de la sociologie pour la géographie du tourisme, Doctoriales du tourisme, 2008, p.5 [En ligne]. Disponible sur : <http://hal.archivesouvertes.fr/docs/00/48/30/18/PDF/Article_AUVRAY.pdf> (Consulté le 25-01-2012) 85 3.1.2. Une concordance totale entre l’espace imaginé et consommé. On comprend donc que ces produits permettent une réelle concordance entre les l’espace imaginé par le touriste et l’espace qui sera consommé 68 : cela évite les déceptions des clients. En effet, habituellement, il existe toujours un écart entre les deux images (Spindler, 2003, 57): Ce qui n’est pas réellement possible dans le cas des structures de tourisme hors sol climatique, ou en tout cas à un niveau moindre, puisque les concepteurs se sont attachés à reconstituer un lieu en concordance avec les représentations : L’imaginaire et le réel de la destination ne font plus qu’un. Ainsi, l’engouement actuel pour le tourisme hors-sol climatique s’explique par sa capacité à offrir à ses clients un produit répondant à leurs attentes exactes : les espaces et les climats sont imités mais retouchés pour mieux se conformer aux représentations des touristes. 3.2. Une forme de tourisme trop artificielle ? 3.2.1. Faux exotisme Le tourisme hors-sol climatique est largement remis en cause de par sa nature. En effet, il est vu par certains comme une forme de tourisme trop encadré où l’on n’apprend rien. Il subit les mêmes critiques que le tourisme de masse : certains diront qu’il « s’applique à dévoyer l’art du voyage, et ridiculise les prétentions esthétiques du touriste (…) par des amateurs d’exotisme de pacotille » (Amirou, in Amirou et Bachimon, 2000, p.15). En d’autres termes, les touristes qui le pratiquent sont vus comme des touristes sans aucun mérite, se déplaçant vers un lieu trop confortable. Néanmoins, cette critique faite au tourisme hors-sol climatique est remise en cause par différents auteurs : « Même l’idiot du voyage effectue un voyage dans sa tête » (Amirou, in Amirou et Bachimon, 2000, p.16). D’après ce dernier, on ne peut pas dire que l’on n’apprend rien dans cette forme de vacances, car elle permet une réflexion sur soi, sur l’autre et l’ailleurs. 68 B. AUVREY, Intérêt de la sociologie pour la géographie du tourisme, Doctoriales du tourisme, 2008, p.2 [En ligne]. Disponible sur : <http://hal.archivesouvertes.fr/docs/00/48/30/18/PDF/Article_AUVRAY.pdf> (Consulté le 25-01-2012) 86 De plus, le rapport des touristes à ces lieux a été soigneusement étudié et préparé, et l’exotisme qui peut exister a été conçu de toute pièce : il a été inventé pour prévoir les réactions des touristes69. La découverte de l’exotisme n’est que rêvée, imaginée à travers un univers fictif, dans un cocon : ce sont simplement des produits qui recréent un exotisme. 3.2.2. Le fictif et le réel se mêle La mise en scène de ces lieux reste très spécifique par son mode de fonctionnement. Jusqu'à présent, la création d’un monde fictif comme celle des parcs d’attractions (sur le même fonctionnement qu’un film) essayait de copier le réel pour être le plus crédible possible, mais dans notre cas, c’est l’inverse qui se produit : c’est le réel essaye de copier le fictif, à travers l’adoption des représentations et des imaginaires collectifs. (Augé, in Dreyfus-Signoles, 2002, p.212). Le tourisme hors-sol est une forme innovatrice du tourisme dans le sens où il s’attache à créer des lieux les plus poches possible du réel. Ainsi dans ce type de structure, le réel et le fictif se distinguent de moins en moins et finissent par se confondre. Ainsi, dans ce chapitre, nous émettons l‘hypothèse que les structures de tourisme hors-sol climatique se basent davantage sur l’imaginaire et sur les représentations des milieux tropicaux ou montagnards des touristes que sur les caractéristiques réels de ces lieux. La technique d’ « artificialisation » des bulles repose principalement sur la mise en place d’éléments illustrant ces espaces dans l’esprit du consommateur. Cette méthode permet, en outre, de créer une concordance entre la prestation attendue et la prestation perçue. Il s’agit en réalité de recréer un idéal touristique. Néanmoins, pour cette forme de produits, il devient de plus en plus difficile de discerner le fictif et le réel. 69 B. AUVREY, Intérêt de la sociologie pour la géographie du tourisme, Doctoriales du tourisme, 2008, p.5 [En ligne]. Disponible sur : <http://hal.archivesouvertes.fr/docs/00/48/30/18/PDF/Article_AUVRAY.pdf> (Consulté le 25-01-2012) 87 CHAPITRE 4 : UNE COHERENCE AVEC LE TOURISME DURABLE Dans nos sociétés actuelles, la question du développement durable est plus que d’actualité. Toutes les activités tentent de s’y adapter et le tourisme n’y fait pas exception. Le tourisme durable rencontre actuellement une de mande forte de la part des clients. L’enjeu pour les acteurs du tourisme consiste à trouver un juste équilibre entre une activité économiquement viable et une activité, facteur de préservation et de développement des territoires. Nous verrons dans quelles mesures le tourisme hors-sol climatique peut s’intégrer dans cette nouvelle façon de concevoir l’activité. 1. Quels sont les enjeux du développement durable pour le tourisme ? 1.1. Qu’est ce que le développement durable 1.1.1. Les fondements de ce concept Actuellement le développement durable est un concept central des préoccupations de nos sociétés industrialisées (Logossah et Salmon, 2005, p.15). Il se définit traditionnellement comme « un développement qui répond aux besoins du présent, sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ». On comprend que cette vision implique donc une réflexion sur le long terme, à travers le questionnement de la qualité de vie des générations qui viendront, et ceci à l’échelle mondiale. Ainsi le développement durable consiste en la rationalisation de l’utilisation des différentes ressources et de l’activité de production, pour satisfaire les besoins fondamentaux de l’humanité, sans pour autant engendrer du surplus. Le but est de pouvoir conserver l’équilibre général. Le développement durable est, par définition, un processus de développement qui tend à concilier les trois fondements suivants70 : 70 Ministère de l’écologie, du développement durable, des transports et du logement. Développement durable. [En ligne]. Disponible sur : <http://www.developpementdurable.gouv.fr/-Developpement-durable-.html> (Consulté le 23-02-21012) 88 - Tout d’abord le « respect de l’environnement »: ce développement ne doit pas entraîner de détériorations sur l’environnement, doit être respectueux de l’écosystème et prévenir l’épuisement des ressources naturelles. - La « rentabilité économique »: Les différentes activités doivent être rentables économiquement et donc montrer une certaine efficacité. - Une « équité » : ce développement doit pouvoir réduire les inégalités entre les pays du Nord et du Sud qui existent actuellement, notamment en évitant l'exclusion, en favorisant l’égalité et luttant contre la pauvreté. Le développement durable doit prendre en compte le bien-être de chacun des individus. Finalement nous retiendrons que le développement durable ne pourra être un succès que s’il repose sur l’engagement de l’ensemble des acteurs, qu’il s’agisse d’entreprises, d’institutionnels, d’associations ou encore de chacun des individus, et cela autant au niveau local qu’international. 1.1.2. La naissance du concept Ce concept de développement durable est né suite à deux constats majeurs : - Tout d’abord, la crise écologique qui s’impose actuellement à nos sociétés et l’urgence de sauvegarder l’environnement. En effet, dès 1920, on assiste à une remise en cause de l’idée apparue avec la révolution industrielle, selon laquelle le progrès technique et l’intensité des activités assurent une croissance importante. En effet, une prise de conscience apparaît progressivement et évoque les effets négatifs que provoque l’industrialisation sur l’environnement, sur sa faune, sa flore et ses milieux aquatiques. - De plus, ce concept vient aussi du constat de la fracture qui peut exister entre les pays du Nord et du Sud, et l’inégale répartition des richesses sur l’ensemble du globe. En effet, après la deuxième guerre mondiale, de nouvelles réflexions évoquent trop de négligences de l’aspect social, et un besoin d’équité qui doit être mis en place. C’est la Conférence de Rio tenue en juin 1992 qui a contribué très largement à une prise de conscience planétaire sur l’idée et l’importance du développement durable dans nos sociétés actuelles. C’est, en effet, à partir de cette date que les 89 États et les différents acteurs s’efforcent de mettre en œuvre le développement durable. 1.2. Importance du développement durable pour le tourisme Le tourisme est un secteur d’activité où la question du développement durablement se pose tout particulièrement. En effet, l’activité touristique possède des caractéristiques spécifiques qui la rendent plus sujette que d’autres à la question de la durabilité (Spindler, 2003, p.331) : - Comme nous l’avons évoqué dans la première partie, le tourisme est une activité qui connaît une croissance beaucoup plus forte que la moyenne. Le nombre de touristes internationaux ne cesse d’augmenter et les pronostics l’estiment même à 1,6 milliard d’arrivées à l’horizon 202071. - Le tourisme engendre une forte concentration de population sur des périodes et des espaces souvent restreints : Un aspect que le territoire risque parfois de ne pas supporter. - Le tourisme est une activité territorialisée qui a besoin d’une localisation et d’un espace pour se développer. En conséquence, il est inévitablement en contact avec les territoires, leurs natures, leurs populations ou encore leurs économies et provoque des influences sur ces derniers. Il modifie l’espace dans lequel il intervient : tout type de tourisme a un effet sur l’espace où il est implanté. - Le tourisme est une activité de contact entre les touristes et les populations locales, ce qui peut entraîner la production de changements sociaux ou de déstructuration sociale des habitants des lieux récepteurs. Le problème se présente surtout pour les déplacements vers des pays en développement, qui mettent en contact deux populations très différentes de par leurs niveaux de vie, leurs pratiques, leurs valeurs, et peuvent provoquer des incompréhensions et des frustrations. - Le tourisme et plus particulièrement touché par la détérioration de l’environnement ou encore la déstructuration des cultures car il s’agit d’éléments constitutifs de ce dernier: En effet, l’ensemble de l’activité 71 Veille info tourisme. Classement mondial des destinations et des marchés émetteurs [En ligne]. Disponible sur : <http://veilletourisme.ca/2011/06/20/classement-mondial-des-destinations-et-desmarches-emetteurs/> Consulté le 26-11-2011 90 touristique repose sur ces deux éléments principaux et leurs préservations restent donc essentielles. Les ressources touristiques sont en grandes parties constituées du milieu naturel et de l’aspect culturel des lieux. Sa détérioration risque donc de provoquer la perte de l’activité ou, en tout cas, un affaiblissement de son attractivité. - Finalement, le tourisme ne peut pas aller sans le déplacement des individus. Pourtant le transport reste une des causes principales de destruction de l’environnement, avec notamment l’utilisation de l’avion ou de la voiture qui reste très polluante. Il semble donc évident que le tourisme soit une activité particulièrement sensible au sujet du développement durable et qu’il va devoir s’y adapter. 2. Le tourisme durable : une tendance forte 2.1. Qu’est ce que le tourisme durable ? 2.2.1. Définition Toutes les activités sont touchées par cette nouvelle tendance qu’est le développement durable et le tourisme ne fait donc pas exception à la règle. Les consommateurs, comme les acteurs touristiques, prennent conscience de l’enjeu majeur d’intégrer le concept de développement durable à l’activité touristique. (Kalfon, 2009, p.79) : C’est ainsi que nous avons récemment vu apparaitre « le tourisme durable ». Le tourisme durable se définit comme devant « être supportable à long terme sur le plan écologique, viable sur le plan économique, et équitable sur le plan éthique et social pour les populations locales » selon la Charte du tourisme durable de l’OMT72. En d’autres termes, il doit pouvoir préserver le droit aux voyages aux générations futures, tout en leur permettant à leur tour de découvrir la planète toujours constituée de ses atouts culturels et naturels. 72 Gilles Caire et Monique Roullet-Caire. LE tourisme peut-il être un élément de développement durable ? Les enjeux du développement durable. 2001, p.1 [En ligne]. Disponible sur : <http://sceco.univ-poitiers.fr/gedes/docs/DT16_TourDurComp_Caire.pdf> (Consulté le 12-012012) 91 Ainsi, le terme à proprement parler de « tourisme durable » est né seulement au début des années 1990 : il reste donc relativement récent. Pourtant les préoccupations et les questionnements qu’il intègre sont parfois bien antérieurs à cela. 2.1.2. Remise en cause du tourisme de masse On comprend, donc à travers cette définition, que ce concept remet largement en cause le tourisme de masse73. En effet, avec la démocratisation du tourisme dans les sociétés industrialisées, les acteurs ont réalisé de nombreux aménagements et infrastructures sur les territoires d’accueil, en un temps relativement restreint, dans le but de faire face à une demande toujours plus massive. Mais ces dernières n’ont pas su apprécier les différentes conséquences pouvant s’imposer au territoire, avec une sur-fréquentation de l’activité dans certains lieux totalement investis par les touristes (Boyer, 2008, p205). Avec les prises de conscience et l’arrivée du tourisme durable, l’enjeu majeur pour les acteurs va être d’essayer de passer, d’un développement touristique uniquement conçu dans un but de rentabilité rapide, à une approche plus durable prenant en compte les détriments engendrés par l’activité sur les lieux et les gens74. Ce tourisme de masse est remis en cause, notamment sur deux points spécifiques : D’une part, la détérioration de l’environnement de l’espace réceptif et la consommation excessive des ressources de la planète, et d’autre part la confrontation parfois problématique entre les touristes et les populations locales. 2.2. Les fondements du tourisme durable La notion de tourisme durable s’articule donc autour de deux grands questionnements qui sont les suivants (Logossah et Salmon, 2005, p.29): 73 Gilles Caire et Monique Roullet-Caire. Le tourisme peut-il être un élément de développement durable ? Les enjeux du développement durable. 2001, p.9 [En ligne]. Disponible sur : <http://sceco.univ-poitiers.fr/gedes/docs/DT16_TourDurComp_Caire.pdf> (Consulté le 12-012012) 74 Gilles Caire et Monique Roullet-Caire. Le tourisme peut-il être un élément de développement durable ? Les enjeux du développement durable. 2001, p.4 [En ligne]. Disponible sur : <http://sceco.univ-poitiers.fr/gedes/docs/DT16_TourDurComp_Caire.pdf> (Consulté le 12-012012) 92 - Tout d’abord, il s’agit de savoir si le tourisme peut être compatible avec la conservation du patrimoine naturel et monumental des territoires d’accueil. En effet, le tourisme est perçu comme étant à l’origine de dégradations multiples, à travers la déstructuration et la détérioration des espaces et des monuments, et la consommation importante de ressources naturelles terrestres. Néanmoins cette activité peut aussi procurer des sources de financements nécessaires à la réhabilitation de certains lieux. Ainsi, il s’agit de trouver un équilibre lors de l’aménagement des territoires, pour réaliser une mise en valeur à travers l’activité touristique et non une destruction : Le tourisme durable consiste en l’aménagement harmonieux de l’espace. - Le second questionnement abordé traite un aspect plus social du tourisme: En effet, il s’agit de savoir si cette activité peut être compatible avec une permanence de l’environnement social des territoires. En premier lieu, le tourisme est perçu comme source de perte d’authenticité socioculturelle des communautés d’accueil, d’acculturation voir de déculturation suite au contact entre les différentes populations : parfois même il peut exister des conflits entre touristes et locaux. Néanmoins, le tourisme peut contribuer à l’amélioration du cadre de vie des habitants du territoire, avec notamment le développement de nouveaux emplois et le partage de certaines technologies ou savoir-faire. Ainsi, le tourisme durable s’interroge donc sur les meilleures façons de préserver et de mettre en valeur durablement un territoire. Actuellement, dans l’activité touristique, la relation entre tourisme et environnement, et tourisme et éthique, est devenue incontournable75. 75 Veilleinfotourisme. Définition du développement durable. En ligne]. Disponible sur : <http://www.veilleinfotourisme.fr/1186758213380/0/fiche___article/&RH=GTIDDT> (Consulté le 12-01-2012) 93 3. Tourisme durable et tourisme hors sol climatique 3.1. Impacts négatifs 3.1.1. Une consommation importante en eau et électricité Il est clair qu’à première vue, le tourisme hors-sol climatique n’est pas la forme de tourisme respectant le plus l’environnement. En effet, les différentes techniques utilisées pour imiter le climat ne s’intègrent pas dans cette vision. Pour générer de la neige artificielle dans le centre de ski indoor ou pour chauffer en permanence l’espace et l’eau de la piscine des bulles tropicales, la consommation en eau comme en électricité reste très importante. En ce qui concerne les centres de ski indoor, la création de neige de culture, à l’aide de canons, est indispensable pour l’activité. Cette neige est obtenue par la cristallisation dans l’air froid ambiant de gouttelettes d’eau finement pulvérisées et projetées sur de grandes distances : On comprend donc que la consommation d’eau reste énorme. En effet, si l’on prend le cas de « Ski Dubaï », la production de neige est de l’ordre de 30 tonnes par jour76, pour une structure proposant 400 mètres de pistes : Sachant qu’il faut en un moyenne un mètre cube d’eau pour créer deux mètres cube de neige, la consommation en eau journalière du centre du ski indoor s’élève approximativement à donc 300 mètre cube d’eau par jour. Une consommation très importante est nécessaire pour faire fonctionner ces canons, et pareillement pour maintenir cette structure de 25 000 mètres carré à une température de -1° en permanence : la consommation de ces équipements de réfrigération est égale à 1,2 MW en continue77. Finalement, l’éclairage reste aussi indispensable : pour exemple, le centre de ski indoor « Snow World » en Hollande possède environ 300 lampes de 400 watts chacune en fonctionnement continu dans la journée. Concernant maintenant les bulles tropicales, le constat est similaire : En effet, la plus grande structure de ce type, est « Tropic Island Resort » composé d’une 76 Guide destination, Ski indoor Dubaï. [En ligne]. Disponible sur : <http://www.guidedestination.com/ski-dubai> (Consulté le 24-11-2011) 77 Echos-Conseil. Coups d’œil sur la consommation d’énergie de la plus grande piste de ski indoor au monde. [En ligne]. Disponible sur : <http://energieadviseur.luminus.be/fr/Une-Maison-peuenergivore/Een%20blik%20op%20het%20energieverbruik%20van%20het%20grootste%20indoor %20wintersportresort%20ter%20wereld.aspx> (Consulté le 24-11-2011) 94 piscine de 7360 mètres cubes d’eau avec une consommation journalière de 1200 mètres cube78. De plus ces structures sont chauffées en permanence au moins à 28° et l’eau à 29°, la consommation d’électricité est très importante : estimée à 20000 MWh/an. Ainsi du point de vue de la consommation en électricité et en eau, ces structures ne sont pas encore en concordance avec la dimension de durabilité. Néanmoins, certaines d’entre elles, réalisent actuellement de nombreuses études, et mettent en place des techniques innovantes pour tenter de réduire cette consommation. 3.1.2. Une implantation au détriment d’autres activités Lors de leurs implantations, les structures hors-sol climatiques perturbent les différents espaces et territoires dans lesquels elles vont être construites. En effet, ces aménagements touristiques sont implantés, le plus souvent, à l’intérieur de zones rurales voir périurbaines79. On pouvait y trouver auparavant, dans certains cas, des espaces naturels non aménagés, divers selon les pays : allant de la forêt, aux déserts, en passant par les champs ou encore les espaces lacustres. Des espaces parfois laissés à disposition des populations locales. (Spindler, 2003, p.332) Ces structures prennent donc la place d’autres lieux, en supprimant souvent des espaces naturels, qui avaient leurs places dans l’environnement et la structuration des territoires. Certains étaient laissés à disposition des populations locales. De plus, parfois, l’implantation de cette activité touristique se substitut à d’autres, comme par exemple l’exploitation de ces terres pour l’agriculture ou l’élevage. Le tourisme se substitut donc aux activités traditionnelles locales de la région. Ainsi, ce tourisme peut provoquer une certaine déstructuration des lieux et engendrer quelques conflits avec les habitants des lieux. 78 Travel services europe. Vacances en Tropic Island [En ligne]. Disponible sur : <http://www.travelserviceeurope.com/house.php?h_id=13257&lang=fr> (Consulté le 12-12-2011) 79 Center Parcs des implantations murement réfléchies. [En ligne]. Disponible sur : <http://www.journaldunet.com/economie/services/center-parcs/implantations.shtml> (Consulté le 23-09-2011) 95 3.2. Impacts positifs 3.2.1. Une réduction des déplacements De par la proposition d’une offre d’une certaine proximité, les structures de tourisme hors-sol climatique permettent la réduction de l’utilisation excessive des transports. En effet, pour aller dans ces destinations de proximité, les touristes arrivent essentiellement par le moyen de voitures, avec un temps de trajet relativement restreint. Cette forme de tourisme permet donc de réduire des nuisances sur l’environnement, dues aux transports et à la mobilité touristique (Kalfon, 2009, p.79). Il faut savoir que le transport reste le principal responsable de dégâts sur l’environnement, avec une forte production de CO2 et d’autres gaz à effet de serre, directement rejetés dans l’atmosphère80. On comprend que les déplacements sont d’un effet moindre sur l’environnement pour aller dans les structures de tourisme hors-sol climatique, comparés à ceux effectués vers des espaces tropicaux ou dans des stations montagnardes, sont d’un effet moindre sur l’environnement : Néanmoins, cet aspect reste beaucoup plus intense concernant les espaces tropicaux, notamment à cause d’une accessibilité exclusivement aériennes pour les îles (Lozato-Giotart, 2003, p.46) Ainsi, le tourisme hors-sol climatique privilégie les déplacements courts et reste en concordance avec un certain respect de l’environnement et les fondements du tourisme durable. 3.2.2. Une forte contribution à la préservation de l’environnement Le concept du tourisme hors-sol climatique s’appuie, comme nous l’avons vu dans la partie précédente, sur le fait de recréer artificiellement un espace existant ailleurs sur la planète. On comprend donc que lorsque les touristes pratiquent du tourisme sous bulle, c’est la reconstitution d’un territoire et d’un environnement qui est consommée et non pas l’espace lui-même. Ce n’est donc pas directement les espaces naturels, 80 Gilles Caire et Monique Roullet-Caire. Le tourisme peut-il être un élément de développement durable ? Les enjeux du développement durable. 2001, p.9 [En ligne]. Disponible sur : <http://sceco.univ-poitiers.fr/gedes/docs/DT16_TourDurComp_Caire.pdf> (Consulté le 12-012012) 96 littoraux tropicaux ou de montagnes, qui seront dégradés ou pollués par la présence de l’activité touristique, mais une simple copie. Même si ces structures n’avaient pas pour prédilections de préserver certains espaces naturels, actuellement menacés par la sur-fréquentation des touristes, on comprend pourtant qu’elles y participent. De plus, les touristes qui pratiquent le tourisme sous bulle, sont nombre de touristes qui ne partent pas directement sur les destinations. Ainsi, ces structures peuvent être vues comme des solutions ou alternatives aux formes de tourismes destructeurs : Comme on construit la Grotte de Lascaux 2, pour éviter la destruction et la perte de la première, on peut voir à travers ce concept la reproduction de milieux actuellement en danger, qui pourrait être préservés à travers la consommation de leur reproduction81. 3.2.3. Faible contact avec les populations locales Le tourisme hors sol climatique de par sa spécificité a un rapport bien particulier avec son environnement. En effet, son isolement et sa fermeture avec l’espace où il est implanté rendent les contacts avec le territoire d’accueil très peu développés82. En effet, les touristes qui viennent dans ces lieux ont tout à disposition et peuvent vivre en autarcie au sein de la structure : Ils ont les hébergements, la restauration, des magasins de toutes sortes, les activités et les animations (Augé, in DreyfusSignoles, 2003, p.210). Ils n’ont donc pas nécessairement besoin de sortir durant leurs séjours. Les sorties réalisées se cantonnent à quelques visites aux alentours pour certains. Ainsi, on comprend que le contact avec les populations locales est très peu présent avec ces types de produits touristiques et que les confrontations sont minimisées : on ne trouve pas de déstructurations des cultures locales. Néanmoins, on comprendra, par conséquent, que les retombées économiques sur le territoire d’accueil restent très faibles. 81 Lascaux, conservation et préservation. [En ligne]. <http://www.lascaux.culture.fr/#/fr/chrono.xml> (Consulté 10-02-2012) 82 Disponible sur : P. VIOLER, Les 3 T, le territoire, le touriste et le technicien, p.6 [En ligne]. Disponible sur : <eso.cnrs.fr/IMG/pdf/vp.pdf> (Consulté le 25-10-2012) 97 On comprend, finalement, dans ce chapitre, que le durable est une notion qui se développe dans l’activité touristique et les touristes y sont d'autant plus sensibles Le contact du tourisme durable sur les structures du tourisme hors-sol reste mitigé. A première vue, ce sont des structures qui ont la nécessité impérieuse d'une forte consommation d’eau et d’énergie pour leur fonctionnement, de plus leur isolement d'avec l’extérieur minimise les retombées économiques sur le territoire d’accueil. Néanmoins, le départ sur ces destinations limite l’utilisation de moyens de transport polluants et de nombreuses actions sont mises en œuvre pour respecter aux maximum l’environnement. Cette deuxième partie a été consacrée à l’explicitation des différentes hypothèses avancées : Elles correspondent aux principales caractéristiques du tourisme hors-sol climatique, appréhendées comme des réponses aux demandes actuelles des touristes. Ainsi, a été évoqué le fait que ce produit répondait parfaitement à la nouvelle mobilité des clientèles. En effet, il reste largement adapté aux courts séjours, notamment grâce au choix judicieux d’une implantation à proximité relative des grands foyers urbain, à la « dessaisonnalisation » résultant du concept même de ces structures qui proposent toute l’année des activités habituellement dépendantes d’un climat, et finalement à une offre cantonnée dans l’imitation de produits touristes traditionnellement bien plus éloignés géographiquement. Au niveau de la concordance avec les besoins sécuritaires des clients, nous avons posé l' hypothèse que le tourisme hors sol climatique permet, de réduire au maximum les risques physiques liés au climat encourus par les clients, de découvrir un espace nouveau tout en gardant certains repères essentiels et finalement de faciliter le séjour et de donner une garantie pour le bon déroulement du séjour. Concernant la création d’un monde idéal, l’utilisation des représentations collectives des espaces tropicaux et montagnards semble largement utilisés : ce qui permet au touriste de trouver exactement ce qu’il est venu chercher, sans déception possible. Cette forme de tourisme est l’une des premières à utiliser le fictif pour récréer au mieux des espaces réels. 98 Finalement, la concordance de ce type de produits avec le tourisme durable reste plus mitigé mais encourageant. En effet, la consommation en eau ou déchets reste très élevée, néanmoins des actions sont mises en œuvre pour aller dans une optique de durabilité : par une diminution des transports aériens due à l’implantation des attraits touristiques au sein même des espaces émetteurs, par une diminution des conséquences négatives sur l’espace et les populations d’accueil, due à un isolement important du site, et de nombreuses actions mises en place pour la préservation de l’environnement. Après l'énoncé de ces différentes hypothèses, il convient maintenant de les vérifier sur les actions concrètes menées sur le terrain. 99 PARTIE III. TERRAIN D’APPLICATION : LES BULLES TROPICALES (LE CAS DE CENTER PARCS LES BOIS-FRANCS) 100 Cette troisième partie va consister à vérifier les différentes hypothèses proposées antérieurement et cela à travers un terrain d’application spécifique. Il a été fait le choix d’étudier le cas d’une bulle tropicale et plus particulièrement du dôme de Center Parcs les Bois-Francs, situé en Normandie. Ce choix semble pertinent, car l’entreprise Center Parcs s'affirme comme la seule actuellement spécialisée dans ce type d’infrastructure et possède une stratégie et un concept bien particulier et minutieusement travaillé. Nous allons, dans une première partie, nous attacher à définir plus précisément le concept de la bulle tropicale : à travers une définition précise, la description de sa naissance et de son évolution et finalement l'explication des motivations des flux, de ces caractéristiques, et des techniques utilisées pour sa conception. Le deuxième chapitre, quant lui, permettra d’effectuer une description précise du terrain d’application choisi. Ceci, dans un premier temps, à partir d’un état précis de l’entreprise Center Parcs, son histoire, sa situation actuelle, son contexte économique et son concept, puis dans un deuxième, de l’étude du domaine des Bois-Francs à travers son implantation et les différentes prestations de services proposées aux clients. Dans le chapitre suivant, on proposera une méthodologie qui permettra de vérifier si les différentes hypothèses, émises à propos des structures de tourisme hors-sol climatique, peuvent être adaptées et vérifiées dans le cas du Domaine des Bois-Francs. Cette méthodologie présentera les analyses déjà effectuées et celles à mettre en place dans le futur. Finalement, le dernier chapitre présentera brièvement la collecte des premiers résultats, fruits des premières analyses mises en place : Ils traitent, notamment, des données qui touchent la prise en compte de la nouvelle mobilité, du besoin sécuritaire des clients, et de l’engagement pour le durable de la structure Center Parcs Les Bois-Francs. 101 CHAPITRE 1 : LES BULLES TROPICALES Dans ce chapitre, nous décrirons plus particulièrement la structure de la bulle tropicale qui est une offre attenante au tourisme hors-sol climatique. Nous tenterons, dans un premier temps, de décrire ce concept, d'en proposer une définition et de comprendre le développement de ce phénomène, puis nous verrons quelles sont les motivations initiales des départs dans ces lieux spécifiques, sans oublier d’aborder les différentes techniques d’aménagements utilisées au sein de la structure et qui font sa spécificité. 1. La bulle tropicale : Une forme spécifique de tourisme hors-sol climatique 1.1. Qu’est-ce que la bulle tropicale 1.1.1 Le concept La « bulle tropicale » est donc une des formes de structures qui composent l’offre du tourisme hors-sol climatique. En effet, il s’agit d’un produit construit à partir de rien et déconnecté de son territoire d’implantation83, qui s’attache à proposer à ses clients une offre principalement basée sur la présence d’un climat autre que celui de la région artificiellement d’accueil (Urbain, 1996, p.359). Ici, plus particulièrement, c’est le climat tropical qui est proposé comme attrait et thème principal des différentes structures. Le concept réside en la transplantation dans une zone d’émission touristique, de l’espace balnéaire tropical, avec notamment, la reconstitution de son climat, de ses ressources naturelles et plus généralement de l’ambiance de ce territoire (Bachimon, in Amirou et Bachimon, 2000, p.56). Pour donner une définition plus personnelle de « la bulle tropicale », nous dirons qu’il s’agit d’ «une structure fermée de tourisme hors sol climatique, soucieuse de proposer à ses clients une offre capable de reconstituer artificiellement un espace tropical par des techniques bien spécifiques, avec comme principale activité, la 83 P. VIOLER, Les 3 T, le territoire, le touriste et le technicien, p.6 [En ligne]. Disponible sur : <eso.cnrs.fr/IMG/pdf/vp.pdf> (Consulté le 25-10-2012) 102 baignade à la faveur d'un monde aquatique reconstitué sous bulle et censé évoquer la plage ». Figure 13 : Reconstitution d’un monde balnéaire à Tropic Island (Allemagne) Source : 84 1.1.2. Développement du phénomène Ce concept est apparu, en premier lieu, en Europe du Nord : avec comme vu précédemment, la création de l’entreprise Center Parcs au Pays-Bas et de sa première structure implantée et ouverte en 1967. Cette structure annonce plutôt les prémices des bulles tropicales avec un complexe hôtelier, aménagé autour d’une piscine couverte, sous une épaisse toile de tente, permettant son accès toute l’année. Néanmoins, la création du premier complexe avec le concept de la bulle en dur ne fera son apparition qu’en 1980, toujours au Pays-Bas à proximité d’Amsterdam cette fois85. Très rapidement, un engouement important pour ce type de structure se fait ressentir et des constructions similaires se propagent. En effet, un an plus tard, un nouveau village Center Parcs est inauguré en Belgique86, et rapidement d’autres 84 Tropic Island Resort. Descriptif. [En ligne]. Disponible sur : <http://www.tropicalislands.de/en/visitors/shows.html> (Consulté le 03-12-2011) 85 Entreprise Center Parcs. Dossier de presse. 2010 86 Groupe Pierre et Vacances Center Parcs. Historique[En ligne]. Disponible sur : <http://groupe.pierreetvacances.com/historique.php> (Consulté le 20-10-2012) 103 entreprises développent le même concept : notamment avec l’ouverture du « City Club » par Club Med à Vienne87. On retrouve, actuellement, 26 bulles tropicales réparties dans six pays différents : En France, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Angleterre, en Belgique et en Autriche. On remarque donc que les bulles tropicales sont exclusivement implantées en Europe du Nord Ouest. Elles sont les suivantes : -Les Bois-Francs (France)88 - Port Zélande (Pays-Bas) - Les Trois-Forêts (France) - Park Zandvoort (Pays-Bas) - Le Lac de l’Ailette (France) - Parc Sandur (Pays-Bas) - Les Hauts de Bruyère (France) - Bispinger Heide (Allemagne) - De Vossemeren (Belgique) - Park Hochsauerland (Allemagne) - Erperheide (Belgique) - Park Eifel (Allemagne) - Park De Haan (Belgique) - Park Nordseeküste (Allemagne) - De Kempervennen (Pays-Bas) - Tropic Island (Allemagne)89 - Het Meerdal (Pays-Bas) - Whinfell Forest (Angleterre) - Het Heijderbos (Pays-Bas) - Sherwood Forest (Angleterre) - De Eemhof (Pays-Bas) - Elveden Forest (Angleterre) - De Huttenheugte (Pays-Bas) - Longleat Forest (Angleterre) - Limburgse Peel (Pays-Bas) - Austria Trend Event Pyramide (Autriche)90 Ainsi, depuis l’ouverture de la première structure, on a vu se créer 25 bulles tropicales en seulement vingt ans: ce qui fait une moyenne de plus d’une par an. Le concept est un réel succès et attire la clientèle (Cf. annexe 2). 87 Club méditerranée. Vidéo publicité promotionnelle Club Med City Club : Club de vacances, 1985. Disponible sur : http://www.ina.fr/economie-et-societe/vieeconomique/video/PUB3784090044/club-med-mediterranee-city-club-vienna-club-devacances.fr.html (Consulté le 27-02-2012) 88 Center Parcs. Nos domaines [En ligne]. Disponible sur : <http://www.centerparcs.fr/FR/FR/domaines> (Consulté le 06-10-2011) 89 Tropic Island Resort. Descriptif. [En ligne]. Disponible sur : <http://www.tropicalislands.de/en/visitors/shows.html> (Consulté le 03-12-2011) 90 Club méditerranée. Vidéo publicité promotionnelle Club Med City Club : Club de vacances, 1985. Disponible sur : http://www.ina.fr/economie-et-societe/vieeconomique/video/PUB3784090044/club-med-mediterranee-city-club-vienna-club-devacances.fr.html (Consulté le 27-02-2012) 104 1.1.3. Les entreprises A travers cette liste, on voit clairement que l’entreprise Center Parcs domine largement le marché des bulles tropicales. En effet, vingt des bulles tropicales existantes appartiennent actuellement à Center Parcs. L’entreprise se veut totalement spécialisée dans ce type de concept. 91. Les quatre structures situées en Angleterre ont, elles aussi, été conçues par l’entreprise Center Parcs, mais reprises à 100 % par DB Capital Partners et cédées ensuite à la société britannique d’investissement Mid Ocean en 2000 : leur gestion est donc indépendante92. Seules deux des 26 bulles tropicales se trouvent totalement déconnectées de Tout d’abord : Tropical Island, créée par un investisseur malaisien et située à proximité de Berlin en Allemagne, reste une structure totalement indépendante et privée, tout comme Austria Trend Event Pyramide, anciennement le City Club de Club Med, gérée par le groupe Autrichien Austria Trend Hotel et Resort93. 1.2. De véritables complexes hôteliers Ces bulles tropicales sont toujours conçues sous forme de complexes hôteliers : on y retrouve, en premier lieu, des prestations hôtelières agrémentées ensuite de cette attraction qu’est la bulle. Elles se manifestent le plus souvent sous la forme de résidences de loisirs (Dreyfus-Signoles, 2002, p.197) comme au sein des Center Parcs ou encore à Tropic Island, avec la possibilité de location de cottages ou de bungalows meublés avec cuisine, ou bien encore sous la forme d’un hôtel avec la présence de chambre comme à l’Autrian Trend Event Pyramide 94. Nous noterons que le complexe Tropic Island va encore plus loin dans l’imitation du monde balnéaire tropical, en proposant notamment, la reconstitution d’une hôtellerie de plein air et la possibilité pour les touristes de louer et de séjourner 91 Entreprise Center Parcs. Dossier de presse. 2010 92 Groupe Pierre et Vacances Center Parcs. Historique[En ligne]. Disponible sur : <http://groupe.pierreetvacances.com/historique.php> (Consulté le 20-10-2012) 93 Austria Trend Event Pyramide. Welcome to Eventhotel Pyramide, Vösendorf [En ligne]. Disponible sur : <http://www.austria-trend.at/eventhotel-pyramide/en/> (Consulté le 20-02-2012) 94 Austria Trend Event Pyramide. Welcome to Eventhotel Pyramide, Vösendorf [En ligne]. Disponible sur : <http://www.austria-trend.at/eventhotel-pyramide/en/> (Consulté le 20-02-2012) 105 sous de véritables tentes. Cette offre est possible car Tropic Island est la seule structure à avoir intégré ces hébergements directement sous la bulle, et non pas à l’extérieur comme toutes les autres95. De plus, on retrouve, en plus du service d’hébergement, de nombreuses autres prestations annexes. En effet, ces espaces souhaitent répondre aux mieux à l’ensemble des attentes des clients, sans besoin d’en sortir. Ainsi, toutes ces structures proposent un service de restauration, ainsi que des activités multiples, en plus de l’accès à l’espace aquatique, telles que des pratiques sportives ou de détentes ou encore une animation. Certains vont même plus loin en mettant à disposition des magasins et supermarchés (Augé, in Dreyfus-Signoles, 2002, p.212). 2. Un produit basé sur les attraits du tourisme balnéaire 2.1. Une offre en continuité du paradigme des 3S La bulle tropicale est un produit touristique dans la continuité du tourisme balnéaire. En effet, au même titre que ces touristes qui fréquentent les bords de mer en été (Boyer, 2005, p.276), les individus qui partent sous ces bulles sont motivés par la recherche d’un climat plus favorable que dans leur vie quotidienne, plus chaud et plus agréable pour passer des vacances, ainsi que par la possibilité de bénéficier de la mer et du monde aquatique. L’attrait pour les rivages, s’est largement démocratisé et diffusé à travers le monde à partir des années 1950 avec le développement du tourisme de masse, et reste toujours ancré dans les habitudes des vacanciers (Curvelier, 1998, p.137), basé sur le paradigme devenu mythique des 3S (Sea, Sand ans Sun). Ainsi les bulles tropicales s’inscrivent dans la continuité du tourisme balnéaire traditionnel, avec des attraits communs, mais avec des nombreuses adaptations. 95 Tropic Island Resort. Descriptif. [En ligne]. Disponible sur : <http://www.tropicalislands.de/en/visitors/shows.html> (Consulté le 03-12-2011) 106 2.2. Des motivations bien spécifiques similaires à celles du tourisme balnéaire 2.2.1. Une rupture avec le quotidien En décidant de séjourner dans ces bulles tropicales, le touriste recherche d’abord une rupture avec sa vie quotidienne, pour effectuer un lâcher prise avec son environnement habituel. En effet, il souhaite être dépaysé et recherche de l’exotisme (Furt et Michel, 2006, p.19) : Il veut faire la découverte d’un nouvel espace, un lieu étranger, se sentir bien, et pouvoir faire des activités qu’il ne ferait pas habituellement : surtout les activités balnéaires comme la baignade. Le touriste à besoin de ressentir une différence entre son environnement habituel et celui du lieu dans lequel il vient séjourner (Rieucau et Lageiste, 2006, p.15). 2.2.2. Le repos L’une des principales motivations que l’on retrouve, à la fois pour les touristes qui effectuent des séjours en bord de mer ou dans les bulles tropicales, reste le repos. En effet, durant ces vacances, le touriste veut pouvoir prendre le temps de profiter, se ressourcer, et remédier à la fatigue physique et mentale accumulée par le travail et la vie quotidienne. Il s’agit souvent de vacanciers qui recherchent le calme, la tranquillité à travers des activités douces, pour leur permettre de se reposer (Stock, 2003, p.29-30). Il ne s’agira pas de séjours réellement actifs, plutôt d’un moment d’agrément et de détente où l’on prend soin de soi. 3. Reconstitution d’un espace tropical 3.1. Imitation d’un espace balnéaire Les différentes structures s’apparentées aux bulles tropicales s’attachent à créer un espace uniquement consacré à l’imitation d’un monde aquatique : le touriste doit pouvoir se sentir au bord d’une mer tropicale (Urbain, 1996, p.359). Cet espace est constitué de multiples piscines censées représenter la mer, ainsi que d’un lieu de repos, agrémenté de chaises et de transats. 107 Pour recréer le décor aquatique des lieux balnéaires tropicaux, leurs caractéristiques naturelles sont transformées en de nombreuses attractions pour les touristes : on y retrouve par exemple, piscine à vagues, des bains bouillonnants, cascades d’eau, parcours avec tourbillons et courants, des lagons, ou encore des rivières sauvages. De plus, des espaces de solarium sont aménagés dans certaines bulles et tentent d’imiter les sensations de chaleur du bronzage sur le corps, comme à la plage, néanmoins les rayons du soleil ne seront pas présents96. La bulle tropicale la plus aboutie en ce qui concerne l’implantation d’éléments artificiels empruntés aux espaces littoraux, est celle de Tropic Island en Allemagne, où une plage de sable blanc a même été aménagée. Ainsi, à travers de nombreux équipements artificiels basés sur un monde aquatique reconstitué, les bulles tropicales arrivent à proposer à ses clients un espace de divertissement et d’agrément. 3.2. Imitation des climats tropicaux. 3.2.1. Des techniques de chauffage. Pour imiter au mieux les espaces tropicaux, il est nécessaire, aux structures, de travailler sur la mise en place d’un climat artificiel. En effet, ce sont principalement les températures qui sont empruntées à ces espaces. Sous la bulle, l’air ambiant est maintenu en permanence à environ 29° grâce à des techniques de chauffage très importantes. De la même manière, la température de l’eau du complexe est quasiment égale à la température de l’air, c’est-à-dire 28 ou 29° (Augé, in DreyfusSignoles, 2002, p.212). Ainsi, les températures pratiquées seront tout à fait similaires à celle que l’on peut trouver dans les milieux tropicaux et le touriste pourra s’habiller en conséquence, être en maillot de bain même s’il neige dehors, et pratiquer des activités en concordance avec ce climat. 96 Center Parcs. Nos domaines [En ligne]. Disponible sur : <http://www.centerparcs.fr/FR/FR/domaines> (Consulté le 06-10-2011) 108 3.2.2. Une artificialisation grâce au décor La mise en scène du lieu est importante pour que le touriste puisse comprendre l’espace dans lequel il va se trouver, et l’appréhender comme un espace tropical. Une atmosphère va donc être créée en concordance avec les représentations que ce font les touristiques d’un tel lieu, à l’aide d’éléments et d’équipements significatifs : le but consiste à recréer l’image de ce lieu (Furt et Michel, 2006, p.19). Ce décor va être modulé à travers trois éléments principaux : - Tout d’abord, les lieux vont être aménagés grâce à une végétation exotique directement importée des basses latitudes. Toutes les bulles tropicales sont véritables jardins tropicaux avec une multitude d’espèces végétales. Le plus grands d’entre eux comptabilise plus de 35 000 variétés de plantes tropicales venant du monde entier. En effet, la végétation reste un élément très important dans les représentations que se font les touristes des destinations, et contribue largement aux décors des bulles97. - La faune est aussi utilisée pour caractériser l’espace, en temps que milieu tropical : On trouve la présence notamment d’animaux exotiques, tels que des poissons, des tortues, des flamants roses, des perroquets et bien d’autres98. - L’ambiance du lieu est aussi évoquée à travers la conception des différents bâtiments: En effet, les façades des magasins ou encore des restaurants sont couvertes avec des matériaux rappelant les territoires utilisés en espaces tropicaux ainsi que des techniques de construction similaires : les petites structures sont par exemple construites sous forme de paillotes ou de huttes. 97 Center Parcs. La faune et la flore. [En ligne]. Disponible sur : <http://www.centerparcs.fr/FR/FR/infos_pratiques/environnement_faunes_et_flores> (Consulté le 21-01-2012) 98 Center Parcs. La faune et la flore. [En ligne]. Disponible sur : <http://www.centerparcs.fr/FR/FR/infos_pratiques/environnement_faunes_et_flores> (Consulté le 21-01-2012) 109 Ainsi, la bulle tropicale est une forme de produit hors-sol pouvant être caractérisé comme une structure fermée, s’attachant à créer sous une bulle en dure un espace tropical : La première structure fut construite en 1980. Cette offre répond à des attentes similaires de celle du tourisme balnéaire avec des séjours consacrés à la détente et au repos en bénéficiant de la proximité de la mer. Pour créer ces espaces, d’ « artificialisation » les bulles utilisent de nombreuses méthodes , notamment à travers la construction d’un complexe aquatique spécifique et d’un décor basé sur les représentations des espaces tropicaux. 110 CHAPITRE 2 : CENTER PARCS LES BOIS-FRANCS La bulle tropicale de Center Parcs Les Bois-Francs ayant été retenue comme terrain d’application, afin de réaliser une étude et vérifier les différentes hypothèses précédemment explicitées, nous tenterons dans ce deuxième chapitre de décrire cette structure. Tout d’abord, l’entreprise Center Parcs sera mise en lumière à travers son histoire, son développement et son contexte économique, puis à travers son concept. Dans un deuxième temps, c’est plus spécifiquement la conception et le fonctionnement du domaine des Bois-Francs qui seront étudiés. 1. L’entreprise Center Parcs 1.1. Histoire de l’entreprise 1.1.1. Les débuts de Center Parcs L’entreprise Center Parcs est née en 1967, à l’initiative d’un Néerlandais, Piet Derksen (Michel, 1998, p.350). Il a créé le premier village Center Parcs implanté au Pays-Bas à De Lommerbergen, prés de la Meuse. La structure possède une soixantaine de cottages, répartis autour d'une piscine recouverte d'un toit de toile. Elle est ouverte 365 jours par an, et les différentes habitations sont réparties au milieu des bois : On voit déjà naître les débuts du concept actuellement revendiqué par l’entreprise. Les premiers clients adhèrent rapidement à cette nouvelle formule de vacances : Le succès est immédiat99. Dès 1980, un village ouvre ses portes, à proximité d’Amsterdam. C’est le premier à avoir été équipé d’un espace aquatique sous bulle, qui va servir de modèle à la conception des différents autres villages jusqu’à présent. Face au succès grandissant de l’entreprise, on voit de nouveaux domaines se développer très rapidement : En 1981 et 1987 deux parcs sont créés en Belgique, puis en 1988 Center Parcs se lance à la conquête de la France avec la construction des BoisFrancs à Verneuil-sur-Avre100. 99 Center Parcs. Dossier de presse. 2010. 100 Groupe Pierre et Vacances Center Parcs. Historique [En ligne]. Disponible sur : <http://groupe.pierreetvacances.com/historique.php> (Consulté le 20-10-2012) 111 1.1.2. Le Groupe Pierre & Vacances Center Parcs En 2001, le Groupe Pierre & Vacances devient propriétaire à 50% de Center Parcs Europe avec l’acquisition de dix villages, puis de la totalité en 2003. On voit donc apparaître le Groupe Pierre & Vacances Center Parcs101. Cette nouvelle marque combine les savoir faire de Pierre & Vacances, leader européen du tourisme de proximité, et de Center Parcs, numéro un du marché des courts séjours en Europe du Nord. Center Parcs bénéficie ainsi de l’image et de l’expertise unique de l’entreprise Pierre & Vacances. Elle est présente sur 290 destinations de proximité, mer, montagne, villes ou encore campagne. Les différentes marques de ce nouveau groupe, actuellement au nombre de quatre, avec Pierre & Vacances, Maeva, Center Parcs, Sunparks et Adagio, sont de véritables références auprès des consommateurs européens, composés d’une ligne de produits variée : les résidences de loisirs, les villages clubs, les résidences urbaines et les domaines « all weather » faisant référence aux Center Parcs et Sun Parcs. Il s’agit d’un modèle économique qui s’appuie sur la synergie de l’activité touristique et de l’immobilier, avec un succès basé sur la complémentarité des différents produits proposés par les marques. Actuellement, le Groupe Pierre & Vacances Center Parcs compte plus 9 400 collaborateurs, et réalise un chiffre d’affaires de 1451 millions d’euros par an en attirant environ 7,3 millions de clients102. 1.2. Situation actuelle de l’entreprise 1.2.1. De nombreux domaines Depuis quarante ans, les villages Center Parcs se sont largement diffusés à travers l’Europe du Nord et sont actuellement au nombre de vingt, principalement répartis sur la France, les Pays-Bas, l’Allemagne et la Belgique103 : 101 Groupe Pierre & Vacances. Historique. [En ligne]. Disponible sur : <http://groupe.pierreetvacances.com/historique.php> (Consulté le 24-02-2012) 102 Groupe Pierre & Vacances. Finance. [En ligne]. Disponible sur : <http://groupe.pierreetvacances.com/historique.php> (Consulté le 24-02-2012 103 Center Parcs. Nos domaines [En ligne]. Disponible sur : <http://www.centerparcs.fr/FR/FR/domaines> (Consulté le 06-10-2011) 112 - Quatre domaines se situent en France : les Bois-Francs en Normandie, les Hauts de Bruyères en Sologne, le Lac d'Ailette dans l'Aisne et les TroisForêts en Moselle. - On trouve neuf villages aux Pays-Bas : De Eemhof qui fut le premier Center Parcs, De Kempervennen, Het Heijderbos, Het Meerdal, De Huttenheugte, Port Zélande, Limburgse Peel, Park Zandvoort et Sandur. - Trois domaines sont implantés en Belgique : De Vossemeren, Erperheide et Park De Haan. - Quatre sont implantés en Allemagne: Bispinger Heide, Park Hochsauerland, Park Eifel et Park Nordseeküste. - Finalement, il existe aussi quatre autres villages Center Parcs en Grande Bretagne, Whinfell Forest, Sherwood Forest, Elveden Forest, Longleat Forest, mais ces derniers n’appartiennent plus à Center Parcs et relève d’une gestion indépendante. Figure 14 Implantation des structures Center Parcs : Source : Center Parcs in104 Nous préciserons qu’un cinquième domaine est prévu en France, dans la Vienne à l’horizon 2015105. 104 Source : INSEE. Center Parcs du domaine des trios forets [En ligne]. Disponible sur : <http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=17&ref_id=17266> (Consulté le 15-112011) 105 Le quotidien du tourisme. Pierre et vacances réfléchis à un nouveau Center Parcs dans la Vienne. [En ligne]. Disponible sur : <http://www.quotidiendutourisme.com/site/production-pierre- 113 Finalement, la capacité totale d’hébergement de Center Parcs Europe est de 11 264 cottages, certains pouvant accueillir jusqu'à 12 personnes. A cela, il faut ajouter la possibilité de logement dans les hôtels aussi implantés sur les parcs. 1.2.2. Center Parcs : un réel succès. Depuis le premier domaine ouvert, l’entreprise connait un succès très important et l’engouement de la clientèle est total. Actuellement, l’entreprise Center Parcs comptabilise plus de 12,9 millions de nuitées par an, avec 3.4 millions dus aux séjours en France : Le taux d’occupation moyen sur l’année pour l’ensemble des sites est de 90%. Ainsi le chiffre d’affaire de Center Parcs s’élève à 527,1 millions d’euros en 2010/2011 avec une croissance de 6% comparée à l’année précédente, notamment avec l’ouverture un an auparavant du dernier domaine en France et l’acquisition de l’entreprise Sunparks et de ses cinq domaines106. Finalement, pour permettre à ces vingt structures de fonctionner, Center Parcs embauche plus de 10 150 collaborateurs à temps plein ou temps partiel. On comprend que l’entreprise connait un succès très important et ne cesse de se développer depuis ces dernières années. 2. Le concept Center Parcs 2.1. Deux métiers 2.1.1. Des résidences de loisirs Les domaines Center Parcs sont des résidences de loisirs, c’est-à-dire, une structure d’hébergement qui allie les atouts de l’hôtellerie classique et la location. En effet, les parcs sont des ensembles de cottages meublés - avec coins cuisines - et de chambres d’hôtel offerts en location au week-end ou à la semaine pour une clientèle touristique (Dreyfus-Signoles, 2002, p.167). Le service hôtellerie y est allégé, laissant les visiteurs plus libres que dans un hôtel &-vacances-reflechit-a-un-nouveau-center-parcs-dans-la-vienne-54622.html> (Consulté le 15-012012) 106 Groupe Pierre & Vacances. Rapport financier semestre 2010/2011. [En ligne]. Disponible sur : <http://stockproinfo.com/doc/2011/FR0000073041_2011_20110331_FR_1RS.pdf> (Consulté le 25-01-2012) 114 traditionnel, mais comporte tout de même une réception pour accueillir les individus, un service de ménage et de linge, des restaurants et diverses activités et animations. Les parcs sont dotés d’équipements et de services communs annexes. Ces structures sont bien évidemment adaptées aux touristes désirant séjourner entre trois jours et plusieurs semaines, mais aussi aux excursionnistes souhaitant passer une journée ou une demi-journée dans le parc, pour bénéficier des activités. La clientèle d’affaires est elle aussi représentée, avec la possibilité d’organiser des réunions, conventions, séminaires ou autres manifestations comprenant entre 15 à 450 personnes, pour une durée de deux jours ou plus. 2.1.2. L’activité immobilière L’entreprise Center Parcs bénéficie d’une double activité, avec en complément de l’activité touristique, une activité immobilière. En effet, il est possible de devenir propriétaire d’un cottage au sein des différents domaines. Chaque individu peut donc acheter sont propre hébergement et devenir résident dans le parc. Néanmoins, l’acquéreur doit s’engager, par la suite, à louer son bien meublé, pendant 9 mois par an au minimum, mais sans aucun souci de gestion puisque les démarches passent uniquement par l’organisation du parc. L’acquisition d’un cottage se traite en moyenne entre 240 000 et 310 000 euros suivant le nombre de places, la catégorie et le parc107. Grâce au savoir-faire des équipes du groupe, Center Parcs possède clairement deux métiers. Il maîtrise l’activité immobilière, de la conception de projets à la recherche de foncier, en passant par la construction, le montage financier et la commercialisation auprès de particuliers ou d’investisseurs. Le chiffre d’affaires du développement immobilier s’élève à 372,6 millions d’euros pour l’année 2010/2011, ce qui représente plus de la moitié du chiffre d’affaire total de l’entreprise : environ 1/3 provient d’acquisitions dans des parcs Français108. 107 Pierre & Vacances. Conseil Immobilier. [En ligne] Disponible sur: www.pierreetvacancesimmobilier.com/fr/actualites-defiscalisation/page-1-ap (Consulté le 25-03-2012) 108 Groupe Pierre & Vacances. Rapport financier semestre 2010/2011. [En ligne]. Disponible sur : <http://stockproinfo.com/doc/2011/FR0000073041_2011_20110331_FR_1RS.pdf> (Consulté le 25-01-2012) 115 Ainsi, on comprend que l’immobilier est une part non négligeable dans les activités de l’entreprise et permet une réelle complémentarité avec les activités touristiques à proprement parler. 2.2. Le concept Center Parcs 2.2.1. Concept revendiqué par l’entreprise Dès la naissance de l’entreprise en 1968, Center Parcs se veut être un concept novateur et unique : axé sur une nouvelle forme de détente en pleine nature, accessible toute l'année et spécialisé dans les court-séjours. Ce concept a perduré dans le temps et se retrouve actuellement à travers les cinq piliers de l’entreprise, représentés comme les facteurs clefs de succès. Ils sont les suivants109 : - La proximité de grands pôles urbains : L’entreprise se veut leader européen des court-séjours de proximité. - Une nature protégée : L’entreprise se revendique comme respectueuse de l’environnement. - Des cottages spacieux intégrés à leur environnement, implantés en pleine nature pour permettre aux touristes de se ressourcer. - Une multitude d’activités proposées, pour toutes les générations. L’Aqua Mundo, véritable paradis aquatique, avec une eau à 29° C, permettant de profiter des meilleures conditions de séjours toute l’année. En effet, les différents domaines de Center Parcs s'adressent à tous ceux qui désirent faire un break dans leur vie quotidienne l’espace d’un week-end voir plus, tout en découvrant un carde et un style de vacances original: loin du stress de la ville dans des lieux naturels de qualité, pour se retrouver en famille ou entre amis, autour de multiples activités de détente et de loisirs, et ce, quelle que soit la saison110. 109 Center Parcs. Dossier de presse. 2010 110 Groupe Pierre & Vacances. Historique. [En ligne]. Disponible sur : <http://groupe.pierreetvacances.com/historique.php> (Consulté le 24-02-2012) 116 2.2.2. La présence de la bulle L’équipement le plus important des domaines Center Parcs et qui pointe la différence avec de simples résidences de loisirs, est « la bulle ». En effet, il s’agit de la structure centrale du parc, comportant à la fois les restaurants, les bars, les magasins, et diverses activités comme le tennis, le squash, le tir à l’arc ou encore le bowling. Elle est conçue comme une véritable petite ville où tout est concentré (Augé, in Dreyfus, 2002, 212). Sa particularité reste évidemment d’être une immense coupole en verre, avec, à l’intérieur, la reconstitution d’un climat tropical et une température constante de 29 : c’est l’été perpétuel et on y retrouve la présence d’un jardin tropical composé de nombreuses plantes luxuriantes et variées, et même d’animaux tropicaux. De plus, elle contient, l’Aqua Mundo, immense complexe aquatique avec une eau chauffée à 28° comportant de nombreuses attractions censées imiter au mieux les espaces balnéaires des milieux tropicaux. Cet espace est lui aussi décoré avec une végétation spécifique, des cascades et rochers111. Ainsi, on comprend que la bulle, demeure l’élément principal qui permet au concept de Center Parcs de fonctionner. En effet, c’est grâce à cette technique que les activités sont réalisables toute l’année, sans se préoccuper de la météo. 2.2.3. Une Implantation dans des espaces naturels de qualité Un autre des éléments importants du concept de cette entreprise réside dans l’implantation des villages dans des zones naturelles de qualité. En effet, depuis les débuts de Center Parcs, l’entreprise s’attache à proposer à ses clients un environnement particulier, permettant de se ressourcer au contact d’une nature préservée de toute pollution. Les différents parcs sont donc situés dans les plus belles régions européennes, notamment au cœur de domaines forestiers de plusieurs centaines d’hectares: En effet, les cottages sont éparpillés dans un cadre exceptionnel, composé de verdure et de lacs et de forêts112. 111 Center Parcs. Dossier de presse. 2010 112 Center Parcs. Dossier de presse. 2010 117 Ainsi, le contact avec la nature dans le but de se ressourcer, de quitter son quotidien l’espace d’un week-end, apparaît comme l’une des spécificités des bulles tropicales de Center Parcs : toutes ne sont pas construites sur ce modèle. 3. Center Parcs Les-Bois Francs 3.1. Le premier domaine Français Le domaine de Center Parcs le Bois-Francs a été créé en 1988 : année du vingtième anniversaire de l’entreprise. En effet, à cette époque, Piet Derksen acquiert un terrain en Normandie et décide de se lancer sur le marché français : Ce fut le premier implanté dans le pays, après une internationalisation déjà réalisée en Belgique en 1981, puis en Angleterre en 1985113. A cette époque, le parc des Bois-Francs fut le plus grand jamais construit jusqu’alors, avec une superficie totale d'environ 310 hectares. Il est situé dans le pays d’Ouche, en plein cœur d’une forêt Normande, dans le département de l’Eure. Il s’agit d’un lieu calme, dépaysant, reposant, isolé de la campagne environnante où l’on retrouve une diversité importante de végétation : chênes, hêtres, pins, châtaigniers, abies, charmes, épicéas. Ce parc se situe à quelques kilomètres de Verneuil-sur-Avre : ancienne ville fortifiée normande, célèbre pour son art et son histoire et classée « plus beaux détour de France ». L’arrivée de Center Parcs en France fut un réel défi pour l’entreprise, car le marché des court-séjours était encore peu développé à cette période en France, et l’investissement s’élève à environ 99 millions d’euros114. Pourtant, cette offre correspond totalement aux attentes de la société Française. Le concept connaît un succès important, et depuis, trois autres domaines ont fait leur apparition. 113 Center Parcs. Domaine des Bois-Francs. [En ligne]. Disponible sur : <http://www.centerparcs.fr/FR/FR/domaines/bois_francs> (Consulté le 21-08-2011) 114 Center Parcs. Dossier de presse. 2010 118 3.2. Les principales prestations 3.2.1. Une multitude d’activités proposées L’Aqua Mundo du domaine des Bois-Francs mesure plus de 5 200 mètres carrés : récemment rénové, il comporte depuis peu un bassin extérieur 500 mètres carrés. On y trouve de nombreuses attractions comme une piscine à vagues, deux toboggans, une piste d'eau, deux bains chauds et deux bains à remous, une pataugeoire, un solarium, une rivière sauvage, une piste d’eaux rapides et, finalement, un arbre à eau. L’espace est aménagé de transats pour que les clients puissent se croire à la plage toute l’année, et lors des jours de beaux temps, la bulle en verre peut s’ouvrir pour laisser entrer directement les rayons de soleil. Il s’agit d’un lieu s’attachant au maximum à imiter un « paradis aquatique tropical » chauffé toute l’année à 29°. Figure 15 : La bulle de Center Parcs les Bois-Francs Source : 115 115 115 Center Parcs. Domaine des Bois-Francs. [En ligne]. Disponible sur : <http://www.centerparcs.fr/FR/FR/domaines/bois_francs> (Consulté le 21-08-2011) 115 Center Parcs. Dossier de presse. 2010 119 De plus, ces résidences de loisirs, proposent de nombreux autres loisirs, d’activités d’intérieures ou de plein air : au total Center parcs les Bois-Francs peut proposer plus de 36 activités sportives (accro-branche, bowling, tir à l’arc, golf, mini-golf, équitation, volley, squash, aquagym, danse, paint-ball, escalade…) et un espace spa et une balnéothérapie dédiés aux soins du corps116. 3.2.2. Les structures d’hébergements Le domaine des Bois-Francs regroupe 885 cottages et 86 chambres d’hôtel, avec une capacité total de 4 600 personnes : Il s’agit du plus grand jamais réalisé. Il propose des cottages d’une capacité d’accueillir de 4 et 8 personnes, avec cinq catégories de confort différentes : Traditionnel, Premium, Premium Style, VIP ou VIP Style. Quelle que soit la catégorie choisie, tous comportent un salon, un coin cuisine et une terrasse privatisée. Plus on monte en gamme, et plus la décoration devient spacieuse et raffinée, avec quelques équipements supplémentaires : ainsi dans le cottage VIP Style on trouvera, par exemple, un sauna à l’étage. Actuellement, une rénovation d’envergure des cottages est engagée, en s’inspirant des plus grand succès des différents parcs : Les cottages sont habillés d’un bardage à l’aspect naturel bois, de grandes terrasses sont construites en prolongement des séjours et l’intérieur sont entièrement remis à neuf. En ce qui concerne la résidence hôtelière, les chambres proposées sont toutes identiques, avec un grand lit et un balcon proposant une vue sur le lac. Ainsi, l’entreprise Center Parcs, créée il y a un peu plus de 50 ans, fut la première entreprise à se lancer dans l’offre des bulles tropicales et n’en a jamais déviée : Elle se positionne sur le marché comme spécialiste de cette forme de tourisme. En effet, la bulle tropicale et son complexe aquatique restent au cœur de ce concept. Cette entreprise initialement hollandaise et rachetée par Pierre & Vacances, s’est implantée en France en 1988, avec le Domaine des Bois-Francs basé en Normandie : terrain d’application retenu pour réaliser notre l’étude et vérifier nos différentes hypothèses . 116 Center Parcs. Domaine des Bois-Francs. [En ligne]. Disponible sur : <http://www.centerparcs.fr/FR/FR/domaines/bois_francs> (Consulté le 21-08-2011) 120 CHAPITRE 3 : METHODOLOGIE, TEST DES HYPOTHESES Après avoir émis quatre hypothèses sur les caractéristiques du tourisme hors-sol climatique, nous allons maintenant élaborer une méthodologie, pour directement recueillir les informations sur le terrain d’application retenu et les vérifier. Dans une première partie, seront mentionnés les premiers outils méthodologiques déjà mis en place, puis dans les suivantes, la méthodologie envisagée qui permettra de venir compléter les premiers résultats encore trop peu fournis. 1. Méthodologie déjà réalisée 1.1. Le recueil d’information 1.1.1. Réalisation d’un entretien exploratoire Le premier mode de recueil d’information choisi a été la réalisation d’un l’entretien exploratoire. En effet, il s’agit d’un outil de recherche pouvant s’avérer efficace, grâce à la communication directe avec son interlocuteur, et la possibilité d’obtenir des informations exactes qui n’auraient jamais pu être explicitées auparavant, et qui serait restée ignorée autrement 118. L’entretien semi-directif, parce qu’il permet aux deux interlocuteurs d’échanger de manière égale, a été retenu comme méthode. Il reste dirigé et orienté grâce aux différentes questions posées mais n’impose pas de parler précisément d’un thème et laisse d’avantage de liberté: pour cela un guide d’entretien est réalisé (Cf. annexe 4). Au niveau de la personne interrogée, le choix s’est tourné vers un professionnel travaillant directement sur le site, davantage en mesure de parler de la structure elle-même, ainsi que des offres proposées et des modes de consommation des clients : En conséquence, c’est l’une des personnes responsables du service réception qui a été retenue. Cette source de données a servi à alimenter la question de la nouvelle mobilité des touristes perçue par l’entreprise, sa relation avec le durable et les motivations des clients, à travers 45 minutes de discussions (Cf. annexe 5). 118 BESSIERE Jacinthe. Initiation aux méthodes qualitatives : l’entretien sociologique. Cours de Master 1 MIT, département CETIA Université de Toulouse 2, 2011. 121 1.1.2. Recherche de données déjà existantes De plus, au niveau de la collecte d’informations, une démarche a été mise en place pour recueillir certaines données déjà existantes et recensées par l’entreprise. En effet, l’accès aux différents comptes-rendus, dossiers de presse enquêtes ou rapports chiffrés déjà élaborés par l’entreprise reste une source informations accessibles et précises : ces études sont réalisées par l’entreprise puis ensuite conservées ou mises en ligne. Il s’agit ici d’une source d’information appelée primaire, créée directement par l’entreprise et pouvant être qualitative ou quantitative119 : elle s’est avérée utile pour la compréhension du contexte économique actuel de la structure, de son fonctionnement, des offres proposées, de la nature des clients accueillis et finalement de la relation qu’entretient cette entreprise avec le développement durable et ses actions mises en œuvre. 1.1.3. La méthode d’observation sur le terrain La dernière méthode mise en place, pour tenter de répondre aux différentes hypothèses, fut « l’observation ». Cet outil, simple, à première vu simple, s’avère pourtant l’un des plus concrets pour comprendre le fonctionnement d’un lieu. A la faveur d’un stage de deux mois, suivi d’un emploi saisonnier d’un moi dans la structure des Bois-Francs, l’opportunité d’un travail d’observation m’a déjà été donnée. Cela permet réellement de voir les différents fonctionnements du lieu et les comportements des touristes. Ainsi cet outil a contribuer à collecter certaines informations, notamment, sur différentes actions mises en place pour maximiser la sécurité des clients durant le séjour, ainsi que sur la manière dont sont agencés les lieux, en particulier, la bulle et l’espace aquatique, et en général, : en l’ensemble des méthodes artificialisation du site. 1.2. Les Premiers résultats obtenus Ces quelques outils méthodologiques mis en œuvre, durant cette année, ont permis d’isoler quelques informations propres à répondre aux différentes 119 PICHON Paul. Marketing. : Politiques et stratégies marketing. Cours de Master 1 MIT, département CETIA Université de Toulouse 2, 2011. 122 hypothèses avancées : notamment sur la question de la mobilité des touristes et de leur mode de consommation, du développement durable dans le site, ainsi que de l’aspect sécuritaire. Néanmoins, il ne s’agit que de premiers résultats qui méritent d’être approfondis à travers d’autres outils explicités ci-dessous. 2. Méthodologie future : approfondir les résultats 2.1. L’enquête par questionnaire Le questionnaire d’enquête est un outil d’analyse facilitant le recueil des informations. Il a aussi pour but et qui a pour but de quantifier et comparer les différentes données. Ce dernier favorise la collecte d’informations précises et cible un grand nombre d’individus à la fois120. Sa mise en place offre la possibilité d’approfondir la question de la mobilité des touristes fréquentant Center Parcs les Bois-Francs. En effet, ce questionnaire serait appliqué aux clients de l’entreprise, sur la base du volontariat à travers une méthode auto-administrée (les questionnaires seront laissés à dispositions des clients): Pour obtenir un échantillonnage cohérent et représentatif de l’ensemble des touristes, il est primordial de toucher un nombre important d’individus. La validité de l’enquête dépend de son activation à différentes périodes (pendant et hors vacances scolaires, pendant et hors-weekend) offrant en cela l’occasion de pouvoir en dégager des similitudes ou des différences et croiser les différentes informations : selon la période de l’année. Au niveau des informations à recueillir, les questions auront trait, devrons trait, dans un premier temps, à la façon de consommer les séjours aux-Bois-Francs : en tenant compte du temps passé sur place, le lieu d’origine, du moyen de transport, du temps réalisé lors du trajet, ou encore du rythme de fréquentation d’une structure telle que Center Parcs. Le questionnaire devra aussi évoquer la façon de partir en vacances en général, le nombre de départs par an, la longueur des déplacements et les périodes choisies. 120 THIBERT. Sociologie du tourisme. Cours de Master 1 MIT, département CETIA Université de Toulouse 2, 2011. 123 2.2. Entretien de groupe L’entretien de groupe est une technique de recueil d’informations qualitative réalisée sous forme d’un entretien mais qui implique plusieurs personnes. Comme l’entretien semi-directif, des questions sont posées puis on laisse les personnes en débattre ensuite. Cela permet de voir si les idées sont partagées ou non, et de permettre des échanges inter-individuels plus fructueux que lors qu’une seule personne est présente.121. Cet outil offre la possibilité de collecter les opinions des personnes, de repérer leurs attitudes, leurs représentations ou encore des attentes et de comprendre également leurs fondements. Cette technique pourra donc être utilisée principalement, pour comprendre les attentes particulières des clients venant à Center Parcs les Bois-Francs (attentes en termes notamment de sécurité psychologique), les représentations qu’ils se font de ce lieu et les éléments particuliers de leur imaginaire suscités par cette bulle tropicale. Finalement, une deuxième sorte d’entretien de groupe pourrait être envisagé, plus particulièrement consacré aux conséquences sociales qu’implique l’implantation de la structure sur le territoire, avec un groupe composé d’habitants de la région, déjà installés avant l’ouverture des Bois-Francs. Cela permettrait de comprendre l’impact d’une telle structure et le ressenti dans habitants des alentours. 2.3. Entretien exploratoire Finalement, un nouvel entretien exploratoire122 viendrait en complément : il donnerait la parole à une personnalité politique du département de l’Eure, afin de comprendre quelles ont été les conséquences de l’implantation de Center Parcs Les Bois-Francs, notamment sur le développement du territoire et son économie : les évolutions apparues, positives comme négatives, les modifications de la structure des secteurs d’activités existants, ou encore la conséquence sur le taux de chômage de la population du département et de la région. 121 THIBERT. Sociologie du tourisme. Cours de Master 1 MIT, département CETIA Université de Toulouse 2, 2011. 122 BESSIERE Jacinthe. Initiation aux méthodes qualitatives : l’entretien sociologique. Cours de Master 1 MIT, département CETIA Université de Toulouse 2, 2011. 124 3. Possibilité d’une étude comparée 3.1. Intérêt d’une étude comparée Après l’application de l’ensemble des méthodes proposées ci-dessus et après l’affirmation ou l’infirmation les hypothèses attachées à Center Parcs les BoisFrancs, une étude comparée avec une autre bulle tropicale pourrait être réalisée. En effet, le cas de Center Parcs se posant comme bien spécifique (notamment avec son rapport particulier à la nature et au durable), une deuxième étude similaire pourrait être envisagée dans l’analyse et la comparaison des informations des deux sites pour en pointer les équivalences et pousser plus loin la réflexion. 3.2. Choix du second terrain d’application Le choix du second terrain d’application se tournerait vers : Tropic Island123, situé en Allemagne à proximité de Berlin. Il paraît, en effet, intéressant de réaliser une comparaison avec cette structure, qui reste l’une des seules à ne pas avoir été conçue par l’entreprise Center Parcs elle-même. De plus, il s’agit de la conception de la bulle tropicale la plus avancée à l’heure actuelle : la plus importante en termes de surface, avec les aménagements et les techniques les plus pointues. Ainsi, la présentation d’une future méthodologie a été proposée, elle servira à compléter les premiers résultats, sur le terrain d’application retenu. Il s’agit d’études qualitatives et quantitatives, sur la base d’entretiens exploratoires, d’entretiens de groupe ou encore de questionnaire de satisfaction : La diversité des moyens retenus permettra d’obtenir des informations de différentes natures et complémentaires. Finalement, une fois l’étude terminée sur le terrain d’application de Center Parcs Les Bois-Francs, une étude comparative avec une autre bulle tropicale pourrait être effectuée pour compléter les informations recueillies, les croiser et les comparer. 123 Tropic Island Resort. Descriptif. [En ligne]. Disponible sur : <http://www.tropicalislands.de/en/visitors/shows.html> (Consulté le 03-12-2011) 125 CHAPITRE 4 : PREMIERS RESULTATS : CENTER PARCS LES BOIS FRANCS Les premiers outils de recueil d’informations réalisés, une ébauche de résultats peut déjà être envisagée pour la bulle tropicale Center Parcs Les Bois-Francs. Dans cette dernière partie, seront présentées les informations déjà recueillies, pour vérifier les hypothèses préalablement émises. Nous aborderons, dans un premier temps la forme de mobilité utilisée par les touristes de cette structure, dans un deuxième temps, la place du tourisme durable et finalement la méthode utilisée pour maximiser la sécurité des clients. 1. Le poids des court-séjours 1.1. Localisation propice à la pratique du court-séjour L’entreprise Center Parcs se revendique comme le leader des court-séjours en Europe du Nord, et nous verrons qu’elle y parvient notamment grâce à une implantation largement réfléchie. Le village de Center Parcs les Bois-Francs, quant à lui, se situe au cœur de la Normandie dans la région de l’Eure, à 130 kilomètres de Paris, c’est-à-dire deux heures de route en voiture de la ville de Paris. Il en va de même pour le domaine des Hauts de Bruyères situé en Sologne et le domaine du lac d’Ailette situé dans l’Aisne. De plus, le parc se trouve aussi à proximité d’autre grandes villes, avec les 110 kilomètres qui le séparent du Mans et les 100 kilomètres, de Rouen124. Sa localisation des Bois-Francs, en périphérie de ces grands foyers urbains, lui garantit le bénéficie d’un potentiel important de clientèle, résultat d’une forte concentration de population à proximité. L’accessibilité du domaine par ces clientèles de proximité reste relativement simple et rapide grâce des voies de communications bien développées. En effet, que ce soit de Paris, de Rouen, ou même d’Orléans, d’un réseau d’autoroutes et routes nationales permet d’accéder rapidement à la destination. Et il existe 124 Center Parcs. Domaine des Bois-Francs. [En ligne]. Disponible sur : <http://www.centerparcs.fr/FR/FR/domaines/bois_francs> (Consulté le 21-08-2011) 126 toujours la possibilité de venir en train directement jusqu'à la gare de Verneuil-surAvre. Figure 16 : Localisation de Center Parcs Les Bois-Francs Source 125 C’est bien une clientèle de proximité qui est recherchée, en premier lieu par la structure : grâce au temps relativement court du trajet, elle offre la possibilité d’y aller sur de courtes périodes : et donc de pratiquer le court-séjour, sur la période des week-ends notamment126. Ainsi, c’est sa localisation à proximité du foyer urbain de Paris et sa bonne accessibilité qui permet au domaine de recevoir une clientèle de court-séjours. 1.2 La prédominance des court-séjours 1.2.1. Partir plus près L’entreprise Center Parc est aujourd'hui, en France, la référence sur le marché du court-séjour. Cela se vérifie notamment à travers la durée de séjours des clients aux-Bois Francs. En effet, on y trouve une clientèle à 89% Française avec 44% en provenance de la région Parisienne : on comprend que la clientèle Parisienne est très largement prédominante et représente près de la moitié de la clientèle 125 Source de la figure : [En ligne] disponible sur : <http://www.lci-patrimoine.com/plansituation.php?id=709&titre=Le_Domaine_des_Bois_Francs_-_Center_Parcs__Normandie&language=fr> (Consulté 15-03-2012) 126 Center Parcs. Dossier de presse. 2010 127 présente sur le parc. Les arrivées en provenance de l’étranger représentent seulement 11% de la clientèle avec des pays proches et souvent frontaliers comme la Suisse, les Pays-Bas, la Belgique, l’Allemagne ou encore le RoyaumeUnis127. 1.2.2. Partir moins longtemps En ce qui concerne la durée du séjour et le choix de la formule du séjour, les court-séjours restent très prédominants128 : - Pour la bulle des Bois-Francs, 37% des clients optent pour la formule weekend : c’est-à-dire un séjour commençant le vendredi à 15h jusqu’au lundi 10h, avec trois nuits passées sur place. - 40% des clients choisissent la formule mid-week, du lundi 15h au vendredi 10h, avec quatre nuits passées sur place. - 20% des clients jouissent de séjours à la semaine, qui combinent en réalité le week-end et le mid-week, du lundi à 15h au lundi suivant à 10h ou du vendredi 15h au vendredi à 10h, pour des vacances d’une durée de sept nuits. - Finalement, seulement 3% des arrivés génèrent des séjours de plus d’une semaine. Ainsi on comprend que 77% des séjours effectués au sein des Bois-Francs se déroulent sur moins de cinq nuits, et sont classés selon la définition de l’OMT, dans les court-séjours. Cette forme de séjour représente une grande part de l’activité de ce domaine. 1.2.3. Partir toute l’année Au niveau de la période de fréquentation des touristes, le domaine des BoisFrancs reste bien évidemment ouvert toute l’année, sans discontinuer : il s’agit là du concept même de l’entreprise. En effet, grâce à sa bulle et à l’Aqua Mundo chauffés, les clients peuvent bénéficier des mêmes conditions de séjours toute 127 Center Parcs. Dossier de presse. 2010 128 Center Parcs les Bois-Francs. Hébergement. [En ligne]. Disponible sur : <http://www.agospap.com/upload/fiches_techniques/ete_2011/Center_Parcs_Normandie.pdf> (Consulté le 24-01-2012) 128 l’année quels que soient le temps ou la saison, ainsi que des activités habituellement praticables qu’en été, comme la baignade : elles leur restent accessibles 365 jours sur 365 jours (Augé, in Dreyfus, 2002, 212). De plus, le fait d’avoir une clientèle qui vient séjourner sur des courtes durées, notamment les week-ends, permet d’avoir une fréquentation plus équilibrée sur l’ensemble de l’année. Lors d’un entretien, la responsable du service réception nous explique que le parc ne souffre pas du phénomène de saisonnalité, avec un taux de remplissage moyen annuel de 85%, ce qui est très important. Elle nous affirme que les weekends sont fréquentés indifféremment selon la période de l’année et sont presque toujours complets, alors que pour les séjours en mid-week, le taux baisse légèrement hors des périodes scolaires, mais que la fréquentation ne varie pas en fonction des saisons ou des périodes129. Ainsi, on comprend que Center Parcs les Bois-Francs connaît une fréquentation stable pendant l’ensemble de l’année et a su faire abstraction de la saisonnalité qui touche habituellement l’activité touristique. 2. Une implication dans le tourisme durable 2.1. Une reconnaissance en tant que structure durable 2.1.1. Un des piliers de l’entreprise Depuis sa création, Center Parcs œuvre en faveur de l'environnement 130: en effet, préserver la nature et le patrimoine, voir même essayer de les enrichir, constitue un des fondements de l’entreprise : Ceci dans le but de proposer des séjours dans un cadre naturel de qualité. L’environnement occupe une place centrale dans le concept de l’entreprise et le place donc toujours, en conséquence, au cœur de ses priorités et de ses actions, notamment en adoptant des démarches volontaires, transparentes et novatrices pour le protéger au mieux. Ainsi l’entreprise s’applique à gérer de façon responsable son activité touristique par le biais de nombreuses mesures. 129 Entretien exploratoire. Responsable du service réception de Center Parcs Les Bois-Francs : Février 2012 130 Center Parcs. Dossier de presse. 2010 129 2.1.2. Des certifications Le parc des Bois-Francs, comme l’ensemble des structures Center Parcs respecte la norme ISO 14001 depuis 1999131: Il s’agit d’une norme de certification environnementale internationale, intégrée dans le système de management interne à l’entreprise. Cette norme constitue un guide des exigences d’intégration des préoccupations environnementales dans les activités auxquelles l’entreprise s’engage à y répondre : le but vise à maîtriser ses impacts sur l’environnement et à concilier les impératifs de son fonctionnement avec le respect de l’environnement. Center Parcs a été la première entreprise de loisirs en Europe à bénéficier de l'homologation de cette norme mondialement reconnue. Pour y répondre, elle a élaboré un Système de Management Environnemental, qui vise à limiter toujours davantage les impacts de son activité : l’environnement, la consommation d'eau et d'énergie et le recyclage des déchets. En effet, un état des lieux est dressé132, puis des objectifs concrets annuels sont fixés133. Il s’agissait pour l’entreprise de réduire de 10 % la consommation d'énergie avant 2010, de diminuer de 20 % les émissions de C0 avant 2020 et d’augmenter de 25 à 50 % le recyclage des déchets avant 2012. De plus, Center Parcs les Bois-Francs obtient en 2005 le label « Clef Verte »134 : Il s’agit du premier label international développé pour les hébergements touristiques respectueux de l'environnement : il permet d’attester de la gestion environnementale des structures, suivants des actions relatives à une politique 131 Center Parcs. Un engagement naturel. [En ligne]. Disponible sur : <http://www.domainescenterparcs.com/landing_pages/dossier_de_presse/environnement_nature08.pdf> (Consulté le 0802-21012) 132 Gilles Caire et Monique Roullet-Caire. Le tourisme peut-il être un élément de développement durable ? Les enjeux du développement durable. 2001, p.4 [En ligne]. Disponible sur : <http://sceco.univ-poitiers.fr/gedes/docs/DT16_TourDurComp_Caire.pdf> (Consulté le 12-012012) 133 Center Parcs. Les domaines Center Parcs. Disponible sur : < http://www.domainescenterparcs.com/landing_pages/dossier_de_presse/environnement_nature08.pdf> p.2 (Consulté le 24-02-2012) 134 Entretien exploratoire. Responsable du service réception de Center Parcs Les Bois-Francs : Février 2012 130 environnementale, à la gestion de l'énergie, de l'eau, des déchets ou encore à la sensibilisation à l'environnement. 2.1.3. Des actions en faveur de l’environnement Les actions effectuées par le site des Bois-Francs sont nombreuses et concernent différents domaines, toujours dans le but de respecter l’environnement 135: - Tout d’abord, avant de décider de l’implantation du parc sur le territoire, l’entreprise a effectué, comme à chaque fois, une étude afin de vérifier que cela ne se fera pas au détriment de la faune et de la flore présente. En effet, toute proposition d’implantation en milieu sensible, n’est pas retenue. - Lors de la conception des Bois-Francs, la topographie et des contingences environnementales ont été prises en compte, dans le but d’intégrer au mieux les aménagements dans le paysage : notamment au niveau des tracés des voies de communication ou de la disposition et de la conception des infrastructures et des cottages. - Pour éviter les rejets de CO2 dans l’atmosphère ou encore la détérioration de la faune et de la flore, l’accès du parc est autorisé seulement au moyen de transports non motorisés, les voitures ne circulent pas à l’intérieur : on se déplace uniquement à pied ou en vélo. - En ce qui concerne la flore du parc, le site s’attache à préserver les espèces initialement présentes, tout en y introduisant de nouvelles, adaptées à la nature des sols et du climat : il contribue à l'enrichissement de la flore existante. Ainsi aux Bois Francs, plus de 6000 arbres et bulbes ont été plantés en 2007. De plus, on trouve sous le dôme un exceptionnel jardin exotique, devenu un véritable patrimoine de plantes exotiques composé d’espèces venues du monde entier : en 2007, par exemple, 11 000 pieds y ont été introduit. - Au niveau maintenant de la faune, le parc dénombre de nombreuses espèces d’oiseaux sédentaires et il veille à ce qu’ils puissent vivre en harmonie avec les activités humaines. De plus sous la bulle, on trouve des animaux originaires de lieux plus exotiques comme des flamants roses, des canards mandarins, des perroquets ou encore différents poissons. 135 Center Parcs. Dossier de presse. 2010 131 2.1.4. Limiter les consommations en énergie et en eau Il est évident que dans de telles structures, la consommation en eau et en électricité reste très importante pour répondre au besoin de la bulle et de son espace aquatique. Tout d’abord, en 2007, la consommation générale en eau s’est élevée à environ 700 000 litres par jour136 (mais les estimations diverges, seul reste fiable le caractère exorbitant de cette consommation). Actuellement de nombreuses actions sont mises en œuvre pour la limiter : L’ensemble des cottages sont, notamment, équipés de chasses d’eau et robinets spécifiques pour éviter tout gaspillage, l’eau de pluie est récoltée pour arroser les plantes sous la bulle, et une partie de l’eau de l’Aqua Mundo est traitée et récupérée pour alimenter les toilettes des infrastructures centrales. Au niveau maintenant de l’énergie, le domaine des Bois-Francs consomme 9 546 020 KW/heure d’électricité et 2 816 420 N m de gaz par an: ce qui se révèle encore une fois relativement important. L’électricité est utilisée pour l’ensemble les infrastructures centrales du domaine (piscine, boutiques, halle des sports, restaurants,…), l'éclairage du parc. Le gaz naturel, quant à lui, est employé pour les besoins en chauffage des cottages. Pour réduire cette consommation, Center Parcs met en place de nombreuses actions : Dans les cottages, l’utilisation de thermostats permet de réguler automatiquement la température durant la nuit, et les chaudières sont remplacées progressivement par des systèmes plus économiques qui permettent une réduction de près de 42 000 N m de gaz sur une année137. De plus, pour optimiser la consommation d’énergie 10 500 ampoules basses consommations on été installées dans les cottages et sur les éclairages extérieurs, d’où une diminution de 18 000 KWH de consommation d'électricité sur une année. 136 Center Parcs. Un engagement naturel. [En ligne]. Disponible sur : <http://www.domainescenterparcs.com/landing_pages/dossier_de_presse/environnement_nature08.pdf> (Consulté le 0802-21012) 137 Center Parcs. Un engagement naturel. [En ligne]. Disponible sur : <http://www.domainescenterparcs.com/landing_pages/dossier_de_presse/environnement_nature08.pdf> (Consulté le 0802-21012) 132 2.1.5. Augmenter le recyclage des déchets Center Parcs les Bois-Francs accumule 1199 tonnes de déchets par an, soit environ 966 grammes par personne et par jour : ce qui est au dessus de la moyenne nationale. Néanmoins 73 grammes sont recyclés par personne et par jour, c’est-à-dire un gramme de plus que la moyenne française138. Afin de réduire la production de ces déchets en amont, l’entreprise tente lors de ces achats de marchandises, de sélectionner au maximum des fournisseurs proposant des emballages-produits moins conséquents. De plus, un système de tri sélectif, à l'attention des résidents et du personnel tend à améliorer la récupération des déchets et leur recyclage : On retrouve des plateformes de tri dans les allées du domaine et des poubelles à plusieurs bacs sont intégrées dans les cottages et les bureaux. Pour finir, la brochure commerciale de l’entreprise est imprimée sur du papier provenant d'exploitations forestières gérées dans une logique de développement durable et pour minimiser ce tirage “papier”, la brochure est consultable en ligne sur le site Internet. 2.2. Des retombées sur le territoire d’accueil 2.2.1. Création d’emplois directs L’arrivée de la structure Center Parcs dans l’Eure a eu de nombreuses incidences sur l’économie de sa zone d’implantation. En s’implantant dans cette zone rurale et peu industrialisée, l’entreprise a permis de créer de nombreux emplois : L’impact des bois-Francs s’avère donc très positif sur l’économie de proximité139. Lors de la construction du parc, la présence d’environ 800 ouvriers fut nécessaire. La conception des Center Parcs sont des chantiers d’envergure : par exemple le Center Parcs de l’Ailette reste le chantier touristique le plus important entrepris en France depuis 15 ans. Les Bois-Francs, bien que d’une ambition plus modérée, s’avère un facteur de travail important pour les entreprises régionales. Après l’ouverture le domaine, plus de 630 employés furent appelés à y travailler, notamment dans les métiers de l’hébergement, de la restauration, des sports et 138 Center Parcs. Dossier de presse. 2010 139 Center Parcs. Dossier de presse. 2010 133 des loisirs et finalement des boutiques : Environ 85% des personnes recrutées par Center Parcs étaient des habitants de la région ou du département au moment de l’embauche. On comprend facilement que l’implantation d’un site tel qu’un Center Parcs engendre une très forte création d’emplois dans la région, et y développe donc largement l’économie locale. 2.2.2. Des retombées économiques considérables La présence de Center Parcs Les Bois-Francs a aussi beaucoup stimulé le commerce local. En effet, nombre d’employés de la structure fréquentent maintenant les commerces de Verneuil-sur-Avre ou des villes de proximité140. De plus, certains touristes font aussi leurs achats, notamment d’alimentation, dans les magasins proches du parc. On estime que ce domaine a généré ainsi environ une centaine d’emplois indirects dans son département d’implantation. Différentes retombées financières sont également des ressources pour la région, avec notamment, la perception de permis de construire, de taxes foncières, ou de taxes professionnelles par exemple. On comprend donc que l’arrivée du domaine a été largement favorable pour les populations et l’économie de la Basse-Normandie. 2.2.3. Une notoriété accrue pour la région. Finalement, les différents domaines Center Parcs possèdent une image relativement positive auprès de la population française et permettent donc de développer la notoriété de la région. Les touristes apprennent à connaître ce lieu grâce à l’entreprise et à la publicité qu’elle en fait. On notera que depuis l’implantation des Bois-Francs, l’activité hôtelière s’est largement développée : En 2001, c’est plus de 8000 personnes qui travaillent dans ce domaine sur l’ensemble du département, ce qui représente environ 7% de l’ensemble des salariés. 140 Center Parcs. Dossier de presse. 2010 134 Ainsi, l’implantation de Center Parcs a permis de développer l’activité touristique de la région, en créant une certaine notoriété et attractivité de la région. 3. Tendance sécuritaire représentée 3.1. Garantir la sécurité physique 3.1.1. Eviter au maximum les problèmes de santé des touristes Garantir au maximum la santé des touristes passe en premier lieu par un entretien important de l’espace aquatique141. En effet, même si ce lieu tente d’imiter l’espace balnéaire des milieux tropicaux, il reste cependant aseptisé et respecte des consignes sanitaires nombreuses : ceci dans le but de garantir aux clients une sécurité importante. En effet, six heures sont consacrées chaque matin à l’entretien des piscines avant que les touristes n’y accèdent : on y procède à un nettoyage, une analyse de l’eau et une vérification de l’ensemble de toutes installations. Ensuite, dans la journée, trois contrôles manuels de la qualité de l’eau dans les 14 bassins différents sont réalisés, pour vérifier le taux de chlore, le pH ou encore la température de l’eau. Finalement, l’eau est recyclée en permanence : le renouvellement, par exemple, du grand bassin à vagues se fait entièrement au bout de deux heures. En ce qui concerne les sols de la piscine et l’espace des vestiaires, ils sont désinfectés toute les trois heures, pour éviter au maximum le développement de microbien. La qualité de l’air ambiant contenu dans l’ensemble de la bulle est, elle aussi, très régulièrement analysée par un laboratoire extérieur à l’entreprise. Finalement, lors de l’implantation de la végétation en provenance de pays tropicaux, un isolement prolongé, associé à de nombreux tests, est prévu pour éviter propagation de diverses maladies, et pour en protéger les touristes. Ainsi, on comprend que, les mesures sanitaires restent très strictes au sein du parc, pour permettre de sécuriser au mieux les individus et rendre les lieux les plus sures possible. 141 Center Parcs. Dossier de presse. 2010 135 3.1.2. Du personnel de surveillance en permanence La sécurité des touristes est aussi assurée par du personnel spécialisé, qui veille en permanence142. Tout d’abord, dans l’Aqua Mundo, en pleine saison, une quinzaine de maîtres nageurs se répartissent dans la zone de surveillance. La vigilance est optimum, l’ensemble de l’espace est couvert, et toute intervention est possible en cas de besoin. Ces maîtres-nageurs-sauveteurs-secouristes sont entraînés : ils réalisent des formations régulières et se livrent à des exercices pratiques réguliers. De plus, un poste de sécurité se trouve présent à l’entrée du parc : environ six membres du personnel son délégués sur le parc en permanence, pour surveiller les entrées, et circulent jours et nuits, dans tous le domaine pour garantir la sécurité et aider au maximum les vacanciers. 3.2. Faciliter le séjour du client 3.2.1. Un accompagnement dès l’arrivée du touriste Dès l’arrivée des clients, leur prise en charge est optimum avec un accueil de qualité réalisé par les membres du service de réception. Les jours d’arrivées des clients, le lundi et le vendredi, toutes les conditions sont mises en œuvre pour effectuer un accueil de qualité. Le touriste est pris en charge, ses clefs de cottages lui sont remises et le chemin pour y accéder précisé, le fonctionnement du parc expliqué et les services principaux décrits. Malgré le nombre important de réservations (jusqu'à mille par jours d’arrivées), Center Parcs accorde une importance toute particulière à l’accueil des touristes et au premier contact : dans le but de les mettre en confiance, les rassurer et leur faciliter le séjour 142 Observation : Stage Juin 2011 136 3.2.2. L’ensemble des prestations regroupées au sein du parc En tant que complexe et résidence de loisirs, la structure regroupe l’ensemble des prestations nécessaires aux séjours de ces touristes : on y retrouve les suivantes143 : - Tout d’abord l’hébergement est présent, avec de nombreux cottages de différentes capacités et catégories proposées ou encore les chambres d’hôtel. - La restauration est aussi proposée au sein du parc, composée d’un large choix de restaurants divers ; pizzeria, snack, gastronomique, cuisine traditionnelle, spécialité des îles ou cuisine du monde, ou encore un bar. La restauration depuis le rachat de Pierre et Vacances a été déléguée à l’entreprise Elior. - Différents magasins sont aussi présents sous la bulle : supermarché, magasins d’habillement, magasins de cadeaux et de souvenirs. - On trouve aussi de nombreuses activités, évoquées précédemment avec l’Aqua Mundo, la pratique de sports variés et un espace spa. - Finalement, des animations sont proposées tout au long de la journée, avec notamment des karaokés, des jeux apéro, des spectacles de danses et de chants, ou encore des soirées avec DJ. On comprend que toutes des prestations nécessaires à l’organisation d’un séjour sont réunies et proposées en un seul lieu, pour faciliter leurs accès. Il n’est plus nécessaire pour le touriste de chercher les prestations séparément : ce qui lui garantit une certaine facilité et sécurité d’organisation. Ainsi, ce dernier chapitre présente les premiers résultats recueillis à l'aide des premiers outils mis en place. Les quelques données recueillies pour l’instant, semblent vérifier les hypothèses émises précédemment. En effet, Center Parcs les Bois-Francs joue sur le besoin de sécurité physique des clients en proposant des services très encadrés et respectueux des normes sanitaires strictes. L’entreprise est largement spécialisée dans le court-séjour et répond effectivement à cette nouvelle mobilité avec des offres et une situation géographique adaptées. 143 Observation : Stage Juin 2011 137 Finalement, la notion de durable est largement prise en considération puisqu'on relève de nombreuses actions en faveur de l’environnement. Néanmoins, contrairement à l’hypothèse précédente, même si le lieu est totalement isolé de son environnement extérieur, les retombées sur le département, au niveau de l’économie et de la notoriété sont tout de même importantes. Cette partie traite donc d’un cas spécifique de tourisme hors-sol climatique qu’est la bulle tropicale Center Parcs les Bois-Francs. La bulle tropicale est une forme de produit hors-sol, s’attachant en premier à créer, sous une bulle, un espace tropical. On en trouve actuellement 26, toute implantées en Europe. Nous avons choisi de retenir comme terrain d’application Le Domaine Des Bois-Francs, structure appartenant à l’entreprise Center Parcs, actuellement leader mondial du marché des bulles tropicales, avec une offre exclusivement basée sur ce concept. L’entreprise possède actuellement 20 structures. Ainsi pour permettre de vérifier les différentes hypothèses directement sur le terrain - le domaine des Bois-Francs, une méthodologie basée sur des études quantitatives et qualitatives a été mis en place. Les premières études ont déjà été réalisées, avec la réalisation d’un entretien exploratoire, la méthode de l’observation et le recueil de données internes à l’entreprise : mais ils se doivent d’être complétés par d’autres techniques de recueil d’information dans l'avenir. On se propose de mettre en place un questionnaire de satisfaction pour les clients du parc, de réaliser des entretiens collectifs avec un groupe et des habitants de la commune, et finalement de réaliser un entretien avec une personnalité politique du département ou de la région. Dans l’attente de cette mise en place, quelques résultats sont dors et déjà disponibles et explicités dans le dernier chapitre. Ainsi, les hypothèses sur la coté sécuritaire tendent pour l’instant à se confirmer chez Les bois-Francs avec une sécurité physique largement renforcée et des séjours encadrés au maximum. De plus, on voit que l’entreprise propose une offre parfaitement adaptée aux courtséjours. Finalement, la notion de durable reste au cœur des préoccupations de l’entreprise, avec de nombreuses initiatives pour la protection de l’environnement, 138 même si, contrairement à l’hypothèse avancée, l’implantation de la structure a impliqué de multiples retombées sur pays d’accueil. On comprend que ces résultats, ne peuvent être envisagés que comme une ébauche d’analyse et que l’étude devra être poursuivie pour compléter l’information et aller plus avant dans l’analyse. 139 CONCLUSION En conclusion, cette étude a été menée suivant une méthodologie précise, dans le but d'expliquer en quoi le tourisme hors-sol climatique peut être envisagé comme une nouvelle forme de tourisme à part entière. Dans un premier temps, la réflexion a tenté de démontrer l’existence d’une nouvelle forme de tourisme que nous appellerons « tourisme hors-sol climatique, ou tourisme sous-bulle : L’explication de notions et principes nécessaires à la définition et à la compréhension de ce concept en a été la base. Nous avons ensuite émis l’hypothèse que cette forme de tourisme se base principalement sur l’adaptation de ses produits aux nouvelles attentes et tendances actuelles du marché touristique. De plus, en l’affirmant à la fois pour les bulles tropicales et les centres de ski indoor, nous tentons de démontrer que ces structures appartiennent effectivement à une forme de tourisme commune : Nous avons émis également l'hypothèse que ces structures ont su intégrer à leur offre, une réponse à la nouvelle mobilité des touristes apparue ces dernière années. Principalement basée sur la pratique des court-séjours, et répondant aux besoins sécuritaires physiques, psychologiques et moraux de plus en plus revendiqués par les individus en mal d’espaces idéals, cette offre recherche un maximum de concordance avec les représentations que se font les touristes des différents espaces ciblés .Finalement, elle tient compte de l’intérêt grandissant des clients pour le tourisme durable et veille au respect du lieu d’accueil, qu’il s’agisse de l’environnement ou de sa population. Enfin, une méthodologie a été mise en place pour vérifier ces différentes hypothèses directement sur le terrain. Le cas retenu Pour réaliser cette étude, on a retenu la structure de la bulle tropicale de Center Parcs les Bois-Francs située en Normandie. Une ébauche de résultats a déjà pu être recueillie, à travers les quelques premières actions mise en place, mais celles-ci méritent d’être approfondie à la lumière d’autres outils complémentaires basés sur les études quantitatives et qualitatives. 140 Ainsi, on comprend, à travers le cheminement de cette étude, que le tourisme hors-climatique connaît actuellement un succès grandissant, basé sur un concept exceptionnellement bien pensé. Nous définirions cette forme de tourisme comme « une offre touristique construite à partir de rien, totalement déconnectée du lieu d’implantation, qui s’attache à proposer à ses clients un produit original principalement basé sur un climat différent de celui de la région d'implantation, artificiellement reconstitué sous une bulle ». Cette forme de tourisme représente une nouvelle façon d’appréhender et de concevoir le tourisme : Elle permet d’implanter les différents attraits et espaces touristiques n’importe où dans le monde, en les reconstituants sous un dôme pour s'assurer l’indépendance de des conditions face à l’environnement extérieur. Les clients consomment alors une imitation de cette espace, censée reproduire ces lieux mais en y soustrayant leur caractères négatifs. Actuellement, il est possible de profiter d’espaces balnéaires tropicaux ou encore montagnards, sous bulle. Mais il n’est pas impossible d’envisager dans les années à venir que cette technique se diffuse à d’autres espaces. On peut alors ce demander jusqu’où ira ce concept, et si l’évolution du tourisme ne réside pas finalement dans la consommation d’espaces uniquement reconstitués. Quoi qu’il en soit, il semble évident que le tourisme hors sol-climatique n’est pas encore arrivé à maturité et qu’il possède encore une marge de développement importante. 141 BIBLIOGRAPHIE OUVRAGES : - AMIROU Rachid et BACHIMON Philippe. Le tourisme local : une culture de l’exotisme. Paris : Edition L’Harmattan, 2000, 237 p. - BESANCENOT Jean-Pierre. Climat et tourisme. Paris : Edition Masson, 1990, 223 p. - BOYER Marc. Le tourisme de l’an 2000. Lyon, Presse universitaire de Lyon, 1999, 265 p. - BOYER Marc. Histoire générale du tourisme du 16e au 21e siècle. Paris : Editions L’Harmattan, 2005, 327 p. - BOYER Marc. Les villégiatures du 16e au 21e siècle : Panorama du tourisme sédentaire. Colombelles : Editions EMS, 2008, 238 p. -BRUNEL Sylvie. La planète disneylandisée : Chroniques d’un tour du monde. Auxerre : Editions Sciences Humaines, 2006, 276 p. - CUVELIER Pascal. Anciennes et nouvelles formes de tourisme ; Une approche socio-économique. Paris : Editions L’Harmattan, 1998, 238 p. - DESVIGNES Claudine. Parcs à thème : du parc de loisir au centre d’interprétation. Paris : Editions ETE, 1998, 127 p. -DESVIGNES Claudine. Nouvelle mobilité touristiques. Paris : Editions ETE, 2009, 124 p. - DREYFUS-SIGNOLES Catherine. L’espace touristique. Rosny-sous-Bois : Editions Bréal, 2002, 255 p. - HOERNER Jean-Michel. Géographie de l’industrie touristique. Paris : Editions Ellipses, 1997, 255 p. - KALFON Pierre. Tourisme et innovation : Comment décrypter les tendances qui bouleversent le monde du voyage. Paris : Edition L’Harmattan, 2009, 130 p. - FURT Michel et MICHEL Franck. Tourisme & Identités. Paris : Editions L’Harmattan, 2006, 217 p. 142 - LAGOSSAH Kinvi et SALMON Jean-Michel. Tourisme et développement durable. Paris : Editions Publibook, 2005, 422 p. - LAMIC Jean-Pierre. Tourisme durable : utopie ou réalité ? Comment identifier les voyeurs et les voyagistes éco-responsables ? Paris : Editions L’harmattan, 2008, 219 p. - LANQUAR Robert. Le tourisme international. Paris : Presses universitaire de France, 1989, 127 p. - LAZZAROTTI Olivier. Les loisirs à la conquête des espaces périurbains. Paris : Edition L’Harmattan, 1995, 319 p. - LOZATO-GIOTART Jean-Pierre. Géographie du tourisme : De l’espace consommé à l’espace maitrisé. Paris : Edition, Pearson Education, 2003, 330 p. - MICHEL Franck. Tourisme, touristes, sociétés. Paris: Editions L’Harmattan, 1998, p. - PEARCE Douglas. Géographie du tourisme. Paris : Edition Nathan, 1993, 351 p. - POTIER Françoise. Tourisme de court-séjour. Paris : Editions ETE, 1993, 128 p. - RIEUCAU Jean et LAGIESTE Jérôme. L’empreinte du tourisme : contribution à l’identité de fait touristique. Paris : Editions L’Harmattan, 2006, 376 p. - SPINDLER Jacques. Le tourisme au XXIe siècle. Paris: Editions L’Harmattan, 2003, 463 p. - STOCK Mathis. Le tourisme : Acteurs, lieux et enjeux. Paris : Editions Belin, 2003, 304 p. - URBAIN Jean-Didier. Sur la plage. Paris : Editions Payot & Rivages, 1996, 500 p. CHAPITRES D’OUVRAGES COLLECTIFS : - AMIROU Rachid. L’impossible vacance : jeu social, jeu sociétal, in AMIROU Rachid et BACHIMON Philippe. Le tourisme local : une culture de l’exotisme. Paris : Edition L’Harmattan, 2000, 237 p. - REMY Jean. L’implication paradoxale dans l’expérience touristique, in AMIROU Rachid et BACHIMON Philippe. Le tourisme local : une culture de l’exotisme. Paris : Edition L’Harmattan, 2000, 237 p. 143 - BACHIMON Philippe. Le cycle des représentations touristiques du paysage, in AMIROU Rachid et BACHIMON Philippe. Le tourisme local : une culture de l’exotisme. Paris : Edition L’Harmattan, 2000, 237 p. - BACHIMON Philippe. Les représentations paradisiaques, in AMIROU Rachid et BACHIMON Philippe. Le tourisme local : une culture de l’exotisme. Paris : Edition L’Harmattan, 2000, 237 p. MEMOIRE : -CURT-COMTE Isabelle. Le centre de ski indoor : un nouvel outil de communication pour les stations de sports d’hiver. Mémoire de Master 1 Tourisme et développement. Foix : Université de Toulouse II –Le Mirail, Département CETIA, 2002, 143 p. DCTIONNAIRE : -Dictionnaire Larousse encyclopédie. Paris : Editions Club France Loisirs, 1997. 144 ANNEXES Annexe 1 : Localisation des bulles tropicales dans le monde. . 146 Annexe 2 : Centres de ski indoor dans le monde ....................... 147 Annexe 3 : Plan de Center Parcs les Bois-Francs ...................... 148 Annexe 4 : Guide d’entretien ........................................................ 149 Annexe 5 : Retranscription partielle de l’entretien ..................... 150 145 Annexe 1 : Localisation des bulles tropicales dans le monde. 146 Annexe 2 : Centres de ski indoor dans le monde 147 Annexe 3 : Plan de Center Parcs les Bois-Francs 148 Annexe 4 : Guide d’entretien Center Parcs Les Bois-Francs, Responsable du service réception Février 2011 I. Introduction du contexte - Présentation - Explication de la démarche de l’entretien - Remerciements II. Demande de présentation - Statut et Ancienneté dans l’entreprise -Age III. Présentation de l’entreprise - Présentation de Center Parcs en général -Présentation de la structure des Bois-Francs IV. Explication du concept -Le concept général de l’entreprise -Place du climat dans le concept - Les différentes technique utilisée pour reconstitué le climat V. La demande - Clientèle principale - Lieu d’émissions - Durée du séjour - Périodes privilégiées - Saisonnalité - Motivation des clients VI. L’offre -Compatibilité avec le tourisme durable - Labels et certifications -Consommation des différents équipements VII. Remerciements 149 Annexe 5 : Retranscription partielle de l’entretien -Présentation de du déroulement de l’entretien, mise en contexte. -Présentation de l’interlocuteur Je suis donc responsable du service de réception de Center Parcs les Bois-Francs Présente depuis 15 ans dans l’entreprise (41 ans) -Pourriez-vous parler de l’entreprise Center Parcs en général, et des différentes structures qui existent ? Center Parcs En France, c'est 4 domaines : Bois Francs en Normandie, Les Hautes Bruyères en Sologne, le Lac d'Ailette dans l'Aisne, Les trois Forêts en Moselle. Quatre structures qui sont un peu différentes les unes des autres avec leur spécialité, à savoir que nous ici à Bois Francs, on a 854 cottages et 86 hébergements, on accueille à peu près 4500 clients par an et par séjour maximum. Alors après, il y en a en Allemagne, en Belgique, et en Hollande. Il y en avait un en Angleterre qui ne sont plus à Center Parcs. Il y en a aussi 3 en Belgique, 9 au Pays-Bas, 4 en Allemagne et 4 en France. En termes d'employés ici, c'est quand même 630 emplois qui font vivre 4500 clients au maximum sur le parc chaque jour. -Au niveau du concept du Center Parcs ? Le concept Center Parcs, c’est les court-séjours : du lundi 15h au vendredi 10h, du vendredi 15h au lundi 10h pour la formule weekend. Sinon il y a la formule semaine du lundi au lundi et du vendredi au vendredi. On ne travaille pas du tout à la nuitée même avec l'hôtel où on fonctionne avec le même principe que le cottage : mid-week ou weekend. Il y a les 5 piliers principaux : La nature, les cottages, les activités, l'offre de loisirs, tout ce qui est service aux clients, la piscine. -Pensez-vous qu’il s’agisse d’un concept innovant ? 150 Le fait d'avoir une bulle c'est un prototype en France. -Pensez-vous que le climat à une place réellement importante dans les offres Center Parcs ? Oui je pense, au moins par le fait que les structures se situent uniquement au Nord, avec des températures basses extérieures, mais avec l'avantage du dôme de rester toujours à 29 degrés. Tous les Center Parcs sont basés au Nord, le plus bas, c'est celui de Chaumont, après tu n'en as pas. -Et quelles sont les techniques utilisées pour avoir ce climat spécifique ? -Déjà sous la bulle, il fait 29 degrés tous les jours de l'année et de même pour l’espace aquatique. Sous la bulle on est dans un réel paradis tropical. -Pouvez-vous me parler de la clientèle qui fréquente les Bois-Francs? Française et parisienne, tout ca est écrit dans le dossier de presse que j’enverrais : Il y a pas mal d'infos dedans. Ca représente 92 % de français, 38% qui habitent la région parisienne, 10% d'étrangers en provenance du Pays de Galle, de Belgique, d'Allemagne, d'Angleterre, de Suisse. Le taux d'occupation en France, sur les 4 domaines c'est 83 %, à l'année, 167000 séjours, 888000 clients et 3 390700 nuitées. Après, 37 % de la clientèle opte pour la formule week-end, 23%pour la formule semaine et 40 % pour la formule mid-week. 88% sont des familles avec des amis, et 57% des familles avec 2 enfants et plus. La moyenne d'âge des résidents c'est 36 ans. -Et est-ce qu’il y a une saisonnalité de fréquentation ? Avant oui. Maintenant il y a plus de monde en semaine pendant les vacances scolaires. Les mois les plus calmes restent peut-être novembre et janvier. Mais en ce qui concerne les weekends, le taux de fréquentation reste de 80% en moyenne sur toute l’année sans différence selon les périodes. -A votre avis, pourquoi les clients sont à Center Parcs que directement au bord de la mer par exemple, en pleine saison d’été ? 151 A mon avis, en plus de la location, ils ont quand même un espace de 4500 mètre carrés de piscine intérieure et extérieure, avec toboggan, rivière sauvage, ça va être un cocoon, c'est un endroit convivial où ils peuvent trouver fou à disposition, les différentes activités, les funs, les moins funs, les boutiques, les restaurants, ils ont quand même tout à disposition sans utiliser du tout leur voiture. C'est super important que les clients n'utilisent pas du tout leur voiture pendant le séjour, ils sont à pieds, ou en vélo ou en voiturette électrique, c'est un moyen pour se ressourcer complètement. C'est tout de même plus intéressant qu'au bord de la mer, où il y a toujours plein de monde, et il y a les bouchons en voiture pour aller à tel endroit. En réalité je pense qu’il se sente dans un endroit très sécurisé et surtout ils ont une facilité en venant dans le parc. Tout est à disposition pour facilité au mieux le séjour. Finalement, c’est un lieu beaucoup plus reposant que le bord de mer. -Au niveau du produit maintenant, est-ce que vous pensez qu’il puisse être compatible avec le tourisme durable et le respect de l’environnement ? Tout à fait, on est déjà impliqué dans l'environnement puisqu'on a eu « la clef verte », la norme ISA14001, et que nous sommes affiliés à WWF. Ensuite, il y a l'économie d'énergie, le papier recyclable sur les brochures, maintenant les clients ne reçoivent plus du tout de documents papiers, tout se fait par Internet mais ils peuvent retrouver toutes les informations. On utilise les ampoules économiques dans tous les cottages et dans tout ce qui est bureau. Tout ça, c'est économique. En Moselle, ils ont créé les cottages en bois avec du bois conforme à l'environnement. Au Bois-Francs, on est sur un projet d'ouverture de petites cabanes en bois, installées sur pilotis, où les clients n'auront ni eau, ni électricité mais des toilettes sèches : avec une ouverture en Juillet et Aout. -Mais les équipements comme la bulle et la piscine doivent consommer beaucoup d’eau et d’énergie, non ? Oui, ça consomme, c'est évident, mais si on coupait touts les clients ne seraient pas d'accord. 152 -Est-il possible d’avoir une fourchette de la consommation d’énergie ? Non je ne les connais pas exactement, mais ils sont dans le dossier de presse. -Remerciement. 153 TABLE DES FIGURES Figure 1 : Parts de marché des régions émettrices de voyage internationaux en 2000 : ........................................................................................................... 17 Figure 2 : Arrivées internationales dans le monde en 2000 et 2010 (en millions) 19 Figure 3 : Du tourisme traditionnel au tourisme hors-sol ................................... 27 Figure 4 : Critères déterminants pour le choix de la destination : ...................... 36 Figure 5 : Les principaux facteurs imprévisibles pouvant nuire à la réussite des vacances : ..................................................................................................... 40 Figure 6 : Bulle tropicale : Tropic Island (Allemagne) ........................................ 44 Figure 7 : Centre de ski Indoor (Dubaï)............................................................ 45 Figure 8 : Dôme de Tropic Island (Allemagne) ................................................. 51 Figure 9 : Volumes des courts et longs séjours en France : ............................... 61 Figure 10 : Taux de départs des Français selon la durée du séjour .................... 64 Figure 11 : Zonation de la fréquentation touristique à partir des foyers émetteurs urbains dans les pays riches ........................................................................... 66 Figure 12 : L’ile tropicale emblématique :......................................................... 83 Figure 14 Implantation des structures Center Parcs : ......................................113 Figure 15 : La bulle de Center Parcs les Bois-Francs ........................................119 Figure 16 : Localisation de Center Parcs Les Bois-Francs ..................................127 154 SOMMAIRE PARTIE I. CONCEPT DU TOURISME HORS-SOL CLIMATIQUE .............................10 CHAPITRE 1 : LE TOURISME : UN PHENOMENE COMPLEXE ........................... 12 1. Qu’est ce que le tourisme ..................................................................... 12 1.1. Une multitude de définitions ........................................................... 12 1.2. Les caractéristiques pour qualifier le tourisme ................................. 13 1.2.1. Un déplacement obligatoire ...................................................... 13 1.2.2. Mouvement hors du quotidien .................................................. 14 1.2.3. Un déplacement temporaire ..................................................... 14 1.2.4. Une mobilité à but récréatif ...................................................... 15 2. Une activité économique majeure pour les industrialisés ........................ 16 2.1. Une des principales activités économiques. ..................................... 16 2.2. Un phénomène dominé par les pays du Nord .................................. 16 2.2.1. Les lieux d’émission du tourisme .............................................. 16 2.2.2. Les différents lieux d’accueil ..................................................... 18 3. Les principales caractéristiques du tourisme .......................................... 20 3.1. Une saisonnalité très marquée ........................................................ 20 3.2. Une activité qui investit tous les espaces ......................................... 20 CHAPITRE 2 : LE TOURISME HORS-SOL ....................................................... 22 1. Définition de l’expression off-shore ....................................................... 22 1.1. Origine et étymologie ..................................................................... 22 1.2. Utilisation dans différents domaines ................................................ 23 1.2.1. Dans le domaine de l’industrie pétrolière ................................... 23 1.2.2. Dans le domaine financier ....................................................... 23 1.2.3. Dans le domaine de l’économie ................................................ 23 1.2.4. Dans le domaine agricole ......................................................... 24 2. Définition et historique du tourisme hors-sol .......................................... 25 2.1. Qu’est-ce que le tourisme hors-sol .................................................. 25 2.1.1. Définition du tourisme hors-sol ................................................. 25 2.1.2. Les différents produits hors-sol................................................. 26 2.2. Historique ..................................................................................... 27 2.2.1. Prémices du tourisme hors-sol .................................................. 27 2.2.2. Naissance du tourisme hors-sol ................................................ 28 3. Les principales caractéristiques de ce tourisme ...................................... 29 3.1. Un tourisme ex-nihilo ..................................................................... 29 3.2. Des lieux déconnectés du territoire ................................................. 29 3.3. Un enjeu essentiel pour les régions à faible touristicité..................... 30 CHAPITRE 3 : RELATION ENTRE CLIMAT ET TOURISME ............................... 32 1. Qu’est ce que le climat ......................................................................... 32 1.1. Définition ...................................................................................... 32 155 1.2. Caractéristiques ............................................................................. 32 2. Importance du climat pour le tourisme .................................................. 33 2.1. Une activité née pour la recherche d’un climat ................................. 33 2.1.1. Les premiers déplacements à motivation climatique ................... 33 2.1.2. Le soleil : un attrait majeur ...................................................... 34 2.2. Elément d’importance majeure ....................................................... 34 2.2.1. Une motivation principale pour les touristes .............................. 34 2.2.2 Recherche d’un climat idéal ....................................................... 37 2.2.3. L’imaginaire climatique ............................................................ 37 3. Des contraintes engendrées pour le touriste .......................................... 38 3.1. Les risques physique ...................................................................... 38 3.2. Une forte saisonnalité .................................................................... 39 3.3. Un facteur imprévisible .................................................................. 40 CHAPITRE 4 : LE TOURISME HORS-SOL CLIMATIQUE ................................... 42 1. Qu’est que le tourisme hors-sol climatique ............................................. 42 1.1. Des produits bien spécifiques ......................................................... 42 1.1.1. Proposition d’une définition ...................................................... 42 1.1.2. Les premières structures .......................................................... 43 1.2. Typologie ...................................................................................... 43 1.2.1. Bulle tropicale ......................................................................... 43 1.2.2. Centres de ski indoor ............................................................... 44 1.3. Une forme de tourisme ou de loisir ?............................................... 46 2. Les techniques utilisées ........................................................................ 47 2.1. Processus d’artificialisme ................................................................ 47 2.1.1. Un lieu artificiel ....................................................................... 47 2.1.2. Imitation d’un climat et réduction des risques ............................ 47 2.1.3. L’importance d’un décor ........................................................... 49 2.2. Un produit sous dôme .................................................................... 50 2.2.1. Utilisation d’un espace clos....................................................... 50 2.2.2. Un produit innovant et moderne ............................................... 51 3. Une implantation spécifique .................................................................. 51 3.1. Une localisation basée sur le potentiel de clientèle ........................... 51 3.1.1. Implantation dans les pays industrialisés. ................................ 51 3.1.2. Au sein des grands foyers urbains ............................................ 52 3.2. Dans des lieux climatiquement opposés .......................................... 53 PARTIE II.LE TOURISME HORS-SOL CLIMATIQUE : UNE REPONSE AUX BESOINS ACTUELS DES TOURISTES ...................................55 CHAPITRE 1 : UNE REPONSE A UNE NOUVELLE FORME DE MOBILITE ........... 57 1. Un bouleversement de l’espace temps ................................................... 57 1.1. Un nouveau découpage du temps ................................................... 57 Une diminution du temps travaillé ...................................................... 57 1.1.2. Nouveau découpage de la journée ............................................ 58 1.1.3. Le temps de la semaine ........................................................... 58 1.2. Allongement du temps de vacances ................................................ 59 156 1.2.1. Une hausse des congés ............................................................ 59 1.2.2. Morcellement de la période de vacances ................................... 59 2. Le court-séjour : une nouvelle tendance ................................................ 60 2.1. Partir moins longtemps .................................................................. 60 2.1.1. Le développement des court-séjours. ........................................ 60 2.1.2. Les différents types de court-séjours ........................................ 61 2.2. Partir plus près .............................................................................. 62 2.3. La dessaisonnalisation .................................................................... 63 2.3.1. Des départs plus fréquents....................................................... 63 2.3.2. Des départs mieux répartis sur l’année ..................................... 63 3. Adaptation du court-séjour pour le tourisme hors-sol climatique ............. 64 3.1. Des produits destinés à une clientèle de proximité ........................... 64 3.1.1. Recherche d’une clientèle de proximité prédominante ................ 64 3.1.2. Proposer un produit traditionnellement éloigné .......................... 65 3.2. Le tourisme sous bulle : un remède à la saisonnalité ........................ 66 3.2.1. Pallier la saisonnalité du climat ................................................. 66 3.2.2.. Une fréquentation répartie sur l’année. .................................... 67 CHAPITRE 2 : VOYAGER EN TOUTE SECURITE ............................................. 69 1. Une sécurité psychologique .................................................................. 69 1.1. Volonté de découverte… ................................................................ 69 1.1.1. Une recherche de l’exotique ..................................................... 69 1.1.2. Une rupture avec le quotidien. ................................................. 69 1.2. … mais sans pour autant une rupture totale .................................... 70 1.2.1. Une part du quotidien toujours présent ..................................... 70 1.2.2. Un espace transitionnel ............................................................ 71 1.2.3. Le touriste conscient de jouer un rôle ...................................... 72 2. Garantir la sécurité physique ................................................................ 73 2.1. Un élément essentiel pour le touriste .............................................. 73 2.1.1. Une exigence de sécurité ......................................................... 73 2.1.2. Des risques importants pour le touriste ..................................... 73 2.2. Les risques physiques dans les milieux imités par les bulles .............. 74 2.2.1. Les risque du tourisme en milieux tropicaux .............................. 74 2.2.2. Les risques du tourisme de montagne ....................................... 75 2.2.3. Tourisme hors-sol climatique : réduction de ces risques ............. 75 3. Facilité le séjour du client ..................................................................... 76 3.1. Eviter l’imprévisibilité du climat : La sécurité morale......................... 76 3.2. La déresponsabilisation du touriste ................................................. 77 CHAPITRE 3 : LA DECOUVERTE D’UN MONDE IDEAL .................................... 79 1. Importance des représentations dans l’activité touristique ...................... 79 1.1. Imaginaire et tourisme ................................................................... 79 1.1.1. Un rôle important des représentations ...................................... 79 1.1.2. Facteur sur le choix des destinations......................................... 80 1.2. Utilisation dans la commercialisation ................................................ 80 1.2.1. Une communication qui utilise ces représentations .................... 80 1.2.2. Des représentations parfois en désaccord avec la réalité ............ 81 157 2. Imaginaires des lieux initiaux, reproduits par le tourisme hors-sol climatique ............................................................................................... 81 2.1. L’imaginaire des espaces tropicaux ................................................. 81 2.1.1. Une forte attraction des espaces tropicaux ................................ 81 2.1.2. Des stéréotypes forts… ........................................................... 82 2.1.3. … dominés par les espaces insulaires ........................................ 82 2.2. L’imaginaire d’un monde montagnard ............................................. 83 2.2.1. L’espace naturel montagnard ................................................... 83 2.2.2. Imaginaire des sports d’hiver ................................................... 84 3. Utilisation des représentations dans le tourisme hors-sol climatique ........ 85 3.1. Le tourisme sous bulle: création d’un monde idéal ........................... 85 3.1.1. Un lieu basé sur les représentations touristiques ....................... 85 3.1.2. Une concordance totale entre l’espace imaginé et consommé. .... 86 3.2. Une forme de tourisme trop artificielle ? .......................................... 86 3.2.1. Faux exotisme ......................................................................... 86 3.2.2. Le fictif et le réel se mêle ......................................................... 87 CHAPITRE 4 : UNE COHERENCE AVEC LE TOURISME DURABLE ..................... 88 1. Quels sont les enjeux du développement durable pour le tourisme ? ....... 88 1.1. Qu’est ce que le développement durable ......................................... 88 1.1.1. Les fondements de ce concept ................................................. 88 1.1.2. La naissance du concept .......................................................... 89 1.2. Importance du développement durable pour le tourisme .................. 90 2. Le tourisme durable : une tendance forte .............................................. 91 2.1. Qu’est ce que le tourisme durable ? ................................................ 91 2.1.1. Définition ................................................................................ 91 2.1.2. Remise en cause du tourisme de masse .................................... 92 2.2. Les fondements du tourisme durable .............................................. 92 3. Tourisme durable et tourisme hors sol climatique................................... 94 3.1. Impacts négatifs ............................................................................ 94 3.1.1. Une consommation importante en eau et électricité ................... 94 3.1.2. Une implantation au détriment d’autres activités ....................... 95 3.2. Impacts positifs ............................................................................. 96 3.2.1. Une réduction des déplacements .............................................. 96 3.2.2. Une forte contribution à la préservation de l’environnement ....... 96 3.2.3. Faible contact avec les populations locales ................................ 97 PARTIE III. TERRAIN D’APPLICATION :LES BULLES TROPICALES (LE CAS DE CENTER PARCS LES BOIS-FRANCS) .............................................. 100 CHAPITRE 1 : LES BULLES TROPICALES ......................................................102 1. La bulle tropicale :Une forme spécifique de tourisme hors-sol climatique 102 1.1. Qu’est-ce que la bulle tropicale ......................................................102 1.1.1 Le concept ..............................................................................102 1.1.2. Développement du phénomène ...............................................103 1.1.3. Les entreprises .......................................................................105 1.2. De véritables complexes hôteliers ....................................................105 2. Un produit basé sur les attraits du tourisme balnéaire ...........................106 158 2.1. Une offre en continuité du paradigme des 3S .................................106 2.2. Des motivations bien spécifiques similaires à celles du tourisme balnéaire.............................................................................................107 2.2.1. Une rupture avec le quotidien .................................................107 2.2.2. Le repos.................................................................................107 3. Reconstitution d’un espace tropical ......................................................107 3.1. Imitation d’un espace balnéaire .....................................................107 3.2. Imitation des climats tropicaux. .....................................................108 3.2.1. Des techniques de chauffage...................................................108 3.2.2. Une artificialisation grâce au décor ..........................................109 CHAPITRE 2 : CENTER PARCS LES BOIS-FRANCS.........................................111 1. L’entreprise Center Parcs .....................................................................111 1.1. Histoire de l’entreprise ..................................................................111 1.1.1. Les débuts de Center Parcs .....................................................111 1.1.2. Le Groupe Pierre & Vacances Center Parcs ..............................112 1.2. Situation actuelle de l’entreprise ....................................................112 1.2.1. De nombreux domaines ..........................................................112 1.2.2. Center Parcs : un réel succès. .................................................114 2. Le concept Center Parcs ......................................................................114 2.1. Deux métiers ................................................................................114 2.1.1. Des résidences de loisirs .........................................................114 2.1.2. L’activité immobilière .............................................................115 2.2. Le concept Center Parcs ................................................................116 2.2.1. Concept revendiqué par l’entreprise .........................................116 2.2.2. La présence de la bulle ...........................................................117 2.2.3. Une Implantation dans des espaces naturels de qualité ............117 3. Center Parcs Les-Bois Francs ...............................................................118 3.1. Le premier domaine Français .........................................................118 3.2. Les principales prestations.............................................................119 3.2.1. Une multitude d’activités proposées .........................................119 3.2.2. Les structures d’hébergements ................................................120 METHODOLOGIE CHAPITRE 3 : TEST DES HYPOTHESES..............................121 1. Méthodologie déjà réalisée ..................................................................121 1.1. Le recueil d’information .................................................................121 1.1.1. Réalisation d’un entretien exploratoire .....................................121 1.1.2. Recherche de données déjà existantes .....................................122 1.1.3. La méthode d’observation sur le terrain ...................................122 1.2. Les Premiers résultats obtenus ......................................................122 2. Méthodologie future : approfondir les résultats .....................................123 2.1. L’enquête par questionnaire ..........................................................123 2.2. Entretien de groupe ......................................................................124 2.3. Entretien exploratoire ...................................................................124 3. Possibilité d’une étude comparée .........................................................125 3.1. Intérêt d’une étude comparée .......................................................125 3.2. Choix du second terrain d’application .............................................125 159 CHAPITRE 4 : PREMIERS RESULTATS : CENTER PARCS LES BOIS FRANCS....126 1. Le poids des court-séjours ...................................................................126 1.1. Localisation propice à la pratique du court-séjour ...........................126 1.2 La prédominance des court-séjours .................................................127 1.2.1. Partir plus près .......................................................................127 1.2.2. Partir moins longtemps ...........................................................128 1.2.3. Partir toute l’année .................................................................128 2. Une implication dans le tourisme durable .............................................129 2.1. Une reconnaissance en tant que structure durable ..........................129 2.1.1. Un des piliers de l’entreprise ...................................................129 2.1.2. Des certifications ....................................................................130 2.1.3. Des actions en faveur de l’environnement ................................131 2.1.4. Limiter les consommations en énergie et en eau ......................132 2.1.5. Augmenter le recyclage des déchets ........................................133 2.2. Des retombées sur le territoire d’accueil .........................................133 2.2.1. Création d’emplois directs .......................................................133 2.2.2. Des retombées économiques considérables ..............................134 2.2.3. Une notoriété accrue pour la région. ........................................134 3. Tendance sécuritaire représentée ........................................................135 3.1. Garantir la sécurité physique .....................................................135 3.1.1. Eviter au maximum les problèmes de santé des touristes ..........135 3.1.2. Du personnel de surveillance en permanence ...........................136 3.2. Faciliter le séjour du client ........................................................136 3.2.1. Un accompagnement dès l’arrivée du touriste ..........................136 3.2.2. L’ensemble des prestations regroupées au sein du parc ...........137 160 TOURISME SOUS BULLE : UNE NOUVELLE FORME DE TOURISME Résumé: Cette étude s’attache à montrer l’existence de nouvelle forme de tourisme, qu’est le tourisme horssol climatique. Il est basé sur la conception de structures reconstituant artificiellement le climat d’un territoire donné, implantée dans un autre lieu. C’est notamment le cas des bulles tropicales et des centres de ski indoor qui recréent les espaces balnéaires tropicaux ou montagnards. . Ce concept, apparu dans les années 1980, connait actuellement un succès grandissant avec une multiplication rapide des ces structures à travers le monde. L’engouement des touristes pour ce type de structures parait être dû au fait qu’elles ont réussies le challenge d’intégrer à leur offre les leurs différentes attentes actuelles des touristes. En effet, ces offres semblent être en concordance totale avec la propagation des court-séjours, le besoin toujours plus affirmé de sécurité, la recherche d’un monde idéal et finalement la concordance avec l’aspect de durabilité et de préservation de l’environnement. Pour explicité ces propos, ils seront appliqués à la bulle tropicale de Center Parcs les Bois-Francs situé en Normandie. Mots clés: Bulle tropicale, Ski indoor, Tourisme sous bulle, Center Parcs, Tourisme hors-sol, Climat, Tourisme hors-sol climatique, Artificialisation Summary: This study attempts to show the existence of new forms of tourism which is: “Climate off-shore tourism” also called “Tourism under bubble”. It is based on the building of structures which are artificially, recreating the environment and climate of a specific territory and is located in another place. Some examples are tropical domes and indoor ski resorts, which recreate a tropical or mountain area. This concept emerged in the 1980s and is currently experiencing a fast-growing success, with the multiplication of structures throughout the world. This type of structures really seems to meet tourists’ current expectations: selection of short stays, need for security, which is still very important today, desire to live in an ideal world, and finally, respect for sustainable concepts and environmental preservation. To clarify these observations, a case study will be analyzed, the bubble of Center Parcs Les Bois-Francs located in Normandie. Key-Word: Tropical dome, Indoor skiing, Tourism under bubble, Center Parcs, Off-shore tourism, climate, climate off-shore tourism, Artificial products. 161