04 POLITIQUE CULTURELLE ARCADE |ÉTANG DES AULNES
L’Arcade chez Milhaud
L’Agence Régionale des Arts du Spectacle retrouve
ses anciens murs, tout près de la Rotonde, dans
l’ancienne demeure de Darius Milhaud…
À sa création en 1974, l’ARCAM1résidait
déjà au Logis du Bras d’Or. Mais lorsqu’en
2000 ses missions d’accompagnement
se sont élargies, passant de la danse et
la musique à l’ensemble du spectacle
vivant, elle a cédé la place au commissa-
riat qui occupait déjà le rez-de-chaussée
du bâtiment.
Le 20 octobre 2008, l’ARCADE s’empare
de la totalité des murs restaurés et les
ouvre au public, aux artistes, au monde
professionnel de la culture. Et le Logis
apparaît comme un îlot de mémoire, un
refuge au cœur du nouveau Quartier
Sextius, univers urbanistique singulier
que l’on traverse comme un monde
virtuel, avec l’impression déstabilisante
de parcourir une maquette d’architecte…
Un lieu ressource
L’Agence, présidée par Alain Hayot2et
par le Directeur Régional des Affaires
Culturelles, François Brouat, est le fruit
d’une collaboration entre l’État et la
Région. Mais la Ville d’Aix a financé une
grande partie des travaux d’aménage-
ment, confirmant sa volonté explicite,
voire démonstrative, d’«investir dans la
culture, l’intelligence et la beauté»,
comme l’a expliqué Maryse Joissains3.
Si Marseille (Provence) est élue capitale
culturelle, l’Université, la Fac de Lettres,
le Rectorat, la DRAC et l’ARCADE
continuent d’habiter la petite ville, sans
doute parce qu’elle sait les retenir et
être fière d’être intellectuelle…
Car abriter l’Arcade n’est pas un mince
avantage : Messieurs Brouat et Hayot
ont rappelé le caractère unique, excep-
tionnel, de ce partenariat entre l’État et
la Région PACA. Depuis plus de trente
ans l’Agence aide à l’aménagement du
territoire par la Culture, organise la
formation professionnelle des métiers
du spectacle, dispense auprès du public
une information concrète et fiable sur
le spectacle vivant. Et veille à un équilibre
raisonné des budgets entre production,
diffusion et création. Observatoire
régional, plateforme d’accompagne-
ment de l’emploi culturel, elle aide à
mieux comprendre, et donc à mieux
gérer, les arts du spectacle.
Le nouveau bâtiment
Au rez-de-chaussée, des bornes multi-
médias, des ordinateurs dispensent
pour le public des informations à la
carte sur l’offre de spectacles, les
compagnies et les lieux. L’endroit,
agréable, invite à la promenade le long
des vidéos permanentes (ouverture du
lundi au vendredi, 9h-12h30, 14h-18h).
Au premier étage les bureaux du
Les rois des Aulnes
C’était une promesse du Président Guérini lors des
Assises de la Culture tenues l’an dernier (voir Zib 4) :
le domaine départemental de l’Étang des Aulnes
allait être définitivement attribué aux artistes, pour
devenir un lieu de résidence et de création… C’est
chose faite depuis le 16 octobre : le domaine y a
accueilli l’Agence de Voyages Imaginaires (Cie de
Philippe Car, voir page 16) pour qu’elle répète et crée
son nouveau spectacle, Le Bourgeois Gentilhomme. Le
lieu est accueillant et confortable, et tout y est fait
pour que les compagnies en résidence n’aient plus à
penser qu’à la création : chambres fonctionnelles,
décor naturel propice, cuisine sur place, et une salle
de répétition modulable et équipée qui permet de
concevoir techniquement la lumière et les sons dans
des conditions équivalentes à de grandes salles de
spectacle. Le lieu, géré directement par le
département, est unique en France en ce sens.
Une initiative saluée par Bernard Latarjet, à qui Jean-
Noël Guérini a renouvelé sa confiance totale et son
soutien sans faille, pour un projet de Marseille
Provence Capitale Culturelle qui «ne saurait se passer
de lui», et d’un «véritable rayonnement sur tout le
département, d’Arles à… Toulon !». Un avertissement
pour ceux qui souhaiteraient, une fois la victoire
accomplie, changer les axes du projet, son territoire
et l’équipe victorieuse ?
Le domaine de l’Étang des Aulnes, à Saint-Martin de
Crau, ne saura toutefois combler le manque criant de
salles de répétition pour nombre de compagnies
marseillaises, nomades par nécessité, à l’heure où la
Criée s’exile, où le studio Kelemenis met la clé sous la
porte de ses résidences de chorégraphes, et où la
Minoterie, terre d’accueil des compagnies régionales,
est plus que jamais menacée d’expulsion (voir page
6)… La liste d’attente des compagnies pour s’installer
en résidence est déjà longue !
A.F.
Domaine départemental de l’Etang des Aulnes
www.cg13.fr/modes-de-vie/culture
personnel. Et au sous-sol des salles de
travail : pour accueillir les stagiaires en
formation professionnelle, des confé-
rences, mais aussi des concerts, des
lectures, des moments conviviaux.
Ainsi, le soir de l’inauguration, la maison
de Darius Milhaud fut rendue à la
musique. Juste avant l’ensemble de
saxophones et le quatuor de mando-
lines, le Président Vauzelle fit entendre
sa note discordante en fustigeant le
désengagement actuel de l’État : la
culture n’est pas un luxe dont on
pourrait se passer en période de crise,
mais une nécessité absolue au maintien
de la cohésion sociale, de la vie en
commun. Dans ce refuge ouvert sur le
monde, qui veille à la mémoire et pré-
pare l’avenir, on ne saurait qu’entendre
sa mise en garde…
AGNÈS FRESCHEL
04 42 21 78 00
www.arcade-paca.com
1Agence Régionale pour la
Coordination des Activités musicales
et Chorégraphiques
2Vice-Président du Conseil Régional
PACA délégué à la Culture et à la
Recherche
3Maire d’Aix-en-Provence et
Présidente de la Communauté
d’Agglomérations du Pays d’Aix.
Le logis du bras d'or, nouveaux locaux de l'Arcade © X-D.R
© CG13