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laissera quelques salles pour les tables rondes ; troisième remerciement ( et je tiens à le dire
devant Mr MUET) pour l’amabilité extrême des personnes en charge du matériel, qui doivent
nous aider à faire fonctionner l’ensemble.
Enfin, je remercie Mr Pierre-Alain MUET d’avoir bien voulu honorer de sa présence notre
manifestation et ouvrir ces Assises.
ooo O ooo
Pierre-Alain MUET
Monsieur le Président, Monsieur le Recteur, Mesdames et Messieurs, je suis très heureux,
au nom de Gérard COLLOMB, Sénateur Maire de Lyon et Président du Grand Lyon, de vous
accueillir pour ces 2es Assises de l’Ethique.
Le responsable politique en charge du développement économique, (et aussi le professeur
d’économie que je suis resté), est particulièrement sensible au thème de vos Assises :
Entreprises, Institutions, Associations, acteurs d’un développement responsable.
J’ai eu la chance, alors jeune étudiant en 1965, de rencontrer un homme politique qui a joué
un rôle déterminant dans mon intérêt pour l’économie et pour l’action publique, Pierre
MENDES-FRANCE. Tout au long de sa vie, il a considéré que l’éthique devait être au coeur
de l’action publique, au coeur de la politique, au point que le terme de mendésisme a
souvent désigné cette exigence éthique, plus qu’un courant politique proprement dit.
Du côté de l’économie, à cette époque (dans les années 60), l’éthique était une sorte de
supplément d’âme de l’économie de marché. C’était le domaine naturel de l’action publique –
cette éthique qui exprimait l’intérêt général là où le marché ne pouvait le satisfaire.
Et puis, est venue la grande vague du libéralisme des années 80, où le tout marché, la
recherche de la seule rentabilité, la poursuite de l’intérêt individuel, a envahi non seulement
la sphère économique ( c’était son domaine naturel), mais aussi la sphère sociale et même
parfois la sphère publique. D’ailleurs, dans certaines théories à la mode, au cours de ces
années, l’Etat n’était plus cet acteur bienveillant traduisant l’intérêt général, mais une
bureaucratie au service des intérêts particuliers. Donc, cette évolution conduisait assez loin
de la conception qui prévalait dans les années 60. Et, à la fin des années 80, l’effondrement
des économies planifiées a semblé couronner cette évolution vers le triomphe absolu de
l’économie de marché, gouvernée par le seul égoïsme individuel.
Pourtant, il me semble que la leçon magistrale des transitions, souvent ratées, des
économies planifiées vers l’économie de marché était exactement l’inverse. Sans règle
éthique, il n’y a pas de confiance ; sans confiance, il n’y a pas d’échanges ; et sans
échanges, il n’existe évidemment pas d’économie de marché. Je crois que la grande leçon
de la transition russe (par exemple) est que : si vous n’avez pas des règles éthiques,
constitutionnelles, des règles du savoir-vivre ensemble qui permettent d’encadrer le marché,
vous pouvez passer d’une économie planifiée, non pas à une économie de marché telle que
nous la connaissons dans nos démocraties, mais à une économie semi mafieuse.