Chapitre 2.5.1. — Métrite contagieuse équine
Occasionnellement, les membranes urogénitales seront colonisées de façon permanente par une autre bactérie
qui interfère avec le diagnostic, et il sera alors nécessaire de tenter son élimination par des lavages et un
traitement aux antibiotiques. L’écouvillonnage de T. equigenitalis ne devrait pas être pratiqué au cours des 7 jours
suivant l’arrêt du traitement. L’utilisation du milieu de Timoney (30), décrit ci-dessus devrait permettre de
surmonter cette difficulté dans la plupart des cas. Il est important que chaque jour des plaques additionnelles de
géloses soient ensemencées avec une culture de T. equigenitalis pour vérifier que chaque lot de milieu supporte
sa croissance.
Les géloses doivent être incubées entre 35 et 37°C dans une atmosphère contenant 5 à 10 % (v/v) de CO2 ou en
utilisant une chandelle dans une jarre. Au moins 72 h sont normalement requises avant que les colonies de
T. equigenitalis deviennent visibles, après ce laps de temps des inspections journalières sont recommandées. La
détection visuelle des colonies peut prendre jusqu’à 14 jours (33). Une incubation standard d’au moins 7 jours est
recommandée avant de certifier les cultures négatives pour T. equigenitalis. Les géloses devraient être
examinées pour les contaminants après les dernières 24 h d’incubation. Les colonies de T. equigenitalis peuvent
être de 2 à 3 mm de diamètre, lisses avec un contour régulier, brillantes et de couleur jaunâtre à grise. Les
laboratoires devraient prendre en considération que certains pays requièrent un temps d’incubation plus long
comme procédure standard et ils devraient alors s’assurer des exigences particulières à l’importation ou indiquer
la période d’incubation sur laquelle repose leur jugement.
T. equigenitalis est une bactérie à Gram négatif, non mobile, bâtonnet ou coccobacille souvent pléomorphique
(près de 6 µm de longueur) et peut montrer une coloration bipolaire. La bactérie est catalase positive,
phosphatase positive, et fortement oxydase positive (voir réf. 5 pour les méthodes d’examen de catalase,
phosphatase et de l’oxydase). Cependant, elle est inerte dans les autres tests biochimiques. Si un
microorganisme à croissance lente est isolé et qu’il correspond à la description adéquate de morphologie
cellulaire et qu’il est fortement oxydase positive, il devrait être testé pour sa réactivité avec des antisérums
spécifiques anti- T. equigenitalis.
Une variété d’épreuves sérologiques de complexité variable a été développée allant de l’agglutination sur lame à
l’immunofluorescence directe ou indirecte. Chaque méthode a ses avantages et ses inconvénients. Un
inconvénient de l’épreuve d’agglutination est qu’occasionnellement survient une auto-agglutination des isolats : la
culture dans un incubateur à CO2, au lieu d’une jarre avec chandelle, peut réduire l’auto-agglutination (28). Il a été
suggéré que l’immunofluorescence pourrait être utilisée pour identifier les isolats auto-agglutinants, certains
laboratoires ont rapporté des réactions croisées avec Mannheimia haemolytica mais ceci est très rare. Si une
réaction croisée est suspectée, il peut être nécessaire de répéter l’épreuve en utilisant du sérum absorbé
(28). L’épreuve d’immunofluorescence peut être améliorée en utilisant des anticorps monoclonaux, qui sont
maintenant disponibles2.
Les antisérums sont produits par vaccination d’un lapin avec T. equigenitalis tué. Un certain nombre de protocoles
d’immunisation différents peuvent être employés, comme ceux utilisés pour produire les antisérums pour le
typage d’Escherichia coli (25), et ceux utilisés pour l’immunisation à l’aide d’un adjuvant, comme l’adjuvant
incomplet de Freund. Des anticorps monoclonaux sont commercialement disponibles et donnent un moyen
hautement spécifique pour identifier T. equigenitalis. Une souche standard, comme celle du NCTC 111843,
devrait être utilisée pour l’immunisation. Cependant, la considération la plus importante est la spécificité de
l’antisérum produit. Il devrait agglutiner T. equigenitalis, mais il ne devrait pas agglutiner d’autres bactéries qui
pourraient l’être et pourraient être retrouvées sur les membranes urogénitales du cheval, et ce même si elles le
sont rarement. En particulier, il ne devrait pas agglutiner aucune bactérie à Gram-négatif et oxydase positive telle
Mannheimia haemolytica, Actinobacillus equuli, Bordetella bronchiseptica (lesquelles sont étroitement
apparentées à T. equigenitalis voir réf. 8), et Pseudomonas aeruginosa. Récemment une autre espèce de
Taylorella, T. asinigenitalis, a été isolée d’un âne mâle aux USA (16). Cette nouvelle bactérie ne provoque pas de
maladie mais réside dans le tractus génital des ânes mâles et peut être transmise aux ânesses et aux juments
lors de l’accouplement. De plus, l’apparence des colonies, les caractéristiques de la culture et les résultats des
tests biochimiques sont similaires à ceux de T. equigenitalis. Il existe également une réaction croisée sérologique
entre les 2 bactéries. Au « National Veterinary Services Laboratories (NVSL) » à Ames, en Iowa, USA4, et au
« Veterinary Laboratories Agency (VLA) », Bury St Edmunds, au Royaume-Uni, la différenciation entre
T. asinigenitalis et T. equigenitalis est possible en utilisant une amplification en chaîne par polymérase (PCR).
Une trousse de diagnostic d’agglutination au latex pour l’identification antigénique de T. equigenitalis peut être
achetée5 ; elle est basée sur des anticorps polyclonaux produits par des méthodes similaires à celles décrites plus
haut. Ceci est utilisé couramment par les laboratoires pratiquant des tests de routine pour la confirmation de
2
Institut Pourquier, 326 rue de la Galera, Parc Euromedici
ne, 34090 Montpelier, France. E-mail: [email protected] 3 Disponible à la National Collection of Type Cultures, Colindale, London, Royaume-Uni.
4 Pour plus d’informations contacter le NVSL à NVSL, P.O. Box 844, Ames, Iowa 50010, USA. E-mail:
[email protected] or the VLA at VLA, Rougham Hill, Bury St Edmunds, IP33 2RX, UK. E-mail: bury-st- 5 Mono Tayl, Il peut être obtenu chez Bionor, Stromdaljordet 4, Postboks 1868, Gulset, N-3701 Skein, Norvège.
734 Manuel terrestre de l’OIE 2005