Journal Identification = JPC Article Identification = 0224 Date: September 24, 2012 Time: 11:57 am
J Pharm Clin, vol. 31 n◦3, septembre 2012 171
Congrès
– évaluer l’intérêt de certaines médecines alternatives ;
– analyser les raisons de l’inobservance des recomman-
dations.
Après une partie épidémiologique sur la situation aux
USA, Stephen M. Grunberg est revenu sur les confusions
qui existent entre nausées et vomissements. Il rappelle
que l’évaluation des nausées et des vomissements doit
être individuelle en s’extirpant des fourches caudines de
la statistique. Cet aspect est d’autant plus important que
le médecin doit dissocier dans sa pratique les nausées
(éléments à composante subjective) des vomissements
(éléments plus facilement quantifiables). En effet, compte
tenu de la nature plus subjective des nausées, il est plus
fréquent que celles-ci soient sous-estimées par le corps
médical. De même, il existe une sous-évaluation des NVCI
retardés ou anticipés, ce qui explique pourquoi le Dr
Grunberg prône la mise en place d’un suivi téléphonique
ou bien la réalisation d’un questionnaire de suivi dans les
jours suivant la séance de chimiothérapie.
Dans ce contexte, le pharmacien d’officine a toute sa
place pour assurer le suivi des patients en intercure sur
la base d’un questionnaire simple et rapide (cf. ci-après
«En pratique pour l’officinal »).
Pour finir son introduction, le Dr Grunberg a mis
en avant les liens existant entre nausée et anorexie
qui semblent répondre au même mécanisme illustré par
l’activité sur les nausées chimio-induites de certaines
molécules également efficaces dans le traitement de
l’anorexie et de la cachexie.
Ethan Basch a présenté ensuite la mise à jour que
vient d’effectuer l’Asco des recommandations américaines
(www.asco.org/guidelines/antiemetics). Pour ce qui nous
concerne, notre référentiel est celui que l’Afsos vient
également de remettre à jour (fév 2012) et disponible
à l’adresse suivante, http://www.afsos.org/-Referentiels-
Nationaux.html.
A la différence des recommandations franc¸aises, les
recommandations américaines incluent une molécule, le
palonosetron (Aloxi®), un antagoniste 5HT3 de la famille
des setrons, non disponible en France pour le moment.
Dans les essais cliniques, il s’est avéré plus efficace que
les setrons de 1re génération (ondansetron - Zophren®,
granisetron - Kytril®) dans l’amélioration des NVCI
retardés.
Le palonosétron existe en IV à délivrer 30 minutes
avant la chimiothérapie ou bien en comprimé à prendre
1 heure avant la séance de chimiothérapie.
De même, il existe une formulation IV de l’aprepitant
(Emend®), le fosaprepitant (Ivemend®) antagoniste sélec-
tif de la neuro-kinase 1 délivré en une fois (produit non
disponible en France) contrairement à l’aprepitant qui doit
être pris à J1 (125 mg) une heure avant la séance, puis le
matin en J2 et J3 (80 mg) de la séance de chimiothérapie.
Le deuxième objectif de la session était de faire le point
sur l’utilisation de la médecine naturelle et des interven-
tions non-pharmacologiques. R.A. Clark-Snow est revenu
sur les résultats cliniques existants concernant notam-
ment les effets bénéfiques des ginsénosides, bioactifs du
ginseng, connus pour leurs effets anti-inflammatoires et
antioxydants.
En cancérologie, l’utilisation des médecines alterna-
tives est largement répandue, entre 35 % et 88 % selon
les études. On appelle également cela les médecines
intégratives, quand elles viennent en complément de la
médecine conventionnelle.
Une phase III randomisée a montré que 0,5à1g
de ginseng en usage quotidien semble avoir un effet
bénéfique sur les nausées et vomissements en associa-
tion avec les anti-émétiques conventionnels : sétrons et
dexaméthasone (J. Ryan. Supportive Care Cancer 2011).
Cependant, ces résultats restent très discutables du fait de
nombreux biais existant dans l’étude. De plus, le ginseng
est une plante qui n’est pas dénuée d’effets secondaires,
notamment des effets anticoagulants pouvant interférer
avec d’autres anti-coagulants (HBPM, aspirine et dérivés,
Pradaxa (dabigatran), Xarelto (rivaroxaban)...), et une
potentialisation de l’effet des insulines augmentant les
risques d’hypoglycémies.
Pour finir, Matti Aapro a souligné le fait que malgré
des recommandations solides et didactiques, un grand
nombre de cliniciens ne les suivent pas suffisamment.
Certaines raisons peuvent expliquer cette situation. La dis-
ponibilité des molécules est variable à travers le monde
et une prise en charge optimale nécessite un coût non
négligeable pouvant constituer un frein à l’utilisation de
celles-ci.
En pratique pour l’officinal
En France, nous avons les recommandations de l’Afsos
(http://www.afsos.org/-Referentiels-Nationaux.html).
Chaque molécule de chimiothérapie est classée en
fonction de son pouvoir émétisant. A chaque niveau de
sévérité, l’Afsos recommande un protocole de prise en
charge qui associe différentes molécules en fonction du
délai d’apparition des symptômes.
A notre niveau, la connaissance du protocole de chi-
miothérapie est un élément important pour anticiper les
risques de NVCI. En règle générale, les traitements déli-
vrés en officine (en particulier les thérapies ciblées) sont
très faiblement à faiblement émétisants (capécitabine -
Xeloda®).
Le questionnement du patient durant les intercures
sera primordial pour évaluer le retentissement possible
des NVCI sur la qualité de vie du patient, notamment
sur son alimentation. Ceci est d’autant plus important
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