3INTERCOM n° 36 - juin / juillet 2012
Dossier
ATRIE ET ÉTHIQUE
C’
C’est pourquoi, on pourrait dire
de L’ÉTHIQUE,qu’elle porte SUR LE BON
OU LE MAUVAIS, répond à la question :
COMMENT VIVRE ? et recommande !
de la morale, qu’elle porte SUR LE BIEN
OU LE MAL, répond à la question : QUE
DOIS JE FAIRE ? et commande !
E
Elle commande du droit, qu’il porte
SUR LE LÉGAL OU L’ILLÉGAL, répond à la
question : SUIS-JE EN INFRACTION OU
ACCORD AVEC LA LOI, ET ? CONTRAINT
OU PROTÈGÉ !
A
Aussi, à l’inverse du droit, et même
de la morale, l’éthique ne saurait se
substituer aux acteurs, ni les enfermer
dans des protocoles. C’est même
lorsque la situation est singulière,
qu’aucun protocole ne s’applique
strictement et que parfois, s’ajoute une
incertitude, voire un conit de valeurs
que la réexion éthique est la plus
pertinente.
C’
C’est ce qu’exprime explicitement le
philosophe JACQUES DERRIDA « c’est
au moment où je ne sais pas quelle est la
bonne règle que la question éthique se
pose (…) , ce moment où je ne sais pas
quoi faire, où je n’ai pas de normes
disponibles, où je ne dois pas avoir de
normes disponibles, mais où il faut agir,
assumer mes responsabilités, prendre parti ».
C
Ce qu’un autre philosophe JÜRGEN
HABERMAS précise ainsi « quand je ne
sais pas ce qu’il faut faire, il surgit un
sentiment moral qui se caractérise
comme une intuition qui nous informe
sur la question de savoir comment nous
devons nous comporter au mieux, an
de contrecarrer l’extrême vulnérabilité
des personnes, en la protégeant et en
l’épargnant ».
O
On constate que, le plus souvent,
cette réexion éthique se réfèrera à des
attitudes et options philosophiques
caractéristiques. C’est ainsi qu’on peut
identier une POSITION UTILITARISTE,
dans l’esprit de BENTHAM, STUART
MILL, où seul compte le résultat,
l’intention des agents n’important pas
plus que les moyens utilisés, la n
justiant les moyens. Cette éthique
conséquentialiste pourrait se dénir
comme une éthique de responsabilité
par opposition à une éthique de
conviction (voir article ci-après rédigé
par le Docteur GUGGIARI). On
conviendra qu’elle privilégie le système,
l’organisation, une forme de sécurité
par rapport à la liberté individuelle.
On peut également mettre en évidence
une position déontologique, plus
kantienne, dans laquelle l’action est
déterminée par l’intention qui
l’anime, par un a priori moral, la
référence à des valeurs, des principes,
tels par exemple que ceux qui fondent
les droits de l’homme, et qui se
déclinent dans la démarche éthique
en principes de bienfaisance, non
malfaisance, autonomie, justice. C’est
ce qu’on pourrait dénir comme une
éthique de conviction.
C
Ce qu’EMMANUEL KANT résume par
la maxime « fais ce que tu dois,
advienne que pourra ».
U
Une telle position éthique risque
cependant de faire abstraction des
réalités concrètes, et donc de n’avoir
aucun impact pratique. Entre une
position purement réaliste et une
position purement théorique, il est
donc important de concevoir une
POSITION INTERMÉDIAIRE, qui soit
eciente, à tout le moins facilitatrice.
C’
C’est la position de l’éthique aris-
totélicienne qui se fonde sur la
prudence (la phronesis) et le moment
opportun (le kairos), c’est-à-dire sur
une forme de sagesse pratique et de
vertu individuelle qui associe
compétence, conscience, empathie,
permettant nalement de rendre le
tragique un peu moins … tragique.
C’
C’est ce qu’on désigne sous l’appella-
tion d’ÉTHIQUE PRAXÉOLOGIQUE ; qui
n’est peut être que le simple bon sens,
la simple humanité, la simple bienveil-
lance envers l’autre, ce qu’en d’autres
temps on aurait nommé respect, consi-
dération, éventuellement fraternité, et
qu’une civilisation technicienne, qui
privilégie l’objet et le jetable, le
mesurable, le quantifiable, l’évalua-
ble, a tellement déconsidéré, qu’il
faut maintenant des comités
d’éthique pour les remettre en
valeur ; ainsi de cette recommandation
du COMITÉ CONSULTATIF NATIONAL
D’ETHIQUE, faisant cette recommandation
« Le juste abord éthique des dilemmes
tragiques et douloureux n’est pas
d’asséner des certitudes dogmatiques et
péremptoires mais de faire preuve
d’humilité, de tâtonnements, interrogations
profondes et de respect lors de la recherche
de la solution humainement tolérable ».
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Alain VERNET
Psychologue,
Dr Komi AGBOLI;
Dr Catherine ALEXANDRE;
Dr Michel HENIN
Virginie DESSERPRIX,
Cadre supérieur de santé
Pôle médico-psychologique
de l’enfant et de l’adolescent