MOT D’ARGENT
Acheter à pouf
qui passe sa vie à s’endet-
ter volontairement sans envisa-
ger du tout un quelconque rem-
boursement pouffe-t-il à l’idée
que jamais il n’honorera ses enga-
gements ? Le pouffeur, tel est son
nom, ne croit pas un seul instant
à la vertu du fameux proverbe
« Qui paie ses dettes s’enrichit ».
Pas plus qu’à « Bien mal acquis ne
profite jamais »…
Toujours devant, cet arnaqueur
peut aussi « acheter à pouf »,
c’est-à-dire à crédit, pour rien. Car
pouffeur, très logiquement,
découle d’acceptions peut-être
méconnues de pouf, à savoir
« catastrophe financière, banque-
route, faillite » et aussi « dette
qu’on ne paie pas ». A l’origine se
trouve l’idée de gonflement
comme de dégonflement, notam-
ment de personne « enflée, bouf-
fie »,de« rembourrage »… De
bouffi(e) à bouffée(s), il n’y a
qu’un pas, vite franchi, et « pouf,
pouf… » a été employé pour expri-
mer d’une façon imagée des bouf-
fées de fumée, voire de poussière,
que l’on pourrait, par association
d’idées, assimiler à un écran desti-
né à masquer les intentions du
pouffeur.
Les promesses de rembourse-
ment de crédits ou d’emprunts –
assorties le plus souvent d’enga-
gements portant sur des intérêts
mirifiques – se dégonflent, donc,
comme baudruches quand le
débiteur « fait pouf » (part sans
payer, se dérobe à l’échéance
d’une dette) ou « fait un pouf »
(ne paie pas une chose payée à
crédit). Dans l’usage, la distinc-
tion d’emploi entre ces deux locu-
tions – signalée par quelques lin-
guistes – ne semble pas observée
rigoureusement. Ces expressions
ne sont pas sorties du langage, et
Alain Rey, qui dirige la rédaction
des dictionnaires Le Robert, préci-
se qu’en Belgique, entre autres,
elles font toujours partie de la lan-
gue usuelle.
En leur âge tendre, les gamins
disent couramment « faire pouf »
pour « tomber ». Ici, ce sont les
prêteurs et vendeurs à crédit qui
tombent de haut, et qui peut-être
devront… s’asseoir sur des poufs
n’ayant pas le confort capitonné
des gros coussins portant le
même nom (toujours d’après
l’idée de gonflement).
Jean-Pierre Colignon
I
nquiète de la multiplication
de pratiques non
réglementaires dans la
commercialisation de
contrats d’assurance-vie
dédiés, la commission de
contrôle des assurances a décidé
de tirer un signal d’alarme. Durant
l’été, toutes les compagnies d’assu-
rance-vie ont reçu un courrier les
mettant en garde contre les risques
de requalification fiscale qu’elles
encouraient si elles ne respectaient
pas les règles édictées par la profes-
sion à propos de la diffusion de ces
produits assez particuliers.
Représentant une fraction très
marginale du marché de l’assuran-
ce-vie, les contrats dédiés sont des
contrats bâtis sur mesure pour un
seul souscripteur (ou un tout petit
nombre d’adhérents). Destinés
aux particuliers fortunés (ils sont
rarement ouverts en deçà de
300 000 euros et pèsent souvent
plus de 1 million d’euros), ils font
partie de la panoplie des cellules
patrimoniales des assureurs (La
Mondiale Partenaire, Cardif, Axa,
NSM-vie, notamment) ou des ban-
ques privées afin de réduire le coût
fiscal de la transmission de leurs
clients : en effet les contrats d’assu-
rance-vie sont exonérés de droits
de mutation jusqu’à 152 500 euros
et taxés, au-delà, au taux forfaitai-
re de 20 %.
La nature particulière de ces
contrats ouvre la voie à de nom-
breuses dérives. Au début des
années 1980, certains assureurs se
sont servis de l’enveloppe fiscale
de l’assurance-vie pour la transmis-
sion d’un immeuble ou d’une par-
tie du capital d’une entreprise et
même des bijoux ! Ces dérives
avaient donné lieu en janvier 1994
à la publication d’une recomman-
dation du groupement des assuran-
ces de personnes (GAP). Repris
par le code de déontologie récem-
ment édicté par les assureurs, ce
texte rappelle quelques principes
réglementaires.
Les contrats dédiés ne peuvent
en aucun cas être investis en
immeubles isolés (les parts de
société civile immobilière [SCI]
sont en revanche admises) ou en
valeurs non cotées. Les verse-
ments doivent obligatoirement
être effectués en numéraire. Aucu-
ne des lignes constitutives du por-
tefeuille correspondant au contrat
ne peut excéder 20 % de l’actif
dédié et un même émetteur ne
peut détenir plus de 20 % d’une
même catégorie de titres. Quant
aux objectifs de gestion du
contrat, ils doivent être consignés
par écrit et, en cas de modification,
faire l’objet d’un avenant, sachant
que toute participation directe ou
indirecte de l’assuré à la gestion
des actifs est interdite. Or c’est sou-
vent là que le bât blesse.
La commission a pointé du doigt
deux pratiques qui tendent à faire
du contrat dédié un simple porte-
feuille d’actifs à la fiscalité privilé-
gié et, ce qui le rend susceptible
d’une requalification de la part de
l’administration fiscale. La premiè-
re consiste à investir le contrat
dédié dans une seule unité de
compte dite « composite » (c’est-
à-dire constituée de plusieurs
actifs financiers) qui n’est en fait ni
une sicav ni un fond commun de
placement (FCP), et n’est nulle-
ment prévue par le règlement.
« Pour être conforme à l’article R
131-1 du code des assurances, cha-
que unité de compte doit correspon-
dre à des parts de sicav ou de FCP,
de SCI ou encore à une ligne d’ac-
tions, mais en aucun cas être la com-
position de plusieurs choses », rap-
pelle un assureur.
La seconde renvoie au fait que
les compagnies négligent parfois,
lorsque cela s’impose, de rédiger
un avenant qui laisserait une trace
écrite de changements intervenus
dans les choix de gestion.
Mises en cause par la concurren-
ce sur ces points, certaines compa-
gnies comme La Mondiale Parte-
naire, ont, semble-t-il, pu prouver
à l’autorité de contrôle que ces
accusations n’étaient pas fondées.
Les doutes ne sont pas pour autant
levés pour l’ensemble des compa-
gnies concernées.
Laurence Delain
Baisse des revenus des sociétés de gestion
. Un gestionnaire d’actifs sur quatre a enregistré des pertes en 2002.
Une situation qui devrait se reproduire en 2003 en dépit de signes positifs
IMMOBILIER
L’état des lieux doit être
contradictoire et gratuit
L
es épargnants ne sont
pas les seuls à avoir souf-
fert de la baisse des mar-
chés. La chute des Bour-
ses depuis 2000 a mis le
secteur de la gestion
européenne à rude épreuve. Une
étude réalisée par Dexia Asset
Management, reposant sur les don-
nées de la Fédération européenne
des fonds et sociétés d’investisse-
ment, montre que la gestion de
fonds n’est plus une activité aussi
lucrative que par le passé. Les reve-
nus que perçoivent les gestionnai-
res et qui sont issus des commis-
sions de gestion ont baissé de 16 %
sur le marché européen des fonds
en 2002.
Ce recul s’explique par la diminu-
tion de l’ensemble du marché des
fonds (6,8 %) et par la dégringola-
de de la part des fonds en actions –
sur lesquels les gestionnaires prélè-
vent des commissions de gestion
élevées – sur ce marché (de 40 %
en 2001 à 32 % en 2002). En 2001,
52 % des commissions de gestion
réalisées provenaient encore des
fonds en actions, contre 44 % en
2002. Dans le même temps, les ges-
tionnaires n’ont pas pu réduire
leurs coûts fixes. Résultat, selon les
chiffres de McKinsey & Company,
le résultat opérationnel de l’indus-
trie européenne de la gestion finan-
cière a baissé en 2001 environ de
moitié par rapport à 2000 (de 24
points de base à 12 points de base).
Une nouvelle baisse de quelque 20
à 25 % est attendue pour 2002.
La situation est particulièrement
délicate pour certains gérants.
« Selon une estimation, environ un
gestionnaire d’actifs sur quatre a
subi des pertes en 2002 et cela se
reproduira vraisemblablement en
2003, notent les analystes de Dexia
Asset Management. Les marchés
reprennent néanmoins confiance.
Dans les principaux pays européens,
on enregistre de nouvelles souscrip-
tions significatives aussi bien sur les
fonds d’actions qu’obligataires. »
Déjà, aux Etats-Unis, on assiste à
des sorties de fonds monétaires et
à des réinvestissements sur des
fonds d’actions et d’obligations.
« »
Pour l’avenir, les experts de
Dexia Asset Management pensent
que « les investisseurs particuliers
reprendront confiance dans les mar-
chés financiers » :« Une quantité
massive d’épargne est toujours en
attente d’un placement. Ces fac-
teurs, associés à la situation démo-
graphique, continuent à influencer
positivement l’avenir de la gestion
d’actifs », concluent-ils.
En attendant, les années diffici-
les que viennent de vivre les ges-
tionnaires ont eu des conséquen-
ces sur le nombre de fonds com-
mercialisés : les chiffres publiés
par le cabinet Morningstar indi-
quent, depuis la mi-2002, une
réduction durable de celui-ci. Le
nombre de fonds liquidés dépasse
celui des fonds créés. Cependant,
depuis 2001, un nombre consé-
quent de nouveaux fonds d’ac-
tions a été lancé avec des commis-
sions plus élevées mais avec de
plus faibles capitaux sous gestion.
J. Mo.
D
e plus en plus de bailleurs
facturent aux locataires
des frais d’état des lieux à
l’entrée et à la sortie du
logement : « Cette pratique qui, sauf
exception, est illégale, s’amplifie avec
le recours à des sous-traitants spécia-
listes de l’état des lieux », dénonce
Alex Maudet, de la Confédération
nationale du logement.
La loi du 6 juillet 1989, qui régle-
mente les rapports entre propriétai-
re et locataire d’un local non meu-
blé, indique la marche à suivre :
« Un état des lieux établi contradictoi-
rement entre les parties lors de la
remise et de la restitution des clés ou,
à défaut, par huissier de justice, à
l’initiative de la partie la plus diligen-
te et à frais partagés par moitié, est
joint au contrat [de location]. Lors-
que l’état des lieux doit être établi
par huissier de justice, les parties en
sont avisées par lui au moins sept
jours à l’avance, par lettre recom-
mandée avec demande d’avis de
réception. »
La visite contradictoire des lieux
est de droit et se déroule en présen-
ce des deux parties. Chaque partie
est libre de se faire représenter par
qui elle souhaite, mais à ses frais.
Des sociétés proposent ce service
aux grands propriétaires ou aux
administrateurs : « Le professionnel
est, dans ce cas-là, le représentant du
bailleur et il présente sa facture à lui
seul », précise M. Maudet.
Pour facturer cet état des lieux au
locataire, les agents immobiliers
s’abritent derrière un autre article
de la loi, l’article 5 : « La rémunéra-
tion des personnes qui se livrent ou
prêtent leur concours à l’établisse-
ment d’un acte de location d’un
immeuble appartenant à autrui (…)
est partagée par moitié entre le
bailleur et le locataire. » Mais l’état
des lieux n’est pas compris dans
« l’établissement de l’acte de loca-
tion », c’est-à-dire du bail, dont il
n’est qu’un accessoire, ainsi que l’a
affirmé, à plusieurs reprises, le
ministre du logement (Journal de
l’Assemblée nationale du 19 avril,
10 et 31 mai et 1er novembre 1999).
L’état des lieux contradictoire est
donc gratuit, ce que tout le monde
admet, y compris la Fnaim
(www.fnaim.fr). La Commission
des clauses abusives, dans une
recommandation du 22 juin 2000,
nie toute validité aux clauses insé-
rées dans les contrats qui « font obli-
gation au locataire de faire dresser à
ses frais par l’architecte du bailleur
ou son gérant l’état des réparations
locatives, en fin de jouissance ».
De plus, l’article 5 précise bien
que les frais partagés par moitié ne
s’appliquent qu’au contrat de loca-
tion d’un immeuble « appartenant
à autrui », si bien que les grands
propriétaires, notamment institu-
tionnels, s’ils louent en direct, ne
peuvent rien facturer du tout. Ils
contournent toutefois l’obstacle en
faisant appel à une de leurs filiales,
par exemple Locaré, pour la fon-
cière Simco.
Les sociétés spécialisées dans les
états des lieux, comme Opéra Grou-
pe, tentent de contourner le problè-
me : « La plupart des administra-
teurs de biens qui nous mandatent
incluent cette prestation dans les
frais de location, explique Nicolas
Jantet, directeur d’Opéra Groupe,
et, lorsque ce n’est pas le cas, nous
demandons au locataire de nous
signer un mandat. » Rappelons que
les tarifs des agents immobiliers
doivent être affichés lisiblement,
qu’ils ne doivent pas inclure les
frais d’état des lieux, réputé contra-
dictoire et gratuit. Quant au locatai-
re, il est libre de faire appel ou non
à un prestataire de son choix et
n’est pas obligé de mandater celui
du propriétaire.
’
En cas d’échec de la visite contra-
dictoire, lorsqu’une des parties n’y
répond pas ou s’y oppose, la loi sug-
gère le recours à un huissier qui
prendra la peine de prévenir l’autre
partie en respectant un délai de
sept jours. Ce n’est qu’à cette dou-
ble condition, échec de la visite
contradictoire et information par
l’huissier dans les délais, que les
frais peuvent être partagés par moi-
tié : si le propriétaire fait d’emblée
appel à un huissier sans proposer
une visite contradictoire préalable,
il en prend les frais à sa charge. Ce
principe a été réaffirmé par les
magistrats de la Cour de Cassation
(3echambre civile, arrêt du 27 mai
2003).
Les émoluments de l’huissier
convoqué dans ce cadre sont tari-
fés selon un barème réglementaire
national de 113,28 euros, en 2003,
incluant les frais de déplacement
de 5,58 euros, la TVA de
16,15 euros, une taxe fiscale forfai-
taire de 9,15 euros et la rémunéra-
tion elle-même, de 82,40 euros. Le
locataire n’aura donc pas à en
payer plus de la moitié,
56,64 euros. En cas de dépasse-
ment, le locataire peut demander le
remboursement du trop-perçu et,
s’il ne l’obtient pas, saisir la Com-
mission de conciliation des rap-
ports locatifs du département.
Isabelle Rey-Lefebvre
Les nouveautés du projet de budget
. L’épargne-retraite est favorisée dans le projet de loi de finances 2004
présenté jeudi 25 septembre par le gouvernement. L’avoir fiscal sera modifié en 2005
EXPERTISE
Les contrats d’assurance-vie dédiés sous contrôle
Trop souvent utilisés comme des portefeuilles d’actifs à la fiscalité privilégiée, ces produits
destinés à une clientèle aisée pourraient être requalifiés par l’administration fiscale
UN PLACEMENT FÉTICHE
Encours de l'ensemble des contrats
d'assurance-vie, en milliards d'euros
Source : FFSA
93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03*
fin juillet 2003
750
200
300
400
500
600
700
800
L
e candidat Jacques
Chirac avait annoncé :
« La fiscalité de l’épargne
devra être réformée…
pour que les Français puis-
sent épargner en vue de
leur retraite en franchise d’impôt »
(Le Monde Argent du 17-18 mars
2002). Sur les 23 mesures fiscales
annoncées jeudi 25 septembre
dans le projet de loi de finances
(PLF) pour 2004, cinq concernent
plus particulièrement l’épargne et
le patrimoine des Français, et la
plus spectaculaire concerne effecti-
vement la préparation à la retraite.
fPlan d’épargne-retraite popu-
laire. L’ensemble des sommes ver-
sées au titre de l’épargne-retraite
bénéficieront d’une déduction fisca-
le dans une limite de 10 % des reve-
nus de l’intéressé, ou de 10 % du pla-
fond de la Sécurité sociale
(2 920 euros en 2003) s’il est inactif.
Il s’agit des sommes versées sur le
nouveau Plan d’épargne-retraite
populaire (PERP) ainsi que sur
l’ensemble des régimes complémen-
taires de type Préfon pour les fonc-
tionnaires, retraites chapeaux dites
article 83, produits d’épargne-retrai-
te dits Madelin pour les travailleurs
indépendants et le plan partenarial
d’épargne salarial volontaire pour
la retraite (PPESV).
La déduction maximale est plafon-
née à 23 500 euros par an. Le Plan
d’épargne populaire (PEP), créé en
1990 a disparu, mais le gouverne-
ment s’est engagé, dans le PLF, à ne
pas modifier les conditions de fonc-
tionnement des PEP ouverts avant
le 25 septembre 2003.
fLes plus-values immobilières.
Elles font l’objet d’une attention
particulière du gouvernement qui
propose une simplification du régi-
me d’imposition pour les particu-
liers. La déclaration de plus-value
sera transférée au notaire. Les plus-
values immobilières n’entreront
plus dans l’assiette de l’impôt sur le
revenu, mais seront taxées au taux
de 16 %, plus 10 % de prélèvements
sociaux, soit 26 %. Les biens immo-
biliers hors résidences principales
seront totalement exonérés au bout
de quinze ans au lieu de vingt-deux
ans actuellement. Le coefficient
d’érosion monétaire sera remplacé
par un abattement de 10 % pour
chaque année de détention du bien,
au-delà de la cinquième année. Les
cessions d’immeubles dont le prix
est inférieur ou égal à 15 000 euros
bénéficient d’une exonération,
contre 4 600 euros jusqu’alors.
Enfin, le vendeur devra régler
l’impôt au moment du versement
du prix par l’acquéreur et non plus
un an après comme précédem-
ment au moment du paiement du
solde de l’impôt sur le revenu. Les
exonérations les plus importantes
comme celles relatives à la vente
de la résidence principale, aux opé-
rations de remembrement et aux
expropriations pour cause d’utilité
publique sont maintenues.
fLes droits sur les donations en
pleine propriété. Afin d’encoura-
ger les transmissions anticipées de
patrimoine en pleine propriété, les
donations effectuées entre le
25 septembre 2003 et le 30 juin
2005 bénéficieront d’une réduc-
tion des droits de mutation de
50 %, et cela quel que soit l’âge du
donateur. Jusqu’alors les taux en
vigueur étaient de 50 % lorsque le
donateur était âgé de moins de
65 ans et de 30 % lorsqu’il avait
65 ans révolus et moins de 75 ans.
fLe barème de l’usufruit et de
la nue-propriété. Il est revu pour
tenir compte de l’espérance de vie
actuelle. Inchangé depuis sa créa-
tion en 1901, il permettra de revalo-
riser la valeur de l’usufruit (droit
d’user ou de jouir d’un bien ou
d’un capital). Pour ne pas accroître
l’avantage procuré aux donations
en nue-propriété (droit de proprié-
té sans usage), les réductions de
droit de donation appliquées dans
ce cas sont diminuées et passent
de 50 % à 35 % lorsque le donateur
est âgé de moins de 65 ans et de
30 % à 10 % lorsqu’il a plus de
65 ans et moins de 75 ans. Ce barè-
me, applicable jusqu’alors pour la
liquidation des droits de mutation
à titre gratuit sera étendu aux
mutations à titre onéreux.
fL’avoir fiscal. La somme rever-
sée par l’Etat à l’actionnaire d’une
société française pour éviter la dou-
ble imposition est modifiée. L’inves-
tisseur, en tant que personne physi-
que, bénéficie d’un avoir fiscal
correspondant à 50 % du dividende
perçu qu’il peut déduire de son
impôt sur le revenu ou se faire rem-
bourser s’il est supérieur au mon-
tant de l’impôt à payer. Il sera rem-
placé, pour les dividendes versés
par toutes les sociétés françaises et
étrangères à partir du 1er janvier
2005, par un abattement de 50 %.
L’abattement forfaitaire reste
maintenu à 1 220 euros par person-
ne, 2 440 pour un couple. Un cré-
dit d’impôt égal à 50 % du dividen-
de dans la limite de 75 euros par
personne, 150 euros pour un cou-
ple, pour les contribuables modes-
tes et les titulaires de PEA, est ins-
tauré. La suppression de l’avoir
fiscal aux non-résidents devrait
permettre à l’Etat de réaliser une
économie substantielle. Il a atteint
600 millions d’euros en 2002.
Martine Picouët
IV/LE MONDE/DIMANCHE 28 - LUNDI 29 SEPTEMBRE 2003