Raisonnement et démarche clinique infirmière

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Raisonnement et démarche clinique infirmière
« Evaluer une situation clinique et établir un diagnostic dans le domaine infirmier »
Infirmier(ère) :
Est considéré comme exerçant la profession d’infirmier(e) toute personne diplômée qui donne
habituellement soit à domicile, soit dans les services publics ou privés d’hospitalisation ou des
services de consultation, des soins prescrits (ou conseillés) par le médecin.
L’infirmier(e) est apte à répondre aux besoins de la santé d’un individu ou d’un groupe d’individus.
C’est une personne polyvalente, apte à dispenser des soins infirmiers prenant en compte
l’ensemble des problèmes posés par une atteinte fonctionnelle et une détresse physique ou
psychologique qui frappe une personne.
L’infirmier(e) doit faire participer l’individu ou le groupe en prenant en considération leurs
dimensions culturelles et leurs personnalités.
Un(e) infirmier(e) bénéficie d’une meilleure connaissance sociale grâce à un savoir lui permettant
d’affirmer une réelle professionnalisation.
1. Virginia HENDERSON (école des besoins)
Virginia Henderson vit le jour le 30 novembre 1897 à Kansas City dans l’Etat du Missouri. Elle s’est
éteinte le 19 mars 1996 à l’âge de 98 ans.
A la suite de l’entrée en guerre des Etats-Unis lors de la première guerre mondiale et du risque de
mobilisation de ses frères et cousins, Virginia examina la possibilité de devenir infirmière. Elle avait
alors 20 ans. Peu avant la fin de la Grande Guerre, elle commença ses études à l’Army School of
Nursing (Ecole militaire de soins infirmiers) de Washington.
Sa formation
Les études ont duré trois ans avec un mois de congé annuel. Les cours et les stages se faisaient à
l’hôpital où ils étaient répartis sur 8 heures par jour, cinq jours par semaine. A cet époque
l’organisation de l’école était innovante aussi bien par la formation de qualité que par la diversité des
stages (Contexte unique à l’époque). L’Army School of Nursing était en relation avec d’autres écoles
d’où la possibilité de faire des stages de pédiatrie ou en santé publique. Elle y étudia la biologie,
l’anatomie, la physiologie, la bactériologie, la chimie, la psychologie, les sciences sociales et les
concepts relatifs au fonctionnement des services de soins. L’hygiène devait être respectée comme le
port de blouses et de gants pour soigner, les pathologies n’étaient pas mélangées. Virginia y appris
également les soins d’hygiène et de confort aux personnes. Virginia Henderson obtient son diplôme
de l’Etat de New York en 1921.
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Expérience professionnelle
Une fois son diplôme en poche en 1921, elle partit travailler au centre Henry Street Visiting Agency
(Dispensaire) de New York. Virginia ne supportait pas les contraintes du monde hospitalier. C’est
d’ailleurs durant cette période qu’elle élabore sa conception de la santé qui consiste à traiter une
personne plutôt qu'un organe ou une maladie.
Son enseignement
1923 : Elle fut embauchée à temps plein à Norfolk dans l’état de Virginie en tant qu’enseignante. Elle
y enseigne les techniques de soins en y accordant beaucoup d’intérêt. Elle préfère enseigner ellemême l’anatomie et la physiologie à la place des médecins.
Grâce à l’enseignement, Virginia s’engage dans la défense et la promotion des infirmières et prend
en même temps la présidence de l’association des infirmières de Virginie. Elle participe au projet
d’amélioration des études en soins infirmières. Afin d’établir un programme d’études, elle met en
place deux rentrées scolaires par an.
Les principes fondamentaux des soins infirmiers : les 14 besoins fondamentaux visent à conserver ou
rétablir l’indépendance du client la satisfaction de ces besoins(voir concept besoin)
Sa théorie : L’individu malade ou en santé est un tout complet présentant 14 besoins fondamentaux
et le rôle de l’infirmièr(e) consiste à l’aider et à reconquérir son autonomie le plus rapidement
possible.
Facteurs de dépendance :
-
-
Facteur d’ordre physique : Atteinte de l’intégrité physique par :
o Insuffisance intrinsèque de
l’organisme,
o Insuffisance extrinsèque de
l’organisme,
o Déséquilibre de l’organisme,
o Surcharge de l’organisme,
Facteur d’ordre psychologique : Atteinte de l’intégrité du moi,
Facteur d’ordre sociologique : Atteinte dans l’intégrité sociale (relation avec l’environnement
physique et l’entourage)
Manque de connaissances : Insuffisance de la connaissance de soi, des autres et de
l’environnement.
 Elle faisait partie de l’école des besoins, et d’après son modèle, ses soins sont centrés sur
l’indépendance de la personne dans la satisfaction de ses besoins fondamentaux.
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2. Hildegarde PEPLAU (école de l’intéraction)
L'école de l'interaction, à laquelle appartient Peplau apparaît vers les années 50.
Sa théorie : elle centre son intérêt sur le processus d'interaction entre l'infirmière et le patient, entre
le soignant et le soigné. C'est une des premières vraies théories de soins infirmiers. Décrit les soins
infirmiers comme un processus interpersonnel thérapeutique orienté vers un
but qui favorise le développement de la personne. Ce processus s’organise en 4 phases :
l’orientation, la reconnaissance, l’approfondissement et la résolution.
La maladie est considérée comme une expérience humaine qui peut permettre la croissance si la
personne en comprend la signification.
Loin d'être une fatalité, la maladie devient un élément positif à la condition d'en comprendre la
signification. Il s'agit d'une véritable révolution dans le domaine du soin. Tout le point de vue
soignant s'en trouve modifié.
Selon Peplau, la santé est un symbole qui implique un mouvement vers l’avant de la personnalité et
d’autres processus humains dans le but de vivre une vie personnelle et communautaire créative,
constructive et productive. Pour elle, la santé est un concept. Une qualité dynamique, permettant à
la personne l’expérience potentielle de bien-être physique et social. Force dynamique toujours en
changement.
Cette théorie est guidée à l'origine par deux hypothèses :
Si la maladie est une expérience humaine qui peut permettre la croissance :
- la personnalité de l'infirmière fait une différence essentielle au niveau de ce qu'un
patient peut apprendre durant l'expérience de sa maladie;
- l'une des fonctions des soins infirmiers et de la formation en soins infirmiers est de
contribuer au développement de la personnalité dans le sens de la maturité.
H. Peplau a une conception de l'être humain. Pour elle, l'homme est un organisme vivant dans un
état d'équilibre instable et qui lutte pour atteindre un état d'équilibre parfait qu'il n'atteindra
qu'avec la mort. La maladie n'est qu'un facteur de déséquilibre parmi d'autre et la mort est définie
comme l'état d'équilibre absolu. Ainsi, et c'est encore une fois révolutionnaire pour l'époque, la mort
ne renvoie plus à l'échec des soignants mais au terme du processus de vie, à l'état d'équilibre enfin
trouvé.
Elle propose une définition et un but pour les soins infirmiers : ils sont un instrument éducatif, une
force aidant à la maturité, qui a pour but de promouvoir le développement de la personnalité vers
une vie créative, constructive, productive pour l'individu et pour la communauté.
Elle suggère des interventions de soins infirmiers telles que :
-
apporter des réponses spécifiques aux problèmes présentés par le patient sous la forme
d'information ou d'enseignement;
montrer une attitude de respect et d'intérêt positif;
s'asseoir au chevet du patient afin d'observer, de chercher à connaître comment le patient
voit sa situation afin de mieux l'aider;
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-
être un substitut dans certaines occasions (de la mère par exemple);
être un conseiller.
Pour Peplau, la préoccupation première d'une école de soins n'est pas de penser d'abord au patient
mais d'aider au développement graduel de chaque élève vers une maturité qui lui permettra de
réellement " soigner " le patient (acquisition d'un meilleur savoir-être).
Cette insistance sur les relations interpersonnelles, sur l'aspect psychodynamique des soins est
capitale chez Peplau. Elle dit par exemple, que toute relation enseignante-élève ou surveillanteinfirmière peut devenir problématique à un moment ou un autre. Des sentiments archaïques que
l'on a éprouvés pour d'autres personnes détenant l'autorité peuvent se manifester et susciter des
problèmes.
Où qu'elle soit, l'infirmière est en contact avec des hommes et chaque contact entre deux êtres
humains implique la possibilité de conflits au niveau des sentiments, des croyances, des actions.
L'infirmière vraiment professionnelle cherche à comprendre son comportement, aide les autres à
identifier les difficultés ressenties et utilise des principes propres à l'étude des relations humaines en
vue de résoudre ces problèmes.
Les soins infirmiers pour Peplau sont une discipline appliquée dans l'exercice de laquelle l'infirmière
est à même d'identifier et d'étudier la variété et l'intensité des problèmes qui se posent aux
personnes dont elle s'occupe, et de découvrir avec ces patients des solutions à ces problèmes.
Simultanément, l'infirmière améliore sa capacité d'aider et permet au patient de croître, c'est-à-dire
de résoudre de nouveaux problèmes.
Les étapes de la relation infirmière/patient
Quatre étapes interreliées se chevauchent dans la relation infirmière/patient : orientation,
identification, exploitation et résolution. Chacune est caractérisée par une imbrication de rôles et de
tâches relatifs au problème de santé posé. A mesure que l'infirmière et le patient apprennent à se
connaître et à travailler en coopération pour résoudre les difficultés, ces rôles et ces tâches se
redéfinissent. Ces quatre étapes incontournables s'imposent comme les composantes de toute
relation complète de soins infirmiers.
La phase d'orientation
Chaque individu réagit différemment à la maladie. Lorsqu'un patient s'adresse à une équipe de soins,
sa démarche exprime un " besoin ressenti " et constitue la recherche d'une aide professionnelle.
Cette recherche d'aide animée par un besoin est un aspect important de l'étape d'orientation (ou
d'accueil dirions-nous en France aujourd'hui).
“ La recherche d'aide motivée par un besoin ressenti mais insuffisamment compris constitue souvent
la première étape d'une expérience d'apprentissage dynamique qui pourra donner lieu à une
prochaine étape constructive de l'évolution personnelle et sociale du patient. “
Durant la phase d'orientation, ainsi que dans les autres phases, on peut distinguer quatre fonctions
de l'infirmière qui se chevauchent :
- personne ressource : l'infirmière donne au patient les informations nécessaires à la compréhension
de son problème et de sa nouvelle situation ;
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- conseillère, assistante psychosociale : elle écoute le patient s'exprimer sur ses sentiments nés des
événements qui ont provoqué son hospitalisation ;
- substitut maternel (ou paternel ou fraternel) : l'infirmière permet au patient de revivre et
d'examiner des sentiments vécus lors de relations antérieures. Par son interprétation efficace de ce
rôle de substitut, l'infirmière fournit au patient de nouvelles figures symboliques d'autorité ou de
rivalité, lui permettant ainsi de réorienter ses sentiments ;
- expert technique : elle sait manipuler des appareils et donner des soins complexes.
Le fait d'identifier et d'évaluer les besoins du patient avec son aide est très important: le patient peut
prendre conscience que sa guérison est aussi son affaire, qu'il est partie prenante dans ce processus.
C'est déjà un moyen d'éviter qu'il se déresponsabilise, qu'il devienne dépendant de l'institution
soignante et des soignants. D'où l'utilité de l'anamnèse en soins infirmiers nécessaire au diagnostic
infirmier.
L'infirmière a besoin de renseignements différents de ceux du médecin. L'orientation est donc
essentielle pour la participation du patient et l'intégration de l'expérience de la maladie dans sa vie.
Ce n'est qu'en intégrant cette expérience que le patient psychotique pourra accepter de prendre un
traitement, de consulter au dispensaire, d'aller au centre d'accueil et de crise lorsqu'il sentira en lui
les premiers signes d'une rechute parce qu'on le lui aura appris à le faire.
C'est la seule prévention possible contre la répression et la dissociation de l'événement. Car si le
patient nie sa maladie, tout se complique.
La phase d'identification
Lorsque la première impression du patient est clarifiée, qu'il commence à mieux connaître la
situation, qu'il commence à répondre d'une manière sélective aux personnes qui peuvent le mieux
l'aider, il est entré dans la phase de relation que Peplau appelle identification.
Durant cette phase, le patient peut explorer des sentiments généralement désappropriés :
dépendance, incapacité, égocentrisme ou désir de pleurer, de se laisser-aller. S'il arrive à exprimer
ces sentiments c'est qu'il se sent en sécurité dans les mains des professionnels qui l'entourent. Cela
peut prendre plus ou moins de temps selon les traumatismes psychiques antérieurs.
" Lorsqu'une infirmière permet au patient de manifester ce qu'il ressent, en ne négligeant pas de lui
prodiguer les soins infirmiers dont il a besoin, il peut vivre sa maladie comme une expérience qui
réoriente ses sentiments et renforce les aspects positifs de sa personnalité. "
Il est important que l'infirmière garde à l'esprit le rôle de leader dans lequel le patient la place et les
rapports entre ce rôle et le phénomène de l'identification. L'identification peut rendre possible
l'apprentissage par imitation, même si ce n'est pas l'objectif premier de l'expérience éducative
développée avec le patient. On peut parler d'apprentissage constructif quand, par ses propres
efforts, le patient parvient à identifier les indices essentiels de sa situation, à se concentrer sur eux,
puis à élaborer des réponses indépendamment de l'infirmière. L'identification éveille des sentiments
mêlés d'amour et de haine. Alors que l'aide est reconnue comme utile, la personne qui a le pouvoir
d'aider peut être enviée ou détestée pour ses talents qui incitent au respect.
La phase d'exploitation
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Lorsque le patient s'est identifié avec une infirmière qui peut et qui sait assumer la relation au stade
de l'identification, il atteint une phase où il peut vraiment tirer un bénéfice de cette relation.
Il sait ce qu'il peut attendre, ce qui lui est offert. Parfois bien qu'allant mieux, il a plus d'exigence visà-vis de l'infirmière. Ici, se place l'amorce du conflit entre " être dépendant " et " devenir
indépendant ".
La phase de résolution
Lorsque ces différents besoins ont été satisfaits, de nouveaux buts apparaissent : reprendre le travail,
retourner à la maison, etc.
La phase de résolution est un processus de libération, de marche vers l'indépendance. C'est le
patient qui en donne les premiers signes, mais l'infirmière doit les percevoir et les encourager.
En résumé, les quatre phases se chevauchent. Dans la phase d'orientation, il y a prise de conscience
de certains problèmes menant à l'expression de besoins et de sentiments. Il y a apparition de
sentiments archaïques, réactivés par la situation et de sentiments nouveaux créés par cette situation.
L'identification à l'infirmière, qui symbolise l'aide, les soins inconditionnels et abondants, est l'un des
moyens de faire face à des problèmes nouveaux et importants. L'exploitation de ce qu'offre la
situation donne lieu à l'acquisition de nouvelles connaissances, au développement et à l'amélioration
des relations interpersonnelles dans le cadre de l'institution. La phase de résolution intervient
lorsque le désir de sortie et de reprise d'une activité devient prépondérant.
 "Trouver des réponses spécifiques aux problèmes, présentes dans une attitude positive, en
insistant sur la relation soignant-soigné. Le patient est partenaire de santé."
Elle développe les principaux éléments de sa théorie dans "les relations interpersonnelles en
soins infirmiers", publiés en 1952. Sa théorie "existentielle" démontre que l'aspect fondamental
des soins infirmiers réside dans la relation d'aide infirmière-patient. Spécialisée en psychiatrie,
elle centre son étude sur la personnalité de l'individu qui reçoit des soins de santé.
Son approche de l'être humain est dynamique. L'homme ne peut se développer et s'épanouir
que s'il s'engage dans des interactions avec autrui ou avec son environnement. "L'homme est un
organisme vivant dans un état d'équilibre instable et qui lutte pour atteindre un état d'équilibre
parfait qu'il n'atteindra qu'à la mort". Cette recherche d'équilibre parfait génère des sentiments
de bien-être, de joie mais aussi d'anxiété et de solitude.
Hildegarde Peplau pense que certaines de ces tensions peuvent être transformées en énergie
positive. "Tout comportement humain à une signification et tend vers un but qui peut être la
recherche d'un sentiment de sécurité".
Elle insiste sur la nécessité d'enregistrer les données recueillies pour un bon suivi du patient. Les
interactions infirmière-patient influencent le retour à l'autonomie.
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3. Callista ROY (école des effets souhaités)
Sœur Callista Roy utilise la théorie d’adaptation de Helson et la théorie des systèmes de Bertalanffy.
Sr Roy voit la personne en santé comme un système (modes physiologiques, concept de soi, fonction
de rôle, interdépendance) qui réagit à des stimuli (focaux ; contextuels et résiduels) et répond selon
les capacités d’adaptation (régulateurs, cognitifs) selon sa condition de santé. Elle utilise les
connaissances biophysiques et biopsychosociaux pour expliquer les applications de son modèle. Le
rôle de l’infirmière consiste à manipuler les stimuli que reçoit le client afin de promouvoir les
mécanismes d’adaptation.
"Promouvoir l'adaptation de l'être humain en interaction avec un environnement changeant".
Sœur Callista Roy a publié les principaux éléments de son modèle en 1970. Pour atteindre ses
objectifs individuels, l'homme met en œuvre des processus adaptatifs internes. Le but des soins
infirmiers est de promouvoir les quatre modes d'adaptation chez la personne (les besoins
physiologiques, l'image- estime de soi, la maîtrise des rôles et les relations d'interdépendance) dans
le contexte de santé ou de maladie. L'infirmière doit : évaluer les compétences du patient, aider
l'être humain à utiliser des mécanismes acquis ou innés, permettre au patient de conserver son
énergie afin qu'elle soit employée à la guérison.
Ce modèle présente l'originalité d'être centré sur les concepts d'adaptation et d'environnement. Il
est actuellement l'un des modèles les plus utilisés au Royaume-Uni, mais aussi dans de nombreux
pays d'Europe.
4. Marjory GORDON (école des effets souhaités)
Ses recherches ont principalement été centrées sur le concept de diagnostic infirmier. Elle s'est
largement impliquée dans les travaux récents de taxonomie ainsi que dans de multiples publications
visant à une plus grande diffusion des connaissances infirmières.
L'infirmière doit :
- Prévenir, quand cela est possible, une altération des fonctions de santé ;
- Promouvoir les fonctions de santé et les rendre productives, créatives ;
- Restaurer les fonctions de santé altérées.
Les onze fonctions de santé sont : perception et gestion de la santé ; nutrition et métabolisme ;
élimination ; activité et exercice ; processus cognitifs ; sommeil et repos ; perception et conception
du moi ; rôle et relations ; sexualité et reproduction ; adaptation et tolérance au stress ; valeurs et
croyances. Ce modèle propose une grille organisée de recueil de données. Il est facilement et
concrètement utilisable dans la pratique. Elle est actuellement présidente de l'ANADI.
Plans de Soins répartis selon 11 modes fonctionnels de santé
- Mode fonctionnel de santé 1 : perception et gestion de la santé.
- Mode fonctionnel de santé 2 : nutrition et métabolisme.
- Mode fonctionnel de santé 3 : élimination.
- Mode fonctionnel de santé 4 : activité et exercice.
- Mode fonctionnel de santé 5 : sommeil et repos.
- Mode fonctionnel de santé 6 : cognition et perception.
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- Mode fonctionnel de santé 7 : perception et concept de soi.
- Mode fonctionnel de santé 8 : relation et rôle.
- Mode fonctionnel de santé 9 : sexualité et reproduction.
- Mode fonctionnel de santé 10 : adaptation et tolérance au stress.
- Mode fonctionnel de santé 11 : valeurs et croyances.
Ce sont les 11 modes fonctionnels qui sont utilisés pour classer les diagnostics infirmiers.
5. Moyra ALLEN (école de la promotion de la santé)
Extraordinaire pionnière de l’enseignement des sciences infirmières, Dre Moyra Allen croyait
ardemment que les soins infirmiers avaient un rôle distinct et complémentaire à jouer dans la
prestation des soins de qualité.
Selon la Dre Allen, les infirmières seraient en mesure d’améliorer la santé d’un patient en
l’impliquant activement, lui et sa famille, dans un processus d’apprentissage axé principalement sur
la santé.
Née à Toronto en 1921, madame Allen reçoit d’abord sa formation d’infirmière à l’École des sciences
infirmières de l’Hôpital général de Montréal puis, dans la même discipline, elle décroche un
baccalauréat à l’Université McGill et complète une maîtrise à l’Université de Chicago. La jeune
femme est acceptée comme professeure adjointe en 1954 à l’École des sciences infirmières de McGill
où elle devient professeure agrégée quatre ans plus tard. Elle obtient un Ph. D. en éducation à
l’Université Stanford en 1967 et revient ensuite à Montréal pour se concentrer sur la recherche en
sciences infirmières et l’enseignement.
En 1969, alors directrice de la recherche en sciences infirmières à l’Université McGill, Moyra Allen
fonde la revue Nursing Papers, connue aujourd’hui sous le nom de Revue canadienne de recherche
en sciences infirmières.
Elle décède le 2 mai 1996 à Ottawa.
Le modèle Mac Gill est une approche globale et intégrée de la santé et du traitement des patients. Il
s’appuie sur une conception des soins infirmiers qui met en avant le partenariat
soignant/individu/famille. Le modèle de M. ALLEN ne sépare pas le client de sa famille et propose
que ceux-ci soient inclus dans l’identification, l’analyse et l’interprétation des données concernant la
personne soignée et recueillies par l’infirmière.
L’essence des soins se définit comme une relation de « caring» avec l’individu et sa famille ayant
pour but la promotion de la santé. C’est un postulat qui fait partie de la «déclaration de la pratique
infirmière» approuvé par le Conseil des Infirmières du Centre Universitaire de Santé Mac Gill en
1997. Le partenariat est essentiel à la compréhension des besoins des individus et de leur famille.
Dès lors, les connaissances sont identifiées et transmises à la famille et l’individu. Ils acquièrent ainsi
une meilleure maîtrise de leur situation. L’accent est mis sur l’interaction entre les membres de la
famille parce qu’il est « toujours important de «penser la famille » ; il convient toujours de
reconnaître le client comme un membre de la famille, même si l’infirmière n’a pas de possibilité de
faire intervenir la famille.»
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Les éléments essentiels au modèle McGill sont:
-
Le but des soins infirmiers
La cible de l’activité professionnelle
Le rôle de l’infirmière
La source des difficultés
Les interventions
Les conséquences de l’activité professionnelle
Le modèle McGill repose sur le concept central de la santé. La santé se définit comme une façon
d’être, de vivre et de se développer. Elle n’est pas statique, elle évolue continuellement dans le
temps. La santé est une façon d’être, de vivre et se développer.
La santé est un processus d’apprentissage social constitué d’éléments interactionnels et de
phénomènes d’apprentissage, une façon d’être au monde, d’exister, de vivre et de croître, un
concept dynamique.
La santé s’apprend en interagissant avec les autres et se développe dans le temps. La santé est une
façon d’être et de vivre. Elle fait appel à un savoir faire
6. Martha ROGERS (école de l’être humain unitaire)
"Promouvoir l'harmonie entre l'être humain et son environnement"
Sa publication sur la nature du soin date de 1961, son modèle fut élaboré entre 1970 et 1980. Les
événements qui surviennent dans la vie de l'homme sont toujours uniques, ils ne peuvent se répéter
de façon identique (car à la deuxième expérience, on a retenu quelques choses de la première et
ainsi de suite).
Rogers reconnaît d’ abord la personne comme un être humain unitaire, qui est plus grand et différent
de la somme de ses parties. En ce sens, la personne est un système ouvert, un champ irréductible
d’énergie qui se caractérise par des " patterns " (modes de comportement habituel) différents de
ceux des autres personnes. Pour elle, la santé se définit comme une valeur qui varie selon les
personnes et les cultures.
Elle est la première a avoir intégré le concept de champ énergétique dans un modèle conceptuel
infirmier.
Elle centre sa théorie sur cinq énoncés scientifiques :
1. "L'être humain est un tout unifié qui possède son intégrité propre et qui manifeste des
caractéristiques qui sont plus et qui sont différentes de la somme de ses parties".
2. "L'homme et son environnement échangent continuellement de la matière et de l'énergie".
3. "Le processus de la vie évolue d'une manière irréversible et unidirectionnelle le long du continuum
de l'espace et du temps vers une complexité toujours plus grande et vers de nouveaux modes
d'adaptation".
4. "L'organisation et le phénomène d'adaptation caractérisent l'être humain parmi toutes les autres
créatures et sont un reflet de son intégration innovatrice".
5. "L'être humain est caractérisé par sa capacité d'abstraire, de représentation, de parler, de penser
et de s'émouvoir".
L'infirmière doit pouvoir promouvoir l'harmonie entre l'homme et son environnement, renforcer la
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cohérence et l'intégrité du champ humain et l'aider à atteindre un état de santé physique, mental et
social maximal. Sa contribution a surtout porté sur la mise en évidence de l'unité de l'homme. M.
Rogers évoque le diagnostic infirmier en termes de problème affectant le binôme patientenvironnement.
7. Jane WATSON (école du caring)
Ce modèle offre une approche claire sur la nature même du caring, de ses caractéristiques et des
éléments essentiels qui le constituent.
Ainsi définit-elle le caring comme un ensemble de facteurs (qu’elle nomme facteurs caratifs) qui
fondent une démarche soignante favorisant, soit le développement ou le maintien de la santé, soit
une mort paisible. Ces facteurs caratifs sont étayés à la fois par une philosophie humaniste, qui est la
clé de voûte de l’approche soignante, et par un corpus de connaissances scientifiques qui ne cessent
de s’accroître. Ils servent de guide structurant pour comprendre le processus thérapeutique
interpersonnel qui s’instaure entre l’infirmière et la personne soignée.
Il existe dix facteurs caratifs principaux qui forment un cadre conceptuel pour comprendre les soins
infirmiers en tant que science du caring.
Ces facteurs caratifs sont :
1) Le développement d'un système de valeurs humaines humanistes, altruistes
« Un système de valeurs humanistes altruistes est une philosophie qualitative qui guide la vie
d'adulte. C'est un engagement à recevoir en donnant, qui est une source de satisfaction.
Il implique la capacité de considérer l'humanité avec amour et de savoir apprécier la diversité et
l'individualité. Un tel système de valeurs aide à tolérer les différences et à voir les autres à travers
leurs systèmes de perception spécifique plutôt qu'à travers son propre système. »
2) La prise en compte et le soutien du système de croyance et de l'espoir
Le soutien de sentiment d'espoir a été identifié par Yalom comme un facteur curatif en thérapie.
Lipkin a identifié deux facteurs qui ont une influence sur le traitement de chaque patient : le pouvoir
de la suggestion et le pouvoir de la relation. L'infirmière doit prendre en compte et soutenir le
système de croyance et de l'espoir du patient afin de l'aider à accepter les informations qu'elle lui
donne et à commencer à modifier son comportement en vue de mener une vie saine.
3) La culture d'une sensibilisation à soi et aux autres
« La seule façon de développer une sensibilité à soi et aux autres est de reconnaître ses émotions et
de s'autoriser à les ressentir, qu'elles soient pénibles ou agréables. Lorsqu'elles possèdent une
sensibilité à elles mêmes et aux autres, les infirmières fonctionnent comme des personnes globales
et peuvent prodiguer des soins holistiques. L'identité des patients et celles des infirmières
demeurent toutes deux intactes.»
4) Le développement d'une relation d'aide et de confiance
Congruence (concordance entre ce qu'est vraiment l'infirmière et ce qu'elle donne à voir)
Empathie : Faculté qu’a l'infirmière de vivre les sentiments et le monde d'une autre personne, et de
lui communiquer une partie significative de cette compréhension)
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Chaleur humaine verbale et non verbale (la chaleur humaine est liée à la considération positive
inconditionnelle)
Communication efficace
5) La promotion et l'acceptation de l'expression de sentiments positifs et négatifs
Les émotions constituent le principal système de motivation des êtres humains. Les sentiments ont
un effet puissant sur le comportement et les pensées.
6) L'utilisation systématique de la méthode scientifique de résolution du problème dans le
processus de prise de décision
7) La promotion d'un enseignement, apprentissage interpersonnel
«L'apprentissage ne dépend pas des compétences ou des connaissances de l'enseignant, de l’intérêt
d'un programme, de l'utilisation de matériel audio visuel ou informatique, de conférences ou
d'interventions, ni de la qualité des livres utilisés. Rogers est d'avis que la facilitation de
l'apprentissage dépend de certaines qualités comportementales qui existent dans la relation
personnelle entre l'enseignant et l'apprenant. »
8) La création d'un environnement mental, physique, socioculturel et spirituel de soutien, de
protection et/ou de correction
Confort
Intimité
Sécurité
Cadre de vie propre –esthétique
9) L'assistance dans la satisfaction des besoins humains (voir Maslow)
Besoins biophysiques, besoins psychophysiques, besoins psychosociaux
10) La prise en compte des facteurs existentiels – phénoménologiques
« S'occuper d'une autre personne telle qu'elle est, et en lien avec ce qu'elle aimerait ou pourrait être,
est une question d'ordre existentiel, phénoménologique pour l'infirmière qui pratique la science du
caring. »
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