Introduction générale Plusieurs fonctions sont assignées à la comptabilité. Une de ces fonctions est la production d’information utile pour permettre aux investisseurs d’évaluer les titres et prendre des décisions d’investissement rationnelles. Parmi les informations comptables, les bénéfices sont probablement ceux qui font l’objet d’un examen minutieux par les investisseurs. Comme il l’a été mentionné par Beaver (1989) « aucun autre chiffre, dans les états financiers, ne reçoit plus d’attention par la communauté d’investisseurs que les bénéfices par action… » Malgré leur importance, les bénéfices reflètent dans certains cas les informations ou plus exactement les nouvelles de façon instantanée ou opportune (les mauvaises nouvelles), alors que dans d’autres cas, les nouvelles sont reportées jusqu‘à leurs réalisations effectives (les bonnes nouvelles). Ce phénomène (ou cette propriété des bénéfices) est appelé « conservatisme de la comptabilité » (Ball et al, 2000). Ce dernier peut être interprété comme étant la tendance des comptables à exiger plusieurs arguments et à effectuer une grande vérification pour reconnaître (enregistrer) les bonnes nouvelles dans les états financiers, alors qu’on ne fait pas la même chose avec les mauvaises nouvelles (Basu, 1997). On emploie le terme « bonne nouvelle » pour désigner les gains probables et le terme « mauvaise nouvelle » pour désigner les pertes probables (latentes). Ces dernières sont enregistrées en comptabilité avant les gains probables. Ceci mène à une asymétrie dans la prise en compte des nouvelles dans les bénéfices. L’exemple le plus célèbre qui illustre ce principe est celui de l’évaluation des stocks au coût le plus faible entre le coût historique et la valeur de réalisation nette. Selon le paragraphe 10 1 de la norme comptable relative aux stocks (norme 4) « les stocks doivent être évalués au coût historique ou à la valeur de réalisation nette si elle est inférieure ». Cette règle mène à la prise en compte des pertes sur les stocks plus rapidement que les gains. Un autre exemple est celui d’une entreprise qui reçoit des informations qui changent ses estimations sur la durée de vie effective d’un actif immobilisé. Si la nouvelle durée de vie est plus longue, la firme sera économiquement meilleure. Toutefois, sous la convention du coût historique comptable, aucun gain ne peut être enregistré actuellement. Par contre, si la nouvelle durée de vie est inférieure à celle actuelle, c’est à dire que les cash-flows futurs vont diminuer, le montant amortissable va être réparti sur la nouvelle durée de vie. Dans la pratique, les comptables font ce qu’on appelle un impairement (1) d’actif tel que définie par la SFAS 121, la norme comptable américaine et tel que prévu par la norme comptable tunisienne n°5 sur les immobilisations corporelles. Le paragraphe 40 de cette norme stipule que: « Postérieurement à sa constatation initiale à l’actif, une immobilisation corporelle doit être comptabilisée à son coût diminué de l’amortissement, à moins que des circonstances ou des événements particuliers donnent à penser que la valeur comptable nette ne pourra pas être récupérée par les résultats futurs provenant de son utilisation, auquel cas il y a lieu de ramener la valeur de l’actif à sa valeur récupérable ». Cet impairement engendre la réduction du bénéfice actuel sans pour autant avoir un effet sur le résultat futur. Compte tenu de ce qui a précédé, le conservatisme affecte asymétriquement le bénéfice de façon qu’il prenne en compte les mauvaises nouvelles rapidement et retarde la comptabilisation des bonnes nouvelles. Dans l’exemple que nous avons cité, les mauvaises nouvelles sur la durée de vie effective attendue de l’actif immobilisé n’ont pas d’effet sur les cash-flows actuels. (1) L’impairement est une notion anglo-saxonne qui implique la réduction de la valeur de l’actif à sa valeur récupérable lorsqu’elle est inférieure à la valeur comptable nette de l’actif. 2 Cependant, elles sont reflétées dans les bénéfices actuels. Ainsi, les cash-flows sont faiblement associés aux rendements actuels. Etant donné que le bénéfice est la somme des cash-flows et des accruals, ce sont ces derniers qui reconnaissent les mauvaises nouvelles et les incorporent dans les bénéfices actuels (Ball et al, 2000). En fait, les accruals fournissent des règles sur le moment de prise en compte des cash-flows dans les bénéfices, ce qui rend les bénéfices plus associés aux rendements (la performance de l’entreprise) que les cashflows (Dechow, 1994). Ainsi, on se propose dans cette étude de valider empiriquement l’effet asymétrique du conservatisme sur le bénéfice, de façon qu’il reflète les mauvaises nouvelles rapidement et retarde la prise en compte des bonnes nouvelles. Ensuite, vérifier empiriquement que les bénéfices reflètent les mauvaises nouvelles publiquement disponibles plus rapidement que les cash-flows d’exploitation. Dans cette étude on choisira les rendements comme indicateur des nouvelles (2) . En effet, les rendements positifs représentent les bonnes nouvelles et les rendements négatifs représentent les mauvaises nouvelles. On suppose, tout d’abord, que l’association entre le bénéfice et les rendements négatifs (qui représentent les mauvaises nouvelles) est plus grande que celle entre les bénéfices et les rendements positifs ( qui représentent les bonnes nouvelles). On suppose, ensuite, que l’association entre les bénéfices et les rendements est plus grande que celle entre les cash-flows et les rendements, surtout pour les mauvaises nouvelles publiquement disponibles. Pour vérifier ces prédictions on utilisera la régression linéaire ‘’inverse’’ (Beaver & (2) Le choix des rendements comme indicateur des nouvelles a été fait pour la première fois par Basu (1997), depuis, ce choix a pris un grand succès et a fait l’objet de plusieurs études surtout par Pope & Walker (1999). 3 al, 1980 ; Cready & al, 2001). Cette méthodologie a été utilisée pour la première fois par Basu (1997), depuis elle est devenue une méthodologie standard employée dans toutes les recherches qui ont succédé à celle de Basu (3) . Le conservatisme apparent de la comptabilité est un phénomène qui a commencé à attirer l’attention des chercheurs en comptabilité (Holthausen & Watts, 2001). L’étude de ce phénomène dans le contexte tunisien s’avère intéressante dans la mesure où la Tunisie épouse deux modèles comptables : le modèle anglo-saxon et le modèle franco-allemand (ou ce qu’on appelle aussi le modèle européen continental) (4) .Ce croisement fait de la Tunisie un modèle indépendant qu’on peut qualifier d’hybride. Les résultats de cette étude ont des implications pour les utilisateurs des états financiers (surtout les investisseurs), pour les normalisateurs de la comptabilité et pour le marché financier de façon générale. Dans une première partie on va présenter les théories sous-jacentes au conservatisme, les différentes définitions de ce phénomène, ainsi que la littérature relative à ce phénomène. Dans la deuxième partie de cette étude, on présentera les hypothèses de la recherche et la méthodologie utilisée, ainsi que les résultats obtenus. (3) Selon Ball & al (2000), la régression inverse a plusieurs avantages. En fait, cette spécification permet d’éviter l’effet de la microstructure, la liquidité et les problèmes de cotation des rendements lorsqu’ils sont utilisés comme variable indépendante. (4) On s’est basé sur la classification de Nobes & Parker (1995). 4 Chapitre Préliminaire le conservatisme de la comptabilité : essai de définition Introduction Le conservatisme de la comptabilité est une convention inhérente à tout système comptable, malgré quelques différences au niveau de son degré. Il ne s’agit pas d’un préjugé, mais plutôt d’une évidence. En fait, dans la relation entre actionnaire et dirigeant, il y a une asymétrie d’information entre les deux parties. Il s’agit de l’information qu’a le gestionnaire sur ses compétences ou sur les activités de la firme (Tremblay, Cormier & Magnan, 1994). Cette situation pousse les dirigeants à utiliser les procédures comptables en leur faveur, surtout lorsque leur rémunération est indexée sur le bénéfice. Pour faire face à ce problème il y a lieu d’appliquer le principe du conservatisme qui permet d’éliminer toute surévaluation des actifs ou sous évaluation des passifs, et par conséquent, éviter le gonflement des bénéfices. Selon Basu (1997) (5) , il y a deux types du conservatisme : ♦ Le « pervasive conservatism » ou le conservatisme envahissant : Il s’agit du conservatisme ex ante, celui non relié aux nouvelles. Ce type existe indépendamment des nouvelles. Il est inhérent à tout système comptable. ♦ Les « news driven asymmetric recognition » ou le conservatisme relié aux nouvelles : c’est le conservatisme ex post, il s’agit de la prise en compte asymétrique des nouvelles en comptabilité. Il y a lieu de noter que c’est à la deuxième forme du conservatisme qu’on va (5) Basu (1997) indique que : « l’utilisation de la valeur la plus faible entre le coût historique et la valeur de marché pour les stocks est l’un des exemples du conservatisme ». 5 s’intéresser. Après avoir mis en évidence cette distinction, on doit aussi faire la différence entre l’effet du conservatisme sur le bilan (Penman & Zhang, 2001) et l’effet du conservatisme sur l’état de résultat (et plus précisément sur le bénéfice). Selon Basu (2001) : « Il est utile de distinguer entre les effets du conservatisme sur le bilan et sur l’état de résultat, parce qu’ils ne vont pas de main en main ». (6) Dans cette étude on se limitera à l’effet du conservatisme sur le bénéfice. Plusieurs définitions ont été avancées pour préciser le concept du conservatisme. Ces définitions feront l’objet d’une première section. Dans une deuxième section on va retracer le principe du conservatisme dans les normes tunisiennes. Section 1: Les définitions du conservatisme 1) Définition des normalisateurs : D’après Givoly et Hayn (2000), il y a une seule définition officielle du conservatisme qui est offerte par la « glossary of statement of concepts » N°2 : « Le conservatisme est une réaction prudente face à l’incertitude pour essayer de s’assurer que l’incertitude et le risque inhérents aux activités de l’entreprise ont été adéquatement considérés ». Par contre, cette définition n’a pas précisé la nature de la « réaction prudente » et comment cette réaction nous permet de s’assurer que l’incertitude et le risque inhérent aux activités de l’entreprise ont été adéquatement « considérés ». Malgré que les autres normalisateurs (y compris celui tunisien) restent muets face à ce sujet, ceci ne permet pas de nier, ni l’existence du conservatisme, ni son importance. En fait, les définitions du conservatisme sont plutôt implicites. La définition qui a été donnée par le normalisateur américain constitue une référence. (6) Selon Ball & al (2000) le conservatisme du revenu est relié à celui du bilan, mais ne sont pas équivalents. En effet, le conservatisme du revenu implique celui du bilan et non vice versa. 6 Si on se fie à cette définition, alors on peut retrouver facilement les définitions du conservatisme dans tous les systèmes comptables. L’IASC (le nouveau IASB) dans son article 37 (1989) définit la prudence en tant que : « La prudence est l’inclusion d’un degré de précaution dans l’exercice des jugements nécessaires pour les estimations requises sous des conditions d’incertitudes, de façon que les actifs ou les revenus ne soient pas surévalués et les passifs ou les dépenses ne soient pas sous évalués ». Dans la quatrième directive (article 31, 1978) européenne la prudence est définie comme suit : « L’évaluation doit être faite sur une base prudente, et en particulier : Seulement les profits enregistrés au niveau du bilan doivent être inclus ». Ces définitions sont en harmonie avec celle du système comptable tunisien de 1997. Dans le paragraphe 47 du décret N°96-2459 portant approbation du cadre conceptuel, la prudence est définie comme suit : « Des incertitudes entourent inévitablement un grand nombre d’événement et de circonstances. Ces incertitudes sont prises en considération par l’exercice de la prudence dans la préparation des états financiers. La prudence est le prise en compte d’un certain degré de précaution dans l’exercice de jugements nécessaires pour préparer les estimations dans des conditions d’incertitudes, pour faire en sorte que les actifs ou les revenus ne soient pas surévalués et que les passifs ou les charges ne soient sous évalués. Cependant, l’application de cette convention ne doit pas engendrer la création de réserves occultes ou de provisions excessives… ». 7 2) Les définitions des chercheurs : L’absence de définition explicite du conservatisme n’a pas empêché les chercheurs à élaborer des définitions extraites des recherches et de la pratique. a- La définition de Basu (1997) : L’article de Basu (1997) est l’un des articles les plus cités dans les travaux de recherches portant sur le conservatisme. En effet, dans son article il définit le conservatisme comme étant : « La tendance des comptables à exiger un degré plus élevé de vérification pour prendre en compte les bonnes nouvelles en tant que gains que de reconnaître les mauvaises nouvelles » (P.7) Et il a conclu que le conservatisme existe là où il y a : « Une prise en compte plus rapide des mauvaises nouvelles dans les bénéfices compte tenue des cash-flows futurs, que des bonnes nouvelles » (P.33) Mais, comme il a été mentionné par Giner & Rees (2001), le conservatisme relié aux nouvelles ne reflète pas toutes les caractéristiques du conservatisme en général. Par exemple, lorsqu’une firme fait un investissement qui a une valeur présente nulle, cet investissement va générer des flux futurs. Mais, de prime bord les nouvelles n’ont aucun contenu. La rapidité avec laquelle la firme prendra en compte le profit va influencer sur le degré du conservatisme, et par conséquent le degré d’association entre le bénéfice et le rendement. 8 b- Définition de Givoly & Hayn (2001) : D’après Givoly & Hayn : « Le conservatisme est un critère de sélection entre plusieurs principes comptables qui entraînent la minimisation des bénéfices publiés par une lente prise en compte des revenus, une reconnaissance rapide des dépenses, l’évaluation la plus faible des actifs et la plus élevée des passifs ».(P.292) Selon ces deux chercheurs, ce qui constitue un conservatisme au cours d’une période, peut mener à des résultats non conservateurs au cours des périodes subséquentes. En effet, la somme des bénéfices tout au long de la durée de vie de la firme, doit être la même quelles que soient les méthodes comptables utilisées. Donc, le conservatisme constitue plutôt une réalité qui a pour objectif de favoriser la distribution égale des richesses entre les différentes parties. Enfin, Givoly & Hayn définissent le conservatisme en tant que convention du reporting financier, qui implique l’exercice de la précaution lors de la mesure et la prise en compte des revenus et des actifs. c- Autres définitions : Selon Zhang (2000), la convention du conservatisme exerce une influence sur l’établissement et la mise en place des normes comptables, de façon que le ratio price to book ( P/B :Valeur de marché sur valeur comptable ) soit supérieur à un. Donc, à cause du conservatisme, les actifs incorporels comme le profit non encore réalisé de la recherche et développement, n’est pas enregistré comme actif dans le bilan. Pour les actifs inscrits au bilan, on doit leur assigner la valeur la plus faible entre le coût historique et la valeur de marché. En effet, les comptables suivent des lignes directrices comme le choix de la solution qui ne permet pas de surévaluer les actifs et 9 les revenus lors de l’application des principes comptables. D’autres chercheurs comme Penman & Zhang (2001) définissent le conservatisme comme étant la pratique qui, bien appliquée, affecte aux valeurs comptables des actifs nets les valeurs les plus faibles. Donc, la méthode LIFO pour les stocks est conservatrice par rapport à la méthode FIFO (si les prix sont croissants) ; L’enregistrement des frais de recherches et développement en dépenses plutôt que de les capitaliser et les amortir est conservateur ; Les stratégies qui consistent à surestimer les provisions pour clients douteux sont conservatrices ;… On remarque que les définitions avancées par les chercheurs tourment autour de deux axes : le premier est relatif à l’effet du conservatisme sur le bilan, alors que l’autre est relatif à l’effet du conservatisme sur l’état de résultat. Mais, il est à noter que les définitions convergent vers le principe de prudence. Ce principe reflète le conservatisme de la comptabilité avec toutes ses formes. Section 2) Le conservatisme dans le système comptable tunisien : Dans cette section, on essayera de dépister la présence du conservatisme dans les normes tunisiennes. Il s’agit de déterminer les règles qui reflètent le conservatisme. 1) Norme relative au revenu : Dans le paragraphe 25 de cette norme, le normalisateur a mis l’accent sur l’incidence des incertitudes sur les activités de la firme. En effet, ce paragraphe stipule que : « Si une incertitude relative au recouvrement des contreparties au titre de la vente de marchandises et produits fabriqués, de prestation de services, ou d’utilisation des ressources de l’entreprise par des tiers prend naissance après la constatation des revenus, on constitue une provision distincte pour en tenir compte… » . 10 La constitution de provision reflète la prudence et par conséquent le conservatisme de la comptabilité. Ceci reflète les soucis du normalisateur pour ne prendre en compte que les revenus qui ont été réellement réalisés et constater en tant que charges les pertes latentes. 2) Norme relative aux stocks : Les chercheurs considèrent l’utilisation du coût historique ou bien de la valeur la plus faible pour l’évaluation des stocks comme étant un indicateur du conservatisme. En effet, le paragraphe 10 de la norme relative aux stocks stipule que : « Les stocks doivent être évalués au coût historique ou à la valeur de réalisation nette si elle est inférieure ». L’utilisation de la valeur la plus faible pour comptabiliser les stocks prouve que le conservatisme est l’un des soucis du normalisateur. 3) Normes relatives aux immobilisations : L’accouting principle board (APB) en 1965 (opinion 6) a prévu ce qu’on appelle l’impairement d’actifs pour tenir compte de l’incertitude ou de la dépréciation irréversible de la valeur de l’actif. Le normalisateur tunisien a prévu des règles similaires, il s’agit de la notion de réduction de valeur. En effet, dans le paragraphe 40 de la norme relative aux immobilisations corporelles prévoit que : « Postérieurement à sa constitution initiale à l’actif, une immobilisation corporelle doit être comptabilisée à son coût diminué de l’amortissement, à moins que des circonstances ou événements particuliers donnent à penser que la valeur comptable ne pourra pas être récupérée par les résultats futurs provenant de son utilisation, auquel cas il y a lieu de ramener la valeur de l’actif à sa valeur récupérable ». 11 De même, le paragraphe 27 de la norme relative aux immobilisations incorporelles prévoit que : « Le solde non amorti d’une immobilisation incorporelle doit être examiné périodiquement de façon à s’assurer que la valeur récupérable n’est pas inférieure à la valeur comptable nette. Lorsqu’une telle baisse intervient, la valeur comptable doit être ramenée à la valeur récupérable ». Par conséquent, le conservatisme résulte en une reconnaissance immédiate des pertes probables. Ces règles reflètent l’application du principe de prudence qui est la base de toutes les règles comptables et traduisent l’exercice de la précaution pour la prise en compte des événements économiques dans la comptabilité. 4) Norme relative aux placements : Selon le paragraphe 12 de cette norme, les placements doivent évalués, à la date de clôture, à leur valeur d’usage (le prix qu’une personne prudente et avisée, accepterait de payer). Les moins values par rapport au coût feront l’objet d’une provision et les plus values par rapport au coût ne sont pas constatées. La constatation des provisions n’est autre que l’application du principe de prudence, qui reflète bien le conservatisme : la prise en compte asymétrique des mauvaises nouvelles par rapport aux bonnes nouvelles. 5) Norme relative aux événements et éventualités postérieures à la date de clôture : Même après la date de clôture de l’exercice on doit prendre en compte les informations qui lui sont attachées. Le normalisateur a prévu deux traitements pour les événements survenants après la date de clôture : un traitement pour les éventualités à incidence future négative et les éventualités à incidence positive. 12 Selon le paragraphe 15 : « une estimation de la perte découlant d’un engagement à incidence négative doit être réalisée et constatée en charge, si les conditions suivantes sont remplies… » . Selon le paragraphe 24 : « Les principes retenus font que les gains ne peuvent être constatés dans les comptes d’un exercice que lorsqu’ils sont réalisés à la date de la clôture de cet exercice.Il s’en suit que les éventualités à incidence positive ne figurent pas au bilan…». Cette norme reflète de façon significative l’effet du conservatisme sur la prise en compte des nouvelles en comptabilité : Prise en compte des mauvaises nouvelles et retardement de la prise en compte des bonnes nouvelles. Plusieurs motivations expliquent l’existence du conservatisme et son effet sur les bénéfices. Parmi ces motivations on trouve ceux contractuelles. En effet, l’asymétrie d’information entre les actionnaires et les dirigeants a engendré le besoin d’une règle permettant d’éliminer (ou de limiter) le pouvoir discrétionnaire des dirigeants sur les chiffres comptables. Cette règle n’est autre que l’application du conservatisme de la comptabilité lors de l’enregistrement des événements économiques. Ainsi, l’asymétrie d’information et les motivations contractuelles constituent la base des fondements théoriques du conservatisme. C’est ce que nous essaierons de voir dans les chapitres qui suivent. 13 1ére partie : Le cadre théorique du conservatisme de la comptabilité 14 Introduction Contrairement aux sciences physiques, aucune loi naturelle, comme la loi de la gravité, n’existe dans la théorie comptable (Walgenbach, 1976). Parce qu’il n’y a aucune règle comptable naturelle, les principes comptables ont été développés sur la base de leur utilité. Par conséquent, le développement de la comptabilité est dû à la pratique. En effet, les principes et les pensées comptables ont tendance à évoluer plutôt qu’à être découverts, à être flexibles plutôt que précis. Ils sont sujets à des évaluations afin d’être raffinés. Un des principes comptables les plus utilisés c’est le principe de prudence. Ce dernier n’est autre que l’exercice d’un degré de précaution pour faire face aux incertitudes qui entourent un grand nombre de transactions. En effet, une firme qui vend des marchandises ou des produits à ses clients se trouve contrainte à des litiges avec eux. On peut citer aussi le cas lorsque l’entreprise risque de perdre sa part sur un marché à achèvement futur. Pour faire face à ces incertitudes, il y a lieu d’exercer le principe de prudence (ou un degré de précaution) lors de la prise en compte des événements économiques en comptabilité. Historiquement, les managers, les investisseurs et les comptables ont généralement préféré que les erreurs de mesures possibles soient au niveau de la sous-évaluation plutôt que la surévaluation des revenus ou des actifs. Selon Bird (1981) ces préférences ont mené à la convention du conservatisme. D’après Basu (1997), la comptabilité conservatrice fournit des explications pour plusieurs relations contractuelles (les contrats de dettes et les contrats de rémunérations indexés sur le bénéfice). Le conservatisme joue ex-ante un rôle contractuel efficient. L’existence du conservatisme et son influence sur les chiffres comptables, ne sont que 15 des anticipations tant qu’elles ne sont pas validées empiriquement. Plusieurs études ont essayé de mettre en relief la présence du conservatisme dont la plus importante est celle de Basu (1997). Cette étude constitue une référence pour tous les travaux qui ont succédé. L’émergence du conservatisme, ainsi que son rôle dans les relations contractuelles feront l’objet du premier chapitre. Alors que les études empiriques qui ont porté sur le conservatisme feront l’objet du deuxième chapitre. 16 Chapitre 1 : Le conservatisme en comptabilité : Concept historique et rôle contractuel Introduction L’origine des principes comptables, comme plusieurs lois, est les situations problématiques. Ces situations peuvent surgir suite aux changements d’une loi, d’une réglementation, de nouvelles méthodes de financement. Par conséquent, la pratique fera d’une convention un principe généralement admis. Le principe qui nous intéresse dans cette étude est le conservatisme (ou ce que l’union européenne et l’IASB le définissent par le principe de prudence). Selon Bird (1981), ce principe a fait son émergence à partir de la pratique. En fait, les investisseurs et les comptables préfèrent que les erreurs de mesure possibles soient au niveau de la sousévaluation plutôt que la surévaluation des revenus ou des actifs. Le conservatisme est un concept historique qui a fait son émergence avant la réglementation comptable. Ce concept devenu par la suite une convention comptable, joue un rôle contractuel important (les contrats de dettes et les contrats de rémunérations indexés sur le bénéfice) [Basu, 1997] (7) . C’est ce que nous essaierons de montrer dans les sections une et deux de ce premier chapitre. (7) L’ouvrage de Watts & Zimmerman (1980) contient une discussion du rôle contractuel joué par le conservatisme 17 Section 1) Le conservatisme : un concept historique Dans cette section nous tenterons de passer en revue l’émergence du conservatisme dans le modèle anglo-saxon (aux Etats-Unis) et le modèle européen continental. En effet, le conservatisme est une réalité qui est devenue par la suite une réglementation. Enfin, on présentera l’influence du conservatisme sur les éléments du bilan. I- Emergence du conservatisme : « Les mesures comptables sont faites dans un contexte d’incertitudes significatives, et les erreurs de mesures possibles doivent tendre vers la sous évaluation plutôt que la surévaluation des actifs nets et des revenus » (walgenbach & al, 1976). Cette définition traduit un principe très connu en comptabilité, il s’agit du principe de prudence. Ce principe est inhérent à tout système comptable. En réalité et depuis les Babyloniens, la comptabilité a toujours évolué de pair avec le droit. En effet, bien qu’elle soit censée traduire la réalité économique, qui est évolutive et turbulente, la comptabilité a été plutôt imprégnée par le conservatisme du droit. Ainsi, la règle de la preuve en droit se trouve érigée en règle de la pièce comptable en comptabilité (Bernard, V & L.M, Yannick, 1994). Avec le temps, la comptabilité est devenue la base d’élaboration et de respect des clauses contractuelles. Toutefois, pour que la tradition comptable ne soit pas totalement déconnectée de la réalité économique, on a évoqué la règle de la prudence qui consiste à intégrer l’effet des mauvaises nouvelles et différer celui des bonnes nouvelles jusqu’au moment de leur réalisation. Au début du 18ème siècle aux Etats-Unis, des abus ont été remarqués au niveau des états financiers. En effet, il y a eu des surestimations des actifs ou des revenus. Par conséquent, il est devenu intéressant aux investisseurs de savoir que la mesure « la 18 plus conservatrice » a été utilisée. Dans certains cas, les banques inscrivaient leurs buildings au bilan avec des montants dérisoires (1$), alors qu’en réalité la construction coûte des millions de dollars. L’objectif était de démontrer la sous évaluation des actifs, comme évidence de l’utilisation des mesures conservatrices. Récemment, on considère les sous évaluations intentionnelles des actifs ou des revenus comme étant des abus, de même que la surévaluation des actifs. En effet, les actionnaires peuvent être induits en erreur en vendant des actions d’une firme qui pratique une sous évaluation significative de ses revenus par l’utilisation des mesures comptables conservatrices. Aujourd’hui, le conservatisme représente la réaction des comptables à des situations d’incertitudes significatives. C’est le cas lorsque les cash-flows d’une transaction sont encore non réalisés. Contrairement à la sous-estimation intentionnelle des actifs et des revenus, les mesures comptables conservatrices sont maintenant utilisées dans des circonstances où le modèle comptable est incapable de préciser la mesure comptable à utiliser. La solution à adopter dans ce cas, est que n’importe quelle erreur de mesure possible doit tendre vers la sous évaluation plutôt que la sur évaluation (Walgenbach & al, 1976). Toutefois, Davidson & al (1985) considèrent que l’utilisation des états financiers par les utilisateurs peut induire en erreur à cause de l’application du principe du conservatisme. Par exemple, des investisseurs peuvent vendre leurs actions dans une firme lorsqu’ils sentent que la rentabilité est faible avec les ressources disponibles, alors que dans la réalité le bénéfice était publié d’une manière conservatrice. Par contre, tout au long du cycle de vie d’une firme, le revenu est la différence entre les flux reçus et les flux dépensés. Par conséquent, si les bénéfices des périodes actuelles sont faibles, ils seront plus élevés pendant les périodes futurs. Ces périodes peuvent 19 être à la fin du cycle de vie d’une firme. Dans le modèle franco-allemand, on ne trouve pas de définition au concept « conservatisme ». Ce concept a été, plutôt, remplacé par le principe de prudence. Mais, il est à noter que ces deux notions sont équivalentes. D’après les professeurs du département de comptabilité de l’école supérieur de commerce de France, le plan comptable Français considère la règle de prudence, nécessaire à l’obtention d’une image fidèle, comme fondamentale. La prudence est citée expressément dans ces termes : « à l’effet de présenter des états financiers reflétant une image fidèle de la situation des opérations de l’entreprise : la comptabilité doit satisfaire dans le respect de la règle de prudence, aux obligations de régularité et sincérité. La prudence est l’appréciation raisonnable des faits, afin d’éviter le risque de transfert sur l’avenir d’incertitudes présentes susceptibles de grever le patrimoine et le résultat de l’entreprise. » (8) La prudence est considérée dans le modèle européen continental comme étant l’attitude que doit adopter tout responsable établissant les comptes de l’entreprise. Par conséquent, il y a une certaine subjectivité qui conditionne la décision elle-même, et ceci va se répercuter au niveau du résultat. La norme n°1 de l’IASB (International Accounting Standard Board) définit le principe de prudence ainsi : « de nombreuses transactions comportent inévitablement des incertitudes. Il convient d’en tenir compte en faisant preuve de prudence dans la préparation des états financiers. La prudence ne justifie cependant pas la création de réserves occultes. » (8) Professeurs du département de comptabilité et contrôle de gestion de l’école supérieure de commerce de France, 1988, « Principes comptables et informations financière », Editions comptables Malesherbes, collection études et recherches. 20 Selon Basu (1997) les enregistrements comptables, qui datent de la quinzième siècle (15ème siècle), montrent que la comptabilité en Europe était conservatrice. En effet, l’ouvrage de Savary (1712) contient une discussion de la valeur la plus faible entre le coût historique et la valeur de marché. Le terme anglo-saxon, conservatisme, a été remplacé par celui « prudence » dans le modèle européen continental. Mais, les deux termes ont la même signification. Simons (1972) voit que la doctrine du conservatisme est illustrée par l’application des pratiques comme les suivantes : les augmentations des valeurs des actifs et des revenus anticipés sont normalement ignorées par les comptables jusqu’à leurs réalisations effectives ; Les diminutions des valeurs des actifs, par contre, sont normalement enregistrées en comptabilité avant même la réalisation des pertes. De même une large compagne publicitaire peut contribuer aux revenus futurs, mais, par application du principe du conservatisme, les dépenses publicitaires doivent être enregistrées en charges de l’exercice en cours. L’application du principe du conservatisme est préférable dans la comptabilité, mais, la sous évaluation arbitraire des actifs ou la sur évaluation des passifs pour simplement atteindre ce principe est une exagération. Dans ce cas le conservatisme résultera en états financiers erronés qui portent atteinte à la convention de l’image fidèle. II- Influence du conservatisme sur les éléments du bilan : 1- Les immobilisations corporelles: Les immobilisations sont enregistrées à leur coût d’acquisition, à leur valeur vénale (pour celles acquises à titre gratuit) ou à leur coût de production (pour celles produites par l’entreprise pour elle même) (9) . (9) Norme comptable tunisienne n°5 relative aux immobilisations corporelles. 21 A la fin de l’exercice les immobilisations sont inscrites au bilan à leur coût historique et les plus values latentes ne sont pas comptabilisées en vertu du principe du conservatisme (le principe de prudence). Il existe un conflit entre le principe du conservatisme et celui de l’image fidèle, car le conservatisme amène à sous estimer les actifs de la société et à négliger la valeur réelle des immobilisations. 2- Les titres de participations : Que les titres soient côtés ou non, la valeur d’une participation détenue par l’entreprise est ce qu’un chef d’entreprise prudent et avisé accepterait de décaisser pour l’obtenir s’il avait à l’acquérir, c’est à dire sa valeur d’usage, laquelle est fonction de l’utilité que la participation présente pour l’entreprise. Si la situation de la société prise en participation est compromise, la valeur de la participation doit être appréciée sur une base liquidative. Par contre, une perte future, résultat d’un événement postérieur à la date de clôture, ne doit pas être comptabilisée si elle n’est pas reliée avec l’exercice en cours et les exercices antérieurs. Elle doit être mentionnée en annexes dans les états financiers (10) . 3- Les stocks : La valorisation des stocks est souvent déterminante dans le calcul des résultats. Les stocks doivent être évalués au coût historique ou à la valeur de réalisation nette si elle est inférieure. Cette évaluation des stocks répond parfaitement au principe du conservatisme (prudence) et satisfait également à la notion d’image fidèle (11) (10) Norme comptable tunisienne n°12 relative aux événements postérieurs à la date de clôture et la loi Française du 30 avril 1983. (11) Professeurs du département de comptabilité et contrôle de gestion de l’école supérieure de commerce de France, 1988, « Principes comptables et informations financière », Editions comptables Malesherbes, collection études et recherches. 22 4- Les créances : Les créances sont retenues en comptabilité pour leur valeur nominale et, par application du principe de prudence (ou le conservatisme), une provision pour dépréciation est constituée lorsqu’il apparaît une perte probable. 5- Les éléments du passif : 5-1- Les provisions : Au bilan figure différent type de provision : - Provision à caractère de réserve. - Provisions réglementées. - Provision pour risque et charge. Le dernier type de provision nous intéresse. Il s’agit de provision destinée à couvrir des risques et des charges que des événements survenus ou en cours rendent probables, mais dont la réalisation est incertaine. Ce type de provision dépend de l’appréciation du chef d’entreprise qui, plus ou moins prudent dans ses évaluations, peut constituer des réserves occultes, par excès de prudence, ou pourrait provoquer une distribution de dividendes fictifs par manque de prudence. 5-2- Les charges à payer : Les consommations de l’exercice non encore enregistrées constituent des charges à payer (la non réception de factures par exemple). Le montant de ces dettes est encore incertain. Si jamais on arrive à préciser leur montant, elles se transformeraient en dettes irréversibles. La détermination de la charge à payer est donc dépendante de l’application du principe du conservatisme. 23 Section 2: Rôle du conservatisme dans les relations contractuelles Dans un monde d’incertitude, les managers possèdent souvent des informations très importantes sur les transactions de la firme et sur la valeur de ses actifs. Si la rémunération des managers est liée au bénéfice, alors ils seront incités à ne pas divulguer les informations qui peuvent affecter leur rémunération. Les actionnaires rationnels peuvent faire face à ces manipulations en réduisant la rémunération des dirigeants. Les prêteurs et les créditeurs demandent aussi des informations pertinentes sur les mauvaises nouvelles, parce la valeur de leurs dettes est plus sensible au déclin de la valeur de la firme plus qu’à son augmentation. Pour ces deux formes de contrats, l’émergence du principe du conservatisme et la préparation des états financiers audités permettent de faire face à l’asymétrie d’information entre les managers et les autres parties. Autrement, si la comptabilité n’était pas réglementée, les parties contractantes auront volontairement accepté que les chiffres comptables utilisés pour partager les cashflows entre eux, soient déterminés de façon conservatrice. Sous-section 1 : Les modes de rémunérations Dans cette section, on va s’intéresser à un seul mode de rémunération, qui est celui indexé sur le bénéfice. Cette limitation nous permet de se concentrer sur le rôle du conservatisme de la comptabilité dans ces formes de contrats. I- Le rôle de la comptabilité dans les contrats de rémunération : A ses débuts l’audit des comptes était axé sur le contrôle des dépenses et des 24 détournements des dirigeants, plutôt que sur le manquement à leurs obligations. C’est au début du 19ème siècle qu’on a commencé à rémunérer les dirigeants sur la base des comptes audités. L’utilisation de plus en plus répandue des contrats de rémunération indexés sur le bénéfice suppose qu’ils sont des contrats efficients. Autrement, l’utilisation de ces formes de contrats permet de maximiser la valeur de la firme. 1) Les raisons de l’utilisation des contrats de rémunération indexés sur le bénéfice : Il n’y a aucune théorie qui explique la composition du schéma de rémunération des dirigeants. Mais, par le recours à la littérature on peut recenser trois facteurs possibles qui motivent l’utilisation des modes de rémunération indexés sur le bénéfice : La non observation de la valeur du marché de la firme, la désaggrégation des performances et les taxes. - La non observation de la valeur au marché de la firme : Ce problème concerne généralement les firmes dont les dettes ne sont pas échangées (côtés). Par conséquent, le changement de la valeur totale de la firme (actions + dettes) n’est pas observé. Dans ce cas, le bénéfice apparaît comme l’indicateur le plus fiable sur le changement de la valeur de la firme. - La désaggrégation des performances : Etant donné que le haut manager est le seul responsable de la totalité de la firme, donc la valeur au marché des sous unités de la firme pour lesquelles d’autres managers sont responsables ne peut pas être observée. Par conséquent, le bénéfice peut être calculé pour chacune des sous unités de la firme et c’est un indicateur de la valeur au marché. 25 - Les taxes : L’utilisation des plans d’incitation permet le report des taxes sur une période inférieure à une année. Donc, l’avantage d’impôt procuré par ce mode de rémunération n’est pas assez important. En outre, cet avantage est contrecarré par l’exigence des dirigeants d’une rémunération fixe assez importante. En effet, le plan d’incitation présente un risque pour le manager, surtout pour le top manager. Etant donné que ce dernier est averse au risque, il veut être rassuré par une rémunération fixe assez importante. Ceci étant, malgré que l’avantage du plan d’incitation soit faible, les firmes l’adoptent. 2) Les firmes utilisant la rémunération indexée sur le bénéfice : Malgré que les recherches sur la nature des entreprises qui utilisent les contrats de rémunération indexés sur le bénéfice ne soient pas multiples, il est à noter que les firmes appartenant à l’industrie manufacturière utilisent ces formes de contrats plus que les entreprises commerciales. Il n’y a aucune théorie qui permet d’expliquer pourquoi les firmes manufacturières utilisent les contrats de rémunération indexés sur le bénéfice plus que les autres firmes. Etant donné que la rémunération (prime) incite les managers à minimiser la valeur de la firme, donc l’indice de performances (bénéfices) qui sert à calculer la rémunération doit être corrélée avec l’effet des actions des managers sur la valeur de la firme. 26 II- Les effets des plans de rémunération indexés sur le bénéfice sur la comptabilité : Si on suppose que les managers contrôlent la détermination du bénéfice jusqu’au point où ils peuvent reporter les chiffres qu’ils souhaitent, dans ce cas la rémunération indexée sur le bénéfice n’aurait aucune existence pour les fins incitatives. Le marché anticipe la manipulation des chiffres comptables par les managers, en publiant des bénéfices élevés plutôt que prendre des actions qui augmentent le bénéfice et donc la valeur de la firme. Par conséquent, le recours à ces formes de contrats s’avérerait sans résultat sur la valeur de la firme. Si on utilise la rémunération indexée sur le bénéfice, on doit réduire la liberté d’utilisation des méthodes comptables pour le calcul du bénéfice. Ces restrictions doivent être contrôlées ou auditées. Le résultat de ces restrictions doit permettre aux bénéfices de refléter les effets des actions des managers sur la valeur de la firme. Etant donné des contrats de rémunération indexés sur le bénéfice, on s’attend à ce que le choix des procédures comptables par les managers soit limité, mais non totalement. La motivation pour cette limitation des procédures comptables fournit des explications pour le type de procédures comptables qui peut être choisi par le manager (parmi celles permises). 1) L’ensemble des choix comptables : L’examen des premiers textes comptables et d’audit indique que le choix des méthodes comptables par les managers a été limité avant même la réglementation et que le rôle des plans de rémunération était important. Le conservatisme a été mis en relief dans ces textes. 27 Le conservatisme veut dire que les comptables doivent prendre en compte la valeur la plus faible entre plusieurs valeurs possibles pour les actifs et la valeur la plus élevée pour les passifs. Les revenus doivent être reconnus au moment de la réalisation effective, alors que les dépenses doivent l’être le plutôt possible. Le conservatisme a été accentué par le comportement des managers qui consiste à utiliser la valeur la plus faible entre le coût historique et la valeur de marché (valeur de réalisation nette telle que prévue par la norme 3 relative aux stocks) des stocks. En fait, l’une des fonctions du principe du conservatisme est de faire face à l’optimisme des dirigeants (encouragé par le contrat de rémunération indexé sur le bénéfice). L’utilisation de la valeur la plus faible entre le coût historique et la valeur de marché (valeur de réalisation nette) et le principe du conservatisme de façon générale expliquent pourquoi le bénéfice est calculé sur la base d’un mélange entre le coût historique et la valeur de marché. En effet, le calcul exige la connaissance des cash-flows futurs et la valeur de marché des actifs. Dans plusieurs cas les managers sont les plus aptes à estimer la valeur de marché des actifs plus qu’une autre personne (auditeur). Ceci peut amener les managers à utiliser cet atout en leur faveur. Si les managers utilisent cet atout, donc l’association entre le bénéfice et l’effet des actions des managers sur la valeur de la firme peut être affectée, réduisant ainsi l’efficacité des contrats d’incitation. Ainsi, le conservatisme peut apparaître en tant que ‘’mécanisme régulateur’’ du comportement des dirigeants, c’est à dire leur comportement opportuniste. 28 2) Le choix entre les procédures permises : Avant la réglementation, il y avait plusieurs régularités et pratiques permises dans la comptabilité. Malgré cela, il y avait une grande marge de liberté dans les pratiques sur lesquelles les managers peuvent exercer leur discrétion. Par exemple, un manager peut ne pas divulguer un changement de méthodes comptables (le passage de l’amortissement linéaire à celui dégressif). Mais, le comité de rémunération va nécessairement faire des ajustements pour toutes les méthodes sur lesquelles les managers exercent leur discrétion. Les contrats qui utilisent les chiffres comptables n’arrivent pas à aligner les intérêts des managers et des parties contractantes si les managers ont une discrétion complète sur les chiffres comptables. En fait, si les managers connaissent quelle méthode comptable motive le mieux leurs subordonnés, les parties contractantes voudraient que les dirigeants aient une marge discrétionnaire sur les chiffres comptables. On devrait s’attendre donc à quelques restrictions sur la discrétion des managers, qui garderont quand même une marge de liberté. Ils vont exercer cette discrétion parce que : (1) la discrétion exercée est bénéfique pour le manager en dépit des autres parties ou (2) la discrétion exercée est bénéfique pour toutes les parties. Si les managers ont été élus pour exercer la discrétion pour leur avantage ex-post, et qu’elle a des effets distributifs de richesse entre les parties, donc on peut dire que les managers réagissent de façon opportuniste (watts & Zimmerman, 1990). L’existence des schémas de rémunération suppose des coûts de contrôle et suppose 29 aussi que les managers soient capables d’exercer leur discrétion dans le choix des méthodes comptables. Or, aujourd’hui un changement de méthodes comptables doit faire l’objet d’une notification de la part des auditeurs, et aussi l’effet de ce changement doit faire l’objet d’un compte rendu durant la même année. Si le comité de rémunération ne fait pas d’ajustement lors du calcul de la part revenant aux managers pour prendre en compte les manipulations éventuelles des principes comptables, alors ceci poussera les dirigeants à utiliser les procédures comptables qui augmenteront le bénéfice dans certains cas et les procédures qui diminuent les résultats dans d’autres cas. En effet, si la firme a enregistré une perte, les managers augmenteront la perte par la prise en compte de toutes les pertes futures possibles, et c’est ce qu’on appelle ‘’big bath’’, de façon que le bénéfice des périodes futures soit plus élevé. Enfin, même si les managers peuvent exercer leur discrétion à l’intérieur de l’ensemble des procédures permises (accepted set of accouting procedures), cette discrétion se trouve limitée par ce qu’on appelle le conservatisme de la comptabilité et le principe d’objectivité. 30 Sous-section 2 : Les contrats de dettes Malgré qu’il n’y ait pas une évidence directe que les états financiers audités sont utilisés pour contrôler les contrats de dettes avant le 19ème siècle, aujourd’hui les états financiers réalisent cet objectif. Les contrats de dettes (publiques ou privés) incluent des parties qui utilisent les chiffres comptables des états financiers audités pour réduire la discrétion des dirigeants. La non conformité au contrat est considérée comme étant une faute donnant au prêteur le droit de prendre les mesures nécessaires (par exemple : Intenter une action). Les managers doivent fournir chaque année une attestation annuelle qui garantisse que les états financiers ont été audités et qu’il n’y a aucune faute de la part des dirigeants exigeant une réserve de la part de l’auditeur. §1- Utilisation des chiffres comptables dans les contrats de dettes : Cette utilisation prend la forme de restrictions dans les contrats. Parmi ces restrictions on trouve : - Les restrictions de dividendes et d’achat d’actions : Dans les contrats de dettes les prêteurs insèrent des clauses qui interdisent aux managers de distribuer des dividendes, c’est à dire la non répartition des bénéfices. - La maintenance d’un fonds de roulement : Certains contrats exigent de maintenir un fonds de roulement minimum. - Les restrictions sur les fusions : Une façon d’augmenter le risque d’une firme après avoir contracté une dette, est de 31 fusionner avec une firme plus risquée. Les contrats de dettes peuvent stipuler des restrictions, y compris les fusions. Ces restrictions réduisent la capacité des managers à utiliser les fusions pour augmenter le risque de la firme et par conséquent réduire la valeur de la dette. - Les restrictions d’investissement dans d’autres firmes : Les managers peuvent aussi changer le risque de la firme en investissant dans les actions d’autres firmes. Il y a certaines conventions qui interdisent ces investissements. Dans plusieurs cas on fixe un seuil qui est fonction des capitaux propres (un pourcentage) et qu’on ne doit pas dépasser. - Les restrictions de la disposition d’actifs : De la même façon, il s’agit des restrictions qui ont pour but de ne pas changer le risque de la firme. - Les restrictions de dettes additionnelles : Dans les contrats de dettes on peut insérer des clauses qui interdisent de contracter d’autres dettes d’une plus grande exigibilité. Parfois, les prêteurs autorisent d’emprunter sous certaines conditions (garder un minimum de ratios). Les contrats de dettes utilisent les principes comptables généralement admis (GAAP) pour vérifier l’exactitude des chiffres comptables publiés. Malgré cette utilisation, on fait dans certains cas des ajustements. Un changement dans les procédures comptables utilisées (GAAP) peut causer des fautes dans les contrats de dettes existants, parce que les chiffres utilisés ont été calculés en utilisant les anciens GAAP. Par conséquent, les contrats sont affectés par les changements des principes comptables. 32 §2- Les effets des contrats de dettes sur la comptabilité : Les contrats de dettes seront efficaces si et seulement si on a des restrictions sur la capacité des managers à manipuler les chiffres comptables. Par conséquent, si les procédures comptables utilisées pour le calcul des chiffres publiés n’étaient pas réglementées, alors un ensemble de procédures comptables qui réduisent le choix des managers et qui est accepté par toutes les parties doit émerger et s’imposer. Les déviations des contrats de dettes à partir de l’ensemble des principes comptables, c’est à dire la non conformité des contrats de dettes avec certains principes comptables permet d’éviter certaines augmentations des bénéfices et des valeurs des actifs permises en appliquant les principes comptables. Ces contrats exigent aussi certaines diminutions des bénéfices et des actifs ou des augmentations des passifs qui n’étaient pas nécessaires en appliquant les GAAP. Toutes ces différences ou ces écarts à partir de l’ensemble des principes comptables admis sont consistants avec le principe du conservatisme de la comptabilité. Ces différences permettent de retarder la prise en compte des revenus et de choisir la valeur la plus faible pour les actifs (exclure les actifs incorporels). Dans le cas où un actif additionnel serait inclut (leasing), alors l’effet de cette action est conservateur, parce que le passif qui accompagne cette action assure une augmentation du ratio dettes / capitaux propres. Ces écarts ont pour objectif d’éliminer la tendance des managers à surévaluer les actifs et à gonfler les bénéfices, et aussi réduire la manipulation des chiffres comptables par les managers. Ces différences entre les GAAP (les principes comptables) et les principes utilisés dans les contrats de dettes sont des tentatives pour ne pas appliquer les GAAP. Mais, 33 cela suppose qu’en absence d’une réglementation, le conservatisme et le principe d’objectivité devront être utilisés. - Le choix entre les principes comptables : Les principes comptables laissent aux managers une grande discrétion dans le choix des méthodes comptables. Par exemple, le manager peut choisir entre l’amortissement linéaire et celui dégressif, entre la méthode FIFO ou la méthode LIFO pour les stocks… Une faute dans le contrat de dette est très coûteuse, donc les contrats qui définissent les infractions en terme de chiffres comptables, incitent les managers à choisir les procédures comptables qui réduisent la probabilité d’une éventuelle infraction. Par conséquent, ils vont choisir les méthodes qui augmentent les actifs, réduisent les passifs, augmentent les revenus et diminuent les dépenses (c’est à dire les méthodes non conservatrices). 34 Conclusion Les contrats de dettes et les plans de rémunération sont basés sur les chiffres comptables. Pour cet effet, il doit y avoir des restrictions sur les actions des managers et plus précisément sur les méthodes de calcul des chiffres comptables. Mais, cela peut entraîner un coût de contrôle et de fixation des méthodes comptables. Ce coût peut expliquer la discrétion laissée aux managers dans le choix des méthodes comptables. Si cette discrétion est présente, on s’attend au développement d’un ensemble de procédures comptables au sein duquel les managers peuvent agir. On peut d’or et déjà prévoir la nature de l’ensemble des procédures permises à partir des textes comptables et d’audit qui ont précédé la réglementation et aussi à partir des changements dans les procédures comptables utilisées dans les contrats de dettes. Les deux formes de contrats supposent que les procédures permises soient conservatrices pour éliminer l’incitation des managers à gonfler le bénéfice ou surévaluer les actifs. 35 Chapitre II Le conservatisme : revue de la littérature Introduction Le conservatisme de la comptabilité est un phénomène très intéressant, qui n’a cessé d’attirer l’attention des chercheurs (12) . Il a fourni des explications pour des relations qui étaient inexpliquées. La relation entre les actionnaires et les managers est souvent caractérisée par l’asymétrie d’information entre les deux parties. Etant donné que les dirigeants possèdent souvent des informations sur les transactions de la firme et la valeur de ses actifs, ces managers sont opportunistes et cherchent à maximiser leur utilité (13) . L’émergence du conservatisme a été considérée comme étant une solution pour réduire l’opportunisme de ces derniers. De même, les études sur les relations entre le bénéfice et le rendement ont aboutit à un résultat unique, qui est la faible association entre les bénéfices et les rendements. Plusieurs explications ont été avancées comme celle de Kothari (2001) : - Prices lead earnings : l’information reflétée dans les cours est plus riche que celle incorporée dans le bénéfice (14) . Dans un marché efficient, les cours incorporent instantanément les révisions des investisseurs sur les cash-flows futurs. Par contre, le bénéfice incorpore les informations avec un retard à cause de l’application des principes comptables. - Marché inefficient : si le marché échoue à apprécier correctement les implications d’une surprise par les bénéfices actuels sur les bénéfices futurs. L’association entre le rendement et le bénéfice sera faible. (12) Selon Givoly & Hayn (2000), le conservatisme est intéressant pour les normalisateurs, les investisseurs et les analystes. (13) D’après la théorie d’agence telle qu’elle a été interprétée par Tremblay, Magnan & Cormier (1994). (14) Un grand nombre d’articles a étudié les implications de ce phénomène comme : Kothari (1992), Collins & al (1994), Easton & al (1992), Kothari & Sloan (1992)… 36 - Bruit associé aux bénéfices (‘’noise in earnings’’) : le bénéfice est défini comme étant la somme de ce qu’on appelle « vrai bénéfice » et d’une composante bruitée (‘’garbling’’ or ‘’noise’’ component). - Bénéfice transitoire : selon cette explication, le bénéfice suit une marche aléatoire. Il y a une partie constante plus une composante transitoire. Plusieurs raisons ont été avancées pour expliquer la composante transitoire. Parmi ces raisons on trouve l’impact du conservatisme de la comptabilité. En effet, cela est du à l’asymétrie d’information entre les managers et les autres parties. La faible association entre les bénéfices et les rendements boursiers nous pousse à remettre en question soit l’hypothèse d’efficience du marché financier, soit l’utilité de l’information comptable pour les investisseurs. Les études qui mettent en relation les chiffres comptables avec le marché financier supposent que ce dernier est efficient. Il s’agit d’un postulat très important permettant de tester la réaction du marché financier face à l’annonce d’une information comptable ou de chercher le contenu informationnel de cette information. Enfin, d’autres recherches ont essayé d’expliquer cette faible association par l’influence d’autres phénomènes, notamment le conservatisme sur le bénéfice. Ces recherches peuvent être classées en deux catégories : • Les études qui portent sur l’effet du conservatisme sur la comptabilité d’un pays : ce sont des études dont l’échantillon est composé par l’ensemble des firmes appartenant à un même pays. • Les études qui portent sur l’effet des différences internationales sur le 37 degré du conservatisme des bénéfices: les chercheurs classent les pays selon leur degré de conservatisme. Section 1: Utilité de l’information comptable: Etude de Ball & Brown (1968) L’article de Ball & Brown (1968), qui a été réalisé aux états unis, est l’un des premiers articles empiriques qui a stipulé l’existence d’une relation entre les bénéfices et les rendements boursiers (cette relation a été testée empiriquement). Donc, Ball & Brown sont les premiers qui ont pu mettre en relief l’utilité de l’information comptable pour le marché financier. D’après la description de Tremblay, Magnan & Cormier (1994), le fondement théorique de l’étude de Ball & Brown est le suivant : à tout instant, le prix d’un titre reflète les attentes des investisseurs quant aux flux monétaires futurs de la firme. Si une information comptable est utile aux investisseurs, donc sa publication amènera les investisseurs à réviser leurs attentes soit à la hausse, soit à la baisse. Ball & Brown ont choisi le bénéfice comptable pour leur étude. Etant donné que les attentes du marché quant au bénéfice n’étaient pas connues, alors Ball & Brown ont fait appel à deux modèles d’anticipation du bénéfice : - Le premier modèle est un modèle’’ naïf ’’, dans le sens que le bénéfice prévu au cours d’un exercice correspond au bénéfice de l’exercice précédent. - Le deuxième modèle: suppose que l’évolution du bénéfice d’une firme est en corrélation avec l’évolution des bénéfices des autres firmes. L’étude de Ball & Brown est une étude d’association où ils ont régressé le bénéfice avec les rendements anormaux cumulés sur une période de douze mois. 38 Les rendements anormaux ont été calculés en utilisant le modèle de marché. Les entreprises formant l’échantillon ont été classées en deux groupes : - Un groupe dont la variation du bénéfice s’est avérée plus élevée que la variation du bénéfice anticipé (signal négatif). - Un groupe dont la variation du bénéfice s’est avérée moins élevée que la variation du bénéfice anticipé (signal positif). La figure 1 ci-dessous montre les résultats obtenus par Ball & Brown : 39 Figure 1 : Source: Ball & Brown (1968), p.168. 40 Les résultats montrent que : - Il y a une cohérence entre l’information comptable et la réalité économique d’une firme. - Le marché financier commence à anticiper l’information contenue dans le bénéfice avant sa publication. Cette dernière n’entraîne qu’une faible réaction expliquant moins de 15% du rendement annuel cumulé d’un titre. Cette étude permet de confirmer le rôle joué par l’information comptable. De même, cette étude est l’une des premières recherches ayant comparé le contenu informationnel du bénéfice comptable et du flux de trésorerie d’exploitation. Les résultats montrent la supériorité des bénéfices sur les cash-flows d’exploitation quant à l’explication des rendements boursiers. Dans son article en 1997, Basu a choisit les rendements boursiers en tant qu’indicateur des nouvelles. Les rendements positifs représentent les bonnes nouvelles et les rendements négatifs représentent les mauvaises nouvelles. Si on applique ce choix à l’étude de Ball & Brown (1968), on peut conclure que les bénéfices ont un contenu informationnel plus élevé que les cah-flows. Autrement dit, les bénéfices reflètent les nouvelles plus rapidement que les cash-fows, et c’est ce qu’a démontré Basu en 1997. Par conséquent, l’étude de Ball & Brown (1968) confirme implicitement l’influence du conservatisme sur les bénéfices. 41 Section 2: Le modèle de base des recherches antérieures: Le modèle de Basu (1997) Dans son article de 1997, Basu a choisi le rendement de l’action en tant qu’indicateur des nouvelles. Les rendements positifs en tant qu’indicateur des bonnes nouvelles et les rendements négatifs en tant qu’indicateur des mauvaises nouvelles. Ce choix lui a permis de développer un modèle de régression inverse qui est devenu par la suite un modèle de base de la majorité des recherches qui ont porté sur le conservatisme. Le modèle est le suivant : Xit / Pit-1 = α 0 + α 1 DRit + β0 Rit + β1 Rit* DRit Où - Xit / Pit-1 : le bénéfice par action de la firme i pendant l’exercice t - Rit = ( Pit – Pit-1 ) / Pit-1 : le rendement de le firme i sur la période 9 mois avant la fin de l’exercice et 3 mois après sa fin. - DRit : variable muette ; =1 si Rit < 0, =0 ailleurs. - Pit-1 : le cours de la firme i au début de la période t. En 1999, Pope & Walker ont développé un soubassement économétrique au modèle de Basu(1997). Le développement est le suivant : D’après Pope & Walker, on suppose que les cours reflètent toutes les informations publiquement disponibles, et ils définissent le bénéfice permanent comme étant la perpétuité qui, capitalisé au coût de capital, est proportionnel aux cours observés. Donc, le bénéfice permanent (xt) est défini par l’identité suivante : Pt ≡ K.xt (1) Où Pt est le cours à la date t et K, l’inverse du coût de capital. On suppose aussi que les dividendes sont égaux au bénéfice permanent, et donc le bénéfice permanent suit une marche aléatoire : 42 xt = xt-1 + et (2) Où et est le choc aléatoire au bénéfice permanent pendant la période t. Pour ce qui suit, les équations (1) et (2) donnent : et/Pt-1 = 1/K ( Pt −1) Pt −1 (3) On suppose que le bénéfice divulgué (Xt) est relié au bénéfice permanent comme suit : Xt = xt – θ0 et+ + Ω0 et− +Vt (4) Où θ0 est un paramètre qui capte la prise en compte incomplète des bonnes nouvelles pendant la période t (i.e, e+ > 0, e− = 0), Ω0 reflète la prise en compte des mauvaises nouvelles (i.e, e+ = 0, e− < 0), et Vt = Vt ( et+−τ , et−−τ ; ∀ τ =1,…, T) représente l’effet des nouvelles des périodes passées sur le bénéfice actuel. L’équation (4) permet de distinguer deux sources de déviation entre le bénéfice publié et le bénéfice permanent. Si le choc est positif (il y a des bonnes nouvelles, et = e+ > 0), la prise en compte d’une proportion θ0 est retardée sous l’effet du conservatisme. Si le choc est par contre négatif (il y a des mauvaises nouvelles, et = e− < 0), un multiple, Ω0 + 1, du choc est incorporé dans le bénéfice actuel. Si Ω0 > 0, alors il y a le conservatisme et par conséquent, le bénéfice divulgué est inférieur au bénéfice permanent. Un système comptable parfait et non biaisé, est celui dans lequel θ0 et Ω0 sont égaux à zéro. Vt reflète les effets des nouvelles des périodes passées sur le revenu de la période actuelle. 43 En divisant l’équation (4) par le cours de début de période et en utilisant l’équation (1), on trouve : Xt/Pt-1 = 1 ( Pt ) – (θ0 et+ / Pt-1) + (Ω0 et− / Pt-1) +Vt/ Pt-1 (5) K Pt −1 On définit Rt = Pt −1 , les équations (3) et (5) donnent : Pt −1 Xt/Pt-1 = 1 + 1−θ0 Rt + Vt/ Pt-1 si Rt ≥ 0 (6’) K K Xt/Pt-1= 1 + 1+Ω0 Rt + Vt/ Pt-1 si Rt ≤ 0 (6’’) Et : K K Si on introduit une variable Dummy(muette), Dt, qui prend la valeur 1 si Rt ≤ 0, et 0 ailleurs, (6’) et (6’’) donnent : Xt/Pt-1 = 1 + 1−θ0 Rt + θ0+Ω0 Rt Dt + Vt/ Pt-1 (7) K K K L’équation (7) peut être utilisée pour interpréter l’équation ou le modèle de Basu (1997) : Xt/Pt-1 = α 1 + α 2Dt + β1 Rt + β2 Rt* Dt + υt (8) Où α1, α2, β1 et β2 sont les coefficients de la régression et υt :le terme d’erreur (de moyenne nulle). En comparant les équations (7) et (8) on obtient : E(α1) = 1 + E(Vt/ Pt-1), E(α2) = 0, E(β1) = 1−θ0 , E(β2) = θ0+Ω0 K K K Le coefficient β1 reflète la réponse du bénéfice aux nouvelles. Si les bonnes sont totalement prises en compte sans aucun retard, alors β1= 1 . Si la K reconnaissance des bonnes nouvelles est partiellement différée, on anticipe que β1 soit positif et inférieur au coût du capital. La somme de β1 et β2 capte la réponse du bénéfice aux mauvaises nouvelles. Le conservatisme implique que β2 > 0. 44 Enfin, Pope & Walker ont résumé dans la figure 1 qui suit toutes les mesures du conservatisme : 1- Ratio des paramètres de la régression mauvaises nouvelles /bonnes nouvelles C1 = 1+Ω0 1−θ0 2- Ratio des R2 ajustés des modèles de régression mauvaises nouvelles / bonnes nouvelles 2 C2 = R (mauvaises nouvelles) 2 R (bonnes nouvelles) 3- La sensibilité aux mauvaises nouvelles – la sensibilité aux bonnes nouvelles soit : C3a = θ0+Ω0 ou : C3b = θ0 + Ω0 K 4- La sensibilité aux mauvaises nouvelles soit : C4a = 1+Ω0 ou : C4b = 1+Ω0 K 5- Bénéfice moyen / biais des cours décalés C5 (total) = θ0 E(R/bonne)P(bonne) - Ω0 E(R/mauvaise)P(mauvaise) K K C5 (bonne) = θ0 E(R/bonne)P(bonne) K C5 (mauvaise) = θ0 E(R/mauvaise)P(mauvaise) K Fig.1- mesures du conservatisme [source : Pope & Walker (1999) P.61] 45 Section 3: Revue des recherches portant sur le conservatisme Récemment les études d’associations ont mis en relief le conservatisme de la comptabilité. Le point commun entre ces études, c’est qu’elles cherchent à savoir comment le conservatisme affecte les bénéfices, de façon qu’ils reflètent les mauvaises nouvelles avant les bonnes nouvelles et aussi à savoir où se manifeste le conservatisme. Autrement, est ce que le conservatisme se manifeste au niveau des accruals ou des cash-flows, étant donné que le bénéfice est la somme des cash-flows et des accruals. Cependant, chaque étude garde ses spécificités. Dans cette section on présentera les spécificités méthodologiques de chaque étude et enfin, synthétiser les résultats dégagés. I- Les méthodologies des recherches antérieures : Les travaux réalisés ont adopté des méthodologies similaires. Ces méthodologies sont basées sur celle de Basu (1997). Cependant, chaque étude a essayé d’apporter des améliorations méthodologiques. Les recherches que nous avons recensées peuvent être classées en deux catégories : Les études portant sur le marché local et les études portant sur les marchés internationaux. 1) Les études portant sur l’effet du conservatisme sur le marché local : a) Etude de Basu (1997) : L’article de Basu (1997) est l’article le plus cité dans les recherches qui portent sur le conservatisme de la comptabilité. La problématique de cette étude est décomposée en deux grands axes : le premier concerne l’impact du conservatisme sur la pertinence du bénéfice (‘’timeliness’’) et en 46 particulier sur les accruals. Le deuxième axe est relatif à l’effet du conservatisme sur la persistance des bénéfices et sur la réaction du marché financier. L’étude de Basu avait pour objectif de démontrer que le bénéfice reflète les mauvaises nouvelles dés qu’elles se produisent, alors qu’il retarde la prise en compte des bonnes nouvelles jusqu’à leur réalisation effective. Ensuite, vérifier que la variation négative des bénéfices est moins persistante que celle positive. Enfin, examiner l’ajustement du marché financier à l’effet du conservatisme sur le bénéfice. Des objectifs déjà cités découlent quatre hypothèses : - Hypothèse 1 : « la pente et le R2, de la régression linéaire des rendements avec les bénéfices, sont plus grands pour les rendements négatifs que ceux positifs ». - Hypothèse 2 : « la pertinence (15) des bénéfices, par rapport aux cash-flows, est plus grande pour les rendements négatifs que ceux positifs ». - Hypothèse 3 : « Les variations négatives des bénéfices ont une plus grande tendance à s’inverser dans les périodes suivantes, que les variations positives des bénéfices ». - Hypothèse 4 : « dans la période d’annonce, la régression des rendements anormaux avec les variations positives des bénéfices est plus grande que celle avec les variations négatives des bénéfices ». Dans son étude, Basu a utilisé un échantillon constitué par l’ensemble des annéesfirmes américaines dont les rendements se trouvent dans la base CRSP et les données comptables dans le COMPUSTAT. L’étude couvre une période de 28 ans, soit de 1963 jusqu’à 1990. D’après la définition de Basu, le conservatisme c’est la prise en compte des mauvaises nouvelles dans les bénéfices actuels et le retardement de la prise en compte des bonnes nouvelles jusqu’à leur réalisation effective. (15) L’équivalent du mot ‘’timeliness’’ c’est le terme pertinence tel que prévu par le décret N° 96-2459, portant approbation du cadre conceptuel de la comptabilité. 47 Pour mesurer les nouvelles, il a utilisé le rendement non anticipé de la manière suivante : - Le rendement positif représente les bonnes nouvelles. - Le rendement négatif représente les mauvaises nouvelles. Le choix des rendements comme mesure du conservatisme a été repris par la majorité des études, malgré que Basu n’a pas fournie un fondement économétrique pour ce choix. Afin de tester ces prédictions, Basu a utilisé la régression annuelle « inverse » (‘’reverse regression’’) (16) , où le bénéfice est la variable dépendante et le rendement constitue la variable indépendante. Le modèle est le suivant : Xit / Pit-1 = α 0 + α 1 DRit + β0 Rit + β1 Rit* DRit Où - Xit / Pit-1 : le bénéfice par action de la firme i pendant l’exercice t - Rit = ( Pit – Pit-1 ) / Pit-1 : le rendement de le firme i sur la période 9 mois avant la fin de l’exercice et 3 mois après sa fin. - DRit : variable muette ; =1 si Rit < 0, =0 ailleurs. - Pit-1 : le cours de la firme i au début de la période t. b) Etude de Givoly & Hayn (2000) : Givoly & Hayn (2000) ont étendu la recherche de Basu dans le temps en employant la méthodologie similaire. Ils ont examiné la variation du degré du conservatisme sur quatre décennies. L’objectif était de déterminer l’évolution du degré de conservatisme aux Etats-Unis. L’hypothèse dans cette étude était implicite. Le degré de conservatisme aux Etats-Unis a augmenté durant les quatre décennies. (16) Cready, Hurtt & Seida (2001) fournissent un cadre général pour l’application de ce modèle, ce qui permettra d’éviter les erreurs de mesures dans les bénéfices. 48 Givoly & Hayn ont utilisé un échantillon composé par l’ensemble des firmes contenues dans la base de données COMPUSTAT, pour les données comptables et dans la base CRSP, pour les données boursières. L’étude couvre une période de 49 ans, soit de 1950 jusqu’à 1998. Pour assurer la comparabilité des résultats, la majorité des analyses a été conduite sur un échantillon constant pour la période 1968 jusqu’à 1998. Givoly & Hayn ont recensé les mesures du conservatisme qui ont été utilisées par les autres études (17) . Dans cette recherche, ils ont utilisé quatre mesures pour estimer le degré, ainsi que la variation, du conservatisme de la comptabilité aux Etats-Unis à travers les quatre dernières décennies : - Le niveau et le taux d’accumulation des accruals négatifs hors exploitation. - Les mesures basées sur la relation entre le bénéfice et le rendement (dérivées de l’étude de Basu (1997)) durant les périodes de bonnes et de mauvaises nouvelles. - Les mesures basées sur les propriétés temporelles des bénéfices et des cash-flows (la variabilité des bénéfices par rapport aux cash-flows et la symétrie (‘’skewness’’) de la distribution des bénéfices ; et - Le ratio valeur de marché sur valeur comptable (P/B). Pour la mesure basée sur la relation bénéfice-rendement, le modèle utilisé est celui de Basu (1997), tel que présenté précédemment. Pour les autres mesures, il s’agit de tracer les courbes d’évolution des différentes mesures sur une période de 49 ans. (17) Pour une description plus détaillée de ces mesures, voir Givoly & Hayn (2000). 49 c) Etude de Zhang (2000) : La problématique traitée par Zhang (2000) porte sur l’effet du conservatisme sur la relation entre la valeur de la firme et les données comptables. L’objectif donc, est d’examiner l’impact du conservatisme sur le ratio valeur de marché sur valeur comptable (P/B ratio). L’hypothèse est énoncée de façon implicite : en présence du conservatisme, le ratio de la valeur marché sur la valeur comptable est supérieur à un. L’étude de Zhang est plutôt théorique. Sa contribution se situe à trois niveaux : - Elle fournit un cadre général qui intègre les différents aspects du conservatisme de la comptabilité. - Elle montre que le conservatisme de la comptabilité affecte négativement la relation entre le bénéfice capitalisé et la valeur comptable. - En présence du conservatisme, la croissance de la firme joue un rôle important dans l’évaluation des capitaux propres. d) Etude de Penman & Zhang (2001) : Dans le même ordre d’idée l’étude de Penman & Zhang (2001) porte sur l’effet du conservatisme sur la qualité du bénéfice. Le bénéfice publié (avant éléments extraordinaires) est de bonne qualité s’il est un bon indicateur des bénéfices futurs qui sont déjà anticipés à partir des informations disponibles. Dans ce cas on peut dire que le bénéfice est durable (‘’sustainable earnings’’). Par conséquent, les bénéfices non durables sont de mauvaise qualité. Cette étude veut dévoiler que même si on applique le conservatisme sur une base 50 consistante, le problème de la mauvaise qualité des bénéfices persiste. D’où l’hypothèse : « La présence du conservatisme et l’augmentation des investissements affectent négativement la qualité du bénéfice ». D’après cette étude le conservatisme ne joue plus le rôle habituel qu’on lui a assigné dans la théorie. En effet, sa présence devient nuisible à la comptabilité, puisqu’il affecte la qualité du bénéfice divulgué. Penman & Zhang ont utilisé un échantillon constitué par l’ensemble des firmes dont les données comptables sont fournies par COMPUSTAT et les données boursières par CRSP. L’étude couvre une période de 23 ans, soit de 1975 jusqu’à 1997. Le nombre total des firmes utilisées dans cette étude est de 38450. Afin de mesurer le conservatisme, ils ont développé un indice, appelé C-scores. Il mesure l’effet du conservatisme sur le bilan. Cit = ERit NOAit * ERit : le niveau des réserves estimées = INVit + RDit + ADVit res res res Où INV res : provision sur les stocks, RDres : provision sur les recherches et développement, et ADV res : provision sur les dépenses publicitaires. * NOAit : les actifs nets d’exploitation = la valeur comptable des actifs d’exploitation – les dettes d’exploitation. Aussi, ils ont développé un indicateur qui mesure l’effet du conservatisme sur l’état de résultat, c’est le Q-scores. Cet indicateur est la combinaison de deux autres indicateurs : QA et QB. 51 QA = ERit - ERit −1 = Cit - Cit-1 NOAit NOAit −1 QB = ERit - médiane de l’industrie ( ERit ). NOAit NOAit Par conséquent, Qit = (0.5 Qit ) + (0.5 Qit ). A B Pour vérifier si le marché valorise les cours en appréciant la qualité du bénéfice qui est indiqué par le Q-scores, ils ont utilisé le modèle suivant : Rit+1 = α 0 + α 1 βit DRit + α 2 LN(M)it + α 3 LN(B/M)it + α 4 LN(LEV)it + α 5 (E(+)/P)it + α6 (E/Pdummy)it + α 7 Qit + eit Où Rit+1 : Rendement annuel après le Q-scoring. βit : le bêta du modèle CAPM. Mit : valeur de marché. B/Mit : ratio valeur comptable sur valeur de marché. LEVit : endettement = valeur comptable des actifs totaux sur valeur comptable des capitaux propres. E(+)/Pit : ratio bénéfice sur cours, seulement les bénéfices positifs. E/P dummyit: bénéfice négatif, c’est une variable muette ; = 1si le bénéfice <0 ; = 0 ailleurs. Qit : Q-scores. 2) Le conservatisme et les différences internationales : Les études traitées dans cette partie ont étendu la recherche de Basu (1997) à plusieurs systèmes comptables (plusieurs GAAP). Ces recherches peuvent être classées en deux catégories : * Ceux qui font la comparaison entre les systèmes comptables des pays appartenant au même modèle, et * Ceux qui font la comparaison entre les systèmes comptables des pays appartenant à des modèles différents. 52 Toutes les études qui seront citées dans ce qui suit, sont basées sur le modèle développé par Basu (1997), ainsi que sur sa mesure des bonnes et mauvaises nouvelles. Mais, certaines recherches comme celle de Pope & Walker ou celle de Huijgen & Lubberink, ont fait des améliorations méthodologiques et surtout ont développé un soubassement économétrique au modèle de Basu. a) Etude de Pope & Walker (1999) : Pope & Walker (1999) ont analysé les différences du point de vu de la prise en compte du revenu en comptabilité entre les Etats-Unis et La Grande Bretagne, en se basant sur le working paper de BKR (1997). L’objectif de l’étude est double, vérifier si le bénéfice avant et après éléments extraordinaires aux US est plus pertinent que celui aux UK et examiner la rapidité avec laquelle les nouvelles des périodes antérieures sont prises en compte dans les bénéfices actuels. L’hypothèse implicite de l’étude, est que le bénéfice après éléments extraordinaires aux UK est plus pertinent que celui aux US. Dans cette étude, L’échantillon est composé par l’ensemble des firmes côtés sur les bourses : NYSE/ AMEX pour les US et sur le London stock exchange pour le UK. Les deux bases de données utilisées sont : COMPUSTAT et DATASTREAM. L’étude couvre une période de 21 ans, soit de 1976 jusqu’à 1996. Pope & Walker (1999) furent les premiers à fournir un fondement économétrique au modèle développé par Basu (1997) (18) . Ce travail capte l’intuition derrière le modèle de Basu. Dans ce qui a précédé, on a présenté le fondement économétrique du modèle de Basu (18) En critiquant l’article de Pope & Walker, Basu (1999) note que : « ils ont introduit une bonne représentation du conservatisme qui peut être développé pat la suite ». 53 et les arguments pour le choix des rendements non anticipés comme mesure des nouvelles. b) Etude de Ball, Kothari & Robin (2000) : Malgré que la publication de l’étude de Ball, Kothari & Robin (BKR) soit en 2000, leur working paper date de 1997. Ils furent les premiers à étendre l’étude de Basu à un contexte plus large, il s’agit du contexte international. Ils ont comparé les propriétés du bénéfice entre plusieurs pays, composant le modèle anglo-saxon et le modèle européen continental (pays à système codifié) (19) . L’objectif consiste à examiner l’impact des différences internationales sur les propriétés des bénéfices (la pertinence et le conservatisme). BKR (2000) ont proposé plusieurs hypothèses dont les plus importantes sont : - Hypothèse 1 : «les revenus dans les pays à système codifié sont plus lissés et moins rapide lors de l’incorporation des variations de la valeur de marché que les pays à système basé sur la jurisprudence ». - Hypothèse 2 : « le bénéfice dans les pays ‘’common law ‘’ est plus conservateur que celui des pays ‘’code law’’ ». - Hypothèse 3 : « le bénéfice des pays common law est plus pertinent que les cashflows d’exploitation ». Les données comptables et boursières, utilisées dans cette étude, sont extraites de la base de données Global Vantage Industrial/Commercial (IC) file. L’échantillon final est composé de 40.359 année-firme observations sur une période de 11 ans (soit, de 1985 jusqu’à 1995) et porte sur sept pays : Australie, Canada, UK et USA (common (19) Nobes & Parker (1995) ont classé les systèmes comptables des pays selon l’orientation économique (P.71). 54 law countries) et la France, l’Allemagne et le Japon (code law countries). Un échantillon supplémentaire a été utilisé et qui porte sur dix huit pays. La mesure retenue pour les nouvelles est celle de Basu (1997), à savoir les rendements non anticipés. BKR ont utilisé aussi le modèle de Basu présenté ci-dessus. c) Etude de Giner & Rees (2001) : L’étude Giner & Rees (2001) présente quelques particularités par rapport aux autres études dans la mesure où la comparaison est faite entre des pays appartenant à la communauté européenne, et qui sont par conséquent soumises aux directives européennes. L’objectif est de démontrer que malgré l’appartenance à des modèles différents, la France, l’Allemagne et le UK ont le même degré du conservatisme, puisqu’ils sont régis par les mêmes directives. Les données, utilisées dans cette étude, ont été collectées à partir de l’Extel Financial Company Analysis Service. L’échantillon est composé par 1425 firmes françaises, 1391 firmes allemandes et 6022 firmes anglaises. L’étude a été limitée à la période 1990 – 1998, pour s’assurer que les pays ont adopté les directives européennes. Les modèles de leur recherche sont fondés sur l’étude de Basu (1997), Ball & Al (2000) et Pope & Walker (1999). Giner & Rees ont utilisé les trois approches suivantes : ♦ Les modèles utilisant les nouvelles de la période actuelle : Xt/Pt-1 = α0 + α1Dt + α 2 Rt + α3 Rt* Dt + υt 55 ♦ Les modèles incorporant les bénéfices de la période précédente : Il s’agit d’une extension du modèle de Basu. D’après ses analyses, les bonnes nouvelles apparaissent graduellement dans les bénéfices, et les mauvaises nouvelles apparaissent plus rapidement. Par conséquent, l’impact des bonnes nouvelles sur les bénéfices doit être persistent, alors que celui des mauvaises nouvelles transitoires. Comme il a été modélisé par Pope & Walker (1999), les bénéfices divulgués diffèrent des bénéfices permanents par l’impact des bonnes et mauvaises nouvelles. Les composantes des bonnes nouvelles seront retardées et sont incorporées graduellement alors que les composantes des mauvaises nouvelles sont incorporées totalement. Giner & Rees (2001) ont rendu opérationnel les chocs des bonnes et mauvaises nouvelles par l’incorporation, non seulement des bénéfices des périodes précédentes, mais aussi une variable muette pour identifier les pertes. Cette approche permet d’examiner la persistance des bénéfices et aussi la persistance différentielle entre les gains et les pertes, ce qui est une conséquence du conservatisme. Le modèle est le suivant : Xt/Pt-1 = β0 + β1Dt + β2Rt + β3 Rt* Dt + β4Lt + β5 (Xt-1/Pt-1 ) + β6Lt(Xt-1/Pt-1 ) + υt . ♦ Les modèles incorporant les nouvelles des périodes précédentes : D’après la définition de Basu, le conservatisme implique la prise en compte des mauvaises nouvelles au moment de leur apparition et le retardement de la prise en compte des bonnes nouvelles jusqu’à leur réalisation effective. Par conséquent, les bonnes nouvelles apparaissent avec un retard dans les bénéfices. Ceci n’est pas le cas pour les mauvaises nouvelles. - Le modèle A : 56 Xt/Pt-1 = γ0 + ∑= γ1+T Dt −T + ∑γ4+T Pt −T − Pt −T −1 +∑γ 7+T Dt −T Pt −TP−tP−1t −T −1 + ξt 2 T 0 2 2 T =0 Pt −1 T =0 - Le modèle B : t −T −1 + ξt Xt/Pt-3 = γ0 + ∑= γ1+T Dt −T + ∑γ4+T Pt −T − Pt −T −1 +∑γ 7+T Dt −T Pt −TP−tP −3 2 T 0 2 T =0 2 Pt −3 T =0 d) Etude de Huijgen & Lubberink (2001) : La nouveauté de la recherche faite par Huijgen & Lubberink (2001) réside au niveau de la méthodologie et au niveau de la comparaison entre le degré de conservatisme des firmes côtés sur le marché international et celles côtés sur le locale. On a classé cette recherche parmi les études ci-dessus, parce que l’objectif le plus intéressant dans étude réside dans la comparaison entre le degré de conservatisme des Dutch GAAP et celui des US GAAP. Huijgen & Lubberink ont utilisé un échantillon composé par des firmes Hollandaises qui ont une double cotation (aux Etats-Unis et aux pays Bas). Il contient aussi des firmes américaines. La base utilisée c’est l’AEX et l’AMX.L’étude s’étale sur une période de huit ans, soit de 1993 jusqu’à 2000. La méthodologie employée pour la mesure du conservatisme des bénéfices est similaire à celles de Basu (1997) ; Ball & al (2000) et Pope & Walker (1999). Mais, elle garde sa particularité par rapport aux autres méthodologies. En fait, elle suppose que les bénéfices reflètent asymétriquement les variations de la valeur de la firme des périodes précédentes. Les variations négatives- mauvaises nouvelles -sont prises en compte immédiatement dans les bénéfices, alors que les variations positives- bonnes nouvelles – seront incorporées graduellement dans les bénéfices. 57 Le modèle qui relie les variations de la valeur de la firme avec les bénéfices peut être présenté comme suit : + − Xt = 1 Pt − ϕ tΔηt +υ tΔηt + ηt Pt −1 K Pt −1 Pt −1 Pt −1 Pt −1 (1) Il y a deux composantes des nouvelles, les bonnes nouvelles : Δη + ( Δη = Δη + ≥ 0 ) ; les mauvaises nouvelles : Δη − ( Δη = Δη − ≤ 0 ) . ηt : représente les effets des nouvelles des périodes précédentes sur le bénéfice actuel ; ηt = f( Δη t −1, Δη t −2,..., Δη t −∞ ) Ce modèle montre que les bénéfices ne reflètent pas parfaitement les changements de la valeur de la firme. Le paramètre ϕ t : reflète la non prise en compte partielle des + − bonnes nouvelles dans les bénéfices ( Δη t ≥ 0, Δηt = 0 ) et le paramètre υ t : Reflète la − + prise en compte immédiate des mauvaises nouvelles ( Δη t ≤ 0, Δηt = 0 ) . Le conservatisme se manifeste par des valeurs positives pour ϕ t et υ t . Ils introduisent par la suite une variable muette (nouvelles) pour les firmes publiant des mauvaises nouvelles en vu d’estimer séparément les coefficients pour les deux groupes : le groupe des firmes publiant des bonnes nouvelles et le groupe des firmes publiant des mauvaises nouvelles. L’utilisation de la variable muette permet de réécrire l’équation (1) comme suit : Xt/Pt-1= 1 + 1−ϕ Rt + ϕ t +υ t Nouvelles.Rt + η t K K K Pt −1 (2) Ce modèle constitue le fondement du modèle utilisé par Basu (1997) et Ball & al (2000), qui ont utilisé la l’équation de régression suivante : Xit / Pit-1 = β0 + β1Nouvelles + β2 Rit + β3 Nouvelles.Rit + ξt (3) 58 La comparaison du conservatisme nécessite la comparaison des valeurs des coefficients (des pentes) des bonnes nouvelles (β2) versus les coefficients des mauvaises nouvelles (β2 + β3). A cause du conservatisme la valeur du coefficient des bonnes nouvelles est inférieure à la valeur du coefficient des mauvaises nouvelles. Pour mesurer le degré du conservatisme, Huijgen & Luberrink ont développé la mesure suivante : CM = β2 + β3 1+ ϑ t = β2 1− ϕ t (4) 59 II- Synthèses des principaux résultats : 1) Les résultats des études portant sur le marché local : Les résultats obtenus par Basu (1997) confirment ses prédictions. En effet, le conservatisme a un impact asymétrique sur les bénéfices, de façon qu’il reflète les mauvaises nouvelles plus rapidement que les bonnes nouvelles. La sensibilité des bénéfices aux rendements négatifs est deux à six fois plus large que leur sensibilité aux rendements positifs. Les résultats confirment aussi que le conservatisme se manifeste au niveau des accruals. La pertinence des bénéfices par rapport aux cash-flows(20) est due à la prise en compte plus rapide des mauvaises nouvelles à travers les accruals. Les tests effectués par Basu révèlent aussi que la sensibilité des bénéfices aux rendements négatifs a augmenté par rapport à leur sensibilité aux rendements positifs. Ceci implique que le conservatisme de la comptabilité aux Etats-Unis a augmenté durant les trois dernières décennies. Le même résultat a été obtenu par Givoly & Hayn (2000). En utilisant les quatre mesures du conservatisme, ils ont abouti à des résultats consistants avec l’augmentation du degré du conservatisme aux Etats-Unis dans les deux dernières décennies. Selon Givoly & Hayn, l’absence d’une définition du conservatisme et des mesures bien précises permettant de déterminer son degré rendent difficile les jugements définitifs. Les résultats obtenus par Penman & Zhang (2001), montrent que le conservatisme de (20) Dechow (1994) a trouvé le même résultat. Elle démontre que le bénéfice a un contenu informationnel plus important que les cash-flows. 60 la comptabilité, combiné avec les investissements, affectent négativement la qualité des bénéfices (ils deviennent de mauvaises qualité). Ils deviennent un mauvais indicateur des bénéfices futurs. Ces résultats sont à l’encontre de l’application du principe de conservatisme, étant donné que son application affecte négativement la qualité du bénéfice. Mais, peut-on considérer le conservatisme comme facteur principal qui affecte la qualité du bénéfice ? 2) Les résultats des études portant sur les comparaisons internationales : Les résultats de l’étude de Pope & Walker (1999) montrent que le degré de conservatisme des bénéfices avant éléments extraordinaires aux Etats-Unis est plus élevé que celui en UK. Par contre, le degré de conservatisme des bénéfices avant éléments extraordinaires en grande Bretagne est plus élevé que celui aux Etats-Unis. En effet, l’examen du bénéfice après éléments extraordinaires montre que la sensibilité du bénéfice aux mauvaises nouvelles était plus élevée pour les GAAP de la grande Bretagne. Les résultats montrent aussi que le conservatisme aux Etats Unis est caractérisé par la faible prise en compte des bonnes nouvelles dans les bénéfices. L’étude de Ball, Kothari & Robin (2000) confirment l’hypothèse selon laquelle les pays à système basé sur la jurisprudence (‘’common law countries’’) ont un degré de conservatisme plus élevé que les pays à système codifié (‘’code law countries’’). Ces résultats sont confirmés par les tests effectués sur l’échantillon supplémentaire. Les résultats de cette étude montrent que le conservatisme est une propriété universelle du bénéfice. Autrement dit, le conservatisme existe dans les systèmes comptables, mais avec des degrés variables (21) . (21) Nobes & Parker (1995) confirment l’idée de la variabilité du degré du conservatisme d’un pays à l’autre, « à cause des différents utilisateurs dans des pays différents, le conservatisme est peut être de différents degrés ».(P.45) 61 Pope & Walker concluent que la comptabilité aux Etats Unis est plus conservatrice que celle en grande Bretagne pour les bénéfices avant éléments extraordinaires. Ces résultats sont consistants avec ceux de BKR (2000), mais on remarque le phénomène inverse pour les bénéfices après éléments extraordinaires. La comparaison de ces deux résultats dépend de la référence utilisée (bénéfice avant ou après éléments extraordinaires) pour faire la comparaison inter-pays. Pour un échantillon de firmes françaises, allemandes et britanniques s’étalant sur 9 ans (1990-1998), Giner & Rees (2001) ont confirmé l’existence du conservatisme dans les trois pays sus-cités. Ceci est consistent avec les théories et les recherches déjà faites. Contrairement aux résultats trouvés par BKR (2000), aucune différence significative n’a été trouvée entre les trois échantillons à l’exception de la constante, qui est légèrement plus grande pour l’Allemagne. Mais, ceci est consistent avec les résultats de BKR (2000) pour la période : 1991-1995. Les résultats indiquent qu’il n’y a pas de différence entre le degré du conservatisme des trois pays, malgré l’appartenance à des modèles comptables différents (selon la classification de Nobes & parker [1995]) (22) . Cependant, les différences entre les constantes sont consistantes avec un plus grand ‘’ex-ante’’ conservatisme (‘’pervasive’’ conservatism) pour l’Allemagne. L’examen de l’influence des bénéfices des périodes précédentes (c.à.d la persistance des bénéfices), montre l’existence de nettes différences entre les trois pays. En France et au UK les bénéfices sont persistants, alors que les pertes sont transitoires. Par contre, ces résultats ne sont pas confirmés pour l’échantillon des firmes allemandes. (22) Basu (2001) avance trois explications pour les résultats trouvés par Giner & Rees : - Les trois systèmes comptables ont été harmonisés sous les directives européennes. - Les firmes en Europe ont augmenté le degré du conservatisme de leur reporting financier pour attirer les capitaux étrangers. - La possibilité de diffusion des pratiques d’audit des pays Anglo-saxons vers l’Europe. 62 Enfin, les résultats de l’étude de Huijgen & Lubberink (2001), pour la période 19932000, montrent que le bénéfice publié par les firmes côtés aux Etats Unis est plus conservateur que le bénéfice reporté par les firmes côtés aux pays bas seulement. La comparaison du degré du conservatisme des firmes américaines avec celui des firmes hollandaises montre l’absence de différences significatives entre les GAAP américains et les GAAP des pays bas. 63 Conclusion Malgré que les études aient porté sur des contextes différents et parfois sur des contextes similaires (Exemple, UK et US), les résultats des recherches antérieures convergent vers la reconnaissance du conservatisme en tant que propriété universelle du bénéfice. Ceci confirme les théories sur l’existence et l’influence du conservatisme sur la comptabilité. Le conservatisme est une propriété de la comptabilité qui est universelle. En effet, cette propriété est une caractéristique commune à tous les systèmes comptables, avec quelques différences au niveau de son degré. Ce phénomène (ou cette propriété) joue le rôle d’un « catalyseur » ou d’un « enzyme » dans les relations contractuelles entre les propriétaires et les managers. En effet, l’asymétrie d’information entre les deux parties peut être réduite par la publication des états financiers caractérisés par l’application du principe de conservatisme. L’étude de ce principe est bénéfique aussi bien aux utilisateurs des états financiers qu’aux propriétaires, dans la mesure où il permet aux utilisateurs de faire les ajustements nécessaires, selon le degré de conservatisme d’un système comptable, aux états financiers avant de prendre les décisions. Il permet aussi aux propriétaires de réduire l’opportunisme des dirigeants. 64 2éme partie : Mise en évidence du conservatisme sur le plan empirique 65 Introduction Nous essayerons dans la présente recherche d’apporter une évidence supplémentaire sur un contexte différent des études antérieures. L’originalité de cette étude réside dans le contexte, dans la mesure où la comptabilité en Tunisie a deux tendances : Une tendance vers le modèle européen continental ou ce qu’on appelle le modèle Franco-Allemand, caractérisé par l’influence de la fiscalité sur la prise en compte des produits et des charges en comptabilité et sur l’application d’autres principes comptables. Il est caractérisé aussi par la codification. Et une tendance vers le modèle Anglo-saxon, qui est caractérisé par la séparation nette entre les règles comptables et les règles fiscales et la liberté d’interprétation des principes comptables (basé sur la jurisprudence). Cette deuxième tendance s’explique par une raison purement financière, étant donné que le financement du nouveau système comptable a été assuré par des capitaux américains. 66 Chapitre I Les hypothèses et la méthodologie I- Développement des hypothèses : D’après la théorie positive de Watts & Zimmerman (1986), le conservatisme de la comptabilité joue ex-ante un rôle contractuel efficient entre les parties prenantes de la firme. Dans un monde d’incertitude, le conservatisme permet de faire face à l’asymétrie d’information entre les managers et les autres partenaires de la firme, surtout lorsque la rémunération des dirigeants est indexée sur le bénéfice. Ce phénomène affecte les propriétés du bénéfice, surtout sa pertinence (timeliness). En effet, le bénéfice reflète les mauvaises nouvelles de façon instantanée, alors qu’il retarde ou il ralentit la prise en compte des bonnes nouvelles jusqu’à leur réalisation effective. Le conservatisme affecte principalement les accruals. Autrement, c’est la composante du bénéfice la plus touchée. Donc, le conservatisme se manifeste à priori au niveau des accruals (23) . Pour tester ces prédictions, on va essayer de valider les hypothèses qui portent d’une part, sur l’influence du conservatisme sur la relation entre le bénéfice et le rendement et d’autre part, sur la comparaison entre les cash-flows et les bénéfices en présence du conservatisme. (23) Le bénéfice est la somme des cash-flows et des accruals. 67 1) Le conservatisme et la relation bénéfice – rendement : Dans un marché efficient (24) , les cours des titres sont affectés par les événements économiques qui se réalisent à un moment donné. Ceci est dû aux changements des anticipations des investisseurs concernant les cash-flows futurs (Dumontier & Labelle, 1998). La prise en compte des changements des cash-flows dans les bénéfices doit se conformer aux règles de prise en compte des produits et charges en comptabilité (réalisation des revenus, rattachement des charges aux produits…). L’application de ces règles entraîne un retard d’incorporation de la majorité des événements économiques dans les états financiers. Ce retard est reconnu dans la littérature sous le nom de « retard de reconnaissance comptable » (« accouting recognition lag ») (25) . Mais, par application du principe de prudence, seuls les événements économiques à impacts négatifs (les mauvaises nouvelles) seront incorporés dans les bénéfices actuels de façon instantanée. Par contre, les événements économiques à impacts positifs (bonnes nouvelles) seront pris en compte avec un retard, c’est à dire attendre leur réalisation effective. Les comptables anticipent les pertes et les comptabilisent par application du principe de prudence, alors que l’enregistrement des gains sera suspendu jusqu’à leur réalisation effective. Par exemple, les cash-flows provenant d’un nouvel investissement, d’une nouvelle campagne publicitaire, des dépenses de recherches et de développement, ect…, ne (24) L’hypothèse d’efficience du marché est une hypothèse implicite de toutes les études d’associations. Elle fait référence à l’éfficience du marché financier telle que définie par Fama (1970). (25) C’est la définition de Kothari(2001). 68 seront pris en compte qu’au moment de leur réalisation. Par contre, les pertes probables sur un marché à achèvement futur, sur une créance sur un client devenu douteux, seront provisionnées au cours de l’exercice où d’éventuels événements ont lieu. Par conséquent, l’association entre les bénéfices et le rendement négatif (qui représente les mauvaises nouvelles) sera plus grande que l’association entre les bénéfices et le rendement positif (qui représente les bonnes nouvelles). Cette prédiction s’explique par le fait que le conservatisme résulte en une incorporation plus rapide des mauvaises nouvelles, relativement aux bonnes nouvelles. Le résultat de cet effet asymétrique du conservatisme est que les bonnes nouvelles seront incorporées dans les bénéfices avec un retard ou un décalage, alors qu’elles sont reflétées dans les cours actuels. Ceci explique la faible association entre le bénéfice et le rendement positif par rapport à l’association entre le bénéfice et le rendement négatif. D’où l’hypothèse : H1 : « l’association entre les bénéfices annuels et les rendements annuels, est plus élevée pour les rendements négatifs que les rendements positifs ». On va tester l’hypothèse en utilisant la régression inverse (‘reverse regression’) (26) . Les bénéfices, comme variable dépendante, contiennent plus d’informations pertinentes pour l’échantillon des firmes à rendements négatifs (mauvaises nouvelles), résultant en un pouvoir explicatif (R2) plus élevé pour cet échantillon. De même, la pente ou ∂bénéfice / ∂rendement est prévue à être plus grande pour l’échantillon à rendements négatifs que celui à rendements positifs. 3 (26) Cready, Hurt & Seida (2001) ont fournit un cadre général pour l’application de la régression inverse et ils démontrent les avantages procurés par ce type de régression. 69 2) Comparaison entre les bénéfices et les cash flows en présence du conservatisme L’asymétrie d’information entre les managers et les autres parties prenantes de la firme crée un besoin d’une mesure interne de la performance de la firme. Cette mesure de performance peut être utilisée pour récompenser ou au contraire, pour pénaliser les managers. Le succès d’une firme dépend de sa capacité à générer des encaissements. Donc, une des mesures de la performance c’est l’utilisation des encaissements nets ou ce qu’on appelle aussi les cash-flows réalisés (Dechow, 1994). Mais, sur de courtes périodes, l’utilisation des cash-flows réalisés comme mesure de la performance n’est pas nécessairement informative. Ceci est dû au fait que les cash-flows ont des problèmes de ‘timing’ et de ‘matching’. Pour faire face à ces problèmes, la comptabilité utilise les accruals pour changer le timing de prise en compte des cash-flows dans les bénéfices. Il y a deux principes comptables (conventions comptables) qui guident le calcul des bénéfices : le principe de réalisation des revenus et le principe de rattachement des charges aux produits. Selon le premier principe, les revenus doivent être comptabilisés lorsque les conditions suivantes sont satisfaites : ► L’entreprise a transféré à l’acheteur les principaux risques et avantages inhérents à la propriété. ► Le montant des revenus peut être mesuré de façon fiable. ► Il est probable que les avantages futurs associés à l’opération bénéficieront à l’entreprise. ► Les dépenses encourues ou à encourir peuvent être mesurées de façon fiable. 70 Selon le deuxième principe (le rattachement des charges aux produits) (27) , il faut établir une correspondance directe ou indirecte, entre les produits et les charges de l’entreprise. Lorsque les revenus sont comptabilisés au cours d’un exercice, toutes les charges ayant concouru à la réalisation de ces revenus doivent être déterminées et rattachées à ce même exercice (28) . Donc, l’utilisation des accruals fournit des règles sur le temps de prise en compte des cash-flows dans les bénéfices, de façon que ces derniers reflètent le mieux la performance que les cash-flows. Si une entreprise fait un acompte pour son fournisseur, donc il y a diminution des cash-flows de la période actuelle et, toute chose étant égale par ailleurs, une augmentation pendant les périodes futures. Selon cet exemple, les cash-flows sont corrélés négativement. En général, les variations de court terme des décisions d’investissement et de financement du cycle d’exploitation (comme la variation des stocks, des créances clients, des dettes fournisseurs, …) causent une corrélation négative des cash-flows à travers le temps, dont les accruals essaient de l’éliminer du bénéfice (Dechow & al, 1998). Les accruals permettent aux comptables de pendre en compte les mauvaises nouvelles sur les cash-flows futurs de façon asymétrique. Les pertes non encore réalisées réduisent les bénéfices actuels, mais n’exercent aucun impact sur les cash-flows actuels. Par contre les gains probables n’affectent ni les bénéfices actuels ni les cashflows actuels. Etant donné que le bénéfice est la somme des cash-flows et des accruals, et si les pertes latentes et non les gains probables sont enregistrés en comptabilité, alors le (27) Principe prévu par le cadre conceptuel de la comptabilité financière en Tunisie. (29) Cette règle est prévue par le paragraphe 9 de la norme relative aux revenus (système comptable tunisien 1997). 71 bénéfice sera plus conservateur que les cash-flows. Ceci est dû aux accruals. Par conséquent, la différence de sensibilité du bénéfice et des cash-flows aux mauvaises nouvelles est plus grande que leur différence de sensibilité aux bonnes nouvelles. D’où l’hypothèse : H2 : « La pertinence des bénéfices par rapport aux cash-flows est plus grande pour les rendements négatif que les rendements positifs ». II- Méthodologie 1) Présentation de l’échantillon : L’échantillon est composé par l’ensemble des années-firmes observations, qui sont côtés à la bourse des valeurs mobilières de Tunis (BVMT) et pour lesquelles les cours de début et de clôture de chaque exercice comptable (01/01 et 31/12) sont disponibles, ainsi que les états financiers relatifs aux exercices comptables allant de 1997 jusqu’à 2000. Certains états financiers non encore publiés dans le bulletin officiel du conseil du marché financier, ont été directement collectés des entreprises concernées. L’étude couvre une période de 4 ans, soit de 1997 jusqu’à 2000. Le choix de cette période s’explique par le fait que la réforme comptable a eu lieu au début de 1997, pour cette raison on a choisi cette période plus ou moins courte. En effet, il est intéressant de considérer cette période étant donné la nouvelle orientation de notre système comptable vers le modèle anglo-saxon tout en gardant les traits du modèle franco-Allemand ou ce qu’on appelle le modèle européen continental. Toutes les variables comptables, mesurées par action, sont divisées par le cours de début de la période pour essayer de contrôler l’hétéroscédasticité (Christie, 1987). 72 L’échantillon total est composé par 89 année-firme observations, dont 55 firmes constituent l’échantillon à rendement positif et 34 firmes constituent l’échantillon à rendement négatif. Ces deux sous échantillons peuvent être décomposés de la façon suivante : - Echantillon à rendement positif : il est composé par 55 firmes dont les bénéfices sont disponibles. Alors qu’il est composé par seulement 44 firmes dont les bénéfices et les cash-flows sont à la fois disponibles. - Echantillon à rendement négatif : il est composé par 34 firmes dont les bénéfices et disponibles et 29 firmes dont les cash-flows sont disponibles. 2) Définition des variables : Dans cette étude on utilisera la régression linéaire pour tester les hypothèses. Donc, dans ce paragraphe on va définir les variables dépendantes et indépendantes, ainsi que les variables muettes. Il est à remarquer qu’on va utiliser la régression inverse, c’est pour cette raison que la variable dépendante sera les bénéfices ou les cash-flows d’exploitation. Alors que la variable indépendante sera les rendements boursiers. a- Les variables indépendantes : La variable indépendante est la rentabilité ou le rendement boursier d’un titre i durant l’année t. Elle est mesurée ainsi : Rit = (Pit - Pit-1)/ Pit-1 □ Pit : le cours de l’action i à la fin de l’année t (au 31/12) : cours de clôture. □ Pit-1 : le cours de l’action i au début de l’année t (01/01) : cours d’ouverture. 73 Certains proposent d’ajuster les rendements aux distributions de dividendes éventuelles, ainsi qu’aux attributions des droits préférentiels de souscriptions ou des droits d’attributions de la façon suivante : Rit = (Pit - Pit-1 + dait + dpsit)/ Pit-1 □ Pit : le cours de l’action i à la fin de l’année t (au 31/12) : cours de clôture. □ Pit-1 : le cours de l’action i au début de l’année t (01/01) : cours d’ouverture. □ dait : le droit d’attribution relatif à une augmentation de capital par distribution d’action gratuites. □ dpsit : le droit préférentiel de souscription relatif à une augmentation de capital par émission d’actions nouvelles. Mais, Easton & al (1992) montrent que l’utilisation des rendements ajustés par les dividendes n’a aucun effet sur le résultat. C’est pour cette raison qu’on n’utilisera pas cet ajustement (30) . b- Les variables dépendantes : Pour tester la deuxième hypothèse, on doit comparer les bénéfices avec les cash-flows. Pour cela, on doit définir les deux variables suivantes : * Le bénéfice comptable : Il s’agit du résultat comptable de l’exercice publié au niveau des états financiers. On utilisera le bénéfice par action, BPAit : le bénéfice par action de l’entreprise i pendant l’année t. Pour les périodes excédant l’année, le bénéfice est mesuré par : (30) Le même raisonnement a été utilisé par Dumontier & Labelle (1998). 74 T T ∑BPA + ∑d (R ) it BPAiT/Pio= t =1 t f t =1 Pio □ Rf : taux de placement sans risque. □ dt : le taux de distribution des dividendes. □ BPAiT : le bénéfice par action de toute la période T. * Le flux de trésorerie d’exploitation (CFO) : La rubrique flux de trésorerie d’exploitation peut être obtenue par deux méthodes : La première méthode est la méthode indirecte, étant donné que le cash-flow est calculé à partir du bilan de la façon suivante : CFO = B + DAMP +∆DE - ∆VRE Où □ CFO : cash-flow d’exploitation □ DAMP : dotations aux amortissements et aux provisions de l’exercice. □ ∆DE : variations des dettes d’exploitation. □ ∆VRE : variation des valeurs d’exploitation. La rubrique VRE est composée par les valeurs d’exploitation (stocks), fournisseurs avance et acompte, clients, effets à recevoir et autres valeurs réalisables d’exploitation. La rubrique dette d’exploitation est composée par les dettes fournisseurs, les effets à payer, les clients avance et acompte et les autres dettes d’exploitation. La deuxième méthode est directe. Elle consiste à prendre directement la rubrique flux de trésorerie d’exploitation à partir de l’état de flux de trésorerie. c- Les variables muettes : Pour éviter l’utilisation de deux modèles pour tester la première et la deuxième hypothèse, on introduira une variable muette ( à l’instar de Basu [1997] ). Autrement 75 pour éviter l’utilisation d’un modèle pour les bonnes nouvelles et un modèle pour les mauvaises nouvelles. La variable muette est la suivante : Dit = 1 si Rit < 0 0 Ailleurs. L’utilisation d’un seul modèle est bénéfique dans la mesure où elle permet d’éviter la comparaison de deux modèles non emboîtés ( qui ont la même variable dépendante, mais deux variables explicatives différentes ), ça permet aussi d’augmenter le nombre d’observations. 3) Présentation des modèles : Le phénomène qu’on va étudier met en interaction les deux variables bénéfice et rendement. La relation entre ces deux variables est linéaire. De ce fait, on présentera les modèles qui seront utilisés pour valider empiriquement les hypothèses de la recherche. En effet, les modèles ont été utilisés par plusieurs chercheurs dans plusieurs contextes et qui ont un soubassement économétrique. a- Modèle portant sur la relation bénéfice-rendement : Pour valider la première hypothèse stipulant que la relation entre le bénéfice et le rendement négatif (mauvaises nouvelles) est plus importante que celle entre le bénéfice et le rendement positif (bonnes nouvelles), Basu (1997) a développé un modèle de régression linéaire. Le modèle qui sera utilisé dans cette étude est de celui de Basu : Xit / Pit-1 = α0 + α1 Dit + β0 Rit + β1 Rit* Dit L’utilisation de la régression inverse est bénéfique parce que la méthode des moindres carrés ordinaires (olsq) et les tests statistiques sont bien spécifiés lorsque la variable expliquée est utilisée comme variable indépendante et la variable explicative comme 76 variable dépendante (Basu, 1997). Ce modèle peut être remplacé par deux autres modèles, un pour les bonnes nouvelles et l’autre pour les mauvaises nouvelles. - Modèle des bonnes nouvelles : Xit / Pit-1 = α 0 + β1 Rit + ξit si Rit < 0 - Modèle des mauvaises nouvelles : Xit / Pit-1 = α’0 + β1’ Rit + ξ’it si Rit < 0 b- Modèle portant sur les comparaisons entre les cash-flows et les bénéfices : Il s’agit de faire la comparaison entre les bénéfices et les cash-flows du point de vue de leur rapidité à refléter les nouvelles au cours de la période actuelle. Le modèle utilisé est le suivant : Y = α 0 + α1 Dit + β0 Rit + β1 Rit* Dit Avec Y est soit les cash-flows, soit le bénéfice net de l’exercice. On utilisera le test de Fisher (F-test) pour s’assurer qu’il n’y a pas d’égalité entre les coefficients des deux régressions. 77 Chapitre II Analyse des résultats Introduction Malgré l’absence d’une définition ‘officielle’ (31) du conservatisme, les chercheurs ont essayé d’avancer quelques définitions. Ces définitions tournent autour de la notion de ‘’prudence’’, qui est définie par le normalisateur tunisien comme étant : « la prise en compte d’un certain degré de précaution dans l’exercice des jugements nécessaires pour préparer les estimations dans des conditions d’incertitudes, pour faire en sorte que les actifs ou les revenus ne soient pas sur évalués et que les passifs ou les charges ne soient pas sous évalués » (32) . La prudence est une convention inhérente à tout système comptable. Par conséquent, le conservatisme, qui n’est autre que l’exercice de la prudence, sous-tend tout système comptable. Théoriquement, le conservatisme constitue l’ingrédient principal de la comptabilité. Mais, cela n’empêche pas de chercher son existence et son intensité sur le plan pratique. Dans ce qui suit, on essayera de dépister l’influence du conservatisme sur la relation entre les bénéfices et les rendements. Ensuite, on essayera de comparer les bénéfices et les cash-flows en présence de conservatisme. On va comparer leur aptitude à refléter les nouvelles de façon instantanée. Pour vérifier les prédictions, on considère que les relations entre ces différents phénomènes sont linéaires. Ce postulat nous permet de traiter les variables dans un modèle de régression linéaire. On présentera dans une première partie quelques statistiques descriptives nécessaires. Ensuite, on présentera les résultats obtenus, ainsi que les analyses de ces résultats. (31) Par définition officielle, on entend la définition du normalisateur. (32) Cette définition n’est autre que la définition préconisée par l’ancien IASC (nouveau IASB). 78 I- Les caractéristiques des variables : 1) Les statistiques descriptives : Le tableau 1 résume les principaux statistiques des variables de notre étude, telles que la moyenne, l’écart type, le minimum et le maximum de chaque variable ainsi que d’autres statistiques( coefficient de symétrie, coefficient d’aplatissement,…). Tableau n°1 : les principaux statistiques descriptives (cf. annexe 1, p.98) Statistiques Descriptives rendement de l'action BPACRSDE rendement positif rendement négatif cash-flow sur cours debut Valid N (listwise) N Statistic 89 89 55 34 80 0 Minimum Statistic -,594 -,767 ,009 -,594 -,652 Maximum Statistic 2,264 ,293 2,264 -,004 3,351 Mean Statistic ,13121 5,41E-02 ,34103 -,20821 ,41350 Std. Statistic ,45942 ,14212 ,45818 ,16510 ,79264 Skewness Statistic Std. Error 1,958 ,255 -3,702 ,255 2,208 ,322 -,825 ,403 2,070 ,269 Kurtosis Statistic Std. Error 5,529 ,506 18,473 ,506 5,255 ,634 -,213 ,788 3,798 ,532 -BPACRSDE : le bénéfice par action sur le cours de début de la période. - Les variables des modèles ont été divisées par le cours de début de la période pour éliminer l’effet de l’hétéroscédasticité. Le rendement moyen de l’échantillon est de 0.131 appartenant à un intervalle de rendement [-0.594, 2.264] avec un écart type de 0.459. La variabilité des rendements (CV= moyenne/écart type) est de 28.25%. La moyenne de la variable bénéfice par action est de 0.0451, avec un maximum de 0.293 et un minimum de –0.767. L’écart type est de 0.142, soit un coefficient de variation de l’ordre de 38 %. La subdivision de l’échantillon sur la base du signe des rendements, nous permet 79 d’obtenir deux sous échantillons : Un échantillon à rendement positif (55 année-firme observations) et un échantillon à rendement négatif (34 année-firme observations). Cette subdivision s’explique par le choix du rendement positif comme indicateur des bonnes nouvelles et le rendement négatif comme indicateur des mauvaises nouvelles. L’échantillon à rendement positif a une moyenne de 0.341 et un écart type de 0.458, soit un coefficient de variation de 74.45% contre une moyenne de - 0.208 pour l’échantillon à rendement négatif. Le coefficient de variation est de 126% (en valeur absolue). Enfin, les cash-flows par action ont une moyenne de l’ordre de 0.413 et un écart type de 0.792. L’indice de variabilité des cash-flows est de 52.1%. Ces statistiques descriptives nous donnent une idée sur la composition de l’échantillon et surtout sur la distribution des variables. II- Analyse des résultats obtenus : 1) Influence du conservatisme sur la relation bénéfice-rendement : Basu (1997) définit le conservatisme comme étant la prise en compte des mauvaises nouvelles dans les bénéfices plus rapidement que la comptabilisation des bonnes nouvelles. Cet effet asymétrique du conservatisme doit se manifester au niveau de l’association entre le bénéfice et le rendement (qui représente les nouvelles). Le coefficient des bonnes nouvelles sera probablement inférieur à celui des mauvaises nouvelles. De même, le pouvoir explicatif de la relation entre le bénéfice et les rendements positifs (qui représentent les bonnes nouvelles) sera inférieur à celui de la relation entre le bénéfice et les rendements négatifs (qui représentent les mauvaises nouvelles). 80 Le tableau 3 reporte les principaux résultats de l’estimation du modèle suivant, sur une période de 4 ans (1997-2000) : Xit / Pit-1 = β0+ β1Dit + β2 Rit + β3 Rit* Dit +ξit (a) Xit / Pit-1 = β0+β1 Rit +ξ’it si Rit > = 0. (b) Xit / Pit-1 = α0+α1 Rit +ξit si Rit < 0. (c) Xit est le bénéfice par action de la firme i durant l’année t. Pit est le cours de clôture de l’action de la firme i. Rit le rendement de l’action i et Dit est une variable muette = 0 si Rit > = 0 1 Ailleurs. Tableau 2 : les résultats de l’estimation des modèles de la première hypothèse (cf. annexe 2, p.100) β0 β1 β2 β3 R2ajust R2 % % Ech.total 0.04 *** (2.727) Modèle (a) 0.05 ** (2.302) Bonnes 0.051 ** (2.327) 0.075 ** (1.953) 5 6.7 0.113 *** (3.058) 0.457 *** (3.258) 22.6 24.9 10.61 nouvelles(b) Mauvaises nouvelles(c) 0.062 (1.46) 0.104 *** (3.34) 10.3 0.075 ** (2.032) 0.382 15.3 *** (2.66) F (β2 + β3)/ β2 11.3 11.11 18.2 6.3 6.09 3.81 *** significatif à 1% ** significatif à 5% Dans ce tableau on remarque que le pouvoir explicatif de la régression uni variée du bénéfice avec le rendement est de l’ordre de 10.3 %. Dans une étude similaire, Pope & 81 Walker (1999) ont trouvé un pouvoir explicatif de l’ordre de 10.5 % pour la Grande Bretagne. Dans le même ordre d’idée Giner & Rees (2001) ont trouvé un résultat de 6.4 % pour l’Allemagne, 9.8 % pour la France et 9.5 % pour le Royaume Unis. La comparaison du résultat qu’on a trouvé avec celui de l’étude qui a été faite par Sbeï(1996) sur la Tunisie et qui a trouvé un pouvoir explicatif de 6.13 % (en moyenne), montre la supériorité du contenu informationnel du bénéfice après l’année 1997. Ce résultat peut être expliqué par la nouvelle orientation vers le modèle anglosaxon. En effet, à partir de 1997 il y a eu adoption d’un nouveau système comptable. Le coefficient β est égal à 0.104 (significatif à 1 %). La régression du modèle (a) constitue le résultat principal de notre étude. Cette régression est basée sur le modèle de Basu (1997). D’après le tableau 2, le coefficient d’interaction β3 (0.382), qui mesure la différence de sensibilité du bénéfice aux rendements positifs et négatifs, est significatif à 1 % et positif. Ce coefficient indique que le bénéfice est six fois [(0.382 + .075)/0.075] plus sensible aux mauvaises nouvelles qu’aux bonnes nouvelles. Ce résultat est comparable à celui trouvé par Basu pour les Etats Unis (bénéfice six fois plus sensible aux mauvaises nouvelles qu’aux bonnes nouvelles). Dans une étude similaire, Giner & Rees (2001) ont trouvé des coefficients égaux respectivement à 0.186 pour l’Allemagne, 0.251 pour la France et 0.289 pour le Royaume unis. On remarque que le résultat trouvé pour la Tunisie est légèrement plus important que celui trouvé pour le Royaume unis et nettement plus important que celui trouvé pour les deux autres pays de l’étude. 82 Le coefficient des bonnes nouvelles, β2, est égale à 0.075(significatif à 5 %). Le signe de ce coefficient est positif, ce qui montre que la prise en compte des bonnes nouvelles est différée jusqu’à leur réalisation effective. De même on a trouvé un pouvoir explicatif d’une valeur de 15.3 % (significatif à 1 % selon le F-test). Ce pouvoir est presque identique à celui trouvé par Giner & Rees (2001) pour le Royaume unis(15.1 %). Comme on l’a indiqué précédemment le conservatisme est de deux types : le conservatisme ex-ante ou ce qu’on appelle aussi le conservatisme indépendant des nouvelles et le conservatisme des états financiers. D’après Giner & Rees, une constante positive et faible est un indicateur du conservatisme ex-ante. On remarque dans notre étude que la constante est de l’ordre de 0.05 (significatif à 5 %). Giner & Rees ont trouvé des constantes d’une valeur de 0.033 pour l’Allemagne et 0.063 pour la France, ce qui permet de situer la Tunisie entre ces deux pays. C’est à dire que la Tunisie est plus conservatrice que la France et moins conservatrice que l’Allemagne. Par conséquent, la Tunisie peut être classée parmi les pays les plus conservateurs, à l’égard de l’Allemagne. La restriction de l’échantillon aux entreprises à rendements positifs nous permet de retrouver les résultats qu’on a signalés pour les bonnes nouvelles en utilisant le modèle de Basu (1997). D’après le tableau 2, le coefficient des bonnes nouvelles est de l’ordre de 0.075 (significatif à 5 %) avec un pouvoir explicatif d’une valeur 5 %. Ce coefficient est consistent avec le retardement de la prise en compte des bonnes nouvelles dans les 83 bénéfices actuels. Par contre, les résultats de l’échantillon des firmes à rendements négatifs indiquent un coefficient d’une valeur de 0.457 (significatif à 1 %), qui est consistent avec la prise en compte des mauvaises nouvelles dans le bénéfice actuel. Ce coefficient n’est autre que la somme des deux coefficient β2 et β3 du modèle initial (Xit / Pit-1 = β0+ β1Dit + β2 Rit + β3 Rit* Dit +ξit). Ce résultat montre que l’utilisation d’un seul modèle ou de deux modèles séparés pour la mesure de la sensibilité aux bonnes et mauvaises nouvelles n’a pas d’effet sur la robustesse des résultats. Une des mesures du conservatisme c’est M1 = (β2 + β3)/ β2. Il s’agit de la propension de prise en compte des mauvaises nouvelles dans les bénéfices. Cette mesure est égale à 6.09, ce qui implique que le bénéfice est six fois plus sensible aux mauvaises nouvelles qu’aux bonnes nouvelles. Ces résultats nous permettent de confirmer l’hypothèse selon laquelle les mauvaises nouvelles sont incorporées dans les bénéfices plus rapidement que les bonnes nouvelles. Par conséquent, le conservatisme exerce un effet asymétrique sur le bénéfice. La constante est positive et significative (à 1 %). Ceci montre que les gains probables sont différés jusqu’à leur réalisation et que les pertes latentes sont comptabilisées instantanément. Le traitement des données a été fait sur des données empilées. Ce choix s’explique par la non corrélation des nouvelles d’une année à une autre. Toutefois, pour tester la robustesse de notre travail, nous avons effectué une analyse sur des données de panels. 84 Le lecteur intéressé peut se référer à l’annexe. En fait, les résultats sont similaires à ceux reportés précédemment. 2) Comparaison entre le bénéfice et les cash-flows en présence du conservatisme : Plusieurs études ont analysé la relation classique (33) entre les cash-flows et les rendements (dechow, 1994 ; Dechow & al, 1998 ; Rayburn, 1987) d’une part, et le bénéfice et le rendement d’autre part. Ces recherches ont trouvé la relation entre le bénéfice et le rendement plus importante que celle entre les cash-flows et les rendements, qui est consistant avec un contenu informationnel plus important pour les bénéfices que les cash-flows. A l’instar de Basu (1997) (34) on s’intéressera dans cette étude à la comparaison entre les cash-flows et les rendements du point de vue de leur capacité à refléter les bonnes et mauvaises nouvelles de façon instantanée et non plus à la recherche du contenu informationnel supplémentaire des bénéfices par rapport aux cash-flows. Dans un marché efficient, tous les événements économiques sont reflétés dans les cours actuels. Alors que, seuls les événements économiques à impact négatif (les mauvaises nouvelles) seront pris en compte dans les bénéfices, les événements à impact positif (bonnes nouvelles) seront différés jusqu’à leur réalisation effective. Par contre, aucun événement économique n’est reflété au niveau des cash-flows tant qu’il n’est pas encore réalisé. Par conséquent on s’attend à ce que les bénéfices reflètent plus rapidement les mauvaises nouvelles que les cash-flows. En considérant le fait que le bénéfice soit la somme des cash-flows et des accruals, alors le conservatisme se manifestera probablement au niveau des accruals. (33) Par relation classique on entend la relation linéaire entre les cash-flows et les rendements. (34) Ainsi que d’autres recherches comme celle de Ball & all (2000). 85 On va régresser chaque variable dans un modèle séparé, parce qu’il y a une grande corrélation entre les bénéfices et les cash-flows. Le tableau 4 reporte les résultats de la comparaison de deux modèles non emboîtés. Le modèle qu’on va estimer est le suivant : Y = β0+ β1Dit + β2 Rit + β3 Rit* Dit +ξit Avec Y est soit les cash-flows, soit les bénéfices. Tableau 3: Comparaison entre les bénéfices et les cash-flows en présence du conservatisme (cf. annexe 4, p.109) β0 β1 β2 β3 R2 F R2 % Ajust Ratio: R2bce/R2CFO % CFO-Rdt 0.392 *** (4.237) Bénéfice -Rdt 0.04 *** (2.727) CFO (a’) 0.325 ** (2.389) -0.178 (-0.754) 0.05 ** (2.302) 0.062 (1.46) 0.57 ** (2.18) 4.8 0.104 *** (3.34) 10.3 0.602 * (1.819) 4.75 6 2.14 -0.738 (-0.926) 5.9 11.3 2.51 9.7 2.59 Bénéfice (a) 0.075 ** (2.032) 0.382 *** 15.3 (2.66) 6.3 18.2 (a’) CFO= β0+ β1Dit + β2 Rit + β3 Rit* Dit +ξit (a) Xit / Pit-1 = β0+ β1Dit + β2 Rit + β3 Rit* Dit +ξit Xit est le bénéfice par action de la firme i durant l’année t. Pit est le cours de clôture de l’action de la firme i. Rit le rendement de l’action i et Dit est une variable muette = 0 si Rit > = 0 1 Ailleurs. *** significatif à 1% ** significatif à 5% * significatif à 10% 86 Le pouvoir explicatif de la régression uni varié entre le bénéfice et les rendements est égale à 10.3 %, qui est nettement supérieur à celui de l’association entre cash-flows et rendements (4.8 %). Le ratio : pouvoir explicatif de la relation bénéfice-rendements sur celui de la relation cash-flows -rendements, est 2.14. Ce ratio est relativement important malgré l’absence du test de Vuong (1987), qui permet de faire la comparaison de deux modèles non emboîtés. Il est à signaler que ce test n’est disponible que sur le logiciel SAS dont nous n’avons pas pu l’avoir. D’après le tableau 3, le coefficient des mauvaises nouvelles pour le modèle des cashflows (le modèle (a’)) est négatif et non significatif. Ce résultat est comparable à celui trouvé par Ball & al (2000) pour le royaume uni (-0.02), la France (-0.16) et l’Allemagne (-0.04). Dans le même ordre d’idée, le ratio : pouvoir explicatif du modèle (a) sur celui du modèle (a’) est égale à 2.59. Ball & al (2000) ont trouvé un ratio de 3.69 pour le royaume uni, 3.79 pour la France et 2.10 pour l’Allemagne. La subdivision de l’échantillon sur la base du signe du rendement nous permet de tester directement la capacité des cash-flows à refléter les mauvaises nouvelles plus rapidement que les bonnes nouvelles. Les résultats de ces tests sont résumés dans le tableau 4. 87 Tableau 4: comparaison entre les bénéfices et les cash flows (cf. annexe 4, p.108) Y = β0+β1 Rit +ξ’it (Rit > = 0) β0 R2 ajust β1 Y = α0+α1 Rit +ξit (Rit < 0) α0 α1 R2 ajust Ratio (R2MNB/ R2 MNC)1 CFO 0.325 ** (2.047) 0.602 (1.58) 3.3 0.153 *** (2.78) 0.228 (0.214) 0.9 25.11 Bénéfice 0.051 ** (2.327) 0.075 ** (1.953) 5 0.113 *** (3.058) 0.457 *** (3.258) 22.6 1 : le pouvoir explicatif du modèle des mauvaises nouvelles pour les bénéfices sur celui des cashflows. - CFO: cash flow d’exploitation *** significatif à 1 %. ** significatif à 5 %. Le coefficient de l’association entre les cash-flows et les rendements négatifs (0.228) n’est pas significatif. Par contre, le coefficient de la relation bénéfices-rendements négatifs est significatif à 1 % (0.457). Le ratio des deux pouvoirs explicatifs (bénéficerendements négatifs / CFO rendements négatifs) est égale 25.11. Ce ratio est plus important que celui trouvé par Ball & al (2000) pour le royaume uni (13.85), l’Allemagne (13.96) et les Etats unis (7.31). Ces résultats montrent que le bénéfice reflète les mauvaises nouvelles plus rapidement que les cash-flows. Ce qui permet de confirmer notre hypothèse de la pertinence des bénéfices par rapport aux cash-flows. La supériorité des bénéfices par rapport aux cash-flows est due aux accruals, parce le bénéfice est la somme des cash-flows et des accruals. Mais, il reste à déterminer la composante des accruals la plus affectée par le conservatisme. Il est à signaler que la comparaison des résultats avec ceux de Giner & Rees (2001) ou avec ceux de Ball & al(2000) montre que l’appartenance de la Tunisie aussi bien aussi 88 bien au modèle anglo-saxon qu’à celui Franco-Allemand constitue une caractéristique distinctive de la Tunisie du point de vue du conservatisme de la comptabilité. Cette étude confirme l’effet asymétrique du conservatisme sur le bénéfice. En effet, le bénéfice prend en compte les mauvaises nouvelles rapidement, alors qu’il retarde la prise en compte des bonnes nouvelles jusqu’à leur réalisation effective. D’ailleurs, la constante du modèle, Xit / Pit-1 = β0+ β1Dit + β2 Rit + β3 Rit* Dit +ξit, est positive et significative. Ce qui montre que ce sont les bonnes nouvelles des périodes passées qui sont reflétées dans le bénéfice actuel. 89 Conclusion générale Le conservatisme de la comptabilité est la prise en compte des mauvaises nouvelles dans les bénéfices et le retardement de la comptabilisation des bonnes nouvelles jusqu’à leur réalisation effective. Ce phénomène commence à attirer l’attention des chercheurs en comptabilité. D’ailleurs, Holthausen & Watts (2001) voient que la recherche dans ce domaine est de nature à produire des améliorations de notre compréhension de la comptabilité. Dans cette étude on a essayé de déterminer l’impact du conservatisme sur le bénéfice. Ensuite, on a essayé de démontrer que les bénéfices reflètent les mauvaises nouvelles plus rapidement que les cash-flows. Dans un marché efficient, les cours des titres incorporent tous les événements économiques de façon instantanée et symétrique. Par conséquent, on a utilisé les rendements comme indicateur des nouvelles. Notre première hypothèse est que l’association entre le bénéfice et les rendements négatifs est plus grande que celle entre les bénéfices et les rendements positifs. Les résultats sont conforment avec cette hypothèse. En effet, le bénéfice est six fois plus sensible aux mauvaises nouvelles qu’aux bonnes nouvelles. Ce résultat est comparable à celui trouvé par Basu (1997) pour les Etats unis (six fois). Ensuite, on a supposé que le bénéfice reflète les mauvaises nouvelles plus rapidement que les cash-flows. En fait, l’association entre le bénéfice et les rendements négatifs est plus importante que celle entre les cash-flows et les rendements négatifs. 90 Les tests effectués montrent que le pouvoir explicatif de la relation bénéfice – rendements négatifs est 25 fois plus important que celui entre les cash-flows et les rendements négatifs. La pertinence des bénéfices par rapport aux cash-flows est conforme au fait que le conservatisme se manifeste au niveau des accruals. Tous les résultats que nous avons reportés sont conformes à nos anticipations. Ces résultats peuvent trouver leur explication dans la nature de notre système comptable. En effet, le système comptable de la Tunisie est largement imprimé du modèle anglosaxon, avec un plan de compte calqué sur le plan français. Néanmoins, l’étude est sujette à plusieurs limites. La plus évidente est l’utilisation des rendements comme indicateur des nouvelles, plus particulièrement dans un contexte comme celui tunisien. En effet, le marché financier n’est pas bien développé et n’est pas dynamique. Enfin, l’étude couvre une période de quatre ans (1997 –2000), soit 89 années –firme observations, ce qui nous a empêché d’analyser les résultats annuellement. Malgré les limites qu’on a citées, les résultats confirment l’existence du conservatisme et son impact asymétrique sur les bénéfices. Cette étude constitue un stimulus pour effectuer d’autres recherches dans ce domaine. En effet, il est intéressant de connaître l’évolution du conservatisme de la comptabilité en Tunisie, surtout pour les périodes avant et après l’adoption du nouveau système comptable. 91 Bibliographie Ball, R, & P, Brown, 1968, « An empirical evaluation of accounting income numbers », Journal of Accounting Research, 6(automne 1968), pp.159-178. Ball, R, S.P, Kothari & A, Robin, 2000, « The effect of international institutional factors on the properties of accounting earnings », The Journal of Accounting and Economics, 29, 1-51. 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Résultats Annexe 1 Statistiques Descriptives Statistiques descriptives BPACRSDE rendement de l'action rendement positif rendement négatif cash-flow sur cours debut N valide (listwise) N Statistique 89 89 55 34 80 0 Intervalle Statistique 1,060 2,858 2,255 ,590 4,003 Minimum Statistique -,767 -,594 ,009 -,594 -,652 Maximum Statistique ,293 2,264 2,264 -,004 3,351 Moyenne Statistique 5,415E-02 ,13121 ,34103 -,20821 ,41350 Ecart type Statistique ,14212 ,45942 ,45818 ,16510 ,79264 Asymétrie Statistique Erreur std -3,702 ,255 1,958 ,255 2,208 ,322 -,825 ,403 2,070 ,269 Kurtosis Statistique Erreur std 18,473 ,506 5,529 ,506 5,255 ,634 -,213 ,788 3,798 ,532 Fréquences Rendement de l'action Statistics Mean Median Std. Deviation Skewness Std. Error of Skewness Kurtosis Std. Error of Kurtosis Minimum Maximum Percentiles rendement de l'action Valid Missing 30 20 10 Std. Dev = ,46 Mean = ,13 N = 89,00 0 98 13 2, 88 1, 63 1, 38 1, 13 1, rendement de l'action 8 ,8 3 ,6 8 ,3 3 ,1 3 -,1 8 -,3 3 -,6 25 50 75 89 19 ,13121 4,30E-02 ,45942 1,958 ,255 5,529 ,506 -,594 2,264 -,10800 4,30E-02 ,20950 Frequency rendement de l'action N BPACRSDE Statistics Mean Median Std. Deviation Skewness Std. Error of Skewness Kurtosis Std. Error of Kurtosis Minimum Maximum Percentiles Valid Missing 25 50 75 BPACRSDE 89 19 5,41E-02 7,40E-02 ,14212 -3,702 ,255 18,473 ,506 -,767 ,293 4,10E-02 7,40E-02 ,10500 50 40 30 20 Frequency BPACRSDE N 10 Std. Dev = ,14 Mean = ,05 N = 89,00 0 -,75 -,63 -,69 -,50 -,56 -,38 -,44 -,25 -,31 -,13 -,19 0,00 -,06 ,06 ,13 ,25 ,19 ,31 BPACRSDE Rendement positif Statistics Mean Median Std. Deviation Skewness Std. Error of Skewness Kurtosis Std. Error of Kurtosis Minimum Maximum Percentiles Valid Missing 25 50 75 rendement positif 55 53 ,34103 ,18000 ,45818 2,208 ,322 5,255 ,634 ,009 2,264 5,80E-02 ,18000 ,32900 16 14 12 10 8 6 Frequency rendement positif N 4 Std. Dev = ,46 2 Mean = ,34 N = 55,00 0 0,00 ,25 ,13 ,50 ,38 ,75 ,63 rendement positif 99 1,00 1,25 1,50 1,75 2,00 2,25 ,88 1,13 1,38 1,63 1,88 2,13 Rendement négatif Statistics Mean Median Std. Deviation Skewness Std. Error of Skewness Kurtosis Std. Error of Kurtosis Minimum Maximum Percentiles Valid Missing 34 74 -,20821 -,17900 ,16510 -,825 ,403 -,213 ,788 -,594 -,004 -,30900 -,17900 -9,5E-02 25 50 75 rendement négatif 10 8 6 4 Frequency rendement négatif N 2 Std. Dev = ,17 Mean = -,21 N = 34,00 0 -,63 -,50 -,56 -,38 -,44 -,25 -,31 -,13 -,19 0,00 -,06 rendement négatif Cash-flow sur cours début Statistics cash-flow sur cours debut cash-flow sur cours debut N Valid Missing Mean Median Std. Deviation Skewness Std. Error of Skewness Kurtosis Std. Error of Kurtosis Minimum Maximum Percentiles 25 50 75 80 28 ,41350 ,10000 ,79264 2,070 ,269 3,798 ,532 -,652 3,351 3,20E-02 ,10000 ,36375 50 40 30 Frequency 20 10 Std. Dev = ,79 Mean = ,41 N = 80,00 0 -,75 -,25 -,50 ,25 0,00 ,75 ,50 1,25 1,00 1,50 cash-flow sur cours debut Annexe 2 I- Régression inverse : bénéfice- rendement Variables introduites/éliminéesb Modèle 1 Variables introduites rendementa de l'action Variables éliminées Méthode , Introduire a. Toutes variables requises introduites b. Variable dépendante : BPACRSDE 100 1,75 2,25 2,00 2,75 2,50 3,25 3,00 Récapitulatif du modèleb Modèle 1 R ,337a R-deux ,113 Erreur standard de l'estimation ,13460 R-deux ajusté ,103 Durbin-W atson 1,227 a. Valeurs prédites : (constantes), rendement de l'action b. Variable dépendante : BPACRSDE ANOVAb Modèle 1 Régression Résidu Total Somme des carrés ,201 1,576 1,778 ddl 1 87 88 Carré moyen ,201 1,812E-02 F 11,115 Signification ,001a a. Valeurs prédites : (constantes), rendement de l'action b. Variable dépendante : BPACRSDE Coefficientsa Modèle 1 (constante) rendement de l'action Coefficients non standardisés Erreur standard B 4,048E-02 ,015 ,104 ,031 Coefficien ts standardi sés Bêta t 2,727 3,334 ,337 Signification ,008 ,001 a. Variable dépendante : BPACRSDE Diagnostic des observationsa Numéro de l'observation 90 100 Résidu standardisé -5,540 -5,175 BPACRSDE -,767 -,650 Prévision -2,1E-02 4,65E-02 Résidu -,74564 -,69652 a. Variable dépendante : BPACRSDE Statistiques des résidusa Prévision Résidu Prévision standardisée Résidu standardisé Minimum -2,1E-02 -,74564 -1,579 -5,540 Maximum ,27621 ,23013 4,642 1,710 Moyenne 5,41E-02 1,06E-17 ,000 ,000 a. Variable dépendante : BPACRSDE 101 Ecart-type 4,78E-02 ,13383 1,000 ,994 N 89 89 89 89 Annexe 3 II- Régression inverse: estimation du modèle de l'étude Variables introduites/éliminéesb Modèle 1 Variables introduites RENDUMM Y, rendement de l'action, variablea muette Variables éliminées Méthode , Introduire a. Toutes variables requises introduites b. Variable dépendante : BPACRSDE Récapitulatif du modèleb Modèle 1 R ,426a R-deux ,182 Erreur standard de l'estimation ,13081 R-deux ajusté ,153 Durbin-W atson 1,291 a. Valeurs prédites : (constantes), RENDUMMY, rendement de l'action, variable muette b. Variable dépendante : BPACRSDE ANOVAb Modèle 1 Régression Résidu Total Somme des carrés ,323 1,454 1,778 ddl 3 85 88 Carré moyen ,108 1,711E-02 F 6,293 Signification ,001a a. Valeurs prédites : (constantes), RENDUMMY, rendement de l'action, variable muette b. Variable dépendante : BPACRSDE Coefficientsa Modèle 1 (constante) rendement de l'action variable muette RENDUMMY Coefficients non standardisés Erreur B standard 5,078E-02 ,022 7,507E-02 ,039 6,258E-02 ,043 ,382 ,143 a. Variable dépendante : BPACRSDE 102 Coefficien ts standardi sés Bêta ,243 ,215 ,386 t 2,302 1,932 1,469 2,666 Signification ,024 ,050 ,146 ,009 Statistiques des résidusa Minimum -,15819 -,70513 -3,504 -5,391 Prévision Résidu Prévision standardisée Résidu standardisé Maximum ,22074 ,22608 2,750 1,728 Moyenne 5,41E-02 -8,6E-19 ,000 ,000 Ecart-type 6,06E-02 ,12856 1,000 ,983 a. Variable dépendante : BPACRSDE Diagrammes Histogramme Variable dépendante : BPACRSDE 40 30 Fréquence 20 10 Std. Dev = ,98 Mean = 0,00 N = 89,00 0 -5,50 -4,50 -5,00 -3,50 -4,00 -2,50 -3,00 -1,50 -2,00 -,50 -1,00 0,00 Régression Résidu standardisé 103 ,50 1,50 1,00 N 89 89 89 89 II-1- Régression inverse: bénéfice-rendement positif Variables introduites/éliminéesb Modèle 1 Variables introduites rendement a positif Variables éliminées Méthode , Introduire a. Toutes variables requises introduites b. Variable dépendante : BPACRSDE Récapitulatif du modèleb Modèle 1 R ,259a R-deux ,067 Erreur standard de l'estimation ,12942 R-deux ajusté ,050 Durbin-W atson 1,602 a. Valeurs prédites : (constantes), rendement positif b. Variable dépendante : BPACRSDE ANOVAb Modèle 1 Régression Résidu Total Somme des carrés 6,389E-02 ,888 ,952 ddl 1 53 54 Carré moyen 6,389E-02 1,675E-02 F 3,814 Signification ,050a a. Valeurs prédites : (constantes), rendement positif b. Variable dépendante : BPACRSDE Coefficientsa Modèle 1 (constante) rendement positif Coefficients non standardisés Erreur B standard 5,078E-02 ,022 7,507E-02 ,038 Coefficien ts standardi sés Bêta ,259 t 2,327 1,953 a. Variable dépendante : BPACRSDE Diagnostic des observationsa Numéro de l'observation 100 Résidu standardisé -5,448 BPACRSDE -,650 a. Variable dépendante : BPACRSDE 104 Prévision 5,51E-02 Résidu -,70513 Signification ,024 ,050 Statistiques des résidusa Minimum 5,15E-02 -,70513 -,725 -5,448 Prévision Résidu Prévision standardisée Résidu standardisé Maximum ,22074 ,22608 4,197 1,747 Moyenne 7,64E-02 -1,5E-17 ,000 ,000 Ecart-type 3,44E-02 ,12821 1,000 ,991 a. Variable dépendante : BPACRSDE Diagrammes Histogramme Variable dépendante : BPACRSDE 30 Fréquence 20 10 Std. Dev = ,99 Mean = 0,00 N = 55,00 0 -5,50 -4,50 -5,00 -3,50 -4,00 -2,50 -3,00 -1,50 -2,00 -,50 -1,00 ,50 0,00 1,50 1,00 Régression Résidu standardisé II-2- Régression inverse: bénéfice-rendement négatif Variables introduites/éliminéesb Modèle 1 Variables introduites rendement a négatif Variables éliminées Méthode , Introduire a. Toutes variables requises introduites b. Variable dépendante : BPACRSDE 105 N 55 55 55 55 Récapitulatif du modèleb Modèle 1 R ,499a R-deux ,249 Erreur standard de l'estimation ,13308 R-deux ajusté ,226 Durbin-W atson 1,519 a. Valeurs prédites : (constantes), rendement négatif b. Variable dépendante : BPACRSDE ANOVAb Modèle 1 Régression Résidu Total Somme des carrés ,188 ,567 ,755 ddl 1 32 33 Carré moyen ,188 1,771E-02 F 10,614 Signification ,003a a. Valeurs prédites : (constantes), rendement négatif b. Variable dépendante : BPACRSDE Coefficientsa Modèle 1 (constante) rendement négatif Coefficients non standardisés Erreur B standard ,113 ,037 ,457 ,140 Coefficien ts standardi sés Bêta t 3,058 3,258 ,499 Signification ,004 ,003 a. Variable dépendante : BPACRSDE Diagnostic des observationsa Numéro de l'observation 90 Résidu standardisé -4,575 BPACRSDE -,767 Prévision -,15819 Résidu -,60881 a. Variable dépendante : BPACRSDE Statistiques des résidusa Prévision Résidu Prévision standardisée Résidu standardisé Minimum -,15819 -,60881 -2,337 -4,575 Maximum ,11153 ,18122 1,237 1,362 Moyenne 1,82E-02 2,49E-17 ,000 ,000 a. Variable dépendante : BPACRSDE 106 Ecart-type 7,55E-02 ,13105 1,000 ,985 N 34 34 34 34 Diagrammes Histogramme Variable dépendante : BPACRSDE 16 14 12 10 8 Fréquence 6 4 Std. Dev = ,98 Mean = 0,00 2 N = 34,00 0 -4,50 -3,50 -4,00 -2,50 -3,00 -1,50 -2,00 -,50 -1,00 ,50 0,00 1,50 1,00 Régression Résidu standardisé 107 Annexe 4 III- Régression inverse: CFO-rendements Variables Entered/Removedb Model 1 Variables Entered rendementa de l'action Variables Removed Method , Enter a. All requested variables entered. b. Dependent Variable: cash-flow sur cours debut Model Summaryb Model 1 R R Square ,246a ,060 Adjusted R Square ,048 Std. Error of the Estimate ,78870 Durbin-W atson ,822 a. Predictors: (Constant), rendement de l'action b. Dependent Variable: cash-flow sur cours debut ANOVAb Model 1 Regression Residual Total Sum of Squares 2,957 46,031 48,988 df 1 74 75 Mean Square 2,957 ,622 F 4,753 Sig. ,032a a. Predictors: (Constant), rendement de l'action b. Dependent Variable: cash-flow sur cours debut Coefficientsa Model 1 (Constant) rendement de l'action Unstandardized Coefficients B Std. Error ,392 ,092 ,570 ,261 a. Dependent Variable: cash-flow sur cours debut 108 Standardi zed Coefficien ts Beta ,246 t 4,237 2,180 Sig. ,000 ,032 Residuals Statisticsa Predicted Value Residual Std. Predicted Value Std. Residual Minimum 5,32E-02 -1,03415 -1,916 -1,311 Maximum 1,04285 2,94263 3,068 3,731 Mean ,43366 5,89E-17 ,000 ,000 Std. Deviation ,19855 ,78342 1,000 ,993 N 76 76 76 76 a. Dependent Variable: cash-flow sur cours debut Diagrammes Histogramme Variable dépendante : cash-flow sur cours deb 16 14 12 10 8 Fréquence 6 4 Std. Dev = ,99 2 Mean = 0,00 0 N = 67,00 75 2, 50 2, 5 2 2, 00 2, 75 1, 0 5 1, 25 1, 0 0 1, 5 ,7 0 ,5 5 ,2 00 0, 5 -,2 0 -,5 5 -,7 0 ,0 -1 5 ,2 -1 0 ,5 -1 Régression Résidu standardisé IV- Régression inverse: estimation du modèle CFO-rendement de l'étude 109 Variables Entered/Removedb Model 1 Variables Entered RENDUM MY, rendement de l'action, variablea muette Variables Removed Method , Enter a. All requested variables entered. b. Dependent Variable: cash-flow sur cours debut Model Summaryb Model 1 R R Square ,312a ,097 Adjusted R Square ,059 Std. Error of the Estimate ,65642 Durbin-W atson ,948 a. Predictors: (Constant), RENDUMMY, rendement de l'action, variable muette b. Dependent Variable: cash-flow sur cours debut ANOVAb Model 1 Regression Residual Total Sum of Squares 3,248 30,162 33,410 df 3 70 73 Mean Square 1,083 ,431 F 2,513 Sig. ,065a a. Predictors: (Constant), RENDUMMY, rendement de l'action, variable muette b. Dependent Variable: cash-flow sur cours debut Coefficientsa Model 1 (Constant) rendement de l'action variable muette RENDUMMY Unstandardized Coefficients B Std. Error ,325 ,136 ,602 ,331 -,178 ,237 -,738 ,797 a. Dependent Variable: cash-flow sur cours debut 110 Standardi zed Coefficien ts Beta ,314 -,131 -,163 t 2,389 1,819 -,754 -,926 Sig. ,020 ,073 ,454 ,358 Residuals Statisticsa Predicted Value Residual Std. Predicted Value Std. Residual Minimum ,14694 -,99899 -1,007 -1,522 Maximum 1,01199 1,93503 3,094 2,948 Mean ,35936 -2,8E-17 ,000 ,000 Std. Deviation ,21095 ,64279 1,000 ,979 a. Dependent Variable: cash-flow sur cours debut Diagrammes Histogramme Variable dépendante : cash-flow sur cours deb 16 14 12 10 8 Fréquence 6 4 Std. Dev = ,98 2 Mean = 0,00 0 N = 67,00 75 2, 0 5 2, 5 2 2, 00 2, 75 1, 0 5 1, 25 1, 0 0 1, 5 ,7 0 ,5 5 ,2 00 0, 5 -,2 0 -,5 5 -,7 0 ,0 -1 5 ,2 -1 0 ,5 -1 Régression Résidu standardisé Régression: CFO-rendement positif Variables Entered/Removedb Model 1 Variables Entered rendement a positif Variables Removed Method , Enter a. All requested variables entered. b. Dependent Variable: cash-flow sur cours debut 111 N 74 74 74 74 Model Summaryb Model 1 Adjusted R Square ,033 R R Square ,236a ,056 Std. Error of the Estimate ,76631 Durbin-W atson ,909 a. Predictors: (Constant), rendement positif b. Dependent Variable: cash-flow sur cours debut ANOVAb Model 1 Regression Residual Total Sum of Squares 1,426 24,076 25,502 df 1 41 42 Mean Square 1,426 ,587 F 2,428 Sig. ,127a a. Predictors: (Constant), rendement positif b. Dependent Variable: cash-flow sur cours debut Coefficientsa Model 1 (Constant) rendement positif Unstandardized Coefficients B Std. Error ,325 ,159 ,602 ,386 Standardi zed Coefficien ts Beta ,236 t 2,047 1,558 Sig. ,047 ,127 a. Dependent Variable: cash-flow sur cours debut Residuals Statisticsa Predicted Value Residual Std. Predicted Value Std. Residual Minimum ,33022 -,99899 -,879 -1,304 Maximum 1,01199 1,93503 2,822 2,525 Mean ,49207 -4,3E-17 ,000 ,000 a. Dependent Variable: cash-flow sur cours debut Régression : CFO-rendement négatif 112 Std. Deviation ,18423 ,75713 1,000 ,988 N 43 43 43 43 Variables introduites/éliminéesb Modèle 1 Variables introduites rendement a négatif Variables éliminées Méthode , Introduire a. Toutes variables requises introduites b. Variable dépendante : cash-flow sur cours debut Récapitulatif du modèleb Modèle 1 R ,214a R-deux ,046 Erreur standard de l'estimation ,17729 R-deux ajusté ,009 Durbin-W atson 1,496 a. Valeurs prédites : (constantes), rendement négatif b. Variable dépendante : cash-flow sur cours debut ANOVAb Modèle 1 Régression Résidu Total Somme des carrés 3,931E-02 ,817 ,857 ddl 1 26 27 Carré moyen 3,931E-02 3,143E-02 F 1,251 Signification ,274a a. Valeurs prédites : (constantes), rendement négatif b. Variable dépendante : cash-flow sur cours debut Coefficientsa Modèle 1 (constante) rendement négatif Coefficients non standardisés Erreur standard B ,153 ,055 ,228 ,204 Coefficien ts standardi sés Bêta ,214 t 2,780 1,118 Signification ,010 ,274 a. Variable dépendante : cash-flow sur cours debut Statistiques des résidusa Prévision Résidu Prévision standardisée Résidu standardisé Minimum 1,75E-02 -,48649 -2,271 -2,744 Maximum ,15202 ,50487 1,255 2,848 Moyenne ,10414 -5,0E-18 ,000 ,000 a. Variable dépendante : cash-flow sur cours debut 113 Ecart-type 3,82E-02 ,17397 1,000 ,981 N 28 28 28 28 114 Traitement des données sur TSP (Version 4.3A) * Le traitement des bénéfices Current sample: 1 to 89 PANEL DATA ESTIMATION ===================== Unbalanced data: NI= 27, TMIN= 1 TMAX= 4, NOB= 89 TOTAL (plain OLS) Estimates: Dependent variable: BPA Mean of dependent variable Std. dev. of dependent var. Sum of squared residuals Variance of residuals Variable MUET RENDMU REND C *** ** Estimated Coefficient .062577 .382071 .075072 .050780 = = = = .054146 .142124 1.45446 .017111 Standard Error .042598 .143289 .038852 .022061 Std. error of regression = .130810 R-squared = .181746 Adjusted R-squared = .152867 t-statistic 1.46902 2.66644*** 1.93227** 2.30182** significatif à 1% significatif à 5% BETWEEN (OLS on means) Estimates: Dependent variable: BPA Mean of dependent variable = .060253 Std. dev. of dependent var. = .102065 Sum of squared residuals = .174214 Variance of residuals = .757452E-02 Variable MUET Estimated Coefficient .155590 Standard Error .091459 Std. error of regression = .087032 R-squared = .356785 Adjusted R-squared = .272887 t-statistic 1.70119 115 RENDMU REND C *** ** .632139 .190640 .025240 .290737 .072653 .039625 2.17426** 2.62397*** .636986 significatif à 1% significatif à 5% WITHIN (fixed effects) Estimates: Dependent variable: BPA Sum of squared residuals = .647918 Variance of residuals = .010982 Std. error of regression = .104793 Variable MUET RENDMU REND Estimated Coefficient .014525 .299408 .478456E-02 Standard Error .040796 .145216 .041623 R-squared = .635494 Adjusted R-squared = .456329 t-statistic .356042 2.06182** .114949 F test of A,B=Ai,B: F(26,59) = 2.8248, P-value = [.0005] Critical F value for diffuse prior (Leamer, p.114) = 6.1518 Variance Components (random effects) Estimates: VWITH (variance of Uit) = 0.10982E-01 VBET (variance of Ai) = 0.61297E-02 (computed from small sample formula) THETA (0=WITHIN, 1=TOTAL) = 0.30934 (evaluated at TMAX = 4) Dependent variable: BPA Sum of squared residuals = .920662 Variance of residuals = .015604 Std. error of regression = .124918 Variable MUET RENDMU REND C *** ** Estimated Coefficient .034087 .315813 .037817 .065287 Standard Error .038055 .131400 .026777 .024922 R-squared = .482053 Adjusted R-squared = .227469 t-statistic .895729 2.40345*** 1.72826** 2.61963*** significatif à 1% significatif à 5% Hausman test of H0:RE vs. FE: CHISQ(3) = 6.0576, P-value = [.1088] 116 on choisi la méthode Random effects (les modèles à erreurs composées) 117 * Traitement des cash-flows PANEL DATA ESTIMATION ===================== Unbalanced data: NI= 25, TMIN= 1 TMAX= 4, NOB= 76 TOTAL (plain OLS) Estimates: Dependent variable: BPA Mean of dependent variable Std. dev. of dependent var. Sum of squared residuals Variance of residuals Variable MUET REND RENDMU C *** ** Estimated Coefficient .074235 .082614 .419026 .049487 = = = = .054303 .153237 1.42118 .019739 Standard Error .051318 .044748 .166104 .025773 Std. error of regression = .140494 R-squared = .193018 Adjusted R-squared = .159394 t-statistic 1.44656 1.84619** 2.52267*** 1.92008** significatif à 1% significatif à 5% BETWEEN (OLS on means) Estimates: Dependent variable: BPA Mean of dependent variable Std. dev. of dependent var. Sum of squared residuals Variance of residuals Variable MUET REND RENDMU C *** Estimated Coefficient .185082 .224609 .967028 .033738 = = = = .052087 .129084 .218868 .010422 Standard Error .102851 .088165 .336308 .047457 Std. error of regression = .102090 R-squared = .452698 Adjusted R-squared = .374512 t-statistic 1.79952 2.54760*** 2.87542*** .710920 significatif à 1% WITHIN (fixed effects) Estimates: Dependent variable: BPA Sum of squared residuals = .495304 Variance of residuals = .010319 Std. error of regression = .101582 R-squared = .718755 Adjusted R-squared = .560554 118 Variable MUET REND RENDMU Estimated Coefficient .032617 .022233 .233511 Standard Error .044147 .044033 .154317 t-statistic .738829 .504920 1.51319 F test of A,B=Ai,B: F(24,48) = 3.7386, P-value = [.0000] Critical F value for diffuse prior (Leamer, p.114) = 5.8518 Variance Components (random effects) Estimates: VWITH (variance of Uit) = 0.10319E-01 VBET (variance of Ai) = 0.94198E-02 (computed from small sample formula) THETA (0=WITHIN, 1=TOTAL) = 0.21498 (evaluated at TMAX = 4) Dependent variable: BPA Sum of squared residuals = .759832 Variance of residuals = .015830 Std. error of regression = .125817 Variable MUET REND RENDMU C ** Estimated Coefficient .047650 .045279 .285804 .051978 Standard Error .041514 .039788 .141314 .029042 R-squared = .568549 Adjusted R-squared = .325858 t-statistic 1.14780 1.13800 2.02248** 1.78976** significatif à 5% Hausman test of H0: RE vs. FE: CHISQ (3) = 8.9499, P-value = [.0300] on choisit la méthode « random effects » (modèle à erreurs composées). 119