(ball et al, 2000).

publicité
Introduction générale
Plusieurs fonctions sont assignées à la comptabilité. Une de ces fonctions est la
production d’information utile pour permettre aux investisseurs d’évaluer les titres et
prendre des décisions d’investissement rationnelles. Parmi les informations
comptables, les bénéfices sont probablement ceux qui font l’objet d’un examen
minutieux par les investisseurs.
Comme il l’a été mentionné par Beaver (1989) « aucun autre chiffre, dans les états
financiers, ne reçoit plus d’attention par la communauté d’investisseurs que les
bénéfices par action… »
Malgré leur importance, les bénéfices reflètent dans certains cas les informations ou
plus exactement les nouvelles de façon instantanée ou opportune (les mauvaises
nouvelles), alors que dans d’autres cas, les nouvelles sont reportées jusqu‘à leurs
réalisations effectives (les bonnes nouvelles). Ce phénomène (ou cette propriété des
bénéfices) est appelé « conservatisme de la comptabilité » (Ball et al, 2000). Ce
dernier peut être interprété comme étant la tendance des comptables à exiger plusieurs
arguments et à effectuer une grande vérification pour reconnaître (enregistrer) les
bonnes nouvelles dans les états financiers, alors qu’on ne fait pas la même chose avec
les mauvaises nouvelles (Basu, 1997).
On emploie le terme « bonne nouvelle » pour désigner les gains probables et le terme
« mauvaise nouvelle » pour désigner les pertes probables (latentes). Ces dernières
sont enregistrées en comptabilité avant les gains probables. Ceci mène à une
asymétrie dans la prise en compte des nouvelles dans les bénéfices. L’exemple le
plus célèbre qui illustre ce principe est celui de l’évaluation des stocks au coût le plus
faible entre le coût historique et la valeur de réalisation nette. Selon le paragraphe 10
1
de la norme comptable relative aux stocks (norme 4) « les stocks doivent être évalués
au coût historique ou à la valeur de réalisation nette si elle est inférieure ». Cette règle
mène à la prise en compte des pertes sur les stocks plus rapidement que les gains.
Un autre exemple est celui d’une entreprise qui reçoit des informations qui changent
ses estimations sur la durée de vie effective d’un actif immobilisé. Si la nouvelle
durée de vie est plus longue, la firme sera économiquement meilleure. Toutefois, sous
la convention du coût historique
comptable, aucun gain ne peut être enregistré
actuellement. Par contre, si la nouvelle durée de vie est inférieure à celle actuelle,
c’est à dire que les cash-flows futurs vont diminuer, le montant amortissable va être
réparti sur la nouvelle durée de vie. Dans la pratique, les comptables font ce qu’on
appelle un impairement (1) d’actif tel que définie par la SFAS 121, la norme comptable
américaine et tel que prévu par la norme comptable tunisienne n°5 sur les
immobilisations corporelles. Le paragraphe 40 de cette norme stipule que:
« Postérieurement à sa constatation initiale à l’actif, une immobilisation corporelle
doit être comptabilisée à son coût diminué de l’amortissement, à moins que des
circonstances ou des événements particuliers donnent à penser que la valeur
comptable nette ne pourra pas être récupérée par les résultats futurs provenant de son
utilisation, auquel cas il y a lieu de ramener la valeur de l’actif à sa valeur
récupérable ». Cet impairement engendre la réduction du bénéfice actuel sans pour
autant avoir un effet sur le résultat futur.
Compte tenu de ce qui a précédé, le conservatisme affecte asymétriquement le
bénéfice de façon qu’il prenne en compte les mauvaises nouvelles rapidement et
retarde la comptabilisation des bonnes nouvelles.
Dans l’exemple que nous avons cité, les mauvaises nouvelles sur la durée de vie
effective attendue de l’actif immobilisé n’ont pas d’effet sur les cash-flows actuels.
(1) L’impairement est une notion anglo-saxonne qui implique la réduction de la valeur de l’actif à sa valeur
récupérable lorsqu’elle est inférieure à la valeur comptable nette de l’actif.
2
Cependant, elles sont reflétées dans les bénéfices actuels. Ainsi, les cash-flows sont
faiblement associés aux rendements actuels.
Etant donné que le bénéfice est la somme des cash-flows et des accruals, ce sont ces
derniers qui reconnaissent les mauvaises nouvelles et les incorporent dans les
bénéfices actuels (Ball et al, 2000). En fait, les accruals fournissent des règles sur le
moment de prise en compte des cash-flows dans les bénéfices, ce qui rend les
bénéfices plus associés aux rendements (la performance de l’entreprise) que les cashflows (Dechow, 1994).
Ainsi, on se propose dans cette étude de valider empiriquement l’effet asymétrique du
conservatisme sur le bénéfice, de façon qu’il reflète les mauvaises nouvelles
rapidement et retarde la prise en compte des bonnes nouvelles.
Ensuite, vérifier empiriquement que les bénéfices reflètent les mauvaises nouvelles
publiquement disponibles plus rapidement que les cash-flows d’exploitation.
Dans cette étude on choisira les rendements comme indicateur des nouvelles (2) . En
effet, les rendements positifs représentent les bonnes nouvelles et les rendements
négatifs représentent les mauvaises nouvelles.
On suppose, tout d’abord, que l’association entre le bénéfice et les rendements
négatifs (qui représentent les mauvaises nouvelles) est plus grande que celle entre les
bénéfices et les rendements positifs ( qui représentent les bonnes nouvelles).
On suppose, ensuite, que l’association entre les bénéfices et les rendements est plus
grande que celle entre les cash-flows et les rendements, surtout pour les mauvaises
nouvelles publiquement disponibles.
Pour vérifier ces prédictions on utilisera la régression linéaire ‘’inverse’’ (Beaver &
(2) Le choix des rendements comme indicateur des nouvelles a été fait pour la première fois par Basu (1997), depuis, ce choix a pris
un grand succès et a fait l’objet de plusieurs études surtout par Pope & Walker (1999).
3
al, 1980 ; Cready & al, 2001). Cette méthodologie a été utilisée pour la première fois
par Basu (1997), depuis elle est devenue une méthodologie standard employée dans
toutes les recherches qui ont succédé à celle de Basu (3) .
Le conservatisme apparent de la comptabilité est un phénomène qui a commencé à
attirer l’attention des chercheurs en comptabilité (Holthausen & Watts, 2001). L’étude
de ce phénomène dans le contexte tunisien s’avère intéressante dans la mesure où la
Tunisie épouse deux modèles comptables : le modèle anglo-saxon et le modèle
franco-allemand (ou ce qu’on appelle aussi le modèle européen continental) (4) .Ce
croisement fait de la Tunisie un modèle indépendant qu’on peut qualifier d’hybride.
Les résultats de cette étude ont des implications pour les utilisateurs des états
financiers (surtout les investisseurs), pour les normalisateurs de la comptabilité et
pour le marché financier de façon générale.
Dans une première partie on va présenter les théories sous-jacentes au conservatisme,
les différentes définitions de ce phénomène, ainsi que la littérature relative à ce
phénomène.
Dans la deuxième partie de cette étude, on présentera les hypothèses de la recherche
et la méthodologie utilisée, ainsi que les résultats obtenus.
(3) Selon Ball & al (2000), la régression inverse a plusieurs avantages. En fait, cette spécification permet d’éviter l’effet de la
microstructure, la liquidité et les problèmes de cotation des rendements lorsqu’ils sont utilisés comme variable indépendante.
(4) On s’est basé sur la classification de Nobes & Parker (1995).
4
Chapitre
Préliminaire
le conservatisme de la comptabilité :
essai de définition
Introduction
Le conservatisme de la comptabilité est une convention inhérente à tout système
comptable, malgré quelques différences au niveau de son degré. Il ne s’agit pas d’un
préjugé, mais plutôt d’une évidence. En fait, dans la relation entre actionnaire et
dirigeant, il y a une asymétrie d’information entre les deux parties. Il s’agit de
l’information qu’a le gestionnaire sur ses compétences ou sur les activités de la firme
(Tremblay, Cormier & Magnan, 1994).
Cette situation pousse les dirigeants à utiliser les procédures comptables en leur
faveur, surtout lorsque leur rémunération est indexée sur le bénéfice.
Pour faire face à ce problème il y a lieu d’appliquer le principe du conservatisme qui
permet d’éliminer toute surévaluation des actifs ou sous évaluation des passifs, et par
conséquent, éviter le gonflement des bénéfices.
Selon Basu (1997) (5) , il y a deux types du conservatisme :
♦ Le « pervasive conservatism » ou le conservatisme envahissant : Il s’agit
du
conservatisme ex ante, celui non relié aux nouvelles. Ce type existe indépendamment
des nouvelles. Il est inhérent à tout système comptable.
♦ Les « news driven asymmetric recognition » ou le conservatisme relié aux
nouvelles : c’est le conservatisme ex post, il s’agit de la prise en compte asymétrique
des nouvelles en comptabilité.
Il y a lieu de noter que c’est à la deuxième forme du conservatisme qu’on va
(5) Basu (1997) indique que : « l’utilisation de la valeur la plus faible entre le coût historique et la valeur de marché
pour les stocks est l’un des exemples du conservatisme ».
5
s’intéresser.
Après avoir mis en évidence cette distinction, on doit aussi faire la différence entre
l’effet du conservatisme sur le bilan (Penman & Zhang, 2001) et l’effet du
conservatisme sur l’état de résultat (et plus précisément sur le bénéfice).
Selon Basu (2001) : « Il est utile de distinguer entre les effets du conservatisme sur le
bilan et sur l’état de résultat, parce qu’ils ne vont pas de main en main ». (6)
Dans cette étude on se limitera à l’effet du conservatisme sur le bénéfice. Plusieurs
définitions ont été avancées pour préciser le concept du conservatisme. Ces définitions
feront l’objet d’une première section. Dans une deuxième section on va retracer le
principe du conservatisme dans les normes tunisiennes.
Section 1: Les définitions du conservatisme
1) Définition des normalisateurs :
D’après Givoly et Hayn (2000), il y a une seule définition officielle du conservatisme
qui est offerte par la « glossary of statement of concepts » N°2 : « Le conservatisme est
une réaction prudente face à l’incertitude pour essayer de s’assurer que l’incertitude
et le risque inhérents aux activités de l’entreprise ont été adéquatement considérés ».
Par contre, cette définition n’a pas précisé la nature de la « réaction prudente » et
comment cette réaction nous permet de s’assurer que l’incertitude et le risque inhérent
aux activités de l’entreprise ont été adéquatement « considérés ».
Malgré que les autres normalisateurs (y compris celui tunisien) restent muets face à ce
sujet, ceci ne permet pas de nier, ni l’existence du conservatisme, ni son importance.
En fait, les définitions du conservatisme sont plutôt implicites.
La définition qui a été donnée par le normalisateur américain constitue une référence.
(6) Selon Ball & al (2000) le conservatisme du revenu est relié à celui du bilan, mais ne sont pas équivalents. En effet,
le conservatisme du revenu implique celui du bilan et non vice versa.
6
Si on se fie à cette définition, alors on peut retrouver facilement les définitions du
conservatisme dans tous les systèmes comptables.
L’IASC (le nouveau IASB) dans son article 37 (1989) définit la prudence en tant que :
« La prudence est l’inclusion d’un degré de précaution dans l’exercice des jugements
nécessaires pour les estimations requises sous des conditions d’incertitudes, de façon
que les actifs ou les revenus ne soient pas surévalués et les passifs ou les dépenses ne
soient pas sous évalués ».
Dans la quatrième directive (article 31, 1978) européenne la prudence est définie
comme suit :
« L’évaluation doit être faite sur une base prudente, et en particulier : Seulement les
profits enregistrés au niveau du bilan doivent être inclus ».
Ces définitions sont en harmonie avec celle du système comptable tunisien de 1997.
Dans le paragraphe 47 du décret N°96-2459 portant approbation du cadre conceptuel,
la prudence est définie comme suit :
« Des incertitudes entourent inévitablement un grand nombre d’événement et de
circonstances. Ces incertitudes sont prises en considération par l’exercice de la
prudence dans la préparation des états financiers. La prudence est le prise en compte
d’un certain degré de précaution dans l’exercice de jugements nécessaires pour
préparer les estimations dans des conditions d’incertitudes, pour faire en sorte que les
actifs ou les revenus ne soient pas surévalués et que les passifs ou les charges ne
soient sous évalués. Cependant, l’application de cette convention ne doit pas
engendrer la création de réserves occultes ou de provisions excessives… ».
7
2) Les définitions des chercheurs :
L’absence de définition explicite du conservatisme n’a pas empêché les chercheurs à
élaborer des définitions extraites des recherches et de la pratique.
a- La définition de Basu (1997) :
L’article de Basu (1997) est l’un des articles les plus cités dans les travaux de
recherches portant sur le conservatisme. En effet, dans son article il définit le
conservatisme comme étant :
« La tendance des comptables à exiger un degré plus élevé de vérification pour
prendre en compte les bonnes nouvelles en tant que gains que de reconnaître les
mauvaises nouvelles » (P.7)
Et il a conclu que le conservatisme existe là où il y a :
« Une prise en compte plus rapide des mauvaises nouvelles dans les bénéfices compte
tenue des cash-flows futurs, que des bonnes nouvelles » (P.33)
Mais, comme il a été mentionné par Giner & Rees (2001), le conservatisme relié aux
nouvelles ne reflète pas toutes les caractéristiques du conservatisme en général. Par
exemple, lorsqu’une firme fait un investissement qui a une valeur présente nulle, cet
investissement va générer des flux futurs. Mais, de prime bord les nouvelles n’ont
aucun contenu.
La rapidité avec laquelle la firme prendra en compte le profit va influencer sur le degré
du conservatisme, et par conséquent le degré d’association entre le bénéfice et le
rendement.
8
b- Définition de Givoly & Hayn (2001) :
D’après Givoly & Hayn :
« Le conservatisme est un critère de sélection entre plusieurs principes comptables qui
entraînent la minimisation des bénéfices publiés par une lente prise en compte des
revenus, une reconnaissance rapide des dépenses, l’évaluation la plus faible des actifs
et la plus élevée des passifs ».(P.292)
Selon ces deux chercheurs, ce qui constitue un conservatisme au cours d’une période,
peut mener à des résultats non conservateurs au cours des périodes subséquentes. En
effet, la somme des bénéfices tout au long de la durée de vie de la firme, doit être la
même quelles que soient les méthodes comptables utilisées.
Donc, le conservatisme constitue plutôt une réalité qui a pour objectif de favoriser la
distribution égale des richesses entre les différentes parties.
Enfin, Givoly & Hayn définissent le conservatisme en tant que convention du
reporting financier, qui implique l’exercice de la précaution lors de la mesure et la
prise en compte des revenus et des actifs.
c- Autres définitions :
Selon Zhang (2000), la convention du conservatisme exerce une influence sur
l’établissement et la mise en place des normes comptables, de façon que le ratio price
to book ( P/B :Valeur de marché sur valeur comptable ) soit supérieur à un. Donc, à
cause du conservatisme, les actifs incorporels comme le profit non encore réalisé de la
recherche et développement, n’est pas enregistré comme actif dans le bilan.
Pour les actifs inscrits au bilan, on doit leur assigner la valeur la plus faible entre le
coût historique et la valeur de marché. En effet, les comptables suivent des lignes
directrices comme le choix de la solution qui ne permet pas de surévaluer les actifs et
9
les revenus lors de l’application des principes comptables.
D’autres chercheurs comme Penman & Zhang (2001) définissent le conservatisme
comme étant la pratique qui, bien appliquée, affecte aux valeurs comptables des actifs
nets les valeurs les plus faibles. Donc, la méthode LIFO pour les stocks est
conservatrice par rapport à la méthode FIFO (si les prix sont croissants) ;
L’enregistrement des frais de recherches et développement en dépenses plutôt que de
les capitaliser
et les amortir est conservateur ; Les stratégies
qui consistent à
surestimer les provisions pour clients douteux sont conservatrices ;…
On remarque que les définitions avancées par les chercheurs tourment autour de deux
axes : le premier est relatif à l’effet du conservatisme sur le bilan, alors que l’autre est
relatif à l’effet du conservatisme sur l’état de résultat. Mais, il est à noter que les
définitions convergent vers le principe de prudence. Ce principe reflète le
conservatisme de la comptabilité avec toutes ses formes.
Section 2) Le conservatisme dans le système comptable tunisien :
Dans cette section, on essayera de dépister la présence du conservatisme dans les
normes tunisiennes. Il s’agit de déterminer les règles qui reflètent le conservatisme.
1) Norme relative au revenu :
Dans le paragraphe 25 de cette norme, le normalisateur a mis l’accent sur l’incidence
des incertitudes sur les activités de la firme. En effet, ce paragraphe stipule que :
« Si une incertitude relative au recouvrement des contreparties au titre de la vente de
marchandises et produits fabriqués, de prestation de services, ou d’utilisation des
ressources de l’entreprise par des tiers prend naissance après la constatation des
revenus, on constitue une provision distincte pour en tenir compte… » .
10
La constitution de provision reflète la prudence et par conséquent le conservatisme de
la comptabilité. Ceci reflète les soucis du normalisateur pour ne prendre en compte que
les revenus qui ont été réellement réalisés et constater en tant que charges les pertes
latentes.
2) Norme relative aux stocks :
Les chercheurs considèrent l’utilisation du coût historique ou bien de la valeur la plus
faible pour l’évaluation des stocks comme étant un indicateur du conservatisme. En
effet, le paragraphe 10 de la norme relative aux stocks stipule que :
« Les stocks doivent être évalués au coût historique ou à la valeur de réalisation nette
si elle est inférieure ».
L’utilisation de la valeur la plus faible pour comptabiliser les stocks prouve que le
conservatisme est l’un des soucis du normalisateur.
3) Normes relatives aux immobilisations :
L’accouting principle board (APB) en 1965 (opinion 6) a prévu ce qu’on appelle
l’impairement d’actifs pour tenir compte
de l’incertitude ou de la dépréciation
irréversible de la valeur de l’actif.
Le normalisateur tunisien a prévu des règles similaires, il s’agit de la notion de
réduction de valeur. En effet, dans le paragraphe 40 de la norme relative aux
immobilisations corporelles prévoit que :
« Postérieurement à sa constitution initiale à l’actif, une immobilisation corporelle
doit être comptabilisée à son coût diminué de l’amortissement, à moins que des
circonstances ou événements particuliers donnent à penser que la valeur comptable ne
pourra pas être récupérée par les résultats futurs provenant de son utilisation, auquel
cas il y a lieu de ramener la valeur de l’actif à sa valeur récupérable ».
11
De même, le paragraphe 27 de la norme relative aux immobilisations incorporelles
prévoit que : « Le solde non amorti d’une immobilisation incorporelle doit être
examiné périodiquement de façon à s’assurer que la valeur récupérable n’est pas
inférieure à la valeur comptable nette. Lorsqu’une telle baisse intervient, la valeur
comptable doit être ramenée à la valeur récupérable ».
Par conséquent, le conservatisme résulte en une reconnaissance immédiate des pertes
probables. Ces règles reflètent l’application du principe de prudence qui est la base de
toutes les règles comptables et traduisent l’exercice de la précaution pour la prise en
compte des événements économiques dans la comptabilité.
4) Norme relative aux placements :
Selon le paragraphe 12 de cette norme, les placements doivent évalués, à la date de
clôture, à leur valeur d’usage (le prix qu’une personne prudente et avisée, accepterait
de payer). Les moins values par rapport au coût feront l’objet d’une provision et les
plus values par rapport au coût ne sont pas constatées.
La constatation des provisions n’est autre que l’application du principe de prudence,
qui reflète bien le conservatisme : la prise en compte asymétrique des mauvaises
nouvelles par rapport aux bonnes nouvelles.
5) Norme relative aux événements et éventualités postérieures à la date
de clôture :
Même après la date de clôture de l’exercice on doit prendre en compte les informations
qui lui sont attachées.
Le normalisateur a prévu deux traitements pour les événements survenants après la
date de clôture : un traitement pour les éventualités à incidence future négative et les
éventualités à incidence positive.
12
Selon le paragraphe 15 : « une estimation de la perte découlant d’un engagement à
incidence négative doit être réalisée et constatée en charge, si les conditions suivantes
sont remplies… » .
Selon le paragraphe 24 : « Les principes retenus font que les gains ne peuvent être
constatés dans les comptes d’un exercice que lorsqu’ils sont réalisés à la date de la
clôture de cet exercice.Il s’en suit que les éventualités à incidence positive ne figurent
pas au bilan…».
Cette norme reflète de façon significative l’effet du conservatisme sur la prise en
compte des nouvelles en comptabilité : Prise en compte des mauvaises nouvelles et
retardement de la prise en compte des bonnes nouvelles.
Plusieurs motivations expliquent l’existence du conservatisme et son effet sur les bénéfices.
Parmi ces motivations on trouve ceux contractuelles. En effet, l’asymétrie d’information entre
les actionnaires et les dirigeants a engendré le besoin d’une règle permettant d’éliminer (ou de
limiter) le pouvoir discrétionnaire des dirigeants sur les chiffres comptables. Cette règle n’est
autre que l’application du conservatisme de la comptabilité lors de l’enregistrement des
événements économiques.
Ainsi, l’asymétrie d’information et les motivations contractuelles constituent la base des
fondements théoriques du conservatisme. C’est ce que nous essaierons de voir dans les
chapitres qui suivent.
13
1ére partie :
Le cadre théorique du
conservatisme de la
comptabilité
14
Introduction
Contrairement aux sciences physiques, aucune loi naturelle, comme la loi de la gravité,
n’existe dans la théorie comptable (Walgenbach, 1976). Parce qu’il n’y a aucune règle
comptable naturelle, les principes comptables ont été développés sur la base de leur
utilité. Par conséquent, le développement de la comptabilité est dû à la pratique. En
effet, les principes et les pensées comptables ont tendance à évoluer plutôt qu’à être
découverts, à être flexibles plutôt que précis. Ils sont sujets à des évaluations afin
d’être raffinés. Un des principes comptables les plus utilisés c’est le principe de
prudence. Ce dernier n’est autre que l’exercice d’un degré de précaution pour faire
face aux incertitudes qui entourent un grand nombre de transactions. En effet, une
firme qui vend des marchandises ou des produits à ses clients se trouve contrainte à
des litiges avec eux. On peut citer aussi le cas lorsque l’entreprise risque de perdre sa
part sur un marché à achèvement futur. Pour faire face à ces incertitudes, il y a lieu
d’exercer le principe de prudence (ou un degré de précaution) lors de la prise en
compte des événements économiques en comptabilité.
Historiquement, les managers, les investisseurs et les comptables ont généralement
préféré que les erreurs de mesures possibles soient au niveau de la sous-évaluation
plutôt que la surévaluation des revenus ou des actifs.
Selon Bird (1981) ces
préférences ont mené à la convention du conservatisme.
D’après Basu (1997), la comptabilité conservatrice fournit des explications pour
plusieurs relations contractuelles (les contrats de dettes et les contrats de
rémunérations indexés sur le bénéfice). Le conservatisme joue ex-ante un rôle
contractuel efficient.
L’existence du conservatisme et son influence sur les chiffres comptables, ne sont que
15
des anticipations tant qu’elles ne sont pas validées empiriquement. Plusieurs études ont
essayé de mettre en relief la présence du conservatisme dont la plus importante est
celle de Basu (1997). Cette étude constitue une référence pour tous les travaux qui ont
succédé.
L’émergence du conservatisme, ainsi que son rôle dans les relations contractuelles
feront l’objet du premier chapitre. Alors que les études empiriques qui ont porté sur le
conservatisme feront l’objet du deuxième chapitre.
16
Chapitre 1 :
Le conservatisme en comptabilité :
Concept historique et rôle contractuel
Introduction
L’origine des principes comptables, comme plusieurs lois, est les situations
problématiques. Ces situations peuvent surgir suite aux changements d’une loi, d’une
réglementation, de nouvelles méthodes de financement. Par conséquent, la pratique
fera d’une convention un principe généralement admis.
Le principe qui nous intéresse dans cette étude est le conservatisme (ou ce que l’union
européenne et l’IASB le définissent par le principe de prudence). Selon Bird (1981), ce
principe a fait son émergence à partir de la pratique. En fait, les investisseurs et les
comptables préfèrent que les erreurs de mesure possibles soient au niveau de la sousévaluation plutôt que la surévaluation des revenus ou des actifs.
Le conservatisme est un concept historique qui a fait son émergence avant la
réglementation comptable. Ce concept devenu par la suite une convention comptable,
joue un rôle contractuel important (les contrats de dettes et les contrats de
rémunérations indexés sur le bénéfice) [Basu, 1997] (7) .
C’est ce que nous essaierons de montrer dans les sections une et deux de ce premier
chapitre.
(7) L’ouvrage de Watts & Zimmerman (1980) contient une discussion du rôle contractuel joué par le conservatisme
17
Section 1) Le conservatisme : un concept historique
Dans cette section nous tenterons de passer en revue l’émergence du conservatisme
dans le modèle anglo-saxon (aux Etats-Unis) et le modèle européen continental. En
effet, le conservatisme est une réalité qui est devenue par la suite une réglementation.
Enfin, on présentera l’influence du conservatisme sur les éléments du bilan.
I- Emergence du conservatisme :
« Les mesures comptables sont faites dans un contexte d’incertitudes significatives, et
les erreurs de mesures possibles doivent tendre vers la sous évaluation plutôt que la
surévaluation des actifs nets et des revenus » (walgenbach & al, 1976). Cette définition
traduit un principe très connu en comptabilité, il s’agit du principe de prudence. Ce
principe est inhérent à tout système comptable.
En réalité et depuis les Babyloniens, la comptabilité a toujours évolué de pair avec le
droit. En effet, bien qu’elle soit censée traduire la réalité économique, qui est évolutive
et turbulente, la comptabilité a été plutôt imprégnée par le conservatisme du droit.
Ainsi, la règle de la preuve en droit se trouve érigée en règle de la pièce comptable en
comptabilité (Bernard, V & L.M, Yannick, 1994).
Avec le temps, la comptabilité est devenue la base d’élaboration et de respect des
clauses contractuelles. Toutefois, pour que la tradition comptable ne soit pas
totalement déconnectée de la réalité économique, on a évoqué la règle de la prudence
qui consiste à intégrer l’effet des mauvaises nouvelles et différer celui des bonnes
nouvelles jusqu’au moment de leur réalisation.
Au début du 18ème siècle aux Etats-Unis, des abus ont été remarqués au niveau des
états financiers. En effet, il y a eu des surestimations des actifs ou des revenus. Par
conséquent, il est devenu intéressant aux investisseurs de savoir que la mesure « la
18
plus conservatrice » a été utilisée. Dans certains cas, les banques inscrivaient leurs
buildings au bilan avec des montants dérisoires (1$), alors qu’en réalité la construction
coûte des millions de dollars. L’objectif était de démontrer la sous évaluation des
actifs, comme évidence de l’utilisation des mesures conservatrices.
Récemment, on considère les sous évaluations intentionnelles des actifs ou des revenus
comme étant des abus, de même que la surévaluation des actifs. En effet, les
actionnaires peuvent être induits en erreur en vendant des actions d’une firme qui
pratique une sous évaluation significative de ses revenus par l’utilisation des mesures
comptables conservatrices.
Aujourd’hui, le conservatisme représente la réaction des comptables à des situations
d’incertitudes significatives. C’est le cas lorsque les cash-flows d’une transaction sont
encore non réalisés. Contrairement à la sous-estimation intentionnelle des actifs et des
revenus, les mesures comptables conservatrices sont maintenant utilisées dans des
circonstances où le modèle comptable est incapable de préciser la mesure comptable à
utiliser. La solution à adopter dans ce cas, est que n’importe quelle erreur de mesure
possible doit tendre vers la sous évaluation plutôt que la sur évaluation (Walgenbach
& al, 1976).
Toutefois, Davidson & al (1985) considèrent que l’utilisation des états financiers par
les utilisateurs peut induire en erreur à cause de l’application du principe du
conservatisme. Par exemple, des investisseurs peuvent vendre leurs actions dans une
firme lorsqu’ils sentent que la rentabilité est faible avec les ressources disponibles,
alors que dans la réalité le bénéfice était publié d’une manière conservatrice. Par
contre, tout au long du cycle de vie d’une firme, le revenu est la différence entre les
flux reçus et les flux dépensés. Par conséquent, si les bénéfices des périodes actuelles
sont faibles, ils seront plus élevés pendant les périodes futurs. Ces périodes peuvent
19
être à la fin du cycle de vie d’une firme.
Dans le modèle franco-allemand, on ne trouve pas de définition au concept «
conservatisme ». Ce concept a été, plutôt, remplacé par le principe de prudence. Mais,
il est à noter que ces deux notions sont équivalentes. D’après les professeurs du
département de comptabilité de l’école supérieur de commerce de France, le plan
comptable Français considère la règle de prudence, nécessaire à l’obtention d’une
image fidèle, comme fondamentale.
La prudence est citée expressément dans ces termes : « à l’effet de présenter des états
financiers reflétant une image fidèle de la situation des opérations de l’entreprise : la
comptabilité doit satisfaire dans le respect de la règle de prudence, aux obligations de
régularité et sincérité. La prudence est l’appréciation raisonnable des faits, afin
d’éviter le risque de transfert sur l’avenir d’incertitudes présentes susceptibles de
grever le patrimoine et le résultat de l’entreprise. » (8)
La prudence est considérée dans le modèle européen continental comme étant
l’attitude que doit adopter tout responsable établissant les comptes de l’entreprise. Par
conséquent, il y a une certaine subjectivité qui conditionne la décision elle-même, et
ceci va se répercuter au niveau du résultat.
La norme n°1 de l’IASB (International Accounting Standard Board) définit le principe
de prudence ainsi : « de nombreuses transactions comportent inévitablement des
incertitudes. Il convient d’en tenir compte en faisant preuve de prudence dans la
préparation des états financiers. La prudence ne justifie cependant pas la création de
réserves occultes. »
(8) Professeurs du département de comptabilité et contrôle de gestion de l’école supérieure de commerce de France,
1988, « Principes comptables et informations financière », Editions comptables Malesherbes, collection études et
recherches.
20
Selon Basu (1997) les enregistrements comptables, qui datent de la quinzième siècle
(15ème siècle), montrent que la comptabilité en Europe était conservatrice. En effet,
l’ouvrage de Savary (1712) contient une discussion de la valeur la plus faible entre le
coût historique et la valeur de marché.
Le terme anglo-saxon, conservatisme, a été remplacé par celui « prudence » dans le
modèle européen continental. Mais, les deux termes ont la même signification.
Simons (1972) voit que la doctrine du conservatisme est illustrée par l’application des
pratiques comme les suivantes : les augmentations des valeurs des actifs et des revenus
anticipés sont normalement ignorées par les comptables jusqu’à leurs réalisations
effectives ; Les diminutions des valeurs des actifs, par contre, sont normalement
enregistrées en comptabilité avant même la réalisation des pertes. De même une large
compagne publicitaire peut contribuer aux revenus futurs, mais, par application du
principe du conservatisme, les dépenses publicitaires doivent être enregistrées en
charges de l’exercice en cours.
L’application du principe du conservatisme est préférable dans la comptabilité, mais,
la sous évaluation arbitraire des actifs ou la sur évaluation des passifs pour simplement
atteindre ce principe est une exagération. Dans ce cas le conservatisme résultera en
états financiers erronés qui portent atteinte à la convention de l’image fidèle.
II- Influence du conservatisme sur les éléments du bilan :
1- Les immobilisations corporelles:
Les immobilisations sont enregistrées à leur coût d’acquisition, à leur valeur vénale (pour
celles acquises à titre gratuit) ou à leur coût de production (pour celles produites par
l’entreprise pour elle même) (9) .
(9) Norme comptable tunisienne n°5 relative aux immobilisations corporelles.
21
A la fin de l’exercice les immobilisations sont inscrites au bilan à leur coût historique
et les plus values latentes ne sont pas comptabilisées en vertu du principe du
conservatisme (le principe de prudence). Il existe un conflit entre le principe du
conservatisme et celui de l’image fidèle, car le conservatisme amène à sous estimer les
actifs de la société et à négliger la valeur réelle des immobilisations.
2- Les titres de participations :
Que les titres soient côtés ou non, la valeur d’une participation détenue par l’entreprise est ce
qu’un chef d’entreprise prudent et avisé accepterait de décaisser pour l’obtenir s’il avait à
l’acquérir, c’est à dire sa valeur d’usage, laquelle est fonction de l’utilité que la participation
présente pour l’entreprise.
Si la situation de la société prise en participation est compromise, la valeur de la
participation doit être appréciée sur une base liquidative. Par contre, une perte future,
résultat d’un événement postérieur à la date de clôture, ne doit pas être comptabilisée
si elle n’est pas reliée avec l’exercice en cours et les exercices antérieurs. Elle doit être
mentionnée en annexes dans les états financiers (10) .
3- Les stocks :
La valorisation des stocks est souvent déterminante dans le calcul des résultats.
Les stocks doivent être évalués au coût historique ou à la valeur de réalisation nette si
elle est inférieure. Cette évaluation des stocks répond parfaitement au principe du
conservatisme (prudence) et satisfait également à la notion d’image fidèle (11)
(10) Norme comptable tunisienne n°12 relative aux événements postérieurs à la date de clôture et la loi Française du
30 avril 1983.
(11) Professeurs du département de comptabilité et contrôle de gestion de l’école supérieure de commerce de France,
1988, « Principes comptables et informations financière », Editions comptables Malesherbes, collection études et
recherches.
22
4- Les créances :
Les créances sont retenues en comptabilité pour leur valeur nominale et, par
application du principe de prudence (ou le conservatisme), une provision pour
dépréciation est constituée lorsqu’il apparaît une perte probable.
5- Les éléments du passif :
5-1- Les provisions :
Au bilan figure différent type de provision :
- Provision à caractère de réserve.
- Provisions réglementées.
- Provision pour risque et charge.
Le dernier type de provision nous intéresse. Il s’agit de provision destinée à couvrir
des risques et des charges que des événements survenus ou en cours rendent probables,
mais dont la réalisation est incertaine.
Ce type de provision dépend de l’appréciation du chef d’entreprise qui, plus ou moins
prudent dans ses évaluations, peut constituer des réserves occultes, par excès de
prudence, ou pourrait provoquer une distribution de dividendes fictifs par manque de
prudence.
5-2- Les charges à payer :
Les consommations de l’exercice non encore enregistrées constituent des charges à
payer (la non réception de factures par exemple). Le montant de ces dettes est encore
incertain. Si jamais on arrive à préciser leur montant, elles se transformeraient en
dettes irréversibles. La détermination de la charge à payer est donc dépendante de
l’application du principe du conservatisme.
23
Section 2: Rôle du conservatisme dans les relations contractuelles
Dans un monde d’incertitude, les managers possèdent souvent des informations très
importantes sur les transactions de la firme et sur la valeur de ses actifs. Si la
rémunération des managers est liée au bénéfice, alors ils seront incités à ne pas
divulguer les informations qui peuvent affecter leur rémunération. Les actionnaires
rationnels peuvent faire face à ces manipulations en réduisant la rémunération des
dirigeants.
Les prêteurs et les créditeurs demandent aussi des informations pertinentes sur les
mauvaises nouvelles, parce la valeur de leurs dettes est plus sensible au déclin de la
valeur de la firme plus qu’à son augmentation.
Pour ces deux formes de contrats, l’émergence du principe du conservatisme et la
préparation des états financiers audités permettent de faire face à l’asymétrie
d’information entre les managers et les autres parties.
Autrement, si la comptabilité n’était pas réglementée, les parties contractantes auront
volontairement accepté que les chiffres comptables utilisés pour partager les cashflows entre eux, soient déterminés de façon conservatrice.
Sous-section 1 : Les modes de rémunérations
Dans cette section, on va s’intéresser à un seul mode de rémunération, qui est celui
indexé sur le bénéfice. Cette limitation nous permet de se concentrer sur le rôle du
conservatisme de la comptabilité dans ces formes de contrats.
I- Le rôle de la comptabilité dans les contrats de rémunération :
A ses débuts l’audit des comptes était axé sur le contrôle des dépenses et des
24
détournements des dirigeants, plutôt que sur le manquement à leurs obligations.
C’est au début du 19ème siècle qu’on a commencé à rémunérer les dirigeants sur la base
des comptes audités.
L’utilisation de plus en plus répandue des contrats de rémunération indexés sur le
bénéfice suppose qu’ils sont des contrats efficients. Autrement, l’utilisation de ces
formes de contrats permet de maximiser la valeur de la firme.
1) Les raisons de l’utilisation des contrats de rémunération indexés sur le
bénéfice :
Il n’y a aucune théorie qui explique la composition du schéma de rémunération des
dirigeants. Mais, par le recours à la littérature on peut recenser trois facteurs possibles
qui motivent l’utilisation des modes de rémunération indexés sur le bénéfice : La non
observation de la valeur du marché de la firme, la désaggrégation des performances et
les taxes.
- La non observation de la valeur au marché de la firme :
Ce problème concerne généralement les firmes dont les dettes ne sont pas échangées
(côtés). Par conséquent, le changement de la valeur totale de la firme (actions + dettes)
n’est pas observé. Dans ce cas, le bénéfice apparaît comme l’indicateur le plus fiable
sur le changement de la valeur de la firme.
- La désaggrégation des performances : Etant donné que le haut manager est le seul
responsable de la totalité de la firme, donc la valeur au marché des sous unités de la
firme pour lesquelles d’autres managers sont responsables ne peut pas être observée.
Par conséquent, le bénéfice peut être calculé pour chacune des sous unités de la firme
et c’est un indicateur de la valeur au marché.
25
- Les taxes :
L’utilisation des plans d’incitation permet le report des taxes sur une période inférieure
à une année. Donc, l’avantage d’impôt procuré par ce mode de rémunération n’est pas
assez important.
En outre, cet avantage est contrecarré par l’exigence des dirigeants d’une rémunération
fixe assez importante. En effet, le plan d’incitation présente
un risque pour le
manager, surtout pour le top manager.
Etant donné que ce dernier est averse au risque, il veut être rassuré par une
rémunération fixe assez importante. Ceci étant, malgré que l’avantage du plan
d’incitation soit faible, les firmes l’adoptent.
2) Les firmes utilisant la rémunération indexée sur le bénéfice :
Malgré que les recherches sur la nature des entreprises qui utilisent les contrats de
rémunération indexés sur le bénéfice ne soient pas multiples, il est à noter que les
firmes appartenant à l’industrie manufacturière utilisent ces formes de contrats plus
que les entreprises commerciales.
Il n’y a aucune théorie qui permet d’expliquer pourquoi les firmes manufacturières
utilisent les contrats de rémunération indexés sur le bénéfice plus que les autres
firmes.
Etant donné que la rémunération (prime) incite les managers à minimiser la valeur de
la firme, donc l’indice de performances (bénéfices) qui sert à calculer la rémunération
doit être corrélée avec l’effet des actions des managers sur la valeur de la firme.
26
II- Les effets des plans de rémunération indexés sur le bénéfice sur la
comptabilité :
Si on suppose que les managers contrôlent la détermination du bénéfice jusqu’au
point où ils peuvent reporter les chiffres qu’ils souhaitent, dans ce cas la rémunération
indexée sur le bénéfice n’aurait aucune existence pour les fins incitatives.
Le marché anticipe la manipulation des chiffres comptables par les managers, en
publiant des bénéfices élevés plutôt que prendre des actions qui augmentent le
bénéfice et donc la valeur de la firme. Par conséquent, le recours à ces formes de
contrats s’avérerait sans résultat sur la valeur de la firme. Si on utilise la rémunération
indexée sur le bénéfice, on doit réduire la liberté d’utilisation des méthodes
comptables pour le calcul du bénéfice. Ces restrictions doivent être contrôlées ou
auditées.
Le résultat de ces restrictions doit permettre aux bénéfices de refléter les effets des
actions des managers sur la valeur de la firme.
Etant donné des contrats de rémunération indexés sur le bénéfice, on s’attend à ce que
le choix des procédures comptables par les managers soit limité, mais non totalement.
La motivation pour cette limitation des procédures comptables fournit des explications
pour le type de procédures comptables qui peut être choisi par le manager (parmi
celles permises).
1) L’ensemble des choix comptables :
L’examen des premiers textes comptables et d’audit indique que le choix des méthodes
comptables par les managers a été limité avant même la réglementation et que le rôle
des plans de rémunération était important. Le conservatisme a été mis en relief dans
ces textes.
27
Le conservatisme veut dire que les comptables doivent prendre en compte la valeur la
plus faible entre plusieurs valeurs possibles pour les actifs et la valeur la plus élevée
pour les passifs. Les revenus doivent être reconnus au moment de la réalisation
effective, alors que les dépenses doivent l’être le plutôt possible.
Le conservatisme a été accentué par le comportement des managers qui consiste à
utiliser la valeur la plus faible entre le coût historique et la valeur de marché (valeur de
réalisation nette telle que prévue par la norme 3 relative aux stocks) des stocks.
En fait, l’une des fonctions du principe du conservatisme est de faire face à
l’optimisme des dirigeants (encouragé par le contrat de rémunération indexé sur le
bénéfice).
L’utilisation de la valeur la plus faible entre le coût historique et la valeur de marché
(valeur de réalisation nette) et le principe du conservatisme de façon générale
expliquent pourquoi le bénéfice est calculé sur la base d’un mélange entre le coût
historique et la valeur de marché.
En effet, le calcul exige la connaissance des cash-flows futurs et la valeur de marché
des actifs. Dans plusieurs cas les managers sont les plus aptes à estimer la valeur de
marché des actifs plus qu’une autre personne (auditeur). Ceci peut amener les
managers à utiliser cet atout en leur faveur. Si les managers utilisent cet atout, donc
l’association entre le bénéfice et l’effet des actions des managers sur la valeur de la
firme peut être affectée, réduisant ainsi l’efficacité des contrats d’incitation.
Ainsi, le conservatisme peut apparaître en tant que ‘’mécanisme régulateur’’ du
comportement des dirigeants, c’est à dire leur comportement opportuniste.
28
2) Le choix entre les procédures permises :
Avant la réglementation, il y avait plusieurs régularités et pratiques permises dans la
comptabilité. Malgré cela, il y avait une grande marge de liberté dans les pratiques sur
lesquelles les managers peuvent exercer leur discrétion. Par exemple, un manager peut
ne pas divulguer un changement de méthodes comptables (le passage de
l’amortissement linéaire à celui dégressif). Mais, le comité de rémunération va
nécessairement faire des ajustements pour toutes les méthodes sur lesquelles les
managers exercent leur discrétion.
Les contrats qui utilisent les chiffres comptables n’arrivent pas à aligner les intérêts
des managers et des parties contractantes si les managers ont une discrétion complète
sur les chiffres comptables.
En fait, si les managers connaissent quelle méthode comptable motive le mieux leurs
subordonnés, les parties contractantes voudraient que les dirigeants aient une marge
discrétionnaire sur les chiffres comptables. On devrait s’attendre donc à quelques
restrictions sur la discrétion des managers, qui garderont quand même une marge de
liberté.
Ils vont exercer cette discrétion parce que :
(1) la discrétion exercée est bénéfique pour le manager en dépit des autres parties ou
(2) la discrétion exercée est bénéfique pour toutes les parties.
Si les managers ont été élus pour exercer la discrétion pour leur avantage ex-post, et
qu’elle a des effets distributifs de richesse entre les parties, donc on peut dire que les
managers réagissent de façon opportuniste (watts & Zimmerman, 1990).
L’existence des schémas de rémunération suppose des coûts de contrôle et suppose
29
aussi que les managers soient capables d’exercer leur discrétion dans le choix des
méthodes comptables. Or, aujourd’hui un changement de méthodes comptables doit
faire l’objet d’une notification de la part des auditeurs, et aussi l’effet de ce
changement doit faire l’objet d’un compte rendu durant la même année.
Si le comité de rémunération ne fait pas d’ajustement lors du calcul de la part revenant
aux managers pour prendre en compte les manipulations éventuelles des principes
comptables, alors ceci poussera les dirigeants à utiliser les procédures comptables qui
augmenteront le bénéfice dans certains cas et les procédures qui diminuent les résultats
dans d’autres cas. En effet, si la firme a enregistré une perte, les managers
augmenteront la perte par la prise en compte de toutes les pertes futures possibles, et
c’est ce qu’on appelle ‘’big bath’’, de façon que le bénéfice des périodes futures soit
plus élevé.
Enfin, même si les managers peuvent exercer leur discrétion à l’intérieur de
l’ensemble des procédures permises (accepted set of accouting procedures), cette
discrétion se trouve limitée par ce qu’on appelle le conservatisme de la comptabilité et
le principe d’objectivité.
30
Sous-section 2 : Les contrats de dettes
Malgré qu’il n’y ait pas une évidence directe que les états financiers audités sont
utilisés pour contrôler les contrats de dettes avant le 19ème siècle, aujourd’hui les états
financiers réalisent cet objectif.
Les contrats de dettes (publiques ou privés) incluent des parties qui utilisent les
chiffres comptables des états financiers audités pour réduire la discrétion des
dirigeants. La non conformité au contrat est considérée comme étant une faute donnant
au prêteur le droit de prendre les mesures nécessaires (par exemple : Intenter une
action).
Les managers doivent fournir chaque année une attestation annuelle qui garantisse que
les états financiers ont été audités et qu’il n’y a aucune faute de la part des dirigeants
exigeant une réserve de la part de l’auditeur.
§1- Utilisation des chiffres comptables dans les contrats de dettes :
Cette utilisation prend la forme de restrictions dans les contrats. Parmi ces restrictions
on trouve :
- Les restrictions de dividendes et d’achat d’actions :
Dans les contrats de dettes les prêteurs insèrent des clauses qui interdisent aux
managers de distribuer des dividendes, c’est à dire la non répartition des bénéfices.
- La maintenance d’un fonds de roulement :
Certains contrats exigent de maintenir un fonds de roulement minimum.
- Les restrictions sur les fusions :
Une façon d’augmenter le risque d’une firme après avoir contracté une dette, est de
31
fusionner avec une firme plus risquée. Les contrats de dettes peuvent stipuler des
restrictions, y compris les fusions. Ces restrictions réduisent la capacité des managers à
utiliser les fusions pour augmenter le risque de la firme et par conséquent réduire la
valeur de la dette.
- Les restrictions d’investissement dans d’autres firmes :
Les managers peuvent aussi changer le risque de la firme en investissant dans les
actions d’autres firmes. Il y a certaines conventions qui interdisent ces investissements.
Dans plusieurs cas on fixe un seuil qui est fonction des capitaux propres
(un
pourcentage) et qu’on ne doit pas dépasser.
- Les restrictions de la disposition d’actifs :
De la même façon, il s’agit des restrictions qui ont pour but de ne pas changer le risque
de la firme.
- Les restrictions de dettes additionnelles :
Dans les contrats de dettes on peut insérer des clauses qui interdisent de contracter
d’autres dettes d’une plus grande exigibilité.
Parfois, les prêteurs autorisent d’emprunter sous certaines conditions (garder un
minimum de ratios). Les contrats de dettes utilisent les principes comptables
généralement admis (GAAP) pour vérifier l’exactitude des chiffres comptables
publiés. Malgré cette utilisation, on fait dans certains cas des ajustements.
Un changement dans les procédures comptables utilisées (GAAP) peut causer des
fautes dans les contrats de dettes existants, parce que les chiffres utilisés ont été
calculés en utilisant les anciens GAAP. Par conséquent, les contrats sont affectés par
les changements des principes comptables.
32
§2- Les effets des contrats de dettes sur la comptabilité :
Les contrats de dettes seront efficaces si et seulement si on a des restrictions sur la
capacité des managers à manipuler les chiffres comptables. Par conséquent, si les
procédures comptables utilisées pour le calcul des chiffres publiés n’étaient pas
réglementées, alors un ensemble de procédures comptables qui réduisent le choix des
managers et qui est accepté par toutes les parties doit émerger et s’imposer.
Les déviations des contrats de dettes à partir de l’ensemble des principes comptables,
c’est à dire la non conformité des contrats
de dettes avec certains principes
comptables permet d’éviter certaines augmentations des bénéfices et des valeurs des
actifs permises en appliquant les principes comptables.
Ces contrats exigent aussi certaines diminutions des bénéfices et des actifs ou des
augmentations des passifs qui n’étaient pas nécessaires en appliquant les GAAP.
Toutes ces différences ou ces écarts à partir de l’ensemble des principes comptables
admis sont consistants avec le principe du conservatisme de la comptabilité.
Ces différences permettent de retarder la prise en compte des revenus et de choisir la
valeur la plus faible pour les actifs (exclure les actifs incorporels).
Dans le cas où un actif additionnel serait inclut (leasing), alors l’effet de cette action
est conservateur, parce que le passif qui accompagne cette action assure une
augmentation du ratio dettes / capitaux propres. Ces écarts ont pour objectif d’éliminer
la tendance des managers à surévaluer les actifs et à gonfler les bénéfices, et aussi
réduire la manipulation des chiffres comptables par les managers.
Ces différences entre les GAAP (les principes comptables) et les principes utilisés
dans les contrats de dettes sont des tentatives pour ne pas appliquer les GAAP. Mais,
33
cela suppose qu’en absence d’une réglementation, le conservatisme et le principe
d’objectivité devront être utilisés.
- Le choix entre les principes comptables :
Les principes comptables laissent aux managers une grande discrétion dans le choix
des méthodes comptables. Par exemple, le manager peut choisir entre l’amortissement
linéaire et celui dégressif, entre la méthode FIFO ou la méthode LIFO pour les
stocks…
Une faute dans le contrat de dette est très coûteuse, donc les contrats qui définissent les
infractions en terme de chiffres comptables, incitent les managers à choisir les
procédures comptables qui réduisent la probabilité d’une éventuelle infraction. Par
conséquent, ils vont choisir les méthodes qui augmentent les actifs, réduisent les
passifs, augmentent les revenus et diminuent les dépenses (c’est à dire les méthodes
non conservatrices).
34
Conclusion
Les contrats de dettes et les plans de rémunération sont basés sur les chiffres
comptables. Pour cet effet, il doit y avoir des restrictions sur les actions des managers
et plus précisément sur les méthodes de calcul des chiffres comptables.
Mais, cela peut entraîner un coût de contrôle et de fixation des méthodes comptables.
Ce coût peut expliquer la discrétion laissée aux managers dans le choix des méthodes
comptables. Si cette discrétion est présente, on s’attend au développement d’un
ensemble de procédures comptables au sein duquel les managers peuvent agir.
On peut d’or et déjà prévoir la nature de l’ensemble des procédures permises à partir
des textes comptables et d’audit qui ont précédé la réglementation et aussi à partir des
changements dans les procédures comptables utilisées dans les contrats de dettes.
Les deux formes de contrats supposent que les procédures permises soient
conservatrices pour éliminer l’incitation des managers à gonfler le bénéfice ou
surévaluer les actifs.
35
Chapitre II
Le conservatisme : revue de la littérature
Introduction
Le conservatisme de la comptabilité est un phénomène très intéressant, qui n’a cessé
d’attirer l’attention des chercheurs (12) . Il a fourni des explications pour des relations
qui étaient inexpliquées.
La relation entre les actionnaires et les managers est souvent caractérisée par
l’asymétrie d’information entre les deux parties. Etant donné que les dirigeants
possèdent souvent des informations sur les transactions de la firme et la valeur de ses
actifs,
ces managers sont opportunistes et cherchent à maximiser leur utilité (13) .
L’émergence du conservatisme a été considérée comme étant une solution pour réduire
l’opportunisme de ces derniers.
De même, les études sur les relations entre le bénéfice et le rendement ont aboutit à un
résultat unique, qui est la faible association entre les bénéfices et les rendements.
Plusieurs explications ont été avancées comme celle de Kothari (2001) :
-
Prices lead earnings : l’information reflétée dans les cours est plus riche que
celle incorporée dans le bénéfice (14) . Dans un marché efficient, les cours
incorporent instantanément les révisions des investisseurs sur les cash-flows
futurs. Par contre, le bénéfice incorpore les informations avec un retard à cause
de l’application des principes comptables.
-
Marché inefficient : si le marché échoue à apprécier correctement les
implications d’une surprise par les bénéfices actuels sur les bénéfices futurs.
L’association entre le rendement et le bénéfice sera faible.
(12) Selon Givoly & Hayn (2000), le conservatisme est intéressant pour les normalisateurs, les investisseurs et les analystes.
(13) D’après la théorie d’agence telle qu’elle a été interprétée par Tremblay, Magnan & Cormier (1994).
(14) Un grand nombre d’articles a étudié les implications de ce phénomène comme : Kothari (1992), Collins & al (1994), Easton & al
(1992), Kothari & Sloan (1992)…
36
-
Bruit associé aux bénéfices (‘’noise in earnings’’) : le bénéfice est défini
comme étant la somme de ce qu’on appelle « vrai bénéfice » et d’une
composante bruitée (‘’garbling’’ or ‘’noise’’ component).
-
Bénéfice transitoire : selon cette explication, le bénéfice suit une marche
aléatoire. Il y a une partie constante plus une composante transitoire. Plusieurs
raisons ont été avancées pour expliquer la composante transitoire. Parmi ces
raisons on trouve l’impact du conservatisme de la comptabilité. En effet, cela
est du à l’asymétrie d’information entre les managers et les autres parties.
La faible association entre les bénéfices et les rendements boursiers nous pousse à
remettre en question soit l’hypothèse d’efficience du marché financier, soit l’utilité de
l’information comptable pour les investisseurs.
Les études qui mettent en relation les chiffres comptables avec le marché financier
supposent que ce dernier est efficient. Il s’agit d’un postulat très important permettant
de tester la réaction du marché financier face à l’annonce d’une information comptable
ou de chercher le contenu informationnel de cette information.
Enfin, d’autres recherches ont essayé d’expliquer cette faible association par
l’influence d’autres phénomènes, notamment le conservatisme sur le bénéfice. Ces
recherches peuvent être classées en deux catégories :
• Les études qui portent sur l’effet du conservatisme sur la comptabilité
d’un pays : ce sont des études dont l’échantillon est composé par
l’ensemble des firmes appartenant à un même pays.
• Les études qui portent sur l’effet des différences internationales sur le
37
degré du conservatisme des bénéfices: les chercheurs classent les pays
selon leur degré de conservatisme.
Section 1: Utilité de l’information comptable: Etude de Ball & Brown
(1968)
L’article de Ball & Brown (1968), qui a été réalisé aux états unis, est l’un des premiers
articles empiriques qui a stipulé l’existence d’une relation entre les bénéfices et les
rendements boursiers (cette relation a été testée empiriquement). Donc, Ball & Brown
sont les premiers qui ont pu mettre en relief l’utilité de l’information comptable pour le
marché financier.
D’après la description de Tremblay, Magnan & Cormier (1994), le fondement
théorique de l’étude de Ball & Brown est le suivant : à tout instant, le prix d’un titre
reflète les attentes des investisseurs quant aux flux monétaires futurs de la firme.
Si une information comptable est utile aux investisseurs, donc sa publication amènera
les investisseurs à réviser leurs attentes soit à la hausse, soit à la baisse.
Ball & Brown ont choisi le bénéfice comptable pour leur étude. Etant donné que les
attentes du marché quant au bénéfice n’étaient pas connues, alors Ball & Brown ont
fait appel à deux modèles d’anticipation du bénéfice :
- Le premier modèle est un modèle’’ naïf ’’, dans le sens que le bénéfice prévu au
cours d’un exercice correspond au bénéfice de l’exercice précédent.
- Le deuxième modèle: suppose que l’évolution du bénéfice d’une firme est en
corrélation avec l’évolution des bénéfices des autres firmes.
L’étude de Ball & Brown est une étude d’association où ils ont régressé le bénéfice
avec les rendements anormaux cumulés sur une période de douze mois.
38
Les rendements anormaux ont été calculés en utilisant le modèle de marché. Les
entreprises formant l’échantillon ont été classées en deux groupes :
- Un groupe dont la variation du bénéfice s’est avérée plus élevée que la variation du
bénéfice anticipé (signal négatif).
- Un groupe dont la variation du bénéfice s’est avérée moins élevée que la variation du
bénéfice anticipé (signal positif).
La figure 1 ci-dessous montre les résultats obtenus par Ball & Brown :
39
Figure 1 :
Source: Ball & Brown (1968), p.168.
40
Les résultats montrent que :
- Il y a une cohérence entre l’information comptable et la réalité économique d’une
firme.
- Le marché financier commence à anticiper l’information contenue dans le bénéfice
avant sa publication. Cette dernière n’entraîne qu’une faible réaction expliquant moins
de 15% du rendement annuel cumulé d’un titre.
Cette étude permet de confirmer le rôle joué par l’information comptable. De même,
cette étude est l’une des
premières recherches ayant comparé le contenu
informationnel du bénéfice comptable et du flux de trésorerie d’exploitation.
Les résultats montrent la supériorité des bénéfices sur les cash-flows d’exploitation
quant à l’explication des rendements boursiers.
Dans son article en 1997, Basu a choisit les rendements boursiers en tant qu’indicateur
des nouvelles. Les rendements positifs représentent les bonnes nouvelles et les
rendements négatifs représentent les mauvaises nouvelles. Si on applique ce choix à
l’étude de Ball & Brown (1968), on peut conclure que les bénéfices ont un contenu
informationnel plus élevé que les cah-flows. Autrement dit, les bénéfices reflètent les
nouvelles plus rapidement que les cash-fows, et c’est ce qu’a démontré Basu en 1997.
Par conséquent, l’étude de Ball & Brown (1968) confirme implicitement l’influence du
conservatisme sur les bénéfices.
41
Section 2: Le modèle de base des recherches antérieures: Le modèle
de Basu (1997)
Dans son article de 1997, Basu a choisi le rendement de l’action en tant qu’indicateur
des nouvelles. Les rendements positifs en tant qu’indicateur des bonnes nouvelles et
les rendements négatifs en tant qu’indicateur des mauvaises nouvelles. Ce choix lui a
permis de développer un modèle de régression inverse qui est devenu par la suite un
modèle de base de la majorité des recherches qui ont porté sur le conservatisme.
Le modèle est le suivant :
Xit / Pit-1 = α 0 + α 1 DRit + β0 Rit + β1 Rit* DRit
Où
- Xit / Pit-1 : le bénéfice par action de la firme i pendant l’exercice t
- Rit = ( Pit – Pit-1 ) / Pit-1 : le rendement de le firme i sur la période 9 mois avant la fin
de l’exercice et 3 mois après sa fin.
- DRit : variable muette ; =1 si Rit < 0, =0 ailleurs.
- Pit-1 : le cours de la firme i au début de la période t.
En 1999, Pope & Walker ont développé un soubassement économétrique au modèle
de Basu(1997). Le développement est le suivant :
D’après Pope & Walker, on suppose que les cours reflètent toutes les informations
publiquement disponibles, et ils définissent le bénéfice permanent comme étant la
perpétuité qui, capitalisé au coût de capital, est proportionnel aux cours observés.
Donc, le bénéfice permanent (xt) est défini par l’identité suivante :
Pt ≡ K.xt
(1)
Où Pt est le cours à la date t et K, l’inverse du coût de capital.
On suppose aussi que les dividendes sont égaux au bénéfice permanent, et donc le
bénéfice permanent suit une marche aléatoire :
42
xt = xt-1 + et
(2)
Où et est le choc aléatoire au bénéfice permanent pendant la période t. Pour ce qui suit,
les équations (1) et (2) donnent :
et/Pt-1 = 1/K ( Pt −1)
Pt −1
(3)
On suppose que le bénéfice divulgué (Xt) est relié au bénéfice permanent comme suit :
Xt = xt – θ0 et+ + Ω0 et− +Vt
(4)
Où θ0 est un paramètre qui capte la prise en compte incomplète des bonnes nouvelles
pendant la période t (i.e, e+ > 0, e− = 0), Ω0 reflète la prise en compte des mauvaises
nouvelles (i.e, e+ = 0, e− < 0), et Vt = Vt ( et+−τ , et−−τ ; ∀ τ =1,…, T) représente l’effet des
nouvelles des périodes passées sur le bénéfice actuel.
L’équation (4) permet de distinguer deux sources de déviation entre le bénéfice publié
et le bénéfice permanent. Si le choc est positif (il y a des bonnes nouvelles, et = e+ > 0),
la prise en compte d’une proportion θ0 est retardée sous l’effet du conservatisme.
Si le choc est par contre négatif (il y a des mauvaises nouvelles, et = e− < 0), un
multiple, Ω0 + 1, du choc est incorporé dans le bénéfice actuel.
Si Ω0 > 0, alors il y a le conservatisme et par conséquent, le bénéfice divulgué est
inférieur au bénéfice permanent.
Un système comptable parfait et non biaisé, est celui dans lequel θ0 et Ω0 sont égaux à
zéro.
Vt reflète les effets des nouvelles des périodes passées sur le revenu de la période
actuelle.
43
En divisant l’équation (4) par le cours de début de période et en utilisant l’équation (1),
on trouve :
Xt/Pt-1 = 1 ( Pt ) – (θ0 et+ / Pt-1) + (Ω0 et− / Pt-1) +Vt/ Pt-1 (5)
K Pt −1
On définit Rt = Pt −1 , les équations (3) et (5) donnent :
Pt −1
Xt/Pt-1 = 1 + 1−θ0 Rt + Vt/ Pt-1 si Rt ≥ 0 (6’)
K
K
Xt/Pt-1= 1 + 1+Ω0 Rt + Vt/ Pt-1 si Rt ≤ 0 (6’’)
Et :
K
K
Si on introduit une variable Dummy(muette), Dt, qui prend la valeur 1 si Rt ≤ 0, et 0
ailleurs, (6’) et (6’’) donnent :
Xt/Pt-1 = 1 + 1−θ0 Rt + θ0+Ω0 Rt Dt + Vt/ Pt-1 (7)
K
K
K
L’équation (7) peut être utilisée pour interpréter l’équation ou le modèle de Basu
(1997) :
Xt/Pt-1 = α 1 + α 2Dt + β1 Rt + β2 Rt* Dt + υt
(8)
Où α1, α2, β1 et β2 sont les coefficients de la régression et υt :le terme d’erreur (de
moyenne nulle). En comparant les équations (7) et (8) on obtient :
E(α1) = 1 + E(Vt/ Pt-1), E(α2) = 0, E(β1) = 1−θ0 , E(β2) = θ0+Ω0
K
K
K
Le coefficient β1 reflète la réponse du bénéfice aux nouvelles.
Si les bonnes sont totalement prises en compte sans aucun retard, alors β1= 1 . Si la
K
reconnaissance des bonnes nouvelles est partiellement différée, on anticipe que β1 soit
positif et inférieur au coût du capital.
La somme de β1 et β2 capte la réponse du bénéfice aux mauvaises nouvelles. Le
conservatisme implique que β2 > 0.
44
Enfin, Pope & Walker ont résumé dans la figure 1 qui suit toutes les mesures du
conservatisme :
1- Ratio des paramètres de la régression mauvaises nouvelles /bonnes
nouvelles
C1 = 1+Ω0
1−θ0
2- Ratio des R2 ajustés des modèles de régression mauvaises nouvelles / bonnes
nouvelles
2
C2 =
R (mauvaises nouvelles)
2
R (bonnes nouvelles)
3- La sensibilité aux mauvaises nouvelles – la sensibilité aux bonnes nouvelles
soit :
C3a = θ0+Ω0
ou :
C3b = θ0 + Ω0
K
4- La sensibilité aux mauvaises nouvelles
soit :
C4a = 1+Ω0
ou :
C4b = 1+Ω0
K
5- Bénéfice moyen / biais des cours décalés
C5 (total) = θ0 E(R/bonne)P(bonne) - Ω0 E(R/mauvaise)P(mauvaise)
K
K
C5 (bonne) = θ0 E(R/bonne)P(bonne)
K
C5 (mauvaise) = θ0 E(R/mauvaise)P(mauvaise)
K
Fig.1- mesures du conservatisme [source : Pope & Walker (1999) P.61]
45
Section 3: Revue des recherches portant sur le conservatisme
Récemment les études d’associations ont mis en relief le conservatisme de la
comptabilité.
Le point commun entre ces études, c’est qu’elles cherchent à savoir comment le
conservatisme affecte les bénéfices, de façon qu’ils reflètent les mauvaises nouvelles
avant les bonnes nouvelles et aussi à savoir où se manifeste le conservatisme.
Autrement, est ce que le conservatisme se manifeste au niveau des accruals ou des
cash-flows, étant donné que le bénéfice est la somme des cash-flows et des accruals.
Cependant, chaque étude garde ses spécificités. Dans cette section on présentera les
spécificités méthodologiques de chaque étude et enfin, synthétiser les résultats
dégagés.
I- Les méthodologies des recherches antérieures :
Les travaux réalisés ont adopté des méthodologies similaires. Ces méthodologies sont
basées sur celle de Basu (1997). Cependant, chaque étude a essayé d’apporter des
améliorations méthodologiques.
Les recherches que nous avons recensées peuvent être classées en deux catégories :
Les études portant sur le marché local et les études portant sur les marchés
internationaux.
1) Les études portant sur l’effet du conservatisme sur le marché local :
a) Etude de Basu (1997) :
L’article de Basu (1997) est l’article le plus cité dans les recherches qui portent sur le
conservatisme de la comptabilité.
La problématique de cette étude est décomposée en deux grands axes : le premier
concerne l’impact du conservatisme sur la pertinence du bénéfice (‘’timeliness’’) et en
46
particulier sur les accruals. Le deuxième axe est relatif à l’effet du conservatisme sur la
persistance des bénéfices et sur la réaction du marché financier.
L’étude de Basu avait pour objectif de démontrer que le bénéfice reflète les mauvaises
nouvelles dés qu’elles se produisent, alors qu’il retarde la prise en compte des bonnes
nouvelles jusqu’à leur réalisation effective. Ensuite, vérifier que la variation négative
des bénéfices est moins persistante que celle positive. Enfin, examiner l’ajustement du
marché financier à l’effet du conservatisme sur le bénéfice.
Des objectifs déjà cités découlent quatre hypothèses :
-
Hypothèse 1 : « la pente et le R2, de la régression linéaire des rendements avec
les bénéfices, sont plus grands pour les rendements négatifs que ceux positifs ».
-
Hypothèse 2 : « la pertinence (15) des bénéfices, par rapport aux cash-flows, est
plus grande pour les rendements négatifs que ceux positifs ».
-
Hypothèse 3 : « Les variations négatives des bénéfices ont une plus grande
tendance à s’inverser dans les périodes suivantes, que les variations positives
des bénéfices ».
-
Hypothèse 4 : « dans la période d’annonce, la régression des rendements
anormaux avec les variations positives des bénéfices est plus grande que celle
avec les variations négatives des bénéfices ».
Dans son étude, Basu a utilisé un échantillon constitué par l’ensemble des annéesfirmes américaines dont les rendements se trouvent dans la base CRSP et les données
comptables dans le COMPUSTAT. L’étude couvre une période de 28 ans, soit de 1963
jusqu’à 1990.
D’après la définition de Basu, le conservatisme c’est la prise en compte des mauvaises
nouvelles dans les bénéfices actuels et le retardement de la prise en compte des bonnes
nouvelles jusqu’à leur réalisation effective.
(15) L’équivalent du mot ‘’timeliness’’ c’est le terme pertinence tel que prévu par le décret N° 96-2459, portant approbation du
cadre conceptuel de la comptabilité.
47
Pour mesurer les nouvelles, il a utilisé le rendement non anticipé de la manière
suivante :
- Le rendement positif représente les bonnes nouvelles.
- Le rendement négatif représente les mauvaises nouvelles.
Le choix des rendements comme mesure du conservatisme a été repris par la majorité
des études, malgré que Basu n’a pas fournie un fondement économétrique pour ce
choix.
Afin de tester ces prédictions, Basu a utilisé la régression annuelle « inverse »
(‘’reverse regression’’) (16) , où le bénéfice est la variable dépendante et le rendement
constitue la variable indépendante.
Le modèle est le suivant :
Xit / Pit-1 = α 0 + α 1 DRit + β0 Rit + β1 Rit* DRit
Où
- Xit / Pit-1 : le bénéfice par action de la firme i pendant l’exercice t
- Rit = ( Pit – Pit-1 ) / Pit-1 : le rendement de le firme i sur la période 9 mois avant la fin
de l’exercice et 3 mois après sa fin.
- DRit : variable muette ; =1 si Rit < 0, =0 ailleurs.
- Pit-1 : le cours de la firme i au début de la période t.
b) Etude de Givoly & Hayn (2000) :
Givoly & Hayn (2000) ont étendu la recherche de Basu dans le temps en employant la
méthodologie similaire. Ils ont examiné la variation du degré du conservatisme sur
quatre décennies.
L’objectif était de déterminer l’évolution du degré de conservatisme aux Etats-Unis.
L’hypothèse dans cette étude était implicite. Le degré de conservatisme aux Etats-Unis
a augmenté durant les quatre décennies.
(16) Cready, Hurtt & Seida (2001) fournissent un cadre général pour l’application de ce modèle, ce qui permettra d’éviter les
erreurs de mesures dans les bénéfices.
48
Givoly & Hayn ont utilisé un échantillon composé par l’ensemble des firmes
contenues dans la base de données COMPUSTAT, pour les données comptables et
dans la base CRSP, pour les données boursières. L’étude couvre une période de 49
ans, soit de 1950 jusqu’à 1998. Pour assurer la comparabilité des résultats, la majorité
des analyses a été conduite sur un échantillon constant pour la période 1968 jusqu’à
1998.
Givoly & Hayn ont recensé les mesures du conservatisme qui ont été utilisées par les
autres études (17) . Dans cette recherche, ils ont utilisé quatre mesures pour estimer le
degré, ainsi que la variation, du conservatisme de la comptabilité aux Etats-Unis à
travers les quatre dernières décennies :
- Le niveau et le taux d’accumulation des accruals négatifs hors exploitation.
- Les mesures basées sur la relation entre le bénéfice et le rendement (dérivées de
l’étude de Basu (1997)) durant les périodes de bonnes et de mauvaises nouvelles.
- Les mesures basées sur les propriétés temporelles des bénéfices et des cash-flows (la
variabilité des bénéfices par rapport aux cash-flows et la symétrie (‘’skewness’’) de la
distribution des bénéfices ; et
- Le ratio valeur de marché sur valeur comptable (P/B).
Pour la mesure basée sur la relation bénéfice-rendement, le modèle utilisé est celui de
Basu (1997), tel que présenté précédemment.
Pour les autres mesures, il s’agit de tracer les courbes d’évolution des différentes
mesures sur une période de 49 ans.
(17) Pour une description plus détaillée de ces mesures, voir Givoly & Hayn (2000).
49
c) Etude de Zhang (2000) :
La problématique traitée par Zhang (2000) porte sur l’effet du conservatisme sur la
relation entre la valeur de la firme et les données comptables. L’objectif donc, est
d’examiner l’impact du conservatisme sur le ratio valeur de marché sur valeur
comptable (P/B ratio).
L’hypothèse est énoncée de façon implicite : en présence du conservatisme, le ratio de
la valeur marché sur la valeur comptable est supérieur à un.
L’étude de Zhang est plutôt théorique. Sa contribution se situe à trois niveaux :
- Elle fournit un cadre général qui intègre les différents aspects du conservatisme de la
comptabilité.
- Elle montre que le conservatisme de la comptabilité affecte négativement la relation
entre le bénéfice capitalisé et la valeur comptable.
- En présence du conservatisme, la croissance de la firme joue un rôle important dans
l’évaluation des capitaux propres.
d) Etude de Penman & Zhang (2001) :
Dans le même ordre d’idée l’étude de Penman & Zhang (2001) porte sur l’effet du
conservatisme sur la qualité du bénéfice.
Le bénéfice publié (avant éléments extraordinaires) est de bonne qualité s’il est un bon
indicateur des bénéfices futurs qui sont déjà anticipés à partir des informations
disponibles. Dans ce cas on peut dire que le bénéfice est durable (‘’sustainable
earnings’’). Par conséquent, les bénéfices non durables sont de mauvaise qualité.
Cette étude veut dévoiler que même si on applique le conservatisme sur une base
50
consistante, le problème de la mauvaise qualité des bénéfices persiste. D’où
l’hypothèse :
« La présence du conservatisme et l’augmentation des investissements affectent
négativement la qualité du bénéfice ».
D’après cette étude le conservatisme ne joue plus le rôle habituel qu’on lui a assigné
dans la théorie. En effet, sa présence devient nuisible à la comptabilité, puisqu’il
affecte la qualité du bénéfice divulgué.
Penman & Zhang ont utilisé un échantillon constitué par l’ensemble des firmes dont
les données comptables sont fournies par COMPUSTAT et les données boursières par
CRSP. L’étude couvre une période de 23 ans, soit de 1975 jusqu’à 1997. Le nombre
total des firmes utilisées dans cette étude est de 38450.
Afin de mesurer le conservatisme, ils ont développé un indice, appelé C-scores. Il
mesure l’effet du conservatisme sur le bilan.
Cit = ERit
NOAit
* ERit : le niveau des réserves estimées = INVit + RDit + ADVit
res
res
res
Où INV res : provision sur les stocks, RDres : provision sur les recherches et
développement, et ADV res : provision sur les dépenses publicitaires.
* NOAit : les actifs nets d’exploitation = la valeur comptable des actifs d’exploitation –
les dettes d’exploitation.
Aussi, ils ont développé un indicateur qui mesure l’effet du conservatisme sur l’état de
résultat, c’est le Q-scores. Cet indicateur est la combinaison de deux autres
indicateurs : QA et QB.
51
QA = ERit - ERit −1 = Cit - Cit-1
NOAit
NOAit −1
QB = ERit - médiane de l’industrie ( ERit ).
NOAit
NOAit
Par conséquent, Qit = (0.5 Qit ) + (0.5 Qit ).
A
B
Pour vérifier si le marché valorise les cours en appréciant la qualité du bénéfice qui
est indiqué par le Q-scores, ils ont utilisé le modèle suivant :
Rit+1 = α
0
+ α
1
βit DRit + α
2
LN(M)it + α
3
LN(B/M)it + α
4
LN(LEV)it + α
5
(E(+)/P)it + α6 (E/Pdummy)it + α 7 Qit + eit
Où
Rit+1 : Rendement annuel après le Q-scoring.
βit : le bêta du modèle CAPM.
Mit : valeur de marché.
B/Mit : ratio valeur comptable sur valeur de marché.
LEVit : endettement = valeur comptable des actifs totaux sur valeur comptable des
capitaux propres.
E(+)/Pit : ratio bénéfice sur cours, seulement les bénéfices positifs.
E/P dummyit: bénéfice négatif, c’est une variable muette ; = 1si le bénéfice <0 ; = 0
ailleurs.
Qit : Q-scores.
2) Le conservatisme et les différences internationales :
Les études traitées dans cette partie ont étendu la recherche de Basu (1997) à
plusieurs systèmes comptables (plusieurs GAAP).
Ces recherches peuvent être classées en deux catégories :
* Ceux qui font la comparaison entre les systèmes comptables des pays appartenant au
même modèle, et
* Ceux qui font la comparaison entre les systèmes comptables des pays appartenant à
des modèles différents.
52
Toutes les études qui seront citées dans ce qui suit, sont basées sur le modèle
développé par Basu (1997), ainsi que sur sa mesure des bonnes et mauvaises
nouvelles. Mais, certaines recherches comme celle de Pope & Walker ou celle de
Huijgen & Lubberink, ont fait des améliorations méthodologiques et surtout ont
développé un soubassement économétrique au modèle de Basu.
a) Etude de Pope & Walker (1999) :
Pope & Walker (1999) ont analysé les différences du point de vu de la prise en compte
du revenu en comptabilité entre les Etats-Unis et La Grande Bretagne, en se basant sur
le working paper de BKR (1997).
L’objectif de l’étude est double, vérifier si le bénéfice avant et après éléments
extraordinaires aux US est plus pertinent que celui aux UK et examiner la rapidité avec
laquelle les nouvelles des périodes antérieures sont prises en compte dans les bénéfices
actuels.
L’hypothèse implicite de l’étude, est que le bénéfice après éléments extraordinaires
aux UK est plus pertinent que celui aux US.
Dans cette étude, L’échantillon est composé par l’ensemble des firmes côtés sur les
bourses : NYSE/ AMEX pour les US et sur le London stock exchange pour le UK.
Les deux bases de données utilisées sont : COMPUSTAT et DATASTREAM. L’étude
couvre une période de 21 ans, soit de 1976 jusqu’à 1996.
Pope & Walker (1999) furent les premiers à fournir un fondement économétrique au
modèle développé par Basu (1997) (18) . Ce travail capte l’intuition derrière le modèle
de Basu.
Dans ce qui a précédé, on a présenté le fondement économétrique du modèle de Basu
(18) En critiquant l’article de Pope & Walker, Basu (1999) note que : « ils ont introduit une bonne représentation du conservatisme
qui peut être développé pat la suite ».
53
et les arguments pour le choix des rendements non anticipés comme mesure des
nouvelles.
b) Etude de Ball, Kothari & Robin (2000) :
Malgré que la publication de l’étude de Ball, Kothari & Robin (BKR) soit en 2000,
leur working paper date de 1997. Ils furent les premiers à étendre l’étude de Basu à un
contexte plus large, il s’agit du contexte international.
Ils ont comparé les propriétés du bénéfice entre plusieurs pays, composant le modèle
anglo-saxon et le modèle européen continental (pays à système codifié) (19) .
L’objectif consiste à examiner l’impact des différences internationales sur les
propriétés des bénéfices (la pertinence et le conservatisme).
BKR (2000) ont proposé plusieurs hypothèses dont les plus importantes sont :
- Hypothèse 1 : «les revenus dans les pays à système codifié sont plus lissés et moins
rapide lors de l’incorporation des variations de la valeur de marché que les pays à
système basé sur la jurisprudence ».
- Hypothèse 2 : « le bénéfice dans les pays ‘’common law ‘’ est plus conservateur que
celui des pays ‘’code law’’ ».
- Hypothèse 3 : « le bénéfice des pays common law est plus pertinent que les cashflows d’exploitation ».
Les données comptables et boursières, utilisées dans cette étude, sont extraites de la
base de données Global Vantage Industrial/Commercial (IC) file. L’échantillon final
est composé de 40.359 année-firme observations sur une période de 11 ans (soit, de
1985 jusqu’à 1995) et porte sur sept pays : Australie, Canada, UK et USA (common
(19) Nobes & Parker (1995) ont classé les systèmes comptables des pays selon l’orientation économique (P.71).
54
law countries) et la France, l’Allemagne et le Japon (code law countries).
Un échantillon supplémentaire a été utilisé et qui porte sur dix huit pays.
La mesure retenue pour les nouvelles est celle de Basu (1997), à savoir les rendements
non anticipés. BKR ont utilisé aussi le modèle de Basu présenté ci-dessus.
c) Etude de Giner & Rees (2001) :
L’étude Giner & Rees (2001) présente quelques particularités par rapport aux autres
études dans la mesure où la comparaison est faite entre des pays appartenant à la
communauté européenne, et qui sont par conséquent soumises aux directives
européennes.
L’objectif est de démontrer que malgré l’appartenance à des modèles différents, la
France, l’Allemagne et le UK ont le même degré du conservatisme, puisqu’ils sont
régis par les mêmes directives.
Les données, utilisées dans cette étude, ont été collectées à partir de l’Extel Financial
Company Analysis Service. L’échantillon est composé par 1425 firmes françaises,
1391 firmes allemandes et 6022 firmes anglaises. L’étude a été limitée à la période
1990 – 1998, pour s’assurer que les pays ont adopté les directives européennes.
Les modèles de leur recherche sont fondés sur l’étude de Basu (1997), Ball & Al
(2000) et Pope & Walker (1999). Giner & Rees ont utilisé les trois approches
suivantes :
♦ Les modèles utilisant les nouvelles de la période actuelle :
Xt/Pt-1 = α0 + α1Dt + α 2 Rt + α3 Rt* Dt + υt
55
♦ Les modèles incorporant les bénéfices de la période précédente :
Il s’agit d’une extension du modèle de Basu. D’après ses analyses, les bonnes
nouvelles apparaissent graduellement dans les bénéfices, et les mauvaises nouvelles
apparaissent plus rapidement. Par conséquent, l’impact des bonnes nouvelles sur les
bénéfices doit être persistent, alors que celui des mauvaises nouvelles transitoires.
Comme il a été modélisé par Pope & Walker (1999), les bénéfices divulgués diffèrent
des bénéfices permanents par l’impact des bonnes et mauvaises nouvelles. Les
composantes des bonnes nouvelles seront retardées et sont incorporées graduellement
alors que les composantes des mauvaises nouvelles sont incorporées totalement.
Giner & Rees (2001) ont rendu opérationnel les chocs des bonnes et mauvaises
nouvelles par l’incorporation, non seulement des bénéfices des périodes précédentes,
mais aussi une variable muette pour identifier les pertes. Cette approche permet
d’examiner la persistance des bénéfices et aussi la persistance différentielle entre les
gains et les pertes, ce qui est une conséquence du conservatisme.
Le modèle est le suivant :
Xt/Pt-1 = β0 + β1Dt + β2Rt + β3 Rt* Dt + β4Lt + β5 (Xt-1/Pt-1 ) + β6Lt(Xt-1/Pt-1 ) + υt .
♦ Les modèles incorporant les nouvelles des périodes précédentes :
D’après la définition de Basu, le conservatisme implique la prise en compte des
mauvaises nouvelles au moment de leur apparition et le retardement de la prise en
compte des bonnes nouvelles jusqu’à leur réalisation effective. Par conséquent, les
bonnes nouvelles apparaissent avec un retard dans les bénéfices. Ceci n’est pas le cas
pour les mauvaises nouvelles.
- Le modèle A :
56
Xt/Pt-1 = γ0 + ∑= γ1+T Dt −T + ∑γ4+T Pt −T − Pt −T −1 +∑γ 7+T Dt −T Pt −TP−tP−1t −T −1 + ξt
2
T 0
2
2
T =0
Pt −1
T =0
- Le modèle B :
t −T −1
+ ξt
Xt/Pt-3 = γ0 + ∑= γ1+T Dt −T + ∑γ4+T Pt −T − Pt −T −1 +∑γ 7+T Dt −T Pt −TP−tP
−3
2
T 0
2
T =0
2
Pt −3
T =0
d) Etude de Huijgen & Lubberink (2001) :
La nouveauté de la recherche faite par Huijgen & Lubberink (2001) réside au niveau
de la méthodologie et au niveau de la comparaison entre le degré de conservatisme des
firmes côtés sur le marché international et celles côtés sur le locale.
On a classé cette recherche parmi les études ci-dessus, parce que l’objectif le plus
intéressant dans étude réside dans la comparaison entre le degré de conservatisme des
Dutch GAAP et celui des US GAAP.
Huijgen & Lubberink ont utilisé un échantillon composé par des firmes Hollandaises
qui ont une double cotation (aux Etats-Unis et aux pays Bas). Il contient aussi des
firmes américaines. La base utilisée c’est l’AEX et l’AMX.L’étude s’étale sur une
période de huit ans, soit de 1993 jusqu’à 2000.
La méthodologie employée pour la mesure du conservatisme des bénéfices est
similaire à celles de Basu (1997) ; Ball & al (2000) et Pope & Walker (1999). Mais,
elle garde sa particularité par rapport aux autres méthodologies. En fait, elle suppose
que les bénéfices reflètent asymétriquement les variations de la valeur de la firme des
périodes précédentes. Les variations négatives- mauvaises nouvelles -sont prises en
compte immédiatement dans les bénéfices, alors que les variations positives- bonnes
nouvelles – seront incorporées graduellement dans les bénéfices.
57
Le modèle qui relie les variations de la valeur de la firme avec les bénéfices peut être
présenté comme suit :
+
−
Xt = 1 Pt − ϕ tΔηt +υ tΔηt + ηt
Pt −1 K Pt −1 Pt −1
Pt −1 Pt −1
(1)
Il y a deux composantes des nouvelles, les bonnes nouvelles : Δη + ( Δη = Δη + ≥ 0 ) ; les
mauvaises nouvelles : Δη − ( Δη = Δη − ≤ 0 ) .
ηt : représente les effets des nouvelles des périodes précédentes sur le bénéfice actuel ;
ηt = f( Δη t −1, Δη t −2,..., Δη t −∞ )
Ce modèle montre que les bénéfices ne reflètent pas parfaitement les changements de
la valeur de la firme. Le paramètre ϕ t : reflète la non prise en compte partielle des
+
−
bonnes nouvelles dans les bénéfices ( Δη t ≥ 0, Δηt = 0 ) et le paramètre υ t : Reflète la
−
+
prise en compte immédiate des mauvaises nouvelles ( Δη t ≤ 0, Δηt = 0 ) . Le
conservatisme se manifeste par des valeurs positives pour ϕ t et υ t .
Ils introduisent par la suite une variable muette (nouvelles) pour les firmes publiant
des mauvaises nouvelles en vu d’estimer séparément les coefficients pour les deux
groupes : le groupe des firmes publiant des bonnes nouvelles et le groupe des firmes
publiant des mauvaises nouvelles. L’utilisation de la variable muette permet de
réécrire l’équation (1) comme suit :
Xt/Pt-1= 1 + 1−ϕ Rt + ϕ t +υ t Nouvelles.Rt + η t
K
K
K
Pt −1
(2)
Ce modèle constitue le fondement du modèle utilisé par Basu (1997) et Ball & al
(2000), qui ont utilisé la l’équation de régression suivante :
Xit / Pit-1 = β0 + β1Nouvelles + β2 Rit + β3 Nouvelles.Rit + ξt (3)
58
La comparaison
du conservatisme nécessite la comparaison des valeurs des
coefficients (des pentes) des bonnes nouvelles (β2) versus les coefficients des
mauvaises nouvelles (β2 + β3). A cause du conservatisme la valeur du coefficient des
bonnes nouvelles est inférieure à la valeur du coefficient des mauvaises nouvelles.
Pour mesurer le degré du conservatisme, Huijgen & Luberrink ont développé la
mesure suivante :
CM =
β2 + β3 1+ ϑ t
=
β2
1− ϕ t
(4)
59
II- Synthèses des principaux résultats :
1) Les résultats des études portant sur le marché local :
Les résultats obtenus par Basu (1997) confirment ses prédictions. En effet, le
conservatisme a un impact asymétrique sur les bénéfices, de façon qu’il reflète les
mauvaises nouvelles plus rapidement que les bonnes nouvelles. La sensibilité des
bénéfices aux rendements négatifs est deux à six fois plus large que leur sensibilité aux
rendements positifs.
Les résultats confirment aussi que le conservatisme se manifeste au niveau des
accruals. La pertinence des bénéfices par rapport aux cash-flows(20) est due à la prise
en compte plus rapide des mauvaises nouvelles à travers les accruals.
Les tests effectués par Basu révèlent aussi que la sensibilité des bénéfices aux
rendements négatifs a augmenté par rapport à leur sensibilité aux rendements positifs.
Ceci implique que le conservatisme de la comptabilité aux Etats-Unis a augmenté
durant les trois dernières décennies.
Le même résultat a été obtenu par Givoly & Hayn (2000). En utilisant les quatre
mesures du conservatisme, ils ont abouti à des résultats consistants avec
l’augmentation du degré du conservatisme aux Etats-Unis dans les deux dernières
décennies.
Selon Givoly & Hayn, l’absence d’une définition du conservatisme et des mesures
bien précises permettant de déterminer son degré rendent difficile les jugements
définitifs.
Les résultats obtenus par Penman & Zhang (2001), montrent que le conservatisme de
(20) Dechow (1994) a trouvé le même résultat. Elle démontre que le bénéfice a un contenu informationnel plus
important que les cash-flows.
60
la comptabilité, combiné avec les investissements, affectent négativement la qualité
des bénéfices (ils deviennent de mauvaises qualité). Ils deviennent un mauvais
indicateur des bénéfices futurs.
Ces résultats sont à l’encontre de l’application du principe de conservatisme, étant
donné que son application affecte négativement la qualité du bénéfice. Mais, peut-on
considérer le conservatisme comme facteur principal qui affecte la qualité du
bénéfice ?
2) Les résultats des études portant sur les comparaisons internationales :
Les résultats de l’étude de Pope & Walker (1999) montrent que le degré de
conservatisme des bénéfices avant éléments extraordinaires aux Etats-Unis est plus
élevé que celui en UK.
Par contre, le degré de conservatisme des bénéfices avant éléments extraordinaires en
grande Bretagne est plus élevé que celui aux Etats-Unis. En effet, l’examen du
bénéfice après éléments extraordinaires montre que la sensibilité du bénéfice aux
mauvaises nouvelles était plus élevée pour les GAAP de la grande Bretagne.
Les résultats montrent aussi que le conservatisme aux Etats Unis est caractérisé par la
faible prise en compte des bonnes nouvelles dans les bénéfices.
L’étude de Ball, Kothari & Robin (2000) confirment l’hypothèse selon laquelle les
pays à système basé sur la jurisprudence (‘’common law countries’’) ont un degré de
conservatisme plus élevé que les pays à système codifié (‘’code law countries’’). Ces
résultats sont confirmés par les tests effectués sur l’échantillon supplémentaire.
Les résultats de cette étude montrent que le conservatisme est une propriété universelle
du bénéfice. Autrement dit, le conservatisme existe dans les systèmes comptables,
mais avec des degrés variables (21) .
(21) Nobes & Parker (1995) confirment l’idée de la variabilité du degré du conservatisme d’un pays à l’autre, « à cause des différents
utilisateurs dans des pays différents, le conservatisme est peut être de différents degrés ».(P.45)
61
Pope & Walker concluent que la comptabilité aux Etats Unis est plus conservatrice
que celle en grande Bretagne pour les bénéfices avant éléments extraordinaires. Ces
résultats sont consistants avec ceux de BKR (2000), mais on remarque le phénomène
inverse pour les bénéfices après éléments extraordinaires. La comparaison de ces deux
résultats dépend de la référence utilisée (bénéfice avant ou après éléments
extraordinaires) pour faire la comparaison inter-pays.
Pour un échantillon de firmes françaises, allemandes et britanniques s’étalant sur 9 ans
(1990-1998), Giner & Rees (2001) ont confirmé l’existence du conservatisme dans les
trois pays sus-cités. Ceci est consistent avec les théories et les recherches déjà faites.
Contrairement aux résultats trouvés par BKR (2000), aucune différence significative
n’a été trouvée entre les trois échantillons à l’exception de la constante, qui est
légèrement plus grande pour l’Allemagne. Mais, ceci est consistent avec les résultats
de BKR (2000) pour la période : 1991-1995.
Les résultats indiquent qu’il n’y a pas de différence entre le degré du conservatisme
des trois pays, malgré l’appartenance à des modèles comptables différents (selon la
classification de Nobes & parker [1995]) (22) . Cependant, les différences entre les
constantes sont consistantes avec un plus grand ‘’ex-ante’’ conservatisme
(‘’pervasive’’ conservatism) pour l’Allemagne.
L’examen de l’influence des bénéfices des périodes précédentes (c.à.d la persistance
des bénéfices), montre l’existence de nettes différences entre les trois pays.
En France et au UK les bénéfices sont persistants, alors que les pertes sont transitoires.
Par contre, ces résultats ne sont pas confirmés pour l’échantillon des firmes
allemandes.
(22) Basu (2001) avance trois explications pour les résultats trouvés par Giner & Rees :
- Les trois systèmes comptables ont été harmonisés sous les directives européennes.
- Les firmes en Europe ont augmenté le degré du conservatisme de leur reporting financier pour attirer les
capitaux étrangers.
- La possibilité de diffusion des pratiques d’audit des pays Anglo-saxons vers l’Europe.
62
Enfin, les résultats de l’étude de Huijgen & Lubberink (2001), pour la période 19932000, montrent que le bénéfice publié par les firmes côtés aux Etats Unis est plus
conservateur que le bénéfice reporté par les firmes côtés aux pays bas seulement.
La comparaison du degré du conservatisme des firmes américaines avec celui des
firmes hollandaises montre l’absence de différences significatives entre les GAAP
américains et les GAAP des pays bas.
63
Conclusion
Malgré que les études aient porté sur des contextes différents et parfois sur des
contextes similaires (Exemple, UK et US), les résultats des recherches antérieures
convergent vers la reconnaissance du conservatisme en tant que propriété universelle
du bénéfice. Ceci confirme les théories sur l’existence et l’influence du conservatisme
sur la comptabilité.
Le conservatisme est une propriété de la comptabilité qui est universelle. En effet,
cette propriété est une caractéristique commune à tous les systèmes comptables, avec
quelques différences au niveau de son degré.
Ce phénomène (ou cette propriété) joue le rôle d’un « catalyseur » ou d’un « enzyme »
dans les relations contractuelles entre les propriétaires et les managers. En effet,
l’asymétrie d’information entre les deux parties peut être réduite par la publication des
états financiers caractérisés par l’application du principe de conservatisme.
L’étude de ce principe est bénéfique aussi bien aux utilisateurs des états financiers
qu’aux propriétaires, dans la mesure où il permet
aux utilisateurs de faire les
ajustements nécessaires, selon le degré de conservatisme d’un système comptable, aux
états financiers avant de prendre les décisions. Il permet aussi aux propriétaires de
réduire l’opportunisme des dirigeants.
64
2éme partie :
Mise en évidence du
conservatisme sur le
plan empirique
65
Introduction
Nous essayerons dans la présente recherche d’apporter une évidence supplémentaire
sur un contexte différent des études antérieures.
L’originalité de cette étude réside dans le contexte, dans la mesure où la comptabilité
en Tunisie a deux tendances : Une tendance vers le modèle européen continental ou ce
qu’on appelle le modèle Franco-Allemand, caractérisé par l’influence de la fiscalité sur
la prise en compte des produits et des charges en comptabilité et sur l’application
d’autres principes comptables. Il est caractérisé aussi par la codification.
Et une tendance vers le modèle Anglo-saxon, qui est caractérisé par la séparation nette
entre les règles comptables et les règles fiscales et la liberté d’interprétation des
principes comptables (basé sur la jurisprudence). Cette deuxième tendance s’explique
par une raison purement financière, étant donné que le financement du nouveau
système comptable a été assuré par des capitaux américains.
66
Chapitre I
Les hypothèses et la méthodologie
I- Développement des hypothèses :
D’après la théorie positive de Watts & Zimmerman (1986), le conservatisme de la
comptabilité joue ex-ante un rôle contractuel efficient entre les parties prenantes de la
firme. Dans un monde d’incertitude, le conservatisme permet de faire face à
l’asymétrie d’information entre les managers et les autres partenaires de la firme,
surtout lorsque la rémunération des dirigeants est indexée sur le bénéfice.
Ce phénomène affecte les propriétés du bénéfice, surtout sa pertinence (timeliness). En
effet, le bénéfice reflète les mauvaises nouvelles de façon instantanée, alors qu’il
retarde ou il ralentit la prise en compte des bonnes nouvelles jusqu’à leur réalisation
effective.
Le conservatisme affecte principalement les accruals. Autrement, c’est la composante
du bénéfice la plus touchée. Donc, le conservatisme se manifeste à priori au niveau des
accruals (23) .
Pour tester ces prédictions, on va essayer de valider les hypothèses qui portent d’une
part, sur l’influence du conservatisme sur la relation entre le bénéfice et le rendement
et d’autre part, sur la comparaison entre les cash-flows et les bénéfices en présence du
conservatisme.
(23) Le bénéfice est la somme des cash-flows et des accruals.
67
1) Le conservatisme et la relation bénéfice – rendement :
Dans un marché efficient (24) , les cours des titres sont affectés par les événements
économiques qui se réalisent à un moment donné. Ceci est dû aux changements des
anticipations des investisseurs concernant les cash-flows futurs (Dumontier & Labelle,
1998).
La prise en compte des changements des cash-flows dans les bénéfices doit se
conformer aux règles de prise en compte des produits et charges en comptabilité
(réalisation des revenus, rattachement des charges aux produits…).
L’application de ces règles entraîne un retard d’incorporation de la majorité des
événements économiques dans les états financiers. Ce retard est reconnu dans la
littérature sous le nom de « retard de reconnaissance comptable » (« accouting
recognition lag ») (25) .
Mais, par application du principe de prudence, seuls les événements économiques à
impacts négatifs (les mauvaises nouvelles) seront incorporés dans les bénéfices actuels
de façon instantanée. Par contre, les événements économiques à impacts positifs
(bonnes nouvelles) seront pris en compte avec un retard, c’est à dire attendre leur
réalisation effective.
Les comptables anticipent les pertes et les comptabilisent par application du principe
de prudence, alors que l’enregistrement des gains sera suspendu jusqu’à leur
réalisation effective.
Par exemple, les cash-flows provenant d’un nouvel investissement, d’une nouvelle
campagne publicitaire, des dépenses de recherches et de développement, ect…, ne
(24) L’hypothèse d’efficience du marché est une hypothèse implicite de toutes les études d’associations. Elle fait
référence à l’éfficience du marché financier telle que définie par Fama (1970).
(25) C’est la définition de Kothari(2001).
68
seront pris en compte qu’au moment de leur réalisation. Par contre, les pertes
probables sur un marché à achèvement futur, sur une créance sur un client devenu
douteux, seront provisionnées au cours de l’exercice où d’éventuels événements ont
lieu.
Par conséquent, l’association entre les bénéfices et le rendement négatif (qui
représente les mauvaises nouvelles) sera plus grande que l’association entre les
bénéfices et le rendement positif (qui représente les bonnes nouvelles).
Cette prédiction s’explique par le fait que le conservatisme résulte en une
incorporation plus rapide des mauvaises nouvelles, relativement aux bonnes nouvelles.
Le résultat de cet effet asymétrique du conservatisme est que les bonnes nouvelles
seront incorporées dans les bénéfices avec un retard ou un décalage, alors qu’elles sont
reflétées dans les cours actuels. Ceci explique la faible association entre le bénéfice et
le rendement positif par rapport à l’association entre le bénéfice et le rendement
négatif. D’où l’hypothèse :
H1 : « l’association entre les bénéfices annuels et les rendements annuels, est plus
élevée pour les rendements négatifs que les rendements positifs ».
On va tester l’hypothèse en utilisant la régression inverse (‘reverse regression’) (26) . Les
bénéfices, comme variable dépendante, contiennent plus d’informations pertinentes
pour l’échantillon des firmes à rendements négatifs (mauvaises nouvelles), résultant en
un pouvoir explicatif (R2) plus élevé pour cet échantillon. De même, la pente ou
∂bénéfice / ∂rendement est prévue à être plus grande pour l’échantillon à rendements
négatifs que celui à rendements positifs.
3
(26) Cready, Hurt & Seida (2001) ont fournit un cadre général pour l’application de la régression inverse et ils démontrent les
avantages procurés par ce type de régression.
69
2) Comparaison entre les bénéfices et les cash flows en présence du
conservatisme
L’asymétrie d’information entre les managers et les autres parties prenantes de la firme
crée un besoin d’une mesure interne de la performance de la firme. Cette mesure de
performance peut être utilisée pour récompenser ou au contraire, pour pénaliser les
managers.
Le succès d’une firme dépend de sa capacité à générer des encaissements. Donc, une
des mesures de la performance c’est l’utilisation des encaissements nets ou ce qu’on
appelle aussi les cash-flows réalisés (Dechow, 1994). Mais, sur de courtes périodes,
l’utilisation des cash-flows réalisés comme mesure de la performance n’est pas
nécessairement informative. Ceci est dû au fait que les cash-flows ont des problèmes
de ‘timing’ et de ‘matching’.
Pour faire face à ces problèmes, la comptabilité utilise les accruals pour changer le
timing de prise en compte des cash-flows dans les bénéfices.
Il y a deux principes comptables (conventions comptables) qui guident le calcul des
bénéfices : le principe de réalisation des revenus et le principe de rattachement des
charges aux produits. Selon le premier principe, les revenus doivent être comptabilisés
lorsque les conditions suivantes sont satisfaites :
► L’entreprise a transféré à l’acheteur les principaux risques et avantages inhérents à
la propriété.
► Le montant des revenus peut être mesuré de façon fiable.
► Il est probable que les avantages futurs associés à l’opération bénéficieront à
l’entreprise.
► Les dépenses encourues ou à encourir peuvent être mesurées de façon fiable.
70
Selon le deuxième principe (le rattachement des charges aux produits) (27) , il faut
établir une correspondance directe ou indirecte, entre les produits et les charges de
l’entreprise. Lorsque les revenus sont comptabilisés au cours d’un exercice, toutes les
charges ayant concouru à la réalisation de ces revenus doivent être déterminées et
rattachées à ce même exercice (28) .
Donc, l’utilisation des accruals fournit des règles sur le temps de prise en compte des
cash-flows dans les bénéfices, de façon que ces derniers reflètent le mieux la
performance que les cash-flows. Si une entreprise fait un acompte pour son
fournisseur, donc il y a diminution des cash-flows de la période actuelle et, toute chose
étant égale par ailleurs, une augmentation pendant les périodes futures. Selon cet
exemple, les cash-flows sont corrélés négativement.
En général, les variations de court terme des décisions d’investissement et de
financement du cycle d’exploitation (comme la variation des stocks, des créances
clients, des dettes fournisseurs, …) causent une corrélation négative des cash-flows à
travers le temps, dont les accruals essaient de l’éliminer du bénéfice (Dechow & al,
1998).
Les accruals permettent aux comptables de pendre en compte les mauvaises nouvelles
sur les cash-flows futurs de façon asymétrique. Les pertes non encore réalisées
réduisent les bénéfices actuels, mais n’exercent aucun impact sur les cash-flows
actuels. Par contre les gains probables n’affectent ni les bénéfices actuels ni les cashflows actuels.
Etant donné que le bénéfice est la somme des cash-flows et des accruals, et si les
pertes latentes et non les gains probables sont enregistrés en comptabilité, alors le
(27) Principe prévu par le cadre conceptuel de la comptabilité financière en Tunisie.
(29) Cette règle est prévue par le paragraphe 9 de la norme relative aux revenus (système comptable tunisien 1997).
71
bénéfice sera plus conservateur que les cash-flows. Ceci est dû aux accruals.
Par conséquent, la différence de sensibilité du bénéfice et des cash-flows aux
mauvaises nouvelles est plus grande que leur différence de sensibilité aux bonnes
nouvelles. D’où l’hypothèse :
H2 : « La pertinence des bénéfices par rapport aux cash-flows est plus grande pour
les rendements négatif que les rendements positifs ».
II- Méthodologie
1) Présentation de l’échantillon :
L’échantillon est composé par l’ensemble des années-firmes observations, qui sont
côtés à la bourse des valeurs mobilières de Tunis (BVMT) et pour lesquelles les cours
de début et de clôture de chaque exercice comptable (01/01 et 31/12) sont disponibles,
ainsi que les états financiers relatifs aux exercices comptables allant de 1997 jusqu’à
2000.
Certains états financiers non encore publiés dans le bulletin officiel du conseil du
marché financier, ont été directement collectés des entreprises concernées.
L’étude couvre une période de 4 ans, soit de 1997 jusqu’à 2000. Le choix de cette
période s’explique par le fait que la réforme comptable a eu lieu au début de 1997,
pour cette raison on a choisi cette période plus ou moins courte. En effet, il est
intéressant de considérer cette période étant donné la nouvelle orientation de notre
système comptable vers le modèle anglo-saxon tout en gardant les traits du modèle
franco-Allemand ou ce qu’on appelle le modèle européen continental.
Toutes les variables comptables, mesurées par action, sont divisées par le cours de
début de la période pour essayer de contrôler l’hétéroscédasticité (Christie, 1987).
72
L’échantillon total est composé par 89 année-firme observations, dont 55 firmes
constituent l’échantillon à rendement positif et 34 firmes constituent l’échantillon à
rendement négatif.
Ces deux sous échantillons peuvent être décomposés de la façon suivante :
- Echantillon à rendement positif : il est composé par 55 firmes dont les bénéfices sont
disponibles. Alors qu’il est composé par seulement 44 firmes dont les bénéfices et les
cash-flows sont à la fois disponibles.
- Echantillon à rendement négatif : il est composé par 34 firmes dont les bénéfices et
disponibles et 29 firmes dont les cash-flows sont disponibles.
2) Définition des variables :
Dans cette étude on utilisera la régression linéaire pour tester les hypothèses. Donc,
dans ce paragraphe on va définir les variables dépendantes et indépendantes, ainsi que
les variables muettes.
Il est à remarquer qu’on va utiliser la régression inverse, c’est pour cette raison que la
variable dépendante sera les bénéfices ou les cash-flows d’exploitation. Alors que la
variable indépendante sera les rendements boursiers.
a- Les variables indépendantes :
La variable indépendante est la rentabilité ou le rendement boursier d’un titre i durant
l’année t. Elle est mesurée ainsi :
Rit = (Pit - Pit-1)/ Pit-1
□ Pit : le cours de l’action i à la fin de l’année t (au 31/12) : cours de clôture.
□ Pit-1 : le cours de l’action i au début de l’année t (01/01) : cours d’ouverture.
73
Certains proposent d’ajuster les rendements aux distributions de dividendes
éventuelles, ainsi qu’aux attributions des droits préférentiels de souscriptions ou des
droits d’attributions de la façon suivante :
Rit = (Pit - Pit-1 + dait + dpsit)/ Pit-1
□ Pit : le cours de l’action i à la fin de l’année t (au 31/12) : cours de clôture.
□ Pit-1 : le cours de l’action i au début de l’année t (01/01) : cours d’ouverture.
□ dait : le droit d’attribution relatif à une augmentation de capital par distribution
d’action gratuites.
□ dpsit : le droit préférentiel de souscription relatif à une augmentation de capital par
émission d’actions nouvelles.
Mais, Easton & al (1992) montrent que l’utilisation des rendements ajustés par les
dividendes n’a aucun effet sur le résultat. C’est pour cette raison qu’on n’utilisera pas
cet ajustement (30) .
b- Les variables dépendantes :
Pour tester la deuxième hypothèse, on doit comparer les bénéfices avec les cash-flows.
Pour cela, on doit définir les deux variables suivantes :
* Le bénéfice comptable :
Il s’agit du résultat comptable de l’exercice publié au niveau des états financiers. On
utilisera le bénéfice par action, BPAit : le bénéfice par action de l’entreprise i pendant
l’année t.
Pour les périodes excédant l’année, le bénéfice est mesuré par :
(30) Le même raisonnement a été utilisé par Dumontier & Labelle (1998).
74
T
T
∑BPA + ∑d (R )
it
BPAiT/Pio=
t =1
t
f
t =1
Pio
□ Rf : taux de placement sans risque.
□ dt : le taux de distribution des dividendes.
□ BPAiT : le bénéfice par action de toute la période T.
* Le flux de trésorerie d’exploitation (CFO) :
La rubrique flux de trésorerie d’exploitation peut être obtenue par deux méthodes :
La première méthode est la méthode indirecte, étant donné que le cash-flow est calculé
à partir du bilan de la façon suivante :
CFO = B + DAMP +∆DE - ∆VRE
Où
□ CFO : cash-flow d’exploitation
□ DAMP : dotations aux amortissements et aux provisions de l’exercice.
□ ∆DE : variations des dettes d’exploitation.
□ ∆VRE : variation des valeurs d’exploitation.
La rubrique VRE est composée par les valeurs d’exploitation (stocks), fournisseurs
avance et acompte, clients, effets à recevoir et autres valeurs réalisables d’exploitation.
La rubrique dette d’exploitation est composée par les dettes fournisseurs, les effets à
payer, les clients avance et acompte et les autres dettes d’exploitation.
La deuxième méthode est directe. Elle consiste à prendre directement la rubrique flux
de trésorerie d’exploitation à partir de l’état de flux de trésorerie.
c- Les variables muettes :
Pour éviter l’utilisation de deux modèles pour tester la première et la deuxième
hypothèse, on introduira une variable muette ( à l’instar de Basu [1997] ). Autrement
75
pour éviter l’utilisation d’un modèle pour les bonnes nouvelles et un modèle pour les
mauvaises nouvelles.
La variable muette est la suivante :
Dit =
1 si Rit < 0
0 Ailleurs.
L’utilisation d’un seul modèle est bénéfique dans la mesure où elle permet d’éviter la
comparaison de deux modèles non emboîtés ( qui ont la même variable dépendante,
mais deux variables explicatives différentes ), ça permet aussi d’augmenter le nombre
d’observations.
3) Présentation des modèles :
Le phénomène qu’on va étudier met en interaction les deux variables bénéfice et
rendement. La relation entre ces deux variables est linéaire. De ce fait, on présentera
les modèles qui seront utilisés pour valider empiriquement les hypothèses de la
recherche. En effet, les modèles ont été utilisés par plusieurs chercheurs dans plusieurs
contextes et qui ont un soubassement économétrique.
a- Modèle portant sur la relation bénéfice-rendement :
Pour valider la première hypothèse stipulant que la relation entre le bénéfice et le
rendement négatif (mauvaises nouvelles) est plus importante que celle entre le
bénéfice et le rendement positif (bonnes nouvelles), Basu (1997) a développé un
modèle de régression linéaire.
Le modèle qui sera utilisé dans cette étude est de celui de Basu :
Xit / Pit-1 = α0 + α1 Dit + β0 Rit + β1 Rit* Dit
L’utilisation de la régression inverse est bénéfique parce que la méthode des moindres
carrés ordinaires (olsq) et les tests statistiques sont bien spécifiés lorsque la variable
expliquée est utilisée comme variable indépendante et la variable explicative comme
76
variable dépendante (Basu, 1997).
Ce modèle peut être remplacé par deux autres modèles, un pour les bonnes nouvelles
et l’autre pour les mauvaises nouvelles.
- Modèle des bonnes nouvelles :
Xit / Pit-1 = α 0 + β1 Rit + ξit
si Rit < 0
- Modèle des mauvaises nouvelles :
Xit / Pit-1 = α’0 + β1’ Rit + ξ’it
si Rit < 0
b- Modèle portant sur les comparaisons entre les cash-flows et les bénéfices :
Il s’agit de faire la comparaison entre les bénéfices et les cash-flows du point de vue de
leur rapidité à refléter les nouvelles au cours de la période actuelle.
Le modèle utilisé est le suivant :
Y = α 0 + α1 Dit + β0 Rit + β1 Rit* Dit
Avec Y est soit les cash-flows, soit le bénéfice net de l’exercice.
On utilisera le test de Fisher (F-test) pour s’assurer qu’il n’y a pas d’égalité entre les
coefficients des deux régressions.
77
Chapitre II
Analyse des résultats
Introduction
Malgré l’absence d’une définition ‘officielle’ (31) du conservatisme, les chercheurs ont
essayé d’avancer quelques définitions. Ces définitions tournent autour de la notion de
‘’prudence’’, qui est définie par le normalisateur tunisien comme étant :
« la prise en compte d’un certain degré de précaution dans l’exercice des jugements
nécessaires pour préparer les estimations dans des conditions d’incertitudes, pour
faire en sorte que les actifs ou les revenus ne soient pas sur évalués et que les passifs
ou les charges ne soient pas sous évalués » (32) .
La prudence est une convention inhérente à tout système comptable. Par conséquent, le
conservatisme, qui n’est autre que l’exercice de la prudence, sous-tend tout système
comptable. Théoriquement, le conservatisme constitue l’ingrédient principal de la
comptabilité. Mais, cela n’empêche pas de chercher son existence et son intensité sur
le plan pratique.
Dans ce qui suit, on essayera de dépister l’influence du conservatisme sur la relation
entre les bénéfices et les rendements. Ensuite, on essayera de comparer les bénéfices et
les cash-flows en présence de conservatisme. On va comparer leur aptitude à refléter
les nouvelles de façon instantanée.
Pour vérifier les prédictions, on considère que les relations entre ces différents
phénomènes sont linéaires. Ce postulat nous permet de traiter les variables dans un
modèle de régression linéaire.
On présentera dans une première partie quelques statistiques descriptives nécessaires.
Ensuite, on présentera les résultats obtenus, ainsi que les analyses de ces résultats.
(31) Par définition officielle, on entend la définition du normalisateur.
(32) Cette définition n’est autre que la définition préconisée par l’ancien IASC (nouveau IASB).
78
I- Les caractéristiques des variables :
1) Les statistiques descriptives :
Le tableau 1 résume les principaux statistiques des variables de notre étude, telles que
la moyenne, l’écart type, le minimum et le maximum de chaque variable ainsi que
d’autres statistiques( coefficient de symétrie, coefficient d’aplatissement,…).
Tableau n°1 : les principaux statistiques descriptives (cf. annexe 1, p.98)
Statistiques Descriptives
rendement de l'action
BPACRSDE
rendement positif
rendement négatif
cash-flow sur cours debut
Valid N (listwise)
N
Statistic
89
89
55
34
80
0
Minimum
Statistic
-,594
-,767
,009
-,594
-,652
Maximum
Statistic
2,264
,293
2,264
-,004
3,351
Mean
Statistic
,13121
5,41E-02
,34103
-,20821
,41350
Std.
Statistic
,45942
,14212
,45818
,16510
,79264
Skewness
Statistic
Std. Error
1,958
,255
-3,702
,255
2,208
,322
-,825
,403
2,070
,269
Kurtosis
Statistic
Std. Error
5,529
,506
18,473
,506
5,255
,634
-,213
,788
3,798
,532
-BPACRSDE : le bénéfice par action sur le cours de début de la période.
- Les variables des modèles ont été divisées par le cours de début de la période pour éliminer
l’effet de l’hétéroscédasticité.
Le rendement moyen de l’échantillon est de 0.131 appartenant à un intervalle de
rendement
[-0.594, 2.264] avec un écart type de 0.459. La variabilité des rendements
(CV= moyenne/écart type) est de 28.25%.
La moyenne de la variable bénéfice par action est de 0.0451, avec un maximum de
0.293 et un minimum de –0.767. L’écart type est de 0.142, soit un coefficient de
variation de l’ordre de 38 %.
La subdivision de l’échantillon sur la base du signe des rendements, nous permet
79
d’obtenir deux sous échantillons : Un échantillon à rendement positif (55 année-firme
observations) et un échantillon à rendement négatif (34 année-firme observations).
Cette subdivision s’explique par le choix du rendement positif comme indicateur des
bonnes nouvelles et le rendement négatif comme indicateur des mauvaises nouvelles.
L’échantillon à rendement positif a une moyenne de 0.341 et un écart type de 0.458,
soit un coefficient de variation de 74.45% contre une moyenne de - 0.208 pour
l’échantillon à rendement négatif. Le coefficient de variation est de 126% (en valeur
absolue).
Enfin, les cash-flows par action ont une moyenne de l’ordre de 0.413 et un écart type
de 0.792. L’indice de variabilité des cash-flows est de 52.1%.
Ces statistiques descriptives nous donnent une idée sur la composition de l’échantillon
et surtout sur la distribution des variables.
II- Analyse des résultats obtenus :
1) Influence du conservatisme sur la relation bénéfice-rendement :
Basu (1997) définit le conservatisme comme étant la prise en compte des mauvaises
nouvelles dans les bénéfices plus rapidement que la comptabilisation des bonnes
nouvelles. Cet effet asymétrique du conservatisme doit se manifester au niveau de
l’association entre le bénéfice et le rendement (qui représente les nouvelles).
Le coefficient des bonnes nouvelles sera probablement inférieur à celui des mauvaises
nouvelles. De même, le pouvoir explicatif de la relation entre le bénéfice et les
rendements positifs (qui représentent les bonnes nouvelles) sera inférieur à celui de la
relation entre le bénéfice et les rendements négatifs (qui représentent les mauvaises
nouvelles).
80
Le tableau 3 reporte les principaux résultats de l’estimation du modèle suivant, sur une
période de 4 ans (1997-2000) :
Xit / Pit-1 = β0+ β1Dit + β2 Rit + β3 Rit* Dit +ξit
(a)
Xit / Pit-1 = β0+β1 Rit +ξ’it si
Rit > = 0.
(b)
Xit / Pit-1 = α0+α1 Rit +ξit si
Rit < 0.
(c)
Xit est le bénéfice par action de la firme i durant l’année t. Pit est le cours de clôture de l’action de la
firme i. Rit le rendement de l’action i et Dit est une variable muette =
0 si Rit > = 0
1
Ailleurs.
Tableau 2 : les résultats de l’estimation des modèles de la première
hypothèse (cf. annexe 2, p.100)
β0
β1
β2
β3
R2ajust
R2
%
%
Ech.total
0.04
***
(2.727)
Modèle (a)
0.05
**
(2.302)
Bonnes
0.051
**
(2.327)
0.075
**
(1.953)
5
6.7
0.113
***
(3.058)
0.457
***
(3.258)
22.6
24.9 10.61
nouvelles(b)
Mauvaises
nouvelles(c)
0.062
(1.46)
0.104
***
(3.34)
10.3
0.075
**
(2.032)
0.382
15.3
***
(2.66)
F
(β2 + β3)/ β2
11.3 11.11
18.2 6.3
6.09
3.81
*** significatif à 1%
** significatif à 5%
Dans ce tableau on remarque que le pouvoir explicatif de la régression uni variée du
bénéfice avec le rendement est de l’ordre de 10.3 %. Dans une étude similaire, Pope &
81
Walker (1999) ont trouvé un pouvoir explicatif de l’ordre de 10.5 % pour la Grande
Bretagne. Dans le même ordre d’idée Giner & Rees (2001) ont trouvé un résultat de
6.4 % pour l’Allemagne, 9.8 % pour la France et 9.5 % pour le Royaume Unis.
La comparaison du résultat qu’on a trouvé avec celui de l’étude qui a été faite par
Sbeï(1996) sur la Tunisie et qui a trouvé un pouvoir explicatif de 6.13 % (en
moyenne), montre la supériorité du contenu informationnel du bénéfice après l’année
1997. Ce résultat peut être expliqué par la nouvelle orientation vers le modèle anglosaxon. En effet, à partir de 1997 il y a eu adoption d’un nouveau système comptable.
Le coefficient β est égal à 0.104 (significatif à 1 %).
La régression du modèle (a) constitue le résultat principal de notre étude. Cette
régression est basée sur le modèle de Basu (1997). D’après le tableau 2, le coefficient
d’interaction β3 (0.382), qui mesure la différence de sensibilité du bénéfice aux
rendements positifs et négatifs, est significatif à 1 % et positif.
Ce coefficient indique que le bénéfice est six fois [(0.382 + .075)/0.075] plus sensible
aux mauvaises nouvelles qu’aux bonnes nouvelles. Ce résultat est comparable à celui
trouvé par Basu pour les Etats Unis (bénéfice six fois plus sensible aux mauvaises
nouvelles qu’aux bonnes nouvelles).
Dans une étude similaire, Giner & Rees (2001) ont trouvé des coefficients égaux
respectivement à 0.186 pour l’Allemagne, 0.251 pour la France et 0.289 pour le
Royaume unis.
On remarque que le résultat trouvé pour la Tunisie est légèrement plus important que
celui trouvé pour le Royaume unis et nettement plus important que celui trouvé pour
les deux autres pays de l’étude.
82
Le coefficient des bonnes nouvelles, β2, est égale à 0.075(significatif à 5 %). Le signe
de ce coefficient est positif, ce qui montre que la prise en compte des bonnes nouvelles
est différée jusqu’à leur réalisation effective.
De même on a trouvé un pouvoir explicatif d’une valeur de 15.3 % (significatif à 1 %
selon le F-test). Ce pouvoir est presque identique à celui trouvé par Giner & Rees
(2001) pour le Royaume unis(15.1 %).
Comme on l’a indiqué précédemment le conservatisme est de deux types : le
conservatisme ex-ante ou ce qu’on appelle aussi le conservatisme indépendant des
nouvelles et le conservatisme des états financiers.
D’après Giner & Rees, une constante positive et faible est un indicateur du
conservatisme ex-ante. On remarque dans notre étude que la constante est de l’ordre de
0.05 (significatif à 5 %).
Giner & Rees ont trouvé des constantes d’une valeur de 0.033 pour l’Allemagne et
0.063 pour la France, ce qui permet de situer la Tunisie entre ces deux pays. C’est à
dire que la Tunisie est plus conservatrice que la France et moins conservatrice que
l’Allemagne. Par conséquent, la Tunisie peut être classée parmi les pays les plus
conservateurs, à l’égard de l’Allemagne.
La restriction de l’échantillon aux entreprises à rendements positifs nous permet de
retrouver les résultats qu’on a signalés pour les bonnes nouvelles en utilisant le modèle
de Basu (1997).
D’après le tableau 2, le coefficient des bonnes nouvelles est de l’ordre de 0.075
(significatif à 5 %) avec un pouvoir explicatif d’une valeur 5 %. Ce coefficient est
consistent avec le retardement de la prise en compte des bonnes nouvelles dans les
83
bénéfices actuels.
Par contre, les résultats de l’échantillon des firmes à rendements négatifs indiquent un
coefficient d’une valeur de 0.457 (significatif à 1 %), qui est consistent avec la prise en
compte des mauvaises nouvelles dans le bénéfice actuel.
Ce coefficient n’est autre que la somme des deux coefficient β2 et β3 du modèle
initial (Xit / Pit-1 = β0+ β1Dit + β2 Rit + β3 Rit* Dit +ξit). Ce résultat montre que
l’utilisation d’un seul modèle ou de deux modèles séparés pour la mesure de la
sensibilité aux bonnes et mauvaises nouvelles n’a pas d’effet sur la robustesse des
résultats.
Une des mesures du conservatisme c’est M1 = (β2 + β3)/ β2. Il s’agit de la propension
de prise en compte des mauvaises nouvelles dans les bénéfices. Cette mesure est égale
à 6.09, ce qui implique que le bénéfice est six fois plus sensible aux mauvaises
nouvelles qu’aux bonnes nouvelles.
Ces résultats nous permettent de confirmer l’hypothèse selon laquelle les mauvaises
nouvelles sont incorporées dans les bénéfices plus rapidement que les bonnes
nouvelles. Par conséquent, le conservatisme exerce un effet asymétrique sur le
bénéfice.
La constante est positive et significative (à 1 %). Ceci montre que les gains probables
sont différés jusqu’à leur réalisation et que les pertes latentes sont comptabilisées
instantanément.
Le traitement des données a été fait sur des données empilées. Ce choix s’explique par
la non corrélation des nouvelles d’une année à une autre. Toutefois, pour tester la
robustesse de notre travail, nous avons effectué une analyse sur des données de panels.
84
Le lecteur intéressé peut se référer à l’annexe. En fait, les résultats sont similaires à
ceux reportés précédemment.
2) Comparaison entre le bénéfice et les cash-flows en présence du
conservatisme :
Plusieurs études ont analysé la relation classique (33) entre les cash-flows et les
rendements (dechow, 1994 ; Dechow & al, 1998 ; Rayburn, 1987) d’une part, et le
bénéfice et le rendement d’autre part. Ces recherches ont trouvé la relation entre le
bénéfice et le rendement plus importante que celle entre les cash-flows et les
rendements, qui est consistant avec un contenu informationnel plus important pour les
bénéfices que les cash-flows.
A l’instar de Basu (1997) (34) on s’intéressera dans cette étude à la comparaison entre
les cash-flows et les rendements du point de vue de leur capacité à refléter les bonnes
et mauvaises nouvelles de façon instantanée et non plus à la recherche du contenu
informationnel supplémentaire des bénéfices par rapport aux cash-flows.
Dans un marché efficient, tous les événements économiques sont reflétés dans les
cours actuels. Alors que, seuls les événements économiques à impact négatif (les
mauvaises nouvelles) seront pris en compte dans les bénéfices, les événements à
impact positif (bonnes nouvelles) seront différés jusqu’à leur réalisation effective.
Par contre, aucun événement économique n’est reflété au niveau des cash-flows tant
qu’il n’est pas encore réalisé. Par conséquent on s’attend à ce que les bénéfices
reflètent plus rapidement les mauvaises nouvelles que les cash-flows.
En considérant le fait que le bénéfice soit la somme des cash-flows et des accruals,
alors le conservatisme se manifestera probablement au niveau des accruals.
(33) Par relation classique on entend la relation linéaire entre les cash-flows et les rendements.
(34) Ainsi que d’autres recherches comme celle de Ball & all (2000).
85
On va régresser chaque variable dans un modèle séparé, parce qu’il y a une grande
corrélation entre les bénéfices et les cash-flows.
Le tableau 4 reporte les résultats de la comparaison de deux modèles non emboîtés. Le
modèle qu’on va estimer est le suivant :
Y = β0+ β1Dit + β2 Rit + β3 Rit* Dit +ξit
Avec Y est soit les cash-flows, soit les bénéfices.
Tableau 3: Comparaison entre les bénéfices et les cash-flows en présence
du conservatisme (cf. annexe 4, p.109)
β0
β1
β2
β3
R2
F
R2
%
Ajust
Ratio:
R2bce/R2CFO
%
CFO-Rdt
0.392
***
(4.237)
Bénéfice -Rdt 0.04
***
(2.727)
CFO (a’)
0.325
**
(2.389)
-0.178
(-0.754)
0.05
**
(2.302)
0.062
(1.46)
0.57
**
(2.18)
4.8
0.104
***
(3.34)
10.3
0.602
*
(1.819)
4.75 6
2.14
-0.738
(-0.926)
5.9
11.3
2.51
9.7
2.59
Bénéfice (a)
0.075
**
(2.032)
0.382
*** 15.3
(2.66)
6.3
18.2
(a’) CFO= β0+ β1Dit + β2 Rit + β3 Rit* Dit +ξit
(a) Xit / Pit-1 = β0+ β1Dit + β2 Rit + β3 Rit* Dit +ξit
Xit est le bénéfice par action de la firme i durant l’année t. Pit est le cours de clôture de l’action de la
firme i. Rit le rendement de l’action i et Dit est une variable muette =
0 si Rit > = 0
1
Ailleurs.
*** significatif à 1%
** significatif à 5%
* significatif à 10%
86
Le pouvoir explicatif de la régression uni varié entre le bénéfice et les rendements est
égale à 10.3 %, qui est nettement supérieur à celui de l’association entre cash-flows et
rendements (4.8 %). Le ratio : pouvoir explicatif de la relation bénéfice-rendements
sur celui de la relation cash-flows -rendements, est 2.14. Ce ratio est relativement
important malgré l’absence du test de Vuong (1987), qui permet de faire la
comparaison de deux modèles non emboîtés. Il est à signaler que ce test n’est
disponible que sur le logiciel SAS dont nous n’avons pas pu l’avoir.
D’après le tableau 3, le coefficient des mauvaises nouvelles pour le modèle des cashflows (le modèle (a’)) est négatif et non significatif. Ce résultat est comparable à celui
trouvé par Ball & al (2000) pour le royaume uni (-0.02), la France (-0.16) et
l’Allemagne (-0.04).
Dans le même ordre d’idée, le ratio : pouvoir explicatif du modèle (a) sur celui du
modèle (a’) est égale à 2.59. Ball & al (2000) ont trouvé un ratio de 3.69 pour le
royaume uni, 3.79 pour la France et 2.10 pour l’Allemagne.
La subdivision de l’échantillon sur la base du signe du rendement nous permet de
tester directement la capacité des cash-flows à refléter les mauvaises nouvelles plus
rapidement que les bonnes nouvelles. Les résultats de ces tests sont résumés dans le
tableau 4.
87
Tableau 4: comparaison entre les bénéfices et les cash flows (cf. annexe
4, p.108)
Y = β0+β1 Rit +ξ’it (Rit > = 0)
β0
R2 ajust
β1
Y = α0+α1 Rit +ξit (Rit < 0)
α0
α1
R2 ajust
Ratio
(R2MNB/
R2 MNC)1
CFO
0.325
**
(2.047)
0.602
(1.58)
3.3
0.153
***
(2.78)
0.228
(0.214)
0.9
25.11
Bénéfice
0.051
**
(2.327)
0.075
**
(1.953)
5
0.113
***
(3.058)
0.457
***
(3.258)
22.6
1 : le pouvoir explicatif du modèle des mauvaises nouvelles pour les bénéfices sur celui des cashflows.
- CFO: cash flow d’exploitation
*** significatif à 1 %.
** significatif à 5 %.
Le coefficient de l’association entre les cash-flows et les rendements négatifs (0.228)
n’est pas significatif. Par contre, le coefficient de la relation bénéfices-rendements
négatifs est significatif à 1 % (0.457). Le ratio des deux pouvoirs explicatifs (bénéficerendements négatifs / CFO rendements négatifs) est égale 25.11. Ce ratio est plus
important que celui trouvé par Ball & al (2000) pour le royaume uni (13.85),
l’Allemagne (13.96) et les Etats unis (7.31).
Ces résultats montrent que le bénéfice reflète les mauvaises nouvelles plus rapidement
que les cash-flows. Ce qui permet de confirmer notre hypothèse de la pertinence des
bénéfices par rapport aux cash-flows. La supériorité des bénéfices par rapport aux
cash-flows est due aux accruals, parce le bénéfice est la somme des cash-flows et des
accruals. Mais, il reste à déterminer la composante des accruals la plus affectée par le
conservatisme.
Il est à signaler que la comparaison des résultats avec ceux de Giner & Rees (2001) ou
avec ceux de Ball & al(2000) montre que l’appartenance de la Tunisie aussi bien aussi
88
bien au modèle anglo-saxon qu’à celui Franco-Allemand constitue une caractéristique
distinctive de la Tunisie du point de vue du conservatisme de la comptabilité.
Cette étude confirme l’effet asymétrique du conservatisme sur le bénéfice. En effet, le
bénéfice prend en compte les mauvaises nouvelles rapidement, alors qu’il retarde la
prise en compte des bonnes nouvelles jusqu’à leur réalisation effective. D’ailleurs, la
constante du modèle, Xit / Pit-1 = β0+ β1Dit + β2 Rit + β3 Rit* Dit +ξit, est positive et
significative. Ce qui montre que ce sont les bonnes nouvelles des périodes passées qui
sont reflétées dans le bénéfice actuel.
89
Conclusion générale
Le conservatisme de la comptabilité est la prise en compte des mauvaises nouvelles
dans les bénéfices et le retardement de la comptabilisation des bonnes nouvelles
jusqu’à leur réalisation effective.
Ce phénomène commence à attirer l’attention des chercheurs en comptabilité.
D’ailleurs, Holthausen & Watts (2001) voient que la recherche dans ce domaine est de
nature à produire des améliorations de notre compréhension de la comptabilité.
Dans cette étude on a essayé de déterminer l’impact du conservatisme sur le bénéfice.
Ensuite, on a essayé de démontrer que les bénéfices reflètent les mauvaises nouvelles
plus rapidement que les cash-flows.
Dans un marché efficient, les cours des titres incorporent tous les événements
économiques de façon instantanée et symétrique. Par conséquent, on a utilisé les
rendements comme indicateur des nouvelles.
Notre première hypothèse est que l’association entre le bénéfice et les rendements
négatifs est plus grande que celle entre les bénéfices et les rendements positifs. Les
résultats sont conforment avec cette hypothèse. En effet, le bénéfice est six fois plus
sensible aux mauvaises nouvelles qu’aux bonnes nouvelles. Ce résultat est comparable
à celui trouvé par Basu (1997) pour les Etats unis (six fois).
Ensuite, on a supposé que le bénéfice reflète les mauvaises nouvelles plus rapidement
que les cash-flows. En fait, l’association entre le bénéfice et les rendements négatifs
est plus importante que celle entre les cash-flows et les rendements négatifs.
90
Les tests effectués montrent que le pouvoir explicatif de la relation bénéfice –
rendements négatifs est 25 fois plus important que celui entre les cash-flows et les
rendements négatifs.
La pertinence des bénéfices par rapport aux cash-flows est conforme au fait que le
conservatisme se manifeste au niveau des accruals.
Tous les résultats que nous avons reportés sont conformes à nos anticipations. Ces
résultats peuvent trouver leur explication dans la nature de notre système comptable.
En effet, le système comptable de la Tunisie est largement imprimé du modèle anglosaxon, avec un plan de compte calqué sur le plan français.
Néanmoins, l’étude est sujette à plusieurs limites. La plus évidente est l’utilisation des
rendements comme indicateur des nouvelles, plus particulièrement dans un contexte
comme celui tunisien. En effet, le marché financier n’est pas bien développé et n’est
pas dynamique.
Enfin, l’étude couvre une période de quatre ans (1997 –2000), soit 89 années –firme
observations, ce qui nous a empêché d’analyser les résultats annuellement. Malgré les
limites qu’on a citées, les résultats confirment l’existence du conservatisme et son
impact asymétrique sur les bénéfices.
Cette étude constitue un stimulus pour effectuer d’autres recherches dans ce domaine.
En effet, il est intéressant de connaître l’évolution du conservatisme de la comptabilité
en Tunisie, surtout pour les périodes avant et après l’adoption du nouveau système
comptable.
91
Bibliographie
Ball, R, & P, Brown, 1968, « An empirical evaluation of accounting income
numbers », Journal of Accounting Research, 6(automne 1968), pp.159-178.
Ball, R, S.P, Kothari & A, Robin, 2000, « The effect of international institutional
factors on the properties of accounting earnings », The Journal of Accounting and
Economics, 29, 1-51.
Basu, S, 1997, « The conservatism principle and the asymmetric timeliness of
earnings », The Journal of Accounting and Economics, 24, pp.3-37.
Basu, S, 1999, « Discussion of the international differences in the timeliness,
conservatism, and classification of earnings », Journal of Accounting Research,
Vol.37, supplement, pp.89-99.
Basu, S, 2001, « Discussion of On the asymmetric recognition of good and bad news
in France, Germany and the United Kingdom », Journal of Business Finance &
Accounting, 28(9) & (10), 1333- 1349.
Beaver, W, 1989, « Financial reporting: An accounting revolution », 2ème edition,
Prentice Hall International Inc.
Bernard, V & L.C, Yannick, 1994, « La miroir du marchand », Editions comptables
Malesherbes, Paris.
92
Bird, F.A, 1981, « Selected conceptual readings », Robert F.Dame, Inc.
Christie, A.A, 1987, « On cross sectional analysis in accounting research », Journal of
Accounting and Economics, Vol 9, 231-258.
Collins, D.W, S.P, Kothari, J, Shanken & R.G Sloan, 1994, « lack of timeliness and
noise as explanations for the low contemporaneous return-earnings association », The
Journal of Accounting and Economics, 18, 289-324.
Cready, W, D.N, Hurtt & J.A Seida, 2001, « Applying reverse regression techniques
in earnings-return analyses », The Journal of Accounting and Economics, 30, 227240.
Davidson, S, C.P, Stickney & R.L, Weil, 1985, « Intermediate accounting: Concepts,
Methods and Uses », 4th edition. Dryden Press, Forthworth.
Dechow, P.M, 1994, « accounting earnings and cash flows as measures of firm
performance: the role of accounting accruals », The Journal of accounting and
economics, 18, 3-42.
Dechow, P.M, Kothari, S.P, Watts, R.L, 1998, « The relation between earnings and
cash-flows », The Journal of Accounting and Economics, 25, 133-168.
Dumontier, P & R, Labelle, 1998, « Accounting earnings and firm valuation: the
French case », The European Accounting Review, 7:2, 163-183.
Easton, P.D, T.S, Harris & J.A, Ohlson, 1992, « Aggregate accounting earnings can
explain most of security returns: the case of long-term intervals », The Journal of
93
Accounting and Economics, 15, 119-142.
Giner, B & W, Rees, 2001, « On the asymmetric recognition of good and bad news in
France, Germany and the United Kingdom », Journal of Business Finance &
Accounting, 28(9) & (10), 1285-1331.
Givoly, D & C, Hayn, 2000, « The changing time-series properties of earnings, cash
flows and accruals: Has financial reporting become more conservative? », The Journal
of Accounting and Economics 29, 287-320.
Hayn , C, 1995, « The information content of losses », The Journal of Accounting and
Economics 20, 125-153.
Holthausen, R.W & R.L, Watts, 2001, « The relevance of the value relevance literature
for financial accounting standard setting », the Journal of Accounting and Economics
31(2001), 3-75.
Huijgen, C & M, Lubberink, 2001, « Liability exposure effects on earnings
conservatism: the case of cross-listed firms », working paper (University of Groningen
and Lancaster University, September).
Kothari, S.P, 1992, « Price-earnings regressions in the presence of prices loading
earnings: earnings level versus change specifications end alternative deflators », The
Journal of Accounting and Economics 15, 173-202.
Kothari, S.P, 2001, « Capital markets research in accounting », The Journal of
Accounting and Economics 31, 105-231.
94
Kothari, S.P & J.L, Zimmerman, 1995, « Price and return models », The Journal of
Accounting and Economics 20, 155-192.
Le système comptable des entreprises tunisiennes, 1997, éditions C.L.E.
Nobes, C & R, Parker, 1995, « Comparative International Accounting », 4ème edition,
Prentice Hall Europe.
Penman, S.H & X, Zhang, 2001, « Accounting conservatism, the quality of earnings,
and stock returns », Working paper (Columbia University and University of
California, Berkeley).
Pope P.F & M, Walker, 1999, « International differences in the timeliness,
conservatism, and classification of earnings » Journal of Accounting Research, Vol 37,
Supplement 1999, 53-89.
Professeurs du département de comptabilité et contrôle de gestion de l’école
supérieure de commerce de France, 1988, « Principes comptables et informations
financière », Editions comptables Malesherbes, collection études et recherches.
Rayburn J., 1987, « The association of operating cash-flow and accruals with securiry
returns », The Journal of Accounting Reasearch, Vol 24 supplément, 112-133.
Savary, J, 1712, « Le parfait Negocient », 6éme édition, IN, Basu, S, 1997, « The
conservatism principle and the asymmetric timeliness of earnings », The Journal of
Accounting And Economics, 24, 3-37.
95
Sbeï, N, 1997, « Le contenu Informationnel Des Bénéfices Et Du Flux De Trésorerie
D’exploitation : Cas Des Entreprises tunisiennes Côtés A La Bourse Des Valeurs
Mobilières De Tunis », Mémoire de DEA, ISCAE, Tunis.
Simons, H, 1972, « Intermediate Accounting, Comprehensive Volume », South
Weston Publishing co, 5ème edition.
Tremblay, D, Cormier, D & Magnan, M, 1994, « Théories et modèles comptables :
développement et perspectives », 2éme édition, presse de l’université du Québec.
Vuong, Q, 1989, « Likelihood Ratio Tests For Model Selection and Non Nested
Hypotheses », Econometrica 57, 307-333.
Walgenbach, P.H, N.E, Dittrich & E.I, Hanson, 1976, « Principles Of Accounting »,
Harcourt Brace Jovanovich, Inc.
Warfield, J.D & J.J, Wild, 1992, « Accounting recognition and the relevance of
earnings as an explanatory variable for returns », The Accounting Review, vol 67, n°4,
pp 821-842.
Watts, R.L & J.L, Zimmerman, 1989, « Positive accounting theory », Prentice Hall,
Englewood Clifs, NJ.
Watts, R.L & J.L, Zimmerman, 1990, « Positive accounting theory: a ten year
perspective », The Accounting Review, Vol 25, n°1, pp 131-156.
Zhang, X.J, 2000, « Conservative accounting and equity valuation », The Journal of
Accounting and Economics 29, pp 125-149.
96
Annexes
97
Traitement des données sur SPSS (10.0)
. Résultats
Annexe 1
Statistiques Descriptives
Statistiques descriptives
BPACRSDE
rendement de l'action
rendement positif
rendement négatif
cash-flow sur cours debut
N valide (listwise)
N
Statistique
89
89
55
34
80
0
Intervalle
Statistique
1,060
2,858
2,255
,590
4,003
Minimum
Statistique
-,767
-,594
,009
-,594
-,652
Maximum
Statistique
,293
2,264
2,264
-,004
3,351
Moyenne
Statistique
5,415E-02
,13121
,34103
-,20821
,41350
Ecart type
Statistique
,14212
,45942
,45818
,16510
,79264
Asymétrie
Statistique Erreur std
-3,702
,255
1,958
,255
2,208
,322
-,825
,403
2,070
,269
Kurtosis
Statistique Erreur std
18,473
,506
5,529
,506
5,255
,634
-,213
,788
3,798
,532
Fréquences
Rendement de l'action
Statistics
Mean
Median
Std. Deviation
Skewness
Std. Error of Skewness
Kurtosis
Std. Error of Kurtosis
Minimum
Maximum
Percentiles
rendement de l'action
Valid
Missing
30
20
10
Std. Dev = ,46
Mean = ,13
N = 89,00
0
98
13
2,
88
1,
63
1,
38
1,
13
1,
rendement de l'action
8
,8
3
,6
8
,3
3
,1
3
-,1
8
-,3
3
-,6
25
50
75
89
19
,13121
4,30E-02
,45942
1,958
,255
5,529
,506
-,594
2,264
-,10800
4,30E-02
,20950
Frequency
rendement de l'action
N
BPACRSDE
Statistics
Mean
Median
Std. Deviation
Skewness
Std. Error of Skewness
Kurtosis
Std. Error of Kurtosis
Minimum
Maximum
Percentiles
Valid
Missing
25
50
75
BPACRSDE
89
19
5,41E-02
7,40E-02
,14212
-3,702
,255
18,473
,506
-,767
,293
4,10E-02
7,40E-02
,10500
50
40
30
20
Frequency
BPACRSDE
N
10
Std. Dev = ,14
Mean = ,05
N = 89,00
0
-,75
-,63
-,69
-,50
-,56
-,38
-,44
-,25
-,31
-,13
-,19
0,00
-,06
,06
,13
,25
,19
,31
BPACRSDE
Rendement positif
Statistics
Mean
Median
Std. Deviation
Skewness
Std. Error of Skewness
Kurtosis
Std. Error of Kurtosis
Minimum
Maximum
Percentiles
Valid
Missing
25
50
75
rendement positif
55
53
,34103
,18000
,45818
2,208
,322
5,255
,634
,009
2,264
5,80E-02
,18000
,32900
16
14
12
10
8
6
Frequency
rendement positif
N
4
Std. Dev = ,46
2
Mean = ,34
N = 55,00
0
0,00
,25
,13
,50
,38
,75
,63
rendement positif
99
1,00 1,25 1,50 1,75 2,00 2,25
,88
1,13 1,38 1,63 1,88 2,13
Rendement négatif
Statistics
Mean
Median
Std. Deviation
Skewness
Std. Error of Skewness
Kurtosis
Std. Error of Kurtosis
Minimum
Maximum
Percentiles
Valid
Missing
34
74
-,20821
-,17900
,16510
-,825
,403
-,213
,788
-,594
-,004
-,30900
-,17900
-9,5E-02
25
50
75
rendement négatif
10
8
6
4
Frequency
rendement négatif
N
2
Std. Dev = ,17
Mean = -,21
N = 34,00
0
-,63
-,50
-,56
-,38
-,44
-,25
-,31
-,13
-,19
0,00
-,06
rendement négatif
Cash-flow sur cours début
Statistics
cash-flow sur cours debut
cash-flow sur cours debut
N
Valid
Missing
Mean
Median
Std. Deviation
Skewness
Std. Error of Skewness
Kurtosis
Std. Error of Kurtosis
Minimum
Maximum
Percentiles
25
50
75
80
28
,41350
,10000
,79264
2,070
,269
3,798
,532
-,652
3,351
3,20E-02
,10000
,36375
50
40
30
Frequency
20
10
Std. Dev = ,79
Mean = ,41
N = 80,00
0
-,75
-,25
-,50
,25
0,00
,75
,50
1,25
1,00
1,50
cash-flow sur cours debut
Annexe 2
I- Régression inverse : bénéfice- rendement
Variables introduites/éliminéesb
Modèle
1
Variables
introduites
rendementa
de l'action
Variables
éliminées
Méthode
,
Introduire
a. Toutes variables requises introduites
b. Variable dépendante : BPACRSDE
100
1,75
2,25
2,00
2,75
2,50
3,25
3,00
Récapitulatif du modèleb
Modèle
1
R
,337a
R-deux
,113
Erreur
standard de
l'estimation
,13460
R-deux ajusté
,103
Durbin-W
atson
1,227
a. Valeurs prédites : (constantes), rendement de l'action
b. Variable dépendante : BPACRSDE
ANOVAb
Modèle
1
Régression
Résidu
Total
Somme
des carrés
,201
1,576
1,778
ddl
1
87
88
Carré moyen
,201
1,812E-02
F
11,115
Signification
,001a
a. Valeurs prédites : (constantes), rendement de l'action
b. Variable dépendante : BPACRSDE
Coefficientsa
Modèle
1
(constante)
rendement de l'action
Coefficients non
standardisés
Erreur
standard
B
4,048E-02
,015
,104
,031
Coefficien
ts
standardi
sés
Bêta
t
2,727
3,334
,337
Signification
,008
,001
a. Variable dépendante : BPACRSDE
Diagnostic des observationsa
Numéro de l'observation
90
100
Résidu
standardisé
-5,540
-5,175
BPACRSDE
-,767
-,650
Prévision
-2,1E-02
4,65E-02
Résidu
-,74564
-,69652
a. Variable dépendante : BPACRSDE
Statistiques des résidusa
Prévision
Résidu
Prévision standardisée
Résidu standardisé
Minimum
-2,1E-02
-,74564
-1,579
-5,540
Maximum
,27621
,23013
4,642
1,710
Moyenne
5,41E-02
1,06E-17
,000
,000
a. Variable dépendante : BPACRSDE
101
Ecart-type
4,78E-02
,13383
1,000
,994
N
89
89
89
89
Annexe 3
II- Régression inverse: estimation du modèle de l'étude
Variables introduites/éliminéesb
Modèle
1
Variables
introduites
RENDUMM
Y,
rendement
de l'action,
variablea
muette
Variables
éliminées
Méthode
,
Introduire
a. Toutes variables requises introduites
b. Variable dépendante : BPACRSDE
Récapitulatif du modèleb
Modèle
1
R
,426a
R-deux
,182
Erreur
standard de
l'estimation
,13081
R-deux ajusté
,153
Durbin-W
atson
1,291
a. Valeurs prédites : (constantes), RENDUMMY, rendement de l'action,
variable muette
b. Variable dépendante : BPACRSDE
ANOVAb
Modèle
1
Régression
Résidu
Total
Somme
des carrés
,323
1,454
1,778
ddl
3
85
88
Carré moyen
,108
1,711E-02
F
6,293
Signification
,001a
a. Valeurs prédites : (constantes), RENDUMMY, rendement de l'action, variable muette
b. Variable dépendante : BPACRSDE
Coefficientsa
Modèle
1
(constante)
rendement de l'action
variable muette
RENDUMMY
Coefficients non
standardisés
Erreur
B
standard
5,078E-02
,022
7,507E-02
,039
6,258E-02
,043
,382
,143
a. Variable dépendante : BPACRSDE
102
Coefficien
ts
standardi
sés
Bêta
,243
,215
,386
t
2,302
1,932
1,469
2,666
Signification
,024
,050
,146
,009
Statistiques des résidusa
Minimum
-,15819
-,70513
-3,504
-5,391
Prévision
Résidu
Prévision standardisée
Résidu standardisé
Maximum
,22074
,22608
2,750
1,728
Moyenne
5,41E-02
-8,6E-19
,000
,000
Ecart-type
6,06E-02
,12856
1,000
,983
a. Variable dépendante : BPACRSDE
Diagrammes
Histogramme
Variable dépendante : BPACRSDE
40
30
Fréquence
20
10
Std. Dev = ,98
Mean = 0,00
N = 89,00
0
-5,50
-4,50
-5,00
-3,50
-4,00
-2,50
-3,00
-1,50
-2,00
-,50
-1,00
0,00
Régression Résidu standardisé
103
,50
1,50
1,00
N
89
89
89
89
II-1- Régression inverse: bénéfice-rendement positif
Variables introduites/éliminéesb
Modèle
1
Variables
introduites
rendement
a
positif
Variables
éliminées
Méthode
,
Introduire
a. Toutes variables requises introduites
b. Variable dépendante : BPACRSDE
Récapitulatif du modèleb
Modèle
1
R
,259a
R-deux
,067
Erreur
standard de
l'estimation
,12942
R-deux ajusté
,050
Durbin-W
atson
1,602
a. Valeurs prédites : (constantes), rendement positif
b. Variable dépendante : BPACRSDE
ANOVAb
Modèle
1
Régression
Résidu
Total
Somme
des carrés
6,389E-02
,888
,952
ddl
1
53
54
Carré moyen
6,389E-02
1,675E-02
F
3,814
Signification
,050a
a. Valeurs prédites : (constantes), rendement positif
b. Variable dépendante : BPACRSDE
Coefficientsa
Modèle
1
(constante)
rendement positif
Coefficients non
standardisés
Erreur
B
standard
5,078E-02
,022
7,507E-02
,038
Coefficien
ts
standardi
sés
Bêta
,259
t
2,327
1,953
a. Variable dépendante : BPACRSDE
Diagnostic des observationsa
Numéro de l'observation
100
Résidu
standardisé
-5,448
BPACRSDE
-,650
a. Variable dépendante : BPACRSDE
104
Prévision
5,51E-02
Résidu
-,70513
Signification
,024
,050
Statistiques des résidusa
Minimum
5,15E-02
-,70513
-,725
-5,448
Prévision
Résidu
Prévision standardisée
Résidu standardisé
Maximum
,22074
,22608
4,197
1,747
Moyenne
7,64E-02
-1,5E-17
,000
,000
Ecart-type
3,44E-02
,12821
1,000
,991
a. Variable dépendante : BPACRSDE
Diagrammes
Histogramme
Variable dépendante : BPACRSDE
30
Fréquence
20
10
Std. Dev = ,99
Mean = 0,00
N = 55,00
0
-5,50
-4,50
-5,00
-3,50
-4,00
-2,50
-3,00
-1,50
-2,00
-,50
-1,00
,50
0,00
1,50
1,00
Régression Résidu standardisé
II-2- Régression inverse: bénéfice-rendement négatif
Variables introduites/éliminéesb
Modèle
1
Variables
introduites
rendement
a
négatif
Variables
éliminées
Méthode
,
Introduire
a. Toutes variables requises introduites
b. Variable dépendante : BPACRSDE
105
N
55
55
55
55
Récapitulatif du modèleb
Modèle
1
R
,499a
R-deux
,249
Erreur
standard de
l'estimation
,13308
R-deux ajusté
,226
Durbin-W
atson
1,519
a. Valeurs prédites : (constantes), rendement négatif
b. Variable dépendante : BPACRSDE
ANOVAb
Modèle
1
Régression
Résidu
Total
Somme
des carrés
,188
,567
,755
ddl
1
32
33
Carré moyen
,188
1,771E-02
F
10,614
Signification
,003a
a. Valeurs prédites : (constantes), rendement négatif
b. Variable dépendante : BPACRSDE
Coefficientsa
Modèle
1
(constante)
rendement négatif
Coefficients non
standardisés
Erreur
B
standard
,113
,037
,457
,140
Coefficien
ts
standardi
sés
Bêta
t
3,058
3,258
,499
Signification
,004
,003
a. Variable dépendante : BPACRSDE
Diagnostic des observationsa
Numéro de l'observation
90
Résidu
standardisé
-4,575
BPACRSDE
-,767
Prévision
-,15819
Résidu
-,60881
a. Variable dépendante : BPACRSDE
Statistiques des résidusa
Prévision
Résidu
Prévision standardisée
Résidu standardisé
Minimum
-,15819
-,60881
-2,337
-4,575
Maximum
,11153
,18122
1,237
1,362
Moyenne
1,82E-02
2,49E-17
,000
,000
a. Variable dépendante : BPACRSDE
106
Ecart-type
7,55E-02
,13105
1,000
,985
N
34
34
34
34
Diagrammes
Histogramme
Variable dépendante : BPACRSDE
16
14
12
10
8
Fréquence
6
4
Std. Dev = ,98
Mean = 0,00
2
N = 34,00
0
-4,50
-3,50
-4,00
-2,50
-3,00
-1,50
-2,00
-,50
-1,00
,50
0,00
1,50
1,00
Régression Résidu standardisé
107
Annexe 4
III- Régression inverse: CFO-rendements
Variables Entered/Removedb
Model
1
Variables
Entered
rendementa
de l'action
Variables
Removed
Method
,
Enter
a. All requested variables entered.
b. Dependent Variable: cash-flow sur cours debut
Model Summaryb
Model
1
R
R Square
,246a
,060
Adjusted
R Square
,048
Std. Error of
the Estimate
,78870
Durbin-W
atson
,822
a. Predictors: (Constant), rendement de l'action
b. Dependent Variable: cash-flow sur cours debut
ANOVAb
Model
1
Regression
Residual
Total
Sum of
Squares
2,957
46,031
48,988
df
1
74
75
Mean Square
2,957
,622
F
4,753
Sig.
,032a
a. Predictors: (Constant), rendement de l'action
b. Dependent Variable: cash-flow sur cours debut
Coefficientsa
Model
1
(Constant)
rendement de l'action
Unstandardized
Coefficients
B
Std. Error
,392
,092
,570
,261
a. Dependent Variable: cash-flow sur cours debut
108
Standardi
zed
Coefficien
ts
Beta
,246
t
4,237
2,180
Sig.
,000
,032
Residuals Statisticsa
Predicted Value
Residual
Std. Predicted Value
Std. Residual
Minimum
5,32E-02
-1,03415
-1,916
-1,311
Maximum
1,04285
2,94263
3,068
3,731
Mean
,43366
5,89E-17
,000
,000
Std. Deviation
,19855
,78342
1,000
,993
N
76
76
76
76
a. Dependent Variable: cash-flow sur cours debut
Diagrammes
Histogramme
Variable dépendante : cash-flow sur cours deb
16
14
12
10
8
Fréquence
6
4
Std. Dev = ,99
2
Mean = 0,00
0
N = 67,00
75
2,
50
2, 5
2
2,
00
2,
75
1, 0
5
1,
25
1, 0
0
1,
5
,7
0
,5
5
,2
00
0,
5
-,2
0
-,5
5
-,7 0
,0
-1 5
,2
-1 0
,5
-1
Régression Résidu standardisé
IV- Régression inverse: estimation du modèle CFO-rendement de
l'étude
109
Variables Entered/Removedb
Model
1
Variables
Entered
RENDUM
MY,
rendement
de l'action,
variablea
muette
Variables
Removed
Method
,
Enter
a. All requested variables entered.
b. Dependent Variable: cash-flow sur cours debut
Model Summaryb
Model
1
R
R Square
,312a
,097
Adjusted
R Square
,059
Std. Error of
the Estimate
,65642
Durbin-W
atson
,948
a. Predictors: (Constant), RENDUMMY, rendement de l'action, variable
muette
b. Dependent Variable: cash-flow sur cours debut
ANOVAb
Model
1
Regression
Residual
Total
Sum of
Squares
3,248
30,162
33,410
df
3
70
73
Mean Square
1,083
,431
F
2,513
Sig.
,065a
a. Predictors: (Constant), RENDUMMY, rendement de l'action, variable muette
b. Dependent Variable: cash-flow sur cours debut
Coefficientsa
Model
1
(Constant)
rendement de l'action
variable muette
RENDUMMY
Unstandardized
Coefficients
B
Std. Error
,325
,136
,602
,331
-,178
,237
-,738
,797
a. Dependent Variable: cash-flow sur cours debut
110
Standardi
zed
Coefficien
ts
Beta
,314
-,131
-,163
t
2,389
1,819
-,754
-,926
Sig.
,020
,073
,454
,358
Residuals Statisticsa
Predicted Value
Residual
Std. Predicted Value
Std. Residual
Minimum
,14694
-,99899
-1,007
-1,522
Maximum
1,01199
1,93503
3,094
2,948
Mean
,35936
-2,8E-17
,000
,000
Std. Deviation
,21095
,64279
1,000
,979
a. Dependent Variable: cash-flow sur cours debut
Diagrammes
Histogramme
Variable dépendante : cash-flow sur cours deb
16
14
12
10
8
Fréquence
6
4
Std. Dev = ,98
2
Mean = 0,00
0
N = 67,00
75
2, 0
5
2, 5
2
2,
00
2,
75
1, 0
5
1,
25
1, 0
0
1,
5
,7
0
,5
5
,2
00
0,
5
-,2
0
-,5
5
-,7 0
,0
-1 5
,2
-1 0
,5
-1
Régression Résidu standardisé
Régression: CFO-rendement positif
Variables Entered/Removedb
Model
1
Variables
Entered
rendement
a
positif
Variables
Removed
Method
,
Enter
a. All requested variables entered.
b. Dependent Variable: cash-flow sur cours debut
111
N
74
74
74
74
Model Summaryb
Model
1
Adjusted
R Square
,033
R
R Square
,236a
,056
Std. Error of
the Estimate
,76631
Durbin-W
atson
,909
a. Predictors: (Constant), rendement positif
b. Dependent Variable: cash-flow sur cours debut
ANOVAb
Model
1
Regression
Residual
Total
Sum of
Squares
1,426
24,076
25,502
df
1
41
42
Mean Square
1,426
,587
F
2,428
Sig.
,127a
a. Predictors: (Constant), rendement positif
b. Dependent Variable: cash-flow sur cours debut
Coefficientsa
Model
1
(Constant)
rendement positif
Unstandardized
Coefficients
B
Std. Error
,325
,159
,602
,386
Standardi
zed
Coefficien
ts
Beta
,236
t
2,047
1,558
Sig.
,047
,127
a. Dependent Variable: cash-flow sur cours debut
Residuals Statisticsa
Predicted Value
Residual
Std. Predicted Value
Std. Residual
Minimum
,33022
-,99899
-,879
-1,304
Maximum
1,01199
1,93503
2,822
2,525
Mean
,49207
-4,3E-17
,000
,000
a. Dependent Variable: cash-flow sur cours debut
Régression : CFO-rendement négatif
112
Std. Deviation
,18423
,75713
1,000
,988
N
43
43
43
43
Variables introduites/éliminéesb
Modèle
1
Variables
introduites
rendement
a
négatif
Variables
éliminées
Méthode
,
Introduire
a. Toutes variables requises introduites
b. Variable dépendante : cash-flow sur cours debut
Récapitulatif du modèleb
Modèle
1
R
,214a
R-deux
,046
Erreur
standard de
l'estimation
,17729
R-deux ajusté
,009
Durbin-W
atson
1,496
a. Valeurs prédites : (constantes), rendement négatif
b. Variable dépendante : cash-flow sur cours debut
ANOVAb
Modèle
1
Régression
Résidu
Total
Somme
des carrés
3,931E-02
,817
,857
ddl
1
26
27
Carré moyen
3,931E-02
3,143E-02
F
1,251
Signification
,274a
a. Valeurs prédites : (constantes), rendement négatif
b. Variable dépendante : cash-flow sur cours debut
Coefficientsa
Modèle
1
(constante)
rendement négatif
Coefficients non
standardisés
Erreur
standard
B
,153
,055
,228
,204
Coefficien
ts
standardi
sés
Bêta
,214
t
2,780
1,118
Signification
,010
,274
a. Variable dépendante : cash-flow sur cours debut
Statistiques des résidusa
Prévision
Résidu
Prévision standardisée
Résidu standardisé
Minimum
1,75E-02
-,48649
-2,271
-2,744
Maximum
,15202
,50487
1,255
2,848
Moyenne
,10414
-5,0E-18
,000
,000
a. Variable dépendante : cash-flow sur cours debut
113
Ecart-type
3,82E-02
,17397
1,000
,981
N
28
28
28
28
114
Traitement des données sur
TSP (Version 4.3A)
* Le traitement des bénéfices
Current sample:
1 to 89
PANEL DATA ESTIMATION
=====================
Unbalanced data:
NI=
27, TMIN=
1 TMAX=
4, NOB=
89
TOTAL (plain OLS) Estimates:
Dependent variable: BPA
Mean of dependent variable
Std. dev. of dependent var.
Sum of squared residuals
Variance of residuals
Variable
MUET
RENDMU
REND
C
***
**
Estimated
Coefficient
.062577
.382071
.075072
.050780
=
=
=
=
.054146
.142124
1.45446
.017111
Standard
Error
.042598
.143289
.038852
.022061
Std. error of regression = .130810
R-squared = .181746
Adjusted R-squared = .152867
t-statistic
1.46902
2.66644***
1.93227**
2.30182**
significatif à 1%
significatif à 5%
BETWEEN (OLS on means) Estimates:
Dependent variable: BPA
Mean of dependent variable = .060253
Std. dev. of dependent var. = .102065
Sum of squared residuals = .174214
Variance of residuals = .757452E-02
Variable
MUET
Estimated
Coefficient
.155590
Standard
Error
.091459
Std. error of regression = .087032
R-squared = .356785
Adjusted R-squared = .272887
t-statistic
1.70119
115
RENDMU
REND
C
***
**
.632139
.190640
.025240
.290737
.072653
.039625
2.17426**
2.62397***
.636986
significatif à 1%
significatif à 5%
WITHIN (fixed effects) Estimates:
Dependent variable: BPA
Sum of squared residuals = .647918
Variance of residuals = .010982
Std. error of regression = .104793
Variable
MUET
RENDMU
REND
Estimated
Coefficient
.014525
.299408
.478456E-02
Standard
Error
.040796
.145216
.041623
R-squared = .635494
Adjusted R-squared = .456329
t-statistic
.356042
2.06182**
.114949
F test of A,B=Ai,B: F(26,59) = 2.8248, P-value = [.0005]
Critical F value for diffuse prior (Leamer, p.114) =
6.1518
Variance Components (random effects) Estimates:
VWITH (variance of Uit)
= 0.10982E-01
VBET (variance of Ai)
= 0.61297E-02
(computed from small sample formula)
THETA (0=WITHIN, 1=TOTAL) = 0.30934
(evaluated at TMAX =
4)
Dependent variable: BPA
Sum of squared residuals = .920662
Variance of residuals = .015604
Std. error of regression = .124918
Variable
MUET
RENDMU
REND
C
***
**
Estimated
Coefficient
.034087
.315813
.037817
.065287
Standard
Error
.038055
.131400
.026777
.024922
R-squared = .482053
Adjusted R-squared = .227469
t-statistic
.895729
2.40345***
1.72826**
2.61963***
significatif à 1%
significatif à 5%
Hausman test of H0:RE vs. FE: CHISQ(3) = 6.0576, P-value = [.1088]
116
on
choisi la méthode Random effects (les modèles à erreurs composées)
117
*
Traitement des cash-flows
PANEL DATA ESTIMATION
=====================
Unbalanced data:
NI= 25, TMIN= 1 TMAX= 4, NOB= 76
TOTAL (plain OLS) Estimates:
Dependent variable: BPA
Mean of dependent variable
Std. dev. of dependent var.
Sum of squared residuals
Variance of residuals
Variable
MUET
REND
RENDMU
C
***
**
Estimated
Coefficient
.074235
.082614
.419026
.049487
=
=
=
=
.054303
.153237
1.42118
.019739
Standard
Error
.051318
.044748
.166104
.025773
Std. error of regression = .140494
R-squared = .193018
Adjusted R-squared = .159394
t-statistic
1.44656
1.84619**
2.52267***
1.92008**
significatif à 1%
significatif à 5%
BETWEEN (OLS on means) Estimates:
Dependent variable: BPA
Mean of dependent variable
Std. dev. of dependent var.
Sum of squared residuals
Variance of residuals
Variable
MUET
REND
RENDMU
C
***
Estimated
Coefficient
.185082
.224609
.967028
.033738
=
=
=
=
.052087
.129084
.218868
.010422
Standard
Error
.102851
.088165
.336308
.047457
Std. error of regression = .102090
R-squared = .452698
Adjusted R-squared = .374512
t-statistic
1.79952
2.54760***
2.87542***
.710920
significatif à 1%
WITHIN (fixed effects) Estimates:
Dependent variable: BPA
Sum of squared residuals = .495304
Variance of residuals = .010319
Std. error of regression = .101582
R-squared = .718755
Adjusted R-squared = .560554
118
Variable
MUET
REND
RENDMU
Estimated
Coefficient
.032617
.022233
.233511
Standard
Error
.044147
.044033
.154317
t-statistic
.738829
.504920
1.51319
F test of A,B=Ai,B: F(24,48) = 3.7386, P-value = [.0000]
Critical F value for diffuse prior (Leamer, p.114) =
5.8518
Variance Components (random effects) Estimates:
VWITH (variance of Uit)
= 0.10319E-01
VBET (variance of Ai)
= 0.94198E-02
(computed from small sample formula)
THETA (0=WITHIN, 1=TOTAL) = 0.21498
(evaluated at TMAX =
4)
Dependent variable: BPA
Sum of squared residuals = .759832
Variance of residuals = .015830
Std. error of regression = .125817
Variable
MUET
REND
RENDMU
C
**
Estimated
Coefficient
.047650
.045279
.285804
.051978
Standard
Error
.041514
.039788
.141314
.029042
R-squared = .568549
Adjusted R-squared = .325858
t-statistic
1.14780
1.13800
2.02248**
1.78976**
significatif à 5%
Hausman test of H0: RE vs. FE: CHISQ (3) = 8.9499, P-value = [.0300]
on choisit la méthode « random effects » (modèle à erreurs composées).
119
Téléchargement