
Malik
Malik
Serge
Serge
Serge, je prends la route d’un décryptage sommaire qui je l’espère, te donnera 
quelques signes pour m’accompagner, faire route ensemble. C’est plein de naïveté 
et d’ambitions, que j’aborde Onysos. 
Un spectacle est toujours une conjonction « magique » d’un texte, d’interprètes 
et d’un regard particulier dans une époque donnée. C’est ce que je crois du moins 
après 30 ans d’exploration de ce « métier ». Je démarre… Ce texte de Laurent 
Gaudé me fut oert par Laurence Roy avec qui je jouais Créon dans l’Œdipe de 
Sénèque, à Montpellier, ma ville de naissance…Premier signe. C’est-à-dire bien 
avant que je rencontre Laurent à la Comédie Française pour y interpréter Ajac 
dans « Pluie de cendres »... Deuxième signe. 
Confusément, j’ai envie d’explorer la primitivité, l’inconscient archaïque, comme 
le décrit Jung dans Les métamorphoses de l’âme et ses symboles, ce qui nous 
fait être d’une même espèce. En somme, poursuivre ce que j’ai toujours cherché, 
inconsciemment que ce soit dans les cours de dramaturgie de Bernard Dort, 
que ce soit avec les textes de Calderon, Tchékhov, Mariette Navarro, Tenessee 
Williams ou Pasolini. Je ressens la nécessité absolue de tendre vers le haut, 
de mettre au-dessus de tout la beauté et la fraternité dans un geste transcendant. 
Il fallait attendre d’être mûr pour cela. Il me semble que le politique est mort, 
en tout cas qu’il a baissé son froc et qu’il faut tendre vers l’ethno-politique, vers 
l’anthropocène … l’anthropo...scène. Je supporte de moins en moins de faire de 
l’art sans un lien fort au chaos de notre époque. Tant de signes,  dont tu n’es pas 
le moindre, me poussent vers ce texte depuis longtemps, et  je me sens prêt. 
Je m’en remets à mes origines africaines et à ton regard, ton amitié et ton exigence.
Malik, qui nous dit que chaque clochard que nous voyons, en errance dans les 
villes, n’est pas un prince échoué là, dans une strate du métro, détenteur des 
épopées, depuis l’antique jusqu’à l’urbaine? Qui nous dit qu’il n’a pas écrit à la 
lueur des chandelles, depuis les chevaux de Lascaux, toute l’aventure humaine 
? Qui nous dit qu’il n’est pas prêt à rejouer, chaque jour, cette épopée, comme 
une cérémonie, pour peu qu’on l’écoute ?
Genèse Intentions
Oui tu as raison ; Onysos comme un fantôme, un spectre, un avatar du passé, de nos 
ancêtres arabes et autres, de notre métissage à l’heure d’un monde qui étoue de ses 
frontières. Un coup de gueule pour réunir tous ces morts passés. Basta !!!! 
L’épître de Laurent, sa force poétique et sauvage, sera notre viatique.
Si nous parvenons à donner forme à cet « oxymore anthropologique », je serai pour 
ma part comblé. Tu l’as deviné cet oxymore est ce qui me constitue, de par mon 
métissage. Après tant de classiques proférés, j’aspire à un autre langage,
à diversier mon expression, je veux déborder le champ des mots. 
Diversier aussi la forme. Nous pourrions donner les représentations dans des 
lieux particuliers, tels que les gares, les stations de métro, à la campagne dans des 
champs, les dessous des théâtres, les petites salles de Paris et d’ailleurs ...
L'annonce pourrait être :  «  Onysos est là et vous invite ce soir !... »
C’est ça, Onysos est là et vous invite ce soir … pour vous engueuler !!!! 
Casser le quatrième mur pour étreindre le public, lui parler à l’oreille. L’espace 
devra inclure au maximum le public, le mélanger au plateau. Une fête, avec les 
éléments premiers et éternels en étendard. Le feu, l’eau, la lune, la nuit, le vent, 
la terre et nous, la tribu qui palabre. Un cercle de terre...
Malik