Onysos le furieux Explorer Contacts Malik Faraoun 06 83 48 55 51 [email protected] — Serge Gaborieau 06 63 54 11 97 [email protected] l’inconscient archaïque qui nous fait être de la même espèce «Ce qui m’intéresse c’est le jeu d’écho avec le monde dans lequel nous vivons. Faire entendre les écarts, les ressemblances, ce qui, dans l’homme, est immanent et ce qui s’est perdu. L’antiquité, c’est le lieu de l’épopée et du tragique mais c’est un lieu que nous habitons, parce que nous sommes antiques» Laurent Gaudé — La 56ème Compagnie Artistes Associés C/O Catherine Favreau 27, rue Henri Chevreau 75020 Paris [email protected] SIRET 40874246800023 Malik Faraoun Celui qui dit — Serge Gaborieau Celui qui regarde Genèse Intentions Serge Malik, qui nous dit que chaque clochard que nous voyons, en errance dans les villes, n’est pas un prince échoué là, dans une strate du métro, détenteur des épopées, depuis l’antique jusqu’à l’urbaine? Qui nous dit qu’il n’a pas écrit à la lueur des chandelles, depuis les chevaux de Lascaux, toute l’aventure humaine ? Qui nous dit qu’il n’est pas prêt à rejouer, chaque jour, cette épopée, comme une cérémonie, pour peu qu’on l’écoute ? Malik Serge, je prends la route d’un décryptage sommaire qui je l’espère, te donnera quelques signes pour m’accompagner, faire route ensemble. C’est plein de naïveté et d’ambitions, que j’aborde Onysos. Un spectacle est toujours une conjonction « magique » d’un texte, d’interprètes et d’un regard particulier dans une époque donnée. C’est ce que je crois du moins après 30 ans d’exploration de ce « métier ». Je démarre… Ce texte de Laurent Gaudé me fut offert par Laurence Roy avec qui je jouais Créon dans l’Œdipe de Sénèque, à Montpellier, ma ville de naissance…Premier signe. C’est-à-dire bien avant que je rencontre Laurent à la Comédie Française pour y interpréter Ajac dans « Pluie de cendres »... Deuxième signe. Confusément, j’ai envie d’explorer la primitivité, l’inconscient archaïque, comme le décrit Jung dans Les métamorphoses de l’âme et ses symboles, ce qui nous fait être d’une même espèce. En somme, poursuivre ce que j’ai toujours cherché, inconsciemment que ce soit dans les cours de dramaturgie de Bernard Dort, que ce soit avec les textes de Calderon, Tchékhov, Mariette Navarro, Tenessee Williams ou Pasolini. Je ressens la nécessité absolue de tendre vers le haut, de mettre au-dessus de tout la beauté et la fraternité dans un geste transcendant. Il fallait attendre d’être mûr pour cela. Il me semble que le politique est mort, en tout cas qu’il a baissé son froc et qu’il faut tendre vers l’ethno-politique, vers l’anthropocène … l’anthropo...scène. Je supporte de moins en moins de faire de l’art sans un lien fort au chaos de notre époque. Tant de signes, dont tu n’es pas le moindre, me poussent vers ce texte depuis longtemps, et je me sens prêt. Je m’en remets à mes origines africaines et à ton regard, ton amitié et ton exigence. Malik Oui tu as raison ; Onysos comme un fantôme, un spectre, un avatar du passé, de nos ancêtres arabes et autres, de notre métissage à l’heure d’un monde qui étouffe de ses frontières. Un coup de gueule pour réunir tous ces morts passés. Basta !!!! L’épître de Laurent, sa force poétique et sauvage, sera notre viatique. Si nous parvenons à donner forme à cet « oxymore anthropologique », je serai pour ma part comblé. Tu l’as deviné cet oxymore est ce qui me constitue, de par mon métissage. Après tant de classiques proférés, j’aspire à un autre langage, à diversifier mon expression, je veux déborder le champ des mots. Diversifier aussi la forme. Nous pourrions donner les représentations dans des lieux particuliers, tels que les gares, les stations de métro, à la campagne dans des champs, les dessous des théâtres, les petites salles de Paris et d’ailleurs ... Serge L'annonce pourrait être : « Onysos est là et vous invite ce soir !... » Malik C’est ça, Onysos est là et vous invite ce soir … pour vous engueuler !!!! Casser le quatrième mur pour étreindre le public, lui parler à l’oreille. L’espace devra inclure au maximum le public, le mélanger au plateau. Une fête, avec les éléments premiers et éternels en étendard. Le feu, l’eau, la lune, la nuit, le vent, la terre et nous, la tribu qui palabre. Un cercle de terre... Scénographie Mise en scène Malik C’est un animal à forme humaine, cet Onysos. Un instinctif ardent qui a à voir avec l’archaïsme... Serge Serge Oui, quelque chose de simple. Un cercle de terre, qui pourrait laisser paraître le sol contemporain du métro de New York. Malik Pourquoi pas ? Serge La scénographie sera sonore, aussi : ta voix de cuivre, trompette de Jéricho, composant avec les vibrations du sol. Et des percussions, des tambours, des Djembés, des Darboukas … Onysos percussionniste lui-même, bateleur, et d’autres sons venant de loin, de là-haut dans la ville moderne ou du tréfonds des siècles. Un mixage de la fureur des villes modernes. Les tremblements récurrents du métro et, au loin, les thèmes sauvages, des percussions, des tambours, toujours... Malik Regarde ce visage, le masque de Boudha, sans doute, incrusté dans la toile. Onysos est là, son corps incrusté dans la pierre terreuse, il veille depuis des siècles, on l’entend parler d’abord et beaucoup plus tard il s’extirpe de sa gangue avant de se déchaîner. Plus il parle, plus il rajeunit ... Serge Il est l’antique qui vient bousculer le moderne, qui vient le convoquer... Oui, j’en sais quelque chose, j’ai crapahuté avec toi entre ciel et montagnes au Monteynard, couru sur les chemins rocailleux brûlés du soleil de la Drôme, joué à tes côtés, transpirant et reniflant... Malik Chaque chant est une escalade, une conscience antique qui vient se rappeler aux hommes, leur dire « Réveillez-vous ! Pourquoi courber l’échine Serge Je le vois cet Onysos, je sens les domaines où, cheval fougueux tonitruant, il se précipite, et aussi ceux vers lesquels il rechigne à aller... Malik Il psalmodie à la lueur des flambeaux… emmené par ton Proscumnos qui connait le chemin des maures … des morts !!!! Serge Des reflets d’une lumière venue d’ailleurs, comme les lampes à huile des premiers chrétiens s’inventant une religion. Lampes à huile de toutes les civilisations réfugiées, traquées, opprimées parce qu’elles sont lumineuses, justement, et se racontent régulièrement les grandes histoires pour survivre. Malik Survivre, oui. Porter la voix d’une légende. Onysos commencera vieux et finira jeune, épuisé comme l’enfant qui naît, après le bain de jouvence qu’est ce texte de Laurent Gaudé. PREMIERE RESIDENCE POT AU NOIR - AVRIL 2016 « J’écris pour la voix. Tout le temps. Qu’il s’agisse de romans, de nouvelles, de pièces, j’écris pour la voix haute, pour que mes mots soient dits, proférés et écoutés par une assemblée. Parce que je pense que la façon qu’ont alors les mots de se déployer, de prendrevie, est unique et que ces moments créent un sentimentde partage intense, généreux et gratuit que je n’ai rencontré nulle part ailleurs. » Laurent Gaudé Le travail de 5 jours en résidence au « Pot au noir » nous a apporté la confirmation d’une adresse directe. L’épique nait et se nourrit de la parole simple et concrète. Le comédien crée les images par l’évocation. Quand-à l’espace, il se rapproche de celui du conte, avec, au centre, une assise qui pourra être à la fois siège de métro, sommet de montagne, vivarium, trône ou bien monture. Peut-être y-aura-t-il en fond, le signe de l’existence d’un ici et maintenant : un néon bleu, comme il est dit, éclairant l’inscription « Babylon Station » patiné d’antiques mosaïques. Il y aura aussi un ailleurs sonore : les échos de la grande ville, et ceux des siècles passés, diffusés par un petit haut-parleur de station de métro, et qui pourra laisser filtrer des effluves de Reggae, de Jazz et de Musiques Orientales. Onysos sera habillé simplement, tee-shirt, pantalon à poches latérales ou costar sobre d’employé fatigué du tertiaire. Peut-être sera-t-il, au début, dans une gangue de terre séchée, comme rescapé d’une inondation de boue, comme il en arrive dans le métro de New york, ou rejeté, là, par les alluvions de l’histoire. Malik Faraoun EN QUELQUES MOTS Après des études qui l’ont mené du Conservatoire de Grenoble et au Conservatoire National de Paris, Malik commence sa carrière par la rencontre de metteurs en scène avec qui il va collaborer de nombreuses fois : Jean Claude Fall, Adel Hakim, Elisabeth Chailloux, et Brigittes Jacques qui lui offrent de nombreux rôles du répertoire. Vania dans Oncle Vania, Porus dans Alexandre le Grand, Horace d’Heiner Mulller, Verchinine dans les Trois Sœurs, Le Duc dans Mesure pour Mesure… Alcandre dans L’illusion Comique ect. Il poursuit en collaborant avec des metteurs en scène tels que Andrei Serban, Roger Planchon, Matthias Langhoff, Jean Louis Benoit, Jean Pierre Vincent, Claude Yersin, Georges Lavaudant, rencontrés pour la plupart à la Comédie Française où il a été pensionnaire pendant les mandats de Jean Pierre Miquel (19993-2003). Celui qui a été sont professeur au Conservatoire de Paris le propose à la nomination de Chevaliers des Arts et des Lettres. Parallèlement, il commence à enseigner et donne des stages à de jeunes comédiens tout en continuant à se former avec des metteurs en scène étranger du théâtre Sfumato de Sofia (Yvan Dobtchev, Margarita Magdanela) ou du Théâtre d’Art de Moscou (Alexandre Kaliaguine et Anastassia Vertinskaia). Depuis maintenant cinq ans il enseigne au CRR de Versailles où il est devenu directeur pédagogique de la section Art Dramatique et y réalise des spectacles de fin d’étude autour de Tchékhov, Williams, Caldéron, Navarro ... Serge Gaborieau EN QUELQUES MOTS Facteur en Vendée, entraîneur de basket en Tunisie puis professeur de sports en Normandie. À ses trente ans bien sonnés, Serge tourne comédien pour jouer des pièces d’auteurs morts et d’autres qui ne l’étaient pas encore, avec des metteurs et des metteuses en scène encore vivant(e)s : David Bobée, Serge Tranvouez, Adel Hakim, Alice Lescanne et Sonia Derzypolski Philippe Awat, Élisabeth Chailloux, Dominique Wittorski, Patrick Sueur, Catherine Delattres, Catherine Dewit, Alain Bézu, pour ne citer qu’elles et qu’eux. Il fait son cinéma avec Ismaël Ferroukhi, Martin Provost, Renaud Cohen, les frères Boustani, Klaus Drexel, Édouard Baer. La quarantaine atteinte, il commence à monter des projets et faire des mises en scènes : « L’effet fin de siècle », comédie sur le milieu du travail tertiaire, des spectacles musicaux : « Pomme d’Api » d’Offenbach et « L’envers du décor » de F. Obé, il dirige des solos de comédiens : Christophe Grégoire, Thomas Germaine et réalise la mise en scène, de nombreux travaux d’écoles, notamment à l’ESAD et au Conservatoire du Xème à Paris, au Théâtre des deux rives à Rouen. A la cinquantaine, il commence à écrire pour le théâtre. Il obtient les encouragements du CNT pour la pièce « Les collaborateurs » qui sera mise en espace au Théâtre du Rond-Point, et au Théâtre de l’Aquarium. Il effectue une résidence à la Chartreuse pour écrire « Histoire à 2 balles » et « La princesse de Dubaï ». Formateur, il intervient au conservatoire du Xeme, à Paris, celui de Versailles et à l’ESAD. Outre la mise en scène de « Onysos », il prépare la création de « Passion Simple » d’Annie Ernaux (résidence à l’ARCAL, Paris) et finalise l’adaptation pour la scène du « Petit Bourgeois gentilhomme » d’Alain Accardo. LA 56 ème COMPAGNIE Constat à l’amiable - Non que la période soit d’une folle gaîté mais nous ne sommes pas dupes : l’acharnement médiatique avec lequel on nous la montre triste et dépressive est suspect. Cela excite notre curiosité. Nos projets artistiques et pédagogiques partent d’un constat : la société représentée par ceux qui sont aux commandes, des grands aux petits courants médiatiques, des grands aux petits politiques, des grands aux petits économiques, bref par ceux qui écrivent le roman social où sont priés de prendre place les citoyens, est dé - pri – mante. Un jeu d’enfant - Alors par jeu, dans nos ateliers de recherche et de formation, dans notre processus de création, nous aimons pousser la grisaille jusqu’à la noirceur, jusqu’à l’absurde, nous fouillons avec jubilation dans les tréfonds sordides de la poubelle médiatique, imaginant les scénarios catastrophes que les discours officiels n’osent pas encore servir. C’est notre préalable et nous nous y adonnons avec joie. Sur cet engrais nauséabond, ce fumier fertile, cette nourriture putride, nous faisons germer les moments poétiques, insolites ou burlesques, absurdes et tragiques et aussi, colorés d’espoir, qui font la matière de notre travail. C’est ainsi que nous avons créé : L’effet fin de siècle, fantaisie au monde du travail tertiaire - Le dégraissage des poches de convivialité agitation désespérée dans une entreprise fantôme Encouragements du CNT - Histoire à deux balles, la vanité de l’intégrité Résidence Chartreuse - La princesse de Dubaï grands et petits dans le monde des palaces. C’est ainsi qu’ont travaillé au sein de notre compagnie : Thomas germaine pour son spectacle Saïd el Feliz, le voyage étonnant d’un émigré d’Afrique du nord vers l’El Dorado européen - Christophe Grégoire, à partir d’un texte d’Anne Lou Steininger La maladie d’être mouche, une métaphore de la dictature - Martin Hardouin Duparc pour son spectacle Superflux, un mixage en direct des journaux télévisés sur fond d’improvisation jazz. C’est ainsi que nous travaillons pour les projets : Le petit bourgeois gentilhomme Eloge de la souplesse - L’anatomie et la physiologie du stretching appliquée à la moyennisation de la société - Une poupée qui fait vroum ! - Transgenres Obsolescence d’un monde binaire - Passion simple, texte d’Annie Ernaux - La passion comme terrain d’expérience - Onysos le furieux, texte de Laurent Gaudé dont Malik Faraoun brûle de Proférer ce texte pour relever les agenouillés.