LA CHEVELURE!

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LA CHEVELURE!
Écriture!collective!autour!de!la!nouvelle!de!Guy!de!Maupassant!
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Mise!en!scène!:!Annabelle!SIMON!
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CONTACT :!
Cie!Lalasonge!
1!rue!de!la!Concorde!
73500!Fournaux!
[email protected]!
Tel!:!06!60!45!10!76!
www.lalasonge.com!
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COMPAGNIE LALASONGE
Objectifs de la compagnie
J’aime au sein de la compagnie interroger la place de l’homme dans la société, ses
maladresses, ses doutes, sa bizarrerie, ses violences, ses brisures, ses manques. Je cherche
dans chaque projet à confronter le plaisir du jeu et les réflexions partagées sur l’identité pour
approcher la richesse insondable des personnes. Nous fouillons des styles de jeu et des formes
dramatiques à chaque fois différentes, pour faire vivre une expérience unique aux spectateurs
et nous mettre à chaque fois en danger dans un rapport au travail aussi honnête qu’instructif.
Nous souhaitons être accessibles au plus grand nombre sans rien abandonner de nos
exigences. Contre un despotisme du metteur en scène, je cherche le rassemblement d’une
intelligence commune où la lumière, la scénographie, les costumes, la musique et pourquoi
pas la vidéo cohabitent à parts égales dans la création. Comme le dit Jean-Louis Hourdin : “La
salle de répétition est le lieu d’un langage de fraternité à inventer en commun”.
Annabelle Simon
Les précédentes créations
La Compagnie Lalasonge a été créée en 2006 à l’initiative d’Annabelle Simon.
Tous les spectacles de la Compagnie ont reçu le soutien du Conseil Général de Savoie.
La Dispute
Pièce de Marivaux, créée pour le Fort la Redoute Marie-Thérèse
dans le cadre du festival « Esseillon en scène » en juillet 2006 en
Savoie (plein air).
Souricettes, cures et autres bestioles
Cabaret autour de Dario Fo et Franca Rame avec chants polyphoniques
accompagnés à l’accordéon. Créé pour le Festival « Esseillon en scène »
en juillet 2006 et joué dans les bars de la vallée de la Maurienne.
Créanciers
D’August Strindberg. Créé pour le Fort la Redoute Marie-Thérèse dans le
cadre du Festival « Esseillon en scène » en août 2007 (intérieur).
Pâte à Clown
Spectacle à géométrie variable. Ecriture de plateau autour du clown sur le
thème de la peur, en 2008
Gaetano
Libre adaptation du film Ricomincio da tre de Massimo Troisi.
Création 2009 au Festival « Automne Italien », Modane. Repris en 2010
au Festival « Champ libre » de Chambéry et en 2011 au Théâtre La Reine
Blanche de Paris.
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Un monde meilleur ?
Avec les textes La fin du monde en mieux de Sébastien Joanniez et Arrêt
sur zone tous feux éteints de Jean-Michel Baudoin.
Création 2012 dans le cadre du projet « Saut en Auteurs » du Groupe des
20 Rhône-Alpes. Tournée 2012-2013.
La genèse
En janvier 2010, une amie qui présentait l'exposition Brune blonde à la Cinémathèque
Française m'a invité à assister à l'une de ses conférences. Pour moi ça a été un choc et je suis
sortie de là avec l'intime conviction que je devais faire quelque chose sur la chevelure.
La masse des cheveux d'une personne m'est apparue alors comme la chose la plus forte en
termes de mythologie personnelle, l'essence même de l'identité. Sur un mort, les cheveux
continuent à pousser. À l'annonce d'un cancer, la première hantise qui vient est celle de perdre
les cheveux sous les traitements par chimiothérapie. Avec les cheveux arrive à l'esprit de
manière évidente une multitude de thématiques entre sublime et laideur, fascination et effroi,
qui drainent tant d'histoires de rivalités, de métamorphoses, de travestissements ou de
reliques...
"Chaque parcours de femme est lié à une histoire de cheveux", c'est ce que je me suis dit en
sortant de l'exposition. Ma première action a été de me remémorer toutes mes anecdotes
autour des cheveux depuis l'enfance : le désir petite de devenir chaque été le plus blonde
possible avec la mer et le soleil, les cheveux coupés courts à cause des poux, la volonté de se
faire remarquer au lycée en se teignant en rouge, les histoires d'amours malheureuses qui
finissent par des franges mal coupées ou des mèches de cheveux données en gage de souvenir,
et tant d'autres anecdotes qui jalonnent toute une vie.
J'avais alors envie de construire un spectacle avec trois comédiennes qui puisse mêler l'intime
de chacune et l'universel autour de cette thématique. J’ai alors commencé à imaginer des
parcours de femmes ayant existé ou pouvant avoir existé en cherchant l'écho qu'elles
pourraient provoquer chez certaines amies et comédiennes que je connais et avec qui j'ai
plaisir à travailler. En effet, dans mon travail j'aime ce que les gens vont y apporter. J'oriente,
je dirige des exercices sur des thématiques pour que l'acteur ne soit pas une simple
marionnette, mais bien un écrivain du plateau.
J'aime travailler avec des acteurs particuliers et atypiques desquels émane une force humaine
et artistique rare. Chacun transporte en lui un monde, un style et des histoires fortes, et c'est
cela qui est précieux pour moi. Je veux créer une forme à l'esprit libre. Le plus passionnant
pour moi ce sont durant la création ces moments aussi naturellement comiques que tragiques,
sublimes que grotesques dans les travaux que les comédiens proposent au moment où ils me
renvoient la balle par rapport à un exercice ou des travaux qu’ils ont eu à préparer. Il en
ressort toujours du positif et du poétique, du profond et de l'immédiateté, du délire et du vrai.
Mon but est de créer un choc émotionnel.
Si nous fonctionnons ainsi, les uns avec les autres au meilleur de nous mêmes, je suis
persuadée que nous inventerons un tableau comme une poésie visuelle et sonore puissante. Si
nous avons le courage d'aller "de haut en bas, des idées les plus élevées aux plus vulgaires,
des plus bouffonnes aux plus graves, des plus extérieures aux plus abstraites" (Victor Hugo),
nous aurons une chance de toucher l'insaisissable dans ses secrets et ses fractures.
De quoi sommes-nous façonnés, nous les femmes, qui sommes dans un étrange rapport de
cannibalisme aux autres, à la société qui nous tend des miroirs et veut nous forcer à y entrer ?
Dans "Créanciers", que j'ai monté en 2007, une réplique de Gustave m'obsède encore
aujourd'hui : la femme n'est-elle qu'une ardoise vierge sur laquelle les hommes déposent leurs
inscriptions à la craie, un enfant qu'il faut éduquer, faite de toutes ses étreintes masculines ?
Photographie de Saudek
Cette note d'intention informelle pour ouvrir la blessure le temps d'une légère introspection
afin de saisir la racine de ce projet :
Imaginons que la metteure en scène qui parle ait 30 ans. Imaginons que dans les huit projets
qu'elle a monté ces dernières années se cache une même thématique, un lien imperturbable
qui revient tout le temps comme un fantôme hanter chaque création : comment rester
psychiquement vivant face aux étiquettes qu'on tente de nous coller ? Imaginons qu'elle crée
pour lutter contre une angoisse de destruction liée à sa mère. Sa mère, cette pile électrique qui
a multiplié les cours de gym, les balades en vélo, les longueurs de piscine, les kilomètres de
ski de fond, les heures de ménage, les achats de bouffe extra-bio dans un soucis du
perfectionnisme jusqu'auboutisme de son enveloppe externe mais qui malheureusement en a
oublié la construction de son être intérieur et son rôle de mère. A 56 ans, on lui découvre un
lymphome, cancer bénin qui lui arrive sur le visage, la défigure et la démange de plus en
plus...
Parce que je suis cette metteur en scène de 30 ans, parce que la relation à ma mère me hante,
m'écrase, me bouscule dans mon rapport à la femme, parce que je déteste certaines femmes
autant qu'elles me fascinent et m'interrogent, j'ai besoin de créer ce spectacle.
Annabelle Simon
Le spectacle
La chevelure de Maupassant comme point de départ
La Chevelure de Maupassant est une nouvelle très brève, à l’atmosphère étrange et
envoûtante, qui met en scène trois personnages : un narrateur, qui relate les évènements, un
« fou », ou prétendu tel, qui raconte dans un journal intime avoir eu des relations avec une
revenante, et un médecin, qui tient un discours médical. La folie du personnage principal se
développe par l’intermédiaire de trois objets : une montre de femme, symbole du temps qui
passe et ne meurt jamais, un meuble italien du XVIIème siècle qui le séduit comme le ferait
là encore une femme et, enfin, la chevelure qui déclenche en lui cette obsession érotique et
macabre pour la femme fantasmée à qui elle aurait appartenue.
Nous allons prendre à contre-pied cette fable où l’homme tombe amoureux d’un
meuble qu’il personnifie puis d’une femme qu’il ne réduit qu’à ses cheveux. En effet, dans
cette nouvelle la femme n’est qu’un corps, voir même qu’une chevelure. Ce déni de la
personnalité est notre point de départ.
Inspirés de la chanson de Perry Blake « Black bird », tirée de l’album « Broken
statues », nous souhaitons inventer une forme particulière et innovante sur le thème de
l’esthétisme face au temps qui passe. Ce spectacle oscillera entre art visuel, voyage sonore,
et théâtre de l’acteur. Nous chercherons le choc temporel afin de ne jamais s’installer dans
un système, toujours surprendre le spectateur en laissant le passage d’un tableau à l’autre,
d’une époque à l’autre, perméable. Nous nous inspirerons de l’image la plus forte de la
figure féminine, l’idéalisé, le cliché (les affiches de Mucha, les couvertures de Vogue, les
photos Harcourt, etc.) pour s’en séparer, la détourner. Ainsi, cohabiteront au plateau réalité,
cauchemar et fantasme.
Dessin de Guillaume Favroult
Processus de création
Une écriture plurielle au sein du groupe
Nous sommes une équipe de sept personnes aux parcours et origines très différents :
Annabelle Simon (comédienne et metteure en scène – Savoie et Italie), Diana Sakalauskaïté
(comédienne – Lituanie), Chap Rodríguez-Rosell (comédien et traducteur – Catalogne et
Andalousie), Clément Braive (créateur son et vidéo – Bretagne et Belgique), Antonin BoyotGellibert (costumier – Paris et Toulon), Claire Marx (collaboratrice artistique et
administratrice – Paris et Nice).
Après quelques réunions est née l'envie de dépasser la simple écriture collective et de
créer ensemble un processus de travail nous appartenant entièrement. C'est ainsi qu'est née
l'idée que tout le monde dirigerait des journées de travail et serait au plateau ! C'est là que
l'aventure démarre vraiment.
En écho avec la nouvelle de Maupassant, nous avons évoqué plusieurs thématiques qui
nous tenaient à cœur : la folie, le genre (masculinité / féminité), l'identité et l'absence. De ces
grandes lignes ont découlé une multitude d'histoires liées aux cheveux, intimes ou
historiques, traversant tout le XXème siècle : la maladie, les icônes comme Brigitte Bardot, la
question de l'appartenance à un groupe (le rock versus les hippies), les mythes, la religion, les
contes, les femmes tondues à la libération, la transsexualité, la question du voile, Colette, la
perte des cheveux, la couleur et la longueur des cheveux, l'obsession, etc. Cela nous a donc
ouvert un immense champ des possibles. Nous avons alors créé une plateforme de travail qui
se présente sous la forme d'un blog privé sur lequel nous publions nos recherches, nos textes,
nos références, afin de maintenir un lien fort entre nos périodes de travail.
Une écriture qui se tisse grâce aux rencontres sur les territoires
Enfin, nous souhaitons que ce projet puisse être fédérateur, car comme nous l'avons
déjà observé, tout le monde a des histoires de cheveux. Ainsi, nous allons récolter diverses
histoires intimes à travers des interviews ou des stages d'écriture sur le territoire d'Albertville
(maisons de retraite, salons de coiffure, lycées, femmes voilés, personnes aux troubles
mentaux stabilisés). Nous souhaitons pouvoir créer un lien particulier avec la population dans
tous les lieux que nous traverserons. Après chaque rencontre, nous ouvrirons aux personnes
qui le souhaitent l'accès à notre plateforme de travail, afin qu'elles puissent suivre et nourrir
notre création. Ainsi, nous aimerions que notre proposition artistique puisse ouvrir un
dialogue sur cette question de l'identité.
Ce projet nécessite un travail par couches successives où les choses se déposent avec
le temps de manière inductive. L'écriture fonctionne par association d'idées et digressions
en spirale. Ainsi, à chaque résidence nous fouillons la mémoire des lieux où nous nous
trouvons en dialogue avec les gens, les paysages et les ambiances qui nous entourent pour
nourrir nos imaginaires et faire percuter ces endroits avec nos inconscients. Plusieurs
sessions de travail sont prévues dans divers lieux : Modane, Paris, Bruxelles, Albertville, la
Pointe du Raz, Carqueiranne... et, qui sait, peut-être la Lituanie pour varier les paysages et
renforcer le lien qui nous unit dans cette création.
Première esquisse de synopsis
Après une première résidence de création de quinze jours, nous avons commencé à
donner vie à 24 personnages à qui nous attribuerons une histoire particulière de cheveux.
Nous avons également trouvé notre point de départ : un salon de coiffure traversant tout le
siècle. Allié à une dramaturgie inspirée des films de Bertrand Blier et Luis Buñuel, ce lieu
« unique » nous permettra de faire se croiser des personnages d'époques et de pays différents
(fantasmes et cauchemars, souvenirs et projections). Le salon de coiffure pourra se
transformer en cabaret des années 40 ou en hôpital psychiatrique...
La nouvelle de Maupassant pourra alors résonner à travers les objets qui jalonneront le
spectacle. Par exemple, la montre de femme qui fascine le fou au début de son récit pourra
servir à traverser les époques : montre à gousset, montre à bracelet, montre digitale. De la
même manière, les personnages paradigme permettront de situer le salon de coiffure dans une
époque : photographie de Colette, poster de Brigitte Bardot, musique des Sex Pistols, etc.
ÉQUIPE DE CRÉATION!
ANNABELLE
SIMON Metteure en scène
C’est au sein de la Compagnie Arcanes en Savoie qu’Annabelle Simon
débute sa formation théâtrale. Après cinq années sous la direction de Fabrice
Melquiot, elle poursuit son apprentissage pendant deux ans à l’École du Studio
d’Asnières, dirigée par Jean-Louis Martin Barbaz. Elle intègre en 2002 la
Section Jeu du Théâtre National de Strasbourg. Durant ces trois années, elle
travaille avec entre autres Laurent Gutman, Jean-Louis Hourdin, Odile Duboc,
Nicolas Bouchaud et Stéphane Braunschweig.
En 2005, elle est engagée par Emmanuel Demarcy-Mota dans Marcia Hesse de Fabrice
Melquiot (Comédie de Reims, Théâtre de la Ville, tournée automne 2006). Avec le collectif de Reims,
elle participe à des lectures poétiques pour le Festival Scène Ouverte et puis avec Jean-François
Sivadier à la Comédie Française dans le cadre du « Festival Premières lignes ». Elle a aussi joué sous
la direction de Benjamin Moreau dans Un message pour les cœurs brisés de Gregory Motton (Théâtre
145 à Grenoble, 2007), Lisa Wurmser dans Pinok et Barbie de Jean-Claude Grumberg et Dormez je le
veux de Georges Feydeau (tournée France, Théâtre de l’Est Parisien, 2008-2011), Laurent Lafargue
dans La grande Magie d’Eduardo De Filippo (Nantes, la Rochelle, Saint Brieuc, Mulhouse, Théâtre de
l’Ouest Parisien, 2009), Julie Deliquet dans Derniers remords avant l’oubli de Lagarce (Théâtre 13,
prix du jury 2009, Lavoir Moderne, Mouffetard, Vanves, tournée France 2010-2011). En 2011 elle
joue dans La conquête du pôle sud de Manfred Karge, mis en scène par Rachid Zanouda, avec le
Collectif Humanus Gruppo (L’Aire Libre, Rennes). Elle participe au projet de Marion Camy-Palou Le
Lac (Nanterre, 2011). En 2012, elle joue dans Albatros de Fabrice Melquiot mis en scène par Natacha
Bianchi (Reims, Vitry le François, Tours, Mancieulles). Elle est actuellement en création avec le
Collectif in Vitro sur On est seul maintenant (maquette à Vanves en novembre 2012) et avec Lucas
Olmedo dans la pièce Le Grigori et les Vigiles - pièce belliqueuse pour acteurs blonds (en finale du
Théâtre 13, juin 2012).
Parallèlement et durant ces six années elle monte des projets en tant que metteure en scène. En
septembre 2005, elle dirige huit adolescents dans Kids de Fabrice Melquiot, joué à plusieurs reprises et
acheté par l’Association Culturelle de Saint Jean de Maurienne en partenariat avec des classes de
lycée. En février 2006, elle monte la Compagnie Lalasonge et signe trois spectacles dans le cadre de
l’Animation de la barrière de l’Esseillon, une des huit manifestations Label culturel Maurienne
soutenues par la Région Rhône-Alpes, le Syndicat de Maurienne et le Conseil Régional de Savoie : La
Dispute de Marivaux, Souricettes, curés et autres bestioles d’après Dario Fo (juillet 2006), Créanciers
de Strindberg (août 2007). Le cabaret est acheté et rejoué à La Maison du Comédien Casares en
Charente, en Bourgogne dans le Festival Cluny-Culture de Jean Louis Hourdin, à Valfréjus, et Aussois
en 2007, et au Maroc dans le cadre du Festival Thé-Arts de Rabat en 2008. Elle monte le projet Pâte à
clowns, pâte à clones, spectacle à géométrie variable avec sept clowns (La Jonquière, maquette JTN,
Charente, Bourgogne, Savoie, 2008). En 2009, après deux semaines de résidence à Modane, Gaetano,
libre adaptation du film « Ricomincio da tre » de Massimo Troisi, est donné sous forme de maquette
durant le festival « L’automne Italien ». En 2010, il est repris à l’Espace Malraux de Chambéry grâce
au soutien de Jean-Paul Angot, dans le cadre du Festival « Champ Libre » puis huit fois à Paris au
théâtre de La Reine Blanche. En 2012, elle monte le spectacle Un monde meilleur ? avec les textes de
Sébastien Joanniez (La fin du monde en mieux) et Jean-Michel Baudoin (Arrêt sur zone tous feux
éteints).
Claire
MARX
Collaboration artistique
Elle aborde le monde du spectacle vivant des deux côtés du miroir. En
tant qu’artiste, elle se forme au jeu à l’École des ateliers du Sudden
de 2005 à 2009. En tant qu’administratrice, elle obtient un Master 2
professionnel en Métiers de la Production Théâtrale à
l’Université Paris III - Sorbonne Nouvelle. Depuis 2009, elle
alterne entre son activité de comédienne, d’assistante mise en scène et
de chargée de production. Elle joue dans plusieurs pièces et tourne
dans de nombreux courts-métrages. Parallèlement, elle travaille avec
le bureau de production « Prima Donna » où elle accompagne une
dizaine d’artistes dans leurs projets.
Diana
SAKALAUSKAÏTÉ
Comédienne
Elle est née et a grandi en Lituanie. Elle a étudié la mise en scène au
Conservatoire de Klaipėda et s’est formée au métier de comédienne à
l’école de théâtre Viktoras Šinkariukas à Kaunas.
Depuis 1994 elle vit à Paris. Elle joue sur la scène française des auteurs
contemporains : D. Loher, Y. Pagès, B. M. Koltès, F. Bégaudeau, M.
Visniek, mais aussi M. Boulgakov, Eschyle, N. Erdman avec les metteurs
en scène Laura Scozzi, Philippe Adrien, Geneviève de Kermabon, Lisa
Wurmser, François Wastiaux, Lucas Olmedo, Mylène Bonnet et d’autres.
Elle tourne aussi au cinéma avec Catherine Corsini et Stéphanie Noël.
Elle est passionnée par la poésie et participe à de nombreuses lectures et
manifestations littéraires : Printemps des Poètes, Journée des écrivains en prison du PEN club. En 2012,
elle traduit et publie le recueil de poèmes lituaniens "Cœurs ébouillantés".
Chap
Rodríguez-Rosell
Comédien!
Comédien espagnol, il se forme au métier d’acteur auprès de Pompeyo
Audivert (Estudio El Cuervo), Stella Gallazzi (Teatro San Martín) et Pablo
Coca (Teatro la Huella) à Buenos Aires. Arrivé en France en 2009, il poursuit
son parcours théâtral au Théâtre National de la Colline, sous la direction entre
autres de Rodolphe Dana, Thierry Paret, Annie Mercier et Sophie
Loucachevsky. Parallèlement, il suit les Cours Florent jusqu’en 2011.
A partir de 2007, il joue sous la direction de Cecilia Cemino, Sandra Dubrulle
et Dominique Flau-Chambrier. Récemment, il joue sous la direction de Lucas
Olmedo : Gore de Javier Daulte, Le Grigori et les Vigiles - pièce belliqueuse
pour acteurs blonds (finaliste du Théâtre 13, juin 2012) et Les Canailles
(Théâtre de l’Épée de bois, octobre 2013).
ANTONIN
BOYOT GELLIBERT
Costumes
Dans son travail, ce n’est pas le vêtement en lui-même qui l’intéresse, ce sont
les informations qu’il peut contenir et transmettre. Il a suivi les formations de
Créations Scéniques à ESMOD puis de Concepteur Costumes à
l’ENSATT. Ces études ont peu à peu orienté son travail vers un costume qui
se fasse pont entre différentes cultures. Objet à la fois le plus privé et le plus
public, le vêtement raconte la personne, les techniques, les coutumes… la
culture.
Concepteur des costumes du Cabaret Chaosmique Faites danser l’anatomie
humaine d’Enzo Cormann à l’ENSATT, assistant patines et teintures de
Michel Feaudière sur le spectacle Une Femme nommée Marie de Robert
Hossein, puis costumier en Arménie de la pièce Les Descendants mise en
scène par Bruno Freyssinet. Il essaie de penser à toutes les étapes qui forgent
le sens du costume depuis la matière (choisie, fabriquée ou transformée) jusqu’à l’habillage et le port
du vêtement.
CLÉMENT
BRAIVE Vidéos
Venant initialement d'une formation dans le domaine du son à l'INSAS
(Bruxelles), il a travaillé en tant qu’assistant son et régisseur son dans
diverses productions (comédies musicales, théâtre, jeune public) et
notamment en tournée avec la compagnie de marionnettes Tro-Héol. Le
domaine de l'image est pour lui un terrain de jeu et d'ouverture sur le monde :
il réalise deux courts-métrages d'animation en super 8 et en pixillation (objets
et comédiens animés), monte deux expositions de photographie soutenues
par la ville de Paris. Après une première expérience en tant que vidéaste sur
le spectacle Un Monde meilleur ?, il choisit de développer cet intérêt avec la
compagnie.
La Chevelure de Maupassant
Les murs de la cellule étaient nus, peints à la chaux. Une fenêtre étroite et grillée, percée très haut de
façon qu'on ne pût pas y atteindre, éclairait cette petite pièce claire et sinistre ; et le fou, assis sur une
chaise de paille, nous regardait d'un œil fixe, vague et hanté. Il était fort maigre avec des joues creuses
et des cheveux presque blancs qu'on devinait blanchis en quelques mois. Ses vêtements semblaient
trop larges pour ses membres secs, pour sa poitrine rétrécie, pour son ventre creux. On sentait cet
homme ravagé, rongé par sa pensée, par une Pensée, comme un fruit par un ver. Sa Folie, son idée
était là, dans cette tête, obstinée, harcelante, dévorante. Elle mangeait le corps peu à peu. Elle,
l'Invisible, l'Impalpable, l'Insaisissable, l'Immatérielle Idée minait la chair, buvait le sang, éteignait la
vie. Quel mystère que cet homme tué par un Songe ! Il faisait peine, peur et pitié, ce Possédé ! Quel
rêve étrange, épouvantable et mortel habitait dans ce front, qu'il plissait de rides profondes, sans cesse
remuantes ? Le médecin me dit : "Il a de terribles accès de fureur, c'est un des déments les plus
singuliers que j'ai vus. Il est atteint de folie érotique et macabre. C'est une sorte de nécrophile. Il a
d'ailleurs écrit son journal qui nous montre le plus clairement du monde la maladie de son esprit. Sa
folie y est pour ainsi dire palpable. Si cela vous intéresse, vous pouvez parcourir ce document." Je
suivis le docteur dans son cabinet, et il me remit le journal de ce misérable homme. "Lisez, dit-il, et
vous me direz votre avis." Voici ce que contenait ce cahier :
***
Jusqu'à l'âge de trente-deux ans, je vécus tranquille, sans amour. La vie m'apparaissait très simple, très
bonne et très facile. J'étais riche. J'avais du goût pour tant de choses que je ne pouvais éprouver de
passion pour rien. C'est bon de vivre ! Je me réveillais heureux, chaque jour, pour faire des choses qui
me plaisaient, et je me couchais satisfait, avec l'espérance paisible du lendemain et de l'avenir sans
souci.
J'avais eu quelques maîtresses sans avoir jamais senti mon cœur affolé par le désir ou mon âme
meurtrie d'amour après la possession. C'est bon de vivre ainsi. C'est meilleur d'aimer, mais terrible.
Encore, ceux qui aiment comme tout le monde doivent-ils éprouver un ardent bonheur, moindre que le
mien peut-être, car l'amour est venu me trouver d'une incroyable manière. Étant riche, je recherchais
les meubles anciens et les vieux objets ; et souvent je pensais aux mains inconnues qui avaient palpé
ces choses, aux yeux qui les avaient admirées, aux cœurs qui les avaient aimées, car on aime les
choses ! Je restais souvent pendant des heures, des heures et des heures à regarder une petite montre du
siècle dernier. Elle était si mignonne, si jolie, avec son émail et son or ciselé. Et elle marchait encore
comme au jour où une femme l'avait achetée dans le ravissement de posséder ce fin bijou. Elle n'avait
point cessé de palpiter, de vivre sa vie de mécanique, et elle continuait toujours son tic-tac régulier,
depuis un siècle passé. Qui donc l'avait portée la première sur son sein dans la tiédeur des étoffes, le
cœur de la montre battant contre le cœur de la femme ? Quelle main l'avait tenue au bout de ses doigts
un peu chauds, l'avait tournée, retournée, puis avait essuyé les bergers de porcelaine ternis une seconde
par la moiteur de la peau ? Quels yeux avaient épié sur ce cadran fleuri l'heure attendue, l'heure chérie,
l'heure divine ?
Comme j'aurais voulu la connaître, la voir, la femme qui avait choisi cet objet exquis
et rare ! Elle est morte ! Je suis possédé par le désir des femmes d'autrefois ; j'aime, de loin, toutes
celles qui ont aimé ! L'histoire des tendresses passées m'emplit le cœur de regrets. Oh ! La beauté, les
sourires, les caresses jeunes, les espérances ! Tout cela ne devrait-il pas être éternel ! Comme j'ai
pleuré, pendant des nuits entières, sur les pauvres femmes de jadis, si belles, si tendres, si douces, dont
les bras se sont ouverts pour le baiser et qui sont mortes ! Le baiser est immortel, lui ! Il va de lèvre en
lèvre, de siècle en siècle, d'âge en âge. Les hommes le recueillent, le donnent et meurent. Le passé
m'attire, le présent m'effraie parce que l'avenir c'est la mort. Je regrette tout ce qui s'est fait, je pleure
tous ceux qui ont vécu ; je voudrais arrêter le temps, arrêter l'heure. Mais elle va, elle va, elle passe,
elle me prend de seconde en seconde un peu de moi pour le néant de demain. Et je ne revivrai jamais.
Adieu celles d'hier. Je vous aime.
Mais je ne suis pas à plaindre. Je l'ai trouvée, moi, celle que
j'attendais ; et j'ai goûté par elle d'incroyables plaisirs.
Je rôdais dans Paris par un matin de soleil,
l'âme en fête, le pied joyeux, regardant les boutiques avec cet intérêt vague du flâneur. Tout à coup,
j'aperçus chez un marchand d'antiquités un meuble italien du XVIIème siècle. Il était fort beau, fort
rare. Je l'attribuai à un artiste vénitien du nom de Vitelli, qui fut célèbre à cette époque.
Puis je passai.
Pourquoi le souvenir de ce meuble me poursuivit-il avec tant de force que je revins sur mes pas ? Je
m'arrêtai de nouveau devant le magasin pour le revoir, et je sentis qu'il me tentait.
Quelle singulière
chose que la tentation ! On regarde un objet et, peu à peu, il vous séduit, vous trouble, vous envahit
comme ferait un visage de femme. Son charme entre en vous, charme étrange qui vient de sa forme, de
sa couleur, de sa physionomie de chose ; et on l'aime déjà, on le désire, on le veut. Un besoin de
possession vous gagne, besoin doux d'abord, comme timide, mais qui s'accroît, devient violent,
irrésistible. Et les marchands semblent deviner à la flamme du regard l'envie secrète et grandissante.
J'achetai ce meuble et je le fis porter chez moi tout de suite. Je le plaçai dans ma chambre.
Oh ! Je
plains ceux qui ne connaissent pas cette lune de miel du collectionneur avec le bibelot qu'il vient
d'acheter. On le caresse de l'œil et de la main comme s'il était de chair ; on revient à tout moment près
de lui, on y pense toujours, où qu'on aille, quoi qu'on fasse. Son souvenir aimé vous suit dans la rue,
dans le monde, partout ; et quand on rentre chez soi, avant même d'avoir ôté ses gants et son chapeau,
on va le contempler avec une tendresse d'amant.
Vraiment, pendant huit jours, j'adorai ce meuble.
J'ouvrai à chaque instant ses portes, ses tiroirs ; je le maniais avec ravissement, goûtant toutes les joies
intimes de la possession.
Or, un soir, je m'aperçus, en tâtant l'épaisseur d'un panneau, qu'il devait y
avoir là une cachette. Mon cœur se mit à battre, et je passai la nuit à chercher le secret sans le pouvoir
découvrir.
J'y parvins le lendemain en enfonçant une lame dans une fente de la boiserie. Une planche
glissa et j'aperçus, étalée sur un fond de velours noir, une merveilleuse chevelure de femme !
Oui, une
chevelure, une énorme natte de cheveux blonds, presque roux, qui avaient dû être coupés contre la
peau, et liés par une corde d'or.
Je demeurai stupéfait, tremblant, troublé ! Un parfum presque
insensible, si vieux qu'il semblait l'âme d'une odeur, s'envolait de ce tiroir mystérieux et de cette
surprenante relique.
Je la pris, doucement, presque religieusement, et je la tirai de sa cachette.
Aussitôt, elle se déroula, répandant son flot doré qui tomba jusqu'à terre, épais et léger, souple et
brillant comme la queue en feu d'une comète.
Une émotion étrange me saisit. Qu'était-ce que cela ?
Quand ? Comment ? Pourquoi ces cheveux avaient-ils été enfermés dans ce meuble ? Quelle aventure,
quel drame cachait ce souvenir ? Qui les avait coupés ? Un amant, un jour d'adieu ? Un mari, un jour
de vengeance ? Ou bien celle qui les avait portés sur son front, un jour de désespoir ? Etait-ce à l'heure
d'entrer au cloître qu'on avait jeté là cette fortune d'amour, comme un gage laissé au monde des
vivants ? Etait-ce à l'heure de la clouer dans la tombe, la jeune et belle morte, que celui qui l'adorait
avait gardé la parure de sa tête, la seule chose qu'il pût conserver d'elle, la seule partie vivante de sa
chair qui ne dût point pourrir, la seule qu'il pouvait aimer encore et caresser, et baiser dans ses rages de
douleur ? N'était-ce point étrange que cette chevelure fût demeurée ainsi, alors qu'il ne restait plus une
parcelle du corps dont elle était née ? Elle me coulait sur les doigts, me chatouillait la peau d'une
caresse singulière, d'une caresse de morte. Je me sentais attendri comme si j'allais pleurer.
Je la gardai
longtemps, longtemps en mes mains, puis il me sembla qu'elle m'agitait, comme si quelque chose de
l'âme fût resté caché dedans. Et je la remis sur le velours terni par le temps, et je repoussai le tiroir, et
je refermai le meuble, et je m'en allai par les rues pour rêver.
J'allais devant moi, plein de tristesse, et
aussi plein de trouble, de ce trouble qui vous reste au cœur après un baiser d'amour. Il me semblait que
j'avais vécu autrefois déjà, que j'avais dû connaître cette femme. Et les vers de Villon me montèrent
aux lèvres, ainsi qu'y monte un sanglot :
« Dictes-moy où, ne en quel pays
Est Flora, la belle Romaine,
Archipiada, ne Thaïs,
Qui fut sa cousine germaine ?
Echo parlant quand bruyt on maine
Dessus rivière, ou sus estan ;
Qui beauté eut plus que humaine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?
La royne blanche comme un lys
Qui chantait à voix de sereine,
Berthe au grand pied, Bietris, Allys,
Harembouges qui tint le Mayne,
Et Jehanne la bonne Lorraine
Que Anglais bruslèrent à Rouen ?
Où sont-ils, Vierge souveraine ?
Mais où sont les neiges d'antan ? »
Quand je rentrai chez moi, j'éprouvai un irrésistible désir de revoir mon étrange trouvaille ; et je la
repris, et je sentis, en la touchant, un long frisson qui me courut dans les membres. Durant quelques
jours, il fallait que je la visse et que je la maniasse. Je tournais la clef de l'armoire avec ce
frémissement qu'on a en ouvrant la porte de la bien-aimée, car j'avais aux mains et au cœur un besoin
confus, singulier, continu, sensuel de tremper mes doigts dans ce ruisseau charmant de cheveux morts.
Puis, quand j'avais fini de la caresser, quand j'avais refermé le meuble, je la sentais là toujours, comme
si elle eût été un être vivant, caché, prisonnier ; je la sentais et je la désirais encore ; j'avais de nouveau
le besoin impérieux de la reprendre, de la palper, de m'énerver jusqu'au malaise par ce contact froid,
glissant, irritant, affolant, délicieux.
Je vécus ainsi un mois ou deux, je ne sais plus. Elle m'obsédait,
me hantait. J'étais heureux et torturé, comme dans une attente d'amour, comme après les aveux qui
précèdent l'étreinte.
Je m'enfermais seul avec elle pour la sentir sur ma peau, pour enfoncer mes lèvres
dedans, pour la baiser, la mordre. Je l'enroulais autour de mon visage, je la buvais, je noyais mes yeux
dans son onde dorée afin de voir le jour blond à travers.
Je l'aimais ! Oui, je l'aimais. Je ne pouvais
plus me passer d'elle, ni rester une heure sans la revoir.
Et j'attendais... j'attendais... quoi ? Je ne le
savais pas ? Elle. Une nuit je me réveillai brusquement avec la pensée que je ne me trouvais pas seul
dans ma chambre.
J'étais seul pourtant. Mais je ne pus me rendormir ; et comme je m'agitais dans une
fièvre d'insomnie, je me levai pour aller toucher la chevelure. Elle me parut plus douce que de
coutume, plus animée. Les morts reviennent-ils ? Les baisers dont je la réchauffais me faisaient
défaillir de bonheur ; et je l'emportai dans mon lit, et je me couchai, en la pressant sur mes lèvres,
comme une maîtresse qu'on va posséder.
Les morts reviennent ! Elle est venue. Oui, je l'ai vue, je l'ai
tenue, je l'ai eue, telle qu'elle était vivante autrefois, grande, blonde, grasse, les seins froids, la hanche
en forme de lyre ; et j'ai parcouru de mes caresses cette ligne ondulante et divine qui va de la gorge
aux pieds en suivant toutes les courbes de la chair. Oui, je l'ai eue, tous les jours, toutes les nuits. Elle
est revenue, la Morte, la belle Morte, l'Adorable, la Mystérieuse, l'Inconnue, toutes les nuits.
Mon
bonheur fut si grand que je ne l'ai pu cacher. J'éprouvais près d'elle un ravissement surhumain, la joie
profonde, inexplicable, de posséder l'Insaisissable, l'Invisible, la Morte ! Nul amant ne goûta des
jouissances plus ardentes, plus terribles ! Je n'ai point su cacher mon bonheur. Je l'aimais si fort que je
n'ai plus voulu la quitter. Je l'ai emportée avec moi toujours, partout. Je l'ai promenée par la ville
comme ma femme, et conduite au théâtre en des loges grillées, comme ma maîtresse...
Mais on l'a
vue... on a deviné... on me l'a prise... Et on m'a jeté dans une prison, comme un malfaiteur. On l'a
prise... Oh ! Misère !
***
Le manuscrit s'arrêtait là. Et soudain, comme je relevais sur le médecin des yeux effarés, un cri
épouvantable, un hurlement de fureur impuissante et de désir exaspéré s'éleva dans l'asile.
"Ecoutezle", dit le docteur. "Il faut doucher cinq fois par jour ce fou obscène. Il n'y a pas que le sergent
Bertrand qui ait aimé les mortes." Je balbutiai, ému d'étonnement, d'horreur et de pitié:
"Mais... cette
chevelure... existe-t-elle réellement ?"
. Le médecin se leva, ouvrit une armoire pleine de fioles et
d'instruments et il me jeta, à travers son cabinet, une longue fusée de cheveux blonds qui vola vers moi
comme un oiseau d'or.
Je frémis en sentant sur mes mains son toucher caressant et léger. Et je restai le
cœur battant de dégoût et d'envie, de dégoût comme au contact des objets traînés dans les crimes,
d'envie comme devant la tentation d'une chose infâme et mystérieuse. Le médecin reprit en haussant
les épaules : "L'esprit de l'homme est capable de tout".!
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