en vue de l`obtention du grade de

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Université de Montréal
DEGRE DE DISCONTINUITÉ DANS LA TRANSFORMATION
DES TISSUS URBAINS AU QUEBEC:
infiuence des types suburbains
Par
François Racine
Faculté de l'aménagement
Thèse présentée a la Faculté des études supérieures
en vue de l'obtention du grade de
Philosophiae Doctor (Ph.0.)
en Aménagement
O François RACINE, 1998
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Université de Montréal
Faculté des études supérieures
Cette thèse intitulée :
DEGRÉ DE DISCONTINUITÉDANS LA TRANSFORMATION
DES TISSUS URBAINS AU QUÉBEC:
influence des types suburbains
présentée par :
François Racine
a et$hevaluee par un jury composé des personnes suivantes :
ésident-rapporteur
directeur de recherche
codirecteur de recherche
membre du jury
Denis 8ilodeaÜ
/à(._.*Pierre LarocheNe
........ examinateur externe
I
representant du doyen
Thèse accepté le :
19j=~iiPie~
19.............
99
............
..........................
SOMMAIRE
L'ampleur des transformations qui affectent les milieux urbains Québécois
depuis les cinquante dernières années nous force à reconnaître que la pratique
de l'aménagement urbain ne peut plus laisser libre cours à la seule spontanéité,
comme cela était davantage possible dans le passé. Les conditions de relative
stabilité culturelle et technologique qui permettaient l'acquisition graduelle d'un
savoir-faire ainsi qu'une certaine continuité dans la formation et la
transformation des villes plus anciennes ont cessé d'exister.
Corrélativement a cette perte de savoir-faire urbain, nous assistons
les années cinquante à
depuis
l'émergence d'un
nouveau modèle
d'urbanisation, celui de la banlieue qui s'inscrit en rupture formelle et spatiale
avec les couches d'urbanisation précédentes. Le modèle de la banlieue agit
autant dans le prolongement de la ville que sur ses structures existantes. Les
types architecturaux de la banlieue, autant résidentiels que commerciaux,
généralement implantes de façon isolée sur leur parcelle et situes en recul de la
rue,influencent la transformation des structures urbaines plus anciennes. De la
même manière, les espaces libres plus ouverts de la banlieue, amenés par la
présence de l'automobile, tendent à s'imposer à l'intérieur même des espaces
anciens. Nous nous poserons donc la question suivante: quels sont les effets
du modèle suburbain sur le tissu et les types architecturaux des villes et des
villages du Québec?
L'étude typo-morphologique synchronique du cadre bâti de trois milieux
urbains
québécois
typiques
(Sainte-Anne-des-Plaines,
Victoriaville
et
Vaudreuil), et ce, a trois stades de leur évolution (1900, 1955 et 1998), va nous
permettre d'analyser de manière diachronique deux grandes périodes de
transformation du milieu bâti (de 1900 à 1955 et, de 1955 à 1998). La première
période, de 1900 à 1955, est marquée par un processus continu de
restructuration où les rapports syntaxiques entre le type architectural et la
morphologie urbaine (le site, le réseau viaire, le parcellaire, le bâti et les
espaces libres) se maintiennent relativement bien. Dans la deuxième période
de 1955 à nos jours, les types suburbains agissent sur les types urbains en
produisant des discontinuités, inégalées dans l'histoire. Ces déstructurations
varient en nombre et en importance selon le milieu urbain considéré et les
efforts déjà engagés au niveau du contrôle de la qualité architecturale et
urbaine.
L'analyse comparative d'un même milieu bâti à trois moments différents
de l'histoire fournit une connaissance qui est absente des études d'histoire de
l'architecture et de l'urbanisme.
L'étude diachronique des transformations
typologiques et morphologiques permet de déterminer précisément le degré de
discontinuité affectant le cadre bâti de nos villes depuis le début du siècle. En
établissant ces faits, cette recherche vise à contribuer au progrès des
connaissances sur le milieu bâti québécois.
iii
TABLE DES MATIÈRES
Sommaire...............................................................................................................i
..
...
Table des matieres............................................................................................... II!
,..
Liste des tableaux..............,
..............................................................................VI!I
Liste des figures................................................................................................... .x
Liste des fiches typologiques synch:oniques ............................................. xiii
Liste des fiches d'évaluation diachronique........................................................ xiv
Remerciements...................................................................................................xv
Introduction:
LES OBJECTIFS DE LA RECHERCHE...............................................................1
PARTIE I
LES NOTIONS THÉORIQUES ET LES OUTILS DE LECTURE
Chapitre 1:
LA FORME URBAINE COMME OBJET D'ÉTUDE............................................ ..6
1-1. considérations générales concernant la morphologie urbaine.....................6
1.1.1. Définition de la discipline............................................................... 10
1-1.2.Objet d'étude de la discipline......................................................... 17
- .
1.1.3. Limites de la discipline.................................................................. .21
S
1.2.
.
.
Les fondements théoriques de la discipline...........................................
25
1.2.1. Les postulats.................................................................................
26
1.2.2. Les prémisses théoriques.............................................................. 30
1.2.3. Les hypothèses.............................................................................. 39
1.3.
Les outils de lecture des formes urbaines............................................... -41
1.3.1. La typologie comme instrument de lecture.....................................41
1.3.2. L'analyse synchronique et diachronique....................................... 5 3
1.3.3. Les matériaux cartographiques requis........................................... 55
Chapitre 2:
LE PROBLEME DE LA DISCONTINUITÉ MORPHOLOGIQUE.....................
2.1.
58
Le processus de formation et de transformation des tissus..................... 59
2.1.1. La formation d'un nouveau tissu. ou processus portant................. 60
2.1.1.1 . L'interruption du processus typologique........................... 64
2.1.1.2. L'émergence du modèle suburbain nord-américain......... 67
2.1.1.3. La rupture entre les tissus urbains et suburbains............-68
2.1.2. La transformation du tissu. ou processus parallèle........................ 77
2.1.2.1 . L'action des types suburbains sur les types urbains.......-78
2.1.2.2. L'interruption de la conscience spontanée....................... 79
2.1.2.3. L'hypothèse de recherche................................................ 85
Chapitre 3:
LA MÉTHODE DE VERIFICATION DE L'HYPOTHÈSE....................................94
3.1.
3.2.
3.3.
3.4.
Le cheminement méthodologique dans son ensemble............................ 94
Le choix des secteurs d'etude................................................................. 9 5
Les dates repères nécessaires a l'étude.................................................. 97
L'étude typo-morphologique des villes sélectionnées........................... 100
3.4.1. L'analyse de la formation des milieux bâti.................................. 100
3.4.2. L'analyse de la transformation du milieu bâti.............................. 101
3.5. La grille d'analyse des types et du tissu urbain..................................... 103
3.6. Les cinq sous-structures du tissu........................................................... 105
PARTIE II
ÉTUDE TYPO-MORPHOLOGIQUE DU CADRE BA71
SAINTEANNE=DES.PLAINES. VICTORIAVILLE ET VAUDREUIL
Chapitre 4:
ÉTUDE TYPO-MORPHOLOGIQUE DE SAINTEANNE=DES=PLAINES
.........120
4.1
Le site d'implantation du village.............................................................120
4.2.
L'analyse synchronique du bourg. du faubourg et de la banlieue ........ 123
4.2.1. Analyse synchronique du bourg cr A n en 1900 .......................... 124
4.2.1.1. Le parcellaire et le réseau viaire................................... 125
4.2.1.2. Les types bâtis du bourg (types A et A' )...................... 131
4.2.2. Analyse synchronique du faubourg N B B en 1955 .....................136
4.2.2.1. Le parcellaire et le réseau viaire.................................
136
4.2.2.2. Le type bâti du faubourg (type B) ................................. 140
4.2.3. Analyse synchronique de la banlieue w C B en 1998 ................. 143
4.2.3.1 . Le parcellaire et le réseau viaire................................... 143
4.2.3.2. Le type bâti de la banlieue (type C)............................... 147
4.3.
Les périodes de transformation du milieu bâti ...................................... 153
4.3.1. Analyse diachronique des transformations
du bâti entre 1900 et 1955.......................................................... 168
4.3.2. Analyse diachronique des transformations
du bâti entre 1955 et 1998 ........................................................ 1 7 5
4.4
Comparaison entre les deux grandes périodes de transformation........ -163
Chapitre 5:
ÉTUDE TYPO-MORPHOLOGIQUE DE VICTORIAVILLE...............................183
5.1.
Le site dimplantation du village..................
...
5.2.
L'analyse synchronique du bourg. du faubourg et de la banlieue ........ 185
................................... 183
5.2.1. Analyse synchronique du bourg a A » en 1900 .......................... 187
5.2.1.1. Le parcellaire et le réseau viaire................................... 187
5.2.1.2. Le type bâti du bourg (type A) ....................................... 189
5.2.2. Analyse synchronique du faubourg r B D en 1955 ....................-192
5.2.2.1 . Le parcellaire et le réseau viaire................................... -192
5.2.2.2. Le type bâti du faubourg (type 6)................................ 197
5.2.3. Analyse synchronique de la banlieue t< C w en 1998 ................. 200
5.2.3.1. Le parcellaire et le réseau viaire.................................... 200
5.2.3.2. Le type bâti de la banlieue (type C) .............................. 202
5.3.
Les périodes de transformation du milieu bâti ......................................205
5.3.1.Analyse diachronique des transformations
du bâti entre 1900 et 1955 ......................................................... 218
5.3.2.Analyse diachronique des transformations
du bâti entre 1955 et 1998 ......................................................... 220
5.4
Comparaison entre les deux grandes périodes de transformation........-222
Chapitre 6:
ÉTUDE TYPO-MORPHOLOGIQUE DE VAUDREUIL...............................
224
6.1
Le site d'implantation du village........................................................ 224
6.2.
L'analyse synchronique du bourg. du faubourg et de la banlieue ....... 224
6.2.1 . Analyse synchronique du bourg R A
IB
en 1900 ..........................227
6.2.1 .1. Le parcellaire et le réseau viaire.................................. 227
6.2.1.2. Le type bati du bourg (type A)....................................... 230
6.2.2. Analyse synchronique du faubourg u 6 B en 1955 ..................... 233
6.2.2.1 . Le parcellaire et le &eau viaire................................... -233
6.2.2.2. Les types bâtis du faubourg (types A et A') .................. -235
6.2.3. Analyse synchronique de la banlieue a C JD en 1998.................. 241
6.2.3.1. Le parcellaire et le réseau viaire................................... 241
6.2.3.2. Le type bâti de la banlieue (type C)...............................244
6.3. Les périodes de transformation du milieu bâti ...................................... 247
6.3.1. Analyse diachronique des transformations
du bdti entre 1900 et 1955 ..................................... ,.................. 259
6.3.2. Analyse diachronique des transformations
du bâti entre 1955 et 1998.......................................................... 262
6.4.
Comparaison entre les deux grandes périodes de transformation.......-264
Chapitre 7:
BILAN DES DISCONTINUIT& ...................................................................... 266
7.1.
Les discontinuités rencontrées.............................................................. 266
7.1.1. Les discontinuités du bati par rapport A la parcelle et
à l'espace libre........................................................................... -268
7.1.2. Les discontinuités de la volumétrie du bâti................................. 268
7.1.3. Les discontinuités au niveau des matériaux............................... 268
7.1.4. Les discontinuités au niveau des ouvertures.............................. 270
7.1.5. Conclusion et généralisation du phénomène............................. 270
PARTIE III
CONCLUSION DE LA THESE
Chapitre 8
CONCLUSION................................................................................................. 275
8.1. Conclusions et rappel de la démarche...................................................... 275
8.1.1. Conclusions directes................................................................... -275
8.1.2. Conclusions indirectes................................................................. 276
8.1.3. Rappel de la démarche typo-morphologique de recherche.........277
8.2.
L'apport de la morphologie dans le champ de I'amenagement............. 281
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1:
La place des études typo-morphologiques
parmi les disciplines traitant de la dimension
physica-spatiale de la ville (design urbain)................................... 23
Tableau II: La correspondance entre niveaux d'échelle et
. . . .
niveaux de sociabilite................................................................... 38
Tableau III: Modèle de la méthodologie de recherche..................................... 99
Tableau IV: Le processus de formation des tissus......................................... 100
Tableau V:
Le processus de transformation des tissus................................. 103
Tableau VI: La grille d'analyse morphologique de Lévy................................ 104
Tableau VII: Tableau de pondération des discontinuités............................. 110
Tableau VI11: Répartition des discontinuités à Sainte.Anne.desaPlaines ......... 155
Tableau IX: Pondération des discontinuités à
Sainte-Anne-des-Plaines entre 1900 et 1955 (BIA).................... 166
Tableau X:
Pondération des discontinuités a
SainteAnnedes-Plaines entre 1955 et 1998 (CIA.0 )................. 167
Tableau XI: Répartition des discontinuités à Victoriaville.............................. 207
Tableau XII: Pondération des discontinuités à Victoriaville
entre 1900 et 1955 (B/A) ............................................................216
Tableau XII 1: Pondération des discontinuites à Victoriaville
entre 1955 et 1998 (CIA.6)......................................................... 217
Tableau XIV: Répartition des discontinuités a Vaudreuil................................. 248
Tableau XV: pondération des discontinuités à
Vaudreuil entre 1900 et i 955 (BIA)............................................ 257
Tableau XVI: Pondération des discontinuites a
Vaudreuil entre 1955 et 1998 (CIA. B)........................................ 258
Tableau XVII: Pondération des discontinuités des
trois études de cas..... .........................................................267
Tableau XVII I:Représentation schématique de la démarche
typo-morphologique de recherche............................................-279
LISTE DES FIGURES
Figure 1: Maison normande du 16eme siècle...............................................
45
Figure 2: Exemple d'une a maison québécoise »........................................... 49
Figure 3: Maison dite québécoise implantée dans le parcellaire
serré d'un village............................................................................ 49
Figure 4: Évolution des typologies à North Jarvis (Toronto)
de 1911 à 1965................................................................................ 84
Figure 5: Plan offciel de la Paroisse de Sainte-Anne-des-Plaines................ 121
Figure 6: Plan du parcellaire et du réseau viaire de
Sainte-Annedes-Plaines en 1900.............................................. 126
Figure 7: Le boulevard Sainte-Anne en 1912................................................ 328
Figure 8: Le bourg (A) au début du siècle......................................................129
Figure 9: Maisons villageoises le long du boulevard Sainte-Anne................ 130
Figure 7 O: Plan du parcellaire et du réseau viaire de
SainteAnnedes-Plaines en 1955.................................................. 137
Figure 11: Le faubourg en 1940....................................................................... 139
Figure 12: Bâtiment mixte de type u 0 »..................................................... 140
Figure 13: Plan du parcellaire et du réseau viaire de
Sainte-Anne-des-Plaines en 1998...................................................144
Figure 14: Implantations suburbaines sur le boulevard Sainte-Anne...............146
Figure 15: Le tissu de type C u ................................................................... 152
Figure 16A:Plan de pondération des discontinuités
Ei Sainte-Annedes-Plaines............................................................. 155
Figure 16B:Localisation des cinq études de cas de
Sainte-Annedes-Plaines................................................................. 158
Figure 17: État d'origine a A
B
d'un bâtiment de la rue Sainte-Anne................ 170
Figure 18: La continuité de la première période de transformation................. 172
Figure 19: BBtiment faubourien de la période u B
)j
(1900 à 1955)..................173
Figure 20: Paroi sud du boulevard Sainte.Anne ...............................................174
Figure 21: Bâtiment commercial de type suburbain......................................... 177
Figure 22: Implantation de type suburbain................................................. 178
Figure 23: Bungalow de type californéen........................................................ 179
Figure 24: Le plan de cadastre de la paroisse Sainte-Victoire.........................lû4
Figure 25: Plan du parcellaire et du réseau viaire de Victoriaville
en 1900............................................................................................ 188
Figure 26: Plan du parcellaire et du réseau viaire de Victoriaville
en 1955............................................................................................193
Figure 27: Bâtiment faubourien a double direction........................................... 195
Figure 28: Immeuble faubourien au coin
de la rue Alice et Notre-Dame Ouest............................................... 196
Figure 29: Plan du parcellaire et du reseau viaire de
Victoriaville en 1998....................................................................... 201
Figure 30A:Plan de pondération des discontinuités a Victoriaville.................. 207
Figure 30B:Localisation des cinq études de cas de Victoriaville......................209
Figure 31: La *: Maison Heaton construite en 1898.......................................219
Figure 32: La Maison Heaton transformée vers 1955...................................... -219
Figure 33: Plan du projet de lotissement de P.-R Gagnier
de 1783...........................................................................................
225
Figure 34: Plan du parcellaire. du reseau viaire et du bati de
Vaudreuil en 1900...........................................................................228
Figure 35: Portion de la place publique au coin de SaintGharles
et de Saint-Michel........................................................................... 229
Figure 36: Maisons villageoises le long de la rue Saint-Michel ....................... 230
Figure 37: Plan du parcellaire. du réseau viaire et du bâti
de Vaudreuil en 1955...................................................................... 234
Figure 38: Villa cossue implantée le long de la rue Saint-Michel.................... 236
Figure 39: Plan du parcellaire. du réseau viaire et du bati
de Vaudreuil en 1998...................................................................... 242
Figure 40: La rue Sainte-Marguerite................................................................ 243
Figure 41 : La rue Lafleur................................................................................. 243
Figure 42A:Plan de pondération des discontinuités a Vaudreuil..................... 248
Figure 428: Localisation des cinq études de cas de Vaudreuil....................... 250
Figure 43: La continuité au niveau de la relation bâti 1 viaire.......................... 261
LISTE DES FICHES TYPOLOGIQUES SYNCHRONIQUES
SAINTE-ANNE-DES-PLAINES
Type A :
Maisons villageoises ....................................................... 132
Type A'
Villas cossues ............................................................. 134
Type 6:
Bâtiments mixtes ............................................................. 141
Type C:
Batiments commerciaux .................................................. 148
VICTORIAVILLE
Type A:
Bâtiments mixtes ............................................................. 190
Type 6 :
Bâtiments mixtes ............................................................. 398
Type C:
Batiments commerciaux .................................................. 203
VAUDREUIL
Type A:
Maisons villageoises ....................................................... 231
Type B:
Villas cossues ................................................................. 237
Type B':
Immeubles de faubourg ................................................... 239
Type C:
Pavillons de banlieue ...................................................... 245
siv
LISTE DES FICHES D'ÉVALUATION DlACHRONlQUE
SAINTE-AN NE-DES-PLAINES
Fiche 1:
Lots 248. 245. boulevard Sainte-Anne....................................... 159
Fiche 2:
Lot p.236. boulevard Sainte-Anne.............................................. 160
Fiche 3:
Lot 548. boulevard Sainte-Anne................................................. 161
Fiche 4:
Lot 172 p.31. boulevard Sainte-Anne ......................................... 162
Fiche 5:
Lot 17234. boulevard Sainte-Anne............................................163
Fiche 1:
1815.rue Notre-Dame Est.......................................................... 210
Fiche 2:
Lot 1845. 1846 p.. rue Notre-Dame Est......................................211
Fiche 3:
Lot 1779. rue Notre-Dame Est.................................................... 212
Fiche 4:
Lot 1820. rue Notre-Dame Est................................................... 213
Fiche 5:
Lot 1805. nie Notre-Dame Est........................................... 2 1 4
VAUDREUIL
.
Fiche 1:
Lot 6061 rue SainbMichel........................................................ -251
Fiche 2:
Lot 23. rue Louise-Josephte....................................................... 252
Fiche 3:
Lot p.74. nie Saint-Charles........................................................ -253
Fiche 4:
Lot 68. nie Louise-Josephte....................................................... 254
Fiche 5:
Lot 120. rue Saint-Louis..............................................................255
REMERCIEMENTS
Je voudrais exprimer toute ma gratitude à mon directeur de thèse, Pierre
Morisset, professeur honoraire à l'École d'architecture. Son soutien intellectuel
a été déterminant dans la structuration de cette recherche et ses
encouragements m'ont permis de mener à t e n e ce doctorat. Sa disponibilité,
son oreille toujours attentive, nos rapports amicaux et positifs ont marqué mon
travail, et j'en garderai toujours d'excellents souvenirs. Je tiens aussi à le
remercier de m'avoir donné l'occasion d'enseigner à ses côtés, dans l'atelier de
morphologie urbaine, dont il avait la charge à l'École d'architecture.
Ces
expériences d'enseignement m'ont permis d'expliquer et d'illustrer la théorie
morphologique aux étudiants, ce qui a été bénéfique dans le long parcours
d'élaboration de cette recherche.
Je dois aussi une reconnaissance toute particulière a mon codirecteur
Michel Guenet, professeur à l'institut d'urbanisme qui a su me guider dans
l'élaboration de cette thèse sous plusieurs aspects: cadre théorique,
problématique, méthodologie et analyse de terrain. II m'a incité à diffuser les
résultats de mes travaux (colloques, séminaires, etc.) et il m'a introduit au milieu
de la recherche universitaire. Je remercie Jules Auger de m'avoir donne
l'occasion de présenter, à titre de conférencier, mes outils d'analyse urbaine aux
étudiants de deuxième année à l'École d'architecture. L'intérêt manifesté par les
étudiants m'a fortement encourage a poursuivre mes travaux de recherche. Mes
remerciements vont enfin à Çrançoise Choay, professeure a l'université de Paris
VIII. Par ses enseignements suivis lors de ma maîtrise à Paris (D .€.S.S. en
urbanisme) et ses écrits théoriques sur la ville et l'architecture, elle a suscité
chez moi le désir de poursuivre ma formation académique au niveau doctoral.
J'aimerais remercier la Faculté des études supérieures pour m'avoir
attribué une bourse d'étude (Entente de financement, F.E.S.).
Je tiens
également à remercier le Service de planification des ressources humaines de
l'université de Montréal pour m'avoir offert, à titre de chargé de formation à
l'École d'architecture, une contribution finamiete (activité de perfectionnement,
SCCCUM 16.07). GrAce à ces soutiens financiers, j'ai pu canaliser la majeure
partie de mon temps a l'élaboration et a la rédaction de cette recherche. Je
remercie le Fonds d'investissement des cycles supérieurs de l'Université de
Montréal (FICSUM) pour la bourse couvrant les frais photographiques et de
reproduction de cette thèse.
Finalement, je voudrais exprimer ma reconnaissance à Denise et à
Claude Racine, qui ont eu la patience de lire le manuscrit et qui m'ont apporté
leur concours pour la correction de la syntaxe. J'airnerais aussi souligner les
nombreuses discussions avec mon frère Martin, étudiant lui-aussi au doctorat,
qui ont été des plus stimulantes. Comment puisje oublier le support constant
de ma conjointe Marthe. En effet, ma thèse a u habité n notre couple pendant
les cinq dernières années et Marthe a toujours supporté mon choix de réaliser
cette activité de longue haleine. J'aimerais aussi remercier mon fils Émile à qui
je n'ai pas toujours pu donner toute l'attention qu'il aurait méritée. Je vaudrais
aussi reconnaitre, en passant, le travail de Nicole Larivière à la Faculte. Son
bureau est un véritable point d'ancrage pour de nombreux étudiants inscrits au
Ph.D.
II serait trop long de mentionner tous les auteurs et les chercheurs qui ont
stimulé ma réflexion.
J'ose espérer que mes efforts dans cet ouvrage
témoignent de leur contribution à ma formation universitaire et à mon
cheminement professionnel.
Introduction
OBJECTIFS GÉNÉRAUXDE LA RECHERCHE
Au Québec, la transformation de nos villes et villages se fait souvent sans
tenir
compte du
paysage urbain existant,
accomplissements des sociétés du passe.
comme témoignage des
Cette recherche
-
Degr6 de
discontinuitd dans la transformation des tissus urbains au Quebec:
influence des types suburbains - veut analyser le degré de transformation des
environnements batis au Québec par des implantations de types suburbains. En
fait, elle propose de faire reposer la transformation de la ville sur des bases plus
solides, axées sur des connaissances rigoureuses des ensembles batis hérités.
Ces connaissances morphologiques sont essentielles afin d'intervenir avec
lucidité sur les contextes urbains et d'éviter la "tabula rasa" qui caractérise
encore bon nombre d'opérations dans les tissus urbains traditionnels., Les
objectifs de la recherche sont les suivants:
Démontrer les wnsequences, pour les structures urbaines en place, de
l'insertion de typologies architecturales de la banlieue;
Favoriser la réappropriation d'une culture urbaine par le développement des
connaissances relatives au processus de formation et de transformation des
villes, et par la pratique de l'analyse figoureuse des formes urbaines;
Afin atteindre ces deux objectifs, il faut, selan nous, renouer avec une
grande méconnue: la forme physique et spatiale de la ville. La ville a une
dimension sociologique, économique, démographique, etc., mais on oublie trop
souvent sa dimension physique.
L'aménagement comme domaine d'étude
emprunte aux différentes disciplines des sciences humaines (sociologie,
politique, économie, droit, etc.) et appliquées (transport, génie, etc.) leurs
méthodes et leurs résultats, mais demeure très peu familière avec l'approche
morphologique.
Comme le cadre bâti constitue le domaine propre de
l'aménagement et qu'il se situe au centre des préoccupations el des actions des
aménagistes, il est étonnant de voir le peu de recherche réalisé à ce sujet.
Malgré cet état de fait, au Québec, l'intérêt pour les questions des formes
urbaines va en grandissant, principalement par le biais de politiques de
sauvegarde et de mise en valeur du cadre bâti ancien.
Plusieurs faits
témoignent de l'intérêt que prend actuellement ici la question des formes
urbaines:
Depuis quelques années, l'intérêt pour les questions patrimoniales se
manifeste. Ces préowpations ne se font pas sentir uniquement au niveau des
monuments remarquables mais on se préoccupe également de la sauvegarde
du tissu urbain dans son ensemble 1;
a
Les intervenants municipaux sont de plus en plus appelés à statuer sur des
problèmes d'intégration architecturale et urbaine dans les secteurs patrimoniaux
sensibles (P.I.A.). Ils participent au sein de comités consultatifs, qui regroupent
des citoyens et des élus, à l'évaluation architecturale des projets qui touchent
l'aménagement physique des secteurs patrimoniaux 2;
Dans ce contexte, il est urgent de constituer un savoir sur les formes
urbaines au Québec afin de permettre aux intervenants (professionnels,
responsables municipaux, élus et citoyens) d'agir plus consciemment sur les
-
-
-
Voir A ce sujet l'article de G. Beaudet intitulé a Urbanisme, amenagernent et tradition, la
protection et la mise en valeur du patrimoine en région et en banlieue a dans L'aménagement
udmin, plomesses et delis, I.Q.R.C. sous la diredion de A. Germain, Montréal, 1981.
Loi sur I'amdnagement et l'urbanisme (L.A.U. art. 145.i5, 145.16). les projets d'amdnagement,
dans certaines zones d'une municipalit6, doivent être soumis à un cornlé afin d'etre évalués au
niveau de leu?relation aux fomes bgties existantes (implantation, intéeration architedurale).
*
milieux urbains existants. Nous pouvons constater que les tentatives d'instituer
un savoir général sur les fomes urbaines sont encore timides de ce côté4 de
l'Atlantique.
La recherche en morphologie urbaine s'est développée en Europe
depuis la fin des années cinquante, surtout en Italie, puis en France et en
Angleterre.
Ces études ont été récemment introduites en Amérique du Nord.
Nous ferons référence a l'ensemble de ces recherches afin de définir le champ
de la morphologie urbaine. Nous allons aussi dire comment notre problématique
s'inscrit en prolongement du travail des chercheurs européens, américains et
canadiens.
Dans cette recherche, nous désirons développer les notions théoriques et
les outils de lecture les plus pertinents en vue d'une meilleure connaissance des
fomes urbaines retrouvées en Amérique du Nord, en tenant compte des travaux
de Larochelle et de Ritchot à l'Université Laval, de Baird a l'Université de
Toronto et de Vernez-Moudon à l'Université de Washington.
La principale préoccupation de cette thèse se situe à l'échelle des tissus
(catégorisation) et a l'échelle de l'architecture (grille de lecture).
Nous
cherchons a développer les principes d'analyse des écoles italienne et française
de morphologie urbaine dans le contexte nord-américain. En ce sens, nous
sommes particulièrement redevable à l'apport du fondateur Italien Muratori et a
ses continuateurs (Caniggia, Mîffei, etc.).
Pour nous, l'approche
morphologique rend compte de la dynamique de la fabrication et de la
transformation des formes urbaines dans le temps. C'est la seule approche qui
nous permet d'entrer dans toute l'épaisseur de l'objet urbain grace, entre autres,
à l'analyse synchronique et diachronique.
Nous allons définir, à partir des recherches européennes, principalement
françaises3 et italiennes 4, les notions théoriques et les outils de lecture les plus
adaptes à l'observation (et éventuellement à l'évaluation) qualitative des tissus
urbains d'ici
Ceci implique Itéle5nration d'me grille d'analyse permettant de
comprendre les structures urbaines que nous retrouvons au Québec et d'en
évaluer les transformations. Ces tissus ont leur spécificité par rapport à la
culture qui les a produits (aire culturelle). Nous étudierons donc le processus de
formation et de transformation propre à la ville québécoise.
Bien que l'on
retrouve généralement les mêmes phénomènes ici qu'en Europe, la
manifestation concrète, matérielle de ce processus dans le bati en diffère
passablement (type de bati, de découpage parcellaire, etc.).
Pour les recherches françaises: Laboratoire Paris-Belleville et Institut français d'urbanisme
(Pans Vlll) ou nous avons effectué nos études de maîtrise (Certificat d'htudes approfondies
(C.E.A.) en architedure urbaine et Dipldme d'études supérieures spécialisées (D.E.S.S.) en
urbanisme).
Pour les recherches italiennes: Institut0 universitario di architettura de Venise (I.U.A.V.) et
lstituto di ricerca territoriale e urbana ( I.R.T.U.) de Florence.
Les recherches nofd-amerkaines seront considérées également (Vemez-Moudon aux ÉtatsUnis, Baird au Canada), surtout dans la partie de cette th&e réservée A la definition de notre
problématique spécifique de recherche.
PARTIE I
LES NOTIONS THEORIQUES ET LES OUnLS DE LECTURE
Chapitre 1
LA FORME URBAINE COMME OBJET D'ÉTUDE
1.1.
Considérations aénérales concernant la momholoaie urbaine
Nous aimerions ici dresser de manière succincte un bilan de I'état actuel
de la recherche en morphologie urbaine. Cette discipline est encore jeune, il
faut le dire (40 ans d'existence), mais n'en n'est plus à ses premiers
balbutiements. Nous constatons que la discipline de la morphologie urbaine a
atteint une certaine diffusion depuis sa fondation par Muratori, à la fin des
années cinquante. De plus, l'état actuel de la discipline diffère passablement de
celui, dresse en 1988, par Pierre Merlin et Française Choay dans leur ouvrage
intitulé: Morphologie urbaine et parcellaire 1.
Cette évaluation de l'état de la
discipline, parue voilà dix ans, a été réalisée a partir de t'analyse des
contributions d'une dizaine d'experts internationaux de la morphologie. Elle
visait, selon les auteurs, à vérifier si la morphologie urbaine peut se réclamer de
concepts fondateurs et de méthodes reconnues. Plusieurs auteurs importants
en morphologie urbaine, notamment Caniggia, Castex, Conzen, Gerosa,
Vernez-Moudon, Panerai, Ritchot, Whitehand, etc., ne figurent pas dans cet
ouvrage. Nous pourions avancer que cet ouvrage polémique se situe dans le
contexte de batailles de "chapelles" que se livrent les instituts d'urbanisme et les
écoles d'architecture en France afin de legitirniser leur autorité sur l'étude de la
ville.
Mais tel n'est pas notre propos. Nous voulons plutôt faire état des
développements de la disclipine de la morphologie urbaine depuis la parution de
l'ouvrage de Merlin et de Choay,c'est-à-dire depuis 1988. Notons qu'à maints
égards, cet ouvrage concernant le milieu international de la morphologie urbaine
a été salutaire. En effet, l'aspect critique de l'ouvrage a contribué a favoriser
les regroupements des morphologues. II a permis la création de ponts et a
P. Meriin et F. Choay (1988) M o r p n O l ~urbaineetperceliake, Pans, P.U.V.
grandement incité les chercheurs à plus de rigueur dans leurs articles et leurs
publications.
Nous avons choisi d'aborder plus en détail, dans les pages qui suivent,
cinq textes se rapportant à la morphologie urbaine, prélevés parmi les ouvrages
et articles parus depuis environ une dizaine d'années. Ces écrits sont utiles afin
de situer cette thèse dans le contexte des grands débats secouant la discipline
de la morphologie durant la dernière décennie. II s'agit de montrer qu'a travers
les contributions de cinq morphologues reconnus mondialement, il existe une
convergence entre les approches, une convergence qui était déjà, selon nous,
en place en 1988, mais que la recherche de Choay et de Merlin a un peu
gommée en exacerbant les différences et les divergences entre les chercheurs
internationaux.
Résumons brièvement les principales conclusions de l'étude de Merlin et
de Choay relatives au cadre théorique de la discipline. Après analyse des
réponses fournies aux questionnaires remplis par dix chercheurs en
morphologie (Secchi, dJAlfonso, Crotti, Gregotti, Bandini, Hillier, Sarnuels,
Anderson, Eaiid, Whiteman) 2, les auteurs en arrivent à la conclusion suivante:
IIn'y a pas de cadre conceptuel clair, reconnu, au moins
par ceux qui se r6cbment de la démarche morphologique.
Les memes termes (typologieI morphologie, composition
urbaine, (( urban design 9, etc.) sont employés dans des
sens différents. Les correspondances d'une langue d
l'autre varient selon les auteurs.
IIn'y a pas de reconnaissance internationale des travaux
des spécialistes de la morphoiogie urbaine: si une
ant&o
i nt6
est assez largement reconnue aux auteurs
Notons qu'a la prernidre partie fort aitiquaMe de I'enquete menee par Choay et Medin,
succède la deuxiéme partie de l'ouvrage fort intéressante ou plusieurs auteurs français et italiens
pc$senfent leurs recherches dont L6vy notamment.
italiens depuis la fin des années 1950 (Muraton et
Samona), et une oaine plus lointaine chez les géographes
(et les historiens) français et allemands, puis britanniques
(Lavedan, Conzen, Dyos, etc.), un seul auteur (Aldo Rossi)
est cite dans la moitié des contributions. II y a en particulier
une véritable bamére linguistique qui semble subsister,
entre latins (surtout italiens) et anglophones.
Si un relatif accord peut être trouvé sur les conditions qui
ont induit les préoccupations morphologiques (réactions B
l'égard du mouvement moderne et en particulier des
C.I.A.M., désir de réintroduire l'espace dans les études
urbaines et souci de rapprocher l'architecture de
l'urbanisme), il n'existe pas d'objectifs connus et encore
moins des bases épistémologiques largement acceptées.
La morphologie urbaine a Bté incapable de développer une
méthodologie spécifique, reconnue, Musée. La plupart
des spécialistes ne s'y essaient pas (...).
Cons6quences des points précédents, l'impact de la
morphologie urbaine au pian pédagogique et institutionnel
est insignifiant (...) .
II faut toutefois relativiser ce sombre bilan car les auteurs reconnaissent que:
Les études de morphologie urbaine, fondées sur une
analyse de I'évoiution du tissu urbain et du d i e de chacune
de ses caract&n'stiques (site, réseau viaire, trame
parcellaire, espace libre et espace b8ti) peuvent &re fort
utiles pour comprendre, et donc pour savoir comment
aborder les problémes des quartiers anciens, qu'il s'agisse
de la pr6sewation du patrimoine ou de son évolution, voire
de son remplacement
Ainsi nous obtenons une conclusion ambiguë de la part de Merlin et de
Choay, car, d'une part, ils émettent de sérieuses réserves sur le plan théorique
-
-
P. Merlin et F.Choay (1988), op. cil. p. 80-61.
Définition de a morphologie urbaine rn dans Merlin, P. et Choay, F. (1988) Dictionnaire de
/'&anisme et de I'aménsgement, Pans, P.U.F,p.434.
et condamnent en bloc la discipline de la morphologie, d'autre part, ils avouent
l'utilité et la nécessité d'études morphologiques pour comprendre et gérer la
transformation du bâti en milieu patrimonial. Heureusement, d'autres travaux
qui ont suivi la publication de l'ouvrage viendront conforter les bases théoriques
de la morphologie urbaine et permettront à ces études de prendre ancrage en
Europe et d'éclore dans de nombreux pays notamment en Amérique du Nords,
abolissant les barrières entre Latins et Anglo-saxons, soulevées dans l'enquête
de Merlin et de Choay.
Afin de faire contrepoids au sombre tableau dressé par Choay et Merlin,
nous allons passer en revue les textes publiés récemment par cinq architecteschercheurs (Caniggia, Castex, Gerosa, Lévy et Vernez-Moudon) ayant une forte
teneur épistémologique et qui ont été largement diffusés b. Nous jugeons utile de
revenir ici plus en détail sur les écrits fondamentaux de cinq auteurs qui sont
des architectes et qui travaillent a l'échelle du bâti et du tissu urbain.
Nous pouvons mentionner ici la contribution des geographes qubbécois dans le domaine de la
morphologie, a l'échelle du territoire et de la ville, tels: G . Ritchot et C. Feltz (1985) Forme
unbaine et pratique sociale. Montréal. Le Prearnbule et Louvain-la-Neuve, Édlions Ciaco; G.
Desmarais ( 1991) La théorie de la forme urbaine, une pmbl6matique morpho-sèmiotique, thèse
de Ph.D.. Montréal, Université de Montréal, Faculté de l'aménagement.
Les textes consider& sont:
G. CANlGGlA (1986) Studio sui processi di fornazione e di mutazione delle tiplogie edilizie:
stato della disciplina, in: Consiglio Nazionale delle Ricerche (1986) Roblemi del restauro in ltalrà,
Atti del Convegno Nationale tenutosi a Roma nei giomi 3-6 novembre 1986. Companotto
editore. Bien que ce texte soit paru avant 1988, nous considérons important de l'inclure ici
compte tenu de son importance théorique, Caniggia 8tant un continuateur de l'oeuvre de
Muratori (fondateur de la discipline)
J. CASTEX et al. (1995) « Histoire de la forme urbaine N dans Histoire uhaine, anthropologie de
l'espace, Paris, CNRS, Cahiers du PIR / villes, p 77-7 1S.
P.G. GEROSA (1992) Élements pour une histoire des thdories sur la vile comme attefact et
forme spatiale (XVMe- XXéme siecle), Strasbourg, Universitb des sciences humaines de
Strasbourg, Collection Villes-Societés-Idées, vol. 7, p. 177-252.
A. LÉW (1992) La qua/@ de la forme ufbaine. Prob/&natique et enjeux. Tome 1 e l II,Nantes,
Rapport pour le ministère de l'Équipement, du Logement et des Transpoits, Secrétariat
permanent du Plan urbain, p. 2-31.
A. VERNU- MOUDON (1992) a A catholic approach to organizing what urban designers should
know » in Journal of Planning Lifterature 6 (may), p. 332-349.
Vers une approche globale du design urbain. Traduction de Catherine Blain. LADRHAUS .
Nous avons aussi inclus les définitions des termes spécifiques à la
discipline de morphologie urbaine apparaissant dans le Dictionnaire de
l'urbanisme et de l'aménagement
7
car il s'agit d'un ouvrage de référence
fréquemment utilisé en aménagement. Cet ouvrage, paru en 1988, inclut les
contributions de nombreux morphologues (Rouleau, Lévy, Devillers, etc.).
De
plus, nous utiliserons un autre outil de référence, le Lexique de typo-
morphologie du milieu bâti
II
qui contient des définitions des notions et des
concepts associés à la morphologie urbaine. Les trois questionsclefs nous
permettant d'aborder ces textes sont les suivantes:
9
Qu'est-ce que la discipline de la morphologie urbaine et quels sont ses
objectifs?
Quel est 'objet d'étude de cette discipline, sur quoi se penche-t-elle en
particulier?
m Quelles sont
les limites des connaissances qu'elle nous fournit?
Notons que nous ne mettons pas l'emphase ici sur les différences mais sur les
rapports de parenté étroits qui unissent ces chercheurs faisant autorité dans le
domaine de la morphologie urbaine.
1.1.1. Ddfinition de la morphologie urbaine
Quel est le sens communément attribué a l'expression
urbaine D?
a
morphologie
Dans son sens le plus large, le concept de morphologie urbaine
peut être défini comme l'étude de la forme urbaine.
C'est d'ailleurs cette
définition qui apparaît dans le Dictionnaire de l'urbanisme et de I'aménagement.
P. MERLIN et F. CHOAY (1988) DMonnah de I'urbaniiane et & I'arn6nagemertt, Paris,
P.U .F.
P. LAROCHEU (1996) Lexrique de Z y p - m r p ~ ~ l o g r idu
e m1bu bWi, QuBbec, Universite
Laval, Faculté d'arctiitedure et d'amenagement, (inédit).
Le dictionnaire apporte toutefois quelques précisions en citant C. Aymonino.
Pour ce dernier, la morphologie urbaine est: a L'étude (la description et la
classification) des causes qui contribuent à la formation et à la modification de la
structure physique de la ville 9
En ce qui a trait aux définitions fournies par les
~ .
cinq auteurs (Caniggia, Castex, Gerosa, Lévy, Vernez-Moudon), nous
constatons qu'ils insistent moins sur l'étude des causes (le pourquoi) que sur le
processus lui-même de formation et de transformation de la structure physique
de la ville (le comment). Chacun des cinq auteurs a mis en relief le processus
de formation et de transformation de la ville comme principal centre d'intérêt de
la discipline de la morphologie urbaine. Regardons plus en détail la définition
énoncée par chacun des auteurs.
Pour Caniggia, il s'agit de l'étude de la
((
logica di produzione e di
trasformazione delle case ereditate, sui meccanismi di formazione, sviluppo e
mutazione dei tessuti urbani d o soit de l'étude de a la logique de production et
de transfomation des maisons héritées, sur les mécanismes de formation, de
développement et de mutation des tissus urbains B
Pour Lévy, cette discipline s'interroge a sur la nature du tissu urbain, sur
les mécanismes de formation et de transformation, sur les lois d'évolution l2
B.
Pour Gerosa, la discipline de la cc morphologie étudie la ville en tant
qu'oeuvre bâtie, oeuvre architecturale ou artefact, qui croit dans le temps et qui
n'est pas saisissable sans la prise en compte de la dimension temporelle
l3
».
Définition de a morphologie urbaine w dans P. MERLIN et F. CHOAY (1988) op. cit, p. 434.
G. CANlGGlA (1986) op. cit p. 21.
11 P. LAROCHELLE (1997) Traduction française de: G. CANlGGlA (1986) Studio sui m s s i di
tbrmaUOne e di mutazione delle tipohge ediIiue: stado della disciplina: 6tude sur /espucessus
de IbmialTon et de mutation des typologries du b8ti: 4tat de /a discipline, Québec, Universite
Laval, inédit), p .1
12A. L W (1992) OP. CR,
p.2.
13 P.G. GEROSA (1092) op. CR., p. 177.
*O
A
Gérosa met l'emphase sur l'étude de la ville dans sa dimension historique et
rejoint les définitions énoncées en ce qui a trait à l'étude de la ville dans sa
dimension physique, matérielle.
Par rapport aux définitions de Levy et de
Caniggia, il insiste davantage sur l'étude du processus de formation (la ville qui
croît dans le temps ) que sur l'étude du processus de transformation de la forme
urbaine.
Vernez-Moudon et Castex se rejoignent tout à fait quant à la définition à
donner à cette discipline; il s'agit de
N
l'étude du processus de formation et de
transformation B de a l'espace bâti ri4 ou de u l'environnement bâti B
notre part, nous retiendrons la définition de Larochelle tirée du
E<
15.
Pour
Lexique de
typo-morphologie du milieu bati B car elle synthétise bien l'ensemble des
définitions citées précédemment:
(<
Étude des processus de formation et de
transformation des structures du milieu bOti b.
Nous retenons plus
spécifiquement le terme a milieu bâti N car il est plus général que le terme
N
espace r bâti et moins connoté que cr environnement n bati faisant référence
davantage à l'écologie ou a la biologie.
De plus, ce terne (milieu bati) a
comme avantage d'intégrer I'ensemble des travaux des chercheurs en
morphologie urbaine (géographes, architectes) dont l'échelle detude peut
varier: édifice, tissu, ville, territoire. La définition livrée par Larochelle tient
compte également des diverses pr6occupations et orientations personnelles des
chercheurs dans le champ de la morphologie s'attardant, soit à une composante
particulière, soit à un ensemble de composantes de la structure urbaine (des
études spécifiques sur le parcellaire ou sur le réseau viaire, par exemple).
Les objectifs de la morphologie urbaine peuvent &re résumés, selon
Caniggia, comme suit:
J . CASTW (1995) op. dt.,p. 79.
VERNEZ-MOUDON (1 982) OP. M..p.20.
l6 P. LAROCHEUE(tO96) op. M.,p.33.
'5 A.
-
Son premier objectif est
E<
di conferire nuova e piu solida base
allJinsegnamentodella progettazione ~
1 7
soit (c
de conférer une base nouvelle et
plus solide à l'enseignement et a la projétation d B ;
- Le second objectif est d'ordre cognitif car
a
la morphologie est vue comme un
strumento per capire la costituzione e la mutazione deIl tessuto urbano pt9 soit
comme un (6 instrument pour comprendre la constitution et la mutation du tissu
urbain 9;
- Le troisième objectif est
pour
tc
relatif a l'instauration d'outils de décision nouveaux
planificame il restauro 1 9 1 donc pour cc planifier la restauration
du
tissu urbain.
Selon Levy, la morphologie a comme objectif de a définir un nouvel
urbanisme alternatif, (de) fonder un autre projet urbain, à partir d'une
compréhension de la nature du tissu urbain 2%.
La morphologie sert donc de
nouvel outil de gestion des transformations du patrimoine bâti
24.
Enfin, nous
pouvons aussi parler d'un objectif plus général énoncé dans le Dictionnaire de
l'urbanisme et de l'aménagement qui est de réunir architecture et urbanisme
dans une discipline unique permettant, de ce fait, à t'architecture de retrouver sa
ck, p. 30.
P. LAROCHELLE (1997) op. cit. , p.7.
G . CANlGGlA (1996) op. cit. , p.30.
20 P. LAROCHELLE (1997) op. cit. , p.7.
G. CANlGGlA (1986) op. cit. , p.30.
22 P. LAROCHELLE (1997) op. cit. , p.7.
A. LÉW (1992) op. cit., p.2.
24 L'ouvrage ayant permis de faire connaître dans la francophonie les applications pratiques de
la morphologie urbaine comme outil de gestion de la transformation du patrimoine est: P.L.
CERVEUATI et al. (1981) La nouvel&? cukwe urbaine: Boiogp face 9 son p8tn'mine, Pans
editions du Seuil.
I7 G. CANlGGlA (1986) op.
l8
l9
dimension analytique et à l'urbanisme de s'intéresser davantage à la dimension
physique et spatiale de la ville.
Suite à ce premier survol, nous pouvons facilement démontrer que le
concept de morphologie urbaine est clair, reconnu, du moins par ceux qui se
réclament de la démarche morphologique et qui font autorité en la matière, qu'ils
soient Français (Castex, Levy), Italiens (Caniggia) ou Américains (VernezMoudon). Ceci tend à démontrer un consensus autour de la définition du teme
((
morphologie urbaine w chez les auteurs Btudiés. La recension des écrits
démontre que les conclusions de Merlin et de Choay, dans leur étude, ont été
émises de façon un peu hPtive, sur la question du cadre conceptuel de la
discipline. Dans le contexte actuel, nous pouvons stipuler que leun conclusions
s'avèrent moins pertinentes.
En ce qui a trait à la reconnaissance internationale des travaux des
spécialistes de la morphologie urbaine, tous les auteurs étudiés se réfèrent à
Muratori comme fondateur de la morphologie urbaine. Ils situent la naissance
de cette discipline à la fin des années cinquante. Ils reconnaissent l'importance
de l'enseignement théorique de Muratori, d'abord a Venise, puis à Rome.
Personne ne semble contester le rôle instaurateur des études typomorphologiques de Muratori 25. Ils identifier: quatre grandes Bcoles de pensée:
école italienne:
Dominée par deux courants:
zs Notons en particulier les deux ouvrages instaurateursde Muratori mentionnds par Castex:
S. MURATORI (1959) Studi per un' operante stma urbane di VenWa, revue Palladio, Rome,
lstituta poligrafico della strato;
S. MURATORl(l963) Studi per un' operante stma urbana di Rome, Rome, Centm studi di Soria
urbanisîica.
-
le premier courant regroupe Muratori et ses continuateurs (première
génération: Maretto, deuxième: Caniggia. troisième: Maffei, Cataldi),
- le deuxième courant regroupe Rossi et Aymonino (ce courant a connu une
large diffusion dans les années quatre-vingt, mais depuis il s'est interrompu car
les deux principaux protagonistes ont délaissé la recherche pour la pratique
architecturale);
é école française:
Elle s'est développée dans les années soixantedix avec la publication,
sous la direction d'André Chastel, du
N
Système de l'architecture urbaine: le
quartier des Halles a Paris r s ou se sentait déjà, selon Castex,
méthodes de la typo-morphologie z7 n.
ar
l'effet des
Castex note l'importance de l'ouvrage
de Rossi : a L'architecture de la ville 9
8
, traduit en français en 1981,
introduisant les recherches italiennes en terre française. Les principales figures
de proue de l'École française de morphologie urbaine sont, d'après les travaux
recenses par Lévy: Castex, Celeste, Panerai, Fortier, Huet, Grumbach, Borie,
Pinon, Micheloni, Rouleau, et Zunz. Nous ajoutons à cette liste le nom de
Devillers, compte tenu de sa contribution remarquable à l'éclaircissement de la
notion de typologie
29
. Notons que ces chercheurs semblent aujourd'hui se
regrouper davantage autour des concepts théoriques de l'école muratorienne
que de celle de Rossi et d'Aymonino;
z6 F. BOUDON et al. (1977) Systdme de I'architecture u ~ a i n e/e, quanier des Halles 8 Pa*,
Paris, C.N.R.S.
2' J. CASTEX et al. (1995) a Histoire de la forme urbaine B dans HisfoWe urbaine, a n t h r o p o ~
de /'espace, Pans, CNRS, Cahiers du P R / villes, p.80.
z8 A. ROSSI(1981) L'mhitedm de II) Vil&, qu que m. Paris.
29 C- DEVILLERS (1974) a Typologie de l'habitat et morphologie urbaine ID dans hhitecfure
îSAupuWhui, 174, p.18-22.
mo école analaise:
Cette École s'est développée en même temps que les recherches
italiennes et elle comporte de nombreux parallèles avec celles-ci (Conzen,
Whitehand)?
L'apport des géographes semble être important dans le
développement de la discipline en terre britannique.
Castex affirme qu'en
Angleterre, les travaux du groupe de recherche sur la morphologie urbaine
(Urban Morphologie Gmup) reposent sur le travail d'un géographe formé dans
les années vingt à l'institut géographique de Berlin, M.R.G. Conzen 3 l .
école nord-américaine:
Cette École comprend des chercheurs comme Vernez-Moudon et Baird
entre autres. La pénétration de l'approche morphologique en Amérique du Nord
provient d'une filière française (liens entre Castex et Vernez-Moudon
notamment) et se situe également en droite ligne avec les travaux de Muratori,
par l'entremise de Caniggia 32. Notons aussi la contribution de l'université Laval
avec Larochelle à la Faculté de l'architecture et d'aménagement et les travaux
effectués par l'équipe du C.R.A.D. (Centre de Recherche en Aménagement et
Développement) et du C.E.1.A.T ( Centre d'étude interdisciplinaire sur
les
lettres, les arts et les traditions des francophones en Amérique du Nord). Nous
pouvons dire aussi que les projets effectues, entre 1980 et 1990, dans l'atelier
A noter que nous avons choisi d'exclure de cette école le travail de Hillier. D'une part, Castex
ne parle pas de Hillier lonqu'il aborde les recherches britanniques. D'autre part, Vemez-Moudon
situe le travail de Hiltier dans une autre catégorie que les et études typo-morphologiques B, soit
les cc études de la morphologie du lieu B davantage ax6es sur les caractéristiques fondamentales
de la géométrie urbaine. Voir cette distinction dans A. Vemez-Moudon (1992) a A catholic
approch to oiganizing what urtian designers should know » in Joumai of Plannrilg LMwature 6
(may), p. 332-349. Vers une approche globele du desiQn &in. Traduction de Catherine Blain.
LADRHAUS, p. 3 et p. 21.
31 J. CASTEX et al. (1995) op. a.,
p. t 01.
32 À noter que Castex mentionne que a dirïgee par Caniggia. A. Vemez-Moudon (9 Seattle)
reprhsente aujourd'hui un ancrage typo-morphologique capable de féderer les Btudes urbaines et
de travailler avec les groupes canadiens (...) a, dans J. CASTW et al. (1995) o p M.,p.99.
d'architecture urbaine (Université de Montréal), sous la gouverne de Charney
Knight et Latek, se sont inspires des travaux des morphologues européens?
1.1.2. Objet dfBtudede la disciphe
Revenons aux sept définitions ( Dictionnaire de IJurbanisme et de
l'aménagement, Lexique de typo-morphologie du milieu bâti, Cani ggia, Levy,
Gerosa, Vernez-Moudon, Castex ) données au point 1. A -1., afin de dégager
I'objet d'étude de la morphologie urbaine. Comme nous l'avons vu, l'objet
d'étude de la morphologie est l'espace, l'environnement ou le milieu bati en
général (Moudon-Vernet, Castex, Gerosa, Lexique de typo-morphologie du
milieu bât$ Pour d'autres, I'objet d'étude est plus spécifique, il s'agit du tissu
urbain (Lévy, Caniggia) ou des édifices (Caniggia). En interrogeant davantage
les écrits des auteurs concernant la question, nous pouvons dégager trois
niveaux de préoccupation:
- la forme physique et spatiale de la ville,
- le tissu urbain et ses composantes,
- le bati u de base et w spécialisé B.
))
Dans le Diciionnaire de l'urbanisme de l'aménagement, on mentionne que
I'objet général de réflexion théorique est la forme physique et spatiale de la ville.
Pour Caniggia aussi le champ d'étude de la discipline est très large, il recoupe
I'aménagement physique des constructions humaines, de la décoration au
territoire 34 . Cependant Caniggia estime que r le champ prefdrentiel, auquel la
ce sujet: M. CHARNEY, A. KNIGHT et LATEK. 1. (1992) Ville, métaphwe, projet,
33 Voir
an;hitecture urbaine 8 Montréel, 1980-1990, Montréal, Méridien.
3J G. CANlGGlA (1988) Studio sui m s s i di lbnnazhne e di mutaUoné delle tipologie ediI-:
stato delle disciplina, in: Consiglio Nazionale delle Ricerche (1986) Problemi del mstacoo in /talia,
Atti del Convegno Nazionale tenutosi a Roma nei giorni 3-6 novembre 1986. Companotto
editore. p. 21: 11 campo d'aPpIibaabne é Passefto fisrm del costruito anûu-.
cialPane& al
tenit&.
majorité des études se sont appliquées, concerne les édifices et le tissu
urbain3-n.
Lévy amène des précisions supplémentaires concernant l'objet d'étude de
la morphologie en définissant davantage la notion de tissu urbain soulevée par
Caniggia. Pour Lévy, les éléments du tissu urbain analysés par la morphologie,
soit séparément, soit dans leurs rapports réciproques sont n le parcellaire, le
viaire, I'espace bâti, l'espace libre et le site (relief, cours d'eau, végétation) 36 ».
Cette définition sst très précieuse quant à l'objet particulier d'étude de la
morphologie urbaine. Selon Lévy, l'objet de réflexion des morphologues est
d'une part. les cinq composantes du tissu urbain et, d'autre part, les
interrelations syntaxiques entre ces composantes. De plus, la notion de tissu
urbain est l'élément clef car elle intègre la composante du bati (les édifices) et
elle resitue cette dernière par rapport aux autres composantes du tissu (viaire,
parcellaire, espace libre, site).
Pour Vernez-Moudon, la morphologie ne « s'intéresse pas au style
architectural des bâtiments mais se penche sur la relation du bati avec les
composantes du tissu urbainJ7B. Tout comme Lévy, elle conçoit les bâtiments et
leur espace libre comme « complémentaires qui forment des entités spatiales
interreliées 3R D.
Chez deux auteurs (Gerosa, Caniggia), il existe deux catégories
distinctes de bâti observées en morphologie urbaine: le bati de base et le bâti
A. LEw (1 992) La qualité de la fonne urbaine. Probldmatique et enjeux. Tome 1 et II,Nantes,
Rapport pour le ministère de l'gquipement. du Logement et des Transpoils, Secrhtariat
permanent du Ptan urbain, p. 3.
37 A. VERNU- MOUDON (1992) a A catholic appmach to organizing what urban designen
should know )) in Journal of Planning Litterature 6 (may), p. 332-349. Vers une approche globale
du design urbain. Traduction de Catherine Blain. LADRHAUS, p.20.
38 LOC. cit.
3b
spécialisé 39. Le bati de base est cr I'insieme degli edifici residenziali familiari
che costituiscono la parte maggiore degli aggregati 4% soit
l'ensemble des
~i:
édifices résidentiels familiaux qui constituent la plus grande partie du tissu4b.
Le bâti spécialisé comprend cr les organismes bâtis plus complexes de
dimensions plus importantes et dont l'utilisation est publique%
Selon Caniggia, les études de morphologie urbaine se penchent plus
spécifiquement et de façon non limitative sur le bâti de base (les immeubles
d'habitation). Selon Caniggia, trois raisons expliquent cette focalisation sur
l'habitation. Premièrement, il est évident que cette dernière compose la majeure
partie des édifices de la ville, car les monuments et les équipements publics
sont plus rares. Deuxièmement, il s'agit de l'objet le plus près de la pratique
quotidienne des individus et, en ce sens, il est plus a même de révéler une
pratique concrète d'édification de la ville. Nous pouvons également parler de
l'analogie établie par Caniggia entre I'architecture et le langage. De fait, pour
Caniggia, les monuments sont considérés comme une architecture savante
associée a une sorte de u littérature B élitiste. Quant au bâti de base,
il
représente l'architecture mineure, sorte de cc langue B parlée par tous,
architecture sans architectes, spontanée, largement responsable de la
constitution de la forme des villes historiques. Se pencher strictement sur le bâti
spécialisé, sur I'architecture savante, équivaut à se couper d'un large pan de la
culture bâtie humaine et cette tendance, selon lui, a trop souvent dominé les
études historiques de la ville. Ces considérations nous amènent à établir une
grande distinction relevée par Vemez-Moudon entre l'objet d'étude de la
morphologie urbaine et celle de l'histoire de l'art:
P.G. GEROSA (1992) & n m t s p o v une histoKe &s MBLnt>s sur la Mie comme ivtefact et
&me spatiale (XVIlIe- XXBm srecte), Strasbourg, Université des sciences humaines de
Strasbourg, Collection VillesSociBtBsld~es,vol. 7, p. 191.
39
JO
41
G. CANlGGlA (1986) op. cit., p.21.
P. LAROCHEU (1997) op. Cit. , pl.
GEROSA, P.G. (1995) op. Cit p.191.
Parce que les typo-morphologues tentent d'expliquer la
structure et I'évolution de la ville, leurs analyses
comprennent tous les types de bdtimentsl à /a fois
monumentaux et ordinaires. Cependant, ils concentrent
necessairement /a majeute pame de leur travail à l'étude
des immeubles d'habitation puisqulils composent /a
majeure partie du tissu urbain. Conséquemment. l'étude
typo-morphologique se distingue des travaux efectues en
histohe de l'artI non seulement parce qu'elle rejette
l'emphase gdnéralement accordée par l'histoire de /'art aux
wnstwctions « exceptionnelles » (généralement ramnées
dans leur dessin et non-utilitaires), mais aussi parce qu'elle
s'oppose à l'étude des bâtiments individuels en dehors de
leur contexte urbain et en dehors de la notion de temps .
En résumé, les travaux réalisés en histoire de l'art mettent généralement
l'emphase sur les constructions exceptionnelles, c'est-àdire sur les bâtiments
spécialisés (architecture u savante s réalisée par des architectes) et délaissent
le bati de base (oeuvres anonymes). Si l'on observe les bâtiments résidentiels,
on ne s'intéresse qu'aux plus exceptionnels, qu'aux plus rares.
De plus, les
bâtiments sont généralement étudiés en dehors de leur contexte comme des
objets autonomes et indépendants de la structure urbaine. La morphologie
urbaine étudie quant à elle deux catégories de batiments: les édifices de base
(l'habitation) et les édifices spécialises (émergences) dans une perspective
évolutive et sans établir de discrimination.
La discipline porte davantage
attention au beti de base car il compose la majeure partie du tissu urbain. Ce
qui ne l'empêche pas de s'intéresser aussi aux a rapports morphologiques qui
s'installent entre le bati de base et les édifices spécialises
" B.
Nous entendons
par bati spécialisé tous les édifices qui tranchent dans le milieu urbain et qui
constituent des émergences, telles les églises, les thbatres, les Mpitaux, etc.,
c'est-à-dire les éléments que nous appelons aujourd'hui les a services B.
MRNU-MOUDON (1992) OP. CR., p.20.
P.G. GEROSA (1992) op. c%,p. 191.
" A.
1.13. Limites de la discipline
Une question semble énormément préoccuper les auteurs: quelle est la
place de la discipline de la morphologie urbaine parmi l'ensemble des champs
de connaissances sur la ville?
Les textes des morphologues recensés
témoignent d'une réflexion sur la portée, la valeur et les limites de leur propre
discipline. Nous allons ici brièvement nous pencher sur ces trois dimensions.
Une large part des contributions des auteurs (Caniggia, Castex, Gerosa,
Lévy, Vemez-Moudon) porte justement sur la place de la morphologie dans
l'ensemble des disciplines traitant du phénomène urbain et des ponts qui
peuvent surgir entre ces disciplines.
Les auteurs étudiés ont nuancé leurs
discours depuis les années quatre-vingt et ne semblent plus revendiquer une
position dominante de la morphologie urbaine dans le champ de i'aménagement.
Chez les auteurs étudies, nous sommes passes a une position plus nuancée
visant une complémentarité avec d'autres disciplines s'intéressant soit
directement (objet) ou indirectement (sujet) à la dimension physico-spatiale de la
ville. Dans cette optique de repositionnernent de la discipline dans un cadre
plus large d'étude sur la ville, Vemez-Moudon inserre la morphologie au sein
d'un groupe de disciplines, incluant n l'histoire, la sociologie, la psychologie,
l'anthropologie, la géographie, l'architecture, I'architecture de paysage et la
planification urbaine 45
B .
Elle définit aussi un domaine particulier , le u design
urbain ID, domaine, selon elle, a la croisée des professions reconnues en
ambnagernent (architecture, architecture de paysage, planification urbaine). La
morphologie urbaine ferait partie du design urbain au côte des etudes de
I'histoire urbaine (Mumford (1961), Benevolo (198O), etc.), des etudes
pittoresques (Sitte (1889), Unwin (1909), etc.) , des études de l'image (Amheim
(1954 , 1966), Lynch (1%O), etc), des études environnementalistes (Hall (1959,
"A . VERNEZ- MOUDON (1 992)
OP.
CR,p.1.
l966), Rapoport (1977, 1982,1%IO), etc.), des études du lieu (Norberg-Schultz
(1980, 1985), Moore et al. (1988), etc.), des études de la culture matérielle
(Venturi et al. (1977), Lewis (1975), etc.), des études de la morphologie du lieu
(Hillier et Hanson (1984), Boudon (1971, 1991), etc.) et des études écologiques
(Gordon (1%IO), Mc Harg (1971), etc.) (tableau 1).
En plus, nous pourrions
ajouter à ce tableau les contributions québécoises de Marsan (1983) et de
Germain (1991) dans le champ des « études de I'histoire urbaine D.
Nous
pouvons également parler de la contribution de Ritchot (1985), de Charney
(1992), de Larochelle (l994), de Morisset (1996), et de Guenet (1992) dans le
champ des « études typo-morphologiques ».
Même si Vernez-Moudon privilégie une prise en compte de plusieurs
champs d'études par le designer urbain, elle semble avoir adopté, dans ses
propres recherches, une approche morphologique ".
la pertinence et
Ce qui laisse transparaître
'actualité de ce type d'études dans le domaine de
l'aménagement.
Castex tente pour sa part d'arrimer I'histoire formelle avec I'histoire
sociale de la ville. Ceci témoigne d'une vision où la morphologie fait bon
ménage avec les disciplines reconnues des science humaines telles I'histoire, la
sociologie, etc.
Lévy tente aussi de limiter des Ie départ les prétentions explicatives de la
morphologie urbaine, il ne parie donc pas d'une approche explicative globale de
la ville. Tout comme Vernez-Moudon, il inserre la morphologie urbaine au sein
d'approches
-
sectorielles sur la ville intégrant l'aspect social,
l'aspect
-
J6 Notons a ce sujet ses études sur la croissance des villes nord-américaines et sur l'émergence
des formes suburbaines aux États-unis, notamment:
A. VERNU-MOUDON (1992) a The evolution of the twentieth-century residential fonns: an
American case study u, In J.W.R. Whitehand and P.J. Larkham, A s . Urban Landscapes :An
International Perspective. London: Routledge, p. 170-206.
bioclirnatique, l'aspect sémiotique, etc., la morphologie étant la discipline
s'intéressant au cadre physique de la ville, a sa dimension formelle. Lévy met
en relief la spécificité de l'approche morphologique et son utilité en
aménagement dans ses visées opérationnelles et projeduelles. II s'agit, selon
lui, de connaissances qu'aucune autre approche ne peut fournir. Ceci tend a
donner un rôle important et une autonomie relative a la morphologie par rapport
aux disciplines qui s'intéressent à t'aménagement 'urbain. Pour illustrer la juste
place de la morphologie dans l'ensemble des disciplines sur la ville, il semble
utile de citer Gerosa:
Si /a morphologie est incapable de rendre entièrement
compte de la ville, et si elle n'est pas entidfement
autonome dans le processus de sa constitution, elle
s'inscrit cependant avec son autonomie interne ii cdté
d'autres autonomies qui, toutes ensemble et dans leur
stratification, constituent la ville 47.
II faut dire que la portée restreinte de la morphologie urbaine provient
d'un choix déterminant pour la discipline: se limiter a la forme urbaine pour
considérer le phénomène urbain. La majorité des études effectuées jusqu'ici
porte sur un aspect particulier de la forme urbaine: le tissu urbain. Ainsi, comme
le mentionne Lévy: a les travaux des morphologues nous permettent de mieux
connaître le tissu urbain dans sa materialité. Cependant la ville ne peut être
réduite à la seule forme de son tissu urbain, il s'agit d'un phénomène beaucoup
plus wmplexeJ8N.
Gerosa souligne lui aussi t'aspect réducteur du regard unidimensionnel
orienté strictement sur l'aspect physique de la ville ( sa matérialité), la ville étant
-
-
P.G. GEROSA (1992) op. cit., p.218.
A. LÉW (1092) La qualit6 de le Ibmw, unbaim. ProbîërnatiQue et enfbux. Tome I et II, Nantes,
Rapport pour le ministère de l'tquipement, du Logement et des Transports, Secrétariat
pemanent du Plan urbain, p. 18.
47
48
pour lui un phénomène complexe et polysémique.
Castex quant à lui admet
aussi l'aspect limitatif des travaux des morphologues se cantonnant a l'étude de
la forme urbaine, du tissu urbain, mais il remarque, à juste titre, que la
dimension physique et spatiale de la ville n'est prise en compte par aucune
autre discipline. d'où l'urgence de constituer ce nouveau domaine de savoir. De
plus, il lui semble que EC cette réduction est nécessaire pour établir une science
propre au domaine bâti
1.2
».
Les fondements thdoriques de la discipline
Après avoir défini ce qu'est la discipline de la morphologie urbaine,
énoncé ses objectifs, précisé son objet d'étude et déterminé sa place parmi
l'ensemble des disciplines, et ce, a partir des contributions de Caniggia, Lévy,
Gerosa, Castex et de Vernez-Vernez, nous nous livrons dans cette partie, à une
synthèse de la théorie relative à la formation et la transformation du milieu bâti.
Les fondements théoriques de la discipline sont tirés principalement de
l'ouvrage substantiel de Gerosa intitulé: &nents
pour une histoire des théories
sur la ville comme artefact et forme spatiale jo. Ils proviennent également des
écrits de Caniggia
JI,
de Castex 32, de Lévy
53
et de Vernet-Moudon
-".
surtout
lorsque ces derniers abordent le travail théorique fondateur de Muratori. Le
J. CASTEX et al. (1995) (4 Histoire de la forme urbaine D dans Histoire urbaine, anthropologie
de l'espace, Paris, CNRS, Cahiers du PIR 1 villes, p.104.
w P.G. GEROSA (1992) Eibments pour une histoire des th40n'es sur la ville comme arlefact et
fonne spatiale (XV//le- XX&me si&&), Strasbourg, Université des sciences humaines de
Strasbourg, Collection Villes-Societés-Idées, vol. 7.
fl G. CANlGGlA (1 986) Studio sui processi di fornazione e di mutazione delle tipologie edi/izîe:
stado della disciplina, in: Consiglio Nadonale delle Ricerche (19û6) Probiemi del restauro in
Italia, Atti del Convegno Nazionale tenutosi a Roma nei gioni 3-6 novembre 1986. Cornpanotto
editore.
52 J. CASTEX et al. (1995) (C Histoire de la forme urbaine D dans Histoire umaine, anthropologie
de /'espace, Paris, CNRS,Cahiers du PIR 1 villes.
LÉW (1992) op. cit.
'.>A. E R N E - MOUDON (1992) cr A catholic appmach to organizing what urban designers
should know )) in Journal of Planning Lifferature 6 (may) , p. 332-349. Vers une approche globale
du design urbain. Traduction de Catherine Blain. LADRHAUS.
-"
Lexique de typo-morphologie du milieu bati de Pierre Larochelle, utilisé dans le
cadre de son séminaire u morphologie et syntaxe du milieu bâti D, est utile
également afin de clarifier certaines notions et concepts ( la notion de type et de
typologie notamment ) ".
Trois thèmes vont être abordes dans cette synthèse de l'ensemble des
idées et des concepts appliqués au domaine de la morphoiagie urbaine.
Premièrement, nous énonçons les principes au coeur du système déductif de la
discipline, c'est-àdire les postulats qui sont généralement acceptés en
morphologie. En deuxième partie, nous exposons les prémisses, c'est-a-dire les
propositions généralement admises comme bases de démonstration en
morphologie.
Enfin, nous ferons connaître les hypothèses relatives à
l'explicationdes phénomènes de structuration de la forme urbaine et qui guident
l'expérimentation des chercheurs.
1.2.1. Les postulats
A partir de la lecture et de l'analyse fouillée des textes susmentionnés,
nous avons pu dégager trois postulats fondamentaux. Nous avons retenu les
propos des auteurs qui explicitent le plus clairement, selon nous, les principes à
l'origine du système théorique de la morphologie urbaine. Les trois postulats
sont résumes brievernent et expliqués dans cette partie et ils apparaissent en
caractère gras dans les lignes suivantes.
Les formes urbaines sont des objets culturels, soit des artefacts
(phhomènes d'origine humaine) et B ce titre, elles peuvent Btre (tudides
en elles-memes (Formes = objets culturels).
P. LAROCHEUE (1996) Lexjqw typo-mOrphOrOgiqu8 du milisu bdti. Québec, Universite
Laval, Facufte d'architecture el d'aménagement, (inédit),
j5
Vemez-Moudon affirme qu'il est possible d'étudier les environnements
vernaculaires car
N
ce sont des objets culturels qui, parce qu'ils n'ont été ni
planifiés ni dessinés, peuvent révéler la relation profonde existant entre les
individus et les environnements, et représentent les traditions et des habitudes
intrinsèques du savoir-faire urbain (...)
5%.
Ce postulat signifie que les formes
urbaines sont révélatrices de l'activité humaine d'édification, c'est-à-dire de
l'action de construire des bâtiments, des villes. II est donc possible, selon ce
postulat, d'étudier l'environnement bati (l'objet) directement comme une
manifestation physique d r la tradition d'intéraction entre l'homme et son milieu
bâti. Cette optique est différente de celle des sciences sociales où l'on privilégie
généralement l'étude des individus (les sujets) dans leur environnement
urbains7.
Ce postulat est le point de départ nécessaire d'une théorie cognitiveexplicative de la morphologie urbaine. Les formes urbaines représentent un
savoir-faire, c'est-à-dire un ensemble de connaissances, d'expériences et de
techniques accumulées dans une société donnée. II s'agit d'un langage culturel
appartenant au corps social qu'il est possible de décoder et de comprendre.
Un autre chercheur (Ritchot (1985)) s'est penché sur la relation entre la
forme et la culture. Ritchot va dans le meme sens que Vernez-Moudon car pour
lui aussi les formes urbaines symbolisent la tradition d'interaction entre I'homme
(pratiques sociales et modes de vie) et son milieu bati (forme urbaine)?
VERNU- MOUDON (1992) DP. c#. , p.10.
Sebn Vemez-Moudon, la plupart des recherches aux Etats-unis portent sur 1'6tude des
individus dans leur environnement. Dans les années soixante, cette orientation est apparue
comme un élément essentiel du planning et du design urbain. Cette approche est, selon VemezMoudon, largement critiquée, parce qu'elle néglige souvent le côté a environnement B du couple
personne-envimnnement. Un retour à I'btude de l'objet a 616 juge nbcessaire par plusieurs
architectes influencés par des théoriciens dont Aldo Rossi.
58 G. RITCHOT et C. FELTZ (1 985) Fornie wbaine et pratique sociale, Montréal, Le Préambule
et Louvain-la-Neuve, tditions Ciaco.
56 A.
j7
La forme de la ville ne peut etre comprise qu'à parür de la manière dont
elle a 6t6 produite dans le temps, dans I'histoire (Formes = histoire).
Pour Gerosa, l'approche muratorienne doit être envisagée comme un
a historicisme absolu, selon lequel la réalité est histoire et se conçoit comme un
processus d'auto-formation: le passé explique le présent et le présent contient
l'avenir
59
a.
Selon ce postulat, les formes urbaines actuelles représentent
l'enregistrement d'un processus de sédimentation saisissable uniquement dans
une perspective historique et évolutive. L'état actuel de la forme de la ville nous
renseigne donc sur son processus de formation et de transformation. Caniggia,
dans la citation suivante, reprend les travaux théoriques de Muratori et énonce
clairement l'aspect central que revêt l'histoire en morphologies:
Fin da1 '54 egli capi presto che un organisme in fien corne la
cittd non poteva essere regdato da leggi trascendenti e
Nnmutabiîi, bensi da leggi irnmanenti, contenute entre il suo
stesso divenire processuaie, postulando cosi una sintunia,
se non un'identità, tra stona e struttura, tra stato aîtuale e
processo di costituzione-mutaione61.
La citation suivante prélevée dans le lexique de typo-morphologie de Larochelle
indique bien l'importance de considérer la forme urbaine dans une perspective
histor~que:
Deuxièmemement, elle (la morphologie urbaine) caract6rise la
forme urbaine comme une entité dynamique et
P.G. GEROSA (1992) op. cite,p. 179.
G. CANlGGlA (19û6) op. cit, , p.30.
A ia h des années 1954, ü (Muratori comprit aussitôt qu'un organisme en devenir comme la
ville ne pouvait pss Btte ?&#6 par des lois banscend8les et immuables, mais au contraire par
des lois immanentes, contenues dans son deuwn* prpcessuel même, postulant ainsi une
syntonie, simn une E
d
'e
M enbg histoim et sbudm, eerntre Btat acîu8I et processus de
constnrdio~utatron~
Traduction P. LAROCHELLE (1997) op. cit. , p. 6.
59
60
constamment changeante insérée dans une relation
dia!edique avec les prodocteurs et les usagers. Ainsi, elle
stipule que la forme de la ville ne peut etre compnse quY
partir de la rnaniére dont elle a été produite dans le
tempsd2.
Les formes urbaines ne se fabriquent pas au hasard, elles obhissent B des
rbgles,
des lois propres qu'il est possible de décoder et de rév6ler
(Formes t hasard ).
Lévy nous fait paR, dans le passage suivant, de cette vision du monde
structurée et organisée, conception centrale en morphologie urbaine.
Pour
Lévy:
L'idde principale et commune à ces travaux (en
morphologie urbaine) consistait à postuler l'existence d'une
logique sous-tendant l'organisation du tissu urbain (une
morpho-logie du tissu), et cela à diffbrentes époques, la
reconnaissance de catégories invariantes, de phdnoménes
de permanence, de m e s de transformation diachronique
responsables des mutations tissulaires: I'organisatim et /e
développement d'un tissu urbain ne sont pas le fruit du
hasani, ils obéissent à des lois pmpres 63.
Ce postulat à saveur structuraliste s'inscrit dans les courants d'idées
ayant permis l'émergence de la morphologie dans les années cinquante. II est
donc possible, selon ce postulat, d'étudier les formes comme une structure, en
d'autres ternes, comme un système dans lequel les éléments entretiennent des
relations mutuelles de solidarité et de complémentarité qui assurent la pérennité
de l'organisme urbain. Mais quel est le principe organisateur, orchestrateur de
Définition de a typo-morphologie m dans le Lexipue de typo-morpholo9E;e du milieu bâti, (inwit)
op. cit. p.33. Cette definition est empruntée & Vernet-Moudon.
63 A. LÉW (1992) op. Cit., p.3.
62
la forme urbaine?
Laissons Gerosa répondre à cette question centrale en
morphologie. Selon Gerosa:
La découverte des formes qui apparaissent avec une
fréquence élevée dans l'univers chaotique de la ville, le fait
que ces formes sont en rapport avec des structu~s
sociales et culturel/es, la constatation que ces formes ne
sont pas le résultai d'une classification abstraite appliquée
à posterion sur une produit, mais doivent correspondre aux
détermhatîons agissant dans le processus même de
formation du produit, am@énnt Muraton à proposer le
concept de (r tipo edilizio N (type d'édifice ou type
architectural) (... ) M.
1.2.2. Les prdmisses thdoriques
Nous voyons ici émerger une des prémisses de la théorie morphologique,
celle du
a
type » comme élément sous-tendant l'organisation des formes
urbaines. Nous allons voir maintenant comment cet élément agit dans le temps
et dans l'espace afin de réguler l'organisation des formes urbaines et ainsi éviter
un développement désordonné.
Le type comme élément premier de la théorie
Comme le mentionne Quatremère de Quincy:
En tout pays /'art de batir régulier est ne d'un germe préexistant. // faut un antécédent B tout. Rien en aucun genre
ne vient de rien, et cela ne peut point s'appliquer d toutes
les inventions des hommes. Aussi voyons nous que toutes,
en dépit des changements posténeun, ont conserv6
toupurs visible, (...), au sentiment et d la raison, ce principe
Mmentaiire qui est comme une sorte de noyau autour
duquel se sont agrégés et auquel se sont coordonnés, par
- -
64
P.G. GEROSA (1992) OP.
M.,p.181-182.
la suite, les àéveIoppements et /es variafions de formes
dont l'objet était susceptible (Quatremere de Quincy,
1825)65.
Comme le souligne Quatremère de Quincy dans cet extrait, a rien ne
vient de rien B, ce qui signifie qu'il doit exister une structure d'information
continuellement transmise do génération en génération, sorte de
programme 1)
qui gouverne l'édification humaine. II doit exister un mécanisme qui régule
l'édification et qui sert de jonction entre les individus et le groupe, entre les
objets particuliers et un groupe d'objets répondant à des nécessités communes
a un moment et dans un lieu géographique donnes. Mais comment définir cet
élément de jonction qu'est le type et comment ce dernier agit4 dans la mise en
place du bâti dans la ville66 ?
Selon Gerosa, le type est u le patrimoine commun d'une certaine culture,
intériorisé dans les processus mentaux de chaque constructeur appartenant à
une culture donnée, située dans un espace géographique et dans un temps
donnés
67
» .
Selon Gerosa, ce schéma sous-jacent est ouvert aux
diversifications spatiales. synchroniques et diachroniques. Gerosa parle du type
(4
à priori B, car il s'agit d'un ensemble organisé de connaissances déjà
présentes dans la téte du bWsseur, avant même que celui-ci ne construise sa
maison. De fait, ce dernier construit son habitation en fonction du concept de
la définition de a type architectural B dans le Lexique de typo-morphologie du miMu
bdti, op. cit,, p.30.
66 Dans le présent texte nous utilisons la notion de type lorsque nous faisons &ference au
processus de création de la forme. le concept de typologie quant B lui est applique A la méthode
de reconstitution du type, il fa@eférence au processus cognitif et explicatif. II faut présumer de
I'existence du type a prion comme pfincipe opératoire pour, par la suite. grâce à l'analyse rendre
explicite ce principe en dressant une typologie. Pour reprendre la disUndion entre ces deux
termes indiquhe dans le Lexique de typo-morphologie du milieu Mi:le type est a l'information
opératoire enracinee dans une tradition tandis que la typologie a est 1'61ude. dans un milieu
urbain donné, de l'ensemble des types qui permettent de caractériser le tissu construit B.
67 P.G. GEROSA (1992) É~ments
pour une histaii des Meories s u la ville comme e M W et
lbnne spatiale (XVlle- X)(Bme SM),
Strasbourg, Univenit6 des
humaines de
Strasbourg. Colledion Villes-Soci&&ld6es, vol. 7, p.233.
65 Tiré de
maison en vigueur au moment ou il la fait. II en découle que sa maison est
apparentée aux autres maisons fabriquées dans des lieux non éloignes et dans
des temps rapproches car elles comportent toutes un bagage culturel identique.
C'est le bagage partagé par un groupe social particulier dans un milieu donne
qui guide l'action de chacun des individus dans l'édification, car comme Castex
l'indique en reprenant les propos de Muratori, a la sociabilité de tous compte
plus que la dispersion des individus se 8 .
Pour Caniggia le type est une sorte de a progetto mentale B (projet
mental) présent en chaque artisan de ce temps et de cette aire avant même qu'il
ne mette la main a la construction, synthèse globale qui caractérisera ensuite
l'édifice construit, dérivée de l'expérience précédente et matrice des suivantes@?
Le Lexique de typo-morphologiedu milieu bâti reprenant les propos de Caniggia,
nous indique dans quel contexte particulier le type opère:
Dans un moment de plus grande continuitb sociale, le
travailleur guidé par la conscience spontanee, se trouve à
pouvoir faire un objet sans (( Mexion u, conditionné
seulement par l'effet inconscient de la culture héritée, celle
transmise et d&eloppée
au moment temporel
correspondant d sa pratique: cet objet sera déterminé d
travers les expériences prr)cédentes réalis6es dans son
environnement social (...) 70.
CASTEX et al. (1995) a Histoire de la forme urbaine w dans Histoim urbaine, anthmpologre
de l'espace, Paris, CNRS, Cahiers du PIR / villes, p.109.
69 G. CANlGGlA (1 986) Studio sui processi di ibnnazione e di mutaPone delle tipahgie edilkzie:
stado della disciplinar in: Consiglio Nazionale delle Ricerche (1986) Prob/emi del restaun, ih
CtaIia, Atîi del Convegno Nazionale tenutosi a Roma nei giomi 3-6 novembre 1986. Companotto
editore, p.30: una sorte di a
mentale u, piesente in ciascun Meifce di quel momento e
di qudi'area pima m r a di por mano alla cosbuu'one, siiesi globale (...) the sard poi
mIten'xzante l'editkb costnrito; derivata dai/'espe&nta antecedente e m
e delle
68 J.
susseguenti .
P . L A R O C H U (1996) Lexique de fypo-morphobgb du milieu bâti. Qu6bec. Faculté
d'architecture et d'amdnagment, Université laval, (inédit) p. 25-26.
Le t w e agit en situation de conscience spontanée (édification traditionnelle]
Notons que le type cc a priori N est un principe agissant dans un contexte
d'édification traditionnel ou spontané, donc le résultat d'une activité inconsciente
de la part de constmcteurs perpétuant des traditions.
La production des
constructions vernaculaires du bâti de base, qui caractérise l'architecture
présente dans le coeur des villes anciennes, est le fruit de cette édification
traditionnelle réalisée généralement sans plans, sans dessins. Nous employons
le terme r tradition D pour signifier ici une manière d'agir, de construire qui est
un héritage du passé transmis de génération en génération.
L'unité d'ensemble de ces milieux bâtis s'explique par le fait que le type
a
idéal i, est connu et partagé par tous les artisans constructeurs, maçons,
charpentiers, menuisiers, etc. Par exemple, lorsque ces b&isseun construisent
une habitation, ils font appel au concept de
*:
maison w le plus courant dans la
localité et dans la communauté auxquelles ils appartiennent.
Ces artisans,
lorsqu'il vont appliquer le concept de « maison », vont bénéficier de tout un
ensemble de développements opérés par les générations précédentes (la
tradition constructive de cette localité).
De la rnârne manière, ils adoptent
spontanément les conventions leur permettant de répondre à toutes sortes de
situations, de necessités.
De plus, ils adoptent naturellement les règles
permettant d'insérer leur oeuvre en relation avec les autres constnidions
environnantes. Notons qu'ils effectuent a chaque fois un travail original de
création.
Nous voudrions ajouter ici les propos éclairants de Panerai afin de bien
faire comprendre la notion de conscience spontanée agissant dans l'édification
traditionnelle des villes. Panerai affirme que:
De meme que l'architecture urbaine est le plus souvent
anonyme, procédant par types, types consacrés et
implicites, transmis par {( voisinage M, et qui au moins
jusqu'au XiX &ne siècle, dependent moins d'une
codification par les livres, que du savoir-faire traditionnel
des entrepreneurs et des artisans, du respect d'une
règlementation simple, et du concensus qui s'est établi sur
des dispositions banales: alignement, mitoyenneté, rt3le de
la cour,etc. 71.
Comme nous le voyons ici, la conscience spontanée prédomine dans des
périodes plus stables durant lesquelles la culture ne change pas de manière
radicale et généralement, le type a prédominé dans la production des
constructions vernaculaires.
Ce que le type contient comme information
Premièrement, nous pouvons affirmer, en nous basant sur les propos de
Gerosa, que le type comprend les attributs, les propriétés essentielles de la
forme du bâtiment.
Par exemple, nous pouvons penser à la manière dont
doivent étre disposées les pièces pour répondre à des usages particuliers
(modes de vie) dans une société donnée et le systeme distributif (position de
l'escalier, des entrées, etc.).
Nous pouvons également penser aux attributs
formels nécessaires a la protection climatique dans un lieu géographique donné,
au systeme constructif ainsi qu'aux éléments ornementaux. Troisièmement, le
type comporte aussi, et ceci est important afin d'aborder un échelon supérieur
de structuration des formes urbaines, des informations relatives aux relations
qu'entretiennent l'objet avec des structures de plus grande échelle (par exemple
la relation entre un bâtiment et le tissu urbain, soit le parcellaire, le réseau
viaire, le site, etc.).
7'
P. PANERAI et al.
moderne, p.80.
(1880)
~16mentsd'analyse urbaine, Bruxelles, Archives d'architecture
Pour résumer la notion de type architectural, il s'agit en quelque sorte du
a programme B, c'est-à-dire de I'ensemble
des notions organisées selon une
finalité utilitaire: wnstruire un bâtiment. Et à partir de ce programme, de cette
structure commune et partagée par I'ensemble des individus d'une communauté
donnée (un langage commun), il est possible de produire une infinité de
résolutions individuelles.
C'est une sorte de r manuel d'instruction .p pour
accomplir une tache, ces instructions sont présentes à l'esprit du constructeur
de manière non consciente:
4
il sait B ce qu'est une maison et comment la
wnstruire. Le a manuel n est connu de tous.
II représente un bagage culturel
commun et permet une cohésion d'ensemble des formes qui, comme nous
I'avons vu, n'est en aucun cas le fruit du hasard.
Le type aait aux quatre échelles de structuration de l'environnement bâti
Nous avons vu le rôle du type dans la construction des édifices et plus
précisément pour l'habitation humaine. Voyons maintenant en détail une autre
prémisse importante en morphologie urbaine. Selon Castex:
Le type ne régle plus seulement la connaissance de
l'édifice, il est présent B tous les niveaux et, à chaque fois, il
atticule tout un système de conespondances avec
l1&onomie, la technique, les impératifs éthiques et
esthétiques et les valeurs de la pratique 72.
Comment ne pas étendre l'action ordonnatrice du type, observe a
l'échelle de la construction d'un bâtiment, a celle de l'organisation des formes a
des échelles plus étendues (tissus, villes, etc.)? Surtout, et nous l'avons vu
auparavant, que le type contient le système de relations avec les objets à de
plus grandes échelles. Le saut est facilement franchissable et Gerosa nous
72 J.
CASTEX (1995) op. M., p.1OS.
fournit, à cet effet, une nouvelle prémisse de la théorie.
Pour lui,
l'environnement est construit comme une imbrication de quatre échelles
spatiales significatives, soit l'édifice, le tissu bati, la ville et le territoire.
Selon Gerosa qui reprend les propos de Maretto, un disciple de Muratori,
le type agit à quatre échelles de structuration de I'environnement bati:
L'approfondissement de la notion de type et de ses liens
avec les autres manifestations de la civilisation (...),
conduisent Maretto à concevoir une continuité dans la
structuration de l'ensemble du monde bâti selon une
progression d'échelons (...) qui va de I'édifce au territoire,
et qui comporte quatre échelles ou niveaux rétablissant
l'unité du monde bâti, l'unité des artefacts immobiles ou
situés. Ces échelons sont, grosso modo: l'édifice, le
groupement des édifices dans le tissu; la ville; le territoire?
Bien qu'à certains égards, il n'est pas toujours commode de transposer
les pistes d'explication de l'échelle du bâti à l'échelle du tissu, de la ville ou du
territoire, l'existence des quatre échelles est admise par l'ensemble des
chercheurs en morphologie urbaine.
Si l'on affirme qu'il existe une chaîne
logique qui unit un édifice à un ensemble d'édifices dans un tissu, ce système
devrait aussi réguler l'édification
a
d'autres échelles (la ville, le territoire).
Comme le fait ressortir Gerosa, il faut toutefois admettre les limites d'une telle
conclusion Iorsqu'on étend la notion de type à des organismes plus complexes
aux échelons supérieurs, notamment à celle du territoire. Gerosa affirme que
a
le territoire peut difficilement faire l'objet d'une synthèse aprioristique B,
comme nous pouvons concevoir le type architectural, a parce que les rapports
du bâtisseur avec lui sont de toute autre nature que ceux qu'ils ont avec
l'édifice74 B. Néanmoins, il ne faut pas nier ici l'importance des quatre échelles
de structuration des formes urbaines afin de viser une compréhension globale
--
74
--
--
p
p
P.G . GEROSA (1992) op. cit., p.l M.
/bU..,p.194.
du processus de formation et de transformation de l'environnement bâti. Ce qui
signifie garder en mémoire qu'il existe une logique unitaire qui relie l'édifice au
territoire. Notons que dans la présente thèse nous nous limiterons, compte tenu
des contraintes de temps et de moyens qu'impose la recherche doctorale, à
l'étude des deux premiers échelons soit: le bati et le tissu urbain.
La correspondance entre les échelles morpholocricrues et les niveaux de
sociabilité
Selon Castex, chaque échelle décrite précédemment (l'édifice, le tissu
bati, la ville et le territoire) u suscite un niveau de sociabilité connu qui permet
de les retrouver: la maison (...); la rue (...) ; la ville; la région7Jn. Pour être plus
précis, nous pouvons dire que chacune des échelles implique un mode de
groupement humain particulier. À chaque niveau (l'édifice, le tissu, la ville, le
territoire), la vie sociale s'organise. Pour chaque échelle de structuration, il
existe un niveau particulier de groupement de personnes, selon une structure de
correspondance suivante empruntée a Gerosa (tableau II). A titre d'exemple
pour illustrer cette liaison entre I'organisation morphologique et I'organisation
sociale, il est facile de concevoir:
- La maison comme la cellule principale de I'organisation de la famille,
- Le tissu comme Blement fédérateur de la vie de quartier, de voisinage,
- La ville comme la manifestation d'une communauté urbaine,
- Le territoire comme la manifestation d'un lieu d'appartenance à une région.
La vie sociale a besoin d'un support spatial pour s'organiser et
I'environnement bâti constitue le témoignage tangible de cette organisation
sociale. Ce cadre physique constitue les divers niveaux d'appartenance d'un
75 J. CASTW et al. (1995) a Histoire de la forme urbaine r dam Histoie urbaine, anthropobgk
de l'espace, Pan's, CNRS, Cahiers du PIR / villes, p.105.
--
p
-
Société nationale, régionale
Territoire
Communauté urbaine, villageoise
Ville
Voisinage, quartier
rissu
--
Édifice
--
Famille, couple
Tableau Il: La conespondance entre niveaux d'bcheltes et niveaux de sociabilité.
Source: à partir de GEROSA, P.L. (1992)
individu à une collectivité. Les niveaux de sociabilité se manifestent a travers le
bâti et, selon Gerosa, l'on retrouve aisément ces découpages propres aux
groupements humains dans la structure même des formes urbaines.
De cette prémisse découle une autre consequeme: la maison correspond
à la première cellule d'organisation sociale (la famille) et, de ce fait , la maison
est l'objet le plus proche de l'expérience quotidienne des individus. II émane de
ce constat une conséquence importante pour la théorie morphologique:
la
maison est déterminante dans la manière dont vont s'organiser les formes
urbaines à d'autres échelles, elle constitue la cellule de base, sorte de matériau
élémentaire, à partir duquel s'élabore des organismes plus complexes (tissu,
ville, territoire).
12.3. Les hypotheses
Revenons maintenant au concept premier nécessaire a l'étude des
formes urbaines, c'est-à-dire à celui de type comme synthèse à priori, sorte de
code génétique des formes. Nous savons que le type se compare à un bagage
culturel, qu'il est hérité et se réfère a tout un système d'antécédents. De plus, il
est conditionné par le milieu culturel dans lequel il se manifeste. Pour vérifier
l'existence du type comme principe ordonnateur, il faut, selon nous, poser deux
hypothèses. Chacune est puisée dans le Lexique de typo-morphologie du milieu
bâti de Larochelle.
Premièrement, t'on pose l'existence d'une relation entre un objet existant
et les autres objets non contemporains, c'est-a-dire un principe de dérivation )j
qui peut être défini comme suit:
La dérivation (derivazione) est la relation d'un objet avec
les autres objets non contemporains, avec le système
d'antécédents que chaque objet possède. La relation
diachronique entre objets de &me nature, v6tMable
loisque nous prenons en examen un objet actuellement
prbsent - par exemple celte table - et le comparons avec
un autre objet analogue une table - produite
pr8cédernrnent. Nous découvrons entre un et l'autre une
relation, pas nécessairement de d&ivation directe - c'est-8dire,quV n'est pas dit que celui qui a fait la table actuelle ait
eu une connaissance de la table p&c&ente
a laquelle
nous la confrontons et cependant. une dation qui passe
par un système de connaissances communes A celui qui a
fait l'une et a celui qui a fait l'autre, la fois dérivée de
I'exp&ence de la culture spécifique de la n fabrication des
tables N dans un environnement culturel, prolongée dans le
temps et processuel 76.
-
La ddfinition fournie s'appuie sur la notion de a derivation r tirée du Lexique de typomorphologie du m i I h bW, (inédit), op. &, p.8. Cette définition donnée par Larochelle provient
des textes fondateurs de Caniggia et de Maffei (1979) Compozhne Arch#ettonka e Typologia
Edilkia. Vol. 1: Lettufa dell1&iliPs di base, Venizia, Marsilio: p.61: (Derivazion) (...) /a rel8tione
76
Le deuxième énoncé pose l'hypothèse d'un phénomène de CO-présence
agissant dans la structuration des formes urbaines qui peut être défini comme
suit:
La ceprésence (compresenza) (...) signifie qu'au moment
OU plusieurs objets sont présents en meme temps dans des
espaces contigus, il ne peut pas ne pas s'être forme un
système de relation entre de tels objets: peut-être un
rapport de nuisance réciproque, le contraire d'un rapport
eficient, ou bien un rapport de collaboration; en tous les
cas, il y a un rapport Un rapport determine toujours une
structure, c'est-adire un mode de participation mutuel,
d'inteflérence réciproque entre deux ou plusieurs entjtds.
La coprésence, en outre, se réalise d'une manière double:
entre des objets d'échelle analogue, et entre des objets
d'dchelles ditférentes n.
Ces deux hypothèses permettent d'expliquer la réciprocité, l'unité gtobale
des formes urbaines ou les objets restent ensemble et tirent partie de cette
cohabitation, leurs fonctions réciproques, leurs corrélations et leur identité.
diacronica tra oggefti della stessa natura, verificabile allorcht? prendiamo in esame un oggetto
attualmente presente- ad esempio, questo tavob O questo sgabello-e Io cornpariam0 con un aItro
ogetto analogo-un tavolo O uno sgabello-pradotto ~ceâenfemente.Smpnamo tra I'um e l ' a h
una relazione, non necessaiamente di derivazione diretta-ossia, non é detto che chi ha falto il
tavolo attuale avesse una conoscenza di quel tavolo antecedente con il quale lo confiontiamo-e
tuttavia una relazione, che passa da un sistema di cogniu'oni comuni a chi ha fatto I'uno e a chi
ha fatto Ifalho,a Ion, wRa derivate dall'espenenza, dalla cuRura specifica ml a fare i tavoli » in un
intomo civile, proiungata ml tempo e processuale.
77 La dbfinition fournie sappuie sur la notion de a co-présence B tirée du Lexique de typomorphobgie du milieu bâti, (inédit) op. &., p.7. Cette définition donnée par LarocheHe provient
des textes fondateurs de Cnniggia et de Maffei (1979) op. CR. p.60-61: (compresenza):
Compresenza non s@&a srittopla assoluta, ma relativa: ossia due O pili oggetti ediliu sono
contempraneamente presenti in um Stress0 ambito spsu'ale, non occupsm, owiamnte, Io
stesso spazio se contemporsnei,
in conâizioni simnica. Signes Che al moment0 in cui w i
sono piii ogetti presenii ne/& stesso momenfo m spari amgui non essersi fwm8to un sistema di
mla&ne îr8 tali oggetlrI pud essere un rapport0 di reclreclpco
fbstkfb, il conira& di un rapport0
e-nte,
oppure un rapport0 di colIaboJIau'one; in ogni cas0 8 un rapporto. Un rapport0
determiin8 sempre una sihRI1~8,
ossia un modo di pevtecipazhne mutue, di
iMedWenza
tre due O piU entitd. La compresenta, imRe, si m a l k a in un duplice modo: tra oggeffi di sala
analoga, e îka oggpffi di scals diversa.
1.3.
Les outils de lecture des formes urbaines
Comme nous l'avons vu auparavant, le type est l'élément abstrait, a priori,
orchestrateur de la forme urbaine qui opère en situation de conscience
spontanée ou en période d'édification traditionnelle. La typologie quant à elle
est dressée à posteriori par le chercheur et elle tente de faire ressortir, de
rendre explicite le type par l'analyse de cas réels
typologique devient (...)
Selon Lévy, st l'instrument
le principal outil d'analyse: les concepts de type
d'édifice et de typologie sont poses comme les principaux moyens d'étude et de
connaissance du tissu urbain 78
B.
Le Lexique de typo-morphologie du milieu
b&ti de Larochelle présente la typologie du bâti comme a l'étude, dans un milieu
urbain donné, de l'ensemble des types qui permettent de caractériser le tissu
construit 79
Y.
Le lexique définit la typologie comme 4 science de l'élaboration
des types, facilitant I'analyse d'une réalité complexe » telle la forme de la villego.
Mais comment concrètement dresse-ton une typologie, par quelle méthode?
1.3.1. La typologie comme instrument de lecture
La typologie est construite par I'analyse et elle cherche à faire ressortir
les propriétés essentielles, communes à une catégorie d'objets réels et permet
d'en rendre compte. Nous pouvons penser à un ensemble de bâtiments ayant
un mode d'implantation commun et des caractéristiques architecturales
analogues (une a famille ID de bâtiments). Nous observons les similarités d'un
ensemble d'objets comme manifestation de la même idée génétique, du même
type répondant à un usage donné dans un contexte culturel spécifique. Ainsi, à
A. LÉW (1992) La qualit6 de la Ibmn,wibaine. Robkmatique et enjeux. T o m I et II. Nantes,
Rapport pour le ministem de ~'equipernent,du Logement et des Tmnsports. Secrétariat
permanent du Plan urbain, p.4.
79 Voir la définition de a typologie B dans le Lexique de typo-morphologre du miIÈeu bati, (inddit),
op. M.,p.32.
LOC. cit.
'8
l'aide de I'intrument typologique, nous mettons en lumière, nous rendons
explicite le type abstrait, préexistant à l'acte de batir, soit le principe ordonnateur
de l'objet auquel semblent avoir adhéré, dans ce milieu donné, les bâtisseurs.
Le processus tv~ologique
Le chercheur dressant une typologie intervient rationnellement B
posteriori, il tente d'identifier les caractères communs à un groupe d'édifices afin
de rendre explicite le programme (le type) qui les a engendrés a un moment
donné (analyse synchronique).
Un chercheur peut aussi s'intéresser aux
diverses phases de formation et de transformation du type dans le temps et
dans une ville donnée (analyse diachronique). Ceci implique qu'il faut
reconstituer les phases antérieures qui ont contribué à façonner la forme
actuelle d'un bâtiment. Comme le mentionne le Lexique typo-morphologie du
milieu bâti:
La nofion de processus typologique seit à indiquer que non
seulement l'agrégation des diffërenfes composantes de
l'habitat dans l'espace se déroule en suivant un ordre
rationnellement analysable, mais que le changement des
structures dans le temps et l'intégration des nouveaux
éiérnents dans le contexte d&j& constitué s'effectuent
suivant une certaine logique, dans une continuité de
relations 81.
C'est ce que nous entendons par l'expression a processus typologique B
qui peut être défini comme la reconstitution rationnelle du devenir du type dans
le temps et dans l'espace. Pour Castex, le processus typologique est justement
n le devenir du type bati dans le temps et à travers ses adaptations successives,
comme le fruit de l'expérience induite d'époque en époque, qui produit de
81 P .LAROCHELLE, (1996) Lexque d typomnphlogEe du milieu bsti, Quebec, Faculté
d'architecture et d'ambnagement, Université Laval, (inddit), p. 20.
nouvelles altérations82 8.
L'examen du processus typologique permet de
rendre compte, par l'analyse, de la mutation progressive des types,
succession de phases qui se suivent 1)
83.
a
dans une
Comme exemple de ce processus d e
mutation du type dans un même lieu, Caniggia parle du a processus tipologico n
comme la diversification progressive et graduelle du u concept de maison N que
nous voyons se réaliser dans un même agrégat, au fil des ans
M.
Caniggia
apporte certaines précisions méthodologiques quant a la manière de rendre
compte du processus typologique:
(( Sintesi a priari M.
appunto, con i caratteri propr? del
« concette a: ie cui qualità possiamo individuare solo
comparativarnente, leggendo e ricostruendo il prima 1) e il
{( dopo N , in una serie stonca di tipi costuente, appunto, il
« processo tipologico » halienabile dalla cultura antropica
di quel'areaa5.
Ceci implique que nous ne pouvons identifier les qualités du type, ses
règles de formation et de transformation, que par comparaison avec l'état
antérieur de l'objet et en le comparant a son état actuel. C'est l'unique moyen
de rendre compte de l'ensemble des opérations organisées dans le temps ayant
mené à son état actuel.
Afin de bien saisir la notion de processus typologique, nous nous
proposons ici d'explorer un exemple particulier qui concerne la typologie de la
82 J. CASTEX et al. (1995) ct Histoire de la forme urbaine )) dans Historie uhaine, anthmpologie
de l'espace, Paris, CNRS, Cahiers du PIR 1 villes, p.112.
83 Voir la définition de processus typologique n dans le Lexique de typoniorphologie du milieu
bati, (inédit), op. cit., p.20.
8J G. CANlGGlA (1 986) Studio sui pucessi di fonnaUone e di mutazione delle tipoI0gi;e edilizie:
stado della discio/ina, in: Consiglio Nazionale delle Ricerche (1988) Rublemi del restauro in
kalia, Atti del Convegno Nazionale tenutosi a Roma nei giomi 3-6novembre 1986. Companotto
editore, p.26: Cosi die dehiamo r prooesso tipoogico w il mutare del tip ediliuo in uno stesso
Iuogo: il progessivo e sc8Iare diversilîcwsi del R mncetto di casa w che vgdiamo inverarsi nello
stesso aggPegato, al passare del tempo.
85 G. CANIGGIA (1986) op. cr% p. 30.
maison québécoise. Pour ce faire? nous pouvons nous servir de I'ouvrage de
Lessard et Marquis intitulé Encyclopédie de la maison québécoise, 3 siècles
d'habitations86 . Bien que cet ouvrage soit paru en 1972, il incarne, selon nous,
une démarche typologique avant la lettre au Québec, car il retrace l'évolution du
concept de maison des débuts de la colonisation à nos jours.
Les auteurs
s'intéressent à l'habitat domestique en Nouvelle-France et tentent d'inscrire son
évolution pendant trois siècles d'édification. Nous allons aussi nous servir de
l'étude de Gauthier-Larouche?
Nous allons nous limiter à deux phases bien explicitées dans I'ouvrage de
Lessard et de Marquis, la phase s'étalant de 1608 à 1780 où le type dominant
est la maison d'inspiration française, et la phase de 1780 a 1920 où le type
courant subit une série de transformations additionnées les unes aux autres,
modifiant le caractère original de la maison dite d'esprit français (figure 1). Afin
de reconstituer logiquement le processus typologique de la maison, les auteurs
dressent une typologie de la maison à deux moments donnés assez éloignés
dans le temps. II s'agit en quelque sorte de deux lectures synchroniques à deux
moments donnes de l'histoire. Cet intervalle chronologique doit étre d'ampleur
suffisante pour que les mutations soient étudiées par comparaison entre ces
deux états successifs, il s'agit de l'analyse diachronique. Dans le cas nous
intéressant, il s'agit d'un laps de temps de trois cents années environ.
Les critères visant à déterminer les caractéristiques essentielles du type,
à un moment ou à un autre, doivent être les mêmes. Malheureusement, les
auteurs ne nous fournissent pas de façon explicite leur méthode et c'est peutêtre là la principale faiblesse de I'ouvrage de Lessard et de Marquis.
M. LESSARD et H. MARQUIS (1972) Encyclopedie de la maison québécoise, 3 sidcles
d'habitations, Montreal, cditions de l'homme.
n7 GAUTHIER-LAROUCHE, G . (1974) Évolution de la maison rurale traditionnelie dans la mion
de Québec, Québec, Presses de I'universite Laval.
Figure 1: Maison normande du 1Wme siéck. Cette maison ressemble aux plus
anciennes maisons de la région de Québec. Remarquons parmi ses principales
caractéristiques, l'angle de la pente de toit et le faible débord de la toiture. Source:
GAUTHIER-LAROUCHE, G. (1974).
Néanmoins les auteurs établissent une comparaison claire entre les deux stades
du type d'habitat québécois (à la fin du 17eme et au début du 19eme siècle), fort
révélatrice de « l'ingéniosité et de la débrouillardise du petit peuple québécois,
véritable artisan et architecte de ces oeuvres de pierre et de bois » 88. Nous
pouvons dire que les nouveaux arrivants en Nouvelle-France transportent avec
eux la façon de faire courante de la localité d'ou ils proviennent, principalement
de Normandie et de Bretagne, façon de faire elle-même héritée de l'architecture
romane. Les auteurs remarquent que les premières édifications présentent un
rapport de parente étroit avec les maisons bretonnes ou normandes, c'est pour
cela qu'ils utilisent le vocable de a maison d'inspiration française )) pour qualifier
les premières édifications en Nouvelle-France.
Nous pouvons résumer
brièvement la typologie de la (< maison d'inspiration française )) au 17eme siècle:
Au niveau du rapport au sol:
- Le plancher du rezdethaussée est directement au niveau non remanié du sol;
- Les fondations sont peu profondes;
Au niveau du carré d'habitation
- Le corps du logis est garni de quelques ouvertures ( une porte et de six à sept
fenêtres);
Au niveau du couronnement:
-
La maison est caractérisée par un haut chapeau élancé avec une pente
oscillant entre 50 et 55 degrés (en conformité avec le style des chaumières
bretonnes);
88
M. LESSARD, et H. MARQUIS (1 972) op. cii., p.18.
- On constate une multiplication des cheminées en toiture;
- La toiture ne comporte aucune saillie au-delà de la verticale
des murs de
façade (gouttereaux) et des murs pignons.
Au niveau des dimensions générales:
- La maison de forme rectangulaire est de faible dimension;
- Les ouvertures sont généralement deux fois plus hautes que larges;
- La hauteur de la toiture correspond à deux fois la hauteur des murs de façade
(murs gouttereaux);
Quant aux matériaux utilisés, le bois et la pierre abondamment
disponibles sont des matériaux courants de parement. Au début de la
colonisation, les artisans réalisent la structure de la maison en empilant des
grosses pièces de bois les unes sur les autres (pièce sur pièce). Cette ossature
pleine est recouverte du côté extérieur de planches ou de crépi sur lattis. II
existe aussi des structures pleines en pierre. Nous retrouvons plus rarement
des maisons à colombage de bois avec un remplissage de pierre (maison à
colombage pierroté). La charpente du toit est aussi réalisée à l'aide d'une
grosse charpente de bois jointe par tenons et mortaises.
généralement recouverte de bardeaux de bois.
La toiture est
Si l'on analyse en détail les
caractéristiques du type à cette époque, plusieurs constats s'imposent:
- Le mode de chauffage déficient et le manque de moyens d'isolation (technique
non maîtrisée) expliquent la dimension réduite du logis et son manque de
fenestration;
- La toiture offre plus de prise aux vents froids à cause de sa pente prononcée;
- II manque une protection climatique pour la neige au niveau de l'entrée;
- La maison est déposée directement sur le sol froid et humide.
L'ensemble de ces caractéristiques du type représentent une inadaptation
aux exigences climatiques du lieu. L'adaptation au milieu d'implantation est
observable dans la phase suivante. De 1780 à 1920, nous voyons apparaître
un nouveau moment du type, soit la phase dite a québécoise )t (figures 2 et 3).
Nous assistons au résultat tangible de l'affinement des savoir-faire et de
tâtonnements menant à une adaptation, à une série d'opérations logiques
menant à une nouvelle disposition atteinte au 18eme et au 19eme siècles avec
la
a
maison québécoise u.
Les auteurs arrivent à dégager les traits
typologiques suivants:
Au niveau du ra~portau sol:
- Le plancher du rez-de-chaussée est dégagé du sol, la surélévation correspond
a ta hauteur maximale des chutes de neige en une saison. II existe un sous-sol;
- Les fondations sont situées au dessous du niveau de gel;
- Une galerie prolonge à l'extérieur le niveau du rez-de-chaussée
(perron
surélevé);
Au niveau du carré d'habitation
- Le nombre d'ouvertures s'accroît jusqu'a vingt percements par bâtiment;
Au niveau du couronnement:
- La
pente de la maison s'adoucit à 45 degrés, angle minimal pour pouvoir
utiliser le bardeau de bois et pour éviter les infiltrations d'eau;
- On assiste
au prolongement des larmiers afin de couvrir la galerie (galbe.
courbure, ligne brisée ou garde-soleil ajouté);
-
La maison comporte des souches de cheminée moins volumineuses et en
nombre réduit (amélioration des foyers fermes en fonte);
-Des lucarnes apparaissent plus systématiquement à l'étage des combles
(installation de chambrettes);
Au niveau des dimensions çiénérales:
- La dimension des logis s'accroit et on assiste à un dédoublement du volume
principal de la maison par l'ajout, du côté nord, d'une cuisine d'été (cette
dernière est utilisée comme lieu de vie l'été et sert de garde-manger l'hiver en
plus de servir de pièce tampon protégeant la maison des vents froids);
- Les ouvertures sont toujours deux fois plus hautes que larges.
En ce qui a trait aux matériaux, l'utilisation du bois devient dominante
grâce à ses propriétés isolantes et l'on voit apparaître le calfeutrage servant a
combler les interstices.
La tôle fait son apparition comme matériau de
recouvrement de la toiture.
Nous voyons ici à l'aide de l'exemple québécois, les deux caractéristiques
fondamentales du type architectural, son lien constant avec les bâtiments qui
existaient avant lui (les maisons d'inspiration française) mais aussi l'importance
du lieu dans lequel s'effectuent ces développements.
Nous assistons à
l'importation d'un type de maison européen dans le contexte nord-américain.
Tout en partant d'un filon d'origine européenne, l'habitat québécois va connaître
de multiples transformations.
De fait, une des caractéristiques du type est de
s'inscrire dans un lieu, dans une aire culturelle donnée.
Les modifications
opérées sur la maison d'origine française sont la preuve de cette adaptation.
Les mutations de la a maison d'origine française 8 vont se faire par rapport à un
milieu donné, la Nouvelle-France, soit une aire géographique spécifique. Cette
aire culturelle particulière a des incidences sur la forme même du bâtiment
(climat, matériaux disponibles, modes de vie, etc.).
Ceci témoigne de
l'importance du lieu, soit de 1' a aire culturelle a dans laquelle se manifeste le
type. Si l'on se réfère au Lexique de typo-morphologie pour définir cette notion
d' u aire culturelle B, il s'agit d'une portion de territoire ou il existe une plus
grande possibilit0 d'échanges entre ses habitants. Dans ce lieu particulier se
forme un code global de comportement, une coutume, une langue différenciée
des autres, bref ce que nous appelons une aire culturelle (cadre de référence
agissant sur la forme). Notons l'émergence, par la suite, de nouveaux types à
cause de l'influence de la culture anglaise en terre nord-américaine. Ces deux
types (français et anglais) vont éventuellement se fusionner et s'influencer
mutuellement.
Notons aussi l'importance de nouvelles techniques de
construction (étanchéité, etc.) qui vont permettre une densification verticale et
l'émergence de nouveaux types faubouriens (empilement d'unités de
logement)".
Le type est enraciné dans le temps
Nous avons vu tout d'abord le rôle ordonnateur du type comme idée
synthétique de la forme d'un bhtiment et de ses attributs, dont on hérite, et qui
se transforme dans I'histoire pour s'adapter aux nécessites et aux besoins
nouveaux. Pour imaginer ce processus enracine dans I'histoire, nous pouvons
comparer la u maison d'inspiration française w , construite en Nouvelle-France, à
la a maison québécoise n . Bien qu'il s'agisse de l'évolution d'un même type,
lui-même puisant dans la meme tradition artisanale de construction,
nous
voyons qu'il existe une longue chaîne qui permet certaines transformations tout
en mintenant intactes certaines caraderistiques (le type de percements, etc.).
* Voir B ce sujet: P. GAUTHIER (1997) Morpho96m9~8et syntaxe spatiale des tissus
&sr'dentlieis du qu&wWr Saint-Sauvew de QUebec, mémoire de maitrise, Québec, Université
Laval, Facuîtd d'architecture et d1am6nagement.
Le Wpe est enraciné dans le lieu
Les bâtisseurs en Nouvelle-France perpétuent la façon de construire leur
maison de leurs ancêtres, ce faisant ils poursuivent le type dominant tout en y
apportant des améliorations.
Leur maison est le fruit d'une longue
expérimentation, pour s'en convaincre rapportons-nous à la citation suivante:
La maison française devient québ6coise parce qu'elle
remporte une victoire sur l'hiver en faisant un usage
intelligent et nouveau des matériaux locaux, en ambliorant
les techniques de chauffage et aussi en modifiant
ditferentes parties structuraJes pour mieux affronter les
éléments. L'hiver apparaît donc comme la cause majeure,
le facteur premier de cette dynamique de changement
L'exemple de la a maison québécoise )) démontre bien le caractère hérité
de la manière d'édifier un édifice, en l'occurrence la maison, et aussi l'inscription
de cette activité dans un environnement culturel donné qui agit sur la forme de
l'édifice.
De fait, le type architectural E( a priori n, se situe dans un temps et
dans un lieu donnés.
Dans l'établissement d'une typologie, le premier élément fondamental a
étudier est le type architectural.
Toutefois, nous pouvons appliquer cet
instrument à d'autres éléments du tissu urbain. Nous pouvons réaliser une
étude typologique basée sur le parcellaire et non sur la seule typologie du bâtigL.
II existe un système d'antécédents et de règles d'agrégation a d'autres
composantes du tissu urbain (projet mental, savoir-faire spécifique) tels le
parcellaire, le réseau viaire, etc. De plus, la typologie peut être appliquée à des
-.
M. LESSARD et H. MARQUIS (1972) Emyclopedie de la maison québêmise, 3 siécCes
d'habitations, Montréal, Éditions de l'homme, p.254.
91 Voir a ce sujet la contribution de F. BOUDON et aii. (1977) Systeme de I'mhPectum uibaine:
ie quartier des Halles é Paris , Paris, C.N.R.S.
90
objets d'échelles supérieurs à celle du bâtiment, par exemple, une typologie de
tissu, de ville, etc. Le but de ces études est toujours le même:
Découvrir les lois fondamentales de type génétique et historique qui régissent
les faits urbains.
Révéler le « projet mental >t, présent dans ce temps et dans cette aire avant
même qu'il n'y ait d'édification, synthèse globale qui caractérisera ensuite
l'édifice construit, dérivée de l'expérience précédente et matrice des suivantes.
1.3.2. L'analyse synchronique et diachronique
II existe deux démarches complémentaires permettant de comprendre
comment se sont mises en place les formes bâties dans le temps pour aboutir
au résultat actuel (le "comment"). Ces deux démarches complémentaires sont
essentielles pour retracer les règles de formation et de transformation du tissu
urbain d'une ville.
L'analyse synchronique est la méthode employée afin d'étudier sous un
angle non évolutif les cinq structures de la forme urbaine. Nous observons le
tissu bâti en tenant compte, à un moment précis, de l'état des cinq structures et
des interrelations que ces dernières entretiennent entre elles. C'est comme si
nous "gelions" la structure urbaine à un moment donné sans considérer ce qui
s'est passé avant ou après.
L'analyse diachronique consiste à observer l'évolution des structures
urbaines dans le temps. Dans l'étude diachronique, nous étudions le réseau
viaire, le parcellaire, le Mi, les espaces libres et le site d'une ville, afin de
comprendre comment ces structures se sont formées et transfomees dans le
temps pour aboutir au résultat que nous leur connaissons actuellement.
Nous
pouvons observer l'évolution d'une structure particuliere de la ville, le parcellaire
par exemple, afin de mieux comprendre les règles de découpages de celui-ci.
Nous pouvons également observer les relations entre deux structures urbaines
(par exemple, le rapport entre le bati et le parcellaire) dans une perspective
évolutive. Notons que l'étude diachronique est nécessairement constituée de la
comparaison entre les états synchroniques à diverses époques.
Afin de rendre compte de la mutation de l'idée de bâtiment dans un lieu
donné et dans le temps, il faut se livrer a tout un travail de décodification ou
d'interprétation de la ville. Nous pouvons étudier à un moment donné le bati,
soit à une date particulière de l'histoire, et en faire une analyse synchronique.
Nous pouvons aussi retracer, selon Lévy,
l'intelligibilité de l'espace
92
(
le canevas évolutif et accéder à
r. Pour retracer les étapes de formation d'un
secteur, il est nécessaire de considérer ce secteur à son stade contemporain
d'urbanisation et de l'étudier en comparant l'état actuel à des états plus anciens.
Nous réalisons ainsi l'étude diachronique par comparaison de plusieurs études
synchroniques.
Notons qu'il faut de préférence partir de l'état actuel, du présent, pour
établir une reconstitution des états antérieurs car il s'agit de l'état de référence
le mieux connu (nous pouvons aller vérifier directement sur le terrain les traces
persistantes) et le mieux documente (plans trbs précis et souvent disponibles
sur version informatique). La restitution cartographique se fait par montage du
cadastre et par étude des transformations à l'échelle de certains lots.
Notons
aussi que les documents anciens doivent permettre de telles restitutions fidèles
et fiables.
A. LÉW (1992) La qualité de la Rxme urbaine. ProbiernatiQue et enjeux. T o m i et II,Nantes,
Rapport pow le ministère de l'equipement, du Logement et des Transports, Secréîariat
permanent du Plan urbain, p.15.
92
1.3.3. Les materaux cartographiques requis
Le travail des morphologues se fait principalement par l'étude et le relevé
exact sur le terrain et sur fonds d'archives. Les documents d'archives sont
composés principalement de cartes et de plans. En nous basant sur l'ouvrage
de A. Yédid a,nous pouvons définir deux catégories de fonds documentaires
afin de réaliser une analyse typo-morphologique: les fonds documentaires
anciens et les fonds documentaires contemporains.
Voici, présentée
brièvement, la liste des documents pertinents:
Les documents historiques
1) Les documents figurés: les cartes, les plans, les vues perspectives, les
cartes postales et les photographies anciennes;
2) Les documents manuscrits rassemblés généralement dans des dépôts
d'archives;
3) Les études historiques: études patrimoniales, histoires locales, etc.
Les documents figurés sont les plus utilisés par les morphologues. Ces
documents nous renseignent sur le réseau viaire, sur le bâti (permet la datation
des édifices) et sur le parcellaire par l'entremise des plans cadastraux.
Ces
derniers sont les instruments les plus intéressants car ils ont été réalises sur de
longues périodes de temps compte tenu de leur utilité sur le plan foncier
(répartition de I1irnp&foncier). Les photographies anciennes apportent, quant à
elles, des précisions non négligeables sur les volumes bâtis, sur le décor des
façades et sur les matériaux, et ce, a partir de la fin du 19ème siècle.
93 A.
Y ~ D I D(1987) Centres histwiiques, k s outils de MW,Paris. Éditions du STV.
Elles
permettent également de déterminer tes états anciens de bâtiments encore
existants aujourd'hui. La documentation manuscrite conservée dans les fonds
d'archives est principalement utilisée par les historiens et parfois par les
morphologues lorsque ces documents ont des incidences réelles sur les
questions liées à la mise en place ou à la transformation des formes urbaines
(transactions notariées, règlernentation d'urbanisme, rôle d'évaluation contenant
des informations sur le bâti, etc.).
Enfin, les études réalisées sur le milieu urbain étudié sont utiles pour fixer
les événements ayant marque l'histoire de la ville (incendies, annexions,
édifications de bâtiments particuliers, personnages importants, etc.). Elles nous
renseignent sur les variations de population, sur les activités économiques
anciennes et donc, sur les périodes de développement et de récession de la
ville.
Selon Yédid, il faut constamment garder en mémoire que « les
événements dont la ville a été le théâtre retiendront tout particulièrement
l'attention d'autant qu'ils ont agi sur la forme de la ville ou qu'ils renseignent sur
celle-ci » M. Parmi l'ensemble de l'information, il faut retenir en priorité celle qui
a un impact direct sur la forme de la ville dans sa globalité ou dans ses parties.
Nous pouvons trouver ces documents95:
- aux Archives nationales ( cartes anciennes, archives iconographiques, etc.)
- au ministère des Affaires culturelles (inventaires photo, études patrimoniales,
archéologiques);
g"dem., p.18.
11 est souvent possible de retrouver à la municipalité même, un rassemblement de documents
d'archives (photos, plans, etc.) concernant spécifiquement son tenitoire.
95
- au Service d'archives municipales ( plans cadastraux, plans viaires anciens,
plans des assureurs, cadastres anciens, plan de lotissements, rôle d'évaluation
ancien, etc.);
- dans les bibliothèques municipales, nationales (Québec, Canada) (plans des
seigneuries, plans des paroisses, etc.);
- dans les musées locaux (fonds privés légués);
- dans les archives des institutions religieuses importantes.
Les documents contemporains
Ces documents sont importants pour l'étude du cadre bâti actuel. Les
plans actuels nous fournissent la représentation du tissu urbain la plus fiable.
Nous retrouvons le cadastre révisé qui représente la mise a jour des divisions
foncières à l'état actuel. Nous retrouvons dans chaque ville une panoplie de
plans à l'échelle du 1/ 500 et à l'échelle du 1/1000fournissant une description
physique des constructions et des parcelles. La matrice graphique présente
dans de plus en plus de villes est aussi une source importante de plans
numérisés qui permettent la réalisation de plans thématiques. Nous pouvons,
par un système de couches, isoler ou superposer diverses structures de la
forme urbaine selon les besoins d'une étude typo-morphologique (par exemple
superposer le parcellaire et le bâti).
Chapitre 2
LE PROBLÈME DE LA DISCONTINUITÉ MORPHOLOGIQUE
Nous avons vu au chapitre précédent le cadre théorique de la recherche,
c'est-àdire les notions de base utilisées en morphologie urbaine.
Cette
première étape franchie, il nous est maintenant possible d'aller plus loin dans
notre réflexion afin d'aborder la dynamique de formation et de transformation
des types et des tissus urbains. Nous allons voir que les phénomènes de la
formation et de la transformation des villes sont intimement liées. Nous devons
tout d'abord voir comment la ville se forme dans le temps et comprendre les
grands bouleversements qui affectent cette croissance, a partir du début du
20èrne siècle. Nous verrons notamment l'importance que va prendre
l'automobile dans la configuration des nouveaux tissus.
Dans un premier temps, nous voyons brièvement ce qui se passe au
niveau de la croissance des villes européennes, pour ensuite nous attarder au
continent nord-américain qui nous intéressa davantage ici.
Nous nous
interessons particulièrement a l'émergence du modèle suburbain qui rompt
consciemment avec les caractéristiques typo-morphologiques de la ville
traditionnelle et qui implique une mutation profonde et radicale des types bâtis et
des types de tissus consacrés. Dans un deuxième temps, nous nous attardons
sur les différences morphologiques entre les deux grands types de tissus qui
coexistent actuellement dans la ville contemporaine, soit le tissu urbain et le
tissu suburbain.
Troisièmement,
nous allons étudier le processus de
transformation du tissu urbain, afin de définir notre problématique de recherche.
Nous discutons du problème de l'influence du nouveau modèle de la banlieue,
dans la transformation de la ville traditionnelle.
Ceci dans un contexte
d'interruption de la conscience spontanée qui, comme nous l'avons vu au
chapitre précédent, agissait aux époques qui ont précédé la n6tre (continuité du
processus typologique dans l'histoire). Cette problématique actuelle étant bien
cernée, nous énonçons notre hypothèse de travail. Par la suite, nous allons
décrire au chapitre trois, la méthode utilisée pour vérifier cette hypothèse. Trois
études de cas vont servir à la mise l'épreuve de l'hypothèse de recherche.
2..
Le processus de fonnation et de transformation des tissus
Comme nous l'avons annoncé dans l'introduction de ce chapitre, les
processus de formation et de transformation sont intimement liés. Laissons
Caniggia nous expliquer en détail comment s'effectue la formation et la
transformation des villes:
Ma una rinnovata puntualiuazione teorica e intervenuta ne1
1979, interposta tra Venzone e Firenze. necessana onde
awicinani più ordinatamente alla complessits dei fenomeni
urbani.
il moment0 in cui siamo giunti a distinguere
I'esistenza non di un solo processo tipologico per ciascun
luogo. ma di a processi paralleli s detivanti da1 fa#o che,
nello stesso Iuogo, la produzione di case ex novo e il
Hnnovo delle case preesistenti possono si, ne1 medesirno
tempo, essere guidati dallo stesso tipo edilizio, dallo stesso
« concetto di casa u: ma con esiti ditrenziati a seconda
dei condizionamenti imposti da1 tempo di N prima
edifcazione » di ciascuna zona di una Ott&. Occorn quindi
distinguere un w pmcesso portante s , di tipi che riescono
a realinarsi in modo ottimale perche pmâucenti edifici
nuovi, su tessuto sirnultaneamente tracciato; e un
a pmcesso parallelo s per ciascun luogo della stessa cittd
che, edificato in un tempo antecedente, pud aggiornami piri
volte secondo una successione di tipi, per sostituzione
deil'edificio o anche solo per trasfonnazioni, ma entro i limiti
concessi dalla strutturazione antecedentel.
G. CANlGGlA (1986) Studio sui pvocessi di lbmrazione e di muteUone delle tipobge edilhi?:
stato della discipina, in: Consiglio Nazionale delle Ricerche mblerni del restaum h Melia, Atti
del Convegno Nationale tenutosi a Rome nei giomi 38 novembre 1986. Companotto editore, p.
32-33.
Ce passage de Caniggia met en lumière les deux grands aspects du
processus morphologique, soit d'une part le processus de formation du tissu,
c'est-à-dire le « processo portante» (processus portant) , et d'autre part les
processus de transformation du tissu nommé les « processi paralleli »
(processus parallèles). Le
((
processo portante » (processus portant) concerne
la croissance horizontale de la ville, par agrégation successive de nouveaux
tissus et de types nouveaux qui se juxtaposent à la limite des anciens (anneaux
de croissance). Par ailleurs, la transformation graduelle de ces tissus et ces
types anciens, à mesure que de nouveaux anneaux de croissance apparaissent,
est ce que Caniggia nomme le a processo paralleIo» (processus parallèle). II
s'agit d'un processus de modification des tissus et des types existants ou
certains éléments se maintiennent en général dans le temps
(parcellaire,
réseau viaire, etc.) alors que d'autres sont modifiés pour adapter le bâti à de
nouveaux besoins, en conformité avec le type nouveau.
En résumé, la
naissance des villes se fait par anneaux successifs de croissance. et ce, a partir
d'un noyau d'origine (processus portant de formation). Au fil du temps, ces
divers anneaux subissent des modifications en vue d'adapter ces tissus à des
modes de vie en perpétuelle mutation (processus parallèle de transformation).
2.1.1. La formation d'un tissu nouveau, ou processus portant
À partir de la citation de Caniggiaz, nous pouvons affirmer que le
processus de formation, de croissance des villes se fait par une mise en place
simultanée du type et du tissu a la périphérie des couches de croissance plus
anciennes. Le type prenant place dans les nouvelles couches de croissance
demeure toutefois en relation de dérivation avec le type présent dans les
couches de croissantes précédentes. Selon Caniggia, les nouvelles expansions
P. LAROCHELE (1997) Étude des pmcessus de Ibnnation et de transibmatbn des typO/ogies
du b8ti: etat de la discipline, Québec, Universite Laval, (inedit), p.8-9.
furent réalisées, d'un côté, au moyen de maisons codifiées dans le type bâti
courant, parvenu à maturité dans l'expérience antécédente de transformation
des maisons préexistantes, de l'autre &té par la réinvention planifiée des tissus
viaires et fonciers conformes au type en vigueur (nies plus larges et rectilignes,
cohérentes avec la hauteur plus grande des édifices; lots modulaires et
géométriques réguliers, conformes a la mesure du type atteint par
l'accouplement d'unités plus petites).
Les nouveaux tissus sont donc réalises en fondion du type panrenu à
maturité dans l'expérience précédente, soit dans les parties plus anciennes de
la ville. Ce type est tout naturellement adopté au moment de la mise en place
de nouveaux tissus lors de phases de croissance de la ville. Le tracé des rues,
des parcelles, la définition des espaces libres sont adaptes de façon optimale
pour que le type puisse être déployé dans un tissu qui lui convient et sans les
entraves qu'imposait sur lui le tissu plus ancien, dans lequel il s'est développé.
Le résultat de ce développement linéaire du type, du noyau originel aux couches
périphériques des villes, est nomme cr processo portante D par Caniggia
(processus portant). II existe un rapport de dérivation direct et une parente
entre les formes anciennes et les formes nouvelles. Les transformations sont
lentes et progressives. Nous constatons aussi que le processus typologique
portant permet de maintenir une cohésion et un systeme de filiation entre les
croissances plus anciennes et 19s types et les tissus qui se forment à la
périphérie des noyaux existants.
II existe un lien de parenté étroit entre les
tissus issus de phases de croissance successives dans la ville historique. C'est
ce qui explique la cohérence et le fragile Bquilibre entre unité et diversité
présent dans les villes dites historiques (Rome, Amsterdam, etc.). Nous allons
etudier en détail le cas de Rome afin d'aborder le systeme de parent6 entre
formes anciennes et nouvelles dans les couches de croissance du tissu urbain.
Le système de parenté entre formes anciennes et nouvelles:
Rome entre 1880 et 1930
Un bon exemple de cette cohésion d'ensemble nous est fourni par l'étude
de Caniggia sur la formation des tissus de Rome, intitulée:
((
Penanenze e
mutazioni net tipo edilizio e nei tessuti di Roma (1880-1930)
1)
(
Permanences
et mutations dans le type bati et les tissus de Rome (1880-1930)4). Selon
Caniggia. il s'agit d'une
«penodo stonco che e necessano comprendere e
valutare, perché ancora atto alla costitruzione di un continu0 urbano associabile
alla cittâ ereditata
))
soit d'une période qu'il est nécessaire de comprendre et
d'évaluer, parce qu'elle est encore apte à la constitution d'un espace urbain
continu associable à la ville héritée 5 . Caniggia dresse. dans son étude. un
bilan du mode de croissance de la ville européenne avant la rupture opérée par
le mouvement moderne.
Caniggia observe toujours la présence d'un processus portant ou la
typologie dérive directement du processus de changement pour ainsi dire
rectiligne , du « type bati D, du concept de maison tel qu'il s'est transformé à
travers le temps et de la construction et de la transformation continue des
maisons
La manière de composer des tissus nouveaux, des tissus
6.
d'expansion, est décrite par Caniggia dont les propos ont été traduits comme
suit par Larochelle:
De sorte qu'au moment où on en vient à composer le tissu,
on doit réinventer (...) un autre rnod&le de comportement
du tissu basé sur l'acceptation du type bâti en vigueur, tel
qu'il s'est formé au sein du tissu historique et sur son
-
-
--
-
- -
G. CANlGGlA (1989) (c Permanenze e mutazioni nel tipo edilizio e nei tessuti di Roma (1 8801930) )) in: STRAPPA. Giuseppe (a cura di) Tradiuone e innovaùone neli'amhitettura di Roma
1870-f930. Roma, Edizioni Kappa.
P. LAROCHELLE (19%) Penanences et mufations dans le type batj et les tissus de Rome
(1880-1930)' Qubbec. Université Laval, (inédit).
Ibid.. p.13.
"bid., p.8
adéquation B un lotissement et à un réseau viaire adapté
pour I'accueillir 7 .
Cependant à cette époque, Caniggia constate une prise en charge de
façon consciente par des architectes de la fabrication des tissus au moyen d'un
u progetto di tessuto » (projet de tissu). Les architectes, prenant en charge la
planification de l'extension de Rome par des projets d'ensemble, font référence
plus ou moins rigoureusement aux types présents dans la ville traditionnelle,
dans la « città reale » (ville réelle), ce qui a des incidences sur la mise en place
des tissus nouveaux. Selon Caniggia, l'action planificatrice des architectes va
avoir des retombées négatives sur le rendement du type, dans la mesure où il
est soumis à des règles impropres, suprastructurelles, qui ne peuvent que
déformer le produit construit à travers le projet par rapport à l'édifice qu'on
pouvait obtenir sans intentions acculturées
11 en résulte, selon Caniggia, une
sommation de deux instances (le type et la morphologie du tissu) et non un
résultat organiquement cohérent comme cela se produisait dans le processus de
formation spontané, traditionnel, des tissus de la ville.
Toutefois, ce
changement dans le mode de production du milieu bâti n'est pas encore marqué
par un rejet complet des types en vigueur dans les anciennes phases de
formation de la ville de Rome. Le processus typologique se poursuit malgré
certaines mutations dans le mode de production du tissu urbain.
Pour résumer les phénomènes affectant la croissance des villes à l'aube
du 20eme siècle, nous pouvons dire que le mode de croissance traditionnel des
G . CANlGGlA (1989) op. cif. , p.17: Cosi che, al momento di tomare a progettare if tessuto,
deve reinventarsi (...), un aitro mode110 di comportamento dell'aggregato basato sull'assunzione
del tipo ediuzio vigente, corne fonnatosi in seno al tessuto storico, e sull'adeguamento di una
lotti2zaUone e di una rete viaria adatte ad ospitarfo.
G . CANlGGlA (1 989) op. cït. , p.21: la seconda imposta dall'arcniteffo, e non senza
consenguenze su1 miglior rendimento del tlpa, in quanto Io si costringe a regoie impropné,
sovrastrutturali che non possono che distorcere il prodoîto costruito attraverso il progetto nspeffo
all'edificio ottenibile se scevro di intenu'onalitd accuttufate.
Notons que Caniggia utilise le terme acculturé (a accultutate u) ici dans le sens d'une intention
étrangère (aliénee) A la culture batie héfitee.
tissus urbains s'est fait de façon continue en poursuivant le processus
typologique
a
portant D
(a
processo
portante n).
Le
développement
« organique B de plusieurs villes et villages à partir d'une structure initiale offre
maints exemples de cette croissance continue.
L'exemple de Montréal est
particulièrement éclairant afin d'illustrer la continuité du processus typologique
portant.
Les types bâtis qui alternent avec chaque phase d'urbanisation
entretiennent des liens évidents pour qui s'intéresse un tant soit peu aux formes
architecturales. Le duplex et le triple@ présents dans les premiers faubourgs,
dont les façades sont accolées au trottoir et percées d'une porte cochère, vont
être repris comme type dominant lors des nouvelles croissances. Toutefois, le
bati va s'éloigner suffisamment de la nie afin de ménager un espace pour
accueiltir l'escalier rejeté à l'extérieur, afin d'augmenter l'espace habitable
intérieur. Cette innovation du type est accompagnée de l'abandon de la porte
cochère et de son remplacement par l'implantation systématique de ruelles afin
de desservir l'arrière des lots.
Ainsi, on apporte des améliorations au type
retrouvé dans les tissus plus anciens et l'on adapte le tissu afin d'accueillir ce
type nouveau (processus portant).
2.1.1.7. L'interruption du processus tvpoloaiciue
Dans la mesure où les architectes tentent de s'adapter de façon
conscience a la culture bâtie héritée, le système d'antécédent du type bâti et la
chaîne de dérivation semblent toujours intacts. Cette attitude d'imitation (basée
toutefois sur une connaissance plus ou moins rigoureuse de la ville et du tissu
urbain) est antérieure a une attitude qui s'annonce, selon Caniggia, aprés les
années trente. Cette attitude nouvelle prône non plus une imitation mais une
réforme complbte de fa ville traditionnelle, de ses types et de ses tissus urbains
Voir ce sujet: R. LEGAULT (1 989) a Architedure et forme urbaine: L'exemple du triplex d
Montréal de 1870 1814 ID,dans Revue d'histoire urbaine / Urban Histow Review, vol. 18, no. 1.
afin de définir une r ville nouvelle )> idéale adaptée selon les penseurs, aux
nécessités de la ville du 20eme siècle. Nous empruntons à Caniggia la citation
suivante et traduite par Larochelle afin de bien faire saisir le contexte ayant
mené a cette volonté de réformer en profondeur la ville traditionnelle:
L'opposition entre la « ville planifiée u et la « ville
spontanbe u (la ville ancienne apparaissait comme telle, en
comparaison, mmême si elle était le fruit d'une planification
ancienne, elle &ait devenue telle d cause des intewentions
)
à
nombreuses et tenues qui s'y étaient s u ~ é e s méne
condamner la seconde comme une présence anormale
provisoire, non ordonnée, antihygiénique, d rendre égaie à
la première, les moyens &conorniquesie permettant la.
Nous avons vu le
u
processus portant D assurant une continuité dans la
croissance des tissus grâce a la reprise du type abouti dans les phases de
croissance précédentes. Ceci signifie que la chaîne de dérivation du type se
maintient dans le temps et opère un certain degré de continuité. Comme le
mentionne Caniggia,
malgré certaines mutations dans la succession des
couches de croissance de la ville, les types édifiés dans les couches ultérieures
de croissance découlent des types précédents.
Ce processus typologique
continu se poursuit en Italie jusqu'aux années trente.
Io Cà. CANlGGlA (1986) 3udh sui processi di IbmiaUone e di mutaUone delle tipologk ediIrUe:
stado dei18 disciplina, in: Consiglio Nazionale delle Ricerche (1986) Roblemi del restauro in
Italie, Atti del Convegno Nazionale tenutosi a Rorna nei giorni 3-6 novembre 1986. Companotlo
ediîore, p. 28: La conb9ppos~neha r cittd progeîtata w e r cina spontanea v (che ta&
appariva, al conlfonto, la cilfa a n t h the, anche se W t o di una remfa pianifiic~zhne~
eni
divenuta tak a causa dei tanti e capi//m-intenmntr* sUCCBC1utisi) pwta a condannere la seamâa
c m ammala pres8m p w s o n S , non ordinata, anti@k?nica,da egu8giEsre d a @ma, meai
ecumrnici pnnettendolo.
L'a~~arition
d'une twolonie a savante B:
L'exemple de la banlieue résidentielle de Versailles entre 1880 et 1915
Castex et Panerai retracent, dans le cas de Versailles, le développement
de la banlieue résidentielle bourgeoise française entre 1835 et 1914 11. II s'agit
d'un cycle de formation où l'on retrouve des différences notables entre les types
de b?itis nouveaux réalisés dans le nouvelles couches de croissance et ceux
situés dans le tissu urbain plus ancien.
Ceci s'explique par le fait que la
production des types d'habitation est prise en charge par les architectes, les
entrepreneurs et leurs clients, ce qui implique l'élaboration et la diffusion de
modèles d'habitation.
Comme dans l'exemple de Rome, les architectes
interviennent dans l'élaboration de tissus nouveaux (projets de tissus) et ils
agissent aussi dans la définition des types nouveaux.
Cependant, les
architectes ne font plus référence aux types présents dans la ville traditionnelle.
Cette codification du type nouveau, la a: villa bourgeoise N, par les architectes,
ne se fait pas en relation avec les types hérites. II s'agit plutôt d'une panoplie
de modèles d'habitation qui sont réutilisables indépendamment d'une
localisation précise.
De fait, comme le font remarquer Castex et Panerai, la maison de 1900
n'a plus grand chose en commun avec la précédente. Pourtant les auteurs ont
remarqué lors des phases précédentes de formation de Versailles, une
continuité du processus typologique
portant r . Cette interruption s'explique
par l'industrialisation et des changements profonds et rapides dans les modes
de vie. Autres transformations notables par rapport aux caractéristiques des
couches précédentes de croissance, les bâtiments sont éloignés de la rue et ils
sont implantes sur de vastes parcelles (pavillonnaire).
-
--
J. CASTEX et al. (1980) L e d x e d'me ~ l k : V d l & s Paris.
,
b l i o n s du Moniteur.
Dans le cas de la mise en place de cette banlieue résidentielle, les
auteurs démontrent que le type nouveau dicte la configuration du tissu.
Cependant, comme le système de la
a
villa bourgeoise B n'est plus en relation
de dérivation par rapport au type retrouve dans les couches de croissance, il
existe une opposition entre les tissus urbains et ce nouveau tissu de type
suburbain. La ville continue (conscience spontanée) cesse de se développer,
les types s'autonomisent à cause de la privatisation de la vie bourgeoise. La
fome urbaine, perturbée dans sa netteté, devient seconde par rapport aux types
bâtis.
Le mode de croissance traditionnel et l'action du type se trouvent ici
bouleversés par l'instauration d'une typologie savante.
Dans le cas de
l'émergence des banlieues bourgeoises en France, nous assistons à
l'élaboration de modèles reproductibles d'habitation visant à fournir aux
bâtisseurs un ensemble infini de résolutions individuelies, tels des objets
manufacturés.
2.1.1-2. L'émerçience du modèle suburbain nord-américain
Au Québec, après la deuxième guerre mondiale, les instances publiques
prennent en charge l'édification du logement et la constitution d'un nouveau type
de tissu plus lâche adapte a la configuration des nouvelles solutions
d'habitation. Comme le mentionne Bergeron:
Les quelques vingt-cinq années qui suivent la th de la
Seconde Guerre mondiale sont caract6nSes par deux
phénoménes interreliées, au moins dans la mesure ou l'un
procéde de Vautre. D'abord nous assistons & un
d6veloppernent pmdigieux de nouveaux quartiers d la
pénph6ne des villes. Ce phénoméne , nouveau par son
ampleur ainsi que par ses effets sur la He de la plupart
d'entre nous, a fait sugir des besoins nouveaux qui
exigeaient des solutions inédites, la recherche desquelles
se sont largement appliqués les efforts des architectes et
des urbanistes. Concrètement, tout ceia s'est traduit en
des formes que, pour la plupart, nous n'avions pas
rencontr&s jusque-ia 12.
Nous voyons ici que les formes nouvelles de la banlieue sont issues de
l'élaboration d'une typologie savante, inédite, qui vise à satisfaire des besoins
nouveaux. Nous verrons plus tard qu'une rupture se fait sentir entre les types
urbains et les types suburbains. Ces différences notables ont tôt fait de se
répercuter sur les traits syntaxiques du tissu urbain. Les coupures spatiales et
physiques entre le tissu urbain et les nouveaux tissus suburbains qui se
développent à la périphérie des villes peuvent être brutales ou graduelles, selon
le cas.
La coexistence de ces deux types de tissu aux caractéristiques
morphologiques passablement différentes ne constitue pas l'objet principal de
cette recherche (plan horizontal: I'un et l'autre). Le problème abordé dans ce
travail se manifeste lorsque les types suburbains guident les transformations du
tissu urbain (plan vertical: I'un sur l'autre). Nous reviendrons plus tard en détail
sur la question de l'impact du modèle suburbain sur la transformation du tissu
urbain.
2.1.7.3. La rupture entre les tissus urbains et suburbains
Attardonsnous sur les différences morphologiques entre les deux grands
types de tissus qui coexistent (phénorndne de coprésence) actuellement dans la
ville contemporaine, soit le tissu urbain et le tissu suburbain. Ces différences
morphologiques sont bien décrites par Vernet-Moudon dans ses recherches
approfondies sur l'évolution des formes résidentielles en Amérique à partir de la
fin du XIXeme siècle. Vemez-Moudon affirme que:
l2
C. BERGERON (1989) Archit8CIue du XXdm siéde au Québec, Montréal. Meridien, p.143.
Massive suburban deveioprnent over the course of th&
century has given the newer North American cities a forrn
which differssigniticantly frorn that of earlier cities. (...) A
large body of literature on suburbs has emerged in the last
decade, reffecting the formidable espansion of North
American cities dutfng this century1J.
Vernez-Moudon reconnaît la rupture morphologique et spatiale survenue entre
le tissu urbain et le tissu de la banlieue:
Cornpared to earlier urban residential
forms, these
suburban forms can appear loose somewhat disconnected,
with rnany, offen small, singular structures spread across
the landscape and much undefineci space iefi vacant open space being an undeserved euphemism in suburban
environments 4.
Nous allons. a partir des recherches de Vernez-Moudon, observer les
caractéristiques de la banlieue américaine qui a, selon nous, des traits de
parenté étroits avec la banlieue canadienne et québécoise.
Nous verrons
apparaître en banlieue des types nouveaux. Ces types vont être déterminants
dans la forme résultante du tissu suburbain.
Nous savons que des théories
nouvelles d'aménagement (urbanisme progressiste: Le Corbusier, etc.
urbanisme culturaliste: Howard, etc.
'5)
et
vont contribuer au rejet des types
urbains en vigueur dans les couches de croissance de la ville dite a historique i i ,
résultant d'un processus spontané d'édification. Nous retrouvons en Amérique
une volonté planificatrice qui impose ses règles et ses standards, tout d'abord
dans la définition de types d'habitation qui se font en fonction d'impératifs
nouveaux (la voiture comme moyen de locomotion généralisé).
l 3 A. VERNU-MOUDON (1992) a The evolution of the twentieth-century residential foms: an
Amencan case study. in: J.W.R. Whitehand and P .3. Larkham (eds) Urban Landscape: an
lntemationaiPerspective, London, Routeledge, p.191-192.
Loc. cit*
l 5 Voir à ce sujet F. CHOAY (1965) L'urbanisme, utopies et réaIit8s, Pans, Cditions du Seuil.
L'accroissement démographique survenant après la Seconde Guerre
mondiale a été particulièrement propice à l'élaboration des modèles d'habitation
inédits « révolutionnaires 1) de la banlieue.
Cette élaboration se fait aussi en
parallèle avec une industrialisation croissante dans le domaine de la
construction, par l'introduction de nouvelles techniques et par la fabrication et
l'introduction de matériaux nouveaux (panneaux de gypse, laine minérale,
fermes de toit préfabriquées, etc). Le contexte d'urgence et l'objectif de donner
un toit à tous les Canadiens justifient la prise en charge progressive de la
question du logement par les instances publiques fédérales.
La Société
canadienne d'hypothèques et de logement (S.C.H.L.) qui voit le jour en 1946 va
exercer une révolution dans le domaine de l'habitation au Canada et au Québec.
La mise en place des quartiers « Wartime Housing n pendant la guerre
visant à loger les travailleurs à proximité des usines avait déjà posé les
paradigmes de ce mode nouveau de production du logement par modèles
répétitifs et économiques '6. Nous pouvons dire qu'il s'agit du modèle initial du
type suburbain au Québec. Notons que ce modèle avec son toit à 45 degrés et
ses courts larmiers en clins de bois conserve encore certaines parentés
formelles avec la maison traditionnelle québécoise.
Par la suite, les
« bungalows » et les « split levels » des annees cinquante vont remplacer ce
modèle initial 17. Voyons maintenant le résultat de la définition de ces modèles
d'habitation dans la confection des nouveaux tissus aptes à les recevoir. Nous
allons présenter dans les pages qui vont suivre, plus en détail, les
caractéristiques morphologiques du tissu de la banlieue nord-américaine.
l6 Voir a ce sujet: A. FRIEDMAN et C. VON NIESSEN (1991) cc Post-war Housing Innovation :
Changes in the North Amencan Home. 19411959 s. Research DaDer 7, Montréal. McGill
University.
l7 Ces différents modéles sont bien décrits dans l'ouvrage: M. LESSARD et H. MARQUIS (1972)
Encyclopédie de la maison qui?b&oise, 3 siécles d'habitations, Montréal, tditions de l'Homme,
p.464465. Notons maintenant que la maison sur deux étages est plus répandue que le
bongatow d'un seul niveau.
Le réseau viaire
Les réseaux viaires pour les extensions nouvelles sont établis en fonction
d'impératifs relatifs à un moyen de locomotion généralisé: l'automobile. VemezMoudon remarque que le réseau viaire orthogonal ( a srnall grideron of streets~)
caractérisant bon nombre de villes nord-américaines s'est maintenu comme
élément régularisant la croissance et la formation des tissus d'extension des
villes jusqu'en 1930. Par la suite, ce type de réseau viaire est moins utilisé et
cela est dû à son aspect jugé monotone par les planificateurs de l'époque. Ce
type est progressivement remplacé par un autre tracé, le réseau curviligne
continu (r continuous curvilinear streets n) qui caractérise bon nombre de
banlieues résidentielles encore aujourd'hui. Vernez-Moudon remarque que ce
système se généralise pour l'aménagement des tissus nouveaux vers 1930, car
il est présenté comme modèle idéal par le pouvoir central du * Federal Housing
administration N, l'équivalent de la S.C.H.L. canadienne.
Vernez-Moudon remarque aussi dans ce choix de réseau, l'influence du
mouvement romantique incarne par Olmstead aux États-Unis et au Canada.
Frederic Law Olmstead a déjà dans ses aménagements adopte un tracé
curviligne et organique afin de s'adapter aux caractéristiques topographiques
des lieux où il intervient. Cependant l'utilisation systématique du tracé curviligne
pour les extensions suburbaines se fait sans véritablement établir de liens avec
les caractéristiques physiques de leur lieu d'implantation. Nous voyons ici un
détournement de l'usage premier de ce type de réseau viaire (curviligne), car
l'utilisation qu'on en fait dans le modèle suburbain s'effectue sans liens avec la
topographie ou le reseau hydrographique du site d'implantation.
Par la suite, l'utilisation de plus en plus courante du tracé viaire en culde-sac
(a
loop road r) pour les tissus de banlieue marque, selon Vemez-
Moudon, une influence du modèle de la citéjardin de Radbumi!
La volonté
d'établir des petits regroupements communautaires, présente dans le modèle
d'origine, fait place ici a un souci fonctionnel: celui d'exclure le trafic extérieur.
De plus, ce type de réseau s'oppose à la perméabilité du réseau viaire de la ville
traditionnelle. D'ailleurs, Vemez-Moudon nous fait remarquer, à juste titre, que
les culsde-sac sont assez rares dans les tissus urbains (les impasses) et ne
sont utilises habituellement en milieu urbain que pour desenciaver certains lots
difficilement accessibles.
Certains quartiers montrealais font exception à la
règle: par exemple les culsde-sac occasionnes par la présence de barrières
physiques telles la topographie, l'hydrographie, la présence de voies ferrées ou
d'industries dans les anciens faubourgs ouvriers (interruption de la trame
orthogonale).
Pour le tissu suburbain, la généralisation des culs-de-sac après 1930
provient d'une volonté de promouvoir des secteurs d'habitation tranquilles et
sécuritaires. II existe, de la part des planificateurs de ces nouveaux tissus, une
volonté d'éliminer une circulation automobile jugée trop nuisible.
Le parcellaire
Nous avons vu qu'habituellement en situation d'édification traditionnelle,
lors de la formation du tissu urbain, le type qui s'impose pour les nouvelles
extensions est celui qui est parvenu à maturité dans les tissus existants. Nous
Pour en savoir plus sur le modele cunuraliste de la citejardin voir E. HOWARD (1946)
G-n
Cities of To-Mmw, London, Faber and Faber. Notons qu'une expérience de mise en
place du modéle de la cit&jardin a 6té menée A Montréal avec a La cité du tficentenaire n, voir,
M. CHOKO (1988) Une cité-jdin 8 Morilreal: la &-jardin du Tiicentenaiîe 1940 9 1947,
Montréal, Méridien.
savons aussi que le tissu va être réalisé en fonction de ce type a portant B. Le
découpage des lots est adapté a la configuration du type bâti. Les lots sont
groupes aux abords des voies qui constituent habituellement l'élément
ordonnateur
de
la croissance des
tissus
(parcounnières,
parcours
d'implantation du bati, parcours de raccordement).
Pour ce qui est de la croissance du tissu urbain en Amérique du Nord,
selon
Vemez-Moudon,
les
maisons
urbaines
se
sont
implantées
traditionnellement sur des lots étroits et profonds (r narrow-anddeep lot D),
adaptant leur volumétrie à l'aspect allongé de la parcelle, et ce, jusqu'an 1930.
Par la suite, nous assistons a un E( basculernent » de la parcelle urbaine typique
afin de permettre l'implantation de la maison isolée. L'aménagement de lots
plus larges dans le tissu suburbain est nécessaire en vue de favoriser
l'implantation des nouveaux modèles d'habitation unifamiliale.
Le pivotement
opéré par rapport au type de parcelle consacre et généralement en vigueur dans
les tissus urbains, permet au garage et à la cuisine d'être liés à la nie. La rue
devient ainsi un espace strictement de service, de circulation automobile et perd
sa dimension sociale et conviviale. Selon Vernez-Moudon:
The increasing presence of cars, parked on the streets or
stored in endless rows of garages, tran-rm the funciion of
the street by eliminating b soUal dimension. Wdh only
cars on the street, accidents increase and pedestrians
decrease in numbers 19.
À partir des années quarante et cinquante, l'accroissement de la largeur
des lots s'explique par l'importance que prend la voiture dans l'aménagement du
tissu de la banlieue. La configuration des tissus qui étaient autrefois établis
l9 A. VERNU- MOUDON (1992) a The evolution of the twentieth-century residential forms: an
American case study. in: J.W.R. Whitehand and P .J. Laricham (eds) Uaan Lamiscape: an
Intematbnal PerspWue, London, Routeledge, p.195.
selon les distances de marche à pied, est ainsi bouleversée par l'utilisation
généralisée de la voiture. Les tissus d'extension de la banlieue adoptent des
dimensions de lots plus larges et moins profondes (a wide-and-shallow lot B) ce
qui explique, en partie, l'aspect distendu et étalé de l'urbanisation
contemporaine.
Les types bâtis et leur relation au tissu
Selon Vemez-Moudon u Throughout the 1950s, the single detached
house dominated the suburban, middle class landscape =». Vernez-Moudon
annonce ainsi les changements par rapport au type courant que l'on retrouve
dans le tissu urbain:
In the 1 9 2 0 ~the
~ garage became incorporated in the
house, notably in the basement and was accessible directly
from the street. (...). This was an important stage (...)
mutation (...) since it brought a service funetion, individual
transportation, to the erstwhile ceremonial side of the
house whose plan, however, would remain unchanged for
a few decades 21.
-
-
L'ensemble de ces révisions, de ces réformes du type urbain, provient
d'un souci fonctionnaliste, celui de plier le type à la présence de la voiture, de la
même manière que les planificateurs ont dû plier l'organisation du réseau viaire
traditionnel de la ville pour intégrer l'automobile. L'élimination, la proscription du
type de bâti urbain généralement étroit et profond provient d'un souci
d'améliorer la pénétration de la lumière dans les logements. Vernez-Moudon
explique de la façon suivante la mise au ban du type d6veloppe dans les phases
antérieures de formation de la ville:
*O
A. VERNU- MOUDON (1992) op. CR., p.193.
21 Loc. CR.
Furthermore, housing advocates and planners were critical
of the dark interiors of narrow and deep houses,
denigrating the side yards as useless spaces which should
be eliminated. Wde-and-shallow houses resolved these
problems by reducing the length of side yards and
providng needed interfur light 22.
Les nouveaux types commerciaux
Les édifices commerciaux présents en banlieue résultent d'un désir de
ségrégation fonctionnelle et s'opposent à la mixité des types urbains
traditionnels (immeubles avec commerce au rezde-chaussée et logement à
l'étage). Ils sont implantés à distance de la nie avec des stationnements sur
une, deux , trois ou quatre faces.
Leur implantation est souvent isolée, à
l'image des habitations unifamiliales, parfois regroupée en rangées.
Les
bâtiments peuvent aussi être groupés le long ou autour de mails intérieurs
(centre-commercial), ce qui représente une complète intro-version et une
abolition de la rue comme lieu d'échange et de socialisation. L'ensemble de ces
traits représente une coupure radicale par rapport aux types urbains présents
dans les anciennes couches de croissance.
Les deux arands types de tissu: urbain et suburbain
Nous avons vu, dans l'élaboration du type bâti courant de la banlieue
nord-américaine, le rejet de certaines caractéristiques typologiques de la ville
héritée, considérées comme inappropriées aux modes de vie contemporains et à
la présence de la voiture. Ce rejet se fait dans une perspective fonctionnaliste
et selon une évaluation sommaire des types urbains consacres, fruit d'une
longue évolution. Ces changements sont de cinq ordres:
- - -
22 A.
p p
VERNU-MOUDON (1992) op. M.,p. 194.
- au niveau du tracé du réseau des voies (réseau viaire);
- au niveau de la définition d e s espaces publics (espaces libres);
- au niveau de la dimension et de la forme des parcelles (parcellaire);
- au niveau du mode d'implantation du bati (relation du bâti au tissu);
- au niveau d e l'organisation intérieure des types bâtis (bati).
Avec l'avènement du tissu suburbain dont les traits typoinorphologiques
ont été décrits précédemment, nous avons d'une part, le tissu urbain et d'autre
part, le tissu suburbain. Ces deux tissus coexistent actuellement (phénomène
de coprésence) et diffèrent sur le plan morphologique, car ils reposent sur deux
façons opposées de concevoir le milieu bati:
-
le tissu urbain qui repose sur une conscience spontanée où le type se
développe de façon stable;
-
le tissu suburbain planifié pour répondre aux transformations profondes et
subites de la société.
Nous pouvons dire sommairement que le mode d'organisation de la
banlieue est révolutionnaire dans son expression physique et spatiale à cause
principalement des caractéristiques dominantes suivantes:
- un afiaissement de la silhouette et une baisse notable de la densité du bâti;
- l'apparition de types architecturaux caractérises par une implantation isolée OU
chaque bâtiment se détache des autres et se singularise;
- une définition ténue de l'espace de la rue, par le bati;
- une ségrégation fonctionnelle éliminant la mixité et, par le fait même, rejetant
l'imbrication typique des usages que l'on retrouve en milieu urbain;
- l'omniprésence de la voiture comme lien fonctionnel entre les diverses parties
du tissu suburbain et qui impose une modularite plus grande;
- une diminution de l'animation des lieux publics extérieurs;
- une multitude de formes, de dimensions et de matériaux, en particulier dans
l'architecture commerciale banlieusarde.
La banlieue est le fruit de la culture architecturale et urbanistique
dominante, elle-même ancrée dans la réalité socio-économique de l'époque. A
ce titre, elle conditionne nos pratiques d'édifications actuelles. Notons aussi
que plusieurs contestent les coûts économiques et sociaux que la banlieue
entraîne (étalement urbain, pollution, coût des infrastructures, inequité du
partage des dépenses entre ville centrale et villes de banlieue, appauvrissement
de la population de la ville centre, etc.).
Nous aborderons maintenant le problème central de cette recherche, soit
l'influence du modèle suburbain, dominant depuis les années cinquante, sur la
transformation du tissu urbain. Pour ce faire, nous devons revenir de façon
approfondie sur le processus morphologique de transformation des villes décrit
au point 2.1.
2.1.2. La transformation du tissu, ou le processus parallèle
Nous avons parlé au point 2.1.
du
u processo
parallelo~
(processus parallèle ) ou l'on assiste à la transformation des tissus existants.
Certains éléments se maintiennent dans le temps (parcellaire, réseau viaire,
etc.) alors que d'autres éléments disparaissent (le bâti, etc.). Ces modifications
ont pour objectif d'adapter les tissus anciens aux nouveaux modes de vie.
Or,
nous savons que la rénovation et la modification des maisons préexistantes sont
guidées par le type le plus perfectionne, c'est-à-dire celui situe dans les
couches de croissance les plus récentes. Caniggia mentionne que:
(...) nello stesso luogo, la produzione di case ex novo e il
rinnovo delle case preesistenti possoso si, ne1 medisirno
tempo, essere guidati dallo stesso tipo edilzio, dallo stesso
E( mncetto di casa u (...)a.
Ceci signifie que dans un même lieu, la production de maisons nouvelles
(r ex novo a) et la rénovation des maisons plus anciennes
(cr
preesistenti 8 )
peuvent, dans un même temps, être influencées par le même concept de maison
(a
wncetto di casa a)?
Les transformations peuvent résulter de la
modernisation des bâtiments préexistants, partiellement conservés (variante de
restructuration). Elles résultent aussi de la substitution complète de bâtiments
existants (variante de reconstruction). Or, nous nous situons en face du
phénomène de co-présence de deux formes ou le type nouveau, celui de la
banlieue, interfère sur la transformation du type urbain plus ancien. Selon une
hypothèse de la morphologie énoncée au point 1.2.3.' lorsque deux objets sont
présents en même temps dans des espaces continus, ils s'influencent
mutuellement (rapport de nuisance ou de collaboration). Le type plus récent
(portant) influence la transformation parallèle des types plus anciens. Nous
savons que par effet de rétroaction, la transformation des types édifies dans
des milieux plus anciens est influencée par les types nouveaux, émergents.
Quelle va être l'influence du modèle suburbain sur la transformation du tissu et
des types urbains?
2.1.2.1 .L'action des types suburbains sur les types urbains
Servons-nous du passage suivant afin de mettre en relief une
problématique déjà soulignée dans l'ouvrage intitulé Achitectufe du XXéme
" G. CANtGGIA (1988) Studio sui pvocessi di IbmaUOne e di muta-ne
de/& tiphqh ediIMe:
data della disciplina, in: Consiglio Nazionale delle Ricerche (1986) Rubiemi del #StaW in Na&,
Atti del Convegno Nazionale lenutosi a Roma nei giomi 3-6 novembre 1986. Companotto
editore, p.33.
24 D'après la traducüon de P. U R O C H E U (1997) Étude sur les processus de lbmatbn et de
mutation des typologies du b#i :dtat de la discipline, Québec, Université Laval, (inédit), p.9.
siWe au Québec. Notons que l'auteur, un historien de l'art, a soulevé le
problème sans véritablement étudier son impact sur le plan morphologique:
Par ailleurs, quelque dix ans aprés les débuts de cette
explosion suburbaine (débutée en 1945)) qui s'était
largement faite au détriment de la ville traditionnelle, c'est
la banlieue, avec ses solutions propres et son architecture
propre. qui allait fournir des modèles pour le
réaménagement des villes. Tout en tenant compte des
exigences et des contraintes particuliéres aux temtoires
urbains dont la densité d'occupation est différente de celle
de /a banlieue, architectes et urbanistes frenspos&ent
dans la ville des formes de traitement de l'espace de
mQme que des solutions architecturales qui avaient,
jusque-/&, fait le succds de le banlieue. Sans qu'elle
prenne exactement les formes de l'architecture de /a
banlieue, la nouvelle architecture des villes procède d'une
approche semblable et un meme esprit y prévaut. Dans
une tr&s large mesure, elle s'inspire des solutions
d'abord conçues pour la banlieue, que les b(ltisseun
ont cherche 9 adapter à un contexte pourtant bien
difirent 26.
Selon Bergeron, les solutions propres à la banlieue se superposent au
corps structural du tissu urbain qui est pourtant de par sa nature, comme nous
l'avons vu, très différent du tissu suburbain. L'étude morphologique réalisée
dans cette thèse va nous permettre de vérifier cette affirmation.
2. t -2.2. L'interruption de la conscience spontanée
Nous assistons a un rejet des comportements herités, à leur
remplacement par des pratiques d'aménagement de l'espace et à des solutions
architecturales propres à la banlieue. Est-ce que cette action du type suburbain
constitue un rapport de nuisance ou de collaboration?
--
25
-
-
C. BERGERON (1 989) - M m
du XXdm si&& au Québec.Montréal. MBridien, p.143.
Dans un contexte ou il existe une conscience spontanée, sorte de
mécanisme qui régule les transformations, il subsiste une certaine adaptation
au contexte préexistant lorsque I'on rénove ou lorsque I'on reconstruit un édifice
plus ancien.
Le mode d'implantation et certains traits volumétriques se
maintiennent.
Les comportements hérités propres à cette aire culturelle
continuent d'interférer malgré les reconstructions d'édifices plus conformes aux
nouvelles réalités sociales et technologiques qui apparaissent de génération en
génération.
Nous l'avons vu, cette conscience spontanée prédomine dans les
intervalles historiques sans crises, dans des sociétés plus stables, durant
lesquelles une culture ne change pas de manière visible.
Or,dans un contexte
de bouleversements rapides, de changements profonds dans la culture bâtie
(mode d'édification), de prise en charge par l'État de la question du logement,
qu'advient-il des comportements hérités, des façons de faire consacrées et des
développements typologiques locaux?
L'influence du modèle de la banlieue sur la forme urbaine est
déclenché par une superposition d'elements étrangers au corps structural de la
ville, combinée à la disparition de la conscience spontanée (automatisme),
régissant les développements typologiques locaux. Dans ce contexte, l'action
du modèle suburbain provoque des coupures. Les transformations du milieu
urbain se font dans un contexte social d'individualisme (foisonnement de
possibilités, perte des automatismes) qui règne depuis la fin de la Deuxième
Guerre mondiale.
existaient et
qui
Les comportements hérités et le consensus social qui
régissaient les transformations,
avant
bouleversement morphologiques de l'après-guerre, n'existent plus.
les
grands
Quelque chose doit prendre le relais afin d'assurer une nouvelle
continuité dans la culture du bâti local pour que cette dernière puisse de
nouveau agir. Voyons rapidement un exemple concret de cette action du modèle
suburbain sur le tissu urbain, en nous servant de l'exemple de la ville de
Toronto, très bien étudiée par Baird.
Le cas du quartier North Jarvis situé à Toronto de 1848 à 1976
Cet exemple démontre bien, selon nous, la disparition progressive de la
conscience spontanée permettant l'intrusion de types étrangers qui, nous le
verrons, entraînent la déstructuration progressive de l'espace public et des
tissus urbains, ce que nous appelons le problème de la discontinuité typologique
et morphologique.
Baird a étudié les transformations survenues dans un quartier de la ville du
milieu de 19ème siècle jusquJen 197626.
Ces transformations se font
principalement au niveau des parcelles et au niveau des types batis résidentiels.
Selon lui, les nouveaux bâtiments se conforment aux caractéristiques
typologiques du milieu jusqu'en 1955. Ces implantations s'appuient sur les
divisions parcellaires antécédentes. Etles renouvetlent les composantes baties
du tissu tout en conservant les caractéristiques d'implantation, volum6trique et
morphometrique (grandes dimensions) du lieu dans lequel elles s'insèrent.
La transformation des types batis se fait selon un processus continu, du
milieu de 19eme siècle jusqu'en 1955 environ.
26
Les typologies bâties se
G. BAIRD et B. MYERS (1978) a Vacant lottery a, Design quarterly, no 108, p. 3-36.
renouvellent tout en maintenant les règles constitutives du tissu urbain déjà en
place. Le systeme de relation est intact de sorte que la continuité du tissu
urbain est maintenue. Cette étude morphologique sur une ville canadienne est
éclairante car elle nous permet de fixer la date à laquelle apparaît le phénomène
de la discontinuité à Toronto. En effet, des que le systeme de rapport présent
caractérisant tel ou tel type de tissu historiquement donné est remis en question
par des implantations nouvelles, nous pouvons dire qu'il y a émergence d'une
discontinuité morphologique. Revenons a l'objet d'étude de la discontinuité au
niveau des types bâtis et du parcellaire. II est important de savoir que:
Des formes constructjves radicalement di%rentes peuvent
se substituer les unes aux autres sur une même parcelle d
travers le temps, sans dommage pour la morphologie,
aussi longtemps qu'est respecte un nombre sufisant de
règles constitutives de la typologie z7.
Dans son étude, Baird a bien mis en évidence ce phénomène de stabilité.
Par la suite, son étude met en relief l'apparition des effets concrets du
phenornéne de la discontinuité typologique et morphologique.
Celui-ci va
jusqu'à entraîner une déstructuration progressive du tissu urbain de l'ensemble
d'un quartier (North Jarvis) situé a Toronto (éclatement de l'espace traditionnel,
insertion de bâtiments interrompant le systeme typologique en place).
Cette discontinuité morphologique a entraine, selon Baird, une
dissolution du rapport traditionnel entre l'espace public et privé. Les édifices
insérés dans la trame urbaine jouent le rôle de "monuments isolés" sans aucun
lien avec leur environnement immédiat d'un point de vue formel, spatial et social.
L'espace de la rue autrefois défini par le bati n'existe plus dans le quartier de
"North Jarvis" de Toronto.
L'effacement du &seau parcellaire en vue
27 Article de Baird intitul6 a La parcelle constitue la base de Ia morphologie urbaine 3 dans P.
Meilin et F. Choay (1988) MorphoEogre m i n e et pmdI8h9, Paris, P.U.V. , p.143.
d'implanter les nouveaux types bâtis isoles a détruit l'espace urbain.
Les
dessins illustrant l'évolution des types résidentiels de 1911 à 1965 sont
présentés à la figure 4.
II faut rattacher le travail de Baird à celui des morphologues de l'École
française et en particulier à ceux de Boudon et Chastel qui ont, eux aussi,
exploré la mutation du tissu a partir des typologies et du découpage parcellaire.
Cependant, la particularité de l'étude de Baird est d'examiner le tissu urbain
nord-américain et d'évaluer l'impact des transformations récentes sur ce tissu
urbain. Comme nous le voyons, la discontinuité implique l'interruption d'une
structure syntaxique. Cette structure identifiable par l'analyse morphologique
est productrice de séquences d'éléments conventionnels et identifiables (le
parcellaire, le rapport batiment / parcelle, le rapport au réseau viaire, etc.). Le
maintien de certains rapports morphologiques malgré le renouvellement des
composantes du tissu urbain est important afin d'assurer la permanence et le
maintien de l'identité d'un quartier. Ce maintien était possible lorsqu'agtssait la
wnscience spontanée.
--
F
-
i
I
-
l
flan and Elcvltion of Aquiment Buiidinp, c i r a 1920
flan and Eltntion of a drb b l d Aputment Buildina. c i r a 1965
1965.
Figure 4: Évolution des typologies il North Janris (Toronto) de 1911
Jusqu'en 1954, les types s'adaptent au parcellaire en place en s'étirant en profondeur
(densification). Par la suite, les batiments s'autonomisent, ne structurent plus l'espace
urbain et ils n'entretiennent plus de relations avec leurs voisins. Nous assistons aussi à
un pivotement de 90 degrés de la parcelle typique du.quartier Sources: G. BAIRD et B.
MYERS (1978) p. 29.
2.1-2.3.
L'hvpothese de recherche
Lors des diverses phases historiques de transformation de la ville, il y a
toujours eu une modification, une substitution de la structure initiale par des
formes nouvelles qui correspondaient aux aspirations de chaque nouvelle
génération. Pour les villes québécoises qui nous intéressent, celles situées
dans la région montrealaise, entre autres, nous retrouvons aussi le phénomène
de transfomation dans le temps de la structure urbaine initiale, et une
substitution des formes anciennes par des morphologies nouvelles. Pour en
savoir plus sur le mode de transformation de ces tissus urbains, nous effectuons
le même exercice que les rnorphologues européens (Boudon. Chastel) et
canadiens (Baird, Myers) en nous préoccupant du problème de la transformation
de la ville dans le temps. Cependant, a la différence de Boudon-Chastel qui
étudient les modifications des tissus urbains qui s'opèrent au 19eme siècle,
nous désirons nous attarder surtout aux cycles actuels de modifications des
formes urbaines (de 1900 à nos jours). Cette substitution se fait par des formes
qui relèvent de la structure d'organisation suburbaine (transformations
survenues à partir du 20eme siècle).
Plusieurs chercheurs en morphologie nous parlent d'une rupture
historique dans le mode d'organisation de l'établissement humain pour
caractériser l'éclatement de la forme urbaine qui survient au début du 20eme
siècle.
Cette rupture est marquée par une accélération des changements
sociaux et culturels qui seraient la cause des transformations radicales dans
notre façon d'édifier nos villes par rapport aux modes traditionnels. Beaudet a
soulevé le problème auquel nous sommes actuellement confrontés lorsqu'il
parle de notre u incapacité collective à réapproprier les lieux urbains
traditionnels, incapacité alimentée par la perpétuation de pratiques qui
contribuent a vider de leur substance les centres-villes anciens » 28.
Concrètement,
notre
recherche
implique
l'observation
des
transformations qui s'opèrent strictement sur le tissu urbain du bourg (noyau
d'origine) et du faubourg (premières extensions) depuis l'apparition de la
banlieue comme mode d'urbanisation dominant en Amérique du Nord.
Nous
désignons par le « bourg B la periode de formation des villes moyennes et
petites du Québec qui s'étend de leur fondation, jusqu'à l'atteinte de leur forme
la plus aboutie, vers la fin du 19ème siècle (période préindustrielle). Cette
phase voit naître et se développer les premières installations urbaines dans des
lieux géographiques donnés.
Nous désignons par r faubourg s une forme
d'extension de la ville, a partir des limites anciennes du bourg.
Cette
croissance s'échelonne grosso modo de la fin du 19eme siècle jusqu'au milieu
du 20eme siècle. Notons que cette période est marquée par l'industrialisation
(période industrielle). Généralement, le bourg et le faubourg forment le tissu
urbain homogène de la ville.
Enfin, la
a
banlieue )) désigne le modèle
d'urbanisation et de croissance de la ville depuis la Seconde Guerre mondiale
jusqu'a aujourd'hui. II s'agit du mode de croissance contemporain des villes,
postérieur à la révolution industrielle (période post-industrielle).
Revenons au problème posé par la présente thèse, soit la discontinuité
morphologique et typologique qui survient dans la transformation du tissu et des
types urbains (bourg, faubourg) depuis l'émergence du modèle d'urbanisation
de la banlieue. Cette discontinuité implique la superposition d'une nouvelle
forme. différente de celle retrouvée dans l'aire culturelle locale urbaine en
Dans A . Germain (1991) L'ménagement h a i n , promesses et &fis, Montréal, Institut
quebecois de recherche sur la culture, p.80.
28
transformation. Et elle implique que la culture bâtie héritée n'est plus opérante
dans le processus de transformation du milieu bâti ancien.
Pour reprendre les propos éclairants de Bergeron, c'est la banlieue avec
ses solutions propres et son architecture propre, qui va fournir des modèles pour
le réaménagement des villes (substitution, restructuration). Le résultat de ces
interventions est la transposition dans la ville traditionnelle des formes et des
espaces suburbains dans un contexte bien différent, lui-même généré par un
processus spontané stable et continu (processus typologique). Sans le système
de médiation appelé a conscience spontanée IB assurant la continuité du devenir
du type dans le temps, il existe un déséquilibre entre les forces en présence et
c'est cette problématique que la thèse propose d'étudier plus spécifiquement.
Nous pouvons dire que les facteurs u révolutionnaires » et progressistes ont pris
de l'ampleur par rapport aux réflexes de conservation de l'organisme urbain.
Les interventions de transformation du bâti dans les aires urbaines sont souvent
teintées
d'une
incapacité
à
reconnaître
les
comportement
codifies
collectivement, de sorte que l'objet remanie ou reconstruit n'existe que pour luimême, sans références au contexte immédiat. Ceci est générateur de ce que
nous appelions la discontinuité morphologique que nous allons définir
maintenant.
Définition du concept de la discontinuité
Abordons la nation de continuité avant de décrire son contraire, la
discontinuité.
Le petit Robert définit le terme de continuité comme une
r Absence de ruptures n. Le Larousse quant à lui parle de la continuité pour
décrire ce qui est u sans interruption, dans le temps ou dans l'espace B. Le
Dictionnaire de la langue du XIXeme et XXerne siècle fait aussi référence aux
deux dimensions rattachées au concept de continuité: un phénomène, pour Btre
continu, ne doit pas être interrompu dans I'espace et dans le temps. Le Littré
(dictionnaire de la langue française) parle de continuité pour décrire l'a État de
ce qui est d'une seule tenue N. II parle aussi de la dimension temporelle cr durée
continue B et spatiale * continuité des parties B.
La discontinuité, c'est l'absence de la continuité. C'est dans ces termes
qu'est abordée la notion de discontinuité dans le Petit Robert (absence de
continuité) et le Larousse. Le Littré parle d'une u interruption qui se présente
dans l'étendue d'un corps B.
Enfin le Dictionnaire de la langue du XIXème et du
XXèrne siècle parle de discontinuité en ces termes: a Fait d'être discontinu, (...)
d'être interrompu dans I'espace et dans le temps r.
Pour appliquer le concept de discontinuité et de continuité au domaine de
la morphologie urbaine, revenons à un postulat de base de cette discipline.
Nous avons énonce au chapitre 1 (notions théoriques et outils de lecture) le
postulat ou l'on considère les formes urbaines comme un système dans lequel
Ies éléments entretiennent des relations mutuelles de solidarité et de
complémentarité qui assurent la pérennité de I'organisme urbain. Les éléments
constitutifs de la forme urbaine se tiennent entre eux dans l'espace (continuité
des parties). De plus, grâce a la poursuite dans le temps de ce système de
solidarité et de complémentarité, l'organisme urbain peut assurer sa pérennité
(continuité dans le temps).
Nous voyons là aussi se dégager les deux
dimensions de la continuité tirées des dictionnaires: continuité spatiale (parties
non séparées) et continuité temporelle (pérennité). Selon le postulat, la forme
urbaine idéale ne serait pas interrompue dans l'espace et cette forme se
maintiendrait dans le temps.
Cette représentation idéale doit toutefois être questionnée car le système
doit intégrer l'aspect évolutif, c'est-à-dire qu'il doit int6grer de nouveaux
éléments qui font émerger de nouveaux rapports et de nouvelles formes. Le
système procède plutôt par degrés de continuités et de discontinuités puisque
certains éléments subsitent (durent dans le temps) tandis que d'autres
disparaissent, certains rapports se maintiennent alon que d'autres disparaissent
ou apparaissent. Les notions de discontinuité et de continuité sont donc aussi
nécessaires l'une que l'autre
20.
11 n'y a pas que du continu mais aussi du
discontinu dans le processus de formation et de transformation de la ville. Nous
supposons qu'il existe des interruptions dans ce système d'unité, des
interruptions de ce principe de recollement des constituantes élémentaires dans
un tout.
Attardons nous maintenant à la problématique qui nous intéresse ici, le
degré de discontinuité présent dans le processus de transformation des tissus
urbains. Deux phénomènes se rapportent a la discontinuité ou plutôt au degré
de discontinuité dans le processus de transformation du tissu urbain: la
discontinuite diachronique (dans le temps) et la discontinuité synchronique
(dans l'espace).
La discontinuité diachronique:
Nous voyons qu'il peut exister un degré de discontinuité dans le système
de filiation d'un nouvel objet avec les objets plus anciens (non contemporains).
II peut être plus ou moins en relation avec le système d'antecédent propre au
lieu ou il est édifie (règles constitutives de la typologie). Cet écart est facilement
observable lorsque l'on compare un objet bâti avec celui produit précédemment
sur la même parcelle. Les traits typologiques d'un nouveau bâtiment ne sont
pas toujours directement en relation avec les traits du bati qu'il remplace
Notons que continuité et discontinuité vont de pair et nous devons toujours sous-entendre la
présence de la continuite en nommant la discontinuittk C'est dans cette optique que nous
utilisons le terme de discontinuité dans cette thèse.
29
(substitution). Et les restructurations effectuées en fonction du type portant
amènent des modifications avec un certain degré de continuité ou de
discontinuité. Nous pouvons observer ce qui se maintient ou disparaît en
termes de rapports du bâti au tissu (mode d'implantation) et en ternes de
caractéristiques du bâti (volumétrie, façades, matér~aux,etc.) dans le temps. La
discontinuité diachronique se manifeste dans la transformation de la ville sur le
plan vertical, c'est-à-dire dans le temps.
Elle concerne spécifiquement les
bâtiments individuels. Cette discontinuité peut être présente dans le processus
de transformation des types bâtis dans le temps.
Nous savons que la
transformation des types batis au sein d'un même tissu est influencée par le
type portant émergent. Ce dernier que l'on retrouve dans les nouveaux tissus
influence par rétroaction les types plus anciens, soit en se substituant a ceux-ci,
ou en influençant leur restructuration. Lors de ce processus d'adaptation à de
nouveaux besoins, certains éléments se maintiennent alors que d'autres
disparaissent. C'est justement le rapport entre ce qui s'interrompt et ce qui se
poursuit qui nous indique le degré de discontinuité dans le plan vertical,
diachronique de la ville. Rappelons que le premier phenomene de discontinuité
concerne les transformations typologiques d'un bâtiment à l'échelle d'une
parcelle.
t a discontinuité svnchroniaue:
Le deuxième phenomene de diswntinuite affectant la transformation de la
ville se situe sur le plan de l'espace urbain.
Elle envisage le degré de
discontinuité ou de continuité entre les divers batiments qui se tiennent
ensemble pour former un tout, qui se recollent et qui font unité. II faut observer
comment les constituantes élémentaires s'assemblent les unes avec les autres
dans l'espace a un moment donne. Notons que les ensembles urbains ne sont
jamais totalement continus. Nous pouvons difficilement imaginer un ensemble
parfaitement discontinu, mais nous pouvons imaginer un degré très élevé de
discontinuité. Le degré de discontinuité sur le plan horizontal, synchronique,
varie en fonction de la quantité de ruptures retrouvées à l'échelle d'un ensemble
urbain.
Comme exemple de ces variations, nous pouvons mentionner les
discontinuités faibles au niveau d'un ensemble de batiments résidentiels
présentant des éléments de discontinuité de détails architecturaux.
Ces
discontinuités au niveau des détails constituent des facteurs de diversité dans
l'unité d'ensemble, suscitant l'intérêt individuel du bâtiment, son identité, etc. II
existe aussi une discontinuité forte ou très forte suscitée par la présence de
bâtiments spécialisés (église, école, etc.) dans le tissu mineur. Ces éléments se
présentent comme des émergences dans I'espace urbain et signalent la
présence d'un usage collectif dans la ville.
Pour résumer, nous pouvons dire que la transformation des milieux bMs
est caractérisée par deux phénoménes de discontinuité:
- La discontinuité sur le plan vertical ou diachronique qui est présente à divers
degrés, selon l'interruption partielle ou complète du système de filiation unissant
les objets bâtis de même type. Nous avons à faire ici à ce que nous appelons
une discontinuité sur le plan vertical, diachronique, qui affecte la transformation
du bâti dans la ville. II s'agit de la discontinuité individuelle d'un édifice qui a
perdu une part de ses relations avec les objets antécédents (dérivation). Le
degré de discontinuité diachronique varie en fonction de ce qui est conservé
versus ce qui est remplacé, a mesure que la ville se transforme, pour intégrer
des besoins sociaux nouveaux.
- L'autre discontinuité est a horizontale B, c'est-à-dire qu'elle concerne l'espace
urbain et elle se manifeste à l'échelle des tissus urbains (relation synchronique
des batiments entre eux, la cohésion entre ces batiments générant la continuité
spatiale des tissus). Cette discontinuité se manifeste dans un registre spatial à
un moment précis de l'histoire (synchronie). Si l'ensemble est composé de
parties homogènes et qu'il est perçu comme un tout. il s'agit d'une manifestation
totale de la continuité sur le plan horizontal (tres peu fréquente). Lonqu'un seul
ou plusieurs de ces objets sont en rupture plus ou moins prononcée avec les
autres, nous parlons d'un certain degré de discontinuité spatiale.
La
multiplication des objets bâtis en rupture réciproque dans des espaces contigus
engendre une discontinuité horizontale, i.e. spatiale, plus ou moins forte de
I'ensemble.
Rappelons qu'il s'agit de la continuité des ensembles urbains
(continuité spatiale d'ensemble).
Considérant ces deux types de discontinuités, nous pouvons établir l'hypothèse
suivante:
Le modele suburbain, lomqu'il est applique au tissu urbain (bourg
d'origine ou faubourg) provoque un degrd prononce de discontinuité
morphologique qui remet en cause la structure de la forme urbaine
existant8 et aboutit
un nouvel espace hybride où se multiplient les
ruptures formelles et spatiales entre types urbains et suburbains.
Nous désirons montrer que les types portants, associes a l'édification des
banlieues agissant sur les tissus traditionnels, peuvent transformer ceux-ci
(discontinuité sur le plan typologique) pour en faire des ensembles d'un tres fort
degré de discontinuité synchronique, à un stade intermédiaire de leur
transformation. Nous allons voir au chapitre 3 la methode de vérification de
cette hypothese que nous appliquerons au chapitre 4 à l'étude typomorphologique de trois villes. II nous sera possible alors d'évaluer la pertinence
et la validité de notre hypothèse et aussi d'estimer l'acuité de l'explication
relative aux phénomènes qui affectent nos milieux urbains hérités du passé.
Chapitre 3
LA MÉTHODE DE VERIFICATION DE LWYPOTHÈSE
3.1.
Le cheminement m6thodoloaique dans son ensemble
Pour étudier le phénomène de discontinuité morphologique synchronique
et diachronique et en vue de vérifier la validité de notre hypothèse, il faut
sélectionner des secteurs d'étude. Nous devons aussi établir les dates repères
nécessaires à cette étude. Nous pourrons, par la suite, réaliser l'analyse typomorphologique des vilies sélectionnées en suivant trois étapes principales:
1- La première étape a comme objectif d'étudier les milieux urbains à partir de
leun origines. Trois lectures synchroniques sont réalisées a trois moments
différents de l'histoire où nous analysons:
- le site de formation,
- les phases de formation
du tissu ou nous définissons les types bâtis
dominants.
2- La deuxième étape a comme objectif spécifique de démontrer l'hypothèse de
recherche. Cette démonstration se fait d'abord en examinant diachroniquement
deux phases de transformation du tissu des villes étudiées:
-l'analyse des transformations du tissu urbain avant l'émergence de la banlieue
-l'analyse des transformations du tissu urbain depuis l'émergence de la
banlieue.
3- En comparant par la suite les deux grandes périodes de transformation, nous
pouvons évaluer si les transformations opérées après l'apparition du modèle
suburbain sont plus importantes en nombre et en degré que celles opérées
avant l'apparition de celui-ci (pondération des discontinuités rencontrées).
3.2. Le choix des secteurs d'dtude
Afin de démontrer notre hypothèse de recherche, nous avons sélectionné
certaines villes. Nous avons choisi des villes de tailles petites et moyennes1 où
l'on retrouve les trois phases typiques de formation, soit un noyau villageois
ancien
[ A
suburbaines
1, une extension de type faubourg
[
c
j
[ B
1 et des excroissances
de plus ou moins grande étendue.
Les documents
cartographiques et archivistiques sont facilement disponibles afin d'accélérer la
constitution des dossiers d'étude typo-morphologique, compte tenu des limites
de moyens et de temps qu'impose la recherche doctorale.
Première sélection
Une première sélection est faite parmi des municipalités faisant partie de
la grande région montréalaise et possédant les noyaux villageois les plus
anciens (secteur de première édification). II est intéressant de sélectionner une
ville située à proximité de Montréal et une ville plus éloignée de cette villecentre, afin de vérifier s'il existe un rapport entre l'ampleur du phénomène de la
discontinuité et la proximité d'une grande ville.
C'est pourquoi nous avons
choisi une ville située dans la a première couronne D, parmi les municipalités
situées sur la rive des grands cours d'eau délimitant l'île de Montréal, et une
ville de la u troisième couronne B. Les villes sélectionnées sont:
NOUSavons préféré nous concentrer sur Les villes de taille moyennes et petites, bien délimitées
dans l'espace et relativement autonomes dans leur évolution. Ces dernieres nécessitent un
effort particulier de recherche compte tenu de l'urgence des problémes d'aménagement
auxquels ils font face actuellement.
i
Ville de la u première couronne B:
*Ville de la u troisième couronne a:
Vaudreuil
Sainte-Annedes-Plaines
Deuxième sélection
Enfin, nous avons aussi inclus à notre liste une ville qui n'est pas située
dans la région montrealaise. II s'agit de Victoriaville, représentative, nous
semble-t-il, des villes moyennes québécoises aux prises avec le problème de
déqualification de leurs noyaux anciens. Compte tenu du fait que Victoriaville
constitue une ville au centre d'une région, elle nous semble être une sorte de
microcosme représentatif des phénomènes de transformations qui affectent les
villes moyennes du Québec (Joliette, Drummondville, etc.).
Sélection finale
En résumé, afin de vérifier le phénomène de discontinuité dans les villes
petites et moyennes, nous avons séiectionné: Vaudreuil, Sainte-AnnedesPlaines et Victoriaville. Dans ces trois milieux sélectionnés, nous retrouvons les
trois phases de formation typiques. Nous retrouvons une volonté locale de
requalification de ce noyau en respect des principes structuraux propres au lieu.
Les villes choisies tentent d'établir actuellement une ligne de conduite par
rapport a leur patrimoine bâti. Le noyau central des villes a l'étude est bien
circonscrit et peu étale dans l'espace, permettant un "cadrage" précis du
territoire à observer par visites de terrain et par documents cartographiques.
3.3.
Les dates necessaires à Wtude du ph&torn&ne
La chronologie des grandes phases technologiques dressée par Guenet
nous fournit le canevas a partir duquel il est possible de dégager trois dates
clefs, pour effectuer nos lectures morphologiques. Ces dates correspondent au
moment précis dans l'histoire où une phase technologique se termine et est
remplacée par une autre plus avancée.
Selon Guenet, il existe une a (...)
influence des périodes technologiques sur l'habitat ~2 dont a la forme sera
influencde par (...), de nouveaux matériaux, et le développement de nouvelles
technologies B ~ . Selon cette classification, la phase artisanale caractérise
l'édification, de l'origine de la colonie jusqu'à la fin du 19eme siècle. Durant
cette phase, les a matériaux, fabriques à la main, sont le plus souvent de
provenance locale puis assemblés par le futur occupant et I ou quelques
artisans qui se partagent un travail non divise socialement n? Ces techniques
de fabrication artisanales sont remplacées vers 1900 par des méthodes de
construction et de fabrication industrielles (phase manufacturiere et mécanique)
qui dominent jusqu'a 1955.
Les phases industrielles (manufacturière et
mécanique) cessent d'avoir de l'influence sur l'édification après 1955 car elles
sont peu a peu supplantées par une mécanique avancée et une technologie de
pointe (de 1955 à 7998). Après 1955, la production en série s'accentue et elle
est associée au zonage fonctionnaliste propre à la banlieue récente? II indique
que les u matériaux en plus d'étre produits en usine, font l'objet d'un
assemblage partiel et (sont) ensuite livres sur le chantier (pré-fabrication:
chevrons, fenêtres, etc.)
B.
Les changements entraînés par ces techniques
nouvelles sur les milieux M i s plus anciens devraient être les plus visibles entre
1955 et 1998.
M. GUENET (1987) R8Mxmn tMuQue sur /'espace ubein, inédit. p.8.
Ibidem. p.6.
Ibidem, p.12.
5 Cette phase tiremit h sa fin selon Guenet qui parle de Wmergence d'une phase technique de
pointe, pour caractériser la nouvelle phase technologique dans laquelle nous nous situons.
2
A partir de ces dates charnières6 fournies par Guenet et selon la
disponibilité des documents cartographiques. nous avons choisi de faire une
lecture du noyau urbain ancien des trois villes sélectionnées en 1900. Ensuite
la date de 1955 a été retenue afin d'obsencer les transformations de ce même
secteur qui vont de pair avec la phase d'industrialisation du bati (de 1900 à
1955). De plus, nous avons choisi la date buttoir de 1998 afin d'observer les
effets de l'émergence de la banlieue récente et des innovations techniques qui
lui sont associées qui correspondent aux phases mécanique avancée et
technologie de pointe. Ces deux dernières phases s'étendent de 1955 à 1998
où I'on assiste à une préfabrication des matériaux et A l'émergence de modes
constructifs nouveaux.
La recherche porte donc sur deux cycles de transformation ou I'on devrait
identifier un certain degré de discontinuité (substitution, restructuration): un
premier cycle de 1900 à 1955 et un deuxième cycle de 1955 à nos jours (1998)?
De 1900 a 1955 et de 1955 à 1998 de nouvelles formes constructives tendent à
s'imposer dans les milieux bâtis préexistants, générant de ce fait un certain
degré de discontinuité sur le plan diachronique (dans le temps) et synchronique
(dans l'espace). Dans le bourg d'origine des villes, des bâtiments de phases
technologiques plus avancées se substituent aux bâtiments plus anciens. Les
bâtiments restructurés quant à eux présentent une forme d'hybridation entre une
.-
-
--
-
Notons qu'il s'agit Ià d'une date repére OU nous sommes susceptibles de retrouver des
transformations sur le plan morphologique. Ce découpage ne remet pas en question le fait que
les milieux batis Bvoluent différemment selon les lieux et les époques, et qu'ils connaissent des
phases de stagnation et de croissance différentes. Nous pouvons dire cependant que chaque
milieu bati est influencé par des développements technologiques d'ordre global qui sont des
moments saillants de l'histoire sociale et 6conomique du Québec. Ces développements globaux
ont des effets pafliculiers et différenciés sur l'édification de chaque ville. La datation de Guenet
nous permet de faire des lectures lors de trois phases technologiques génératrices de
transformations et susceptibles de générer des discontinuit6s sur le plan morphologique: 1900
(comme aboutissement de la phase artisanale), 1955 (comme aboutissement de la phase
industrielle), 1998 (cumme aboutissement de la période mbcanique avancée).
Afin de comparer les deux cycles de transformation, il est important de définir deux périodes
de meme longévité (ici des périodes d'environ 50 ans chacune).
logique constructive plus ancienne et des matériaux nouveaux issus d'une
production de plus en plus industrialisée.
Le tableau III illustre de manière synthétique les dates repères où sont
réalisées les diverses lectures de l'état du tissu et des typologies en 1900, en
1955 et en 19988. 11 s'agit de l'analyse synchronique.
Par la suite, nous
comparons les états synchroniques entre eux afin d'étudier dans le temps les
diverses transformations typologiques et morphologiques rencontrées; il s'agit
de l'étude diachronique.
Tableau III: Modéle de la m6thodologie de recherche
F. Racine, 1998
NOUSavons indique en retral du tableau III, les phases tehnologiques correspondant aux
deux cycles de transfomations morphologiques observées dans la thdse (de 1900 a 1955 et de
d 955 a 1998). Ces derniBres permettent d'expliquer les transfomations architecturales locales
par des transfomations globales des techniques constnidives et des materiaux qui leurs sont
associ6s.
3.4.
L'étude tv~o-rnorpholoaicauedes villes sdlectionn6es
3.4.1. L'analyse de la formation des milieux b8tis
L'analyse typo-morphologique des milieux urbains sélectionnés débute
par une lecture du site d'implantation de la ville et de son milieu bâti afin de bien
comprendre ses trois phases de structuration, c'est-à-dire la formation de son
noyau d'origine
[ A
1, de ses premières extensions
[
B 1, et enfin la phase
caractérisée par la présence des excroissances suburbaines [ c J . Le tableau IV
représente schématiquement le processus courant de formation retrouvé
généralement pour les villes du Québec.
Nous avons choisi la forme
concentrique de développement comme représentation idéale du phénomène de
formation, en sachant fort bien que la croissance des tissus ne suit pas toujours
cette forme annulaire, compte tenu des caractéristiques du site d'implantation
des villes et de la présence de certaines barrières de croissance (rivières,
montagnes, etc.), empêchant le tissu de se développer dans certaines
directions.
1Tableau IV: Le processus de
formation des tissus. F. Racine, 1998
II est important de bien saisir que nous retrouvons grosso modo trois
grandes couches de croissance qui composent nos villes et qui se juxtaposent
dans l'espace:
[Al
[BI
[c1
l'agglomération villageoise
l'extensionfaubourienne
l'excroissance suburbaine
Par la suite, nous étudions le bati afin de dégager les typologies propres
à chacun des stades de formation. Un ensemble d'indicateurs vont nous
permettre de préciser le mode d'implantation du bati par rapport au tissu
(rapports au parcellaire, au réseau viaire, à l'espace libre et au site) ainsi que
les traits volumétriques particuliers des diverses typologies:
typologie [ A ]
typologie [ B 1
typologie [ C ]
3.4.2. L'analyse de la transformation du milieu bati
Après avoir observé le processus de formation du tissu et repéré les
typologies courantes, nous passons à l'analyse des transformations (substitution
et restructuration) du bati qui surviennent dans le noyau d'origine [ A lorsque
les premières extensions
[ 6
1
se réalisent.
II s'agit aussi d'évaluer les
transformations qui surviennent dans le noyau d'origine
extensions
B1
[ A ]
et dans les
lorsque le tissu suburbain [C 1 se met en place. Dans un
premier temps, nous etudions les effets des types faubouriens (typologie [ 6 D
sur les types situés dans le noyau villageois (typologie [ A J ):
[BI
4
[Al
Effet des types faubouriens sur la noyau villageois
Dans un deuxième temps, nous examinons les effets des types
suburbains (typologie [ c ] ) sur les typologies [ A J et [ B 1. Nous allons observer
en détail l'influence des types nouveaux sur les tissus existants en cherchant
des cas concrets où l'on rencontre les effets suivantes:
Effet des typas suburbains sur le noyau villageois
Effet des types suburbains sur les extensions faubouriennes
La phase finale consiste à faire un bilan des transformations, compte tenu
du type d'interaction, d'interférence, entre les divers types en présence
(interaction en relative continuité ou intéraction en discontinuité). Cette analyse
consiste à déterminer les conséquences de ces transformations sur le bâti
(mode d'implantation et caractéristiques architecturales) avant et après
l'apparition du modèle suburbain (comparaison entre les deux grandes phases
de transformation). Selon l'hypothèse énoncée dans la problématique, nous
devrions arriver aux résultats indiqués au tableau suivant (tableau V):
TRANSFORMATlON DES TISSUS (infiuence des types nouveaux sur les tissus existants)
[el
Effet des types faubouriens sur le noyau villageois
J.
-
[Al
0
Effet des types suburbains sur le noyau villageois
[ci
Effet des types suburbains sur les extensions faubouriennes
M E S D'INTERACTIONS
El
en relative continuité
en discontinuitb
Tableau V: Le processus de transformation des tissus
3.5.
F. Racine 98
La orille d'analyse des types et du tissu urbain
II importe d'utiliser le meilleur outil d'obsewation synchronique et
diachronique de la forme urbaine.
L'outil d e lecture employé dans cette
recherche nous est fourni par Albert Lévy, architecte et charge de recherches au
Laboratoire Théorie d e s Mutations Urbaines (T.M.U.) a l'Institut Français
d'urbanisme (Paris VIII) (tableau VI). Lévy, dont nous avons déjà examine les
écrits dans notre cadre théorique, est l'auteur qui a le plus réfléchi sur les
questions méthodologiques en morphologie urbaine. Dans leur ouvrage intitulé
Morphologie urbaine et pafceIIaire9 , Merlin et Choay admettent tous deux la
pertinence et la rigueur de la grille d'analyse de Lévy pour la compréhension de
la syntaxe du tissu urbain.
O = analyse typologique interne à un réseauX = cfitére de typologie d'implantation urbaine
Tableau VI: La grille d'analyse morphologique de LBvy
La grille d'analyse d'Albert Lévy nous fournit la structure générale des
critères d'observation pour l'étude des trois villes sélectionnées (tableau VI):
- premièrement, cette grille identifie les cinq sous-structures du tissu urbain (site,
espace libre, bâti, viaire, parcellaire);
P. Merlin et F. Choay (1988) Morphobgk &aie et ~ I I a r i eParis,
,
P.U.V..
- deuxièmement, cette grille nous encourage a obsewer en détail et isolément
les sous-structures du tissu (analyse typologique interne a un réseau);
- troisièmement, elle nous incite à analyser les relations existant entre les sousstructures de base en insistant sur le bati comme critère de classification des
tissus (critère de typologie d'implantation urbaine).
Nous voyons apparaître dans la grille de Lévy, disposées à l'horizontale
et à la verticale, les cinq sous-structures du tissu. II s'agit de I'ensemble des
éléments physiques qui permettent l'expression physique et spatiale du tissu
urbain et qui font, selon Lévy, système. La grille spécifie l'ensemble des formes
élémentaires ainsi que les relations syntaxiques qui permettent l'expression du
tissu urbain. Ces formes élémentaires, comme nous l'avons vu, sont constituées
par le réseau viaire, le parcellaire, le bâti, l'espace libre, ainsi que le site luimême, décrit à travers son orographie, son hydrographie et sa couverture
végétale. La spécificité de l'organisation de chacune des sous-structures du
tissu (géométrie, dimension, position) ainsi que la manière dont le bati s'insère
au sein de ces sous-structures (implantation) définissent tel ou tel type de tissu
historiquement donné (du bourg, de faubourg, de la banlieue, etc.). Lévy entend
par a la typologie d'implantation urbaine )) la prise en compte de I'ensemble des
rapports qu'entretient le bati avec le tissu et le site (rapports extérieurs à
l'édifice) comme critères de classification des tissus urbains (soit les rapports
aX
3.6.
1):
bati 1 parcellaire, bati I viaire, bâti / espace libre, bati 1 site).
Les cinq sous-structures du tissu
II semble utile de définir ces structures qui font l'objet de toute notre
attention lors de l'étude de la formation et de la transformation des milieux bâtis
s6ledionnés. Définissons tout d'abord les structures de découpages au sol qui
constituent en quelque sorte les cr infrastructures B de la forme urbaine, pour
reprendre la terminologie de PinonlO:
Le site
Le site est ce qui préexiste, ce qui est avant l'objet urbain ou architectural (il est
donc non seulement autour, mais "dessous"). C'est le support géographique
considéré dans sa structure orographique, hydrographique et complété par la
couverture végétale, c'est-à-dire avant tout aménagement humain. II s'agit d'une
portion de territoire que l'on isole mentalement pour l'évaluer en détail.
(Pinon, 1976)
Le réseau viaire
Le réseau viaire est le svstème de liaison entre les différentes parties d'une
ville. II est constitué par l'ensemble des circulations de fondion et d'importance
variables. Ce réseau, destine à desservir les parcelles, a la propriété de
structurer aussi bien I'espace rural que l'espace urbain.
(Pinon, 1976)
Le terme (...) réfère à I'espace ouvert limité par les lignes de rue et réservé a
l'usage du trafiic (..) de toutes sortes. L'arrangement de ces espaces contigus
et interdépendants à l'intérieur de l'aire urbaine, lorsqu'on la regarde
séparément des autres éléments du plan de la ville, peut être appelé système
viaire.
(Conzen, 1 960 tiré du Lexique de typo-morphologie de
Larochelle)
Ce terme désigne les voies d'une ville et il fait aussi référence à leur
organisation géométrique, hiérarchique et a la dimension des diverses voies.
Io P. PlNON (1991) tim et composer l'espace public, Paris. Édlions du STU. Notons que les
ddfinitions sont tirées de BORIE, A., MICHELONI, P., PINON, P. (1976) Fonnes Maines et site
de Manch, Pans , Gefau / Corda ; CHOAY, F. et MERLIN, P. (1988) Dictionnalire de
htwnisme et de I'a~nsgemeM.Paris, Presses Universitaires de France; LAROCHELLE, P.
(1998) Lexique de &pwm@wIogie du m6Jku Mtj, Qubbec, Univenit6 Laval, FaaiRb
d'architecture et d'aménagement, (inédit).
Le parcellaire
Le réseau parcellaire est un svstème de partition de l'espace du territoire en un
certain nombre d'unités foncières, les parcelles.
C'est I'ensemble de la division du sol en parcelles et sa représentation
cartographique. II désigne généralement tout partage du sol et I'ensemble des
lots qui le constituent, quelles que soient leurs dimensions ou leurs formes. En
tant que portion de I'espace, la parcelle est définie par des limites précises,
chaque limite étant concrétisée par une ligne (...) commune avec la parcelle
voisine. (...) La forme de chaque parcelle est donc étroitement tributaire de celle
des parcelles qui l'entourent. (...) Dans tous les cas, la formation et l'orientation
des parcelles sont déterminees par la présence d'une voie d'accès qui en
constitue l'une des limites.
(Dict. de I'urb. et de I'aménag, 1988)
Définissons maintenant les sous-structures qui confèrent une expression
volumétrique et spatiale à la forme urbaine.
Le réseau bâti regroupe I'ensemble des masses construites de la forme urbaine,
quelle que soit leur fonction (habitation, monuments, etc.) ou leur dimension.
(Pinon, 1976)
Le bâti constitue le "plein" urbain.
(Pinon,1991)
' 1 Lors de l'analyse du Mti, nous obsewons l'ensemble des édifices, de la plus modeste
habitation aux édifices les plus complexes. Notons que l'habitation est l'unité de base du cadre
bâti car elle est l'objet le plus proche de notre expérience quotidienne, en plus d'&te dominant
quantitativement. Pour cette analyse propre au bâti, nous utilisons la notion de typologie qui
détermine la façon de poser notre regard sur le milieu mi. Nous ne mettons pas l'emphase sur
les éléments exceptionnels mais sur tes 6l6ments communs, nous recherchons les propriétés
essentielles et communes une catégorie d'objets construits (famille de bâtiments). Ceci nous
permet de rendre compte des caractt!tistiques d'un milieu mi.
Les espaces libres
Le réseau des espaces libres est l'ensemble des parties non construites de la
forme urbaine, que ces espaces soient publics (places, rues, etc.) ou privés
(cours, jardins, etc.). Le bâti et les espaces libres sont deux systèmes opposés
et complémentaires d'occupation de I'espace urbain, ce que l'on nomme
fréquemment le "plein" et le "vide".
(Pinon, 1976)
Analyse détaillée des cinq sous-structures
La lettre "0"dans le tableau indique l'opération d'analyse typologique
d'une sous-structure en soi, indépendamment des autres sous-structures.
Notons que I'espace libre n'est pas considéré comme un réseau autonome car il
dépend étroitement de la position du bâti et de la façon dont celui-ci structure
I'espace. II est nécessaire d'observer séparément chaque sous-structure du
tissu:
- la lecture du site lui-même (décrit à travers son hydrographie, sa topographie
et sa couverture végétale)
- la lecture du parcellaire ( les lots )
- la lecture du réseau viaire (voies de circulation)
- la lecture du bâti (les édifices dans leur ensemble)
- la lecture de I'espace libre, des espaces urbains
En comparant l'état des cinq structures dans le temps (analyse
diachronique), nous pouvons déjà dresser un diagnostic des transformations
morphologiques qui surviennent. Afin de réaliser ces lectures, nous reportons
séparément sur chaque plan les informations graphiques concernant le site
(courbes de niveaux, trace des cours d'eau, couvert végétal) et les informations
concernant le réseau viaire (ensemble des voies de circulation), le parcellaire, le
bâti (lorsque les données sont disponibles) et les espaces libres P chaque date
repère. Par la suite. nous superposons deux a deux (comparaison) ces plans
afin de repérer les transformations qui s'opèrent dans chaque ville.
Analyse de la typoIonie des batiments
L'observation des diverses relations qu'entretient le bati avec le tissu et le
site (rappoRs extérieurs à l'édifice) nous permet de dresser la typologie
d'implantation des bâtiments dans le tissu. A juste titre, Lévy parle de « critères
de typologie d'implantation urbaine B.
Ces opérations analytiques sont
importantes afin de définir le mode d'implantation propre à une famille de
bâtiments repérés dans la trame urbaine, c'est-àdire du principe régissant la
mise en place des batiments dans la trame urbaine (le type
a
à priori B) et ce, à
chaque époque de lecture. Notre étude porte sur les inter-relations syntaxiques
entre le bati et les autres composantes du tissu. Nous pouvons ainsi définir la
typologie d'implantation du bâti ( soit les rapports ' X " : bâti 1 parcelle, bati 1 viaire,
bati I espace libre, bâti 1 site).
Sachant que nous allons mettre l'emphase sur le bati, il faut développer
davantage les outils de lecture de cette sous-structure particulière.
Nous
devons bonifier la grille de Levy afin de pousser davantage notre investigation
concernant les typologies bâties et plus précisément au niveau de leur
expression architecturale.
La grille de Lévy étant relativement muette sur les
critères de lecture concernant spécifiquement l'architecture, la forme des
batiments, nous nous sommes bases sur les indicateurs morphologiques
proposés par Morisset12 et par Vemez-Moudon pour arriver a l'élaboration du
tableau de pondération des discontinuités retrouvées dans les divers milieux
urbains observés (voir le tableau VII). Nous retrouvons plusieurs venions de
l2 Une grille du bâti a donc W réalisée a partir du travail de MoRsset qui a conçu cet outil en
1975 et l'a développé par la suite dans son atelier de morphologie urbaine A l'École
d'architedure de l'Université de Montréal.
cette grille l3. Nous avons contribué à adapter la grille de Morisset et a l'animer
avec celle de Lévy. Les différentes analyses de terrain ont permis de définir la
grille d'observation du bati la plus simple et la plus efficace. Nous avons réalisé
cette grille en utilisant une terminologie d'usage courant. De plus, la mise à
l'épreuve de différentes générations de grilles a permis d'en arriver à une
version satisfaisante et susceptible de continuer à évoluer.
Les variables retrouvées dans le tableau de pondération des discontinuités14
Nous avons vu à la fin du chapitre deux qu'il peut exister, lors de la
transformation des types et du tissu urbain, deux types de discontinuités: ta
discontinuité diachronique (dans le temps) puis la discontinuité synchronique
(dans l'espace). Une discontinuité synchronique peut exister en soi, ou être
obtenue par un nombre plus ou moins élevé de discontinuités diachroniques
dans un voisinage ayant un degré de discontinuité synchronique faible. Afin
d'observer systématiquement ces phénomènes, nous devons établir un outil
théorique pour observer ces deux types de discontinuités. Le même outil est
utlisé pour obsewer le degré de discontinuite diachronique lors de la
transformation des types bâtis et pour observer le degré de cohésion des unités
architecturales constituant les ensembles bâtis a un moment donné de l'histoire
(discontinuités synchroniques, horizontales). Nous avons dégagé, à partir du
travail
de
Lévy,
quatre composantes morphologiques se
rapportant
spécifiquement à l'implantation du bati. Nous avons tire des recherches de
Vernez-Moudon et de celles de Morisset les cinq composantes typologiques
relatives à l'étude du bâti lui-même (aspect extérieur seulement). Ces neuf
l3 P. MORISSET (1996) La Ibmie urbaine des temps bus, en France et au Quebec, Montréal,
Université de Montréal, (inédit).
l4 Notons que le tableau servant à découvrir la syntaxe B chacune des 6poques observees
(analyse synchronique) sert aussi 8 retracer ta modification de cette syntaxe dans le temps
(analyse diachronique). II nous permet de montrer et de ponddrer les ruptures diachroniques
affectant certains bâtiments d'une période A l'autre.
composantes générales ont été subdivisées en vingtquatre éléments
particuliers à observer (les variables) sur le terrain ou a l'aide des documents
anciens (plans d'archives, photos, etc.). Ces variables vont faciliter l'étude du
phénomène de la discontinuité morphologique sur le plan diachronique et
synchronique et nous permettre de décomposer le phénomène pour mieux le
comprendre.
Dans la forme finale retenue, le tableau nous permet d'observer
systématiquement les modifications qui affectent les bâtiments au niveau de
l'implantation et de l'enveloppe architecturale dans le courant de l'histoire. Ceci
nous permet de comparer l'ampleur des transformations effectuées Ion de deux
phases de l'étude: de 1900 a 1955 et de 1955 à 1998. Le degré de discontinuité
est déterminé en comparant les changements qui surviennent d'une date repère
à l'autre quant a la position du bâtiment dans le tissu (l'implantation urbaine) et
au bâti lui-même comme entité construite (le bâti). Ces transformations sont de
deux ordres en morphologie: soit les bâtiments de la première édification sont
a
modernisés )) (variante de restructuration) , soit ils sont reconstruits d'une
période à I'autre (variante de substitution). Les variantes de substitution
résultent de la reconstruction complète de batiments préexistants.
Les
transformations diachroniques peuvent être nulles (discontinuité nulle), faibles
(discontinuite faible), moyennes (discontinuite moyenne), fortes (discontinuité
forte). Selon ce degré de discontinuite retrouvé de ces transformations, elles
ont plus ou moins d'impact sur la cohésion synchronique des ensembles bâtis.
Le tableau VI1 est divisé verticalement en deux grandes colonnes
(l'implantation et le bâti) regroupant les différentes composantes typomorphologiques externes (les catégories) et les éléments particuliers a observer
(les variantes) synchroniquement et diachroniquement. En commençant par la
gauche du tableau, le premier facteur a considérer est le mode d'implantation du
bati, le deuxième facteur est le bati.
Définissons d'abord ce que nous
entendons par la question de l'implantation du bati.
Imolantation:
II s'agit de la manière dont un bâtiment particulier se dispose dans l'espace pour
participer à la forme d'une entité a plus grande échelle, c'est-à-dire le tissu. La
configuration même du tissu est étroitement liée à la façon dont chaque bâtiment
tire parti:
- du site ou il est installé,
- de la parcelle qui I'acweille,
- de la voie ou des voies qui le bordent,
- des espaces libres qu'il participe a délimiter.
Diachroniquement, soit un bâtiment reprend ces dispositions particulières, soit il
les reprend en partie ou pas du tout. Si une construction, en se substituant à un
édifice plus ancien, ne reprend pas du tout ce code syntaxique courant, elle
entraîne un degré élevé de discontinuité diachronique quant à son implantation.
Synchroniquement, un bâtiment reprend entièrement, partiellement ou
aucunement les positions des bâtiments voisins.
Voyons en détail les éléments à observer afin d'étudier l'implantation du
bâti dans un milieu urbain donne (les relations typiques des bâtiments aux
composantes du tissu urbain: Bati I site, Bâti / viaire, Bati I parcelle, BAti I
espace libre).
Bâti / site:
Nous observons si le bâtiment ou un ensemble de bâtiments tiennent compte de
la topographie du lieu (coupe particulière), de la présence de coun d'eau
(disposition de la façade en fondion de la nie ou du cours d'eau, par exemple)
ou s'ils tirent parti de la présence d'un couvert végétal (implantation
pavillonnaire laissant un couvert abondant). II s'agit d'observer s'il existe une
tendance particulière du bâti à s'adapter à la configuration du site (par exemple
le mode d'implantation des bâtiments sur un site en pente, voir à ce sujet l'étude
de Vernez- Moudon sur San Francisco's). Cette variable a moins d'incidence si
nous nous retrouvons en terrain relativement plat ou si les premières
édifications se font en milieu agricole ou le couvert végétal est absent.
Bâti / p arc elle:
Nous observons ici la position du bâtiment sur la parcelle, c'est-à-dire les
rapports géométriques entre le batiment et les limites du lot qu'il occupe, soit les
distances frontales (marge avant), latérales (marge latérales) et arrières (marge
arrière) ainsi que l'angle d'implantation du batiment par rapport aux limites de
lotl6. Un batiment peut être implante au centre de la parcelle (implantation
parvillonnaire), il peut être implanté le long d'une des limites latérales (semidétaché), le long des deux limites latérales (en range), etc.
Bâti 1 viaire:
Considérant à nouveau les rapports géométriques ci-dessus, nous observons
particulièrement la marge avant et l'angle d'implantation courant d'un batiment
par rapport à la rue ou aux nies limitrophes. Nous considérons en outre les
éléments du bâti affectant ses rapports avec la voie, comme par exemple
l'emplacement de l'entrée, la présence d'un escalier, d'un trottoir d'approche,
d'une clôture, des végétaux, etc.
Bâti 1 espace libre:
Nous considérons a nouveau les rapports entre bâti et viaire, mais cette fois en
observant directement et globalement les effets de l'implantation sur la forme de
I'espace urbain. II existe une relation de complémentarité ou d'interdépendance,
unissant la partie construite, le bâtiment, a la partie non construite, I'espace
libre. Cette complémentarité s'observe premièrement au sein de l'espace
parcellaire, c'est-à-dire dans un espace extérieur particularisé (habituellement
situe sur te côté, devant et derribre le bâtiment). Deuxièment, le bâtiment a un
rôle très important dans la définition de I'espace public de la rue (degré de
fermeture de la nie). Troisièmement, le bâti situe a l'intersection de deux rues
p--pp
-
l5 A, VERNU-MOUDON (1986) Buik îbr Change, ne^^ Architecture in San Francisco,
Cambridge, MIT Press.
I6 Habituellement les bâtiments épousent la diredion principale de la parcelle, c'est-8-dire qu'ils
sont implantés parallélement à une ou aux deux limites latérales du lot.
ou aux abords d'une place donne forme spatialement à ces espaces urbains qui
représentent autant de noeuds polaires importants pour se repérer à l'échelle de
l'espace urbain.
Après avoir observé le bâti en relation avec le tissu, nous observons
spécifiquement le bâti en lui-même. Cinq catégories de variables reliées au bâti
sont énumérées dans la partie supérieure droite du tableau. Ces catégories
sont la volumétrie générale, les découpages horizontaux , les découpages
verticaux, les ouvertures et les matériaux extérieurs utilisés dans la construction
de l'enveloppe du bâtiment.
Le bâti
Le bâti, comme nous l'avons déjà vu, regroupe l'ensemble des masses
construites de ta forme urbaine. Nous nous intéressons en particulier, dans
cette thèse, aux caractéristiques formelles du bâti à l'exclusion de toutes
dimensions fonctionnelles, sociologiques, etc. et nous restreignons l'étude aux
seules dimensions formelles entretenant une relation directe avec I'espace
public. Les dimensions formelles intérieures sont ainsi exclues.
Volumétrie aénérale:
La volumétrie générale du Miment consiste ici en un parallépipede rectangle
dans lequel s'inscrit le bâtiment dans ses grandes lignes. Ses trois dimensions
sont la largeur, la profondeur et la hauteur.
La largeur du bâtiment est la dimension qui longe la voie publique
La profondeur est l'épaisseur du batiment mesuree depuis la façade avant du
bâtiment jusqu'a sa façade arrière. Cette dimension est observable à partir de
I'espace public dans le cas de bâtiments détachés.
La hauteur est la dimension verticale du batiment mesurée de sa base (&
l'intersection du sol et du mur de fondation) au sommet, c'est-à-dire la partie la
plus haute du couronnement du bhtiment (la toiture).
Découpa~ehorizontal:
Le découpage horizontal est une division de la façade principale du bâtiment en
strates horizontales. Les bâtiments présentent habituellement une superposition
de trois parties différenciées: socle, corps, couronnement? Voici les définitions
de trois tranches horizontales à observert
Le socle est la partie d'un bâtiment établissant son rapport avec le niveau du
sol(? Dans le cas où il existe un vide sanitaire, une cave excavée, etc., le socle
est constitué par la bande de fondation visible à partir du niveau du sol (assise
du bâtiment), et certains de ses prolongements comme un escalier, un muret,
etc.
Le corps est la partie médiane de la façade du bâtiment ou l'on peut retrouver
un empilement d'étages plus ou moins différenciés, comprenant ou non le
niveau du rez-de-chaussée.
Le couronnement est une caractéristique fréquente des bâtiments par laquelle
la forme s'achève au sommet d'une manière perceptible. II arrive que tout
l'étage supérieur se perçoive comme le couronnement de l'édifice. Nous
retrouvons plusieurs types de couronnement: toit à double pans, à mansarde,
toit plat à fausse mansarde, à corniche saillante, etc.
Découpage vertical:
Deux aspects guident la modulation verticale d'une façade: la notion
d'alignement et celle de subdivision. II y a alignement lorsque les éléments de
la façade (ouvertures, saillies, bow windows, etc.) sont alignés les uns au
dessus des autres selon un axe vertical continu? La surimposition d'un motif
particulier (pilastres adossés par exemple) exprimant la structure du bâtiment
(portées) ou la largeur des pièces intérieures fait partie des subdivisions
présentes parfois sur la façade des bâtiments. Le regroupement d'un ensemble
l 7 Vemez -Moudon (1986), dans son étude diachronique d'un secteur urbain de San Francisco,
utilise cette division typique dans son observation du bati. Elle emploie le ternie anglais
(c base u pour désigner le socle, le terme cr box » pour désigner ce que nous appelions le corps
du batiment et le terme roof u pour désigner ce que nous nommons couronnement.
l a Notons que chaque partie décrite (socle, curps, couronnement) peut elle-meme comprendre
des sous divisions.
l9 Lorsque le plancher est de plain-pied avec le sol, il amve que t'ensemble du rez-de-chaussée
aparaisse comme le socle du bâtiment.
Cet alignement peut 8tre une simple translation des memes Blements. une translation avec
modification des éléments, ou une translation accompagnée d'une rotation, etc.
d'ouvertures par un motif vertical particulier est une forme de subdivision des
façades urbaines.
La notion de découpages horizontaux et verticaux est utile afin de déceler la
présence d'un système de règles couramment adoptées pour moduler
I'enveloppe des bâtiments. Ce système est un facteur d'unité et de diversité
important pour les ensembles urbains.
Ouvertures:
Les ouvertures sont des percements dans I'enveloppe des bâtiments. La forme
de l'ouverture est souvent rectangulaire, parfois cintrée, etc. La dimension de
l'ouverture se réfère à sa hauteur, sa largeur, et parfois à sa profondeur. Le
degré d'ouverture peut etre interprété comme un pourcentage occupe par les
surfaces d'ouvertures dans la surface totale de I'enveloppe, ou d'une partie de
I'enveloppe (le rezde-chaussée de la façade par exemple).
Matériaux:
Les matériaux par leurs propriétés et leurs caractéristiques propres concourent
fortement a l'unité et à la diversité architecturale d'un ensemble urbain. Nous
considérons particulièrement les murs et la toiture perceptibles de la rue.
Les facteurs d'observation utilisés dans cette recherche ont été
méticuleusement choisis dans la littérature disponible en morphologie.
Ils
regroupent les principales propriétés architecturales et urbanistiques de
l'espace urbain. Leur degré de généralité est suffisamment élévé pour etre
utilisable en pratique, et suffisamment détaillé pour etre représentatif et
compréhensible.
Ceci met fin à la première partie portant sur les notions théoriques et les
outils de lecture nécessaires a la réalisation de cette recherche. Dans la
deuxième partie (partie II), nous allons appliquer ces notions et ces outils de
lecture
à
trois
études
typo-morphologiques
(Sainte-Annedes-Plaines,
Victoriaville et Vaudreuil), afin de vérifier notre hypothèse. La partie II se
termine par un bilan synthèse visant a dégager les conséquences de la
problématique de la discontinuité morphologique sur la structure des villes
québécoises et de déterminer les structures les plus susceptibles d'être
affectées par ce phenornene. Enfin, dans la partie III, nous concluons la
recherche.
PARTIE II
ÉTUDE TYPO-MORPHOLOGIQUE DU CADRE BATI
trois études de cas: SainteAnnedes-Plaines, Victoriaville et Vaudreuil
Chapitre 4
ETUDE TYPO-MORPHOLOGIQUE DE SAINTEANNE-DES-PLAINES
4.1.
Ce site d'implantation du village
Les grands éléments de découpage au sol ayant présidé a la naissance
et à la mise en place du noyau villageois de Sainte-Anne-des-Plaines sont déjà
en place sur le plan officiel de la paroisse de Sainte-Anne-des-Plaines de 1889
(voir la figure 5). Cette structure morphologique ''héritée" qui s'est maintenue
jusqu'à aujourd'hui est composée: premièrement d'un système hydrographique,
deuxièmement du cadastre agricole et troisièmement d'un réseau viaire.
C'est à l'échelle territoriale que les caractéristiques géomorphologiques
du site ont une incidence permanente sur la structure du milieu bâti. Le réseau
hydrographique va être d'une importance capitale dans le processus
d'urbanisation car il offre les premières voies d'entrée et de communication
permettant la colonisation du territoire de Sainte-Anne-des-Plaines. C'est à
partir des rivières que l'on accède aux terres concédées et c'est sur les rives de
ces dernières que les nouveaux arrivants commencent a s'installer. Le site de
Sainte-Annedes-Plaines est marqué par la présence du ruisseau Lacome qui
prend sa source au nord du noyau villageois actuel. Par la suite, ce ruisseau se
déverse dans la rivière Mascouche dont il constitue un embranchement
secondaire. La rivière Mascouche quant à elle, aboutit a la rivière des ~ille-hes
au nord-est de Montréal. Nous pouvons parler ici d'un premier corridor
d'urbanisation fluviale car chaque lopin de terre a front sur un cours d'eau (voir
figure 5 ).
La rivière des
ill les-kes est la plus importante voie fluviale
du réseau
hydrographique de la région des Moulins. Ainsi nous retrouvons une hiérarchie
dans les voies d'eau qui irriguent et permettent le développement de la région.
Nous retrouvons une hiérarchie comparable dans les noyaux urbains situes aux
abords de ce réseau hydrographique: Terrebonne, centre de la région des
Moulins située directement en bordure de la large rivière des ill le-îles,
Mascouche, ville intermédiaire située de part et d'autre de la rivière Mascwche
et enfin, Sainte-Anne-des-flaines, agglomération plus rurale localisée aux
abords du ruisseau ~acome'.
Le découpage agricole apparaissant sur le plan de cadastre de 1889
(figure 5) présente le système de partition de l'espace du territoire en vue de
l'établissement humain. Le module de base typique de ces "lamelles" agricoles
tres étroites et profondes est établi en fonction des besoins de subsistance
d'une famille et du temps nécessaire au défrichement des terres. Cette forme
allongée permet de maximiser le nombre de terrains donnant directement sur les
cours d'eau, éléments tres valorisés aux 18eme et 19eme siècles pour des
raisons de transport et d'approvisionnement en eau potable. En règle générale,
les parcelles sont disposees perpendiculairement aux rivières.
Les parcelles
agricoles situées le long de la riviere Mascouche et du ruisseau Lacorne suivent
toutes la règle pr@&dente, elles s'assemblent les unes aux autres et s'étirent
perpendiculairement à la voie d'eau2. Une fois que les terres situées sur les
rives de la rivière Mascouche ont été complètement attribuées, les colons n'ont
eu d'autres choix que de s'installer sur les rives du ruisseau Lacorne. C'est
pourquoi le regroupement parcellaire situé en bordure du ruisseau Lacome est
un embranchement secondaire développé à partir de 1731 , après l'attribution
complète des terres situées le long de la rivière Mascouche.
' La concession de Terrebonne date de 1673 et celle de Des Plaines date de 1731.
'II semble que la ligne de partage des eaux entre la rividre Mascoudie et le ruisseau Lacome ait
servi pour établir la limite entre les deux rangs.
Le réseau viaire est le système de liaison de l'espace territorial. II est
constitué par l'ensemble des circulations, de fonction et d'importance variables.
Ce réseau qui va se mettre en place progressivement a la propriété de structurer
aussi bien l'espace rural que I'espace urbain. Au Québec, nous observons une
tendance très marquée à tracer les premières constituantes du réseau viaire en
rapport très étroit avec les cours d'eau et les courbes de niveaux. Ces chemins
sont en quelque sorte les voies de dédoublement terrestres des voies
navigables. Nous retrouvons cette configuration typique à Sainte-Anne-desPlaines, avec le chemin du Bras-Est (actuelle 5éms avenue) dont le tracé
épouse, à distance toutefois, le ruisseau Lacome. Nous retrouvons également
le chemin Mascouche (actuel rang Lepage) qui, lui aussi, suit la rivière
Mascouche. Le chemin de wntre-crete de la montée Mascouche relie le chemin
Mascouche (rang Lepage) au chemin du Bras-Est (5eme avenue).
Le chemin
du Bras-Ouest (actuelle lere avenue), situé sur la rive ouest du ruisseau
Lacorne, est une voie secondaire dont la fonction est de relier un ensemble
restreint de parcelles agricoles car il est en cul-de-sac.
4.2.
L'analvse synchroniciue du boura, du fauboum et de la banlieue
Le tissu urbain de Sainte-Annedes-Plaines tel que nous le connaissons
aujourd'hui est le résultat d'un long processus de formation s'étalant du 19èrne
siècle a nos jours.
Nous pouvons définir trois phases de formation.
Premièrement, l'histoire urbaine de Sainte-Anne-des-Plaines est marquée par la
mise en place du noyau villageois d'origine, le long d'une section de la montée
Mascouche (actuel boulevard Sainte-Anne) sous la forme d'un "village-rue"
(période
*:
A
B).
La mise en service du chemin de fer à partir de 1877 va
donner l'impulsion à la deuxième phase d'urbanisation de Sainte-Anne-desPlaines. Cette phase, caractérisée par la densification et l'extension du noyau
villageois, marque l'émergence d'un nouveau tissu, celui du faubourg ouvrier
Ce faubourg est constitué de
situé au sud du noyau villageois (a B n).
nouvelles rues bordées d'habitations, telles les 2ème, 3ème et la 4eme
avenues. Cette phase se poursuit jusqu'en 1956, année OU est détruite la gare
et où l'on démantèle le réseau de chemin de fer.
Enfin, la phase actuelle de
croissance est marquée par l'implantation de lotissements résidentiels
pavillonnaires de banlieue. Le tissu suburbain (a C N) se juxtapose au tissu
urbain, constitué du village d'origine (bourg
a
A
N)
et du faubourg ouvrier
(faubourg u 6 u).
4.2.l. Analyse synchronique du bourg u A
B
en l9OO
Le plan de cadastre de la paroisse de Sainte-Anne-des-Plaines de 1889
(figure 5) indique la présence de petites parcelles le long de la montée de
Mascouche (actuel boulevard Sainte-Anne).
Cette resubdivision d'un lot
agricole en parcelles urbaines plus petites nous indique qu'un groupement
urbain se met en place en cette fin du 1Sème siècle. Une population délaissant
les activités terriennes choisit de s'installer dans un regroupement collectif
encore embryonnaire.
Cette nécessite survient lorsque se succèdent les
générations qui exploitent la terre familiale, les parents âgés cédant alors leur
concession agricole à leur progéniture et s'installant au village. Le village est
aussi le lieu d'installation de multiples services desservant la population de la
paroisse (église, poste, magasin général, etc.). La maison Chaumont avec sa
grangedcurie (jardins, animaux de ferme, élevage, poulailler) témoigne encore
aujourd'hui de la persistance du mode de vie agricole en milieu urbain.
La construction de la premiere église au début du 1Srne siècle se fait sur
un site vallonné et pondue par la présence du ruisseau Lacome. Ce site a 616
cédé par les autorites civiles de l'époque (le seigneur) pour la construction de la
première église.
Ce bâtiment collectif, centre des pratiques religieuses,
implante le long d'une montée à peine défrichée au début du 19ème siècle, est
posé sur un monticule. L'église est le seul bâtiment indiqué sur le pian cadastral
de 1889, ce qui atteste de l'importance de ce monument dans la mise en place
du noyau villageois de Sainte-Annedes-Plaines (voir la figure 5). Le site de
l'église est un noeud stratégique pour deux raisons. Premièrement, ce site est
localisé au point de croisement d'une voie de communication fluviale et d'une
voie de communication terrestre.
Deuxièmement, cette localisation s'avère
idéale afin de desservir équitablement les deux communautés paroissiales, celle
installée le long du rang Lepage et celle qui exploite les terres agricoles le long
du ruisseau Lacorne. Enfin, nous nous situons au point d'articulation entre un
mode de division cadastral orienté d'est en ouest et un ensemble de parcelles
orientées du nord au sud (rang du Trait-Carre). Les terrains aux abords de
l'église vont etre les premiers à trouver preneur et c'est sur ces parcelles que
Itonretrouve les bâtiments les plus âgés du boulevard Sainte-Anne.
4.2.1.1. Le parcellaire et le réseau viaire
Le plan du parcellaire, du réseau viaire et du réseau hydrographique en
1900 (figure 6) indique l'état du découpage parcellaire dans le village au
moment où l'ensemble des parcelles entre le ruisseau Lacorne et le Chemin du
Bras Est (actuelle 5eme avenue) sont occupées. Plusieurs constats peuvent
etre dégagés de cette planche analytique.
Un fait intéressant à noter est
l'élargissement progressif du réseau viaire après qu'il ait franchi le ruisseau
Lawme. Cette voie atteint sa largeur maximale aux abords de la façade de
l'église. Cette stratégie dam6nagement vient donner de l'ampleur à l'édifice
Figure 6: Plan du parcellaire et du rdseau viaire de Sainte-Annedes-Plaines
en 1900. Source: reconstitution à partir du plan du village de Sainte-AnnedesPlaines, Département des Terres de la Couronne, 1881, Ville de Sainte-Annedes-Plaines
religieux, de plus, cet arrangement vient affirmer une volonté tres claire de
donner un statut urbain à ce tronçon de la montée de Mascouche. Le réseau
viaire du village à cette époque est principalement constitue d'une rue tres large
et plantée.
Par la suite, cette voie se rétrécit à mesure qu'elle rejoint la
campagne environnante.
Au niveau des espaces libres, il faut noter la succession d'espaces
publics tres bien structurés de Sainte-Anne. Nous retrouvons directement sur le
flanc est de l'église, un "squars" public borde d'un autre édifice B caractère
collectif: le couvent des Soeurs de Sainte-Anne (l'actuel HBtel-de-Ville). Une
promenade bordée par une double rangée d'arbres accompagnée d'une allée
piétonne (un mail) constitue un prolongement linéaire du "square" public.
En observant le parcellaire, nous constatons une asymétrie dans la forme
des parcelles situées de part et d'autre du boulevard Sainte-Anne. La proximité
de l'église et la présence du mail plante sur un unique côté de la nie, te côté
nord. contribue à valoriser davantage les terrains aux abords de cette
promenade. Ceci explique l'implantation de grandes parcelles du &té nord de
la rue et des parcelles plus petites situées du &te sud de la rue.
C'est
d'ailleurs dans ce secteur du mail planté, attenant au réseau d'espace public et
monumental du village, que sont édifiées les premières habitations urbaines de
type villas cossues (maison Chaumont, maison Racine, maison du notaire
Damase Gauthier aujourd'hui détruite, etc.). De l'autre côte de la voie, nous
retrouvons des maisons plus modestes, c'est-àdire des maisons de type
villageois.
Figure 7: Le boulevard Sainte-Anne en 1912. Cette photographie illustre la
plantation simple du côté sud du boulevard Sainte-Anne (à droite de la photo) et
la plantation a double alignement (le mail) du &te nord (A gauche de la photo)
et l'important recul des bâtiments de type villa.
Figure 8: Le bourg (A) au debut du sihcle. Cette photographie illustre l'entrée
ouest du village, avec, à gauche, la double allée d'arbres (1) bordant It6g1iseet
le secteur des villas (2) el à droite, les maisons villageoises (3). Notons que
l'église et le presbytère sont implantes sur un monticule.
Figure 9: Maisons villageoises le long du boulevard Sainte-Anne.
4.2.1.2. Le types types bâtis du boum (type A et A')
La typologie est à la fois un mode de classification et un mode de
production du cadre bâti. En effet, le type est le résultat d'un ensemble de
conventions et de règles implicites qui gèrent la construction des bâtiments
vernaculaires présents sur le boulevard Sainte-Anne.
Ces bâtiments sont
souvent réalisés par l'usager lui-même sans plans prédéterminés. Ce bâtisseur
construit sa maison en s'inspirant de la façon de faire de ses ancêtres.
Ce
faisant, il s'inscrit dans un long processus d'évolution et d'adaptation de
l'habitation au contexte culturel et climatique de la colonie canadienne-frantyise
(phénomène de dérivation). II s'inspire également des maisons déjà réalisées
et il utilise les matériaux locaux (phénomène de CO-présence). Cette notion de
typologie historique va nous permettre de mettre en évidence les types les plus
courants du boulevard Sainte-Anne. Nous ne mettons pas l'emphase ici, dans
cette analyse architecturale, sur les éléments exceptionnels. Nous recherchons
plutôt les propriétés essentielles et communes à l'ensemble des bâtiments
construits à une époque donnée de l'histoire. Nous avons répertorié deux
grands types relatifs à la période de formation du bourg. Le premier type à être
implanté sur le boulevard est ta maison villageoise (voir la fiche typologique
synchronique de la maison villageoise, pages 132-133).
11 s'agit d'une
construction assez modeste se composant d'un volume rectangulaire chapeauté
par une toiture a double pan. Cette typologie est présentée aux pages
suivantes.
Les villas cossues, généralement situées sur le côte nord du
boulevard Sainte-Anne, constituent le second type. Ce sont la version
bourgeoise de la maison villageoise (voir la fiche typologique synchronique des
villas cossues, page 134-135). Elles logent une catégorie sociale plus aisée et
c'est tout naturellement qu'elles se sont implantées à proximité de l'ensemble
religieux, le long de la promenade plantée.
Grille d'analyse
Exemple d'un bdtiment de type 'A'
-
Les maisons villageoises épousent les
déclivités du boulevard Sainte-Anne, du
ruisseau Lacorne à la Srne avenue.
Bltl 1 pardb
La maison villag&
ty est g6nhlernent
implantée Iégbrement sur e cSt6 afin de liberet un
accès vdhiculaire vers I'arrihre de h parcelle.
-
P"
- Gén6ralement les maisons villageoises ont
12 metres de largeur par 10 mbtres de profondeur;
le parcellaire accueillant les maisons a 15 m W s
de largeur et de 30 à 60 mètres de profondeur.
- Les maisons villageoises sont implant6es
a
proximité de la nie (1
A
2 mhtrcs).
M I espace llbm
-
Un seuil (une alerie. un portique, etc.) es? instalié
devant ~'entrh n de delimiter un espace de
transition entre le bâtirnent et la rue.
8
- Habituellement les bâtiments ont
un iezde-chaussée et un étage
sous toit.
- La maison vernaculaire type est camposée
de deux volumes, soit d'un volume rectangulaire
chapeaute d'un second volume triangulaire (la toiture).
- Le prokn ement de la tohure principale en
lamier bris permet la creation d'une galerie au
rezdechaussée (prolongement volum6trique).
- Les extensions, Iw agrandissements du
bâtiment rincipal se font Bnhîement
vers I'arri re, de sorte qu'i s sont peu visibles
de la rue ( par exem le, I'irnplanWcm de la
traditionnelle cuisine 'Bté).
t?
1
8
tl
Matbrku et couleur
Le matbriau de parement extérieur est g6n6raiement la planche de bois à ciin.
Comme la galerie fait partie de l'expression
gdnhle et participe, elle aussi, au couronnement
de 1'6difice, sa toiture est recouverte du même
maMau que celui de la toiture principale(m4me teinte]
-
- Le rezdeçhauss6e est prhs du niveau du sol
(lien au sol); la ligne de fondation est basse.
- La galerie confhre une expression horizontale
aux maisons villageoises.
- La galerie est marquée par la préisence de
balustrades basses qui accentuent le caractère
horizontal de la composition.
-
La face de b toiture visiMe de la nie
est importante dans l'expression volum4trique
du bâtiment. Sa pente forte contribue au couronnement de la maison vernaculaire.
- G6n6ralement les faces lat6rales sont percées
de fen6tres qui ne sont pas systématiquement
alignbs verllcaiement.
- Les ouveitures sont déteminées selon
un module qulier où leur hauteur conespond deux ois leur largeur.
*lagb~
uqd ugwe un
euuoj sernouep sol o ~ ~ w
q npn o ~ ~uofie@p
a~
el ae seupld-sepeuuy-ew!g ep leuuowsu! e l d np
lelq6g~~ J Q D ~ J W01 eu!nunod ep uye seiqie,p gueld
wxueleigugf3 $sa Wewgm al JueAap qngs eoedsa,l ells 1
law
- Les villas ont habituellement un Btage
et demi ou deux 6tages de hauteur.
-
II existe une équivalence des quatre faces,
ce qui donne une f o m cubique aux villas,
la façade principale, sur boulevard Ste-Anne, est
marquée par la pr6sence d'une galerie ponctuelle
ou filante qui protège la porte d'entrée.
- Les extensions. les agrandissements se font
vers 19arri8redu b4timeM principal et s'inscrivent
dans le prolongement volum6trique des villas.
La toiture double pan, h mansarde ou
plate offre une volum6trie unitaire sui les
quatre faces de I'Bdifice.
-
- Les quatre façades du bâüment forment une
compsiüon unitaire en termes de materiau
(brique d'argile) et de coloris (rouge-bninatre).
-
Les materiaux utilis6s comme recouvrement
des toitures sont habituellement m&talliques,
de couleur contrastante avec le materiau de
parement du bâtiment.
- Le matMau utilisé comme arement exterieur
des villas est la brique d'aigi e rouge-bninAtre, et
elle recouvre l'ensemble des façades du bâtiment.
P
-
La galerie el les balcons confhnt
une expression d'horizontalité aux villas.
Le rez-de-chaussée est 6lev4 par rapport
au niveau du sol pour c W r un sode & la
villa.
-
- La façaâe principale est g6nBralement
sym&trique (sym6trie bilat&rale).
Ouvwtu~
- Les ouvertures sont d&teminh selon
un module régulier ou la hauteur d'une
fenêtre coneapond habiiellement A deux
fois sa largeur.
4.2.2. Analyse synchronique du faubourg a 6 B en 1955
L'implantation du chemin de fer au sud du noyau villageois va donner
l'impulsion à la deuxième phase d'urbanisation et d'extension du tissu urbain de
Sainte-Anne.
Cette phase est caractérisée par la formation d'un faubourg
ouvrier situé au sud du boulevard Sainte-Anne et limité, au nord, par le chemin
de fer.
Sur le plan du parcellaire et du reseau viaire en 1955,nous remarquons
la présence de nouvelles rues percées perpendiculairement au boulevard
Sainte-Anne dont les 2eme, 3eme et la 4ème avenues (parcours d'implantation
du bâti). La 2ème avenue et la 3eme avenue traversent de part et d'autre le
boulevard tandis que la 4eme avenue s'interrompt (voir figure 10).
Un phénomène important à remarquer est la resubdivision des parcelles
villageoises situées le long du boulevard Sainte-Anne à mesure que la vocation
commerciale du boulevard Sainte-Anne s'affirme. Nous voyons apparaître, à
cette époque, un nouveau type de bâtiment avec une vocation commerciale en
rez-de-chaussée et un usage d'habitation à l'étage (bâtiment mixte). Cependant
les grandes parcelles situées aux abords de l'ensemble institutionnel et des
espaces publics où sont implantées les villas cossues résistent davantage a
cette densification du noyau villageois. Le parcellaire situe à l'est de l'église,
entre la 2eme et la 3ème avenues, va conserver la même largeur ( entre 25 a 30
mètres) que celle retrouvée au début du siècle (voir le plan du parcellaire et du
réseau viaire en 1900).
4.2.2.1. Le parcellaire et le reseau viaire
À partir d'une rue unique au début du siècle, nous assistons a la mise en
place d'un réseau viaire orthogonal avec des voies tracées perpendiculairement
au boulevard Sainte-Anne et espacées de 170 mètres les unes des autres. De
Figure 10: Plan du parcellaire et du réseau viaire de SainteAnnedesPlaines en 1955. Source: reconstitution a partir du plan de lotissement de 1955,
Ville de Sainte-Annedes-Plaines.
nouveltes voies de raccordement relient les avenues entre elles comme la rue
Saint-Edouard. Ainsi nous retrouvons un réseau hiérarchisé avec au sommet
hiérarchique le boulevard Sainte-Anne, au niveau secondaire les avenues
perpendiculaires (2eme, 3eme, 4eme, 5eme, 6eme avenue) et, finalement, les
voies plus locales (rue saint-Édouard). A noter que ce réseau viaire consolide
le réseau plus ancien. Pour se convaincre de cette affirmation, nous pouvons
donner l'exemple de la 2ème avenue qui se poursuit maintenant jusqu'au
chemin de fer (voir le plan du parcellaire et du réseau viaire de 1900 (figure 6) et
le comparer au plan de 1955 (figure 10)). Le réseau d'espaces publics
(« square n, mail planté) demeure le même malgré la percée des nouvelles
voies du faubourg et la densification du noyau villageois.
Nous observons une resubdivision des parcelles le long du boulevard
Sainte-Anne. Ces opérations foncières permettent l'implantation de nouveaux
types de bâtiments (bâtiments mixtes) et la constitution d'Îlots carrés et
rectangulaires bordes de parcelles étroites plus ou moins profondes. Le réseau
parcellaire se ramifie dans la portion sud du territoire municipal, entre le
ruisseau Lacorne, le chemin de fer de la C. P., la 5eme avenue et le boulevard
Sainte-Anne. Notons l'imbrication harmonieuse entre le parcellaire plus ancien
et le parcellaire du faubourg de formes et de dimensions comparables.
Figure 71: Le faubourg en 1940. Photographie prise vers 1940 illustrant le
gabarit des nouvelles avenues tracées perpendiculairement au boulevard
Sainte-Anne. Ici nous nous situons à l'intersection du boulevard Sainte-Anne et
de la 3eme avenue, menant à la gare ferroviaire.
4.2.2.2. Le tvpe bâti du faubourg (type B I
La typologie des batiments mixtes résulte de la densification et de la
specialisation commerciale du rez-de-chaussée des batiments du boulevard
Sainte-Anne, dans la première moitié du 20eme siècle. Ces immeubles ont deux
étages de hauteur avec commerce au rezde-cha.ussee et logement a l'étage.
Cette typologie est présentée en détail dans la fiche typologique des bâtiments
mixtes présentée aux pages suivantes (pages 141 et 142).
Figure 12: BBtiment mixte de type r B W. État actuel d'un bâtiment de coin
avec commerce au rezdechaussée et logement à I'Btage, édifié durant la
période s'étalant de 1900 a 1955.
Exemple d'un batlment de type 'B'
IMPLANTATION
Bltt / site
- Les immeubles mixtes sont implantes sur
un site relativement plat.
-
Les immeubles mixtes, commerciaux et résidentiels
ou commerciaux et de bureaux, occupent une partie
importante de leur parcelle (15 A 20 m. de l ~ r ) ,
la parcelle est déterminante dans la forme du gtiment
-
Généralement les bâtiments mixtes offrent une
façade de 15 mhtres sui le boulevard Sainte-Anne.
- Les bâtiments mixtes sont implantés avec un
léger recul par rapport au boulevard Sainte-Anne
e de recul de 1 a 2 mbtres). Ils sont implantés
du t6 sud du boulevard Sainte-Anne.
'"3
-
C'est l'ensemble des batiments mixtes qui
definissent h paroi sud du boulevard Sainte-Anne.
-
Les édiiices mixtes du boulevard Sainte-Anne
se composent de deux parties distinctes, un
rez-de-chaussée commerdal et un 6tage r6serv6
aux bureaux ou & des logements.
- Les rez-de-chaussée sont caract6rids
par la pr&sence des vitrines commerciales tandis
ue l'étage est maque par un plus grand d d
'opacit6 (dévoilement venus ce qui est cach ).
a
7
-Le maMau dominant utilisé comme parement
de f ~ a d eest la brique d'argile de coloration
rouge-brunatre.
- II existe un contraste mar u6 entre l'effet
de masse des dtages et I'e et de l&g&ret6
9
du rezde-chaus& commerdal, ce contraste est
ois vitrdes sur
renforcé par l'abondance des
P"
la nie et par la prdsence de a maçonnerie à I'Btage
- La propriété
as
Bn&rale des bâtiments est
d'offrir un lin6 re commercial à leur rezdechausée en d6finissant un mouvement horizontal
continu le long du trottoir de la nie.
-
Le rezde-chausstb commercial est directement
au niveau du trottoir ou légèrement wrélev6 par
rapport a celui-ci (une A trois marches maximum).
Les batiments mixtes du boulevard Stemne
se terminent par un couronnement horizontal.
-
- II n'existe pas systématiquement d'alignement
vertical entre les ouvertures du rade-chaussée
commercial et celles de l'étage où l'on retrouve
haMtuellement une vocatlon résidenadle
( mode different de percément des ouvertures).
-
Le degré d'owemires entre le rezdechaussh
et celui de ou des 6ta es peut se chiffrer comme
ceci: 80% pour le rez Maussée, 20% pour 1'6tage
Généralement les owecairss a 1'6tage
ont un module vertlcel, leur hauteur conespond & dew fois leur largeur.
-
8
4-23. Analyse synchronique de la banlieue cr C B en 1998
La phase actuelle de croissance de Sainte-Annedes-Plaines est
marquée par l'implantation de lotissements résidentiels pavillonnaires de
banlieue en prolongement avec les couches de croissance précédentes. Le
tissu urbain, constitué par le noyau villageois d'origine (a A n) et le faubourg
ouvrier (a B n), est maintenant entièrement ceinturé par une nouvelle couche
d'urbanisation ( a C
B)
telle qu'indiquée par le plan du parcellaire et du réseau
viaire en 1998 (voir figure 13).
4.2.3.7. Le parcellaire et le réseau viaire
D'une part, nous remarquons le renforcement du rôle de la 2ème et de la
3eme avenue comme nouveaux axes de croissance et de liaison entre le tissu
urbain et le tissu suburbain (lotissements résidentiels de banlieue). D'autre part,
nous pouvons déceler t'apparition de nouvelles formes de parcelles moins
profondes et plus larges que les parcelles tracées avant 1955.
De plus, les
secteurs résidentiels pavillonnaires édifiés après 1955 sont desservis par un
nouveau type de voies plus larges, en boucles et en cul-de-sac, typiques des
développements suburbains.
Enfin, nous assistons, le long du boulevard
Sainte-Anne à des modifications du parcellaire ancien (remembrements) en vue
d'implanter des types de batiments strictement commerciaux, à moyenne et a
grande surface, à l'image de ceux que l'on retrouve habituellement en banlieue.
Les transformations et les d6molitions de plusieurs batiments sur le boulevard
Sainte-Anne attestent des pressions diverses provoquées par le modèle
suburbain sur le patrimoine bâti du noyau urbain (zonage monofonctionnel,
démolition de bâtiments et élimination des plantations d'alignement en vue
d'implanter des aires de stationnements, apparition de nouveaux types de
bâtiments commerciaux et de matériaux propres a la banlieue).
Figure 13: Plan du parcellaire et du ?beau viaire de Sainte-AnnedesPlaines en 1998. Source: Ville de Sainte-Annedes-Plaines.
Des nouveiles voies de raccordement relient les avenues entre elles
comme la rue Rolland, la rue Lauzon et la rue Saint-Joseph tracée le long de
l'ancienne emprise du C.P.. La hiérarchie très claire dans les années cinquante
tend à s'atténuer puisque plusieurs avenues s'interrompent, ce qui a comme
conséquence d'enclaver plusieurs parties du tissu.
Le réseau d'espaces publics demeure inchangé malgré le fait que le mail
plante a disparu et a été remplacé par un stationnement en bande et que
plusieurs démolitions diminuent la continuité des parois qui définissent l'espace
public typique du boulevard Sainte-Anne. Nous observons une modification du
parcellaire d'origine dans la section la plus sensible du boulevard Sainte-Anne,
aux abords de l'ensemble institutionnel de l'église et de l'ancien couvent.
D'ailleurs, c'est dans cette section que l'on retrouve le bâtiment classé des
prêtres Chaumont et la maison Racine situés tous les deux sur un parcellaire de
20 à 25 metres de largeur environ et de 60 metres de profondeur (villas
cossues).
Figure 14: Implantations suburbaines sur le boulevard Sainte-Anne.
Remarquez la présence d'implantations suburbaines commerciales basses et
étalées d'un seul étage (épicerie Métro, banque Nationale, etc.) dans un milieu
dominé par des types architecturaux plus étroits, résidentiels ou mixtes
(commerce et logement) d'une hauteur de deux étages. Nous voyons au bas de
la photo I1int8grationentre les maisons villageoises et les bâtiments mixtes. Ces
deux types (u A n et u B B) sont de largeur et de hauteur comparables. De plus,
leurs parcelles sont de dimensions analogues.
4.2.3.2. Le t v ~ e
bâti de la banlieue (type C 1
Nous pouvons observer la présence de deux grands types de bâtiments
nouveaux généralement d'un seul niveau, soit les modèles d'habitations à la
toiture a faible pente, faisant référence a des habitations suburbaines retrouvées
dans le sud des États-Unis, soit des implantations strictement commerciales
(monofonctionnelles) de type suburbain. Nous n'analyserons pas ici l'habitation
suburbaine. Nous développerons plutôt l'analyse des batiments commerciaux,
ceux-ci agissant sur le secteur choisi du boulevard Sainte-Anne. Cette action de
la banlieue a C
B
sur le noyau villageois a A
N
est particulièrement évidente
lorsque l'on observe la volumétrie basse et étalée de plusieurs commerces
récents, accompagnés de surfaces de stationnement situées sur le côté et en
façade des bâtiments. Ces édifices témoignent de l'apparition de matériaux
nouveaux tels le parement métallique. Ils montrent aussi les modifications
volumétriques et architectoniques profondes qui surviennent dans la seconde
moitié du 20ème siècle.
La fiche typologique synchronique des batiments
commerciaux (type C) présente les traits les plus caractéristiques de ces
bâtiments (page 148 et 149).
Grille d'analyse
Exemple d'un batlment de type 'C'
- Les bdtiments commerciaux sont implant6s sur
un site relativement plat.
- Les immeubles commerciaux et de bureaux
occupent de grands lots obtenus par le
remembrement de deux ou trois parcelles.
-
Génhlement les bâtiments commerciaux offrent une
façade de plus de 15 mdtres sur le boulevard.
Les bâtiments commerciaux sont implant& avec un
recul par rapport au boulevard Sainte-Anne rewl de
3 a 6 rndties). Les stationnements sont l
d
i
&
devant et 1 ou sur le côté des batiments.
-La présence des bâtiments commerciaux suburbains
entraîne gén6ralement un affaissement de la silhouette
du bâti du boulevard Sainte-Anne.
-
Les &difices commerciaux du boulevard
SainteAnne sont des parallMpipèdes rectangles
larges et &al& et se composent haôituellement
d'un seul btage.
-
Les rez-de-chaussée sont caractérisés
par la prbsence des vibines commerciales.
-Les materiaux utilisés sont varies
et multiples
(paiement rndtall ue, brique de couleur blanche,
stuc acrylique, cr pi, etc.).
2
-
II n'existe qu'une tranche horizontale, le
rez-de-chaussée commercial. qui est maquée
par l'abondance des parois vitrks sur la rue.
- La propriete pBn6rak des batiments est
d'offrir un M a i r e commercial & leur rezdechausde en definissant un mouvement horizontal
continu le long du trottoir de la nie.
-
Le rez-de-chaussée commercial est directement
au niveau du trottoir ou légbrement sur6lev6 par
rapport à celui-cl (une a trois marches maximum).
-
Le couronnement des bâtiments commerciaux du
boulevard Sainte-Anne est souvent accentu6 par un
'gonflementn volum6trique (6l6ment plaqu6).
- II
n'existe pas de relations specifiques sur le
plan de h partition verticale des batiments
(mode de percement des ouvertures).
- Le degr6 d'ouverture du rezde-chaussée
peut se chiffrer comme ceci: 75
-
8ô%.
Gh6raJement les owertures ont des dimensions
variées sans suivre nécessairement un module
vertical(hauteur correspondant deux fds la largeur).
Nous avons reconstitué les trois grandes phases de croissance du tissu
de Sainte-Anne a l'aide des plans parcellaires anciens et actuels. Nous savons
maintenant que la ville, dans sa forme actuelle, est le résultat de l'imbrication et
de la juxtaposition de couches de croissance sur une période d'une centaine
d'années: l'agglomération villageoise,
l'extension faubourienne et
les
excroissances suburbaines. A travers l'histoire urbaine de Sainte-Anne, nous
voyons se succéder trois modes de croissance différents générés par des
facteurs économiques et sociaux diversifiés.
Comme nous l'avons vu, le milieu agricole et la vie villageoise sont
intimement liés, au 19eme siècle.
La formation du village découle tout
naturellement de son attraction renforcée par la présence de l'église qui en fait
le lieu d'une certaine centralité. C'est dans ce noeud que vont affluer les gens
délaissant peu à peu la terre agricole au profit de leur progéniture. La vie
économique et sociale de Sainte-Anne est largement reliée à l'agriculture et elle
est axée sur une économie de subsistance.
L'émergence du faubourg provient de l'apparition du chemin de fer qui
permet des échanges commerciaux plus grands entre Montréal, Sainte-Anne,
les villes de La Plaine et de Saint-Lin des Laurentides, ce qui conforte le rôle du
village de Sainte-Annedes-Plaines comme lieu d'échange et d'une certaine
production manufacturière et industrielle. Cette activité économique nouvelle
devient un facteur d'attraction pour une part de la population rurale qui afflue en
milieu urbain. La formation du faubourg s'explique par la nécessité de loger les
ouvriers à proximité des lieux d'échanges et de production.
Ce nouveau
quartier vient se développer tout naturellement en continuité avec le réseau
viaire et parcellaire du noyau villageois d'origine. De plus, avec cette activité
accrue, le rôle commercial et de services du boulevard Sainte-Anne se trouve
renforcé,
L'implantation d'un équipement fédéral de taille dans les années soixante,
le pénitencier Archarnbault, va insuffler un nouveau cycle de développement
favorisant l'émergence du modèle de la banlieue. A cette époque, nous voyons
apparaître à Sainte-Anne les premiers lotissements de banlieue qui s'inscrivent
le long de la 2ème et de la 3eme avenues, donc en prolongement direct du
réseau viaire plus ancien. Par la suite, la rue Des Cèdres (rue parallèle au
boulevard Sainte-Anne et située plus au nord dans le secteur suburbain)
dessert les secteurs résidentiels suburbains. Cette nouvelle voie collectrice
débouche sur la 6eme avenue. Cette structuration du réseau viaire implique un
renforcement du rôle de la 6ème avenue comme nouvelle colonne vertébrale du
développement de la ville ou l'on retrouve des petits centres commerciaux.
Enfin, notons le déplacement de la vocation institutionnelle, historiquement
située te long de la 2ème avenue dans le noyau urbain, à la 3ème avenue dans
la partie des extensions suburbaines.
Figure 15: Le tissu de type r C B. Cette photographie illustre le tissu plus
lâche des extensions récentes de banlieue. Les pavillons isolés et éloignes de
la rue des extensions de banlieue diffèrent passablement des implantations
denses et resserrées du noyau urbain.
4.3.
Ces Wiodes de transformation du tissu
Grâce à l'analyse synchronique, nous avons observé les caractéristiques
formelles et spatiales du tissu à trois moments de l'histoire, et repéré les
typologies courantes. Nous passons maintenant a l'analyse diachronique, celle
des transformations (phénomènes de restructuration et substitution) du bâti dans
la partie ancienne de la ville. II s'agit d'une part, d'évaluer l'effet des types
faubouriens
(<
B
D
sur le noyau villageois a A
des types suburbains u C
D
N
et d'autre part, d'évaluer I'effet
siir le noyau villageois
a
A r et sur les extensions
faubouriennes a B N. La première de ces trois étapes constitue une période de
formation, et les deux suivantes constituent à la fois des périodes de formation
d'un tissu nouveau et des cycles de transformation d'un tissu existant.
Nous
allons comparer la nature des transformations lors du cycle de 1900 à 1955
avec celles effectuées entre 1955 et 1998. Cette comparaison nous permet
d'évaluer si, conformément à notre hypothèse, les transformations sont plus
drastiques lors du deuxième cycle alors qu'émerge le modèle suburbain
(discontinuités supérieures en degré et en nombre).
Compte tenu des
différences marquées entre les caractéristiques typo-morphologiques des tissus
urbains et ceux de la banlieue, nous avons suppose que les transformations
suwenues depuis les années cinquante causent de profonds bouleversements
dans le Vieux-Sainte-Annedes-Plaines et plus particulièrement sur le boulevard
Sainte-Anne où nous retrouvons le cadre bati le plus ancien (noyau villageois
4
A n).
Mode de sélection de l'échantillon
Nous avons tout d'abord réalisé une analyse d''ensemble des batiments
retrouves sur le boulevard Sainte-Anne en 1998. À partir de cette analyse
d'ensemble, nous avons sélectionné cinq bâtiments représentatifs pour en faire
une analyse détaillée à l'aide de notre tableau de pondération. Ensuite, nous
avons retracé les états antérieurs de ces cinq bâtiments (en 1955 et en 1900)
afin de déterminer les éléments de transformation de 1900 a 1955 et de 1955 à
1998.
-
1 Analyse d'ensemble de la rue
Dans l'analyse d'ensemble, nous avons classé les batiments selon les
quatre
catégories suivantes3: discontinuite nulle, discontinuité faible,
discontinuité moyenne, discontinuité forte. Les bâtiments presentant un degré
de rupture quant à leur enveloppe architecturale (découpages, ouvertures,
matériaux) sont dans la catégorie a discontinuité faible r. Ceux qui, en plus des
ruptures relatives à l'enveloppe, présentent des discontinuités relatives à
l'implantation ou à la volumétrie font partie de la catégorie a discontinuité
moyenne 1).
Enfin, les bâtiments dont l'implantation, la volumétrie et
l'enveloppe sont en rupture, présentent un degre de discontinuité fort par
rapport au milieu bàti de la rue4(voir le plan 16A).
Dans le cas du boulevard sainte-~nne,nous avons retrouvé 47% de
batiments avec une discontinuité nulle et 53% avec un certain degre de
discontinuité (faible, moyen, fort) (voir le tableau de repaRition des
discontinuités). II s'agit d'un milieu hybride en quelque sorte où le cadre bâti de
la portion est de la rue s'est maintenu tandis que la portion ouest a connu des
mutations plus profondes. De ce 53% de batiments presentant un degré de
discontinuité, nous avons retrouvé 9% de discontinuité forte, 21% de
discontinuité moyenne et 23% de discontinuité faible.
Ces catégories proviennent de notre tableau de panderation des discontinuitbs (voir la methode
de vérification de 11hypothh8).
' Voir B ce sujet l'analyse synchronique du milieu ûâti de Sainte-Anne-des-Plaines, au début de
ce chapitre.
Discontinuité nulle
1
32
Discontinuité faible
Discontinuité moyenne
Discontinuité forte
47%
23%
I
t
Tableau V111: Répartition des discontinuités à SainteAnne-des-Plaines
1)
NORD
D
FIGURE 16A: Plan de pontidration des discontinuith
a Sainte-Anne-des-Plaines
Degr& de disconiinuitê
observe dans les
transformalians:
dlscontinuit6
nulle
moyenne
2- Analyse détaillée selon la grille de pondération
II serait intéressant de réaliser une lecture détaillée pour tous les
bâtiments présents sur le boulevard Sainte-Anne selon le tableau de
pondération de discontinuité.
Ceci représente soixante-huit bâtiments à
observer en détail à l'aide du tableau. II n'est malheureusement pas possible de
faire cette analyse exhaustive pour tous les bâtiments et c'est pourquoi nous
avons choisi de nous limiter à quelques cas dans chacune des villes étudiées.
Le nombre de cinq bâtiments s'est imposé pour réaliser l'étude détaillée du
phénomène de la discontinuité pour chaque ville.
Afin d'obtenir un échantillonnage conforme à la réalité observée sur le
terrain, le nombre de cas sélectionné dans chacune des catégories de
discontinuités est proportionnel à leur répartition dans l'espace de la rue (en
pourcentage)'. Comme nous avons recensé 9 % de discontinuité fortes, 21% de
discontinuités moyennes et 23% de discontinuités faibles, nous sélectionnons
un batirnent dans le catégorie forte, deux bâtiments dans la catégorie moyenne
et deux bâtiments dans la catégorie faible.
Nous pouvons alors passer à
l'analyse diachronique détaillée des états antérieurs de ces cinq cas afin
d'observer et de comparer les transformations subies de 1900 a 1955 et de
1955 à 1998.
3- Analyse diachronique des états antérieurs
Afin de vérifier notre hypothèse de recherche, il est important de choisir
un échantillonnage représentatif. Cette vérification, comme nous l'avons vu,
' Notons que compte tenu de la problématique de notre recherche, nous nous concentrons sur
les cas ou il existe un degré de discontinuité donc nous n'étudions pas en détail les cas ou la
discontinuite est nulle. De plus, nous ne présentons pas dans la thése de façon détaillee tous les
cas de discontinuite présents mais nous sélectionnons cinq cas selon la répartition d'ensemble
de ces discontinuités sur une même me.
suppose la comparaison entre deux cycles de transformation affectant le milieu
bâti d'un localité.
Pour pouvoir comparer comment s'effectuent ces
transformations sur une période d'une centaine d'années (de 1900 à 1998)' il
faut se concentrer sur le même bâtiment ou a tout le moins sur la même parcelle
d'implantation pour effectuer une analyse comparative dans le temps.
Nous
savons que la localisation du bâtiment, que la taille des parcelles peuvent avoir
une influence sur les transformations. Une parcelle plus grande permet plus de
flexibilité quant aux extensions possibles, etc. Nous ne désirons pas que ces
variables influencent nos résultats de recherche. C'est pourquoi nous avons
choisi d'observer les mêmes bâtiments pour fin de comparaison entre le cycle de
transformation de 1900 à 1955 et de 1955 à 1998 afin d'éviter que d'autres
facteurs externes interviennent6. Dans la dernière partie de cette analyse, nous
démarrons avec l'état des lieux observable en 1998, pour ensuite retracer les
aspects antérieurs, ceux de 1955 et en 1900'.
L'analyse diachronique détaillée est présentée dans les fiches
d'évaluation diachronique. Les fiches 1, 2 et 3 présentent des variantes de
substitution, et les fiches 4 et 5 présentent des variantes de restructuration. Un
plan au début de cette section permet au lecteur de localiser les cinq batirnents
étudiés dans la trame urbaine du Vieux-Sainte-Anne-des-Plaines (figure 168).
Comme il se peut que le Miment d'origine a l disparu d'un cycle l'autre (substitution), nous
avons choisi la parcelle comme aire d'analyse, comme point fixe de l'analyse diachronique.
' Les cinq batirnents s8ledionn6s selon leur degr6 de dismntinuite (fort. moyen, faible) en 1998
attestent d'une dynamique de transformation, de mutation d6j8 en cours dans la péfiode
précédente. Nous avons séledionné les cinq cas en tenant compte aussi du fait qu'ils ont connu
des transfomations importantes (faible, moyen, fort) pendant la période précédente (de 1900 à
1955). Ces transformations importantes sont attestées par les documents anciens mis B notre
disposition dans les municipalit& concernées.
Figure 16B: Localisation des cinq dtudes de cas de Sainte-AnnedesPlaines. Plan du parcellaire, du réseau viaire et du bâti en 1998, source:
reconstitution à partir d'un plan fourni par le service de l'urbanisme de SainteAnne-des-Plaines, Sainte-Annedes-Plaines.
:UXIEMEP€RIODE DE TRANSFORMATION
PE. construction d'un bhtiment commercial de type suburbain sur
ux parcelles remembrées (substitution)
IPLANTATlON
.alignement du bati diffdre de celui des villas adjacentes;
.e nouveau batiment est implant6 le long d'une des limites laterales de
parcelle tandis que l'autre marge laterale est occupee par un
itionnement;
.a presence d'un accds vehiculaire et d'un stationnement localis8 sur
des cdtés du bdtiment provoque une interruption dans la continuitb du
ti de la rue Sainte-Anne (I'6quivalent d'une parcelle de 15 mbtres est
n construite);
:ompte tenu que la fonction commerciale necessite une certaine
iibilite B partir de la rue, la marge avant est moins boisee que celle des
las residentielles adjacentes.
\TI
-a largeur et la hauteur du batiment diffbrent par rapport B la
lumetrie etroite et haute des villas limitrophes;
-a forme et la dimension des ouvertures au rez-de-chauss6e
mmercial sont diffkrentes de celles retrouvées habituellement dans les
las résidentielles;
-e degr6 d'ouverture du rez-de-chaussee est plus grand que celui
trouve pour les batiments du secteur des villas;
-a coloration des materiaux utilisbs (brique belge et acier bleu) est
'ferente des materiaux retrouves sur les autres batiments du boulevard
iinte-Anne;
LOT: 548, boulevard Sainte-Anne
1 PREMIERE PERIODE DE TRANSFORMATION
m
TYPE: implantation d'un bAtiment mixte a B » dans la trame du
bourg BA »
IMPLANTATION
.Le batimenl implanté ne possede pas la même marge de recul que les
bâtiments de type a A » limitrophes;
Le batiment est en recul de la rue:
BATI
La volumbtrie du batirnent est plus cubique que celle des maisons
villageoises mais sa hauteur est comparable a cetle des maisons
villageoises
L'utilisation de la maçonnenrie s'adapte bien au contexte où I'on
retrouve la brique et le bois;
.La toiture est plate ce qui permet une densification verticale du bati
(utilisation complète de I'Btage).
1 DEUXIEME PERIODE DE TRANSFORMATION
TYPE: construction d'un batirnent commercial et de bureaux de type
suburbain (substitution)
IMPLANTATION
Le nouveau batiment respecte i'alignement courant du Boulevard;
BAT1
Le batiment est plus large que les batirnents habituellement retrouvbs
sur la rue car il occupe plusieurs parcelles;
a Le decoupage typique du rez-de-chaussbe, habituellement retrouve sur
. .-.. . . .
.
.
. *..
.
LOT:
172 p.31, boulevard Sainte-Anne
PREM~EREPERIODE DE TRANSFORMA710N
TYPE. transformation d'une villa cossue a A » par le type a 8 w (btltirnent
mixte) (restructuration).
IMPUINTATION
a Le batirnent est implanté avec un léger recul de la rue;
*Le batiment occupe une grande partie de l'espace parcellaire;
BAT I
a Le batment est remanie a I'dtage afin de remplacer la toiture B double
pan par une toiture plate;
L'htage s'inscrit en continuité avec ta volumétrie du rez-de-chaussde
tibritée de la période « A a;
Les ouvertures A I'éltage reprennent les proportions typiques de la
periode « A »
DEUXIÈMEPÉRIODE DE TRANSFORMATlON
TYPE: transformation d'un bhtiment de type A (restructuration)
IMPtANTATlON
.Aucune modification notable;
BAT i
Il existe un socle et un couronnement et le corps du biltiment (partie
intermédiaire) est moins marque;
L'expression volumétrique de l'étage (le couronnement) est marquée
par un « gonflement B;
La forme et la dimension des ouvertures ont et6 modifiées;
a Le bâtiment est recouvert d'un matdriau nouveau (parement
métallique recouvrant l'étage au complet);
DEUXIEME PÉRIODE DE TRANSFORMATION
TYPE: restructuration d'un batiment ancien hdritb de type a 6
8
IMPLANTATION
.Aucune modification notable;
BAT t
Les transformations B l'étage confirment la disparition de la fonction
logement et attestent de la vocation strictement commerciale de l'édifice.
#La tranche intermediaire (le corps) du batiment tend a disparaltre
transformant de ce fait la partition tripartite typique des batiments mixtes
(socle t corps / couronnement);
La proportion des ouvertures B l'étage ne suit plus la forme
généralement verticale retrouvée sur le Boulevard;
.La coloration du parement appliqude en façade est orangbe et jaune;
#Nous remarquons I'appar ition du stuc au rez-de-chaussb;
Les tableaux de pondération des discontinuités
Les cinq bâtiments choisis reflètent les transformations les plus
courantes, survenues durant les deux cycles ds transformation du Vieux-SainteAnne-des-Plaines. Pour réaliser ce bilan des transformations courantes, nous
avons regroupe les différentes lectures contenues dans les fiches, sur deux
tableaux synthèses (tableaux de pondération des discontinuités). Le premier
tableau indique le type d'interactions retrouvé lorsque le type B influence la
transformation du type A (tableau lx). II s'agit de l'évaluation de la première
phase de transformation (cycle urbain de 1900 à 1955). Le deuxième tableau
liste le type d'interactions retrouvé lorsque le type C influence la transformation
du type A et du type 6 (cycle suburbain de 1955 à 1998) (tableau X). Le degré
de diswntinuité u vertical M et
horizontal D observe dans les transformations
diachroniques peut être nul (diswntinuité nulle), faible (discontinuité faible),
moyenne (discontinuite moyenne), ou fort (discontinuite forte). L'intensité de la
discontinuité observée est indiquée selon une gradation de grise, du très pâle
(rectangle blanc) au très foncé (rectangle noir). II se peut que le critère ne
s'applique pas dans le cas étudie (note par un espace laisse vacant dans le
tableau).
Nous pouvons donner ici un exemple afin d'expliquer comment nous
effectuons nos lectures diachroniques des discontinuités. Lors de l'observation
de l'état d'un bâtiment, par exemple en 1955, nous avons pu constater que le
bâtiment est implante a proximité de la rue, maintenant ainsi un trait typologique
plus ancien de la rue assurant une continuité spatiale. À une autre période, en
1998 par exemple, un nouveau bâtiment est venu remplacer l'ancien en se
localisant à grande distance de la nie. Nous voyons que ce batiment est en
rupture avec l'ensemble des batiments de la rue, ce qui provoque une
discontinuité synchronique (plan horizontal). En comparant les deux états, nous
remarquons qu'il est aussi en rupture par rapport aux traits typologiques
consacrés dans la période précédente (diswntinuité diachronique, plan
vertical). Nous inscrivons alors qu'il s'agit d'un cas de diswntinuité forte dans le
tableau sous la rubrique *: marge avant
B.
L'évaluation du degré de discontinuité permet de déterminer les
conséquences de ces transformations sur le bati dans le temps (mode
d'implantation et caractéristiques architecturales).
Un bilan général des
transformations recensées pour chaque cycle est présenté dans la rangée du
bas de chaque tableau intitule : E( bilan des transformations B. A partir de ces
données, nous allons dire en quoi ces résultats sont représentatifs de
l'ensemble des opérations effectuées sur le boulevard Sainte-Anne lors du cycle
urbain ( de 1900 à 1955) et lors du cycle suburbain ( de 1955 à 1998). Nous
comparons à la fin de l'étude, les deux cycles de transformation du Boulevard.
Tableau IX: Tableau de pondération des discontinuités
à Sainte-Annedes-Plaines entre 1900 et 1955 (B 1 A)
IMPLANTATION
Tableau X: Tableau de pond6rationdes discontinuith
P Ste-Annedes-Plrines entre 1955 et 1998 (C 1 A, 8)
IMPLANTATION
4.3.1. Analyse diachronique des transformations du bâti entre 1900 et 1955
Le tableau de pondération des discontinuités à Sainte-Annedes-Plaines
entre 1900 et 1955 (tableau
lx, BfA), nous révèle les faits suivants:
- A l'origine, une maison jumelée de type villageois (type A) occupe le lot 248 et
deux villas occupent les deux parcelles du lot 245 subdivisé (type A'). Durant la
période de 1900 à 1955, une des villas du lot 245 a disparu pour faire place à
un bâtiment nouveau. Nous avons constaté qu'un batiment faubourien d'un seul
étage se substitue à des villas du lot 245 (fiche 1). À partir des photos
anciennes, nous avons observe que ce batiment nouveau entraîne un degré de
discontinuité fort à cause principalement de sa hauteur d'un étage et de ses
larges
vitrines
commerciales.
Cependant,
ce
bâtiment
reprend
presqu'intégralement le mode d'implantation typique des villas assurant de ce
fait un certain degré de continuité typologique et spatial.
- La maison villageoise qui occupe la parcelle p.236 durant la période s'étalant
de 1900 a 1955, n'a pas subi de modifications notables.
- Le batiment implanté sur le lot 548 (fiche 3) affirme son statut de collège public
avec sa volumétrie imposante et son recul de la voie. Ses deux étages et son
recouvrement de brique rouge-brunâtre constituent cependant des facteurs de
continuité. Notons qu'il possède une toiture plate caractéristique du bâti de la
période a 0
B
(1900 a 1955) et que sa volumétrie est plus cubique que celle des
maisons villageoises. Le batiment implant6 sur le lot 172-34 (fiche 5) fait lui
aussi partie des nouveaux bâtiments de type 4 B m implantes dans le tissu a A
B.
II reprend quant à lui, les traits typologiques les plus importants des maisons
villageoises au niveau de l'implantation.
- Les deux tranches horizontales ( corps, couronnement) des bâtiments situés le
lot 172, P.13 (fiche 4) et sur le lot 172-34 (fiche 5) ont subi des modifications
durant la periode s'étalant de 1900 a 1955. Ces bâtiments ont connu une
restructuration de leur enveloppe entrainant des discontinuités typologiques et
spatiales faibles. Examinons en détail à l'aide de photos anciennes le batiment
situe sur le lot 172-31 (fiche 4). Lors de la phase de première édification dans le
noyau urbain ancien, nous retrouvons une grande demeure de type villa cossue
(type A') où loge le premier bureau de poste de la ville. Ce dernier n'occupe
toutefois qu'une partie du rez-de-chaussée tandis que le reste du batiment est
réservé à un usage résidentiel. Le Mitirnent de deux étages (voir figure 17) est
couronné par une toiture mansardée à double pan, percée de lucarnes et
recouverte de bardeaux de cèdre.
De 1900 à 1955, cette demeure est
restructurée, elle conserve toutefois son rez-de-chaussée typique tandis que
I'étage est remanie (voir fiche 4) (influence du type 6). Les propriétaires ont
remplacé la toiture d'origine par une toiture plate, ce qui permet de gagner de la
superficie à I'étage (densification verticale, nouveau logement à I'étage). Cet
étage prolonge le mur de façade du rez-de-chaussée et s'inscrit dans le même
plan.
Les ouvertures de I'étage reprennent les proportions typiques des
ouvertures du rez-de-chaussée (proportions deux fois plus hautes que larges).
Le rez-de-chaussée d'origine se divise toujours en deux parties: une station
service a remplacé le bureau de poste (mixité typique de la période a B B).
L'autre partie demeure résidentielle et conserve sa galerie.
Malgré ces
transfumations, nous pouvons dire que lors de la restructuration de ce bâtiment,
les facteurs de continuité l'emportent sur ceux de la discontinuitb (voir le tableau
de pondération des discontinuités du cycle entre 7 900 et 3 955 (BIA)).
Figure 17: État d'origine a A u d'un batiment da la rw, Sainte-Anne.
Sources: Service d'urbanisme , Sainte-Anne-des-Plaines
Nous avons vu en comparant l'état du parcellaire en 1900 et en 1955, un
phénomène de densification du bâti situe le long du boulevard Sainte-Anne.
Voilà un premier indice de l'influence du faubourg sur le tissu villageois et de
1'influence du nouveau type portant: les "batiments mixtes". De nombreuses
parcelles du noyau urbain accueillent maintenant de nouveaux types de
bâtiments (substitution). Plusieurs maisons villageoises sont restructurées en
fonction du nouveau type portant.
Nous remarquons que certains traits
morphologiques se maintiennent malgré l'insertion de batiments nouveaux le
long du Boulevard dans un milieu largement dominé par la présence de maisons
villageoises. Par exemple, nous remarquons de nombreux cas d'implantation de
batiments nouveaux dans la trame villageoise (fiches 3 et 5). Les nouveaux
bâtiments implantés entre 1900 et 1955 reprennent les dispositions typiques des
maisons villageoises, avec un léger recul de la rue. De plus, les matériaux
utilisés, le mode de partition horizontal, la largeur des façades des immeubles
mixtes, se comparent aux dimensions typiques retrouvées sur les maisons
villageoises. L'ensemble de ces observations nous font dire que les
transformations architecturales et urbaines qui affectent le noyau villageois lors
de la mise en place du tissu du faubourg se font en relative continuité avec les
règles typologiques précédentes.
Malgré l'apparition de types de batiments
nouveaux ou la transformation de types plus anciens w A s, les transformations
se font en continuité avec les règles de structuration du milieu, car nous nous
situons dans un contexte historique qui demeure relativement stable sur le plan
culturel (stabilité de la syntaxe du tissu). En résume entre 1900 et 1955, les
nouveaux batiments sont implantés comme ceux qu'ils remplacent et de ce fait
ils respectent les dispositions plus anciennes (degré de discontinuith de nulle à
faible). Les caractéristiques formelles des nouvelles masses construites sont
plus fluctuantes (de faible a moyenne) à l'échelle des parcelles, ce qui amène
un degré de discontinuité de faible à moyen.
Figure 18: La continuitd de la pnmi&re période de transformation. Cette photo
montre au premier plan un bâtiment implanté pendant la pdriode a 8 B (1900 a 1955).
Ce duplex faubourien fait bon ménage avec l'ensemble des villas édifiées dans la
période u A 9 (villas cossues) au niveau de son implantation (marges de recul, position
dans la parcelle), de sa volumétrie (largeur et hauteur) et de son usage résidentiel. II
existe donc une continuité typologique entre ces bâtiments édifies à des péflodes
historiques différentes, malgré certaines transformations dans la forme des toitures.
Nous remarquons
Figure 19: Bâtiment faubourien.
Ion de la mise en place du faubourg le percement d'une nouvelle rue et l'implantation
L'implantation et les
d'un nouvel édifice (1) sur le parcellaire plus ancien.
caractéristiques architecturales de ce nouvel édifice de la période r B B poursuivent les
caractéristiques typologiques plus anciennes et ce, malgré l'apparition de la toiture
plate (innovation typologique). Nous voyons par cet exemple qu'il existe une continuité
entre les deux phases, le bâti nouveau consolide les tendances morphologiques du
milieu.
Figure 20:Paroi sud du boulevard Saintu-Anm. Nous remarquons l'imbrication entre
les maisons villageoises et les bâtiments mixtes. L'implantation et les caractéristiques
architecturales des édifias de la période B * pounuivent les caractéristiques
typologiques plus anciennes et ce, malgré l'apparition de la toiture plate (innovation
typologique). lis viennent consolider et densifier la trame plus ancienne du village.
4.3.2. Analyse diachronique des transformations du bAti entre 1955 et 1998
Attardons-nous maintenant a l'étude des transformations qui surviennent
durant la deuxième période de 1955 à 1998 et aux répercussions de celles-ci
sur le milieu bati du boulevard Sainte-Anne.
Nous pouvons relever les
phénomènes suivants en observant le tableau de pondération des discontinuités
a Sainte-Anne-des-Plaines entre 1955 et 1998 (tableau X, C 1 A,B):
- Le bati comporte plusieurs interruptions a cause de démolitions, notamment
entre la 2èrne et la 3eme avenues;
- Le cadre végétal du boulevard a été grandement transformé depuis les années
soixante, les plantations d'alignement ont pratiquement toutes disparu;
- Le zonage monofonctionnel a favorise l'implantation de batiments commerciaux
de type suburbain dans le parcellaire ancien (voir les fiches 1 et 2). Ceci amène
le remembrement du parcellaire ancien en vue d'accueillir des batiments de plus
grande surface.
Ces insertions nouvelles entraînent des ruptures, des
discontinuités, de moyennes à fortes sous de nombreux aspects: marge
latérales, marge arrière, marge avant.
- Beaucoup de bâtiments sont plus larges (fiches 1,2 et 3) et de ce fait ne se
conforment pas à la modularite typique du bâti du boulevard Sainte-Anne.
L'interruption du rythme entre espace bati et espace libre (marges latérales),
entre les pleins et les vides des batiments amène un degré de discontinuité de
moyen à fort lors de l'implantation de ces batiments nouveaux pendant la
période de 1955 à 1998;
- Le bati plus large et peu élevé (un étage) entraîne un u aplatissement B des
masses bâties de la rue. Les batiments d'un étage de type suburbain, insérés
dans un milieu bâti de deux étages, créent un effet d'étalement du bati. Ce
phénomène est renforcé par leur implantation sur des parcelles très larges ou
l'on retrouve des bandes latérales et frontales de stationnements (voir fiches 1,2
et 3);
-
La présence d'un seul étage, le rez-de-chaussée, donne un aspect
monofonctionnel a un milieu bati qui a toujours été caractérisé dans les périodes
précédentes par une mixité (de 1900 à 1955);
- Des bâtiments mixtes sont rénovés en façade, l'étage se couvrant de parement
métallique d'un traitement stylistique différent (voir fiches 4 et 5);
-
Notons la diversité des matériaux et des couleurs qui apparaissent sur le
boulevard Sainte-Anne, pendant la période s'étalant de 1955 a nos jours. Cette
diversité est aussi amplifiée par la mise en oeuvre et la façon d'appliquer les
matériaux, apparue avec la disparition des consensus;
- La multiplication des matériaux sur une même face des batiments constitue un
phénomène nouveau (voir fiches 4 et 5).
Figure 21: Miment commercial de type suburbain. Ce bâtiment est caractérisé par
une volumétrie basse d'un étage et étalée sur deux parcelles, par la présence d'aires
de stationnement latérales et en façade et la présence de matéfiaux métalliques. Ces
implantations sont en rupture avec l'alignement du bâti et la volumétrie d'ensemble du
bati le long du boulevard Sainte-Anne.
Figure 23: Bungalow de typs californéen. Ce bâtiment édifié pendant la période
a C » (1955 à 1998) est implanté dans le secteur des villas.
4.4.
Comparaison entre les deux arands cycles de transfomation
Nous avons vu le maintien des caractéristiques typo-morphologiques
entre les années 1900 et 1955 (voir le tableau Vlll de pondération des
discontinuités à Sainte-Anne-des-Plaines entre 1900 et 1955). L'analyse typomorphologique a bien fait ressortir l'intérêt et la spécificité de la structure
morphologique de Sainte-Anne-des-Plaines, structure qui s'est maintenue
jusqu'en 1955 malgré la disparition de certains traits et de la densification du
parcellaire du boulevard Sainte-Anne (continuité du processus typologique). La
densification de la partie sud du Boulevard permet le renforcement de la
continuité du bâti (continuité spatiale et architecturale). Le gabarit et la structure
spatiale du boulevard ont perduré ainsi que son cadre végétal.
La continuité
du processus typologique dans le temps (niveau vertical, diachronique) a été
primordiale afin d'assurer la continuité spatiale et architecturale du milieu bâti
(niveau horizontal, synchronique).
Notons que le secteur des villas s'est maintenu et que les nouveaux
édifices implantés dans la période r B » ont contribué a la consolidation de ce
secteur. Nous pouvons parler des constructions nouvelles bien insérées au
tissu existant qui renforcent l'identité typique de ce secteur du boulevard et qui
valorise davantage le noyau historique de Sainte-Annedes-Plaines, hérité de la
période a A u (de la fondation à 1900). Nous retrouvons encore présents les
types bâtis représentatifs des divers stades de formation du tissu urbain de
Sainte-Annedes-Plaines dont la maison Chaumont, batiment classé et la
maison Racine.
Dans la période de crise actuelle (1955 a 1998), de bouleversements
sociaux, culturels et technologiques, nous assistons a une interruption de la
codification collective consacrée par les typologies locales courantes.
Le
l'égard de la culture du bâti local de Sainte-Annedes-Plaines.
Les
transformations et les démolitions de plusieurs bâtiments attestent des pressions
diverses provoquées par le modèle suburbain sur le patrimoine bâti du noyau
urbain à partir des années cinquante (zonage monofonctionnel, démolition de
batiments et élimination des plantations d'alignement en vue d'implanter des
aires de stationnements, apparition de nouveaux types de batiments
commerciaux et de matériaux propres à la banlieue, etc.). Un autre exemple de
cette mutation du cadre bâti du boulevard Sainte-Anne est la présence
d'implantations strictement commerciales de type suburbain.
Ceci est
particulièrement évident lorsque l'on observe la volumétrie basse et étalée de
plusieurs commerces récents, accompagnés de surfaces de stationnement. Ces
implantations provoquent une rupture, et ce, à deux niveaux, premièrement au
niveau de leur hauteur d'un étage qui tranche singulihrement avec les
implantations généralement de deux étages situées a proximité. Deuxièmement,
l'implantation latérale et en façade d'aires de stationnement provoque souvent
une rupture dans l'alignement bâti du boulevard Ste-Anne (discontinuité
synchronique).
Conclusion sur Sainte-Annedes-Plaines
Le remembrement de plusieurs parcelles qui va de pair avec
l'implantation de bâtiments commerciaux nouveaux entraîne un fort degre de
discontinuité, surtout dans la partie du Boulevard, marquée par la présence des
villas cossues. Nous retrouvons un milieu bâti en transformation ou 50% des
bâtiments sont en discontinuité par rapport aux traits syntaxiques précédents et
qui sont en rupture synchronique. Ceci peut affecter à moyen terme le maintien
de l'identité et de la qualité du milieu urbain encore existant. II existe aussi des
transformations de degre de discontinuité moyen qui se traduisent par la
modification de la forme typique des ouvertures, la présence de matériaux
étrangers tels le parement métallique et la modification de
toitures.
la volumétrie des
Chapitre 5
ÉTUDE TYPO-MORPHOLOGIQUE DE VICTORIAVILLE
5.1
Le site d'implantation du villacte
Victoriaville est située à la limite sud de la plaine du Saint-Laurent, au
pied de la chaîne des Monts Notre-Dame et Saint-Michel. Les premières
implantations urbaines vont se faire au point de reserrement entre la riviere
Bulstrode et la riviere Niwlet qui forment un étranglement naturel. Le site
d'implantation du noyau d'origine est légèrement surélevé par rapport au niveau
des deux rivières (ligne de séparation entre deux systèmes hydrographiques).
De plus, le village est établi au point de rencontre de deux systèmes cadastraux,
celui axe sur la riviere Bulstrode et celui axé sur la rivière Nicolet (voir la figure
24). Les différentes parcelles agricoles constituant ce système cadastral sont
découpées perpendiculairement aux cours d'eau afin d'offrir un accès a la
riviere. Comme au début du 19eme siècle, la plupart des concessions situées
en bordure du fleuve Saint-Laurent sont occupées, la colonisation gagne
lentement cette contrée reculée. Les colons à la recherche de nouvelles terres
n'ont d'autre choix, à cette époque, que de s'expatrier plus au sud, dans la
région des Bois-Francs.
C'est ce qui explique l'établissement tardif de
Victoriaville par rapport à Trois-Rivières ou Bécancourt, toutes deux situées sur
les rives du Saint-Laurent, principale voie navigable du Bas-Canada. II faut
attendre le milieu du 19eme siècle, après la Conquête anglaise, pour voir
véritablement émerger un noyau villageois dans la région des Bois-Francs. En
1839, nous retrouvons une centaine d'habitants et la plupart vivent de
l'exploitation de la terre'.
'
Notons qu'en s'implantant dans les cantons, la population canadienne-française y transpose le
type de d6coupage et d'ocwption du sol des seigneuries: les terres y prennent la forme
rectangulaire et le rang y joue un rdle social plus grand (salon P.A. LINTEAU et al. (1989)
Histoire du Québec contemporain, De la c o n ~ r a t i o n9 la uise (1867-1929),Montréal, Boréal).
Figure 24: Le plan de cadastre de la paroisse Sainte-Victoire. Département
des Terres de la Couronne, 1883. Source: Archives de Victoriaville
Le site qui a vu naître le noyau d 'origine de Victoriaville (le bourg) est
relativement plat. Cette caractéristique topographique est déterminante pour la
suite du développement de Victoriaville car la topographie de la plaine est
propice à l'implantation du chemin de fer. Ce réseau. tributaire d'une logique
provinciale, voire nationale, est implante à I'est du village. En 1861, le bourg de
Victoriaville possede sa propre gare ferroviaire la reliant a Richmond et à Lévis.
Victoriaville possede alors tous les outils de développement pour s'imposer
comme point d'entrée de la région des Bois-Francs et va progressivement
s'affirmer comme pole économique et industriel régional.
5.2.
L'analvse synchronique du bourçl, du fauboura et de la banlieue
La première phase de croissance du village résulte de la resubdivision
des parcelles agricoles situées entre la rivière Bulstrode et la riviere Nicolet.
Cette densification par resubdivision des terres se fait aux abords du parcours
directeur de la nie Notre-Dame. Ce chemin r. mère n traverse le noyau et
dessert en rase campagne les terres du rang
cc
A
8
(voir figure 24). A cette
époque, nous retrouvons dans le bourg quelques maisons, des bâtiments de
ferme, un moulin à scie et a farine, une chapelle et la traditionnelle école de
rang. Plus au sud, ce chemin (l'actuelle nie Notre-Dame) s'éloigne de la rivière
Nicolet et entre plus profondément dans les terres vers Saint-Norbert. Notons
qu'une partie de ce parcours, bien que parallèle a ta rivière, est tracé a distance
du cours d'eau (branche Nord-Est de la riviere Nicolet) à cause de la présence
de marécages sur ses rives.
Au début du 20eme siècle, Victoriaville connait une deuxième phase de
croissance avec la formation d'un faubourg aux abords de la voie ferrée, a I'est
du bourg d'origine. La croissance se fait aussi à l'ouest du noyau villageois (le
bourg). La rue Notre-Dame est aussi la ligne de croissance de ce faubourg.
Nous assistons au franchissement de l'ancienne limite de croissance délimitée
par la voie ferrée avec une organisation urbaine se structurant de part et d'autre
de l'emprise ferroviaire (polarité linéaire). Nous allons voir que le tissu urbain
de Victoriaville est un heureux amalgame de deux logiques structurales
complémentaires, celles du bourg et du faubourg. La voie ferrée marque une
des limites entre les deux stades d e fomation du tissu. La période s'étalant de
1955 à 1998 est marquée par la formation du tissu suburbain qui encercle à
l'est, au nord et à l'ouest le tissu du bourg et du faubourg. C'est pendant cette
période que le chemin de fer tombe peu a peu en désuétude.
Comme nous l'avons vu précédemment, Victoriaville va connaître trois
cycles principaux de formation: premièrement, la fomation d'un bourg non loin
de la rivière Nicolet; deuxièmement, l'émergence d'un faubourg favorisée par
l'arrivée du chemin de fer de Grand Tronc en 1854; troisiemement, nous
assistons à l'émergence du tissu suburbain qui encercle actuellement le tissu
urbain (bourg, faubourg). Examinons individuellement chacune de ces couches
de croissance afin de connaître leurs caractéristiques morphologiques au moyen
de trois analyses synchroniques, soit:
- I'analyse synchronique du bourg u A
en 1900,
- I'analyse synchronique du faubourg B » en 1955,
- I'analyse synchronique de la banlieue a C B en 1998,
(I
Par la suite, nous allons comparer ces trois états du tissu par I'analyse
diachronique afin d'observer en détail les éléments de transformation de 1900 à
1955 (avant I'Amergence du modèle suburbain) et de 1955 à 1998, afin de voir
en particulier comment la banlieue influence la transformation du faubourg de
Victoriaville.
5.2.1. Analyse synchronique du bourg a A ID en 1900
5.2.1.1. Le parcellaire et le réseau viaire
Le plan de 1900 (voir figure 25) indique que le tissu du bourg se
surimpose sur le cadastre agricole. Les parcelles agricoles bordant la rue
Notre-Dame Ouest sont decaup8es en lots étroits et profonds et disposées le
long du parcours mère (la rue Notre-Dame) dont elles épousent le tracé sinueux.
Nous parlerons d'un parcellaire en a éventail IP. Malgré ce lotissement des
abords de la rue Notre-Dame, on conserve des accès routiers afin de desservir
les terres agricoles situées derrières la bande de parcelles attenantes à la rue
Notre-Dame. Ces accès vont, par la suite, devenir des rues. Plusieurs petits
îlots bordent le pôle principal du village, c'est-à-dire l'église et le presbytère.
Les ilots proviennent de la fragmentation des terrains agricoles aux abords de
l'église Sainte-Victoire. Cette fragmentation se poursuit aux abords de la gare
OU l'on retrouve un petit îlot triangulaire. De part el d'autre de la rue NotreDame Est et de la rue Saint-Jean-Baptiste, nous voyons d6ja apparaître de très
grands îlots rectangulaires qui annoncent l'éclosion du tissu du faubourg au
tournant du siècle.
A cette époque s'annonce un déséquilibre entre le
développement modeste du village a l'ouest et l'émergence du faubourg à l'est.
Le noyau protourbain de colonisation (le village d'origine) est constitue par un
complexe d'édifices qui s'étend entre deux pôles attractifs majeurs: l'église et la
gare ferroviaire. Cette première phase artisanale d'humanisation du territoire de
Victoriaville débute en 1833 pour se terminer en i 890.
Figure 25: Plan du parcellaire et du rdseau viaire de Victoriaville en 1900.
Source: reconstitution à partir du plan du village de Victoriaville, Département
des Terres de la Couronne, 1883. Archives de Victoriaville.
5.2.1-2.Le type bâti du bourg (type A 1
Nous avons dressé une typologie des bâtiments construits à la fin du
siècle afin de déterminer les caractéristiques les plus courants des batiments
implantés a Victoriaville dans le bourg. Nous nous intéressons particulièrement
à leur mode d'implantation et à leurs caractéristiques architecturales (voir la
fiche typologique aux pages 190 et 191). Le batiment type est implanté à
l'alignement de la rue (marge de recul de zbro). Habituellement ce type de
batiment est implanté directement sur une des marges latérales (marge
latérale=0) et de l'autre côte, il libère un accès véhiculaire.
La volumétrie est
caractérisée par une masse rectangulaire de deux étages (parallélépipède
rectangle) surplombée d'une toiture à double pans percée de lucarnes. Ces
édifices types sont composes de deux parties (découpage horizontal), soit d'un
rez-de-chaussée caractérise par la présence d'un usage commercial et d'un
étage el demi où l'on retrouve un usage résidentiel, c'est pourquoi nous parlons
d'une typologie
(t
mixte m. Le beitiment est couronne par une toiture inclinée.
Au niveau des découpages verticaux, comme les porte d'accès aux commerces
sont généralement disposées au centre du batiment, nous retrouvons une
symétrie bilatérale en façade. L'accès aux logement se fait par une porte située
sur le cbte. Les ouvertures ont un aspect vertical car leur hauteur correspond
habituellement à deux fois leur largeur. Notons que la maçonnerie est mise en
évidence dans les diverses parties de l'édifice: motifs aux encoignures, linteaux
audessus des ouvertures, etc.
Exemple d'un bâtiment de type 'A'
- Les batiments sont implant& sur un site
relativement plat.
- Les batiments sont implantes le long d'une
des limites lat6ales (marge latérale de O) et
libèrent un acds vehiculaire sur l'autre flanc
du Mtiment.
-
Les bâtiments mixtes sont implantes
ii l'alignement de la nie (marge de recul = 0).
-uneLesparoi
batiments dbfinissent habituellement
continue d4limitant l'espace typique de
la rue.
-présentet
Les bâtiments si6tirent en profondeur et
une façade continue sur h nie.
-
Les édifices mixtes de la rue Notre-Dame
se composent de deux parties distinctes, un
rez-dschaussh commercial et un Btage et
demi r6seiv6 à un usage dsidenüel.
-
La façade est marquée par l'abondance des parois
vitdes au rezdechaussée et par la pr6senœ de la
maçonnerie l'otage.
-
Le rezdedaussée commercial est directement
au niveau du trottoir ou Iég&rement wfélev6 par
rapport a celuici (une A trois marches maximum).
-
Le rezdechaussée. par sa fenestration gdnérewe.
accentue le decoupage horizontal du bâtiment
-II existe souvent une gaierie
- Une toiture
a l'étage;
double pans rcée de lucarnes
marque le couronnement de 'édifice.
l=
-estLahakhiellement
faqade principale du bâtiment
symetiique (symétrie bilatérale).
-
Les ouvertures son généralement alignées
verticalement.
-
Le degré d'ouverture entre le rez-d&aussée
et celui de ou des &a es peut se chiffrer comme
ceci: 80%
r le rez 8 - c h a u d
20% p o u ' m e
Généralement les fenêtres sont pkis hautes
que larges.
-
PO"
8
5.2.2. Analyse synchronique du faubourg a 8 en 1955
5.2.2.1
. Le parcellaire et le réseau viaire
Le parcellaire de la rue Notre-Dame Est est découpé de façon très
régulière et chaque parcelle est étroite et très profonde afin d'accueillir les
nouveaux bâtiments faubouriens qui commencent à se mettre en place a la fin
du 19ème siècle (1890) et qui remplacent les types plus anciens (type A). Les
parcelles sont groupées en îlots orientes parallèlement à la rue Notre-Dame.
Cette organisation en îlots de taille considérable atteste de l'incroyable force de
concentration générée par la présence de la gare et du réseau ferré du Grand
À cette époque, Victoriaville affirme son rôle en tant que centre
Tronc.
commercial et industriel de la région. Le long de la rue Notre-Dame Est, la ou la
pression foncière est la plus forte, les parcelles sont entièrement occupées par
des bâtiments nouveaux qui en soudant les uns aux autres (mitoyenneté),
constituent un linéaire commercial
Parallèlement a la saturation du tissu localisé au centre de
l'agglomération, nous assistons à la constitution de quartiers faubouriens
résidentiels à I'est et a l'ouest, de part et d'autre de la voie ferrée (voir la figure
26). La présence de nombreuses industries à Victoriaville explique l'émergence
de ces nouveaux quartiers ou loge la main-d'oeuvre ouvrière. Cette période voit
apparaître des types batitis plus denses tels les duplex et les triplex où logent les
ouvriers.
A proximité des p6les institutionnels, nous retrouvons des quartiers
plus cossus où loge une population plus bourgeoise de commerçants ou de
petits notables locaux Observons en détail la structure morphologique de ces
nouveaux quartiers. A l'ouest, le nouveau quartier résidentiel faubourien est
délimité par les nies Notre-Dame, Alice, Monfette et Saint-Augustin. À l'est, le
Figure 26: Plan du parcellaire et du &eau viaire de Victoriaville en 1955.
Source: reconstitution à partir du cadastre révise de la ville de Victoriaville
(plusieurs feuillets) 1953. Archives de Victoriaville.
nouveau quartier résidentiel de type faubourg est circonscrit par les rues
Saint-Jean-Baptiste, Olivier, Jutras et Saint-Zéphirin.
Ces quartiers suivent
tous deux le même processus de formation. L'urbanisation des rangs ruraux a
donné lieu à une trame de rues et d'îlots qui reprend tel quel le découpage
agraire. Les nouvelles nies traversent le centre de la parcelle agricole.
Les
deux bandes de terrain attenantes sont par la suite loties en plus petites
parcelles qui sont, à l'image des anciens lots agricoles, étroites et profondes.
Le réseau viaire
est
marqué par
la multiplication de
voies
perpendiculaires à la rue Notre-Dame (réseau viaire orthogonal). De plus, la rue
Saint-Jean-Baptiste constitue un dédoublement de la rue Notre-Dame.
Les
voies secondaires tracées perpendiculairement à la rue Notre-Dame permettent
l'implantation du bâti nouveau. Notons aussi qu'il existe une difference entre le
mode de division des parcelles réalisé à la fin du 19ème siècle (bourg) et celui
du faubourg dont la formation date du début du 20eme siècle. Nous voyons que
les lots suivent deux directions différentes. Cette différence se traduit dans le
mode d'implantation du bâti le long de la rue Notre-Dame. Certains batiments
bordant la nie principale de Victoriaville sont implantes parallèlement a la rue
tandis que d'autres sont implantés de biais car ils s'appuient sur la direction
principale du cadastre agricole. L'ensemble de ces constatations nous guide
dans la datation du bâti situe le long de la rue Notre-Dame Ouest. Les maisons
villageoises (bourg), de dimensions plus modestes (peu profondes), se
reconnaissent facilement car leur façade est parallèle au parcours de la rue
Notre-Dame. La façade des batiments faubouriens est gbneralement a angle
par rapport a la nie Notre-Dame. Pourtant malgré ces transformations, les deux
types de batiments jouent un rble comparable dans la définition de l'espace
public de la nie, compte tenu de sa faible marge de recul, assurant une
continuité malgr6 les transformations.
Le parcellaire le plus ancien du bourg tend à s'adapter au tracé ondulant
et sinueux de la rue Notre-Dame Ouest (parcellaire en
u
éventail ») tandis que
la trame du parcellaire du faubourg suit davantage la direction du cadastre
agricole à mesure que I'on atteint l'extrême ouest du territoire urbanisé
(comparer la figure 25 datant de 1900 et la figure 26 datant de 1955). A l'ouest,
le parcellaire issu de la croissance faubourienne s'oriente de biais par rapport à
la rue Notre-Dame. Certaines parcelles permettent une articulation progressive
entre les deux couches de croissance, en épousant une direction a double B.
Notons que la volumétrie imposante des bâtiments faubouriens, couvrant
presquJentierementla superficie des parcelles, s'accommode mal d'une parcelle
avec une double direction. C'est ce qui explique pourquoi, lorsque I'on réalise
les nouveaux tissus, on adopte plutôt la direction du cadastre agricole (voir
figure 26).
Figure 27: miment faubourien i doubla direction. Nous voyons comment s'effectue
l'articulation entre deux &gres d'orientation du Mi, ici fa partie avant du bâtiment suit
l'alignement de la rue tandis que la partie amere adopte la direction principale du cadastre
agricole. Source : Archives de Vidoriaville, registre de proprieté de 1961.
Figure 28: Immeuble faubourien au coin de la rue Alice et NotrePame Ouest. La façade est
à angle par rapport 4 la nie Notre-Dame, la direction principale de la parcelle est tributaire du
cadastre agricole sur lequel s'est forme le tissu des faubourgs. Source: Archives de Victoriaville,
registre de propriété de 1961.
5.2.2.2.Le type bâti du faubourg (type B 1
Nous allons nous concentrer maintenant sur la portion est de la rue
Notre-Dame pour illustrer le type d'édifices construits entre 1900 et 1955 sur la
nie Notre-Dame Est.
A l'image des édifices construits pendant la période
précédente (voir fiche typologique des bâtiments mixtes en 1898), ce bâtiment a
lui-aussi une vocation mixte (commercial et bureau ou commercial et logement).
Ces édifices types sont construits sur le parcellaire situe a proximité du chemin
de fer et il font partie du lotissement généré par la présence de la voie ferrée.
La fiche typologique présente les caractéristiques du type a B D faubourien de la
rue Notre-Dame Est à Victoriaville sur le tronçon entre l'emprise ferroviaire et le
boulevard Bois-Francs (pages 198 et 199). Cette fiche typologique élaborée à
partir de la grille de Lévy et du travail de Morisset se veut une lecture du type
bâti pendant la période d'industrialisation (dans la première moitié du 20èrne
siècle), sans volonté de comparaison entre ce type et le type précédent. Elle
revêt donc un caractère synchronique.
Elle se veut représentative de la
typologie du b&i édifié sur la rue Notre-Dame Est pendant la première moitié du
20ème siècle.
Grille d'anafyse
Exemple de botlrnent de type '8'
Biiti I dw
- Les bâtiments sont implantes sur un site
relativement plat.
- Les bâtiments, g6ndralement mitoyens, occupent
r
rcelle, la parcelle est
l'ensemble de leur
déterminante dans a forme du Mtiment.
- Les batiments mixtes sont implantes A rali nement
de la rue Notre-Dame (marge de recul = 08.
Les batiments situ& au croisement
de rues secondaires ont la propri6té de se retourner
afin de s'adapter a leur posaon particulière dans
la trame bâtie (vitrines sur deux faces, etc. ).
-
-
En se soudant entre-ew , les bâtiments
d6finissent une paroi continue d4limitant
l'espace typique de la nie Notre-Dame Est
- Les bâtiments sont des paralléiépipedes
rectangles qui s'otirent en profondeur et qui
présentent une façade continue sur la nie.
- Les édifices mixtes de la rue Notre-Dame Est
se composent de deux parties distinctes. un
rezde-chaussée commercial et un ou deux
Btages réséserv6s aux bureaux ou des logements.
- II existe un contraste ma
u6 entre l'effet
de masse des Btages et î'e et de Iégbret6
du rezde-chaussée commercial, ce contraste est
renforcd par l'abondance des
ois vlrsur
la nie et par la prbsence de a maçonnerie a Mage.
"ft
P"
- Le rezd~hausséecommercial est directement
au niveau du trottoir ou lég&ement surdlev4 par
rapport A celui-ci (une A trois marches maximum).
- Le rez&-chauss&,
par sa fenestnüon généreuse.
accentue le decoupage horizonta) du bâtiment.
-Une bande horbontale vient marquer une
transition entre le rez-de-chaussée et l'étage.
-
La propriétb gBn6rale des bâtiments est
de s'unir par leur rezde&aussée afin de
border directement l'espace du trottoir.
- La façade principale du bâtiment est
-
symetrique.
Le degr6 bolivemin entre le rezdechauss6e
et celui de ou des &a es peut se chiffrer comme
ceci: 80% ut le rez e-chaussée
20% pour 'Btage
P"
8
- GénBraIement les fenêtres sont plus hautes
que larges.
5.2.3. Analyse synchronique de la banlieue a C m en 1998
5.2.3.1.Le parcellaire et le réseau viaire
Les lotissements suburbains forment le nouveau tissu de la croissance de
Victoriaville et entoure, à l'ouest, à l'est et au sud le tissu du bourg et du
faubourg (le tissu urbain). Nous n'étudions pas dans son ensemble ce tissu
nouveau mais nous allons plutôt voir ce qui se passe aux abords du secteur plus
central de Victoriaville (bourg et faubourg). Ce qui nous intéresse en particulier
dans cette thèse, c'est l'action de la banlieue sur le tissu urbain (rétroaction).
Une nouvelle voie, le boulevard Jutras, est tracée le long de la rivière
Nicolet (figure 29).
Au nord-ouest, de nouvelles voies dessewent un pôle
institutionnel de type u campus i, ou de grands équipements sont implantes
dans un grand espace vert. La voie ferrée, structure linéaire importante dans la
formation de la ville, est démantelée, ce qui laisse vacante une tranchée qui est
en attente d'une nouvelle vocation polarisante. Au nord, nous assistons à la
poursuite de la rue Perreault et à son élargissement aux abords de la rue Notre-
Dame Est. La largeur de la nie est à l'image des collectrices de banlieue où
l'aspect véhiculaire prime au détriment de l'espace urbain d'origine davantage
resserré. Notons que le boulevard Bois-Francs est le nouvel axe de croissance
de la ville vers le sud et son nouveau r strip B commercial.
Nous assistons à un remembrement des parcelles de la rue Notre-Dame
Est, ce qui penet de ménager des galeries commerciales transversales
intérieures et extérieures reliant les stationnements arrières à la rue Notre-
Dame.
Figure 29: Plan du parcellaire et du M e a u viaire de Victoriaville en 1998.
Source: Services techniques de Victoriaville
Une nouvelle réglementation impose un nouvel alignement au bâti
bordant la rue Saint-Jean-Baptiste. Ceci provoque de nombreuses démolitions
et il s'agit actuellement de la nie la plus déstructurée de Victoriaville.
Les
opérations d'urbanisme sur cette nie aboutissent à la constitution d'un nouvel
espace hybride ou se multiplient les ruptures formelles et spatiales entre des
types urbains directement attenants à la rue et les types suburbains avec leur
aire de stationnement en façade et leur aspect isolé. La vocation même de cette
voie est actuellement en suspens, s'agit-il strictement d'une voie de desserte
automobile des commerces situés sur la rue Notre-Dame? Aux abords de la rue
Notre-Dame, nous observons une opération de percement et d'élargissement de
la rue Perreault. Cette opération urbanistique planifiée entraîne de nombreuses
démolitions et un éclatement de l'espace continu et resserré de la rue Notre-
Dame Est. Nous assistons aussi au curetage du coeur des îlots situés de part et
d'autre de la nie Notre-Dame Est. Ces transformations sont motivées par la
volonté de dédensifier le centre-ville et de l'adapter à la présence de
l'automobile en y aménageant des stationnements. Ceci doit permettre aux
commerces du centre-ville de Victoriaville de concurrencer avec les nouveaux
centres commerciaux installés à la périphérie, le long du boulevard Bois-Francs.
5.2.3.2. Le t v ~ ebati de la banlieue (tvpe C 1
Nous avons prélevé un bâtiment de la rue Notre-Dame Est construit en
1980 afin d'illustrer le type bati implante sur la nie entre 1955 et 1998. 11 s'agit
d'une lecture synchronique du bati qui se veut représentative de l'ensemble des
bâtiments implantes sur la rue pendant la seconde moiti6 du 20eme siècle. Les
caractéristiques typologiques de ces batiments (implantation et caractéristiques
architecturales) sont résumées dans la fiche typologique prdsentée a u pages
suivantes.
GrNb d'analyse
Exemple d'un bûtiment de type 'Ca
- Les batiments commerciaux sont
implantés sur un site relativement plat.
- Les bâtiments commerciaux ne sont g6néraîement
as mitoyens. ils ne sont donc pas accolds aux
'ments vosins (pdsenœ de marges latérales).
L
-
Les batlments commerdaux sont souvent implant&
en recul de la rue Notre-Dame et ils ne respectent
pas systématiquement l'alignement de la nie:
- Les bâtiments situes au croisement de deux rues
n'ont pas la propriet6 de se retourner afin de
s'adapter h leur position
Culi6re dans la bame
Utie ( vitrines sur deux aces, etc. ).
P"b
Souvent la prdsence d'un accès v6hiculaire et de
stationnements localisés sur le &tés des Mtirnents
eniatnent une interruption de h paroi continue
definissant l'espace de la rue.
- La volurn&trie m u e des b8timents de la ride C m
se detaehe parfois, par rapport B la vdu
e 6üoite et
généralement profonde, dm batiments de la nie.
med"B
-unLesrezde-chaussée
Micm se composent de deux parties distinctes,
commercial et un 6 e occupé par
'"B
des bureaux. II anive qu'ils aient un seu étage.
- Il existe un contraste mar u6 entre l'effet
de masse des Btages et I'e et de I6gèretb
du rezde-chaussée commercial, ce contraste est
's vitrées sur
renforcé par l'abondance des
la nie et par la pdsence de a maçonnerie h I'Btage.
'A
Pa"
- Le rezde&au&e
commercial est directement
au niveau du trottoir ou Iégdrement sur6ev8 par
rapport a celuici (une a trois marches maximum).
- Le mde-chaussée, par sa fenestration g6n6reuse,
accentue le decoupage horizontal du bâtiment.
-
Une bande horizontale ~servéeh l'affichage
vient marquer une transition entre le rezde
chaussée et I16tage (lorsque pr6mnt).
- Parfois. les Mments de b pêdode çW
ne s'unissent
pas par leur rezde-chaussés aux Mtiments voisins,
cause de reculs avants et de marges latérales importants.
- La façade est souvent asymbtrique.
Ouveftum
-
Le degr6 d'ouvertures entre le rezde-chaussh
et celui de ou des &a es peut se c h i i r comme
ceci*: 80% pour le rezL
a w et û% pour 1'
parüe aveugle) ou 80% pour k rezde4aUSSBB et 1' age.
T
-
Les owerhrres ne suivent aucune pro~orüon
ou
. .
dimension particulière.
Les pdriodes de transformation du tissu
5.3.
Grâce à l'analyse synchronique, nous avons observé les caractéristiques
formelles et spatiales du tissu a trois moments de l'histoire, et repéré les
typologies courantes. Nous passons maintenant à l'analyse diachronique, celle
des transformations du bâti (phénomènes de restructuration et de substitution),
dans la partie ancienne de la ville. Notre méthode de recherche propose
d'étudier synchroniquement trois périodes morphologiques successives et de les
comparer diachroniquement. Compte tenu de l'importance du tissu et des types
faubouriens dans l'identité architecturale et urbaine de Victoriaville, nous avons
choisi d'observer en particulier les transformations qui affectent le bâti situé sur
le tronçon de la rue Notre-Dame Est (tissu faubourien). Nous nous sommes
concentrer sur l'effet des types suburbains cr C
N,
sur les types faubouriens
u B n et nous avons restreint notre étude des transformations affectant les types
«A
D.
Nous allons quand même comparer la nature des transformations lors du
cycle de 1900 a 1955 avec celles effectuées entre 1955 et 1998.
Cette
comparaison nous permet d'évaluer si, conformément a notre hypothèse, les
transformations sont plus drastiques Ion du deuxième cycle alors qu'émerge le
modèle suburbain (discontinuités supérieures en degré et en nombre). Compte
tenu des difF6rences marquées entre les caractéristiques typonorphologiques
des tissus urbains et ceux de la banlieue, nous avons suppose que les
transformations survenues depuis les années cinquante causent de profonds
bouleversements dans le milieu urbain du Vieux-Victoriaville.
Mode de sélection de l'échantillon
Nous ne reviendrons pas ici sur la méthode de sélection de notre
échantillonnage car elle est expliquée de façon détaillée au chapitre précedent
(Sainte-Annedes-Plaines).
1- Analyse d'ensemble de la nie
Dans le cas de la rue Notre-Dame Est, nous avons retrouvé 48% de
bâtiments avec une discontinuité nulle et 52% avec un certain degré de
discontinuité (faible, moyen, fort) (voir figure 30A). De ce 52% de batiments
présentant un degré de discontinuité, nous avons retrouve 10% de diswntinuité
forte, 22% de discontinuité moyenne et 20% de discontinuité faible (voir le
tableau XI: Répartition des discontinuités).
2- Analyse détaillée selon la grille de pondération
Afin d'obtenir un échantillonnage conforme à la réalité observée sur le
terrain, le nombre de cas sélectionne dans chacune des catégories de
discontinuités est proportionnel à leur répartition dans l'espace de la rue (en
p~urcentage)~.
Comme nous avons recense 10 % de discontinuité fortes, 22%
de discontinuités moyennes et 20% de discontinuités faibles,
nous
sélectionnons un batiment dans le catégorie forte, deux batiments dans la
catégorie moyenne et deux batiments dans la catégorie faible. Nous pouvons
alors passer a l'analyse diachronique détaillée des états antérieurs de ces cinq
cas afin d'observer et de comparer les transformations subies de 1900 à 1955 et
de 1955 a 1998.
3- Analyse diachronique des &ats antérieurs
L'analyse diachronique détaillée est présentée dans les fiches
d'évaluation diachronique.
Les fiches 1 et 4 présentent des variantes de
' Notons que compte tenu de la probMnatique de notre recherche, nous nous concentrons sur
les cas ou il existe un degré de discontinuité donc nous n'étudions pas en détail les cas ou la
discontinuit6 est nulle. De plus, nous ne présentons pas dans la thése de façon détaillée tous les
cas de discontinuRb présents mais nous &ledionnom cinq cas selon la répartition d'ensemôîe
de ces discontinuit& sur une m4me rue.
substitution, et les fiches 2, 3 et 5 présentent des variantes de restructuration.
Un plan au début de cette section permet au lecteur de localiser les cinq
bâtiments étudiés dans la trame urbaine de la nie Notre-Dame Est (figure 308).
Figure30B:Localisationdes cinq dtudes de cas de Victoriaville. Plan du bâti
de la rue Notre-Dame Est en 1998. Source: Sewice d'urbanisme de Victoriaville,
Victoriaville.
LOT:
1815, rue Notre-Dame Est
rYJ
PREMIER€ FERIODE DE TRANSFORMATION
TYPE: un batiment mitoyen mixte (type B) et une rbsidence
IMPLANTATION
A l'origine nous retrouvroris deux batiments dont un batiment mixte et
une residence sur les deux parcelles;
9 Le batiment mitoyen mixte respecte l'implantation typique
(marge avant riO);
Le batiment mixte contribue ii la definition de l'espace de la rue;
BATi
Le batiment mixte posshde deux Btages avec une toiture plate;
Le batiment est recouvert de brique.
DEUXIEME PERIODE DE TRANSFORMATION
TYPE: construction d'un batiment de type a C » sur deux parcelles
remembrées
IMPLANTATION
Le b8timent est implant6 en recul de la rue (3 mdtres) et sa façade ne
borde plus directement l'espace piéton du trottoir;
Le nouvrau batiment n'est pas mitoyen, il n'est donc pas accolb aux
batiments voisins (marge latérale de 8 mdtres);
Le batiment posséde une marge de recul de 10 métres par rapport B la
rue Perreault;
rn La présence d'un accés vbhiculaire et d'un stationnement localisé sur
un des cbtes du batirnent (marge laterale de 8 métres) provoque une
interruption dans la continuité du bati de la rue Notre-Dame (partie de 8
métres non construite);
L'amhagement paysager est différent de celui retrouve sur la rue
(caractére urbain et minéral de la rue);
BATI
-La volum8trie du M i m e n t est diffbrente de la volurn&trie profonde des
batiments de type a 8 » retrouvés sur la rue;
Le rez-de-chausshe commercial comporte des parties aveugles;
Il existe des replis verticaux sur la façade avant et la façade laterale
visibles de la rue Notre-Dame;
Le degre de fermeture à I'btage (mur aveugle) est plus grand par
rapport aux percements retrouv6s sur les autres batiments plus anciens
de la rue.
LOT: 1845,1846 p, rue Notre-Dame E.
m
PREMIERE PÉRIODE DE TRANSFORMATION
TYPE: batiment mitoyen mixte (type 0)
IMPLANTATION
Le bdtiment est imptanté en tenant compte de l'alignement typique de
la rue Notre-Dame Est;
Le batiment est accolé aux autres batiments (mitoyennetb) afin de
definir la paroi de la rue;
BATI
parties constitutives du batiment soit le rez-de-chaussbe
(commercial) et I'btage (rbsidentiel);
@ Ai'btage, ie batiment affirme davantage son caractere plus introverti;
8 Les différentes strates horizontales sont clairement affirm6es (socle 1
corps / couronnement);
4 La brique constitue le matériau de parement dominant qui s'apparente
aux autres batirnents de la rue.
4 IIexiste deux
DEUXIÈMEPERIODE DE TRANSFORMATION
TYPE: restructuration d'un batiment de type u B i~
IMPLANTATION
,Aucune modification notable;
BATI
La continuité horizontale typique des rez-de-chauss6e est moins forte;
Les découpages verticaux prennent de l'importance, ce qui tend à
u détacher » les bâtiments et les singulariser (matériaux différents,
modénature différente, etc );
8 Dans plusieurs cas, le degré d'ouverture entre le rez-de-chausséeet
l'étage est equivalent, ce qui entraine une diminution de la distinction
typique entre ces deux parties (socle / corps);
Nous voyons apparaître un affichage de type (( strip m commercial
installe sur le trottoir de la rue Notre-Dame.
LOT: 1820, rue Notre-Dame Est
FICHE: 4
PREMIERE PERIODE DE TRANSFORMATION
TYPE: Batirnent mitoyen de type a 8 s
IMPLANTATION
Le bdtiment est implanté l'alignement de la rue (marge de recul = 0);
.Le batiment occupe une grande partie de l'espace parcellaire;
BATI
f ~e bdtiment ne posséde qu'un étage commercial;
DEUXIÈMEPERIODE DE TRANSFORMATION
TYPE: implantation d'un biitiment nouveau (substitution)
IMPLANTATION
,Aucune modification notable;
BATI
Le nouveau batiment de deux étages est de la méme hauteur que
l'ensemble des batiments mixtes de la rue;
*l-e batiment est recouvett d'un materiau nouveau (ciment acrylique de
teinte beige) différent des matériaux dominants de la rue Notre-Dame
(brique d'argile),
d'les dhcoupages verticaux sont marqués par la prdsence de colonnes
saillantes, hautes de deux Btages;
L'expression du batiment est marqude par un couronnement en forme
de fronton;
LOT: 1805, rue Notre-Dame Est
FICHE: 5
PREMIÈRE PERIODE DE TRANSFORMATION
TYPE: batiment rnitoyen mixte (trois Btages)
IMPLANTATION
.Le batiment est implanté t~l'alignement de la rue (marge de recul= 0) el
suit l'alignement de la periode précédente;
BATI
.Le bdtiment comporte un rez-de-chaussbe commercial tres ouvert et
des logements aux btages;
Malgrb sa hauteur de trois btages, le bhtiment adopte la tripartition
typique (socle / corps 1 couronnement) des bàtiments de la rue;
Le batiment poursuit le tinbaire commercial de la rue Notre-Dame avec
sa vitrine trés ouverte qui est couronnée par une corniche légérernent
saillante.
DEUXIEME PÉRIODE DE TRANSFORMATION
TYPE: restructuration d'un batiment de la periode u wB » (renovation)
IMPLANTATION
.Aucune modification notable;
BAT I
.La coloration turquoise de la peinture appliqube sur la brique d'argile
d'origine est diffbrente de celle du reste de la rue;
Les travaux de rhnovation au rez-de-chaussee et la prbservation de
certains él&nents architectoniques (la corniche notamment) ont permis
de maintenir et de renforcer ta partition tripartite typique du bhtirnent
(socle / corps / couronnement),
Les tableaux de pondération des discontinuités
Nous avons regroupé les différentes observations contenues dans les
i
fiches,
sur deux tableaux synthèses (tableaux de
pondération des
discontinuités). Le premier tableau indique les transformations retrouvées entre
1900 et 1955 (tableau XII).
II s'agit de l'évaluation de la première phase de
transformation (cycle urbain). Le deuxième tableau liste les types d'interactions
retrouvés lorsque le type
N
C » influence la transformation du type
((
A
B
et du
type a B r (cycle suburbain) (tableau XIII). Pour chacun des cinq bâtiments
retenus, nous avons comparé (lorsque cela est possible) l'état d'origine en 1900
avec son état en 1955 (première évaluation diachronique inscrit au premier
tableau). Par la suite, nous avons comparé l'état d'avant 1955 a son état actuel
en 1998 (deuxième lecture inscrite au deuxième tableau).
Tableru XII: Tableru de pondhtion des discontinuités
A Victoriaville entre 1900 et 1955 (81 A)
IMPLANTATION
W d de discontinuitb
1discontjnuN&
observé dans les
'
transformations:
i nulle
I
I
i
+
0
discontjnuit8
faibk
Tableau XIWableau de mnderation des discontinuit6s
a Victoriaville enha 195k et 1998 /C I A.1
IMPLANTATION
'
I
m r 6 de discontinuit4
observe dans les
transformations:
,
'
,
:
.
I
I
- d$mntinuit&
-discontinuit* j /
! lnub
i
/
t
L
faible
5.3.1. Analyse diachronique des transformations du bdti entre 1900 et 1955
Le tableauX1l:presente la pondération des discontinuités lors du premier
cycle de transformation de Victoriaville, entre 1900 à 1955. Nous pouvons
comparer le plan du parcellaire et du réseau viaire de 1900 avec celui de 1955,
afin d'évaluer les transformations des découpages parcellaires ou sont
implantés les bâtiments sélectionnés.
De plus. nous avons les fiches
typologiques de l'époque a A 3 et de I'époque 4 6 u, nous aidant à reconstituer
l'état d'origine de certains bâtiments.
Le tableau de pondération des
discontinuités à Victoriaville entre 1900 et 1955 (BIA) nous révèle les faits
suivants:
- En 1898, nous voyons un bâtiment implanté sur la rue Notre-Dame Est au coin
de la rue Saint-Dominique caractéristique de la période
((
A » (fiche 3). La
r: Maison Heaton r a été le premier occupant du rez-de-chaussée de cet édifice
construit en 1898 (voir figure 31). Si nous observons la a Maison Heaton 8 vers
1951, il est intéressant de noter que ce bâtiment est maintenant occupé par
deux commerces, soit la bijouterie L.R. Metivier et le bureau de prêt Laurentide
(voir fiche 3). Comparons l'état d'origine de ce bâtiment (1898) avec celui vers
1955. Nous voyons que le rezde-chaussee a été divise en deux patties pour
accueillir deux commerces. Ceci permet le percement d'une vitrine sur ta rue
latérale (Saint-Dominique). Le retournement de la vitrine commerciale sur la rue
Saint-Dominique permet de marquer davantage l'espace du carrefour et poursuit
le linéaire commercial sur deux rues. Nous voyons que le bâti conserve malgré
des modifications entre 1900 et 1955, des caractéristiques comparables sur le
plan de l'implantation et de sa physionomie générale.
Figure 32:La Maison Heaton transformée vers 1955
Source: Archives de Victoriaville, registre de propriété de 1961
- Généralement les
bâtiments poursuivent l'alignement typique de la période
précédente (marge de recul u O B). Ils illustrent la continuité du processus
typologique dans la première moitié du 20ème siècle quant au mode
d'implantation des bâtiments. Des discontinuités de moyenne à faible se font
sentir au niveau des formes, des dimensions et du degré d'ouverture de la
façade sur rue des bâtiments.
5.3.2. Analyse diachronique des transformations entre 1955 et 1998
Examinons maintenant les transformations survenues dans le noyau
urbain de Victoriaville de 1955 à 1998 et plus particulièrement sur la nie Notre-
Dame Est.
Les ruptures révélées par le tableau de pondération des
discontinuités a Victoriaville entre 1955 et 1998 (CiA,B) sont les suivantes:
- Le centre bancaire de la C.I.B.C. est un exemple représentatif du type le plus
récent implante (type (i C
B),
au sud-ouest du carrefour défini par la rue Notre-
Dame Est et la rue Perreault dans la période de 1955 à 1998 (voir fiche 1, lot
1815). Comparons les caractéristiques typologiques de ce bâtiment avec celles
du type courant précédent (1900 a 1955). Cette analyse nous amène à dégager
le constat suivant: le batiment ne borde plus directement I'espaœ piéton du
trottoir, sa marge de recul est de trois metres comparativement A une marge de
recul de zéro mètre pour le type prbcédent. De plus, le nouveau bâtiment n'est
plus mitoyen, il n'est donc pas accole comme le sont les bâtiments plus anciens
de la nie.
II existe une marge latérale de huit metres ou l'on retrouve un
stationnement. Ce dernier borde deux faces de l'édifice à l'image des édifices
commerciaux de la banlieue.
Le bâtiment de la C .I.B.C ., implante au
croisement de la rue Notre-Dame Est et de la nie Perreault, définit peu l'espace
du camefour, car il existe une marge de recul laterale de 10 mètres.
L'aménagement paysage, à l'image de celui retrouvé devant les pavillons de
banlieue, est different du caradere urbain et minéral de la rue.
Comparativement au type précédent de la période de 1900 à 1955, I'étage ne
possède aucune ouverture.
-
La question des matériaux de recouvrement des façades est un facteur
important dans la définition du contexte bati de la nie Notre-Dame (voir les
fiches 2, 3,4 et 5). Certaines ruptures (forte, moyenne et faible) se manifestent
autant dans le type de matériau utilisé que dans sa mise en oeuvre et dans sa
coloration. Notons qu'il existe une grande variété de matériaux sur la rue.
- La présence ou non de découpages verticaux, surtout au rezdechausse des
batiments, est un facteur pouvant modifier la continuité typique des rezdechaussée de la rue commerciale urbaine.
Sur la rue Notre-Dame nous
retrouvons des discontinuités de moyenne à faible (voir les fiches 1, 2 et 4) au
niveau des découpages verticaux. La distinction entre le rezdechaussée et
I'étage typiques des bâtiments mitoyens mixtes est moins présente que pour la
période précédente. Ceci est cause principalement par le dosage entre le degré
d'ouvertures du rez-de-chaussée et celui de l'étage. La distinction entre le haut
et le bas, le socle et le corps des batiments est atténuée.
- Nous avons parlé de
l'opération de percement et d181argissementde la nie
Perreault au travers de la rue Notre-Dame Est. Ceci amène quelques cas de
discontinuités fortes dans le milieu bati de la rue. Nous observons aussi au
remembrement de plusieurs parcelles (trois et plus) afin de permettre
l'implantation de petits centres-commerciaux.
Ces nouvelles typologies
contribuent à renforcer le linéaire commercial de la rue Notre-Dame.
L'ensemble de ces interventions sur le réseau viaire, sur le parcellaire ont eu
des incidences dans la transformation de l'espace de la nie Notre-Dame dans
son ensemble.
5.4.
Comparaison entre les deux arandes ~ériodesde transformation
Lors du premier cycle de transformation, nous voyons que les
discontinuités sont moins présentes en nombre et moins forte en degré. Ceci
peut être explique par le fait que le type, c'est-à-dire le schéma d'organisation et
le mode d'implantation du bâti, guide les transformations. Le type demeure
l'élément orchestrateur auquel les bâtisseurs adhèrent de façon automatique
lorsqu'ils implantent de nouveaux bâtiments dans la trame plus ancienne3. Les
formes nouvelles dérivent des anciennes sans que l'on répète de façon
mimétique la forme des bâtiments plus anciens.
Les principes, les règles
élémentaires dont les fiches typologiques rendent compte, constituent u une
sorte de noyau autour duquel se sont agrégés et coordonnés les
développements et les variations de forme dont l'objet est susceptible ))
(Quatremère de Quincy dans Larochelle (1996)).
Le tableau d'analyse
diachronique présentant les transformations survenues lors du premier cycle de
1900 a 1955 reflète bien cette continuité relative sur la rue Notre-Dame Est.
Le cycle suivant voit disparaître les automatismes qui servaient de
référence dans la construction et la transformation des bâtiments sur la rue
Notre-Dame Est. Les transformations se font dans un tout nouveau contexte.
La comparaison entre les deux tableaux de pondération des discontinuités
illustre bien l'ensemble des discontinuités générées dans la milieu urbain par le
type du bâti implante sur la nie a partir de 1955 (le type a C
B).
Ces
discontinuités sont repérables entre 1955 et 1998, au niveau de l'implantation
des nouveaux bâtiments, et au niveau des transformations architecturales
(matériaux, etc.) des batiments plus anciens (ceux de la période u A
B
et de la
période a 6 u).
Selon le plan ancien nous ayant permis de realiser le plan du parcellaire et du réseau viaire de
Vidoriaville. nous savons que le parcellaire de la nie Notre-Dame Est est dejà en place en 1883.
Le bâti quant B lui va se mettre en place progressivement de 1900 a 1955 environ.
Conclusion sur Victoriaville
Vers 1955, nous pouvons affirmer que le tissu urbain de Victoriaville a
atteint son aboutissement ultime. Le tissu du bourg et du faubourg arrivent à
une organisation achevée. Lors de l'émergence de la banlieue, les
transfomations sont lisibles au niveau des bandes de parcelles attenantes à la
rue Notre-Dame Est.
A l'intersection de plusieurs rues, les parcelles sont
remembrées, ce qui provoque la disparition du rythme parcellaire. De plus,
plusieurs batiments nouveaux (10% des bâtiments de la rue) sont implantés à
distance de la nie. Les bâtiments mixtes quant à eux ont connu toute une
gamme de transformations (moyennes et faibles) de leurs caractéristiques
architecturales. Ces intewentions vont jouer un rôle dans la modification du
paysage urbain de l'axe central de Victoriaville.
traduisent
Ces transformations se
par l'insertion de batiments nouveaux, par la modification de la
volumétrie, de forme typique des ouvertures des batiments existants et par la
présence de matériaux contemporains différents de ceux de la majorité des
batiments hérités de la rue. Ces modification traduisant bien, selon nous, l'effet
de la banlieue sur les formes faubouriennes héritées de la période u B D
pendant la periode s'étalant de 1955 a 1998 à Victoriaville.
Chapitre 6
ÉTUDE TYPO-MORPHOLOGIQUE DE VAUDREUIL
6.1.
Le site d'implantation du village
Le village de Vaudreuil et son plan typique élaboré en 1783, va prendre
place au croisement de trois axes importants a l'échelle régionale. L'intersection
du chemin du Bois-Vert (avenue Saint-Charles), du chemin de la PetitsRivière
(rue Jeannotte) et du chemin des Cheneaux (rue Saint-Michel) apparaît comme
un site idéal pour la fondation d'un village. C'est d'ailleurs a l'intersection de ces
principaux axes que l'on retrouve l'église, édifice collectif et lieu de
rassemblement principal du village naissant. Ce site facilite l'accessibilité au
lieu de culte, alors considéré comme le centre de la vie communautaire. Notons
aussi la présence de la Baie de Vaudreuil sur la a Ottawa River u, appelée
aujourd'hui la rivière des Outaouais, et de la rivière Quinchien qui forment la
limite est du village.
6.2.
L'analyse svnchroniaue du boum, du fauboum et de la banlieue
Le cadre bâti du Vieux Vaudreuil tel que nous le connaissons aujourd'hui
est le résultat d'un long processus de formation s'étalant du 18eme siècle à nos
jours. La présence d'un large domaine seigneurial situe à proximite de la baie
de Vaudreuil va Btre le théâtre d'un vdritable "projet urbain" avant la lettre. A la
demande du seigneur dalotbintere, l'arpenteur P.G. Gagnier va tracer le plan
d'ensemble du village de Vaudreuil (figure 33). Ce plan est caracteris6 par la
présence d'un reseau viaire orthogonal délimitant des îlots rectangulaires
découpes en parcelles aux formes et aux dimensions régulières. À la différence
de Sainte-Annedes-Plaines et de Victoriaville, Vaudreuil a suivi un mode de
développement organise el planifié.
Figure 33: Plan du projet de lotissement de P.doGagnisr de 1783. Source:
Archives nationales du Québec, Fonds H.M. Perreault.
Nous assistons à un décalage souvent considérable entre la mise en
place du réseau de voies et du parcellaire (lots à construire) et la construction
des bâtiments. Ce décalage a entrainé une diversité architecturale considérable
entre les bâtiments retrouvés sur une même rue du Vieux-Vaudreuil.
Ces
bâtiments sont souvent construits selon des vagues d'urbanisation et des
périodes historiques différentes.
Nous pouvons toutefois définir trois phases
d'édification des bâtiments:
- Premièrement, l'histoire urbaine de Vaudreuil est marquée par la mise en place
d'institutions religieuses entourées de maisons villageoises. Ces maisons sont
édifiées le long â'une section de l'avenue Saint-Charles, sur la rue Saint-Michel
et la rue Saint-Louis (figure 34);
- Deuxièmement, l'implantation du chemin de fer, à distance toutefois du noyau
urbain de Vaudreuil, va donner l'impulsion a la deuxième phase d'urbanisation
de Vaudreuil et confirmer sa vocation comme lieu de villégiature. Cette phase
caractérisée par la densification et l'extension du noyau villageois, marque
l'implantation de deux nouveaux types de bâtiments: les villas cossues et les
immeubles ouvriers (figure 37);
-
Enfin, la phase actuelle de croissance est marquée par l'implantation de
lotissements résidentiels pavillonnaires de banlieue, plus ou moins en
prolongement avec le trame urbaine du Vieux-Vaudreuil (figure 39).
Nous allons examiner en détail ces trois phases de formation en
reconstituant l'état du parcellaire et du réseau viaire pour chacune des époques
(a A u, a
B B et a C w ) . Dans l'étude de cas de Vaudreuil, la disponibilité des
plans des assureun (Insurance Plan, Goad), nom a permis de retracer l'état du
bâti pour la période a A
B
(de la fondation à 1900) et pour la période
B w (de
1900 à 1955).
6.2.1. Analyse synchronique du bourg r A
ID en
1900
6.2.1.1. Le parcellaire et le réseau viaire
Le plan parcellaire, du réseau viaire et du bâti de 1900 (Figure 34)
indique l'état du tissu bâti de Vaudreuil au début du siècle. Plusieurs constats
peuvent être dégagés de cette planche analytique.
Nous remarquons la
présence de trois rues bien structurées, c'est-a-dire ou l'on retrouve un
alignement continu de bâtiments soit: l'avenue Saint-Charles, la nie Saint-Michel
et la rue Saint-Louis. Le réseau viaire du village à cette époque est interrompu
car les rues Sainte-Julie et Sainte-Angélique ne se poursuivent pas vers le nord.
Nous retrouvons un bâtiment institutionnel majeur, I'eglise Saint-Michel de
Vaudreuil (poche en noir sur la figure 34). Ce batirnent est inscrit dans l'axe
visuel de la rue Saint-Michel, ce qui affirme le caractère collectif et monumental
de l'édifice religieux. Le bâti implanté le long de la rue StMichel possède une
faible marge de recul conférant un aspect resserré au tissu urbain surtout entre
les rues Louise-Josephte et Sainte-Marguerite.
A noter la succession d'espaces publics très bien structures du VieuxVaudreuil. Nous retrouvons à l'intersection des rues Saint-Michel et Saint-
Charles, devant l'église, un "square" public. Cet espace est forme par deux lots
laissés libres de part et d'autre de la rue Saint-Michel (figure 35). Deux édifices
bordent cet espace public. Cette stratégie d'amhagement vient donner de
I'ampleur à l'édifice religieux, de plus, la position du couvent et du presbytére
penet de délimiter l'espace du parvis devant I'eglise.
Figure 34: Plan du parcellaire, du rdseau viaire et du bbati de Vaudreuil en
1900. Source: reconstitution à partir du plan du village de Vaudreuil,
Département des Terres de la Couronne, 1881, Vaudreuil.
Nous retrouvons à cette époque (1900),
un ensemble de parcelles peu ou
pas construites dont les grandeurs varient.
Elles sont formées par un
assemblage de parcelles aux dimensions typiques de 16.5 mètres par 26.5
mètres (double parcelle traversante de 16,5 par 53 mètres, double parcelle non
traversante de 33 par 26,5 mètres et quadruple parcelle de 33 par 53 mètres).
Remarquons ici
l'aspect
modulaire et
la
régularité géométrique
et
dimensionnelle du système de découpage parcellaire. Une mesure de base a
été adoptée pour déterminer les proportions des diverses parcelles.
Figure 35:Poftion âe la place publique au coin de SaintCharles et de Saint-Michel.
Source: Fond H.-M. Perreault
6.2.1-2.Le type bati du boum a A D (type A)
La fiche typologique présentée aux pages suivantes dresse un portait de
ce type de bitiments recensés dans le Vieux-Vaudreuil.
Ce type est
représentatif d'un des moments spécifiques de croissance de la ville de
Vaudreuil. Le premier type à être implante dans le Vieux-Vaudreuil au 19eme
siècle est la maison villageoise (figure 36). 11 s'agit d'une construction assez
modeste se composant d'un volume rectangulaire chapeauté par une toiture à
double pans. La galerie enveloppe une partie du rez-de-chaussée et assure
une protection climatique contre les intempéries et les rayons du soleil (voir la
fiche typologique synchronique des maisons villageoises).
Figure 36: Maisons villageoises le long de ta fue Saint-Michel. Photographie datant
du début du siecle illustrant l'aspect reserré du bâti implante le long de la nie St-Michel.
Source: Fond H.-M. Perreault.
Exemple d'un batiment de type 'A'
IMPLANTATION
-
Le bâtlment s'adapte au terrain oir il est implante
en Bpousant la topographie non remani6e du site.
- La maison villageoise type est ghdralement
implant68 proximité d'une des mai es lat6rales
afin de libérer un acds vbhiculaire &oit vers
I'anibre de la parcelle (le lot mesure 16,5 par 26,Sm.
et la façade du betiment mesure 12m.)
!
- Les maisons villageoises sont implantées
proximit6 de I'em rise de la nie (O 6 mdtres)
et leur enthe est isposée au centre de la façade.
8
- Un seuil (une
ffalerie. un portique, etc.) est instalt6
devant l'entrée a n de délimiter un espace de
Volumétrie génémk
- La maison villageoise type est composée
de deux volumes, soit d'un volume rectangulaire
chapeaute d'un second volume triangulaire (la toiture).
- Une galerie enveloppe le rez-de
chaussee et cette dernière assure une
liaison entre 1'61age du bas et la toiture.
- ia presence d'une galerie couverte
(filante) marque la façade principale des
maisons villageoises.
- Le mat6riau de parement exterieur d'origine
&ait g6rtéralement le clin de bois ou la pierre et
ce materiau recouvre les quatre faces de la maison.
- Comme la galerie fait partie de l'expression
g&n6rale et participe, elle aussi, au couronnement
de l'édifice, sa toiture est recouverte du meme
materiau que celui de la toiture principale
(mdme teinte).
Découpage horizontal
- Le rez-de-chaussée est au niveau du sol
(lien au sol).
-
La galerie est marqude par la prdsence de
balustrades basses (garde-corps) qui accentuent
le caractère horizontal de la composition.
-
La face de la toiture visible de la rue
est importante dans l'expression volum&rique
du bâtiment. Sa pente forte contribue au couronnement de la maisan vernaculaire.
-Les ouvertures sont alignees entre elles
et les quatre faces sont fenestrées.
-Les ouvertures sont deteminées selon un
module régulier oQ leur hauteur mespond & deux fois leur largeur.
6.2.2. Analyse synchronique du faubourg a B B en 1955
Nous assistons pendant la période s'étalant de 1900 à 1955 à une
densification du cadre bâti et à une phase d'extension du Vieux-Vaudreuil. Sur
le plan indiquant l'état du parcellaire et du bâti en 1955 (figure 37), nous
remarquons le percement de la rue Bédard vers I'ouest et le prolongement des
nies Sainte-Julie et de la rue Sainte-Marguerite.
La rue Esther-Blondin
apparait, à I'ouest de l'église, sur le plan de 1955. Un phénomène important à
remarquer est la subdivision des grandes parcelles villageoises doubles et
quadruples situées le long de plusieurs rues en vue de redensifier la trame
bâtie du Vieux Vaudreuil. Cette subdivision permet d'obtenir le module de 16,5
par 26,5 metres défini par le plan de 1783 (voir figure 33). Nous voyons
apparaître, a cette époque, un nouveau type de bâtiment plus dense de deux
étages de pleine hauteur (immeubles ouvriers). Les grandes parcelles situées
aux abords de la baie de Vaudreuil vont être subdisées elles aussi afin d'y
implanter des villas dont la façade principale est orientée vers le cours d'eau.
6.2.2.1 .Le parcellaire et le réseau viaire
Nous observons la mise en place progressive du réseau viaire selon le
plan établi en 1783 avec son reseau des voies tracées perpendiculairement les
unes aux autres.
Le réseau d'espaces publics demeure le même malgré la
percée des nouvelles voies et la densification du noyau villageois.
Nous
constatons une resubdivision des parcelles le long des rues déjà tracées. Ces
opérations foncières permettent l'implantation de nouveaux types de bâtiments
(immeubles ouvriers et villas) ce qui permet de densifier le pourtour des îlots.
Le réseau parcellaire se resubdivise. IIfaut noter le maintien du module régulier
de 16.5 mètres par 26.5 mètres afin de définir les lots constructibles. Ceci
Baie
de
Vaudreuil
Figure 37: Plan du parcellaire, du rdseau viaire et du bati de Vaudreuil en
1955. Source: reconstitution à partir du plan de lotissement de 1955, Vaudreuil.
permet la poursuite du mode de découpage parcellaire plus
ancien et
l'intégration des bâtiments nouveaux dans une trame plus ancienne dont les
dimensions générales (largeur, profondeur ) sont analogues aux bâtiments plus
anciens.
II est intéressant de noter que de nouveaux batiments de type ouvrier ou
de type villa viennent s'ajouter et remplacer des maisons plus anciennes
(maisons villageoises). Les villas sont généralement implantées à une plus
grande distance de la rue. Ce mode d'implantation a comme objectif de donner
un caractère plus monumental à ces nouveaux batiments, surtout dans le cas
des villas (figure 38).
6.2.2.2.Les t v ~ e sbâtis du fauboura u 8
ij
(tvpes A et A')
Les villas cossues, généralement situées dans des secteurs valorisés
(bord de lac, proximité d'institutions, etc.), sont la version bourgeoise de la
maison villageoise (voir la fiche typologique des villas cossues, pages 237-238).
Elles logent une catégorie sociale plus aisée et c'est tout naturellement qu'elles
se sont implantées à proximité de l'ensemble religieux et a proximité de la Baie
de Vaudreuil (espace de représentation).
L'autre type est composé d'immeubles de faubourg (voir la fiche
typologique des immeubles de faubourg, pages 239-240).
Cette typologie
résulte de la densification et de la spécialisation commerciale des batiments de
Vaudreuil, au début du 20ème siècle. Ces immeubles ont deux étages de
hauteur avec habituellement deux logements superposés. Nous retrouvons
fréquemment des immeubles ouvriers avec commerce au rez-de-chaussée et un
logement a t'étage dans les Vieux-Vaudreuil, surtout le long de l'avenue SaintCharles dont la vocation commerciale est plus affimbe.
Figure 38: Villa cossue implantée Ir long de la rue Saint-Michel.
Photographie illustrant les marges de recul plus grandes marquant l'édification
de nouveaux bâtiments, les villas (l),
insérés dans la trame existante ou venant
remplacer des édifices plus anciens.
Grille d'anaiyse
Exemple de bâtiment de type
'B'
-
SIE
z , ml
IMPLANTATION
-$m
Bâti 1 site
Ces ce de degagement situ6 autour du barnent
est g neralement plant6 d'arbres afin de uisuivre
le caractbre végétai des abords de la bae de
Vaudreuil et la v6gBtation retrouvée d e m h les
demeures forme un amdm plan vég6tal.
-
r
P"
- Les villas cossues sont gheralernent implanths
B proximité d'une des marges Iatdraîes afin de libérer
un ac&s v6hiculaire &oit vers I'arridre de la percelle
(le lot mesure 16.5 par 26.6 m. et le betiment prbsente
une façade de 12 m.)
-Dans ceMns cas, l'a ukition d'un lot
suppI6mentaire permet 'accentuer l'importance
d'une des marges latérales (cependant le batirnent
n'est jamais implant6 au centre de la parcelle double).
"51
- Les villas sont implantées en recul de la rue afin
d'affirmer leur caradere monumental (2 A 6 mètres).
- Les demeures se
réS8nfent comme des
villons cossus imp antés proximité &espaces
ibres valorisés (bord de lac, pôle institutionnel,
place publique).
P"
P
- Compte tenu de I14quivalenceentre la hauteur et la
largeur du bgti, la volum6trie est à peu prbs cubique.
-
II existe une équivalence des quatre faces
en terne de composition architechirale, cependant
la façade phcipale, sur nie, est mar uée par la
présence dune galerie panchielle ou 7ih t e qui
prot6ige la porte d'entrée à double battant.
- La toiture & quatre pans ou B mansarde ajoute
& la voium6trie unitaire des quatre faces de r6dific
Les extensions, les agrandissements se font
vers I'anidre du batiment prind et ils n'althrent
pas les proportions de la faça e sur rue du bâtiment
-
8"
-
Le mat6ilau d'origine pour le recouvrement
de la toiture est habituellement metaIlique
(tble à baguette) de couleur contrastante avec
le materiau de parement du bâtiment (brique ou din).
- Le matMau utilid comme parement extbdeur
des villas est le clin de bois et la brique d'argile
rouge-brunâtre, ces parements recouvrent
l'ensemble des faces du bâtiment.
-
Les quatre façades du Wment forment une
composition unitaire en ternes de mathiau
(clin de bois, brique d'argile) et de coloris.
-
Le rezde-chauss4e est Olev6 par iappoit
au niveau du sol pour créer un sode I la villa.
La galerie accentue le découpage horizontal
et l'importance du rezde-chauss6e.
t
a toiture selon sa couleur et les 6tdments qu'on y
retrouve, chemindes, pignons, etc., fornie le couronnement des villas.
- Sauvent. un dhupage vertical des faces accentue
la verticalite et anime les façades, souligne I'entide, etc.
- Les owettures du iezdechauss6e et de l'étage
sont aiignées entre dies.
-
Lea ouvertures sont &terminées selon un madule
régulier oii leur hauteur cornpond en @n&aî
deux fois leur largeur.
Gdlle d'ana-
Exemple d'un betiment de M e 'B'
B4ti / site
Les immeubles de faubourg sont implantes sur
un site relativement plat. Nous les retrouvons
sur les rues St-Michel, St-Charles et St-Louis.
-
- Les immeubles de faubourg ont souvent un usage
mixte (commerciaux et r6sidentiet) ou comportent
fréquemment deux logement (duplex , ils occupent
une partie importante de leur parcel e, la parcelle est
dhrminante dans la forme du batiment.
La dimension des parcelles est de 16,s mètres
de largeur par 26,s mbtres de profondeur.
1
-
- Les immeubles de faubourg sont implantes avec un
recul par rapport la nie (O B 6 m.).
façade de 12 mdtres sur la rue.
Ils offrent une
-simpl
L'al gnement du bâti. son faible espacement et la
cité de ses masses definissent assez bien
I'esp ice de la nie.
-
Les BdiRces de faubourg ont un volume depouilié
recouvert dune toiture plate, deux pans,
ou fausse mansarde.
- II existe un contraste maque entre l'effet
de masse de I'dtage et l'effet de Idgg8ret6
du rezdechaussée créé par la pr6sence de
la galerie.
-
La volum6trie gh6rale des batirnents est
d'offrir un façade horizontale sur la rue
notamment g r h la pr6sence de la galerie
filante et le couronnement saillant de la toiture.
-Le matériau d'ori ine utilis6 comme parement
de f e d e est la rique d'argile de cdoration
rougsbrun&tre ou le clin de bois de teinte daire.
%
Découpage horizontal
-parLesla rezde-chaussée
sont caractérisés
presence d'une galerie filante tandis
qu'à I'6tage nous retrouvons parfois un balcon.
-parLesrapport
rez-d~hausséesont 1'
au niveau du sol
maximum).
drement surdlev6s
une A trois mardies
"a
-
Les ouvertures entre le rez-de-chaussée et
celles de 1'6tage sont souvent de mQme grandeur
et elles sont alignees verticalement.
-module
GBnbralement les ouvertures @ousent un
vertical. kur hauteur correspond B
deux fois leur largeur.
-
Le degr6 d'ouverture est relativement faible
par rapport aux masres pleines.
6.2.3. Analyse synchronique de la banlieue r C
ID
en 1998
La phase actuelle de croissance est marquée par l'implantation de
lotissements résidentiels pavillonnaires de banlieue, plus ou moins en
prolongement avec les couches de croissance précédentes. Le tissu urbain,
constitue par le noyau viilageois d'origine (a A w ) et le faubourg ouvrier ( r 8 B),
est maintenant ceinture par une nouvelle couche.d'urbanisation tel qu'indiqué
sur le plan intitulé "Plan parcellaire, du réseau viaire et du bâti de 1998" (figure
39). Les secteurs résidentiels pavillonnaires édifiés après 1955 ne sont plus liés
au développements anciens, au niveau du réseau viaire et du parcellaire. Les
types de lotissements de banlieue annoncent l'apparition de parcelles et de rues
plus larges. Les batiments sont aussi généralement implantés avec un plus
grand recul de la rue (figures 40 et 41). L'ensemble de ces formes tranche avec
le mode d'organisation architectural et urbain du Vieux-Vaudreuil.
6.2.3.1.Le parcellaire et le réseau viaire
Le réseau des voies de circulation des lotissements de banlieue ne suit
pas le réseau orthogonal ancien (direction des voies) et certaines des rues
épousent la forme de boucles. De plus, les rues dans les secteurs suburbains
atteignent des largeurs de 25 metres tandis que les rues du noyau urbain sont
de 15 mètres. Les espaces libres de la banlieue sont plus distendus que ceux
retrouvés dans le noyau ancien du Vieux-Vaudreuil (voir la rue Lafleur sur la
figure 41).
Nous pouvons aussi remarquer que les parcelles sont aussi plus
grandes que les parcelles des périodes précédentes ( r A
et a 6 m).
Généralement, elles ont 20 metres de largeur par 30 metres de profondeur. Ces
dimensions diffèrent du module courant (unité constitutive) de 16.5 mbtres de
largeur par 26.5 mètres de profondeur retrouve dans le Vieux-Vaudreuil.
Baie
de
Vaudreuil
Figure 39: Plan du parcellaire, du réseau viaire et du bW de Vaudreuil en
1998. Source: reconstitution a partir d'un plan fourni par le service de
l'urbanisme de Vaudreuil, Vaudreuil.
Figure 40: La rue Sainte Marguerite. Nous voyons l'espace resserré dü tissu urbain
du Vieux-Vaudreuil a cause de l'étroitesse de la partie carrossable (11 3 mètres) et du
recul du bati (6 metres). L'emprisedu domaine publique est elle aussi de 113 mètres.
type a C io à cause de fa largeur de la parüe carrossable de la voie (17 mètres) et du
recul considérable du bâti. L'emprise publique de la voie est de 25 mètres.
6.2.3.2.Le type bati de la banlieue (type C 1
Le type bâti généralement construit durant la période de 1955 a 1998 se
caractérise par une plus grande rigidité quant à son implantation et ce, malgré
l'accroissement de la dimension des parcelles.
Nous observons un recul
constant du bati de sept metres (impose par la règlementation) par rapport à
l'emprise de la voie publique. La grande profondeur des parcelles permet le
recul des façades et l'introduction de l'espace de représentation typique de la
banlieue nord-américaine.
De plus, comme la parcelle est plus large, nous observons à un
basculement de la volumétrie des bâtiments par rapport aux mode d'implantation
plus anciens. À l'inverse des périodes précédentes (bati étroit et profond) , les
pavillons de banlieue sont larges et peu profonds et ils offrent une façade basse
et étalée sur la nie (voir la fiche typologique des pavillons de banlieue, pages
245-246). 11 n'est pas rare de voir des pavillons résidentiels de banlieue reculés
de 15 metres de la partie carrossable de la rue.
L'ensemble de ces
caractéristiques typoniorphologiques explique la baisse de densite du bati en
banlieue due en grande partie à l'automobile.
strictement de service, de circulation automobile.
La rue devient un espace
Gdlle d'analyse
lm
Exemple d'un batIrnent de type 'Cm
X X'o
IMPLANTATION
Bgltl / slte
Les pavillons résidentiels sont implantes sur
un site reiaüvement plat.
-
- Les pavillons résidentiels sont implant6s au
centre de grandes parcelles de 20 par 30 mètres,
la arcelle est plus ou moins d6tenninante dans
la orme du bêament.
P
- Les pavillons r6sidentiels sont implantes avec une
marge de recul d'au moins 7 mdtres par rapport à
l'emprise publique. Ils offrent une façade de 12
metres sur la rue.
- Les pavillons de banlieue. compte tenu de leur
a
implantation sur de lar es parcelles et leur grand
recul de la rue, ne dB nissent pas clairement
I'esmce de la nie.
- La villon type est compos6 de deux volumes,
soit 'un vdume rectanqulaire chapeauté d'un
second volume triangulaire (la toiture).
8"
- Un ara e est souvent accol6 h la partie
habit le u pavillon ou situb en demi sous-sol.
-
% 8
La toiture est habituellement à faible pente
et la toiture comporte souvent des décroches.
- én6ralement
Le materiau de parement ext6rieur est
le din de vlnyle, d'aluminium,
Bdea brique
d'arglle (couleur beige, brune, etc.),
béton, de calcite et du stuc (ciment acryiique).
-La toiture est recouverte habituellement
de bardeau d'asphaite noir ou de teintes varides.
-Les faces latérales et amBres sont recouvertes d'un
matériau différent de celui de la façade. il n'est
rare de voir plusieurs matériaux sur une meme ace.
P"
- Le rezde-chaussée est à environ 1 mhtre
au-dessus du niveau du sol ce qui permet
un apport de lumidre naturel au sous-sol.
s systématiquement une galerie
ou
-" n'un
existe$
po e protégeant l'entrée de l'habitation.
-
Le couronnement des pavillons rdsidentiels
n'est pas tibs accentu6 compte tenu de la
faible pente de la toiture.
-Les ouvertures sont alignées entre elles
et les quatre faces sont fenestrées.
-Les ouvertures ne sont pas déterminées selon un
module régulier, leur dimension est variable.
6.3. Les périodes de transformation du milieu b4ti
Grâce à l'analyse synchronique, nous avons observé les caractéristiques
formelles et spatiales du tissu à trois moments de l'histoire et repéré les
typologies murantes. Nous passons maintenant à l'analyse diachronique, celle
des transformations (substitution et restructuration) du bâti dans la partie
ancienne de la ville.
Mode de sélection de l'échantillon
Le mode de sélection à Vaudreuil est le même que pour les deux villes
étudiées précédemment.
1- Analyse d'ensemble du vieux secteur
Dans le cas du Vieux-Vaudreuil, nous avons retrouve 70% de bâtiments
avec une discontinuité nulle et 30% avec un certain degré de discontinuité
(faible, moyen, fort) (voir le plan 42A). De ce 30% de batiments présentant un
degré de discontinuite, nous avons retrouvé 11% de discontinuite forte, 12% de
discontinuité moyenne et 7% de discontinuité faible (voir le tableau XIV:
Répartition des discontinuités).
2- Analyse détaillée selon la grille de pondétation
Comme nous avons recensé 11 % de discontinuite fortes, 12% de
discontinuités moyennes et 7% de discontinuités faibles, nous sélectionnons
deux batiments dans le catégorie forte, deux batiments dans la catégorie
moyenne et un batiment dans la catégorie faible. Nous pouvons alors passer a
l'analyse diachronique détaillée des états antérieurs de ces cinq cas afin
d'observer et de comparer les transformations subies de 1900 à 1955 et de
1955 à 1998.
3- Analyse diachronique des états antérieurs
L'analyse diachronique détaillée est présentée dans les fiches
d'évaluation diachronique. Les fiches 1, 2, 3 et 4 présentent des variantes de
substitution, et la fiche 5 présente une variante de restructuration. Un plan au
début de cette section permet au lecteur de localiser les cinq bâtiments étudiés
dans la trame urbaine du Vieux-Vaudreuil (figure 428).
Bam
de
Vaudreuri
Figure 42B:Localisation des cinq études de cas de Vaudreuil. Plan du
parcellaire, du réseau viaire et du bâti en 1998, source: reconstitution à partir
d'un plan fourni par le service de l'urbanisme de Vaudreuil, Vaudreuil.
Lot: 60-61
30, rue St-Michel
PREMLEREPÉRIODE DE TRANSFORMATION
TYPE: maison villageoise a A >b ayant subi peu de modlfications
IMPLANTATION
La superficie du lot d'implantation change (profondeur de 53 B 26,5
métres) ce qui permet une densification de la trame batie du bourg;
Le batiment est implanté avec un Ibger recul par rapport aux rues
limitrophes;
Le batiment définit t'espace de la rue St-Michel et l'espace du carrefour;
Le batiment est implante au carrefour des rues SainteMarguerite et
Saint-Michel (pas au centre de la double parcelle);
BAT!: inconnu
DEUXIÈME PERIODE DE f RANSFORMATION
TYPE: Bungalow avec garage et allbe pavee frontale
IMPtANTATlON
.La rbunion de deux parcelles d'origine de 16.5 metres permet la
constitution d'une parcelle large (33 métres) et peu profonde, typique de
la banlieue, dans un milieu dominé par des parcelles urbaines, étroites
(16.5 métres) et profondes;
Le bdtiment possdde un recul de 8 mbtres par rapport 4 la rue dans un
milieu bdti ou les reculs sont habituellement de O a 6 métres;
Le batiment est implant4 en recul de ta rue St-Michel et de la rue SteMarguerite;
BAT I
La volurnetrie basse et étalbe d'un seul etage est diffbrente des
caract4ristiques volumétriques du milieu bAti du Vieux Vaudreuil, domine
par des batiments étroits et gbnéralernent d'une hauteur de deux btages;
*La volum6trie s'&ire parallélement à la rue St-Michel tandis que
gbndraiement la volumbtrie des batiments limitrophes s'&ire
perpendiculairement à la rue St-Michel (suit la direction principale de la
parcelle Atroite);
Les dimensions des ouvertures diffhient des proportions typiques du
contexte bati;
Les materiaux de parement sont différents de ceux du contexte M t i du
Vieux-Vaudreuil (brique blanche).
Lot: 23
15, rue LouiseJosephte
FICHE: 2
PREMIERE PÉRIODE DE TRANSFORMATION
TYPE- inconnu
IMPLANTATION
+Nous retrouvons A l'origine un batiment implante avec une faible marge
de recul de la rue Louise-Josephte;
*Le batiment definit l'espace de la rue Louise-Josephte, sa façade borde
cette meme rue
f l'ensemble des batiments (de la pbriode a A u et r B n ) constitue une
tète d'flot donnant sur la rue Louise-Josephte
BAT\: inconnu
DEUXIEME PÉRIODE DE TRANSFORMATION
TYPE Pavillon de banlieue
IMPLANTATION
-La rCunion de deux parcelles d'origine de 16.5 mt?tres permet la
constitution d'un parcelle large (33 metres) et peu profonde, typique de la
banlieue, dans un milieu domine par des parcelles urbaines, &roites
(16 5 metres) et profondes;
m'~e batiment possede un recul de 8 metres par rapport B la rue dans un
milieu b a i ou les reculs sont habituellement de O a 6 metres,
mmLebâtiment est implant6 en recul de la rue Ste-Angélique et de la rue
Louise-Josephte.
Lot: P 74
421, rue St-Charles
/1
FICHE: 3
PREMIERE PÉRIODE DE TRANSFORMATION
TYPE: batiment de type w A » transforme par a B
IMPLANTATION
Le batiment d'origine borde deux rues grace 'zi un ajout vers I'arfibre et
le long de la rue Saint-Louis;
L'extension réalisee entre 1900 et 1955 vient consolider l'espace du
carrefour en plus d'affirmer davantage la continuitb du bdti plus ancien;
Le batiment remanie est implante B l'alignement des deux rues et il
occupe l'ensemble de la largeur de la parcelle sur Saint-Charles;
BATI
La volumétrie du batirnent est passée, de 1900 à 1995, d'une forme
rectangulaire (parall6pipddique) il une volumétrie en a bquerre r;
Le batiment plus ancien et son extension ont deux étages de hauteur;
Le m&memathriau recouvre l'ancienne et la nouvelle ~artie.
DEUXIÈME PÉRIODE DE TRANSFORMATION
TYPE: BAtiment commercial monofonctionnel d'un seul Mage
t MPLANTATION
.Le bdtiment s'adosse sur la rue St-Louis et respecte l'alignement de la
rue St-Charles;
La présence d'un stationnement sur le c6t6 du batiment cree une
rupture dans la continuitb de l'alignement bati de la rue St-Charles;
r L'entrée du batiinent commercial n'est pas situhe au coin des rues StLouis et St-Charles (voir fiche 5);
BATI
La volumt5trie basse d'un seul étage contraste dans un milieu bati ou
les batiments ont généralement deux étages de hauteur et souvent un
usage mixte (commerce et logement) ;
Les vitrines au rez-de-chausshe marquent la vocation commerciale du
batiment et contribuent au caractére piétonnier de cette partie de la rue
St-Charles (rapport assez direct avec le trottoir);
Le parement est uniforme sur l'ensemble des faces de l'édifice ce qui
est courant dans le Vieux-Vaudreuil.
1
Lot: 68
15, rue Louise-Josephte
PREMIERE PÉRIODE DE TRANSFORMATION
TYPE: aucune habitation implantde sur le site, seul un hangar existe en
1900.
IMPLANTATION
Une parcelle typique de 16,4 par 26,5 rndtres se met en place lors du
cycle urbain de transformation selon te plan de la pbriode
« A r(consolidatian du tissu de la pbriode « A B).
DEUXIÈME PERIODE DE TRANSFORMATION
TYPE:
Bungalow "split tevel" avec garage et allbe pavée frontale
IMPLANTATION
d e batiment est implanté sur une parcelle d'origine de 16.5 par 26.5
metres;
Le bdtiment possede un recul de 6 rndtres par rapport a l'emprise de la
rue dans un milieu bati ou les reculs sont habituellement de O B 8
métres;
Le batiment contribue A la definition de l'espace urbain du carrefour car
il est implanté avec un faible recul de la rue Louise-Josephte;
BATI
La volumetrie basse comportant un sous-sol d'un demi-niveau est en
rupture avec un milieu ou le rez-de-chaussee est au niveau du sol et ou
les bdtiments ont habituelletnént deux Atages;
.Le type de toiture avec ses décroches et sa pente lbgére contraste avec
les toitures plates ou B double pan retrouvees sur la rue;
Le garage intégr6 8 la volumétrie de la partie habitable et I'allee pavbe
en façade sont une caractéristique des lotissements de banlieue et non
propres au milieu urbain du Vieux-Vaudreuil;
Les dimensions des ouvertures ne sont pas en rapport avec les
proportions typiques du contexte bdti;
Les types de materiaux de parement et leur agencement sont differents
de ceux retrouvés sur la rue.
Lot: 120
12, rue St-Louis
FICHE: 6
PREMIERE &RIODE DE TRANSFORMATION
TYPE: Immeuble de type a A n garni d'un corniche saillante
IMPLANTATION
L'implantation n'a pas bté modifibe entre 1900 a 1955;
BAT I
eune extension a 6th rdalisde sur le bâtiment a A R lors de ta période
u B » afin de transformer la maison d'origine en duplex;
Cette extension volumbtrique ne modifie aucunement les proportions
typiques propres la période précédente (largeur 1 hauteur) car elle
s'inscrit en recul de la façade principale;
.La galerie filante du rez-de-chaussbeavec une toiture en pente est
maintenue tandis qu'un balcon est arnhagb à I'Atage;
O Les ouvertures sont deux fois plus hautes que larges ;
9 Le parement est de clin de bois dispos6 horizontalement et il
recouvre l'ensemble des faces du batirnent (clin de 6" de largeur).
DEUXIEME P~RIODEOE TRANSFORMATION
TYPE: restructuration d'un batiment de type a B »
BAT1
Demant4ement de la galerie filante au rez-de-chaussbe;
Disparition de la corniche sa~llante;
8 Une des ouvertures du rez-de-chaussée ne suit plus les proportlons des
ouvertures B l'étage (module presque carre plut& que rectangulaire
vertical);
8 Interruption de la continuit6 du matériau en façade par l'insertion d'une
bande en clin appliquée verticalement;
Utilisation d'un materiau différent du contexte bati du Vieux-Vaudreuil
(agrégat de teinte beige);
On utilise du bois sous forme de clin dispose verticalement alors que la
regle gbnérale dans le secteur implique son utilisation à l'horizontale.
8
Les tableaux de pondération des discontinuités
Nous avons regroupé les différentes observations contenues dans les
fiches sur deux tableaux de synthèse (tableaux de pondération des
discontinuités). Le premier tableau indique le type d'interactions retrouvées
lorsque le type « B IB influence la transformation du type u A n (tableau XV). II
s'agit de l'évaluation de la première phase de transfomation (cycle urbain). Le
deuxième tableau indique le type d'interactions retrouvé lorsque le type C
influence la transformation du type A et du type
1998) (tableau XVI).
B (cycle suburbain de 1955 a
Tableau XV: Tableau de pondération des discontinuités
1i Vaudmuil entre 1900 et 1955 (B 1 A)
IMPLANTATION
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Tableau XVI: Tabieru de pondération des discontinuités
à Vaudreuil entre 1955 et 1998 /C/A,Bi
IMPLANTATION
6.3.1. Analyse diachronique des transformations du bati entre 1900 et 1955
Le tableau XVprésente la pondération des discontinuités lors du premier
cycle de transformation de Vaudreuil, entre 1900 à 1955. Malheureusement, il
ne subsiste pas beaucoup d'information concernant les cinq bâtiments
sélectionnes, nous permettant de connaître l'architecture des bâtiments en 1900
(photos d'archives du bâti en 1900).Nous pouvons toutefois comparer le plan
du parcellaire, du réseau vtaire et du bati en 1900 avec celui de 1955 afin
d'évaluer les transformations au niveau de l'implantation et la volumétrie des
bâtiments sélectionnés.
Le tableau de pondération des discontinuités a
Vaudreuil entre 1900 et 1955 (BA) nous révèle les faits suivants:
- Deux bâtiments n'ont connu aucune modification entre 1900 et 1955 (fiche 1,
lot 60-61 et fiche 2, lot 23). La superficie des lots va quant a elle changer.
Pour obtenir le lot 6041, le lot d'origine a dû être réduit en profondeur. Nous
sommes passés d'un lot de 53 metres de profondeur, à un lot 26.5 mètres de
profondeur. Nous obtenons, par ces modifications, un lot typique composé de
deux parcelles de 16,5 par 26,5 mètres. Ce bâtiment n'est pas implante au
centre de la double parcelle (53 mètres de largeur par 33 metres de profondeur),
il libère la moitié du lot pour une construction future permettant ainsi une
éventuelle densification du bâti;
-
Le bâtiment implanté sur le lot 23 (fiche 2), probablement une maison
villageoise compte tenu de son implantation à la marge r O n, n'a pas subi de
modifications entre 1900 et 1955 (implantation et volumétrie);
- Deux bâtiments ont subi des modifications au niveau de leur volumétrie.
Le
premier batintent implante sur le lot P 74 (fiche 3) a connu une extension
pendant la période de 1900 à 1955. En 1900, ce dernier borde l'avenue Saint-
Charles. En 1955, un ajout confère une volumétrie en équerre au batiment, ce
qui lui permet de border deux rues et de définir l'espace du carrefour (avenue
Saint-Charles et rue Saint-Louis). L'autre batiment modifie est celui implante sur
le lot 720,fiche 5. 11 s'agit d'un agrandissement latéral peu visible de la rue car
il est en recul de plusieurs mètres de lz façade principale. Un escalier extérieur
donne accès au logement de l'étage, nouvellement crée. Nous sommes passés
d'une grande maison à un duplex, pendant la période 4 B w (1900 a 1955).
- Le lot 68 (fiche 4) demeure non construit entre 1900 à 1955, aucun batiment
n'a été implanté sur ce lot lors du premier cycle de transformation.
II est
intéressant de noter toutefois que nous sommes passés d'un grand lot
(quadrupe parcelle) en 1900, à une parcelle de 16,5 par 26,5 mètres en 1955.
II s'agit d'un autre exemple de mise en place progressive du plan d'origine de
1783 pendant la période s'étalant de 1900 a 1955.
En résumé, il existe une continuité entre le mode de subdivision des
parcelles et ce, des origines du village de Vaudreuil jusqu'en 1955. De plus,
nous pouvons déceler une continuité dans le mode d'implantation des bâtiments
entre la période cr A
IB
et la période cr B B. L o n de ce premier cycle de
transformation, les facteurs de continuité l'emportent car les transformations
viennent consolider la structure du tissu (le viaire, le parcellaire). Certaines
extensions du bâti viennent definir l'espace urbain des carrefours et favorisent la
définition d'un linéaire commercial le long de l'avenue Saint-Charles (voir lot P
74, fiche 3). D'autres se font plus discrètes et ne modifient pas les proportions
typiques des façades retrouvées habituellement dans le Vieux-Vaudreuil (lot
120. fiche 5).
Nous voyons qu'entre 1900 et 1955 pour les bâtiments
sélectionnés, les transfomtions se sont faites graduellement et en harmonie
avec le milieu existant. II semble que l'élaboration d'un plan d'ensemble fixant la
dimension régulière des lots a pu faciliter cette continuité dans la transformation
du Vieux-Vaudreuil.
Figure 43: La continuitd au niveau de la relation bâti / viaire. Nous voyons
sur cette photo que les bâtiments faubouriens adoptent la même marge de recul
que les bâtiments préexistants (ici une maison villageoise). Ils sont implantes a
une distance comparable de l'avenue Saint-Charles. De plus, en s'adossant à
la maison villageoise (mitoyenneté), ils donnent forme spatialement a l'espace
public de la rue.
6.3.2. Analyse diachronique des transfomations du M t i entre 1900 et 1955
Le tableau XVI présente la pondération des discontinuités lors du
deuxième cycle de transformation de Vaudreuil, entre 1955 et 1998. Ce tableau
de pondération des discontinuités à Vaudreuil entre 1955 et 1998 (tableau XIII,
C/A, B) révèle les faits suivants:
- Les nouveaux bâtiments construits pendant la période
*.
C n (de 1955 à 1998)
dans le Vieux-Vaudreuil (variantes de substitution) ne sont pas implantés de la
même manière que ceux de la période précédente. Les marges avant et
latérales ne sont plus les mêmes, ce qui change le type de relation entre le bâti
et sa parcelle (voir fiche 1, lot 60-61 et la fiche 2, lot 23).
Ces nouvelles
implantations de type suburbain sont généralement indifférentes à leur position
relative dans la trame urbaine;
-
Les bâtiments participent peu à la définition de la rue et de l'espace des
carrefours (position de coin). Les batiments situés sur une parcelle d'angle
définissent moins l'espace de la voie et du carrefour. De plus, compte tenu de
nombreuses opérations de remembrement des deux parcelles typiques, la
nouvelle parcelle du Vieux-Vaudreuil est large et peu profonde;
- Les nouveaux bâtiments implantes dans le Vieux-Vaudreuil sont souvent plus
bas et plus étales que ceux de la période précédente. Ils provoquent des
discontinuités de moyenne a forte dans un milieu ou les masses baties sont
généralement hautes et étroites.
De plus, nous assistons, à cause des
remembrements parcellaires, au pivotement de la volumétrie des batiments. Les
nouveaux bâtiments présentent maintenant leur face la plus large sur la nie
(batiments larges et peu profonds de type u C IB versus les batiments plus étroits
de types a A
D
et
a
B » (voir fiches i et 2). Ces transformations entraînent une
certaine diminution de la densité;
- Les nouveaux types de couronnement à faible pente des cc split levels u et des
u bungalows B font
en sorte que la volumétrie est plus basse. Cette volumétrie
aplatie diffère des couronnements plus pentus du bati plus ancien. Les
nouveaux bâtiments commerciaux de type suburbain implantés dans le VieuxVaudreuil ont un étage unique recouvert d'une toiture plate. Ces bâtiments
mmmerciaux sont plus bas que les batiments plus anciens de deux étages (voir
la fiche 3, bâtiment commercial implant6 sur l'avenue Saint-Charles) ;
- Au niveau des découpages horizontaux, les trois composantes typiques (socle,
corps, couronnement) sont moins affirmées dans les nouveaux bâtiments de
type
(I
C B . Souvent nous ne retrouvons que deux niveaux et parfois un seul
traitement pour l'ensemble du bâtiment;
-
Les ouvertures, de par leur forme et leur dimension sont en rupture de
moyenne a faible avec le milieu typique du Vieux-Vaudreuil;
- Les matériaux et l'agencement de ces matériaux entre eux sont plus diversifies
(voir fiche 5, lot 120). 11 faut dire qu'à l'origine, nous retrouvions un seul type de
matériau recouvrant les quatre faces de l'édifice.
En résume, le foisonnement actuel de possibilités architecturales et
techniques et l'importance de l'automobile comme mode de transport dominant
semble expliquer l'indifférence à I'bgard du contexte bati ancien.
À titre
d'exemple de ce phénomène, nous pouvons observer la présence, le long de la
rue St-Michel, au coin de la rue Ste-Marguerite, d'un bungalow jouxtant un
ensemble de villas cossues de deux 6tages (voir fiche 1).
Ce modèle
d'habitation à la toiture à faible pente fait référence à des habitations
suburbaines retrouvées dans les lotissements récents de Vaudreuil-Oorion.
La présence d'implantations strictement commerciales au carrefour de
l'avenue Saint-Charles et de la rue Saint-Louis (voir fiche 3) traduit aussi
l'influence du modèle suburbain sur le noyau ancien de Vaudreuil. Ceci est
particulièrement évident lorsque l'on observe la volumétrie basse et étalée de
plusieurs commerces récents, accompagnes de surfaces de stationnement. Ces
implantations provoquent une rupture, et ce, à deux niveau, premièrement au
niveau de leur hauteur d'un étage qui tranche avec les implantations
généralement de deux étages situées à proximité. Deuxièmement, l'implantation
latérale et en façade d'aires de stationnement provoque souvent une rupture de
l'alignement bâti de I'avenue Saint-Charles notamment.
De plus, nous
observons une perte de mixité.
6.4.
Comparaison entre le deux arandes edriodes de transformation
L'analyse typo-morphologique synchronique a bien fait ressortir la
spécificité de la structure morphologique du Vieux-Vaudreuil.
L'analyse
diachronique a démontre la disparition de certains traits typologiques dans le
Nous savons que le parcellaire d'origine a été modifie dans de
temps.
nombreux cas et que de nouvelles implantations de type suburbain se mettent
en place.
De plus, les transformations et les démolitions de plusieurs bâtiments
attestent des pressions diverses provoquées par le modèle suburbain sur le
patrimoine bâti du noyau urbain à partir des annees cinquante. Nous pouvons
déceler l'influence des modes d'implantation des batiments de banlieue sur le
bati du Vieux-Vaudreuil.
Conclusion sur Vaudreuil
En résume, nous pouvons affirmer que le milieu bati du Vieux-Vaudreuil
est affecte par des discontinuités importantes survenues lors du deuxième cycle
de transformation qui s'expriment au niveau des masses bâties (types
étrangers).
Ces discontinuités sont présentes lorsque l'on observe les
nouveaux bâtiments implantes de type suburbain (fiches 1,2,3 et 4). Le
remembrement parcellaire permet l'implantation de bâtiments pavillonnaires de
banlieue sans grands rapports avec le bati existant (implantation, position sur la
parcelle, volumétrie, matériaux, etc.). Notons aussi les discontinuités affectant
les batiments de type a A r et u B B dans le mode de composition des façades
et un foisonnement de matériaux de parement extérieur. Malgré ce fait, nous
retrouvons encore présents les types bâtis représentatifs des divers stades de
formation du tissu urbain. Le cadre bâti ancien du Vieux-Vaudreuil est assez
continu (70% des cas ou la discontinuité est nulle) mais les cas de
discontinuités présents (30% des cas) sont généralement d'un degré fort.
Chapitre 7
BILAN DES DISCONTINUITÉS
7.1.
Les discontinuitds rencontrées
Nous avons reporté dans un tableau unique, le bilan des transformations
survenues a Sainte-Anne-des-Plaines, Victoriaville et Vaudreuil (tableau XVII).
Le tableau synthèse montre quels éléments particuliers sont le plus affectés par
les discontinuites pendant le cycle s'étalant de 1955 a 1998. Nous pouvons
dégager des observations concernant la répartition et le degré des
discontinuités observées (fort, moyen, faible) pour chacune des composantes
typo-morphologiques externes des batiments (implantation et bati). Nous allons
commenter, dans les pages suivantes. les discontinuités les plus fréquentes par
rapport à l'implantation (bati 1 site, bati 1 parcelle, bati I viaire, bâti 1 espace libre)
et par rapport au bâti (volumétrie, découpages horizontaux et verticaux,
ouvertures, matériaux) pour les trois villes étudiées'. Ceci afin de dégager un
bilan général et voir si les villes observées peuvent représenter la situation
d'ensemble des villes québécoises. En analysant le tableau, nous pouvons
remarquer que les discontinuités se manifestent le plus au niveau:
-
du rapport du bati et de la parcelle,
- du rapport du bati par rapport à l'espace libre,
- de la volumétrie du bati,
- du découpage horizontal des batiments (niveau de corps du bâti)
Notons que les divers attributs formels des objets architecturaux sont en relation les uns avec
les autres. Par exemple au niveau des ouvertures, la forme, la dimension des chassis, le mode
de subdivision et d'ouvertures, le matériau de la fen&re et la structure inteme du mur sont des
facteurs étroitement corrélés. Cependant afin de connaître précisément lesquels sont le plus
affectés par le phénoméne de la discontinuité, nous avons choisi d'observer ces divers attributs
isolément.
- du matériaux et
particulièrement de la teinte du recouvrement des façades
(façade principale, façade latérale et toiture visibles de la rue),
- au niveau des ouvertures (dimensions) et du rapport quantitatif entre les pleins
et les vides.
Tableau XVll: Tableau de pondération des discontinuités
des trois études de cas
IMPLANTATION
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7.1.1. Les discontÏnuit6s du bati par rapport à la parcelle et B l'espace libre
La répartition des discontinuités suit partout la même tendance. Notons
principalement le problème du rapport entre les nouvelles implantations el la rue
qui les borde.
Beaucoup de bâtiments implantés entre 1955 et 1998 ne
respectent plus la relation typique du bati a l'espace libre, retrouvée dans le
milieu bâti pendant la periode de 1900 a 1955 mais présentent des marges de
recul caractéristiques de l'espace banlieusard. Ceci traduit bien l'influence du
modèle suburbain et son espace distendu sur la morphologie compacte de la
ville.
7.1.2. Les discontinuites de la volumdtrie du bati
Sur le plan de la volumétrie, surtout en termes de hauteur et de
profondeur, la typologie de banlieue impose ses nouveaux paradigmes dans les
milieux urbains étudies.
Pour Vaudreuil et Sainte-Anne-des-Plaines, les
bâtiments implantés dans la période s'étalant de 1955 a 1998 (variante de
substitution) sont très souvent trop bas et trop larges pour s'insérer au milieu
bati existant et s'y incorporer sans créer de discontinutes.
7.1.3. Les discontinuitds au niveau des materiaux
Le choix des matériaux de parement de façade est influencé par le
foisonnement de matériaux nouveaux retrouves à l'époque actuelle et typiques
de la banlieue. Ceci entraîne des mutations au niveau de la matérialité et de la
coloration des diverses parois (les façades des bâtiments) sur les rues
observées.
Cette multiplicitb de matériaux el de couleurs change l'équilibre
entre unité et diversité qui s'était maintenu lors de la periode préddente. Les
matériaux uti!ises pour le recouvrement des murs latéraux, visibles de l'espace
de la rue, sont souvent différents à Vaudreuil, à Sainte-Annedes-Plaines et à
Victoriaville. Pratiquement chaque nouveau bâtiment implante durant la période
de 1955 à 1998 dans les milieux hérites, utilise des matériaux nouveaux et de
couleurs différentes de celles qui ont dominé dans la période précédente (1900
à 1955). Les nouveaux matériaux utilisés en toiture sont aussi dissemblables
par rapport aux matériaux dominants et consacrés dans les aires d'étude. Nous
retrouvons fréquemment une absence de contraste entre les teintes utilisées en
toiture et celles utilisées en façade (clair-obscur, couleur chaude-froide, etc.).
Ces contrastes étaient pourtant courants durant la période précédente.
Des changements relatifs à l'enveloppe et aux parements extérieurs
(matériau, texture et teinte) sont présents dans tous les milieux observés. Ce
sont d'ailleurs les matériaux utilisés pendant la période E( C
D
qui affectent de la
façon la plus visible les milieux bâtis urbains (a A w et a B B). Les trois études
de cas font ressortir des discontinuités de fortes à moyennes lors des
interventions de reconstruction (substitution) et de rénovation (restructuration),
réalisées durant la période r C B.
Nous pourrions, sans trop nous tromper,
généraliser cette proportion a l'ensemble des villes petites et moyennes du
Québec. Ce problème d'enveloppe se ddcèle aisément lorsque l'on chemine
dans bon nombre de milieux batis québécois. Le foisonnement de matériaux est
évident pour les villes étudiées. Pourtant l'unité du cadre bâti s'est maintenu
durant la période précédente (1900 a 1955) a cause de l'emploi et de la
disponibilité de matériaux locaux plus limités. L'utilisation de la brique d'argile
rouge-brunâtre et du clin de bois, répandue dans de nombreuses villes,
démontre ce choix limité.
Autrefois, la coloration m6me de la maçonnerie
correspondait a la couleur dominante de l'argile disponible dans une région
donnée.
Selon nos observations, il semble que les nouveaux matériaux
développes par l'industrie de la construction durant la seconde moitié du siècle
ne font pas toujours bon ménage avec les matériaux utilisés dans les bâtiments
villageois ou faubouriens.
7.1.4. Les discontinuitds au niveau des ouvertures
Le degré d'ouverture, c'est-à-dire le rapport quantitatif entre les pleins et
les vides dans la façade varie essentiellement selon l'usage du bâtiment. Nous
retrouvons fréquemment une perte de la mixité des usages (commercial et
résidentiel) pour de nombreux bâtiments localisés dans les noyaux urbains des
villes étudiées. Cela se répercute directement dans le rapport des pleins et des
vides des façades el entraîne des discontinuités moyennes. Ce phénomène
s'observe très souvent dans les études de cas dans les trois villes analysées.
Un autre facteur influençant la nature des transformations de la forme des
ouvertures des façades est la multiplicité des choix de fenêtres maintenant
fabriquées au Québec. Selon nos observations, il semble que les proportions
typiques des ouvertures ne sont a peu près pas considérées comme facteur
d'unit8 et de continuité pour les opérations nouvelles dans le tissu ancien.
7.1.5. Conclusion et gén6ralisation du phdnomdne
Les résultats obtenus dans le tableau de pondération des discontinuités
des trois études de cas laissent transparaître qu'il existe autant de discontinuités
spatiales (implantation, rapport bati au tissu) que de ruptures épidermiques,
c'est-à-dire concernant particulierernent l'enveloppe du bâti. Les problèmes liés
a l'implantation de bâtiments nouveaux dans la trame ancienne concernent
surtout le rapport du bâtiment à la me.
Nous savons que les implantations
réalisées entre 1955 et 1998 dans les trois villes sont problématiques au niveau
de leur relation à l'espace libre. Les problèmes au niveau de l'implantation ont
des conséquences particulièrement importantes sur la structure des tissus
anciens, ils ouvrent la voie à une déstructuration à brève échéance de la
structure spatiale et morphologique (parcellaire, viaire, bâti, espace libre) des
tissus urbains. Les problèmes épidermiques accentuent les ruptures au niveau
de l'unité des parois définissant ce même espace urbain.
De plus, chaque
batiment tend a se singulariser par le mode de percements qu'on y retrouve.
L'ensemble de ces facteurs additionnes les uns aux autres sur une nie donnée,
contribuent à déstructurer le milieu bâti ancien.
généralement plus
Les discontinuités sont
importantes en nombres et en degrés dans la période
actuelle.
Nous avons répertorie environs 50% de cas de discontinuités à SainteAnnedes-Plaines et à Victoriaville. A Vaudreuil les cas de discontinuités (fort,
moyen, faible) affectent 30% des batiments du noyau urbain ancien (voir les
tableaux de répartition des discontinuités dans chacune des localités).
Comment expliquer cette différence? Nous ne pouvons pas avancer l'hypothèse
que la pression du développement est moins forte en région qu'à Montréal car il
existe autant de cas de discontinuités à Victoriaville (région des Bois-Francs)
qu'a Sainte-Anne-des-Plaines (région de Montréal). Cependant nous pouvons
constater que lorsqu'elles sont présentes, les discontinuités a Sainte-AnnedesPlaines et a Vaudreuil sont plus fortes que celles retrouvées à Victoriaville.
L'éloignement de Victoriaville par rapport aux grands réseaux autoroutiers el a
son relatif isolement a pu jouer dans cette différence. Nous pouvons expliquer
ces différences par le fait que les transformations observées a Victoriaville ont
été faites sur le faubourg. Ainsi les résultats auraient sans doute été différents
si nous avions étudie les transformations effectuées dans le noyau de première
édification (le bourg).
L'impact de la proximité de Montréal dans l'accentuation du phénomène
de la discontinuité peut être mesuré en comparant le nombre et le type de
ruptures recensées à Vaudreuil avec celles recensées a Sainte-Annedes-
Plaines. Les discontinuités sont aussi marquées dans les villes de Sainte-AnnedesPlaines et de Vaudreuil, toutes deux situées à proximité de Montréal.
Toutefois, les ruptures ne s'expriment pas avec autant de vigueur pour les villes
de la région des Bois-Francs que pour celles de la région métropolitaine de
Montréal. II semble que le a raz-de-marée B suburbain affectant le tissu urbain
des villes en région montrealaise est moins prononcé à Victoriaville. Les effets
qu'il provoque sur le tissu urbain sont donc moins importants.
Pouvons-nous
généraliser
le
phénomene
de
la
discontinuité
morphologique à l'ensemble des petites et moyennes viiies du Québec ? Nous
savons grosso modo que les villes québécoises ont connu, avec plus ou moins
d'ampleur, les trois cycles de formation et deux périodes de transformation
observées dans cette thèse. Pour certaines villes observées, nous retrouvons
des morphologies caractérisées davantage par certaines phases.
Nous
pouvons penser a la formation de Victoriaville qui a connu une forte croissance
de type
ct
B n (faubourg).
Une ville comme Vaudreuil, par exemple, a
davantage été marquée par le tissu de type a A
ID
(bourg). Ces différences sont
attribuables a des contextes économiques et sociaux plus porteun dans
certaines localités (polarités), et à une convergence de facteurs géographiques
et d'emplacements propices à des croissances urbaines, alors que d'autres
localités sont demeurées sousdéveloppées.
Malgré ces différences, notre
étude a montre que le phénomène de la discontinuité (conflits engendres
lorsque la logique structurale de la banlieue agit dans la transformation des
tissus urbains) se retrouve dans les trois localités observées, et ce, malgré leur
position géographique qui semble influer uniquement sur l'ampleur du
phénomene (degré de discontinuité). II est pourtant possible de supposer que
toutes les localités du Québec sont affectées par ce phénomène. Bien sUr, il
faudrait pousser davantage les recherches sur cette question.
Les villes
observées restent toutefois assez typiques de la situation d'ensemble
québécoise et le sens commun nous permet de généraliser les résultats de cette
recherche.
PARTIE Il1
CONCLUSIONS
Chapitre 8
CONCLUSION
8.1.
Conclusions et rappel de la demarche
8.1.4. Conclusions directes
Nous avons étudié dans cette thèse les conflits engendrés lorsque les
types
actuels de la banlieue conditionnent les interventions sur les tissus
urbains.
Cette recherche démontre que les types de bâtiments dominants
actuels, les implantations et les espaces qui en dérivent, sont en rupture
radicale avec les types et les espaces urbains des époques précédentes. Ces
espaces opposes peuvent se voisiner (w-présence), mais peuvent difficilement
se combiner sur le territoire de la ville traditionnelle. La rencontre de ces formes
génère un espace hybride avec un degré intense de ruptures.
Cette
incompatibilité des genres constitue l'essence même de la crise actuelle de la
forme urbaine, qui est le problème central auquel nous sommes confrontés
comme aménagistes. Nous avons aussi démontré que l'architecture du début
du siècle teste relativement compatible sur le plan urbain, avec I'architecturedu
siècle précedent. Nous concluons que la transformation des villes jusqu'à la
moitié du 20ème siècle s'est effectuée par l'emboîtement des types successifs,
obtenus par dérivation plus ou moins graduelle.
De cette relative continuité,
nous sommes passes maintenant à un degré plus grand de rupture dans la
transformation des formes et des espaces de la ville.
La a loi n des villes
historiques qui se bâtissaient par sédimentation avec un degré de continuité à
travers les siècles est maintenant rompue. La discipline de la morphologie
urbaine permet de bien mettre en évidence cette brisure dans le mode de
transformation de la ville. C'est ce que nous apprend l'étude du cadre physique
et spatial de la ville dans ses phases de formation et de transformation.
8.1.2. Conclusions indirectes
Nous concluons aussi que les modes dominants d'édification ne peuvent
être laissés à eux-mêmes.
II est nécessaire d'exercer un contrôle sur
l'architecture et l'implantation des édifices pour préserver les structures urbaines
existantes et éviter la multiplication des discontinuités synchroniques et
diachroniques. Si ce degré de discontinuité est trop grand, le présent et le
passé ne peuvent se conjuguer organiquement (sans cohésion d'ensemble). La
superposjtion d'un ordre nouveau sur un ordre plus ancien ne crée pas
d'ordonnancement nouveau mais génère beaucoup des conflits. II s'agit plutôt
d'un lieu ou alternent formes distendues et formes compactes. Ceci finit par
engendrer des discontinuités successives, une absence d'unité dans le parcours
spatial lorsque l'on se deplace dans l'espace urbain, qui perd en outre son
identité. Nous concluons qu'il faut aujourd'hui exercer une conscience critique
dans toutes les décisions architecturales et urbanistiques qui concernent la ville,
contrairement aux temps passés ou la spontanéité suffisait à l'édification de
formes urbaines cohérentes.
Cependant, il ne faut pas prôner la continuité à tout prix et minimiser les
différences a travers le temps et l'espace à cause de profonds changements
dans le mode de vie des hommes. De plus, il faut éviter d'ériger en types
formels anciens en modèles a reproduire parce qu'ils sont juges porteurs d'une
vérité esthétique. Ceci équivaut à nier l'irréversibilité de l'histoire et tel n'est pas
notre intention. Pour reprendre les propos de Française Choay, il ne faut pas
que les travaux des morphologues appellent a leurs voeux une histoire finalisée
comme fondement aux regles de l'esthétique dont seuls les architectes sont les
spécialistes. Nous pouvons cependant en dégager un enseignement historique:
le changement n'est pas à condamner systématiquement car des formes
peuvent se substituer les unes aux autres dans le temps sans dommage pour la
morphologie aussi longtemps qu'est respecté un nombre suffisant de règles
typologiques et morphologiques.
Nous déduisons que la démarche typo-morphologique fournit les outils et
les méthodes d'analyse urbaine permettant de comprendre comment se fait la
transformation des villes sur le plan typologique et morphologique. La culture
urbanistique au Québec, dans une perspective de développement durable.
devrait appréhender cette mémoire que nous livrent les formes urbaines
anciennes et en tenir compte.
II s'agit de saisir les riches enseignements des
générations passées comme un héritage qu'on devra léguer un jour, à notre
tour. II s'agit de saisir notre juste place comme génération dans le long parcours
de l'humanité.
8.13. Rappel de la demarche typo-morphologique de recherche
Nous affirmons que la morphologie urbaine fournit les notions et les outils
nécessaires pour analyser de façon convenable et satisfaisante la forme urbaine
sur le plan spatial et physique.
Dans le cadre de nos études de cas, nous
avons mis au point une approche morphologique claire et généralisable en nous
servant des outils les plus pertinents de la discipline.
Nous concluons qu'il
s'agit d'une méthode efficace pour analyser des milieux bâtis.
Nous nous
proposons, par notre enseignement et par nos publications futures, de diffuser
davantage cet outil performant permettant de comprendre la dynamique de
formation et de transformation des villes (voir le tableau XVIII: Représentation
schématique de la démarche typo-morphologique de la recherche). Le tableau
XVlll résume de manière schématique le cheminement de recherche en trois
la.
lb.
F&Rzzi
zEÎ3ZP-
la.
lb.
grandes étapes divisées en six opérations analytiques, regroupées selon une
structure arborescente
( trois
analyses synchroniques,
deux
analyses
diachroniques, comparaison entre tes deux analyses diachroniques). À chacune
de ces
étapes
de
recherche soit
synchroniques ou diachroniques,
correspondent les plans, les fiches et les tableaux rendant compte de l'analyse
et traduisant synthétiquement les résultats de recherche. Enfin, le tableau
présente les outils d'analyse typo-morphologique utilisés pour chacune des
étapes de recherche. Nous allons revenir rapidement sur ces 6tapes.
Étape 1: analyse svnchronioue des trois périodes de fonation
La recherche débute par trois lectures synchroniques effectuées à trois
moments précis de l'histoire, représentatifs d'une période de fonation
villes québécoises ( le bourg, le faubourg et la banlieue ). Les
des
plans
du parcellaire, du viaire et du bâti permettent de rendre compte de ces
lectures morphologiques effectuées aux trois dates repères: 1900, 1955 et 1998.
Ces dates, déjà mises en évidence par plusieurs auteurs, se sont avérées des
guides chronologiques utiles et précieux pour la recherche.
Des plans du
parcellaire, du viaire et du bâti de chacune des époques, il est possible de
repérer les types et d'en extraire les principales typologies présentes, soit un
ensemble de batiments, implantés sur un parcellaire de meme taille et
possédant un mode d'implantation commun et des traits architecturaux
analogues. Ces familles de bâtiments propres au bourg r A
B,
au faubourg
r B B, à la banlieue n C » sont indiquées par le fiches typologiques
synchroniques (type A, type 6 , type c)'.
'
Nous pouvons retrouver pour chaque période un type A, A', A" dhcoulant des caradbristiques
socio-économiques de la population urbaine, aux usages, a u pratiques sociales, etc.
L'outil d'analyse employé pour les lectures synchroniques est, tout
d'abord, la grille de Lévy afin d'observer dans sa globalité le tissu urbain des
villes considérées (observation des composantes du tissu).
L'outil de
catégorisation des typologies du bati est la grille de Lévy jumelée a celle de
Morisset ou l'on observe les relations du bâti au tissu (critère de typologie
d'implantation) et les composantes externes du bâti.
Étape 2: Analvse diachronique de l'action d'une période sur une autre
Cette étape procède par reconstitution du processus de transformation
(aspect évolutif) en comparant, pour le secteur central d'une ville, premièrement,
l'état du tissu et du bati de 1900 avec celui de 1955 et, deuxièmement, par
comparaison de l'état du tissu et du bâti de 1955 avec celui de 1998. La lecture
diachronique des transformations opérées sur le tissu se fait par superposition
(comparaison) deux à deux des plans du parcellaire, du viaire et du bati réalisés
à l'étape 1. Pour le bati, les fiches d'évaluation diachronique permettent de
rendre compte du processus de transformation que subissent certains
bâtiments. il s'agit de faire une sélection des cas les plus représentatifs dans le
milieu considéré et d'analyser ces bâtiments aux trois dates repères de la
recherche. Les outils employés sont la grille de Lévy jumelée à la grille de
Morisset.
Étape 3: Com~araisonentre les deux qrandes phases de transformation
Les deux analyses réalisées à l'étape 3 sont mises en parallèle afin de
faire une évaluation de la nature des transformations de 1900 à 1955 (B / A),
puis de comparer ces transformations avec celles qui surviennent de 1955 à
1998 (C I A,B).
Ces obsemations sont compilées dans deux tableaux de
pondération des discontinuités où un bilan des transformations est réalise el où
l'on tente de déceler l'apparition du phénomène de la discontinuité. La grille de
Lévy, jumelée a celle de Morisset. nous pemet de déceler où se situent
précisément les ruptures et de décomposer le phénomène de discontinuité en
composantes. Cette démarche nous livre des connaissances sur le processus
de formation et de transformation du milieu bâti et nous pemet de dresser un
diagnostic.
8.2.
L'apport de la morpholoaie dans le champ de I'amdnariement
L'aménagement physique des villes ne doit plus uniquement être évaluée
par
des mesures normatives mais aussi qualitatives (qualité de la forme
urbaine). Cette tendance s'accentuant, les futurs architectes et urbanistes
doivent aussi se familiariser avec les notions et les concepts couramment
utilisés en morphologie urbaine.
Ceci pose la question de l'impact de la
morphologie urbaine sur ie plan pédagogique (programmes d'architecture et
d'urbanisme) et institutionnel (association de groupes de chercheurs en
morphologie). Cette diffusion de l'approche morphologique dans les universités
suppose la fin de la coupure entre urbanistes et architectes (corporatives,
sphères d'activités protégées) pour permettre la diffusion de la morphologie
dans un système unitaire et solide de formation et de pratique professionnelle.
Des efforts en ce sens doivent se poursuivre dans l'avenir et nous espérons que
cette thèse contribuera à faire ce rapprochement et à penettre à la discipline
de la morphologie urbaine de prendre la juste place qui lui revient dans le
champ de l'aménagement.
Rappelons en terminant que les automatismes anciens qui ont fait de la
plupart des villes des lieux de beauté ont cesse d'exister. Nous croyons en
avoir fait la démonstration dans ce travail de recherche. La société présente
nous oblige, face à la multitude des choix qui s'offrent, à gérer la complexité, à
remplacer les savoir-faire spontanés d'autrefois par une prise de conscience
d'un grand nombre de composantes. II faut développer dans ce contexte une
connaissance rigoureuse du milieu d'intervention. Nous avons essaye de réunir
dans cette thèse les meilleures notions théoriques et pratiques disponibles en
morphologie urbaine, permettant d'atteindre de tels objectifs. Nous espérons en
outre avoir proposé certaines notions nouvelles susceptibles de servir cette
discipline qui constitue aujourd'hui la meilleure piste pouvant conduire a la
maîtrise des formes urbaines.
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