Rapport Atelier densité - S

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Du rêve écologique et culturel à la réalisation de la ville durable
Atelier « Densité urbaine et qualité de vie »
Président : Alain Cambier – Docteur en Philosophie, enseignant à Lille, auteur de l’ouvrage
« Qu’est-ce qu’une ville ? », Ed. PUF
Animateur : Olivier Masson – Ingénieur civil, enseignant en architecture à l’Ecole Saint-Luc à
Tournai
Rapporteur : Fanny Frigout – Directrice adjointe - CAUE du Nord
Rapporteur graphique : Sophie Gauchet, graphiste
Agnès Couboulay - AMO Conseil
Olivier Davril, urbaniste - Aix-en-Provence
Guillaume Flament, Lille Métropole Communauté Urbaine
Anne Kleis - Ville de Maastricht
G Vanschindel - Ville de Maastricht
Wim Dijkman – Ville de Maastricht
Dans nos territoires européens, la densité urbaine connaît des formes spécifiques, liées à
l’héritage de la ville carbonifère du XIXe siècle. Ainsi Manchester a vu sa population
multipliée par dix à la fin du XIXe siècle. Depuis quelques années, au contraire, la ville
semble confrontée à l’étalement urbain et à la consommation excessive de ressources non
renouvelables qui lui est associée. En réaction à ces phénomènes, la notion de densité, liée à
celle de ville compacte, est convoquée par les acteurs de l’aménagement, au prétexte que la
densité génèrerait automatiquement un urbanisme vertueux favorisant une économie de
l’espace et des ressources naturelles. Mais la densité ne doit pas être entendue comme une
valeur positive en soi : le caractère plus fusionnel que convivial de certaines grandes
manifestations festives démontre que la proximité spatiale n’est pas garante d’urbanité.
La notion de densité nécessite donc d’être analysée finement car elle peut recouvrir des
réalités très diverses.
1 - La densité est parfois prise dans un sens strictement technique. C’est alors un rapport, une
fraction arithmétique, une quantité rapportée à une surface, c’est-à-dire une zone abstraite,
sans qualité autre que celle de ses dimensions. Dans cette approche, la parcelle, avec ses
qualités géographiques et topographiques, disparaît au profit d’une mesure, une valeur
technocratique qui tend à devenir une valeur absolue.
La densité, vue comme une donnée quantitative et technique, est réductrice et ne peut pas
générer spontanément la qualité. C’est pourquoi le concept de densité ne peut pas être un
élément moteur du projet urbain. C’est le projet de vie, fondé sur des valeurs communes, qui
seul peut nourrir le travail d’urbanisme, c’est lui seul qui peut l’aider à trouver les moyens
d’installer au mieux une communauté dans des espaces urbains.
2 – La densité, conçue comme une mesure, reste un concept flou si elle ne rend pas compte de
la complexité des éléments pris en compte : densité du bâti ou densité de la population,
densité réelle ou densité perçue par les usagers (la cité-jardin, perçue comme de faible densité,
est souvent plus dense que les zones construites de barres et de tours, ressenties comme très
denses), limites du territoire auquel se réfère la densité (îlot, quartier, ville,…), intégration ou
non des espaces et des équipements publics dans la surface de référence, etc.
« La densité », approchée le plus souvent au singulier, comme une valeur absolue, n’apporte
pas de réponse aux problématiques posées par le développement durable, et il paraît plus
pertinent d’aborder la question urbaine sous l’angle de la variété des densités (quantitatives et
qualitatives), porteuse de complémentarités entre les quartiers. De ce point de vue, il peut
même apparaître opportun de dé-densifier certaines opérations.
En conclusion, la densité ne semble pas être un concept opérant pour générer de nouvelles
alternatives dans la conception urbaine. Elle semble au contraire faire largement appel à des
présupposés et résulter le plus souvent du pur arbitraire. La réflexion sur le développement
durable nécessite de trouver des raisons motrices pour organiser le mieux vivre ensemble.
Celles-ci doivent s’appuyer sur ce qui fonde la spécificité de la ville, faite de durée, et
d’histoire collective. La densité, utilisée avec prudence, peut néanmoins servir d’indicateur.
Bien sûr de nombreuses questions restent en suspens et le temps du débat n’a pas permis de
croiser les différents indicateurs de densité que sont la concentration de la population,
l’intensité de l’activité, la densité du bâti, la qualité des formes architecturales et urbaines,
l’offre d’espaces publics. Néanmoins, l’intérêt suscité par les questions a amené le groupe à
solliciter la mise en place d’un atelier permanent sur le thème.
Référence bibliographique : « Inside Density » International Colloquium on Architecture an
Cities - mai 2003 - Ed. La Lettre Volée.
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