des divergences sur le terme même de Self, la plupart
des auteurs considèrent le Self comme une instance de
la personnalité constituée de sensations, de souvenirs
conscients ou inconscients à partir desquels l’individu
se construit, élabore des mécanismes de défense, vit sa
relation à l’autre, structure sa personnalité en référence
à des perceptions externes.
Dans une perspective sociale et/ou développemen-
tale, certains auteurs proposent un concept de Soi uni-
taire [1], définissant le Self comme une structure
regroupant en un tout cohérent des pensées, des senti-
ments, des représentations et des jugements sur
l’image et les capacités cognitives, physiques, affecti-
ves et comportementales qu’un individu a de lui-
même. Historiquement, les études du Self dominées
par une vision unitaire l’associent principalement à la
notion d’estime de soi. D’autres avancent une concep-
tion multidimensionnelle du Self [2] dans laquelle les
connaissances que le sujet a de lui-même sur différents
aspects de son identité, tel son physique, son état émo-
tionnel, sa relation aux autres, ses connaissances aca-
démiques... sont structurellement et théoriquement
distinctes (par exemple voir tableau 1). Malgré ces
divergences, l’idée d’un Self constitué de plusieurs
catégories ou sous-structures de connaissances est de
plus en plus retenue et bien établie dans beaucoup de
domaines de la psychologie (social, développement,
éducation).
Par ailleurs, dans le domaine de la cognition qui
considère les processus mentaux comme une succes-
sion d’étapes consacrées au traitement de l’informa-
tion ou à l’exécution d’une fonction particulière, les
théoriciens s’accordent à définir le Self comme une
variété de représentations cognitives et affectives, de
forme verbale ou visuelle qui situent le Self dans le
passé et le futur, aussi bien que dans l’ici et maintenant
[3]. Certaines de ces représentations seraient organi-
sées dans des structures contenant une base de
connaissances bien élaborées et des règles de
production/action pour comparer et savoir comment se
comporter dans certaines conditions. D’autres seraient
plus provisoires, labiles, instables, construites au cours
d’une interaction sociale particulière. Certains cher-
cheurs considèrent le Self, non seulement comme une
structure supérieure élaborée, mais aussi comme un
processus qui faciliterait la mémorisation (pour la
notion d’effet de référence à soi dans l’apprentissage et
le rappel en mémoire, voir [4]) et, plus généralement, la
métacognition. Pour Northoff et Bermpohl [5], le Self
serait un terme générique pour désigner un ensemble
de processus cognitifs de référence à soi (représenta-
tion, contrôle, évaluation et intégration), mis en jeu
dans diverses activités cérébrales comme la mémoire
autobiographique, les émotions, la conscience ou
encore la perception.
Ainsi, dans la littérature, il apparaît que la définition
du Self reste encore très morcelée au regard des diffé-
rentes approches. De plus, bon nombre d’études souli-
gnent la complexité du Self et son interrelation avec
une multitude de variables, comme le genre, les sour-
ces de motivation et les buts, les croyances personnel-
les, la variabilité intra individuelle, les processus cogni-
tifs d’adaptation, la subjectivité, ou d’autres influences
sociales comme les stéréotypes... Toutefois, en
essayant d’extraire dans ce flou conceptuel des élé-
ments communs, il semble que le Self soit à l’origine
de la construction de notre identité. Cette structure de
connaissances nous permettrait alors de répondre à la
question : « Qui-suis-je ? ». Constitué d’un ensemble
de représentations que l’individu a de lui-même, tant
d’un point de vue physique, social, que comportemen-
tal ou encore émotionnel, il est en lien avec la mémoire
puisque le matériau du Self reste avant tout des repré-
sentions mnésiques. La définition du Self proposée par
Kihlstrom et al. [6] résume parfaitement bien cette
idée : le Self est une représentation mentale person-
nelle de sa propre personnalité ou identité, formée à
partir d’expériences vécues, de pensées encodées en
mémoire ; il est constitué et structuré par un ensemble
de schèmes, de prototypes, d’images et de buts, définis
chacun par des informations descriptives sur des traits
caractéristiques, des rôles, des comportements, des
règles, ou encore des procédures d’inférence. Ainsi,
dans cette perspective, le Self est, selon les chercheurs,
appréhendé en termes de fonction supérieure au
même titre que la mémoire ou le langage, de système
ou encore de processus. Au total, le Self peut se décrire
selon sa dimension structurale, puisqu’il est constitué
de plusieurs catégories ou sous-structures de connais-
sances, et/ou fonctionnelle sous forme de processus
intervenant dans différents systèmes cognitifs et impli-
quant alors la prise de conscience de soi.
Self et mémoire
Dans le domaine de la mémoire, plusieurs auteurs
ont introduit la notion de Self dans leurs modèles théo-
riques. En effet, il semble pertinent de penser que
l’ensemble des connaissances que le sujet a de lui-
même constitue un stock d’informations spécifiques
sur son identité et soit intrinsèquement lié à des systè-
mes et/ou des processus mnésiques ; l’implication du
sujet dans l’encodage d’un événement personnelle-
C. Duval, et al.
Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 5, n° 3, septembre 2007180
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