PDF 341k - Communiquer

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Communiquer
Revue de communication sociale et publique
13 | 2015
Perspectives en communication - Première partie
La communication numérique dans les cultures
adolescentes
Digital Communication in Youth Cultures
Dominique Pasquier
Éditeur
Département de communication sociale et
publique - UQAM
Édition électronique
URL : http://communiquer.revues.org/1537
DOI : 10.4000/communiquer.1537
ISSN : 2368-9587
Édition imprimée
Date de publication : 9 avril 2015
Pagination : 79-89
Référence électronique
Dominique Pasquier, « La communication numérique dans les cultures adolescentes », Communiquer
[En ligne], 13 | 2015, mis en ligne le 22 avril 2015, consulté le 03 octobre 2016. URL : http://
communiquer.revues.org/1537 ; DOI : 10.4000/communiquer.1537
Ce document est un fac-similé de l'édition imprimée.
© RICSP 2009. Blackwell Publishing Ltd.
La communication numérique dans les cultures
adolescentes
Dominique Pasquier
Directrice de recherche au CNRS
Enseignante-chercheure à Télécom ParisTech, France
Résumé
Cet article propose un bilan sélectif des travaux sur les usages de la communication numérique dans les cultures
juvéniles en s’intéressant à quatre aspects : la spécificité des dispositifs de communication privilégiés par les jeunes au
cours de la décennie 2000 ; le rôle important qu’ils ont joué dans l’exploration de la vie relationnelle ; les dérives qu’ils
peuvent entraîner du fait de la publicisation des relations amicales et amoureuses ; et la reconfiguration des réseaux de
fans qu’ils ont permise. Enfin, cet article tend à souligner certaines ambivalences de l’intégration du numérique dans
la vie quotidienne des jeunes et à inciter à la vigilance devant les versions extrêmement positives de son évolution dans
les études récentes sur les communications numériques.
Mots-clés : cultures juvéniles, pratiques numériques, communication, amitié, relations amoureuses, réseaux de
fans.
Digital Communication in Youth Cultures
Abstract
This article provides a selective review of research on the uses of digital communication in youth cultures. It focuses
on four aspects: the specificity of the privileged communication platforms by young people during the 2000s ; the
important role they played in the exploration of relational life ; the excesses that can result in the publicizing of
friendships and romantic relationships on these platforms ; the reconfiguration of fan networks. Finally, this article
seeks to highlight some ambiguities regarding the integration of digital technology in the youth community and to
remind us to stay vigilant in the face of overly optimistic characterizations of its evolution in several recent studies
of digital communications.
Keywords: youth culture, digital practices, communication, friendship, love relationships, fan networks.
Certains droits réservés © Dominique Pasquier (2015)
Sous licence Creative Commons (by-nc-nd).
ISSN 2368-9587
communiquer.revues.org
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Le besoin humain d’avoir des contacts sociaux et de nouer des relations amicales
revêt deux formes : le besoin d’un public devant lequel mettre à l’épreuve
les différents personnages que l’on se flatte d’incarner, et le besoin d’équipiers
avec lesquels établir des rapports d’intimité complices (Goffman, 1973, p. 195).
Cette phrase de Goffman illustre parfaitement le propos qui sera développé ici, tant
le travail en équipe et le besoin d’un public semblent être une nécessité à l’adolescence.
En partant du principe qu’à cet âge de la vie, l’imbrication entre culture et sociabilité est
particulièrement forte, surtout à l’ère numérique, Allard a raison de décrire la culture du
remix comme le « passage d’une culture comme bien à une culture comme lien » (2005,
p. 162). On cherchera donc, ici, à comprendre ce que le numérique a pu transformer dans
l’organisation des pratiques communicationnelles et culturelles des jeunes.
Il est évidemment impossible de couvrir un sujet aussi vaste dans le cadre de ce seul
article. Je ferai donc des choix personnels, en m’intéressant à quelques points précis, à
partir d’exemples tirés de mes propres recherches ou de celles d’autres chercheurs, sans
aucune prétention à l’exhaustivité. Je m’intéresserai à quatre éléments : la spécificité des
dispositifs de communication privilégiés par les jeunes au cours de la décennie 2000 ; le
rôle important qu’ils ont joué dans l’exploration de la vie relationnelle ; les dérives qu’ils
peuvent entraîner du fait de la publicisation des relations amicales et amoureuses ; et, enfin,
la reconfiguration des collectifs d’admiration qu’ils permettent.
Des choix de communication particuliers
Il faut tout d’abord souligner une particularité : les pratiques des jeunes se démarquent
de celles des adultes en ce qui concerne l’Internet directement lié à des activités de
communication. Non seulement ils ont un usage du courriel beaucoup plus faible,
mais, surtout, ils ont, tout au long des années 2000, développé et entretenu des modes
d’échanges spécifiques, chaque fois placés au cœur des sociabilités intragénérationnelles.
On remarquera que tous les systèmes privilégiés par les jeunes et sur lesquels je vais revenir,
aussi différents soient-ils en termes de dispositifs sociotechniques, permettent toujours de
pratiquer l’échange à plusieurs, contrairement au courriel, qui repose sur le principe d’une
communication interpersonnelle. Ils offrent aussi souvent la possibilité d’une réponse en
direct, ce qui n’est pas le cas du courriel qui s’inscrit dans un dispositif différé. Ce n’est
évidemment pas un hasard.
Au début de la décennie 2000, période durant laquelle les possibilités de communication
sur Internet étaient relativement sommaires, les chats ont connu un énorme succès auprès
des jeunes. Même s’ils sont aujourd’hui bien moins fréquentés, les chats constituent un
moment intéressant dans l’évolution des échanges juvéniles sur Internet, principalement
parce qu’ils incarnent un des mythes fondateurs de la toile : la rencontre avec des inconnus.
Ce potentiel ne s’est finalement pas développé dans les pratiques des internautes, sauf dans
le domaine du jeu en ligne, qui est un cas bien particulier puisqu’il ne s’agit pas d’échanger
mais de jouer. Les chiffres récents confirment tous cette évolution vers des échanges avec
des interlocuteurs connus : l’enquête EU Kids Online montre que, chez les jeunes Européens
de moins de 17 ans, les trois quarts des échanges sur Internet se font avec des personnes
qu’ils ont déjà rencontrées, ou que connaissent des gens de leur entourage (Livingstone et
al., 2011). Les échanges avec des inconnus restent plus fréquents pour ceux qui pratiquent
encore le chat, même si les échanges avec des interlocuteurs connus dans la vie hors ligne
l’emportent largement (61 % avec des personnes qu’on connaît dans la vie réelle contre 29 %
avec des inconnus). Le chat est aussi un dispositif qui encourage le jeu sur les identités et
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c’est évidemment cette caractéristique qui a intéressé les jeunes internautes. Personne ne
sait qui est qui, puisque tout le monde signe d’un pseudonyme, et l’affabulation a souvent
été une règle dans les descriptions de soi (surtout physiques mais pas uniquement).
Bref, on y joue sur les rôles sociaux. Une enquête auprès de lycéens, menée au début des
années 2000, montre la forte fascination qu’exerce ce type de dispositif de communication,
même si la pratique décline avec l’âge et apparaît liée à l’origine sociale : seulement la moitié
des lycéens d’origine favorisée sont déjà allés sur un chat contre 70 % de ceux d’origine
populaire (Pasquier, 2005). C’est aussi qu’à bien des égards, ces chats « défouloir » peuvent
être considérés comme une transposition dans l’univers d’Internet de certains modes
d’interactions caractéristiques des milieux populaires. On pense, par exemple, aux joutes
oratoires décrites par David Lepoutre comme des performances sociales caractéristiques de
la sociabilité juvénile masculine des cités périurbaines (Labov, 1993 ; Lepoutre, 1997). Pour
exister dans cette sociabilité, les adolescents doivent prouver leur distance à la langue de
l’école, être inventifs et savoir faire rire.
À partir de 2003, deux nouveaux dispositifs sociotechniques vont être au cœur des
sociabilités adolescentes : la messagerie instantanée, par MSN, un service fermé qui
fonctionne par sélection préalable des interlocuteurs (pour dialoguer, il faut avoir été
invité) et sur le même principe de la possibilité d’échanges en groupe ; et les blogues, dont le
succès a été particulièrement grand chez les adolescents français du fait de la popularité de
la plateforme Skyblog, lancée par une radio ciblée jeune, Skyrock. Précurseurs des réseaux
sociaux, les blogues permettent de partager des images en plus des textes et les interlocuteurs
signent d’un pseudonyme, mais se connaissent la plupart du temps. Les skyblogs sont
d’accès ouvert, mais, de fait, il est difficile d’y accéder sans en connaître l’adresse exacte. En
2006, période de fort essor des skyblogs, Médiamétrie en recensait 5,7 millions : 97 % des
skyblogueurs avaient entre 12 et 18 ans et 60 % étaient des filles.
Le blogue est destiné à être lu et surtout commenté, c’est même sa finalité : un blogue
qui ne recevrait aucune attention est destiné à disparaître et son auteur cherchera à se
faire oublier, car l’absence de commentaires est une humiliation publique à laquelle ont
pu assister tous ceux qui connaissaient l’adresse de son blogue. Comme le constate Claire
Balley (2012) dans son travail sur les blogues collégiens, la pêche aux commentaires est une
activité centrale, pour aller notamment partager des messages sur des blogues amis dans
l’espoir d’une réciprocité. Les blogues ont instauré un principe de comptage (le nombre de
visites, le nombre de commentaires reçus, le nombre de liens renvoyant à d’autres skyblogs)
qui deviendra ensuite une constante.
Enfin, depuis quelques années, les réseaux sociaux, qui reprennent le principe d’un
dialogue entre interlocuteurs qui se sont choisis propre à la messagerie instantanée,
occupent une position dominante dans le paysage. Les études françaises montrent que
c’est surtout l’âge qui explique que l’on fréquente ou non les réseaux sociaux sur Internet :
ils concernent plus des trois quarts de moins de 25 ans, contre un quart seulement des
40-59 ans (Bigot et Croute, 2013). Les réseaux sociaux ont même attiré des enfants très
jeunes, en dépit des chartes qui interdisent l’accès aux moins de 13 ans : en 2010, 25 % des
jeunes Français âgés de 9 à 12 ans déclaraient utiliser un réseau social, très majoritairement
Facebook (c’est le cas de 82 % des 13-16 ans dans l’enquête EU Kids Online [Livingstone et
al., 2012]). En réalité, il s’est joué autour de Facebook un phénomène comparable à celui
des skyblogs : à l’adolescence, il fallait y participer pour être en phase avec son entourage.
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Opportunités et apprentissages en ligne
Il y a eu de nombreux travaux sur les usages communicationnels d’Internet chez les jeunes.
Ils s’accordent sur plusieurs constats.
Le premier a un caractère paradoxal : beaucoup de jeunes disent se sentir plus à l’aise dans
les relations en ligne que dans les interactions en face à face, surtout les garçons qui entrent
dans l’adolescence (vers 13-14 ans) et qui sont issus de milieux populaires (Livingstone
et al., 2012). Dans la lignée de nombreux travaux sur les sociabilités juvéniles, l’enquête
de Céline Metton (2009), menée sur des collégiens avec des méthodes d’observation
qualitatives, permet de comprendre des mécanismes importants à cet égard : la sociabilité
masculine juvénile fonctionne sur la base de groupes de liens faibles, avec un fort contrôle
du groupe sur les individus en ce qui concerne les choix vestimentaires, l’affichage des goûts
musicaux ou les relations avec l’autre sexe. En ligne, ce contrôle s’atténue nettement : Metton
montre que, sur MSN, les jeunes collégiens se sentent plus libres de parler des choses qui
leur tiennent à cœur : « les personnalités les plus timides peuvent s’affirmer autrement
qu’en face à face » (Metton, 2009, p. 135). Les chats, où le jeu des pseudonymes permet un
certain anonymat, sont aussi des lieux d’évacuation de la tyrannie des apparences. Dans un
univers très codifié comme celui du lieu scolaire, les critères physiques ont une importance
déterminante pour l’intégration sociale. Être trop petit ou trop grand, trop gros ou trop
maigre, ne pas porter les bonnes marques de basket ou de blouson, avoir une coupe de
cheveux démodée, un sac à dos qui fait trop penser à un cartable ou un modèle de téléphone
mobile trop ancien sont autant de fautes sanctionnées par la marginalisation sociale. Les
échanges en ligne, où les apparences étaient absentes avant la circulation généralisée de
photographies, peuvent alors constituer une deuxième scène interactionnelle, une sorte de
scène de rattrapage où certaines individualités peuvent s’exprimer à l’abri du regard des
pairs (Pasquier, 2005).
Deuxième constat : Internet est un lieu où l’on peut effectuer un certain nombre
d’apprentissages sur la vie relationnelle. Plusieurs travaux sur les blogues adolescents ont
travaillé sur cette piste. Fluckiger (2006) a suivi en parallèle un groupe de collégiens dans
leur vie sociale quotidienne et sur leur blogue. Le blogue apparaît être un instrument dont
la signification évolue au cours du développement de la sociabilité des collégiens et de leur
construction identitaire :
Pour les plus jeunes, il est une fenêtre ouverte sur le monde des plus âgés, permettant d’observer de
l’intérieur le monde des « grands » du quartier, d’incorporer ses normes, et par les commentaires
laissés sur les blogues d’autres adolescents, d’apprendre à intervenir dans l’univers social
(Fluckiger, 2006, p. 135).
Chez les plus grands, le blogue devient un instrument collectif de communication, une
sorte de mémoire de la vie du groupe, qui permet de conserver et de partager le souvenir
des moments passés ensemble. Les photos des activités communes jouent évidemment un
rôle essentiel et sont reprises de blogue en blogue, comme autant de preuves de la vie du
groupe. Hélène Delaunay Teterel (2010), qui a aussi mené une enquête en parallèle sur la
sociabilité réelle et virtuelle, mais cette fois d’un groupe de lycéens, montre que les blogueurs
cherchent à délimiter très strictement le périmètre de leur audience. Le blogue « s’adresse
aux proches, et parfois même seulement aux très proches, c’est à l’auteur du blogue de
prévenir ses amis de son existence et de les convier à venir y déposer des commentaires »
(Delaunay-Teterel, 2010, p. 116). Comme l’auteure le souligne, « le blogue est le support
d’un processus d’individualisation des liens » (ibid.). Les jeunes sur lesquels elle a enquêté
en font un lieu où déclarer leurs amitiés, déclarations qui empruntent au vocabulaire de
l’amour et ne reculent devant aucun superlatif – dont le mot trop exprime finalement bien
le caractère inflationniste (« t’es trop belle »). L’ami, c’est à la fois celui avec qui on peut
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« délirer » et celui sur qui on peut compter dans les moments difficiles. « La fidélité reste
une convention forte surtout dans le cadre des relations féminines », note Delaunay (ibid.),
relations qui reposent aussi sur le partage de secrets qui sont évoqués sur les blogues comme
autant de preuves du caractère unique du lien. Le blogue redécoupe l’univers social pour
exalter les liens les plus électifs et les présenter comme irremplaçables.
La recherche de Claire Balleys (2012) apporte des éléments très intéressants sur la mise
en intrigue des relations amicales et amoureuses sur les blogues. Son travail a porté sur des
collégiens vivant dans le canton de Genève qu’elle a interviewés, accompagnés en camp de
vacances et suivis pendant plusieurs mois sur leurs blogues. Cette enquête fouillée montre
que les déclarations d’amitiés et d’amours sont très proches, note-t-elle, non seulement
parce que les frontières entre les deux types de relation sont poreuses à cet âge de la vie,
mais aussi parce que le vocabulaire utilisé sur les blogues pour les évoquer est étrangement
commun, surtout dans le cas des amitiés entre filles. Pour les relations amoureuses, il existe
un véritable travail de scénarisation. Au fil des semaines et des articles partagés par le
blogueur, le récit de la relation se déploie : rappel des prémices, description superlative de
la révélation de la force du lien, narration des moments forts passés ensemble. Le public
du blogue suit ces aventures au jour le jour et intervient à chaque étape en partageant des
commentaires pour approuver les avancées de l’histoire ou prendre parti dans les conflits.
Comme le note Balleys :
les membres du couple eux-mêmes vont activement solliciter leur participation. En effet, tout
article posté sur un blogue appelle des commentaires. L’action de témoigner sur son blogue est
une manière d’en faire un feuilleton accessible par tous les internautes. […] Le fait que l’heure et
la date de publication de chaque article et de chaque commentaire apparaissent automatiquement
ajoute à la pertinence de cette métaphore. Le public des spectateurs-acteurs sait qui dit quoi à qui
et quand. Il peut participer à ces trames relationnelles sans craindre d’avoir manqué un épisode
(Balleys, 2012, p. 202).
On voit bien à quel point la narration d’une relation sur un blogue entre en phase avec
le travail d’exploration des subjectivités, caractéristique de la culture féminine, surtout
à l’adolescence. Le devoir de confidence, le dévoilement de soi, l’analyse des situations
interactionnelles, tout cela fait partie des activités quotidiennes de l’échange entre filles. Sur
les blogues, ces dernières peuvent aussi mettre en scène des compétences en partie acquises
par une fréquentation plus assidue des matériaux fictionnels sentimentaux (Fabre, 1997) ou
de l’exercice du journal intime (Lejeune, 1993 ; Monnot, 2009). Et les garçons ? Comment
négocient-ils leur participation à cet univers a priori éloigné des modes de régulation de la
sociabilité masculine, plutôt fondés sur l’humour et les vannes ?
Claire Balleys fait l’hypothèse que, pour eux, la scène de la vie en face à face est clairement
distincte de la scène Internet. Autant il est admis « qu’ils ne soient pas trop démonstratifs
dans les couloirs de l’école et gardent une certaine réserve quant à leur attachement
amoureux » (Balleys, 2012, p. 75), autant il leur est demandé d’accepter d’exprimer leurs
sentiments amoureux sur les blogues et de participer en tant que spectateurs aux histoires
qui y sont racontées : « la parole masculine semble libérée des impératifs de virilité
lorsqu’elle est émise sur les blogues » (ibid.). En ligne, les garçons doivent adhérer à un
modèle sentimental dont les contours, les rites et les contenus sont profondément marqués
par les valeurs de la culture féminine. En cela, le blogue adolescent serait un espace marqué
par la culture féminine. Une sorte d’espace sentimental, qui, pour un temps dans la vie,
échappe à la prise technologique marquée de jeunes garçons, fortement dominants dans
d’autres secteurs, comme le jeu vidéo en ligne. Cependant, même dans ce domaine, les
lignes bougent, comme en témoigne le nombre croissant de joueuses, certes pour d’autres
jeux que ceux qui intéressent leurs homologues masculins !
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Les conséquences de la mise en scène publique des liens
Lieu d’apprentissages relationnels, Internet est aussi un lieu de jeux de pouvoir. La
sociologue Danah Boyd (2014) a été la première à analyser ces processus. Pendant des
années, elle a interviewé et suivi dans leurs activités en ligne des adolescents américains
de 11 à 17 ans, en majorité des filles, tous utilisateurs de réseaux sociaux, principalement
MySpace et Facebook. Elle pose une question centrale : que se passe-t-il quand les liens
d’amitié sont en permanence soumis au regard des autres ? Cette question s’est posée pour
les blogues, on vient de le voir, mais il faut reconnaître que les réseaux sociaux soulèvent des
problèmes particuliers. D’une part, les utilisateurs sont inscrits sous leur vrai nom et non
sous un pseudonyme : il est donc beaucoup plus facile d’accéder aux informations. D’autre
part, ces réseaux sociaux proposent des dispositifs, visibles, d’inclusion, d’exclusion et de
classement des liens : une partie de l’activité des utilisateurs est d’ailleurs consacrée à ce
travail de définition du périmètre de l’entourage qu’ils souhaitent se donner en ligne, en
listant puis en hiérarchisant leurs « amis ».
L’enquête de Boyd montre qu’il y a des règles pour la sélection des amis. Les réseaux
sociaux sont des lieux où l’on brasse un plus grand nombre de relations qu’au téléphone, sur
la messagerie instantanée ou en face à face. Toutefois, avoir un trop grand nombre d’amis
en ligne n’est pas bien considéré : cela passe pour une affabulation (par référence, dans
l’enquête EU Kids Online de 2011, 51 % des 9-17 ans ont moins de 50 contacts, seulement
9 % en ont plus de 300). Il n’est pas d’usage de déclasser un ami en le supprimant de sa
liste de liens : il faut une sérieuse raison pour cela, comme une rupture amoureuse ou un
conflit notoire. Les jeunes qui se connectent avec de complets étrangers sont très critiqués
par les autres. C’est une pratique stigmatisée, à la fois parce qu’elle est considérée comme
dangereuse, mais aussi parce qu’elle pourrait signifier que l’on n’est pas capable d’avoir des
amis. Les amis sont donc des gens que l’on connaît, même si ce ne sont pas forcément des
amis au sens de ce terme dans la vie de tous les jours. Il est, par exemple, considéré comme
grossier et agressif de refuser comme amis les élèves de sa classe, même si on ne les aime
pas particulièrement.
La question de la hiérarchisation des amis n’est pas moins complexe : certains réseaux
sociaux comme MySpace ont proposé un système de classement qui suppose de lister les
amis préférés. L’ordre a aussi son importance, surtout pour la première place, celle de
meilleur ou de meilleure amie. Cette liste est consultable par tous et à tout moment, et
toute modification est notifiée. Les adolescents interviewés par Boyd expliquent que ce
procédé génère beaucoup de problèmes, notamment un problème de réciprocité dans
les classements. Finalement, c’est un système très pervers, surtout quand on sait que le
moindre changement, ajout d’un nom, retrait d’un autre, modification d’un classement,
mise en ligne d’un commentaire ou d’une photo, est notifié à tous les amis de l’utilisateur.
Chaque information est démultipliée, elle passe dans une caisse de résonnance qui lui donne
une importance qu’elle n’aurait sans doute pas en temps normal. Rien d’étonnant donc à
ce que Boyd insiste beaucoup dans son travail sur ce qu’elle appelle les « social drama » (le
terme français équivalent serait sans doute celui « d’embrouilles »). Les embrouilles ont
toujours existé et sont même particulièrement nombreuses au moment de l’adolescence,
où le travail sur les réputations et les statuts est très important. Or, comme son enquête le
montre, la surveillance incessante des relations en ligne fait que les rumeurs prennent une
ampleur qu’elles n’avaient sans doute pas avant. Elles circulent aussi très vite, sont reprises
et transformées sur les différents dispositifs de communication en ligne ou les téléphones
mobiles. Ces embrouilles viennent souvent des filles et concernent, la plupart du temps,
des histoires liées aux garçons. Elles peuvent aller loin, avec des cas d’usurpation d’identité
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ou d’utilisation abusive de données personnelles. Amplificateur de l’expression du lien,
Internet est aussi un amplificateur de ses crises.
Le travail de Claire Balleys montre aussi que les dispositifs du Web 2.0 ont engendré
une course à la popularité dont certains adolescents font les frais. Tous ces sites valorisent
les signes de réussite en ce qui a trait à la participation à la vie du groupe et, surtout, en
fournissent un décompte chiffré et visible de tous. Les tests de popularité ont toujours existé
dans la sociabilité adolescente (Juhem, 1995), mais il existe aujourd’hui des outils de mesure
bien plus durs que ceux qui existaient avant. En ligne, on se fait évaluer en permanence, par
un public beaucoup plus large que celui d’une interaction ordinaire, et de façon beaucoup
plus précise. Il y a désormais des chiffres au compteur de la popularité. Par un effet de
spirale, de bons chiffres entraînent de meilleurs chiffres à venir, car la popularité a des effets
cumulatifs. L’univers que décrit Claire Balleys dans son travail sur les collégiens est sans
pitié : quelques leaders drainent et monopolisent l’attention de tous, rejetant ainsi dans
l’ombre un grand nombre d’élèves devenus « invisibles ».
Les interactions en ligne prennent donc un tour particulier à l’adolescence et se traduisent
par une certaine ambivalence : elles permettent d’échapper aux tyrannies de la sociabilité
quotidienne, mais peuvent aussi exacerber les phénomènes de hiérarchisation entre les
individus ; elles sont un lieu important d’explicitation du lien, mais aussi une menace pour
celui-ci. Les usages des nouvelles technologies de communication nous révèlent, en fait, à
quel point les adolescents vivent dans l’angoisse de l’instabilité des liens entre pairs. Toutes
ces déclarations d’amour ou d’amitié, toutes ces preuves de fidélité données sur les blogues,
tous ces messages échangés pour rappeler qu’on est là montrent combien la peur de la
trahison est grande. Il faut avoir des amis, mais on ne sait jamais si on pourra vraiment
compter sur eux. De fait, les rumeurs et les embrouilles témoignent de l’importance des
périls qui menacent les liens à l’adolescence, et de la violence qui marque les ruptures. Les
relations sont aussi intenses que fragiles, comme en témoignent ces amours pour toujours
qui durent une semaine, ou ces brouilles brutales entre deux amies hier inséparables. Sans
doute est-ce le moment de la vie où la turbulence des relations est la plus grande. C’est en
tout cas ce que nous disent toutes ces communications à distance, qui jouent désormais un
rôle très important dans l’écologie relationnelle juvénile.
Le renouvellement des pratiques fans
Il se passe des choses importantes aussi du côté de la transformation des pratiques
culturelles. En France, les 12-17 ans passent en moyenne 15 heures par semaine en ligne
(contre 12 heures pour les adultes). Internet est en outre devenu leur principal média pour
écouter ou télécharger de la musique (c’est le cas de 90 % des 12-17 ans, plus de 45 points
par rapport aux adultes), ainsi que pour regarder des films ou des séries (66 %, plus de
38 points) (Bigot, 2013). Ce report de la consommation sur Internet pose évidemment
beaucoup de questions en ce qui concerne l’ouverture des goûts, l’individualisation des
pratiques d’écoute ou les activités de resynchronisation des temporalités de consommation
sur des sites d’échange en ligne (Octobre et al., 2010).
L’enquête sur Les Pratiques Culturelles des Français fait aussi le constat d’un fort
rajeunissement des pratiques créatives amateurs et, au premier chef, des pratiques créatives
en ligne : les 15-24 ans sont la classe d’âge qui pratique le plus la vidéo et la photo numérique
(pratique qui auparavant était plutôt liée à la mise en couple et l’arrivée du premier enfant,
soit bien plus tard), l’écriture de fanfictions et de journaux intimes, la musique, le dessin,
etc. (Donnat, 2009.) Il y a peu de travaux consacrés spécifiquement aux pratiques créatives
en ligne des jeunes et il est, du coup, difficile de savoir si les producteurs présentent un profil
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particulier par rapport au reste de la population. On ne sait pas non plus si ce secteur créatif
obéit aussi au fonctionnement en loi de puissance d’Internet avec très peu d’individus qui
produisent beaucoup de contenus et beaucoup qui en produisent peu, voire pas du tout.
Le travail de Sébastien François (2013) sur les fanfictions, très majoritairement écrites par
des adolescentes – si l’on en croit leurs déclarations sur leurs fiches de profil –, montre
aussi qu’il y a un réel formatage des pratiques d’écriture par les dispositifs sociotechniques
des sites. La créativité des fanfictions est en réalité fortement cadrée : il y a un rapport au
« fanon » comme il y a un rapport au canon de l’œuvre originale, et les auteurs empruntent
les structures narratives consolidées par la production des autres auteurs et contrôlées par
l’ensemble des auteurs-lecteurs.
Autre secteur largement touché par Internet : l’organisation sociale des passions
culturelles et la structuration des collectifs fans. De nombreux auteurs se sont intéressés
au phénomène, qui ne touche pas seulement les jeunes, mais qui est très visible chez eux.
Il est absolument indéniable que les passions culturelles peuvent aujourd’hui s’appuyer
sur des ressources sociales plus fournies, surtout s’il s’agit de passions peu répandues pour
lesquelles l’entourage direct a des chances d’être insuffisant (Pasquier, 2005).
Toutefois, si les choses peuvent désormais se jouer à bien plus grande échelle et en
recrutant plus facilement des compagnons d’admiration, sur le fond, la démarche reste
proche et les preuves à donner pour s’accomplir comme fan n’ont pas changé. On peut
ainsi comparer une recherche menée dans les années 1990 sur les jeunes fans d’une série
sentimentale, Hélène et les garçons (Pasquier, 1999), à un travail de Master réalisé en 2014
sur les échanges entre cinq jeunes fans du chanteur Eminem (Sevim, 2014). Au cours des
presque vingt ans qui séparent ces deux recherches, il s’est produit ce que Fabien Hein
décrit bien :
le fanzine papier édité à une poignée d’exemplaires se trouve progressivement éclipsé par son
pendant numérique, le webzine. L’émergence du web 2.0, avec son lot de blogues, de forums, de
sites web de type MySpace ou Facebook, permet désormais un réseautage social d’une efficacité
spectaculaire. Les sites d’hébergement vidéo de type YouTube et Dailymotion offrent une surface
d’exposition sans précédent. Sans compter que les wikis renouvèlent profondément l’organisation
collective des savoirs et des contenus. Certains managers d’artistes, tout comme certaines maisons
de disques ont bien compris la puissance de ces outils numériques. Ce qui les conduit à lancer des
sites d’artistes dits « officiels » dont ils délèguent l’animation aux fans (Hein, 2011, p. 43).
Les cinq fans étudiés par Sevim se sont rencontrés sur un forum consacré à Eminem et
ne se sont vus que deux fois, à des concerts du chanteur : trois d’entre eux vivent dans la
région parisienne, mais loin les uns des autres, et les deux derniers habitent en province.
Parfois, ils se donnent rendez-vous en ligne pour écouter une chanson ensemble. Ils ont
créé plusieurs sites sur le chanteur, un Skyblog, une page Twitter, une page Facebook,
une page Instagram, et même une chaîne YouTube où l’un des cinq fans se filme, vêtu
comme Eminem, sur la base de scénarios inspirés de sa vie. Ils échangent de nombreuses
informations récoltées sur des sites où les participants sont nombreux et très investis dans
le travail de discussion des interprétations et de dissémination des rumeurs. Ils ont des
relations avec les managers de l’artiste, qui reconnaissent leur travail de promotion et leur
répondent. Un des responsables de Skyrock, une radio spécialisée dans le rap, a demandé
à l’un d’entre eux de couvrir sur Twitter un concert d’Eminem au stade de France : en
échange, la radio a « retweeté » ses messages à son million d’abonnés, ce qui a permis au
fan en question d’augmenter considérablement son audience.
Par comparaison, le travail des fans d’Hélène et les garçons, à un moment où Internet
n’existait pas, apparaît bien plus difficile et donne des résultats plus incertains. La seule
ressource pour se renseigner est la presse magazine people et le fanzine édité par le producteur
de la série. C’est peu. Les jeunes fans (des filles entre 8 et 13 ans) peuvent échanger des
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informations ou des objets dérivés avec d’autres fans rencontrées dans le voisinage ou à
l’école, mais ce sont des endroits où elles risquent aussi de se faire humilier par ceux qui
n’aiment pas la série (au premier chef les garçons) et qui se moquent d’elles, surtout quand
elles imitent leur idole. Enfin, elles ont beau essayer d’entrer en contact avec cette dernière
(comme en témoignent les milliers de lettres envoyées aux comédiens et comédiennes sur
lesquelles j’avais travaillé pour cette recherche), il n’y a jamais aucun retour. Le pire étant
sans doute qu’elles ne peuvent pas faire valider leur statut de fan. Sans le savoir, toutes les
lettres évoquent le même problème : les fans ont peur d’être prises pour ce qu’elles ne se
sentent pas être (c’est-à-dire des téléspectatrices dupées par une fiction de télévision) et que
leurs activités en tant que fans ne soient pas prises pour ce qu’elles sont (c’est-à-dire une
manière d’organiser collectivement une expérience télévisuelle particulièrement intense).
En somme, Internet permet de développer les pratiques fans dans de bien meilleures
conditions : les sites permettent d’entrer en relation avec des individus qu’on ne connaît
pas, mais avec lesquels il existe une communauté d’interprétation. Toutefois, si les
ressources informationnelles et sociales sont indéniablement plus abondantes, sur le fond,
les objectifs poursuivis par les fans sont exactement les mêmes : recruter d’autres individus
pour accomplir ensemble certaines activités, rechercher des informations sur la vie privée
de la vedette, collectionner des objets.
En revanche, on notera que les producteurs des œuvres délèguent désormais aux fans
une partie du travail de promotion. En organisant des canaux d’échange en ligne avec leurs
publics, ils sont à même de sélectionner les informations qu’ils veulent voir circuler et de guider
les interprétations des passionnés. Des travaux récents sur les blogueurs dits « influents »
montrent que les échanges avec les producteurs des produits commentés relèvent d’un intérêt
bien compris par les deux parties. Dans l’espoir d’accroître leur audience en donnant aux
visiteurs de leur site des cadeaux ou des informations inédites fournies par les producteurs,
les blogueurs acceptent parfois de compromettre l’indépendance de leur jugement : nonpublication des critiques négatives, critiques euphémisées, billets commandités (pour les
films, voir Dupuy Salle, 2014 ; pour la gastronomie, voir Naulin, 2014). Bref, si le fan peut
aujourd’hui exercer sa passion dans de meilleures conditions, il est aussi plus souvent
instrumentalisé que par le passé pour incarner une figure d’admirateur-promoteur, qui sert,
parfois sans le savoir, les intérêts commerciaux des producteurs des œuvres.
Conclusion
On l’aura compris, cet article a cherché à pointer certaines ambivalences de l’intégration du
numérique dans la vie quotidienne des jeunes. Les travaux sur Internet ont généralement
tendance à donner une version extrêmement positive des transformations qui se sont
opérées. C’est un fait tout à fait frappant pour des chercheurs qui ont travaillé avant sur des
médias traditionnels comme la télévision et qui sont habitués à naviguer au sein de discours
généralement plus critiques chez les universitaires et très négatifs dans la presse. Cet a
priori positif dont jouit le numérique est sans doute à mettre en relation au fait qu’Internet
s’est d’abord développé dans des milieux sociaux favorisés et chez des individus diplômés,
à l’inverse de médias qui puisent centralement leur insertion dans des couches populaires,
comme la télévision. Quelles qu’en soient les raisons, il faut en tout cas éviter une dérive qui
tend à prôner la créativité en ligne sans s’inquiéter des effets de formatage des dispositifs
sociotechniques, qui parle d’empowerment du consommateur sans étudier les modèles
d’affaires des sites, ou qui glorifie la participation des publics sans tenir compte de la très
forte hétérogénéité des engagements de contribution (Pasquier, Beaudouin et Legon, 2014).
88 | D. Pasquier
Communiquer, 2015(13), 79-89
Dans le cas traité ici, on a vu que le numérique, en quelques années seulement, a pris
une place considérable dans les pratiques communicationnelles et culturelles des jeunes.
Il a modifié les manières d’échanger en développant des scènes interactionnelles qui
échappent au regard des groupes de pairs, mais aussi en imposant une version quantifiée
des indicateurs de statut dans la sociabilité adolescente. Il a rendu accessible tout un champ
créatif dans le domaine de l’écriture, du dessin, de la photographie ou de la vidéo, mais
on manque dramatiquement de recherches sur les effets de standardisation qu’induit la
visibilité des classements des créations les plus appréciées par l’ensemble des internautes. Il
a enfin permis des échanges avec des individus qui partagent les mêmes goûts que soi, mais
en laissant planer un doute permanent sur les stratégies promotionnelles qui se cachent
peut être derrière les déclarations d’admiration.
Alors, que se passera-t-il à l’avenir ? Sur quoi porteront les nouveaux travaux sur les
jeunes et Internet ? Aucun chercheur sérieux ne peut se lancer dans une telle opération de
futurologie, surtout parce qu’il sait que, chez les jeunes plus que chez d’autres, les modes
vont vite et ne durent pas. Pourant quelques signes sont là. L’engouement récent des
femmes, de tout âge d’ailleurs, pour des jeux vidéo de plateforme de type Candy Crush,
ou la reproduction en réseau entre sœurs des parties familiales de jeux de lettres, laisse
penser que ce n’est pas tant les jeux vidéo qui rebutent que leur dimension violente. C’est
sur la ligne des études de genre que se situeront sans doute les nouveaux enjeux. De plus,
il y aurait un nouveau territoire à étudier chez les adolescentes, qui se tiendra à mi-chemin
entre l’aspiration à la sentimentalité, vieille lune de la construction des identités sociales de
sexe, et le plaisir de la maîtrise technologique, ancien territoire de la domination masculine.
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